Hongrie – L’austérité selon Orbán
Depuis son arrivée au pouvoir en 2010, Viktor Orbán a fait coup d’éclat sur coup d’éclat. Sa ligne politique est simple : nationalisme et casse sociale. S’il se défend d’être à la botte de l’Europe austéritaire, Viktor Orbán n’en applique pas moins une austérité drastique chez lui, aggravée depuis qu’il négocie un prêt avec la Troïka, et son autoritarisme n’est plus à prouver.
C’est dans ce cadre que le 5 octobre dernier, Matolcsy György, ministre de l’économie nationale hongroise, a annoncé un plan d’austérité alarmant.
Nous ne sommes pas dupes de la stratégie du gouvernement d’Orbán annonçant des hausses de taxes sur les banques et les transactions financières (auxquelles le Trésor public n’échappe d’ailleurs pas et auxquelles les sociétés de prestations de services publiques sont indistinctement soumises).
La politique est globalement la même que celle qu’impose l’Union européenne. Le renforcement des contrôles sur le paiement de la TVA (une des plus hautes de l’UE : 27%) appauvrit considérablement le peuple hongrois, dont le revenu moyen atteint déjà péniblement les 400 euros.
Les mesures proposées par Matolcsy viennent compléter des mesures déjà prises les mois précédents :
- Baisse des cotisations sociales patronales (engagée cet été)
- Baisse des allocations sociales
- Baisse de la durée d’indemnisation du chômage
- Mise en place d’une Flat tax à 16% en début de mandat (elle fait fi de la progressivité de l’impôt et taille donc la part belle aux 25% les plus riches)
Les politiques d’austérité produisent en Hongrie les mêmes effets qu’ailleurs. Le chômage augmente (10,4% fin août) et la population appauvrie est lasse des multiples impôts et taxes décidés par son gouvernement pour boucher les trous qu’il creuse dans le budget. Le gouvernement en fait d’ailleurs les frais : lui qui a été élu à la majorité absolue plafonne désormais à 20% dans les intentions de votes. Quant aux sociaux démocrates, dont les passages au pouvoir ont été marqués par les privatisations et la corruption, ils parviennent (ils ne « plafonnent » pas car remontent la pente depuis dangereusement) péniblement à 16%.
Ce mercredi 23 octobre, jour de commémoration du soulèvement hongrois de 1956 contre le régime communiste, a été l’occasion de mesurer les rapports de force politique qui se mettent en place en vue des prochaines élections en 2014.
La « Marche pour la paix », organisée et financée par des hommes d’affaires et des journalistes proches du pouvoir, avait cette année pour slogan : « sortir de l’endettement, même au prix de sacrifices ». Les choses sont claires. Le temps où Orbán dénonçait ceux qui voulaient que la Hongrie « deviennent une colonie » de l’Union européenne et du FMI est révolu.
En marge de cet événement, deux rassemblements de droite anti Orbán avaient lieu.
L’un était organisé par Jobbik (extrême droite) qui juge sévèrement la « soumission de Orbán à Bruxelles ». Bruno Gollnisch, présent à Budapest pour le congrès de l’AEMN (Alliance européenne des mouvements nationaux), y a acclamé depuis sa tribune la « Constitution qui affirme les racines chrétiennes de votre pays ». Ce rassemblement s’est terminé par des propos antisémites rappelant à chacun ce que sont Jobbik et le FN et par l’agression brutale d’un journaliste.
L’autre était celui le mouvement « Ensemble 2014 », qui a rassemblé environ 100 000 personnes, a remis sur le devant de la scène une personnalité bien connue des Hongrois. Gordon Bajnai, ancien ministre sans étiquette, économiste de formation, s’est fait connaître pour sa docilité sans faille dans la mise en place des mesures d’austérité imposées par le FMI entre 2009 et 2010. Les partis anti-gouvernementaux vont devoir se positionner clairement face à ce mouvement politique naissant auquel les sociaux démocrates hongrois et une partie de la droite apportent déjà leur soutien.
