« Genre » : l’incroyable capitulation du gouvernement

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Ce n’est pas seulement une victoire de la Manif pour tous. C’est une grave défaite de la gauche. Et de la pensée en général. Après avoir plié sur la loi « Famille », le pouvoir a décidé de se coucher devant les réactionnaires. Un passionnant article de Mediapart révèle ainsi que, depuis un an et les mouvements qui ont accompagné la loi pour le mariage gay, le mot « genre », considéré comme trop polémique par le gouvernement, a été banni du vocabulaire. « Lois, circulaires, rapports… Afin de ne pas trop froisser les lobbies intégristes, le gouvernement a discrètement choisi de se passer d’un des concepts les plus importants du champ intellectuel de ces dernières décennies », explique Lucie Delaporte.

La journaliste, qui évoque carrément une « chasse aux sorcières », raconte qu’à plusieurs reprises la censure est tombée : annulation par le rectorat d’un cycle de conférences sur le genre dans des collèges de Seine-Saint-Denis, suspension de la parution d’un ouvrage intitulé Déjouer le genre destiné aux enseignants, remplacement du mot « genre » par le terme « garçons-filles » dans un rapport commandé par Najat Vallaud-Belkacem, ministre du… Droit des femmes.

Plus que se passer d’un mot ou d’un concept, se passer du « genre », c’est s’interdire de penser, et donc d’agir : « En remplaçant égalité de genre par égalité filles-garçons, on veut signifier qu’on ne s’attaquera surtout pas à l’ordre des choses. Or l’idée d’assurer l’égalité sans toucher aux normes est totalement absurde », s’indigne le sociologue Éric Fassin (voir aussi ici), qui a commenté l’affaire pour Mediapart. On pensait l’obscurantisme cantonné aux paroisses ultra catholiques, le voilà désormais bel et bien entré à l’Élysée.

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