Journée internationale des femmes 8 mars 2012

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Marie Curie et le féminisme en actes

Scientifique d’exception, Marie Curie incarne un féminisme en actes, qui n’exclut pas l’engagement en faveur des droits des femmes.

Son rôle dans la découverte du radium est mis en doute ou réduit à celui d’expérimentatrice. L’iconographie la montre toujours assez passive, témoin plutôt qu’actrice de la découverte. C’est Pierre Curie qui insiste pour que son épouse soit associée à lui pour le Nobel de Physique 1903, partagé avec Henri Becquerel.

Candidate à l’Académie des Sciences, elle échoue en 1910 en raison, selon Irène Joliot-Curie (sa fille), de la « violente campagne […] menée contre elle par les antiféministes et les cléricaux ».

En 1911, Harvard lui refuse une distinction au motif que, depuis la mort de son mari, elle n’a « rien fait d’important ». Le prix Nobel de Chimie, qu’elle obtient seule, la même année, pour ses travaux sur le polonium et le radium, va laver l’affront. Mais Marie Curie ne sera jamais membre de l’Académie des Sciences ; d’autres Académies, à l’étranger, et l’Académie de Médecine, en 1922, l’accueilleront.

Ces obstacles antiféministes l’incitent à accepter en 1912 de signer pour la libération de suffragettes en grève de la faim dans les prisons anglaises, à la demande de la physicienne féministe Hertha Ayrton.

 

Son laboratoire est très largement ouvert aux étudiantes, dont de nombreuses étrangères. Elle s’engage pendant la Grande Guerre au sein de la Croix-Rouge (Union des femmes de France) et crée les unités mobiles de radiologie pour les blessés. Après-guerre, elle siège à la commission internationale de coopération intellectuelle de la Société des Nations, l’ancêtre de l’ONU. Elle accepte la présidence d’honneur de l’Association française des femmes diplômées des universités, créée en 1920, affiliée à la Fédération internationale des femmes universitaires fondée à Londres l’année précédente. Elle bénéficie du soutien des femmes américaines qui l’aident dans ses recherches en finançant l’achat très onéreux de 1 gramme de radium en 1921 et 1929.

Concernant le suffrage des femmes, symbole des féminismes de l’époque, elle trouve que le principe est «essentiellement juste et qu’il devra être reconnu» et elle le fait savoir aux parlementaires, ne supportant pas qu’un adversaire du suffrage se soit servi de son nom pour appuyer son argumentaire.

Marie Curie échappe en grande partie au regard social dominant qui n’admet qu’avec réticence les femmes dans le monde du travail et ne les tolère qu’au prix d’une assignation à la « féminité professionnelle ». Indifférente aux préjugés, à l’opinion d’autrui, elle est non seulement pionnière mais exceptionnelle. Elle montre par l’exemple que les sciences et le génie n’ont pas de sexe.

D’après un article de la revue La Recherche, Christine Bard, 2011

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