Drôle de semaine

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Où je reviens sur la semaine écoulée, le Conseil national du PG, notre résolution européenne adoptée et les invectives de David Assouline face à Jean-Luc Mélenchon ce dimanche soir sur BFM

Ma semaine se termine mieux qu’elle n’a commencé. Je parle du Conseil National du PG de haut niveau politique  que nous venons de vivre ce week-end.

Une semaine que j’ai rêvé autrement

Mais avant je vais revenir sur les événements qui, au sein du FDG, ont changé le cours de ce qui était espéré en début de semaine. Tout occupé à en gérer les conséquences, je n’ai pas eu le temps de les relater. Il n’est d’ailleurs pas coutumier que je fasse le récit de l’intérieur des discussions et relations avec nos partenaires qui font la matière principale de mon secrétariat aux relations unitaires. Je l’ai fait, mais largement a posteriori, dans mon livre « au cœur du Front de Gauche » qui raconte l’histoire du Front de Gauche jusqu’en août 2012. Mais plus rarement quand les cendres sont encore chaudes. Cette fois je le juge utile. Lundi dernier donc, 10 février, j’avais rendez-vous justement avec Marie-Pierre Vieu et les responsables parisiens du PCF. Marie-Pierre est une dirigeante communiste en qui j’ai une entière confiance. Ce n’est pas seulement parce qu’elle est l’éditrice justement de mon livre (quoi que cela aide) mais depuis notre rencontre en 2006 au cours d’une des énièmes réunions du désespérant feuilleton d’une tentative de candidature commune de la gauche antilibérale pour les élections présidentielles 2007, je sais que sur le fond nous nous entendons sur l’essentiel. Sans doute que nous voulons éviter de revenir à cette période de division qui rendait inutile la gauche que nous représentons. En plus elle agit comme j’aime qu’agisse un militant politique : avec sincérité, sans fard, sans chausse-trappe… Comme on aime qu’agisse d’ailleurs tout être humain. Bref quand Marie-Pierre me dit quelque chose, je la crois. Ce lundi donc, place du Colonel Fabien, je devais enfin avoir un retour du PCF sur notre demande sur les logos. Depuis le 18 janvier, date de la réunion bilatérale des Buttes-Chaumont où nous avions fait cette précision concrète, nous attendions. Soit 22 jours pour obtenir une réponse sur la demande la plus minimaliste qui soit : le PCF était-il disposé à nous envoyer un signe positif en enlevant le logo FDG du matériel officiel  des listes conduites par le PS où il s’était engagé à Paris, Nantes, ville du premier ministre et la petite dizaine de villes incluant un ministre ? Difficile de faire moins, difficile pour le PCF de faire passer ce type de listes comme indépendantes de la politique du gouvernement… Ces 22 jours ont été longs. Surtout quand dans le même temps les dirigeants du PCF rappelaient tous les jours qu’il conviendrait d’accélérer notre entrée en campagne européenne. Je préfère prendre cela pour de l’humour au second degré. Enfin bref, nous sommes quatre dans le bureau ce lundi. On échange nos points de vue, plutôt froidement avec Igor le secrétaire fédéral parisien. Mais, et c’est le plus important, Marie-Pierre au nom de la direction du PCF et avec l’accord de sa direction parisienne m’annonce le retrait du logo FDG sur le matériel officiel de la liste d’Anne Hidalgo à Paris et l’assurance que je recevrai avant mercredi les réponses pour les autres villes. Elle précise cependant que cela implique l’ouverture de discussions sur les Européennes. Je lui réponds ne pas comprendre cette précaution puisque si nous faisons ce compromis c’est justement pour débuter ces négociations malgré le problème des municipales. Pourquoi est-ce que j’impose cette date limite de mercredi ? Parce que nous avons un conseil national le week-end qui suit pour lequel je dois écrire une résolution sur les Européennes. Ce CN est en effet prévu de longue date pour justement démarrer cette campagne. N’ayant pas de doute malgré tout sur la valeur des assurances de Marie-Pierre, je commence la résolution qui annonce l’entrée en négociation. Mais rien ne vient. Mercredi matin alors que j’espère la confirmation officielle de la liste de villes sur lesquelles s’appliqueraient cette règle, je reçois en fait sur mon mail une toute autre chose : l’affiche officielle de Anne Hidalgo avec le logo du FDG… Pascale Savoldelli, responsable des élections du PCF, dira sans rire dans le Monde qu’une tête de liste ne tient pas au courant ses partenaires de l’affiche officielle de campagne. Je n’ose croire que nos camarades communistes à Paris en soient arrivés à faire une confiance aveugle aux socialistes où alors le PCF a perdu ses meilleures traditions. Je suis convaincu par contre de la bonne foi de ma camarade Marie-Pierre Vieu quand elle m’expliquera ne pas être au courant de cette affiche au moment où elle me faisait des assurances au nom de sa direction. On m’autorisera par contre des doutes sur la direction parisienne… Pierre Laurent me dira la même chose jeudi dans les couloirs du Conseil régional d’Ile de France où nous siégeons tous deux. Je lui ai là encore redit mes doutes. Paris n’est pas à des centaines de km de la place du Colonel Fabien et le poids de Pierre y est fort. Il a même été décisif lors du vote interne qui a penché de peu du côté de l’engagement derrière Hidalgo surtout en raison du score de la section du 20ème qui est la sienne. Mais je dis alors à Pierre qu’il y a un moyen de nous redonner confiance : une déclaration publique le regrettant, un signal, quelque chose… Il ne viendra pas. Au contraire, on apprendra que Pierre a programmé d’intervenir dans un meeting du 20ème arrondissement, celui où se présente notre tête de liste Danielle Simonnet, aux côtés d’Anne Hidalgo. Comment, dans ce moment-là, nos camarades communistes imaginent-ils que nous prenions cet appui du N°1 du PCF à la liste Hidalgo ? Ce soutien dans ce moment délicat pour le FDG ne peut apparaître que comme une ultime provocation.

