4 février 1536

Le 4 février 1536, François 1er signe le traité des Capitulations avec le sultan Soliman le Magnifique. Le royaume de France fait face à la dynastie des Habsbourg. Celle-ci atteint son apogée avec Charles Quint qui hérite de sa mère des Espagne et de leurs dépendances en Italie (Naples, Sicile, Sardaigne) et aux Amériques. Il convoite le duché de Bourgogne ancienne possession de son arrière-grand-père Charles le Téméraire. La France étant encerclée, le très chrétien François Ier se tourne vers Soliman le Magnifique, sultan de l’empire Ottoman. Son objectif est de trouver un allié dans son combat contre les velléités de domination de la Maison de Habsbourg. Et tandis qu’il entre en guerre contre l’empereur Charles Quint pour la possession de la Savoie et de Turin, la flotte ottomane dirigée par Barberousse s’attaque aux possessions des Habsbourg en Méditerranée.

Cette alliance, inédite à l’époque entre un roi chrétien et un sultan musulman permet aux deux puissances de combattre efficacement la flotte espagnole en Méditerranée. Elle cause cependant un certain émoi dans le monde chrétien qui la qualifie d’« alliance impie », ou d’« union sacrilège de la fleur de lys et du croissant ». Cette alliance stratégique est alors l’une des plus importantes de la France, et dure plus de deux siècles et demi dans l’intérêt objectif des deux parties.

Le traité institue également des privilèges commerciaux en Turquie : les navires battant pavillon français obtiennent la liberté de commercer dans les ports de l’empire turc, ce qui va assurer la prospérité de Marseille. Il confie aussi au roi de France la protection des Lieux Saints et des chrétiens de l’empire.

Ce traité, destiné à prendre de revers l’empereur Charles Quint, atteste surtout que l’intérêt national l’emporte désormais sur la solidarité des chrétiens face aux menaces ottomanes. L’empire turc est un État comme un autre, avec lequel on s’allie, on fait la guerre et on commerce en fonction des intérêts de chacun. La culture ou la religion ne l’emportent plus sur l’intérêt national. A l’heure du choc des civilisations, il convient de le rappeler.

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