Réforme ferroviaire • Le tour de passe-passe de Cuvillier
Le ministre des transports a présenté son projet de réforme ferroviaire le 16 octobre. Il sera discuté au Parlement au printemps. Une réforme ferroviaire, oui mais pourquoi faire ? On nous dit qu’il s’agit de répondre aux problèmes majeurs posés par la précédente réforme de 1997. Elle avait démantelé l’ancienne SNCF en créant à côté d’elle Réseau Ferré de France (RFF), un nouvel établissement chargé des infrastructures. Les conséquences de ce démantèlement sont connues : cloisonnement des activités qui conduit à une désorganisation du travail, dégradation du service, entretien défaillant des voies, course à la productivité… Cette séparation n’avait pour autre raison que de satisfaire au dogme de la concurrence libre et non faussée. Il s’agissait de permettre l’ouverture à la concurrence du rail, en garantissant le « libre » accès de tous les opérateurs au réseau. Une partie du trafic ferroviaire est d’ores et déjà libéralisé. C’est le cas du fret et du transport international de voyageurs. On en connaît l’effet : le transport de marchandises par le fret ne cesse de diminuer, à rebours de ce qui serait nécessaire pour diminuer massivement les émissions de gaz à effet de serre.
Il faudrait prendre la direction inverse, réunifier RFF et SNCF dans une seule et même structure et se fixer des objectifs ambitieux en matière de développement du ferroviaire, tant pour le transport de voyageurs que pour le fret. La réforme proposée aujourd’hui ne répond pas à cet objectif de bon sens. Elle est empêtrée dans la contradiction qui consiste à vouloir répondre aux problèmes posés par la concurrence en l’assumant encore et toujours comme l’objectif prioritaire. C’est le ministre lui même qui le dit : sa réforme est euro compatible !
La réunification proposée est un trompe l’œil. Le ministre Cuvillier crée une nouvelle entité qui va surmonter les deux autres. En les appelant toutes les trois SNCF (SNCF, SNCF-Mobilités et SNCF-Réseau), il cherche à nous faire croire qu’il n’y en a qu’une! Pire encore, il accentue la séparation des activités en ramenant dans le giron du gestionnaire d’infrastructure deux services cruciaux qui étaient jusqu’alors toujours à la SNCF : Sncf-Infra (qui réalisait pour le compte de RFF la gestion et la maintenance du réseau) et la DCF (direction des circulations ferroviaires qui assure la régulation du trafic). C’est une drôle de trouvaille que de séparer la gestion des circulations de l’exploitation ferroviaire… La complexité d’un système tel que le rail exigerait au contraire davantage d’intégration ! Il s’agit d’un tour de passe passe qui accentue la séparation du gestionnaire de réseau et de l’exploitant. En faisant mine de réunifier il achève la désintégration de la SNCF entamée en 1997.
Cela correspond tout à fait à l’esprit du 4e paquet ferroviaire qui vise à parachever la libéralisation de tout le secteur. En ligne de mire, la prochaine étape qui livrera à l’appétit du privé le transport de voyageurs. Les trois premières vagues de libéralisation ont mené à l’augmentation générale des tarifs, à un abandon des lignes moins rentables, à un moindre entretien des voies comme l’accident de Brétigny l’a crûment montré ? Ce n’est pas grave, on continue ! Il faudrait au contraire reconstruire un véritable monopole ferroviaire public.
Il n’est dès lors pas étonnant que la réforme ne donne aucun objectif de grande ampleur. Cuvillier annonce le retour de « l’Etat stratège ». Louable intention, sauf que nulle part dans ce texte il n’est question de définir une véritable politique qui relance le fret ou planifie les investissements pour augmenter la part modale du ferroviaire dans le transport de voyageurs. Nulle ambition écologique là dedans. Il s’agit d’un texte gestionnaire qui parle dans la langue de l’efficacité économique, de la compétitivité. C’est pourquoi en définitive, sa réponse au problème de la dette de RFF est de miser encore et toujours sur les gains de productivité. Ainsi il n’est nulle part question de considérer que si RFF a une dette considérable (40 milliards d’euros), c’est parce que les investissements sont eux aussi considérables, et que de ce fait ils devraient être assumés par l’Etat lui même. L’ambition solférinienne d’un « Etat stratège » ne va pas jusque là. Il faudra donc que les excédents dégagés par SNCF-Mobilités servent à résorber la dette de SNCF-Réseau. Mais sur quoi les excédents peuvent ils être réalisés si ce n’est sur les gains de productivité imposés aux cheminots ? C’est une réforme euro-compatible jusque dans son obsession de la compétitivité puisqu’elle va poursuivre la logique de la performance économique, par la pression sur le travail et par le développement des lignes rentables au détriment des moins rentables. C’est la qualité de service sur les lignes locales qui va en pâtir. Une fois de plus l’aménagement du territoire se retrouve à la remorque de la rentabilité financière.