A gauche, on manifestait aussi. Le jeune LMP, le Munkaspart et le Munkaspart – 2006 étaient dans les rues, désunis mais loin des rassemblements de la droite et des sociaux-démocrates unis. Notre camarade Vajnai Attila, président du Munkaspart – 2006, membre du Parti de la Gauche Européenne (PGE), était en tête de procession pour dénoncer l’austérité, la dictature du gouvernement clérical et en appeler à une constituante pour une nouvelle République.
Le Parti de Gauche soutient la lutte contre l’austérité, la dérive autoritaire, l’obscurantisme clérical et les relans fascistoïdes du gouvernement d’Orbán. Il s’inquiète de la poussée de Jobbik et de la communion pro-austérité de la droite classique et des sociaux démocrates. Il se tiendra résolument aux côtés de la gauche hongroise lors des rencontres féministes du PGE les 3 et 4 novembre prochains.
Le gouvernement français complice de l’importation d’OGM en France et en Europe
La commission européenne a autorisé l’importation et la mise sur le marché européen d’un nouveau maïs OGM.
Je dénonce cette autorisation d’importation. J’ai interpellé la Commission européenne sur ce sujet par une question écrite.
Je dénonce également l’attitude du gouvernement français qui s’est rendu complice de cette décision en s’abstenant lors de la procédure d’autorisation.
Il y a urgence à décréter un moratoire sur l’importation et la culture des OGM en Europe.
Le gouvernement PS-EELV conduit par Ayrault doit radicalement changer de position. Il doit agir en Europe pour l’interdiction des 41 OGM autorisés à l’importation et des 2 OGM autorisés à la culture.
Sans attendre, il doit désobéir à l’autorisation de la Commission européenne et fermer ses frontières aux OGM.
C’est une exigence écologique et sanitaire. C’est aussi une condition indispensable à la construction d’une agriculture libérée du productivisme.
Panama – Stop à la répression!
Le Parti de Gauche dénonce la répression des protestations sociales qui ont lieu depuis une semaine, au Panama. Les citoyen-ne-s de la ville de Colon protestent contre une loi permettant la vente de terrains publics situés dans la zone franche, une des plus importantes du monde, lesquels seraient privatisées au profit de quelques groupes.
Dans ce pays qui souffre d’un taux d’inégalité de richesse considérable, les habitants de la région de Colon et travailleurs du canal pensent que la vente de ces terrains n’a pour seul objectif que de financer des projets d’infrastructure tel que l’agrandissement du Canal prévu pour 2014, un projet qu’ils considèrent légitimement comme non-prioritaire. En effet, La modification de la loi Carter-Torrijos, contestée par les manifestants, permettra donc à plus de deux mille entreprises, multinationales pour la plupart, d’acheter les terrains qu’elles louaient jusque-là dans une zone où transitent 5% du commerce mondial. Les habitants et commerçants manifestent ainsi leur refus de voir le pays vendu au capital étranger dans une procédure-éclair à la demande du très libéral President Ricardo Martinelli.
La décision prise par Martinelli de poursuivre l’élargissement du canal en le finançant, en partie, par la vente de ces terrains revient à faire un véritable pied-de-nez au principal syndicat de construction du pays (Suntracks) qui est déjà à l’initiative de plusieurs grèves contre le consortium hispano-italien GUPC ayant remporté l’appel d’offre. Leur revendication essentielle porte sur un rééquilibrage des salaires : pour l’instant, depuis le référendum de 2009, ils sont payés 2,90 dollars de l’heure !!!
Depuis que ce chantier pharaonique a été lancé en 2009 pour un coût de 5,25 milliards de dollars pour permettre le passage des navires post-panamax, de taille gigantesque, il cristallise les tensions dans la population qui ne bénéficie pas des retombées financières. Face à cela, la spirale répressive et meurtrière des forces de sécurité du gouvernement de Ricardo Martinelli qui consiste à imposer par les armes le silence aux mouvements paysans, syndicaux et étudiants a déjà ôté la vie à trois personnes depuis la semaine dernière : un enfant et deux manifestants ont été tués par balle. On compte par ailleurs une vingtaine de blessés et plus de deux cent détenus.
