Espagne – 40 000 manifestants demandent la démission de Rajoy
Ce mardi 25 septembre, plus de 40 000 personnes ont répondu à l’appel de la plate forme « debout » (« En Pie ») et de leur action « Encercle la Congrès » l(« Rodea el congreso »)
L’histoire a commencé fin août : une plate-forme se monte autour d’un manifeste et d’une action « Occupe le Congrès le 25 Septembre ».
Le but : « encercler le Congrès » des députés et demander la démission de Rajoy, l’ouverture d’un processus constituant, un audit de la dette, l’arrêt des coupes budgétaires et des contre-réformes…. (voir le manifeste à la fin) Peu à peu l’événement posté sur facebook voit son nombre de participants augmenter et la plate-forme trouve le soutien de plusieurs dizaines de collectifs.
Le gouvernement a alors tenté de criminaliser le mouvement (qui n’a pourtant eu de cesse de clamer son pacifisme) :
– lors de la manifestation du 15 septembre dernier à Madrid, réunissant plus d’un million d’espagnols, 4 personnes ont été arrêtées lorsqu’elles déployaient une banderole « Occupe le Congrès »
– il y a une semaine la police identifiait 8 personnes comme « organisateurs » de la manifestation, ils devront comparaître le 4 octobre prochain pour « délit contre les Hautes organisations de la Nation en appelant à manifester devant la chambre »
– lors de la dernière assemblée organisationnelle du 25S, dimanche dernier, au Parc du Retiro à Madrid, la police a procédé au contrôle d’identité d’une quarantaine de personnes alors même que ce rassemblement avait été autorisé.
La secrétaire générale du PP, Maria Dolores de Cospedal va jusqu’à comparer l’action « Rodea el congreso » à celle du coup d’Etat manqué du 23F (coup d’Etat fasciste de Tejero qui a contribué à légitimer la monarchie et le roi Juan Carlos)
Derrière ces intimidations, se cache une vérité : le gouvernement a peur et prépare sa réplique répressive.
Dès lundi soir ce sont près de 1350 policiers qui sont chargés de sécuriser le Congrès : 27 groupes de 50 CRS pour faire de la chambre des députés un véritable bunker.
La criminalisation du mouvement par le gouvernement n’a pourtant pas opéré. Hier, plus de 40 000 personnes ont encerclé le congrès des députés à Madrid aux cris de « Rajoy, démission! » « Dehors! »
On pouvait voir de nombreuses pancartes « Non aux coupes budgétaires! » et des drapeaux républicains, sur la banderole qui ouvrait l’un des cortèges, écrit en gros: « Qué se vayan todos! »
Quelques slogans : « Oui on peut! » « S’il n’y a pas de solution, il y aura révolution! » ou encore « Rajoy, lâche! La rue est en feu! ». Des slogans aussi contre les médias comme « Télévision! Manipulation! » et « Journalistes! Terroristes! ». D’ailleurs aucune des grandes chaînes de télé n’a consacré du temps à cet événement, au contraire elles oeuvrent à la désinformation annonçant des attaques policières en réponse à de la violence des manifestants, mais les images le prouvent, cela est faux.
Les députés d’Izquierda Unida (IU) ont quitté l’assemblée pour rejoindre les manifestants en fin d’après-midi. Cayo Lara, le coordinateur général de IU avait d’ailleurs invité le gouvernement à ne pas voir cette manifestation comme « un problème d’ordre public » et de ne pas chercher à la stopper « par la répression » mais de plutôt analyser les causes qui poussent un peuple à « se déclarer insoumis face à des politiques qu’on lui imposent ».
La seule réponse du gouvernement a néanmoins été la répression. Alors que la manifestation était encore autorisée, les manifestants ont dû faire face à de violentes charges policières. A partir de 21h, la police a procédé à la dispersion de la manifestation à coup de matraques, de balles en caoutchouc et de gaz lacrymogènes.
En écho, face à la police qui usait de la matraque, la foule criait : « On l’appelle démocratie et ce n’en est pas une! » slogan des indignés du 15 Mai 2011, ou encore en levant les mains « voilà nos armes! »
Les heurts se sont poursuivis entre la police et les manifestants dans les rues adjacentes tard dans la nuit.
On compte une trentaine de blessés (4 policiers, une quinzaine de blessés ont du être emmenés dans des centres hospitaliers, un blessé souffre d’une lésion à la moelle épinière) et une vingtaine d’arrestations.
Quelques 1000 personnes étaient encore réunies Plaza Neptumo à minuit.
L’assemblée de Puerta del Sol, la coordination du 25S, appellent à revenir demain pour une nouvelle manifestation à 19h.
Des rassemblements de soutien ont eu lieu simultanément dans d’autres villes d’Espagne notamment à Barcelone.
