Le Vallsificateur

1er décembre, Marche pour la Révolution fiscale

On n’en attendait pas moins de lui, on a été servi ! Le Ministre de l’intérieur Manuel Valls a initié ce dimanche une propagande gouvernementale qui serait risible si elle n’engageait pas les services de l’Etat pour masquer l’effondrement de la bande à Ayrault. Ainsi, une fois encore, la préfecture de police de Paris, qui avait annoncé ne communiquer aucun chiffre sur la mobilisation politique et sociale appelée par le Front de Gauche pour la Révolution fiscale et l’annulation de la hausse de TVA, s’est empressée d’intervenir pour tenter d’endiguer le flot de la marche. Dans un hoquettement ridicule, la Préfecture a tenté de réduire la marée populaire de 100.000 marcheurs qui s’est déversée dans les rues de la capitale à…7.000 personnes. Une fuite préfectorale contre la marée du peuple, il fallait le trouver !

Bien sûr, le ministre de l’intérieur a donc manœuvré et magouillé pour rentrer dans une querelle des chiffres. Nous ne lui ferons pas ce plaisir. Je me contenterai à ce stade de voir renvoyer à quelques photographies. Celle-ci, réalisée tant bien que mal par mon piètre téléphone (voir ici) et qui permet de distinguer le « carré de tête » arrivant au pont d’Austerlitz avec derrière lui le boulevard noir de manifestants, en rangs serrés, qui s’étalent jusqu’à la place d’Italie d’où nombre de marcheurs n’étaient à cet instant pas encore partis. Celles surtout d’amateurs éclairés ou de professionnels plus habiles que je ne le suis qui leur permettront de mesurer l’ampleur de la déferlante (par exemple ici).

Mais s’il fallait encore s’en convaincre, alors même que réussissant partiellement son opération de diversion le ministre de l’intérieur permettait aux journaux aux ordres de faire leur « Une » sur le grand écart des chiffres, des reporters de l’AFP professionnels jusqu’au bout des ongles notaient eux que « la tête du défilé était arrivée à Bercy à 15 h 15, tandis que la queue de la manifestation se trouvait encore gare d’Austerlitz, à près d’un kilomètre de là ». 7.000 personnes donc ? N’en jetons plus, la propagande de Manuel Valls est grotesque et abîme les services de l’Etat contraints d’obéir aux ordres de ce falsificateur.

Sur le pédalo de la méduse, François Hollande pédale, mais c’est bien Manuel Valls et ses compagnons d’infortune qui écopent. La « remise à plat de la fiscalité » promise par Jean-Marc Ayrault est déjà mort-née après l’annonce de Stéphane Le Foll, ministre de l’agriculture du précédent, que l’écotaxe verrait bien le jour en 2015. Il ne reste plus comme recours pour le pouvoir en place que le dénigrement de toute alternative crédible. C’était l’objet de la manœuvre de Manuel Valls ce dimanche.

Souvenons-nous que le 5 mai dernier, alors même que 180.000 personnes arpentaient le pavé parisien pour réclamer une 6ème République, Manuel Valls annonçait … 30.000 manifestants, soit 6 fois moins. Cette fois, il passe le ratio à 1 pour 14. Bien sûr le mensonge est l’ultime rempart pour ceux qui après avoir abandonné l’histoire de leur organisation en souillent aujourd’hui les valeurs. Mais ce mensonge d’Etat ne dispense pas de jeter un œil sur ce qu’il induit. Voilà un gouvernement élu par les électrices et électeurs de gauche qui, après avoir refusé l’amnistie des syndicalistes, vient frapper la Gauche qui descend dans la rue, en essayant de minorer ce qu’elle est. Mais dans le même temps, Manuel Valls ouvre la porte aux « Bonnets Rouges ». Eux étaient selon Valls 17.000 le 30 novembre à Carhaix. Mais annoncer moins eut été prendre le risque de subir le courroux patronal. Le couard Valls ne saurait s’y résoudre. Alors comme tous les faibles, il croit pouvoir se venger le lendemain sur ceux qui, portant la défense de leur classe, prônent l’avènement de l’intérêt général. Réalise-t-il, le sinistre Manuel Valls, que là où le Front de Gauche permettait à la Gauche tout entière de reprendre la Rue face aux forces réactionnaires qui sont passées à l’offensive, il vient lui se poser en rempart pour permettre à ces dernières d’avancer. A quel jeu joue Manuel Valls ?

Pour autant, le sillon est désormais tracé. Si François Hollande s’obstine à vouloir faire payer par le peuple, à coups de TVA, les cadeaux faits aux privilégiés et à l’oligarchie via le Crédit impot compétitivité (CICE), les niches fiscales ou les paradis fiscaux sacralisés, il verra la rivière ressortir de son lit en janvier prochain, plus grosse et fougueuse encore, pour mettre à terre cette ancien régime d’un autre temps, d’un autre ordre.

Pinocchio Valls peut bien continuer à mentir, ce ne sont pas ses calomnies qui feront rentrer à la maison Marie-Lou, croisée cette après-midi au sortir de 14 h de bus depuis les Hautes-Pyrénées, ou Jean, qui avait fait la route en co-voiturage pour monter de Marseille, exigent une Révolution fiscale. Au contraire, toutes celles et tous ceux qui, bloqués par les difficultés de la vie, à commencer par les difficultés financières, n’ont pu se dimanche se mêler au cortège, ont commandé pour Noël une paire de souliers. Celles et ceux qui savaient qu’il fallait une digue pour bloquer le front réactionnaire ont accompli leur tâche. Ils vont maintenant continuer à avancer pour faire flotter l’étendard des progressistes et de l’humanisme radical. Et la marée va continuer à grossir, grossir, grossir. Et le nez de Manuel Valls va continuer à s’allonger, s’allonger, s’allonger…

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