Le volant social de la réforme est en phase avec cette tonalité managériale : il s’agit de rendre compétitif le système ferroviaire. Le ministre regrette benoîtement le dumping social à l’œuvre dans le secteur. Il est vrai qu’il y a inégalité des conditions de travail selon qu’on est cheminot sous statut SNCF ou selon qu’on travaille dans les entreprises privées de fret ferroviaire. Or tout en prétendant préserver le statut des cheminots et en annonçant vouloir instaurer l’égalité des conditions de travail, le texte prépare en réalité un véritable nivellement par le bas des conditions de travail de toute la branche. En effet, il prévoit un décret socle et une convention collective relative aux conditions de travail. C’est ici notamment l’organisation et le temps de travail des personnels qui seront visés par cette convention collective. Mais si on voulait égaliser les conditions de travail des cheminots, pourquoi ne pas avoir étendu la réglementation en vigueur à la SNCF à l’ensemble de la branche ? La réglementation RH0077 qui précise les conditions de travail est une protection des salariés comme des usagers. En effet, l’amplitude journalière, le repos journalier, le nombre de jours de repos périodique sont autant de conquêtes indispensables pour des salariés qui exercent un métier difficile mais aussi de garanties de sécurité et de bon service pour les usagers. Vouloir laisser cela à la négociation et au « dialogue social » c’est accepter de dégrader le statut des cheminots.
C’est donc bien dans la logique austéritaire de l’Union Européenne que cette réforme se place, au delà des effets d’annonce qui visent à mystifier les citoyens sur le contenu véritable du texte. C’est un piètre « Etat stratège » que celui là qui ne donne comme perspective que l’efficacité économique et le respect de la concurrence libre et non faussée. Il faudrait au contraire assumer la désobéissance vis à vis des exigences de la Commission Européenne pour mener une véritable politique du rail écosocialiste.
Crédit photo photosdegauche.fr (ducret)
La gratuité c’est possible
Dignité et mobilité est en résumé l’état d’esprit des habitants d’Aubagne depuis la mise en place de la gratuité des transports publics.
Le pays d’Aubagne, c’est 12 communes, un peu plus de 100 000 habitants. Le réseau de bus est constitué de 11 lignes régulières, du transport à la demande, des transports scolaires et bientôt un tram. Les élus, dont le maire et la présidente de la communauté d’Agglomération (PCF), ont instauré la gratuité en mai 2009.
L’effet de cette mesure a été immédiat, + 50% de fréquentation le premier mois, + 140% en 2011 et + 178% en 2013. Premier constat, la gratuité modifie le rapport à l’argent et aux droits. Les témoignages des usagers confrontés à un acte de la vie placé hors du secteur marchand, montrent leur sérénité et leur appropriation du réseau. Les études de fréquentation ont montré que 50% des trajets supplémentaires sont réalisés par des personnes qui utilisaient la voiture ou le deux-roues avant la mise en place de la gratuité.
La gratuité a ses ennemis. Aubagne semblait trop stratégique pour laisser faire. Le Préfet a tenté de s’y opposer, le tribunal administratif lui a donné tort. Le GART (Groupement des Autorités Organisatrice de Transport) s’est fendu d’un avis ‘réservé’ sur la gratuité. Progressivement et sans fondements réels, chaque professionnel a pu entendre que la gratuité favorisait la dégradation des bus et les incivilités de toutes sortes…
La réalité est toute différente et la responsable des transports d’Aubagne la décrit lors d’un colloque sur la gratuité : ‘’les gens ressentaient une certaine fierté sur leur territoire du fait de la gratuité des bus. C’est des bus qui circulent partout, on les voit. On a la chance d’avoir des véhicules qui ont été renouvelés, donc une flotte très belle avec une bonne qualité de service, les gens étaient fiers de ça et assimilaient cela à une bonne gestion de l’argent public.’’
Presque la moitié des citoyens du pays ont un reste à vivre de quelques euros par jour, pour eux la gratuité est une réponse concrète à l’urgence sociale. L’expérience montre que c’est aussi un outil de liberté et de bien vivre qui incite à sortir des quartiers et offre une espace de mixité sociale.
