Matraques et prison,
De la Méditerranée jusqu’à Mourmansk, l’Europe résonne des coups de matraques de ceux qui veulent étouffer la colère des peuples contre les politiques d’austérité et l’aveuglement productiviste.
En France, le 19 octobre, des violences policières contre une manifestation pacifique et autorisée pour le droit au logement, place de la République, ont fait 10 blessés dont le porte-parole du DAL, Jean-Baptiste Eyrault. En Grèce, le 24, des descentes de police ont eu lieu dans les Dispensaires Sociaux Solidaires autogérés et les antennes de Médecins du Monde, dans l’intention de jeter le soupçon sur ces initiatives bénévoles qui tentent de compenser les effets des coupes sombres et l’exclusion inhumaine des non assurés du système de santé. En Pologne, on assiste à une importante mobilisation des forces progressistes dénonçant l’acharnement judiciaire contre Piotr Ikonowicz, figure centrale de la gauche et fondateur de la Chancellerie de la Justice Sociale, association qui s’oppose aux milliers d’expulsions de locataires « na bruk », sur le bitume. À nouveau interpellé et incarcéré la semaine dernière sur la base du seul témoignage du propriétaire et pour avoir empêché, il y a 14 ans, l’expulsion d’un couple de personnes âgées, il vient de commencer une grève de la faim. En Espagne, ce sont 52 militants du Syndicat Andalou des Travailleurs qui seront jugés les 11 et 12 novembre prochains, pour avoir occupé des terres semi-abandonnées par l’armée, en signe de protestation contre la crise qui touche les ouvriers agricoles sans terre. Ils encourent de très lourdes amendes et des peines de prison, en particulier Diego Cañamero, porte-parole du SAT, et Juan Manuel Sánchez Gordillo, maire de Marinaleda.
On pourchasse ceux qui remettent en cause le rouleau compresseur austéritaire européen, tout autant que les militants qui refusent l’aberration des politiques productivistes et polluantes, comme les 30 de Greenpeace accusés de piraterie puis de hooliganisme en Russie. Sur le front de ces luttes environnementales, les habitants de la Chalcidique en Grèce se battent contre l’installation de mines d’or qui menacent le site de Skouriès et subissent les charges de la police anti-émeutes, comme s’ils étaient de dangereux terroristes. On craint que de nouvelles violences policières se reproduisent lors de la grande journée de mobilisation du 9 novembre prochain sur ce même site (dont une réplique aura lieu au Trocadéro à laquelle participeront le Parti de Gauche et sa candidate à Paris, Danielle Simonnet). En Grande-Bretagne, Caroline Lucas, élue écologiste au Parlement, a elle aussi été arrêtée cet été pour avoir participé à un sitting non violent devant le site d’une exploitation gazière par fracturation hydraulique.
Il y a bien là l’intention de criminaliser dans tout le continent ceux qui ne suivent pas la route tracée par la Troïka et la finance, la volonté de faire peur et de terroriser ceux qui placent au cœur de leurs mobilisations l’humain d’abord et la règle verte, face à l’absurde règle d’or de la BCE et aux appétits des transnationales.
Cette stratégie de criminalisation des mouvements sociaux tente souvent, selon un processus bien connu en France, y compris sous le crayon d’un caricaturiste du journal Le Monde, de mettre sur le même plan l’extrême droite et l’autre gauche, dans une offensive qui vise à semer le doute. C’est le cas de la théorie des « deux extrêmes » qu’essaie d’instiller dans la population, à travers les médias dominants, la coalition menée par la Nouvelle Démocratie d’Antonis Samaras en Grèce, en mettant sur le même plan la barbarie fasciste et la résistance politique et sociale de nos camarades de Syriza. Dans cette guerre de communication au service des dominants, les médias espagnols proches du gouvernement reprennent systématiquement l’expression vague de « groupes anti-système » pour disqualifier les mouvements sociaux et syndicaux et pratiquent systématiquement les montages télé alternés entre plans de manifestants et poubelles brûlées. Quand le contrôle des médias échappe au pouvoir en place, comme dans le cas de la télévision publique grecque ERT, occupée depuis le mois de juin par ses propres employés, licenciés en masse, la réponse est tout aussi brutale. L’image terrible du déploiement de policiers anti-émeutes, arrêtant une poignée de journalistes en lutte pour le maintien d’un certain modèle d’information, s’inscrit dans cette stratégie d’accompagnement autoritaire des mesures d’austérité dont sont victimes les peuples européens.
Le Parti de Gauche condamne sans réserve ces dérives autoritaires des gouvernements conservateurs européens et de leurs alliés socio-libéraux. Il dénonce ce recours croissant à la répression policière et judiciaire pour faire taire les revendications légitimes des peuples européens.