Dans un climat d’Etat de siège, le couvre-feu a été décrété dans cette région du pays par le Ministre de l’intérieur. La réponse ne s’est pas faite attendre et un appel à une marche dans la capitale ce jeudi 25 octobre a été lancé par un collectif regroupant le Frente Amplio (qui regroupe plus de 35 partis politiques et organisations syndicales), la chambre de commerce de Colon, la Coordinatrice des poids lourds, le syndicat de la construction et le collège d’avocats local.
Le Parti de Gauche dénonce la répression des protestations sociales en cours au Panama et soutient les revendications du peuple Panaméen contre la privatisation de ses terres et pour une meilleure redistribution des richesses.
Hongrie – L’austérité selon Orbán
Depuis son arrivée au pouvoir en 2010, Viktor Orbán a fait coup d’éclat sur coup d’éclat. Sa ligne politique est simple : nationalisme et casse sociale. S’il se défend d’être à la botte de l’Europe austéritaire, Viktor Orbán n’en applique pas moins une austérité drastique chez lui, aggravée depuis qu’il négocie un prêt avec la Troïka, et son autoritarisme n’est plus à prouver.
C’est dans ce cadre que le 5 octobre dernier, Matolcsy György, ministre de l’économie nationale hongroise, a annoncé un plan d’austérité alarmant.
Nous ne sommes pas dupes de la stratégie du gouvernement d’Orbán annonçant des hausses de taxes sur les banques et les transactions financières (auxquelles le Trésor public n’échappe d’ailleurs pas et auxquelles les sociétés de prestations de services publiques sont indistinctement soumises).
La politique est globalement la même que celle qu’impose l’Union européenne. Le renforcement des contrôles sur le paiement de la TVA (une des plus hautes de l’UE : 27%) appauvrit considérablement le peuple hongrois, dont le revenu moyen atteint déjà péniblement les 400 euros.
Les mesures proposées par Matolcsy viennent compléter des mesures déjà prises les mois précédents :
- Baisse des cotisations sociales patronales (engagée cet été)
- Baisse des allocations sociales
- Baisse de la durée d’indemnisation du chômage
- Mise en place d’une Flat tax à 16% en début de mandat (elle fait fi de la progressivité de l’impôt et taille donc la part belle aux 25% les plus riches)
Les politiques d’austérité produisent en Hongrie les mêmes effets qu’ailleurs. Le chômage augmente (10,4% fin août) et la population appauvrie est lasse des multiples impôts et taxes décidés par son gouvernement pour boucher les trous qu’il creuse dans le budget. Le gouvernement en fait d’ailleurs les frais : lui qui a été élu à la majorité absolue plafonne désormais à 20% dans les intentions de votes. Quant aux sociaux démocrates, dont les passages au pouvoir ont été marqués par les privatisations et la corruption, ils parviennent (ils ne « plafonnent » pas car remontent la pente depuis dangereusement) péniblement à 16%.
Ce mercredi 23 octobre, jour de commémoration du soulèvement hongrois de 1956 contre le régime communiste, a été l’occasion de mesurer les rapports de force politique qui se mettent en place en vue des prochaines élections en 2014.
La « Marche pour la paix », organisée et financée par des hommes d’affaires et des journalistes proches du pouvoir, avait cette année pour slogan : « sortir de l’endettement, même au prix de sacrifices ». Les choses sont claires. Le temps où Orbán dénonçait ceux qui voulaient que la Hongrie « deviennent une colonie » de l’Union européenne et du FMI est révolu.
En marge de cet événement, deux rassemblements de droite anti Orbán avaient lieu.
L’un était organisé par Jobbik (extrême droite) qui juge sévèrement la « soumission de Orbán à Bruxelles ». Bruno Gollnisch, présent à Budapest pour le congrès de l’AEMN (Alliance européenne des mouvements nationaux), y a acclamé depuis sa tribune la « Constitution qui affirme les racines chrétiennes de votre pays ». Ce rassemblement s’est terminé par des propos antisémites rappelant à chacun ce que sont Jobbik et le FN et par l’agression brutale d’un journaliste.
