« Bidouille » des chiffres du chômage

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Hollande en a rêvé, Libé l’a proclamé en Une (en contradiction avec une analyse prudente en page intérieure) : « Chômage, l’inversion, c’est maintenant ». Même Hollande était plus nuancé en commentant le lendemain : « C’est une bonne nouvelle, mais nous n’avons pas encore gagné la bataille. La bataille, elle, continue. » Mais s’agit-il d’une bonne nouvelle ou d’une bidouille de plus ?

Il y aurait donc 20 500 chômeurs (catégorie A) de moins en octobre soit une baisse de 0,6%. En réalité la publication de la Dares (direction de l’animation de la recherche des études et des statistiques) qui dépend du ministère du Travail et de l’Emploi mentionne 4 883 000 demandeurs d’emploi pour octobre en France métropolitaine. Parmi eux, 3 275 200 n’ont trouvé aucun emploi en octobre (catégorie A). Les 1 607 800 restants ont exercé eux une activité réduite de 78h maximum dans le mois (catégorie B) ou plus (catégo rie C). Autrement dit, les 20 500 chômeurs « de moins » sont sortis de la catégorie A pour migrer dans la B ou la C car si les offres collectées par Pôle Emploi ont crû de 1 % en octobre, le détail est alarmant.

Les offres d’emploi durable, de plus de six mois ont diminué de 1,9% tandis que les propositions d’emploi temporaire, entre 1 et 6 mois, ont augmenté de 1,1% et celles d’emploi occasionnel, de moins de 1 mois, ont explosé à +11,8%. En réalité, le nombre des demandeurs d’emploi, qui se répartissent donc dans les catégories A, B et C, a hélas augmenté en octobre de 0,8%, soit 39 600 personnes. On est loin d’une « inversion de la courbe du chômage désormais amorcée » selon les termes de l’Elysée.

Comment pourrait-il en être autrement au regard du train sans fin de fermetures d’entreprises et des plans sociaux annoncés : Européenne Food, LH2, Guigard, FagorBrandt, La Redoute, Alcatel-Lucent, Tilly-Sabco… pour ne citer que les plus récents et les plus voyants ? Sans compter les 44 000 fermetures de petites et moyennes entreprises cette année (+6% par rapport à 2012) recensées par la Coface qui prévoit aussi pour l’an prochain 61 500 liquidations d’entreprise. Cette Coface, qui n’est pas une officine gauchiste, mais une compagnie d’assurances, a d’ailleurs sa petite idée sur l’origine du désastre annoncé : en dehors d’une allusion à « la crise » ce serait « la baisse du pouvoir d’achat ». Il ne restera bientôt plus que les solfériniens pour croire que l’austérité n’est pas la saignée fatale qui achèvera le malade.

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