Sur le secteur d’Aubagne 4000 à 5000 déplacements en voiture en moins chaque jour, qui dit mieux en termes d’avancée pour le respect de l’environnement ?
Quel est le prix de la gratuité ? Il faut savoir que les recettes commerciales représentent à peu près 18% du total des recettes des réseaux urbains (source GART 2011). Plus de vingt collectivités ont adopté la gratuité du transport en France. D’autres vont les suivre. A l’étranger, la capitale Estonienne Tallinn (400 000 habitants) est passée à la gratuité en janvier 2013. Celles qui militent pour la gratuité expliquent qu’au-delà du transport, c’est la mise en œuvre du droit de chaque homme et femme dans la société de leur droit à vivre dignes et mobiles.
Le 3 octobre 1957
Un mois après le lancement du premier satellite artificiel, l’URSS envoie pour la première fois, le 3 octobre 1957, un être vivant dans l’espace.
Le lancement de Spoutnik 1 a marqué l’avance de l’URSS dans la conquête spatiale et impressionné le monde entier. Khrouchtchev a rapidement compris l’enjeu pour son pays de maintenir cet avantage dans l’affrontement avec les Etats-Unis. Cette volonté de rivaliser avec les Américains le conduit à privilégier la réussite de « coups », aptes à frapper les esprits, sur le développement d’un programme avec des objectifs et des étapes, certes peu spectaculaires, mais nécessaires pour atteindre l’objectif final. Dans cette logique, il ordonne immédiatement de préparer une nouvelle mission qui doit elle aussi créer l’événement pour célébrer le 40ème anniversaire de la révolution d’octobre. Serguei Korolev, le responsable du programme spatial soviétique lui propose l’envoi d’un chien dans l’espace. Un module prévu pour cet objectif devait être achevé pour décembre. Mais face à l’urgence de la commande, en moins d’un mois, ses équipes vont devoir en improviser un dans lequel ils pourront placer une chienne. C’est Laïka qui est sélectionnée. Cette chienne recueillie alors qu’elle errait dans la rue va entrer dans l’histoire.
La construction de Spoutnik 2, en raison de l’urgence, ne respecte aucune procédure de sécurité. Aucun test n’est réalisé et c’est un coup de poker que jouent les Russes. Coup de poker gagnant, car pour la première fois un être vivant sort de l’atmosphère et survit à l’impesanteur. Mais les soviétiques n’ont pas prévu le retour sur terre de la capsule. Laïka était condamnée à mourir. Les scientifiques avaient donc prévu d’empoisonner la nourriture afin d’euthanasier la chienne pour éviter qu’elle ne meurt de faim ou lors de la rentrée dans l’atmosphère. Celle-ci eut lieu 5 mois après le 14 avril 1958.
A part quelques sociétés protectrices des animaux, le sort de Laïka n’est que très peu évoqué suite à l’annonce soviétique de ce nouveau succès dans la course aux étoiles, éclipsé par les enjeux géopolitiques. Laïka figure, en 1964, sur le monument des conquérants de l’Espace à Moscou et une statue lui fut dédiée en 2008.
L’heure est à la gravity
Il y a celles et ceux qui ont vu ou iront voir le film « Gravity ». Et il y a celles et ceux qui n’iront pas. A gauche pour de vrai !, nous faisons partis de cette première catégorie de personnes. D’une part parce que nous ne manquons jamais un « Sapce Opera », même le pire. Même un nanar spatial et on plonge. Ensuite parce que le bouche à oreille d’un ami est magnifiquement sorti de sa bouche, profondément entré dans notre oreille. Alors nous y sommes allés, alors nous avons vu un grand film. Et parce que nous sommes A gauche pour de vrai !, parce que nous sommes convaincus que le fait politique est partout, de la plus petite des décisions à la plus grande, nous y avons vu un film d’une rare intensité politique
.Nous avons vu un film farouchement écologique. Ces plans de la terre vue de l’espace font comprendre quelle est la chance de voir rassemblées sur une même petite sphère les conditions qui permettent la vie. L’espace lui, est froid ou horriblement chaud, plein de vide, plein de rien, plein d’hostilité à la vie. Nous avons vu comment les centaines, les milliers de satellites envoyés en l’air pour satisfaire notre consommation, notre soif toujours plus grande de consumérisme, s’agglutinent à 300 kms au dessus de nos têtes. Nous avons vu comment ils deviennent obsolètes, comment on les abandonne, en faisant des déchets en errance. Tout comme nous avons vu ce tir de missile abattre l’un deux pour qu’il ne tombe pas au mains d’une nation concurrente. Nous avons vu comment d’un déchet de plus transformé en centaines, puis en milliers, à la faveurs d’une réaction en chaîne incontrôlée, la catastrophe se produit, une catastrophe qui détruit aussi bien les matériels que les hommes et les femmes.