Voilà donc l’atmosphère. Notre divergence stratégique n’est pas théorique, formelle mais a des implications bien concrètes car elle nous place en concurrence électorale. A Paris, dans les 12 et 10ème arrondissements par exemple, pas une affiche du PS n’est collée sur les murs mais celles de mes camarades Alexis Corbière et Guillaume Etievant sont recouvertes systématiquement par les affiches des candidats communistes des arrondissements concernés  qui font la promotion de la socialiste Anne Hidalgo. Etonnant de voir ainsi  Didier Le Reste, ancien leader des cheminots CGT qui n’avait pas de mots assez durs à l’encontre d’un PS votant la dérégulation du service public ferroviaire, jouer ainsi le jeu dudit PS contre ceux qui contestent à gauche son hégémonie… A Rouen ce sont les communistes de la liste déjà constituée du FDG qui arrivent en plein milieu d’une réunion pour annoncer qu’ils rejoignent celle du PS. Idem dans une ville d’Isère… Etc, etc, etc… Bref le tout-venant entre des listes concurrentes mais qu’on ne souhaite pas voir entre des partis du FDG surtout à un moment où le PS appuie la politique d’un gouvernement qui fait une politique de droite. Les soubresauts de cette semaine ont malheureusement confirmé que les contradictions du PCF rendent impossible de démarrer ensemble, malgré tout, la campagne européenne. De faire comme si les municipales et européennes se déroulaient dans des espaces temps différents.    