L’autre était celui le mouvement « Ensemble 2014 », qui a rassemblé environ 100 000 personnes, a remis sur le devant de la scène une personnalité bien connue des Hongrois. Gordon Bajnai, ancien ministre sans étiquette, économiste de formation, s’est fait connaître pour sa docilité sans faille dans la mise en place des mesures d’austérité imposées par le FMI entre 2009 et 2010. Les partis anti-gouvernementaux vont devoir se positionner clairement face à ce mouvement politique naissant auquel les sociaux démocrates hongrois et une partie de la droite apportent déjà leur soutien.
A gauche, on manifestait aussi. Le jeune LMP, le Munkaspart et le Munkaspart – 2006 étaient dans les rues, désunis mais loin des rassemblements de la droite et des sociaux-démocrates unis. Notre camarade Vajnai Attila, président du Munkaspart – 2006, membre du Parti de la Gauche Européenne (PGE), était en tête de procession pour dénoncer l’austérité, la dictature du gouvernement clérical et en appeler à une constituante pour une nouvelle République.
Le Parti de Gauche soutient la lutte contre l’austérité, la dérive autoritaire, l’obscurantisme clérical et les relans fascistoïdes du gouvernement d’Orbán. Il s’inquiète de la poussée de Jobbik et de la communion pro-austérité de la droite classique et des sociaux démocrates. Il se tiendra résolument aux côtés de la gauche hongroise lors des rencontres féministes du PGE les 3 et 4 novembre prochains.
Le gouvernement français complice de l’importation d’OGM en France et en Europe
La commission européenne a autorisé l’importation et la mise sur le marché européen d’un nouveau maïs OGM.
Je dénonce cette autorisation d’importation. J’ai interpellé la Commission européenne sur ce sujet par une question écrite.
Je dénonce également l’attitude du gouvernement français qui s’est rendu complice de cette décision en s’abstenant lors de la procédure d’autorisation.
Il y a urgence à décréter un moratoire sur l’importation et la culture des OGM en Europe.
Le gouvernement PS-EELV conduit par Ayrault doit radicalement changer de position. Il doit agir en Europe pour l’interdiction des 41 OGM autorisés à l’importation et des 2 OGM autorisés à la culture.
Sans attendre, il doit désobéir à l’autorisation de la Commission européenne et fermer ses frontières aux OGM.
C’est une exigence écologique et sanitaire. C’est aussi une condition indispensable à la construction d’une agriculture libérée du productivisme.
J.-L. Mélenchon – "Bourdin Direct" BFMTV
J.-L. Mélenchon invité de « Bourdin Direct » le 24/10/2012 sur BFM TV.
Transgénique : 2 poids, 2 mesures et de l’autisme !
La Commission européenne vient de valider l’importation commerciale d’un nouveau maïs OGM (le MIR162 de Syngenta) résistant à des insecticides, alors que le débat porté par l’étude de Gilles-Eric Séralini bat son plein et soulève de nombreuses questions.
Il est étonnant qu’après cette étude de Gilles-Eric Séralini, qui au final remet fondamentalement en cause l’obtention des autorisations de distribution de produits OGM sur la base des seules études des producteurs de ces semences transgéniques, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (AESA) puisse faire fi de ce travail important et qu’elle continue à se cantonner aux études secrètes des entreprises productrices de semences transgéniques.
Car si l’étude est contestable, au même titre que toute étude scientifique qui demande à être vérifiée et mise en débat, l’acharnement pour dénigrer ce travail est assez suspect quant aux intentions. Et ce d’autant plus qu’aucune étude en provenance des semenciers n’a jamais été mise en doute par les autorités européennes quand bien même leurs protocoles statistiques notamment sont proches de ceux de l’étude Séralini.
Le Parti de Gauche réclame qu’un protocole d’étude officiel de mise sur le marché des produits génétiquement modifiés soit mis en place suivant une procédure suffisamment longue (deux ans) pour connaître les effets des PGM (plantes génétiquement mutées) que ce soit via l’alimentation animale ou l’alimentation humaine. Ce protocole doit être sous la contrôle des instances et laboratoires publics.
Le Parti de Gauche ne se satisfera pas, comme le font les Etats-Unis et comme le souhaite l’Union européenne, d’un principe d’équivalence en substance en ce qui concerne les aliments que nous consommons au quotidien, ou que consomment les animaux.