Alors nous avons vu comment l’absence de lois, l’absence de contrainte, l’absence de gravité empêchent des êtres, petits, fragiles, dans un espace si vaste et antagoniste à l’humain de vivre, comment ces absences conduisent à la mort devant une crise catastrophique. Les milliers de débris « déchets » fracassent une navette comme des milliers de spéculateurs fracassent une économie, et voilà des femmes et des hommes qui meurent parce qu’il ne peuvent rien, individuellement, face à l’ampleur d’une telle catastrophe, d’une telle crise. Ils explosent littéralement ou se font transpercer par ces débris devenus projectiles. Et les deux survivants non transpercés par la menace déchaînée dérivent sans pouvoir trouver la moindre prise à laquelle se raccrocher, se stabiliser et souffler un peu. Car dans leur dérive folle, dans leur chute sans fin, ils s’affolent, brûlent leur oxygène, comme des millions d’autres brûlent leurs économies sans pouvoir s’accrocher à un emploi qu’ils perdent, à un code du travail qui les protège, une retraite qui les sécurise.
Et puis nous avons vu la solidarité se mettre à l’œuvre. L’un est mieux équipé que l’autre. Sa chance d’une richesse supérieure il ne l’a conserve pas pour lui même. Il a pourtant tellement plus d’expérience de l’espace froid et hostile. Sa richesse, son expérience, il décide de les partager et d’aller sauver celle moins équipées, moins expérimentée. Il rejoint donc l’autre rescapé, s’y attache et ensemble, à deux, et non dans l’individualisme, ils vont chercher à comprendre, à s’adapter et à survivre. Seuls, ils le savent en vérité, ils n’ont aucune chance.
Nous avons vu l’internationalisme s’activer et devenir le radeau de sauvetage de cette solidarité. La navette américaine est détruite. Qu’importe, ils iront, ensemble, sur la station internationale s’abriter dans un module Soyouz russe. Puis, de là, après avoir repris des forces et se nourrir de l’expérience de l’autre, ils gagneront la station chinoise qui les ramènera à la maison sains et saufs. Mais l’espace résiste et persiste dans son hostilité, comme les marchés résistent et persistent dans leur hostilité. L’un d’eux meurent, l’un d’eux survit à force de chercher et trouver cette accroche, cette loi qui contraint et qui lui permet de s’arrimer, de ne plus dériver sans loi et sans pesanteur.
Le film féministe s’est alors révélé. Le survivant, celui qui deviendra le héros de cette saga n’est pas l’homme mais la femme survivante. La voilà faire aussi bien souvent, aussi mal parfois, que les hommes. Dans cette jungle hostile qu’est l’espace, elle n’est pas moins armée, elle n’est pas moins utile, elle n’est pas moins forte. Face à la mort, comme face à la vie, elle se comportera en être humain, sans distinction de sexe, aucune.
Sa lutte contre un univers rendu encore plus hostile par l’action mercantile de l’homme, son union avec un partageur de richesses et d’expériences, son recours à la création de l’autre même étranger, finiront par la ramener à la maison, sur la terre. Dans un dernier effort, elle sortira de l’eau, rampera sur la berge d’une mer tiède, fera tellement d’efforts pour se redresser, gravité retrouvée plutôt qu’une course au vide, oblige. Mais elle sera fière de sa lutte. Elle sera debout!
Vive l’impôt… républicain
Au cimetière des promesses enterrées de Hollande, nos pensées se tournent cette semaine vers sa grande réforme fiscale. Cet engagement promis les yeux dans les yeux aux électeurs fut prématurément fossoyé par Cahuzac en plein Mots croisés face à Jean-Luc Mélenchon : « la réforme fiscale ? elle est faite ! ».
Cette fois, l’ancien ministre du budget disait peut-être vrai. Mais il ne faut parler ni de réforme ni de révolution. C’est une contre-révolution fiscale qu’opère ce gouvernement. Le traité européen ratifié par Hollande instaure d’abord le contrôle du budget de la Nation par la Commission européenne, assistée d’une bureaucratie non élue au sommet de laquelle trône en France le député repenti Didier Migaud, président de la Cour des Comptes et du Haut Conseil des finances publiques mis en place pour appliquer la fumeuse « règle d’or ». Ensuite, la fiscalité du pays est redessinée au gré du poids des intérêts particuliers sans que jamais l’intérêt général n’ait le dessus. Cela commença avec la taxation des plus-values quand le gouvernement céda devant un vol de pigeons sur Facebook. Et cela finit, provisoirement, avec la hausse de la TVA pour tous au 1er janvier prochain. Enfin, nous avons vu Moscovici promettre dans une réunion du MEDEF que le crédit d’impôt de 20 milliards d’euros offert aux entreprises sans contrepartie ne donnerait lieu à aucun contrôle fiscal. Une première.