C’est la première fois que les espagnols se donnent rendez-vous directement à la chambre des députés, comme ce fut le cas en Grèce et au Portugal et non plus seulement dans la rue.
Une nouvelle étape dans les luttes : se retrouver là où se font les lois pour dire stop à l’austérité et réclamer la refondation du pacte citoyen!
Le Parti de Gauche soutient le mouvement et ses revendication. Il dénonce la répression brutale organisée par le gouvernement Rajoy.
La démocratie doit être rétablie. A bas l’austéritarisme, en Espagne et dans le reste de l’Europe!
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Nous considérons que la situation a passé toutes les limites du tolérable, et pensons être victimes d’une attaque sans précédent du pouvoir économique qui utilise la crise comme prétexte pour ruiner nos vies. Les coupables sont ceux qui, avec la complicité de toutes les forces politiques représentées au parlement, ont constitué cette oligarchie intouchable qui manipule tous les pouvoirs de l’Etat pour maintenir ses privilèges et son enrichissement démesuré et illicite.
Aujourd’hui, il n’est plus possible d’occulter cette gigantesque fraude sociale, faite de trahison systématique des engagements électoraux et d’absence de sanction judiciaire pour les banquiers, les politiciens et les grands patrons coupables. Nous voyons à quel point la structure corrompue et immorale du pouvoir instaure des politiques mettant en péril nos droits et nos vies, et à quel point nous subissons une répression injustifiable quand nous demandons un changement.
Nous pensons que le problème est d’une telle envergure et que ces racines sont si profondes que la solution ne peut provenir de réformes basées sur le système politique actuel et c’est pourquoi nous exigeons :
La démission du gouvernement en place et du chef de l’Etat, ainsi que la dissolution de l’assemblée, du fait de leur trahison préméditée qui a conduit le pays et l’ensemble des citoyens au désastre.
L’ouverture d’un processus constituant démocratique, permettant de rédiger une nouvelle Constitution avec la participation de tous les citoyens, afin qu’elle leur appartienne, car nous ne reconnaissons aucun caractère démocratique au texte constitutionnel actuel, qui rédigé dans le dos des citoyens, consacre la domination des héritiers du franquisme et de ceux pactisant avec eux. Ce doit être le peuple qui détermine le modèle d’organisation social dans le lequel il veut vivre, et non l’inverse.
L’audit de la dette publique d’Espagne, avec un moratoire sur son paiement jusqu’à ce que soit déterminé clairement les parties de celle-ci qui n’ont pas à être payées par la nation car ayant servi des intérêts privés utilisant le pays pour ses propres fins et non pour celles de l’ensemble des citoyens. Nous exigeons également le procès de toutes les personnes suspectes de telles manoeuvres, et le fait que leurs biens soient engagés si elles étaient déclarées coupables.
La réforme de la loi électorale pour un nouveau processus électoral qui représente véritablement la volonté du peuple à chaque élection, ceci étant nécessaire pour faciliter le développement d’un processus constituant démocratique.
L’arrêt immédiat de toutes les coupes budgétaires et de toutes les réformes qui sontcontraires à l’état de bien-être car elles entrainent une restriction des droits et des libertés des citoyens : prises avec l’excuse de la crise, elles sont non seulement un désastre pour le pays, mais en plus elles ont été imposées en trahissant la volonté du peuple.
Une profonde réforme fiscale qui fasse payer le plus à ceux qui obtiennent le plus de bénéfice de la société. Nous exigeons également l’abrogation de l’amnistie fiscale décrétée par le gouvernement, dont l’injustice est une véritable tromperie aux citoyens honnêtes.
La suppression de tous les privilèges de ceux qui ont des charges politiques ou publiques, et la mise en place de mécanismes efficaces pour le contrôle de l’accomplissement de leurs fonctions.
L’arrêt immédiat de toutes les expulsions des logements, et la mise à disposition pour la population, au prix du logement social, des logements appartenant aux banques et aux caisses qui ont été aidées avec de l’argent public.
La création de nouveaux emplois dont la première condition soit la soutenabilité et dont la fin soit le développement de l’humanité. Ainsi, la gestion cohérente des emplois doit se faire de façon à ce que toute la population puisse travailler pour vivre et ne soit pas obligée à perdre sa vie à la gagner. Le fait que nous soyons obligés de travailler toujours plus est une énorme tromperie, soutenue par l’avarice des grands intérêts et contraire aux intérêts de la plupart des gens.
Pour toutes les raisons exposées ci-dessus, nous convoquons les citoyens le 25 septembre 2012 devant les portes de l’assemblée, pour une manifestation illimitée jusqu’à la démission du gouvernement et l’ouverture d’un processus constituant, en faisant appel à l’union de toutes les luttes pour une société plus juste.
¡Nous sommes la majorité, nous sommes le peuple, nous avons raison, et nous ne vous permettrons pas de passer!