En attendant, le Parti de Gauche réclame le retrait de l’autorisation de ce maïs MIR162 et demande un moratoire européen sur toute importation et mise en culture des PGM.
Aéroport de Notre-Dame-des-Landes – Le Parti de Gauche soutient les nouvelles initiatives de résistance
Depuis sa création, le PG est actif localement et nationalement dans le mouvement d’opposition à l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes (44). Un grand projet inutile, archaïque et nuisible.
Inutile, car l’actuel aéroport de Nantes est loin de la saturation et pourrait être réaménagé de manière plus satisfaisante à moindre frais ; ce projet ne présente aucune utilité sociale.
Archaïque, car pensé pour un développement fantasmagorique du trafic aérien, alors que le pic de production du pétrole et l’urgence climatique sont là.
Nuisible, car il mène droit à la destruction de zones humides fragiles et de terres agricoles – à quoi bon créer alors une Agence de la biodiversité ?
Sans compter les pertes d’emplois pour les agriculteurs.
La répression massive et brutale qui se traduit depuis une dizaine de jours par la mise à la rue des familles venues expérimenter sur le site des modes de vie alternatifs suscite une nouvelle vague d’opposition. Celle-ci se structure progressivement, passé l’effarement devant une telle violence d’État, au service des intérêts particuliers de la multinationale Vinci.
Le Parti de Gauche participe aux initiatives unitaires qui comprennent des organisations politiques, et soutient la création de collectifs locaux dans tout le pays.
Le PG salue également l’initiative des associations et syndicats qui donneront une conférence de presse commune jeudi 25 octobre 2012 à 15h au siège de Greenpeace France.
Plus que jamais, l’heure est à l’extension de la mobilisation et à l’unité la plus large pour ramener le gouvernement à la raison.
Les jeunes entrent en résistance !
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Islande – Une révolution avortée ?
La révolution des casseroles et une victoire historique de la gauche
Tout le monde a parlé de la situation qu’a connue l’Islande en 2009. La crise financière qui se déchaine, les banques qui font faillite… Les islandais, qu’on n’avait jamais vus aussi en colère depuis des temps immémoriaux, étaient alors descendus massivement dans les rues, pour réclamer la démission du Premier ministre conservateur Geir Haarde. Ils auront finalement gain de cause. C’est la « révolution des casseroles », en référence à l’habitude prise par les manifestants de taper sur des ustensiles de cuisine pour se faire entendre. Cette révolution devient un symbole international pour tous les peuples en lutte contre une crise du capitalisme qu’ils n’ont pas provoqué.
Le Parti de l’indépendance, jusqu’ici force dominante incontestée du système politique islandais, est balayé par la révolte populaire. Alors même qu’elle est encore minoritaire au Parlement, la gauche prend le pouvoir avec l’ambition de reprendre l’économie en main et d’accéder aux revendications de la population. La social-démocrate Jóhanna Sigurðardóttir prend la direction du gouvernement dans le cadre d’une coalition entre son parti et le Mouvement Vert de Gauche. C’est la première femme à prendre la tête d’un gouvernement en Islande. C’est aussi le premier gouvernement homogène de gauche de toute l’histoire du pays. Le symbole est fort.
Le nouveau gouvernement entreprend de déclencher des élections législatives anticipées et d’engager les démarches pour une adhésion rapide de l’Islande à l’Union européenne et à la zone euro, rompant avec une longue tradition de défiance vis-à-vis de la construction communautaire. L’effondrement de la couronne islandaise – la monnaie locale – a lourdement pesé dans ce choix. L’adhésion à l’UE, longtemps soutenue par les sociaux-démocrates, reçoit in extremis le soutien de la droite, mais pas du Mouvement Vert de Gauche. Ces derniers feront toutefois profil bas, les sondages indiquant que pour la première fois, une majorité d’islandais souhaite l’adhésion de leur pays à l’UE comme à l’euro.
