L’accord intérimaire de Genève sur le nucléaire iranien : un premier pas vers la dénucléarisation de la région ?

Iran_accord_nucléaire Au terme de cinq jours de discussions intenses entre négociateurs iraniens et négociateurs du groupe des « cinq + un »[1], la troisième session de pourparlers sur le dossier du nucléaire iranien, s’est terminé dans la nuit du samedi à dimanche dernier par un accord provisoire conclu pour six mois. Celui-ci constitue manifestement un compromis où chacune des deux parties peut trouver des motifs de satisfaction, mais dont l’avenir n’est toutefois pas garanti.

Ainsi l’Iran, dont il conviendra d’observer que si les dirigeants tiennent leurs promesses, s’est notamment engagé à cesser tout enrichissement d’uranium à plus de 5%, à neutraliser son stock d’uranium enrichi à 20%, à interrompre les travaux de mise en marche d’un réacteur dans l’usine d’eau lourde d’Arak, enfin à permettre un accès quotidien de ses sites nucléaires à des experts de l’AIEA (Agence internationale de l’énergie atomique), ainsi qu’aux usines de fabrication de centrifugeuses, et aux mines d’uranium.

En contrepartie, les pays négociateurs ont consenti à un allègement des sanctions « limité, temporaire, ciblé », voire à leur suspension en ce qui concerne « l’or et les métaux précieux, le secteur automobile et les exportations pétrochimiques de l’Iran ». Ils faciliteraient l’achat de nourriture et de matériel médical, et débloqueraient 4,2 milliards de dollars issus de sanctions sur les ventes de pétrole de l’Iran.

Cet accord a été accueilli avec satisfaction par les signataires, notamment iraniens et américains. Il a été confirmé à cette occasion que ces derniers avaient engagé depuis huit mois, soit avant l’élection du président Rohani, des négociations préliminaires secrètes. Seules notes discordantes dans ce concert de satisfaction, Israël, où Benyamin Netanyahou a déclaré que l’accord constituait une « erreur historique », et l’Arabie Saoudite qui souhaitaient une confrontation avec l’Iran.

Quant aux dirigeants français qui avaient imprudemment emboité le pas à ces derniers, au point d’avoir joué un rôle majeur dans l’échec de la précédente session des négociations, ils semblent avoir réalisé, in fine, après l’euphorie de la visite de François Hollande en Israël, le danger de cette position solitaire, belliciste et aventuriste, au rebours de nos intérêts nationaux et de la paix au Moyen-Orient.

Le Parti de Gauche qui réaffirme son opposition à toute action militaire contre l’Iran, et qui s’est déjà clairement prononcé en faveur d’une dénucléarisation générale de la région, y compris d’Israël, salue aujourd’hui avec espoir ce premier pas positif dans la bonne direction.

[1] Rappelons qu’il rassemble les cinq membres permanents du Conseil de sécurité + l’Allemagne. Mme Ashton y figure également, représentant l’ensemble de l’Union Européenne.

Alain Billon, responsable de la commission Maghreb/Machrek

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