PSA : le gouvernement inutile

etat_psa.jpg Au lendemain de l’adoption de la contre-réforme des retraites qui va encore un peu plus étrangler les salariés, le grand patronat se sert directement dans le plat. 21 millions d’euros ! C’est la somme faramineuse révélée par la CGT de la provision effectuée par PSA pour offrir une retraite chapeau au président sur le départ de son directoire Philippe Varin.

Bien sûr, les premiers défenseurs du système se dressent en rempart et font assaut sur l’incompétence de l’intéressé pour détourner le tir. De la Droite au Medef, tous montent au créneau. C’est bien lui, Philippe Varin, qui a conduit ces deux dernières années l’entreprise au désastre. C’est lui qui l’a obligée à se renflouer auprès de l’Etat. C’est lui qui a vu s’effondrer les ventes d’automobiles. C’est lui, dont la stratégie est désastreuse auprès d’Opel ou General Motors. C’est sa seule faute si la coupe claire dans les effectifs a été présentée comme l’alpha et l’oméga de la rédemption de l’entreprise. C’est lui, lui, et encore lui. Et c’est donc au nom de son incompétence que sa retraite chapeau de 310.000 € annuels devrait paraître imméritée. A bon entendeur, les autres peuvent dormir en paix.

D’autres choisissent de pointer du doigt un patron voyou. Ils ne sauraient avoir tort. Philippe Varin s’est goinfré de 1,3 millions d’euros de salaire annuel et entend prolonger le festin même après son départ. Il a en l’espèce aussi peu de scrupules que lorsqu’il a initié ce vaste « plan social » qui devait le conduire à supprimer 8000 postes. Cynique, il a après négociation avec l’Etat ajouté un pourboire de 3000 suppressions supplémentaires. Méprisant, il s’est rempli les poches alors même qu’il gelait les salaires des ouvriers pour les trois années à venir. Odieux, il a pendant des mois stigmatisé et bafoué les salariés qui se battaient pour défendre leur emploi. Certes, on ne le regrettera pas.

Mais ces considérations ne sauraient exonérer le gouvernement de sa responsabilité. Elle est pleine et entière sur ce sujet. Souvenez-vous, c’est Pierre Moscovici qui le 24 mai dernier enterrait l’encadrement des rémunérations des patrons des grandes entreprises. Le ministre de l’économie et des finances s’en remettait à « l’autorégulation exigeante » des entreprises. La capitulation était confirmée par le Président Hollande le 16 juin 2013 après que les conseillers de l’AFEP-MEDEF et de Bercy soient tombés d’accord le 13 juin. Laurence Parisot pouvait dès lors se rendre à l’Elysée le 14 juin pour présenter un « code de gouvernance révisé » que François Hollande s’empressait d’accepter. Les chefs d’entreprises qui ne voulaient surtout pas d’un dispositif contraignant ont eu gain de cause sur toute la ligne. Au-delà de l’affichage, la mise en place d’une sollicitation des actionnaires sur la rémunération des dirigeants mandataires sociaux (le « say on pay ») reste en effet consultative et n’a aucune valeur juridique. Et « l’autorégulation » reste donc la règle et est préférée à la loi. Pour mémoire, le « say on pay » déjà appliqué dans de nombreux pays n’a nulle part conduit à une baisse de rémunération des patrons. Le cas PSA vient encore de le démontrer.

Dès lors, le MEDEF peut ouvertement se moquer du gouvernement et annoncer « autosaisir » sa « commission de déontologie ». La commission de déontologie du Medef, bonjour l’oxymore ! Et le gouvernement de se féliciter sans doute de cette « autorégulation » chère à sa politique de l’offre au service de la finance. Quel drame pour notre pays de voir ainsi un ministre se mettre à la merci d’une pseudo commission de déontologie des fossoyeurs de notre modèle économique et social. Moscovici n’est décidément qu’un pantin qui sert à amuser la galerie du Medef.

Quant à PSA, ils auraient tort de ne pas continuer. Ils ont ainsi reçu il y a quelques semaines 70 millions d’euros de la part de l’Etat, soit 70 millions d’euros d’argent public, et voilà que 21 millions ont déjà été accaparés par Philippe Varin. Voilà le sens dans lequel ce gouvernement conçoit la répartition des richesses : aller faire les poches du peuple à coups d’augmentation de la TVA et donner la bourse aux argentiers du CAC 40 !

Ils savent chez PSA qu’ils n’ont rien à craindre des gesticulations des paltoquets de ce gouvernement tant que ce dernier refusera de recourir à la loi républicaine. Arnaud Montebourg recommence déjà à ânonner dans le vide sur la retraite de Varin comme il l’a fait au printemps 2013 à propos des 8.000 suppressions de postes. Mais il s’est retrouvé l’été passé avec un « plan social » plus massif encore. Et ce n’est pas faute de ne pas avoir entre temps alimenté la bête. Pour cajoler la main qui étrangle, le gouvernement a garanti des prêts à hauteur de 7,5 milliards d’euros et s’apprête aujourd’hui à rentrer au capital. Pourquoi et dans quelles conditions au final ? Etre minoritaire et caution pour laisser faire le train-train des spoliateurs ? Obtenir une place au sein du conseil de surveillance pour un (un !) représentant des salariés et un administrateur indépendant chargé de «faire le lien» avec l’État ? Ridicule ! Le cadeau de bienvenu, c’est d’avaler les 21 millions d’euros offerts au futur ex président du directoire. S’il faut agir, et il le faut, cela ne peut pas être à la marge !

Ce gouvernement est inutile, PSA vient d’en apporter une nouvelle preuve. Mais c’est le peuple et la France qu’il souille par la déconfiture tragique de sa politique économique. Dimanche 1er décembre, c’est pour la révolution fiscale, l’annulation de l’augmentation de la TVA et contre les accapareurs que le peuple défilera sous le portique du Medef installé à Bercy. Mais la vérité est qu’il faut qu’ils s’en ailent tous. Varin sans ses 21 millions et Moscovici sans préavis.

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