Un CN volontariste et unitaire

J’ai donc été amené à écrire différemment la résolution en vue de notre CN. J’y reviens donc. J’ai été fier de mes camarades tout au long du week-end. Ils vivent tous des situations différentes : certains, car c’est le cas quand même dans la moitié des villes de 20 000 habitants, sont bras dessus, bras dessous avec les camarades du PCF, d’autres au contraire sont dans la situation des camarades de Paris. Pourtant malgré ces différences, est ressortie une grande maturité face à la situation créée. Un forte homogénéité s’est exprimée dans les amendements et le vote quasi unanime de la résolution. Tous sentent la gravité du moment historique que vous vivons, l’importance de décisions prises qui ont des impacts concrets sur la situation politique. Les interventions ont donc été très majoritairement dans le même sens. Les délégués ont refusé la moindre tentation identitaire qui aurait pu survenir à l’occasion de cette crise pour réaffirmer au contraire leur attachement au Front de Gauche dès lors qu’il renoue pour l’avenir avec la stratégie d’autonomie qui lui donne son sens. Ils ont décidé de partir en campagne européenne immédiatement avec toutes les forces ou composantes avec lesquelles nous sommes engagés nationalement ou localement sur des listes autonomes aux municipales tout en affirmant dans un même mouvement que la main reste tendue à l’ensemble du PCF pour peu qu’il se décide enfin à un signe clair et public permettant de penser que sa stratégie à géométrie variable restera le mauvais souvenir de ces municipales. Bref cette résolution est bien équilibrée, elle reflète un parti sûr de la stratégie qu’il faut emprunter pour les années à venir mais bien décidé à rester le meilleur ouvrier d’une unité de l’autre gauche qui a justifié notre création. La résolution va même plus loin puisque réaffirmant l’ouverture à tous ceux qui, dans la majorité gouvernementale, se décideraient enfin à rompre avec la double politique de l’offre et de l’austérité de François Hollande. Enfin elle relance la nécessité, qui m’est chère, de la construction d’un front du peuple d’où l’exigence de la relance des assemblées citoyennes. Des assemblées incluant l’ouverture aux adhésions directes qui pourraient permettre une véritable implication citoyenne. 97 % des suffrages exprimés de ce CN ont approuvé la résolution (http://www.lepartidegauche.fr/actualites/actualite/resolution-conseil-na…). Ils sont bien décidés à faire de la campagne européenne une réussite et à permettre à un FDG revigoré de passer devant le PS.

Assouline pour repoussoir

Si nous avions des hésitations sur cette absolue nécessité, David Assouline, porte-parole du PS, nous aurait conforté dans cette volonté. Assouline a été retenu par BFM ce dimanche soir pour débattre avec Jean-Luc invité  de l’émission politique dominicale de la chaine d’information. Manifestement, il était venu avec l’ambition d’un coq de basse-cour bien décidé à faire un coup politique face à Jean-Luc. Un peu à la manière de Cahuzac il y a quelques mois (il devrait faite attention cela ne porte pas bonheur), voilà Assouline égrenant avec morgue et agressivité un mélange des lieux communs qui font le seul discours du PS – nous sommes LA gauche, vous faites le jeu de la droite et gna, gna, gna – et de mensonges sur les retraites, une fiscalité soi-disante égale pour les revenus du travail et du capital etc… le tout à la vitesse d’une mitraillette afin d’être sur de ne pas être contesté. Bref à entendre Assouline le gouvernement Ayrault cumulerait les acquis sociaux de 36 et de 81 réunis… Tout journaliste objectif aurait du arrêter ses monologues, cela n’a pas été le cas sur BFM… Mais qu’importe, Assouline a révélé comme jamais l’inutilité d’un parti qui tourne à vide et qui pioche dans les recettes du sectarisme de quoi faire oublier ses reniements.  Pas sur qu’à Solférino on ait vraiment apprécié son passage : à un mois du scrutin des élections municipales, Assouline a constitué un repoussoir pour ceux des électeurs du FDG qui hésitent pour le 2ème tour des élections. Il en est le seul responsable à l’image de la politique de droite du gouvernement. Je connais bien David. Alors que j’étais militant de la LCR, nous avons été tous deux « leaders » étudiants à Jussieu en 1983/84 quand  il appartenait au groupe trotskyste de la LOR (Ligue Ouvrière Révolutionnaire). Je me souviens à l’époque de David n’ayant pas de mots assez durs vis à vis d’Alain Geismar, ancien leader de 68 et de la Gauche Prolétarienne, dont nous occupions le bureau pour des raisons qui m’échappent aujourd’hui, car devenu proche du PS et du « système » du fait de sa fonction de direction à l’université. Comment l’intransigeant David aurait-il jugé alors Assouline, futur porte-parole du PS justifiant une politique de l’offre. A l’époque je suppose que David se voyait davantage en futur Trotsky que dans le rôle d’un Frédéric Lefebvre du PS… Pathétique. En le regardant ce soir défendre avec autant de mauvaise foi la politique de François Hollande et agresser en réalité à travers Jean-Luc tous les militants du Front de Gauche,  je n’ai pu m’empêcher de penser à nos camarades communistes parisiens qui sont les co-listiers d’Assouline pour les municipales. Se sentent-ils vraiment plus près de lui que de leurs camarades de la liste « Place au peuple » menée par Danielle Simonnet ? Dans le fond je ne peux y croire. Oui un signal fort et public serait vite le bienvenu…

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