Le 25 avril 2009, les élections législatives, auxquelles 85 % des électeurs prennent part, confirment le nouveau gouvernement et consacrent une victoire historique de la gauche. Pour la première fois de toute l’histoire du pays, les avatars modernes des deux composantes historiques de la gauche islandaise, sociale-démocrate et écosocialiste, remportent la majorité absolue des suffrages exprimés et des sièges à l’Althing, la chambre unique du Parlement. Cette victoire est surtout à mettre au crédit du Mouvement vert de gauche, qui obtient 21,7 % des voix, soit une progression de 7,4 points. L’Alliance social-démocrate ne progresse que de 3 points mais devient le premier parti politique du pays, avec 29,8 % des voix, contre 23,7 % pour le Parti de l’indépendance, qui s’effondre (-13 points). Jóhanna Sigurðardóttir est reconduite à son poste de Premier ministre.
Un processus constituant innovant mais laborieux
Poursuivant sa promesse d’entendre les revendications du peuple, le gouvernement lance un long et complexe processus constituant, devant aboutir à terme à la rédaction d’une nouvelle constitution pour l’Islande. La loi sur l’Assemblée constituante, adoptée le 16 juin 2010, prévoit l’élection d’une assemblée de 25 à 31 représentants de la société civile dont la tâche sera de « réviser la constitution de la République ». Les partis politiques et leurs leaders n’ont pas la possibilité de candidater.
Le 6 novembre 2010, un Forum national est organisé en partenariat avec l’Althing. Il réunit un millier de personnes tirées au sort et représentatives de toutes les régions du pays, dont 50 % de femmes. Il est encadré par un Comité constitutionnel de 7 personnes, chargé de veiller au bon déroulement des opérations. Les participants au Forum sont répartis en plusieurs petits groupes pour faciliter la fluidité de la discussion et la prise de parole du plus grand nombre. Les discussions sont retransmises sur un site internet. Les comptes-rendus des délibérations du Forum aboutissent à la rédaction d’un rapport de 700 pages par le Conseil constitutionnel, qui servira de base aux travaux de la constituante. Plusieurs grandes valeurs y sont affirmées, comme l’égal accès de tous à la santé et à l’éducation, et le contrôle de l’accès aux ressources naturelles par la puissance publique.
En marge de la convocation de l’élection de l’Assemblée constituante, la crise économique continue de produire ses effets. Le gouvernement fait voter au Parlement la « seconde loi Icesave », qui doit permettre de rembourser 3,8 milliards d’euros de dette aux Pays-Bas et au Royaume-Uni. Les islandais, ruinés, ne l’entendent pas de cette oreille. Une pétition circule et obtient 60 000 signatures (soit environ 20 % de la population totale du pays !). Sous la pression populaire, le président de la République, Ólafur Ragnar Grímsson, refuse de contresigner la loi. Un référendum est donc organisé. Il se tient le 6 mars 2010 : 62,7 % des électeurs prennent part au scrutin, la loi est rejetée par plus de 93 % des votants. Le gouvernement est désavoué, mais entend bien persévérer. La gauche déçoit déjà…
Le 27 novembre 2010, l’élection de l’assemblée constituante a enfin lieu. Le mode de scrutin est très complexe, il s’agit d’un système à vote unique transférable : les candidats élus sont ceux ayant reçu individuellement le plus de vote. Les électeurs sont donc invités à classer les candidats par ordre de préférence. Problème : 552 personnes se portent candidates pour tout au plus 31 mandats. Le processus électoral étant illisible, seuls un tiers des islandais prennent part au vote. 25 personnes sont élues, dont 10 femmes, pratiquement toutes issues des couches supérieures de la société : universitaires, chercheurs, avocats, médecins, journalistes… La nouvelle Islande se construit sans son peuple.
Le 25 janvier 2011, la Cour suprême aggrave la situation en invalidant l’élection de l’Assemblée constituante, la jugeant illégitime compte-tenu du trop faible niveau de la participation. Le gouvernement fait toutefois voter la création d’un Conseil constitutionnel permettant aux 25 membres de la défunte constituante de poursuivre leurs travaux. Les délibérations du conseil sont retransmises sur Internet, via des dispositifs qui permettent aux islandais de faire des commentaires et de proposer des idées. Dans un pays où la quasi-intégralité des habitants est connectée, la possibilité de participation citoyenne n’est pas négligeable.
