Pacte de responsabilité : il ne se négocie pas, il se combat
François Hollande a décidé d’accélérer la mise en œuvre de son pacte de responsabilité. Le PS lui a immédiatement emboîté le pas, se vautrant avec délices dans le discours incantatoire de la « grande négociation sociale » en échange de suppressions de cotisations sociales payées par les entreprises en contrepartie. Mais, surprise, pour le PS celles-ci ne sont pas dues que par les entreprises « les contreparties doivent être respectives, (chaque partenaire doit prendre sa part de l’effort commun) et respectées. Elles doivent être négociées ». Ce sont donc les salariés qui doivent payer ! Joli tour de passe-passe ! Le Medef poursuit ainsi inlassablement sa campagne pour ce qu’il appelle « un allègement du coût du travail » c’est-à-dire une dégradation des droits des travailleurs et veut des négociations au niveau des branches « sans contrainte nationale ». Car celles-ci « stressent » le patronat dixit Pierre Gattaz ! Le PS, sous l’impulsion de son secrétaire national Harlem Désir, vient de s’aplatir devant lui, par un vote de 2/3 de son bureau national, soit une majorité écrasante, bien loin des rêves de ceux qui essaient de faire croire le PS plus à gauche qu’il n’est.
Comme la direction de la CFDT est d’accord avec le Medef pour maintenir le CICE (Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi), ce qui arrange le gouvernement, J-M. Ayrault va devoir trouver 10 milliards de baisse de dépenses publiques de plus pour compenser la baisse de cotisations annoncée de la branche famille. Ce dernier aura donc obtenu 30 milliards, plus des régressions du droit du travail. Et les salariés ? Rien, une fois de plus. F. Hollande espère que tout sera bouclé pour fin mars afin de pouvoir engager la responsabilité du gouvernement en avril. En remaniant son gouvernement à cette occasion avec l’inconnue du changement ou non de premier ministre, le président espère trouver un regain de popularité à quelques semaines de l’élection européenne du 25 mai. Compte-t-il sur la droite?
A gauche par contre le rejet est massif et ne peut que s’accentuer. Le Front de Gauche appelle à la mobilisation contre ce pacte monstrueux, pour faire échouer cette « politique de l’offre » qui ne mène qu’au désastre économique, social et écologique. C’est le sens de la proposition d’une marche du ras le bol le 12 avril qui s’adresse à tous ceux qui refusent la politique d’austérité et ne veulent pas laisser la rue à la réaction. L’élection européenne permettra aussi de défendre une alternative de gauche face au cours libéral du PS et de la social-démocratie européenne qui vote avec la droite la privatisation du rail et négocie avec les Etats-Unis le grand marché transatlantique.