Face aux projets Peillon, pas de division !
Le ministre de l’Éducation nationale V. Peillon a annoncé vouloir décharger les enseignants en poste en ZEP de 2 heures de cours par semaine ; il a indiqué vouloir financer cette mesure par une augmentation des temps de service de leurs collègues de CPGE aboutissant à une diminution substantielle de leurs traitements.
La décharge des professeurs en ZEP est bienvenue, bien qu’elle ne suffise pas à régler les nombreux problèmes auxquels les enseignants font face. Mais en s’attaquant ainsi aux rémunérations des professeurs en CPGE et à leurs obligations de service, M. Peillon ne se contente pas de reprendre une réforme engagée puis retirée il y a six ans par M. de Robien, il enfonce un coin dans les décrets de 1950 qui fixent les statuts des enseignants. Pire, il oppose entre eux les personnels de son ministère.
Le Parti de Gauche dénonce ce procédé et cette méthode, qui sont dans le droit fil de ceux de la droite. On ne « refonde » pas l’Éducation nationale en déshabillant Pierre pour habiller Paul ; la lutte des classes n’est pas un combat fantasmatique entre les classes préparatoires et les classes de ZEP.
Tous les élèves de France ont droit à une instruction et une éducation de qualité ; notre pays a besoin que le Peuple soit savant pour pouvoir exercer sa souveraineté et relever les défis des Arts et des Sciences. Cela ne peut être atteint qu’en améliorant les conditions de travail des professeurs, passeurs de savoir, ainsi que l’encadrement des élèves à tous les niveaux et sur tout le territoire. Cela passe par le recrutement de professeurs et de personnels d’éducation dont la présence est indispensable à la bonne marche d’un établissement. Cela passe par le dégel et le rattrapage du point d’indice de rémunération des fonctionnaires, qui évolue moins vite que l’inflation depuis des années, et par une revalorisation des grilles indiciaires de tous les corps, dont certaines sont bloquées depuis des décennies. Cela passe par l’augmentation du nombre de postes aux concours internes, y compris l’agrégation, pour résorber la précarité et donner des perspectives de carrière. Cela passe par le respect dû aux enseignants, par tous et d’abord par le ministre ! C’est ainsi que l’on pourvoira les postes aux concours externes, et non par des campagnes publicitaires dispendieuses, ineptes et méprisantes.
Mais cette déclaration a au moins le mérite de la cohérence gouvernementale : elle est dans la ligne de la politique austéritaire et anti-salariale de MM. Hollande et Ayrault.
Le Parti de Gauche demande au ministre de renoncer à cette mesure inique et dangereuse ainsi qu’à toute tentation de saper le statut national des différents corps enseignants. Les professeurs n’ont pasvocation à servir de variable d’ajustement des politiques d’austérité après la reddition sans condition du gouvernement face aux injonctions de Bruxelles et des marchés financiers. Au lieu de stigmatiser telle ou telle catégorie de travailleurs, fonctionnaires ou non, ou les dresser les uns contre les autres, la seule mesure de justice d’un gouvernement républicain consisterait à revaloriser les salaires dont le SMIC, et pour ce faire, à trouver les sources de financement nécessaires en ayant le courage et la volonté de se tourner contre ceux qui sèment la terreur économique et sociale,étranglent l’économie du pays et vident les caisses de l’État.
Pierre Chantelot, responsable national Enseignement Sup’ Recherche, Carlos Lobo, Yann Salmon