Côte d’Ivoire : le lourd silence de Hollande !
Le rapport mondial de l’ONG Human Rights Watch concernant les événements de 2013 énonce, au sujet de la Côte d’Ivoire, le constat suivant : « le gouvernement Ouattara n’a pas tenu sa promesse de rendre une justice équitable et impartiale pour les crimes commis pendant la crise postélectorale de 2010-2011 ». En effet si plus de 150 dirigeants civils et militaires du camp de Gbagbo sur environ 800 détenus arbitrairement, ont été mis en accusation, aucun membre des Forces Républicaines pro-Ouattara, composées de forces armées et de milices tribales, ne l’a été. La Commission nationale d’enquête nommée par le gouvernement Ouattara et dissoute depuis a pourtant, dans son rapport rendu en 2012, écrit que les membres des deux camps avaient perpétré des centaines d’exécutions sommaires et le gouvernement avait alors promis que des suites seraient données.
C’est donc bien une justice de vainqueur qui est à l’œuvre en Côte d’Ivoire, une justice qui maintient en détention provisoire depuis deux ans et demi la plupart des accusés pro-Gbagbo même si quelques uns ont été libérés au compte-gouttes. Une justice qui n’engage aucune poursuite, ni pour les crimes commis par les forces de sécurité de Ouattara, en particulier contre le camp de personnes déplacées de Nahibly, ni pour les actes de torture qui ont fait suite aux attaques contre des établissements militaires et sont devenus pratique courante depuis. Une justice qui se révèle aussi incapable de résoudre les conflits fonciers liés à des occupations illégales de terrains par le biais de ventes illicites à des non ivoiriens ou par le biais d’occupations hostiles, privant ainsi des dizaines de milliers de réfugiés de leur droit au retour.
Le gouvernement Ouattara se révèle tout aussi incapable de rétablir le fonctionnement d’un Etat de droit en ce qui concerne la sécurité des biens et des personnes, reléguant le pays au rang de douzième pays le plus dangereux au monde. Le désarmement des ex-combattants de la rébellion pro-Ouattara ne connaît pas d’avancée notable, de même que la réforme du secteur de la sécurité ; plusieurs commandants militaires impliqués dans de graves violations des droits humains occupent toujours des postes clés et sont même promus à de hauts grades. Les jeunes voyous continuent de terroriser les populations, les femmes étant les premières victimes de cette violence.
Le rapport énonce enfin que « certains partenaires de la Côte d’Ivoire, notamment les Nations-Unies et les Etats-Unis ont fait preuve d’une plus grande volonté de critiquer le manque de justice pour les crimes passés, tandis que d’autres, notamment la France, sont restés largement silencieux ». Ce silence est celui de François Hollande et de Laurent Fabius qui se font complices de Ouattara pour mieux enchaîner le peuple ivoirien. Car Ouattara, peu soucieux du bien commun et de l’unité de la nation ivoirienne, est bien utile pour servir de caution à la volonté de recolonisation du pré carré francophone.
Pendant ce temps, des journalistes sont persécutés et même assassinés comme Désiré Oué qui voulait redonner vie aux parlements et agoras dans les quartiers. Pendant ce temps, des centaines de milliers de personnes sont contraintes à l’exil forcé en dépit des dispositions constitutionnelles qui l’interdisent, l’opposition est réduite au silence et ses responsables emprisonnés ou exilés, la Constitution constamment violée par Ouattara. Pendant ce temps, les prédateurs que sont les protégés/ protecteurs de Ouattara dans les forces de sécurité, continuent leurs contrebandes et leurs détournements financiers au détriment des besoins de la population en termes de santé et d’éducation. Pendant ce temps, la croissance économique, d’ailleurs ralentie, ne profite guère aux populations mais aux seules multinationales par la pratique du gré à gré. Pendant ce temps, le « rattrapage » continue qui consiste à placer à la tête de la grande majorité des administrations et entreprises d’Etat, des affidés de Ouattara au détriment d’un équilibre ethnique de l’encadrement ivoirien auquel Houphouët tenait tant.
La Côte d’Ivoire de Ouattara n’est plus une démocratie, le PDCI de Bédié pourtant allié de Ouattara en fait l’amer constat. Les élections présidentielle et législatives de 2015 approchent et aucune perspective ne se dessine quant à la mise en place d’une Commission électorale indépendante, composée non plus des représentants des trois mouvements armés et des partis politiques présents à Marcoussis, mais composée selon les normes en la matière. Aucune perspective ne se dessine quant à la question de l’éligibilité de Ouattara dont on rappellera qu’il n’a été autorisé à se présenter en 2010 qu’à titre exceptionnel.
C’est dans ce contexte de recul de la démocratie, de violations flagrantes et quotidiennes des droits de l’homme, d’expropriations des paysans de leurs terres, de bâillonnement de l’opposition et de la presse, et de piétinement des valeurs républicaines que François Hollande a prévu de se rendre très bientôt en Côte d’Ivoire !
Nous soutenons les efforts de regroupement en cours de l’opposition à Ouattara et la demande de l’opposition que se tiennent des Etats généraux de la République ivoirienne.
Il faut dénoncer le silence de François Hollande et de Laurent Fabius et appeller à la vigilance face à toute tentative de manipulation constitutionnelle qui permettrait à leur ami Ouattara de se maintenir au pouvoir avec leur complicité active.
Vive la révolution citoyenne et souveraine ivoirienne !