Un pied dans la porte
Mission accomplie, nous avons mis le pied dans la porte. Tout a été fait pour blinder le dispositif d’imposition du TSCG : calendrier extrêmement précoce, argumentaire gouvernemental réduisant le rejet du traité à une agression contre Hollande, refus systématique d’Ayrault de répondre à nos arguments, black-out médiatique… Malgré cela, nous avons réussi une mobilisation magnifique, regroupant 80 000 à 100 000 personnes dans des cortèges qui frappaient par leur niveau de conscience et de détermination. Soyons lucides, la majorité du pays continue à rien connaître de ce traité. Mais beaucoup savent au moins désormais qu’il y a une controverse sur le sujet. Et vont dès lors tendre l’oreille pour se faire leur opinion. Cela sera plus facile maintenant que va s’ouvrir le débat parlementaire sur le traité suivi de sa loi organique puis de la première programmation des dépenses publiques qu’il prévoit. Ce premier point marqué est le plus important car il ouvre un chemin de mobilisation qui ira en s’élargissant.
Les médias dominants ont cherché à présenter la mobilisation comme un règlement de comptes avec Hollande. Cela leur permet de réduire le grand débat sur le TSCG à une petite question politicienne. Mais faut-il regretter que la première manifestation de masse qu’ait connu ce gouvernement, seulement trois mois après sa mise en place, soit une manifestation de gauche ? C’est le peuple de gauche qui est politiquement mobilisé. Ce sont les partisans du changement qui sont à l’offensive. Mieux vaut cela que l’inverse ! C’est une expression du rapport de forces de la présidentielle qui nous a permis de battre Sarkozy. Mais c’est aussi la conséquence du positionnement politique de la droite par rapport au gouvernement. L’UMP ne s’oppose pas à la politique austéritaire, elle la soutient. Elle se réjouit de voir son traité mis en œuvre par ses adversaires et ses parlementaires le voteront. Bayrou qui n’est pas soumis aux mêmes contraintes que Copé et Fillon engagés dans une compétition interne à leur camp peut parler plus librement. Il estime que François Hollande est « caricaturé » mais que ses orientations « sont justes, méritoires ».
Ajoutons que le succès du 30 contribue aussi à créer ou renforcer un double front d’opposition à l’austérité. Le Front de gauche l’unifie sur le terrain politique et de ce point de vue notre rassemblement élargissait encore l’arc de force rassemblé à la présidentielle. Le collectif unitaire de préparation de la mobilisation le réalise sur le terrain social dans une convergence remarquable et harmonieuse entre organisations politiques, sociales et syndicales. Nous allons maintenant nous tourner vers la bataille du grand nombre. Les 6 et 7 octobre se tiendront deux journées d’information et de mobilisation sur le traité. Plusieurs organisations syndicales ont aussi prévu des rendez-vous. Il y aura une mobilisation intersyndicale sur la santé le 6 octobre et des manifestations en défense de l’industrie le 9 octobre à l’initiative de la CGT. Le Front de Gauche appelle chacun à répondre présent à l’appel de son syndicat. Pour le reste, notre consigne reste « n’attendez pas les consignes ». La mise en œuvre concrète de l’austérité va s’accélérer en libérant des résistances multiples et multiformes. La lutte contre le TSCG leur permet de converger efficacement dans une alternative globale au pouvoir des banques sur nos vies. Maintenant que nous avons mis le pied dans la porte, nous pouvons pousser fort.