Le 29 juillet 2011, le Conseil constitutionnel remet à l’Althing un projet de constitution comportant 9 chapitres et 114 articles. Le projet affirme le caractère parlementaire du régime, restreint les compétences de la présidence de la République, promeut le référendum d’initiative populaire, définit la responsabilité pénale des membres du gouvernement ainsi que la transparence et la pluralité des médias, affirme plusieurs droits fondamentaux et inclut l’appropriation publique des ressources naturelles, ce dernier point ayant son importance dans un pays où la pêche et la géothermie emploient de larges parts de la population active.
Tout ça pour rien ?
En marge du processus constituant, la situation politique continue de se dégrader. Le pays renoue peu à peu avec la croissance économique et parvient à sortir de la crise en dévaluant sa monnaie et en relançant l’activité. Mais le gouvernement persiste dans sa volonté de faire rembourser la dette capitaliste au peuple. Le 16 février 2011, le président Grímsson refuse de contresigner la « troisième loi Icesave ». Un nouveau référendum est organisé le 9 avril. Le résultat est sans appel : 75 % de participation, 59 % de « non ». Les islandais refusent définitivement de payer l’ardoise.
Le 5 octobre 2011, le gouvernement annonce l’organisation d’un référendum sur la nouvelle Constitution, prévu pour le mois de juin 2012. L’obstruction parlementaire de la droite aboutira toutefois au report de l’organisation de la consultation.
Le 30 juin 2012, Ólafur Ragnar Grímsson, qui a tant défié le gouvernement, est réélu président de la République dès le premier tour face à 5 autres candidats, avec 52,8 % des suffrages exprimés (70 % de participation). La gauche au pouvoir n’en finit pas d’encaisser des sanctions. Jóhanna Sigurðardóttir, son gouvernement et les partis qui les soutiennent battent des records d’impopularité, tant les reniements et les compromissions s’accumulent. Le processus d’adhésion à l’UE oblige le pays à respecter des règles strictes en matière budgétaire qui conduisent à la mise en place de mesures d’austérité rejetées par les islandais, qui sont redevenus hostiles à l’intégration communautaire. Cette direction politique est essentiellement le fait des sociaux-démocrates. Mais le Mouvement Vert de gauche, empêtré dans la coalition gouvernementale, est entrainé dans leur chute.
Le 20 octobre 2012, le référendum sur la nouvelle constitution a enfin lieu. Après des mois de pourrissement de la situation et de gestion calamiteuse du dossier par le gouvernement, il s’avère que ce nouveau scrutin aura finalement une portée très faible : il n’a qu’une valeur consultative, et n’aboutira qu’à une révision partielle de la constitution actuelle. Seuls 49 % des islandais prennent part à une consultation d’une complexité ahurissante : ils doivent répondre simultanément à six questions, dont la formulation laisse parfois à désirer. Le principe de se servir des propositions du Conseil constitutionnel pour modifier la constitution est approuvé par 66 % des votants. Sont également approuvés : la propriété publique des ressources naturelles (82 %), l’inscription dans la constitution d’une clause sur la religion d’Etat (57 %), l’autorisation des candidatures individuelles aux élections (78 %), le principe du « un électeur = une voix » (63 %) et le référendum d’initiative populaire (72 %).
Il appartient maintenant au gouvernement de modifier la constitution. Mais voila, il y a un problème. Conformément aux dispositions de la constitution actuelle, toute révision constitutionnelle doit être approuvée par le gouvernement en place, mais également par le gouvernement qui lui succédera après la tenue d’élections législatives anticipées. Les prochaines élections législatives auront lieu au mois d’avril 2013. Et les sondages laissent augurer d’une déroute de la gauche et d’un retour au pouvoir de la droite. Le Parti de l’indépendance est notamment crédité de 37 % des intentions de vote, et a déjà affirmé qu’il allait enterrer la révision constitutionnelle s’il arrivait au pouvoir, mettant en avant la trop faible participation au référendum du 20 octobre. Retour à la case départ : la gauche a manqué à ses obligations, et les islandais s’apprêtent à dérouler le tapis rouge à ceux-là même qu’ils avaient chassé cinq ans auparavant. Tout ça pour ça ?
Alan Confesson, Responsable du suivi de l’Europe du Nord au sein de la Commission Europe – Secteur International du Parti de Gauche