15 novembre 1884

C’est paradoxalement à Berlin que commence à s’écrire, avec l’ouverture d’une conférence le 15 novembre 1884, le destin de l’Afrique contemporaine. Les douze principales puissances européennes, du Portugal à la Russie, plus l’Empire ottoman et les Etats-Unis, se réunissent autour de Bismarck pour organiser le partage du continent noir. Comme l’annonce joliment l’Acte principal de cette conférence « au nom du Dieu Tout-Puissant », il s’agit de « régler, dans un esprit de bonne entente mutuelle, les conditions les plus favorables au développement du commerce et de la civilisation dans certaines régions de l’Afrique, et (…) de prévenir les malentendus et les contestations que pourraient soulever à l’avenir les prises de possession nouvelles (…) » Une opération en somme de diplomatie européenne, à laquelle aucun Africain n’est convié, qui doit prévenir les frictions suscitées par la trop grande avidité et rivalité des prédateurs européens.

afrique_colonisation.jpg Car s’il n’est pas encore question de colonialisme – l’Afrique est alors très imparfaitement connue et les investissements semblent trop faramineux pour être un jour rentables -, les grandes puissances cherchent à acquérir des zones-clés favorables à leur commerce ou à occuper un maximum d’espace pour bloquer l’adversaire. France et Grande-Bretagne en particulier se marquent à la culotte et organisent des expéditions qui ont pour mission de signer des traités d’amitié et de protectorat avec les chefs locaux de façon à se constituer des zones d’influence. Ainsi commencent à se tracer au cordeau des lignes, des frontières qui ne correspondent guère à de quelconques réalités, mais qui seront source de conflits ultérieurs entre Africains même.

La conférence de Berlin entérine ainsi le partage du bassin du Niger entre la Grande-Bretagne et la France, celui du Congo entre cette dernière (500 000 km2) et Léopold II, roi des Belges, lui un réel visionnaire du colonialisme, qui accapare à titre personnel pas moins de 2,5 millions de km2… Alors qu’en 1880, les Européens n’occupent que 1/10 de l’Afrique, 20 ans plus tard, elle le sera dans sa totalité.

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