Dans une tribune pour la révolution fiscale, le candidat Hollande estimait que « le risque serait la continuité, la chance, c’est le changement ». Il est le président de la continuité fiscale, jusque dans les détails. Il a par exemple repris tel quel le dispositif de collecte de l’écotaxe prévu par ses prédécesseurs. Pour la première fois depuis la Révolution française, une entreprise privée sera chargée de collecter l’impôt. Elle récupèrera même 20% des taxes prélevées.
Regardons le tableau d’ensemble. Un impôt parfois prélevé par des groupes privés, fraudé en toute impunité, dont une bonne part sert à payer les intérêts des banques -on nous le répète assez-, qui abonde un budget imposé par Bruxelles. Que faut-il de plus pour saper la légitimité de l’impôt dans le pays qui inventa la souveraineté budgétaire et l’impôt progressif ? Regardez ce qui se passe chez les peuples soumis au joug austéritaire. En Espagne, un refus de la solidarité fiscale monte des régions riches et disloque le pays. En Grèce, le mouvement « nous ne paierons pas » organisa la grève contre des impôts devenus un tribut payé aux banques.
En France, la délégitimation de l’impôt est exploitée par les responsables de l’injustice fiscale eux-mêmes. Moscovici se fait l’avocat du « ras-le-bol fiscal »… que sa politique produit. Le MEDEF dénonce un matraquage… opéré pour financer les cadeaux qui lui sont faits ! Face à leur offensive, il faut certes défendre l’impôt. Mais l’impôt républicain et non celui qui « saigne le malheureux » comme le dit la chanson. L’impôt est efficace quand il est légitime, donc au service de l’intérêt général, progressif car lié aux facultés contributives de chacun, décidé par des représentants élus et collecté par des fonctionnaires impartiaux.
Le mouvement contre l’impôt a aujourd’hui son épicentre en Bretagne et se trouve sous l’emprise de la droite et du patronat. Leurs slogans dénoncent pêle-mêle l’impôt, l’inspection du travail et l’indivisibilité de la République. Quoi qu’en pense Hollande, il faudra donc faire la révolution fiscale. Car pour l’emporter face à un mouvement réactionnaire, il faut une politique révolutionnaire.
Débat • L’Europe est-elle sur la bonne voie pour sortir de la crise ?
Débat sur RFI entre Jean-Paul Gauzès, membre du Parlement européen français du Groupe du Parti Populaire Européen, et Eric Coquerel, secrétaire national du parti de gauche.
Retrouver Les Jours Heureux
La parenté est évidente entre le « buen vivir » et « Les Jours Heureux ». Les plus jeunes générations connaissent peut-être cependant mieux le premier que le second. Le « bien vivre » nous est pourtant plus éloigné géographiquement: c’est la refondation écosocialiste de la gauche en Amérique latine où sont promus non seulement des objectifs économiques et sociaux, mais aussi une philosophie qui veut réconcilier l’homme avec son milieu, en terminer avec ses outrances prédatrices et se constituer en véritable humanité.
En revanche, on vit encore en France sur ce qui subsiste des « Jours Heureux » même si on l’ignore. C’est en ces termes que le CNR (Conseil national de la Résistance) avait en effet baptisé son programme de « mesures à mettre en œuvre dès la Libération du territoire», adopté à l’unanimité le 15 mars 1944. On y trouvait, entre autres, le rétablissement de la démocratie, l’instauration de la liberté de la presse, un programme de nationalisations, l’établissement de systèmes de sécurité sociale et de retraite, un véritable droit du travail, une politique familiale…
Autant de choses qui ont été patiemment grignotées par le patronat et ses représentants et dont la destruction programmée reste encore l’objectif. On se rappelle des propos de Denis Kessler en 2007, alors vice-président du Medef : « il s’agit de sortir de 1945 et de défaire méthodiquement le programme du CNR. » C’est d’ailleurs le but obsessionnel de la droite de revenir constamment sur le passé pour restaurer les privilèges des uns aux dépens de la grande majorité. Dans le même ordre d’idées, Sarkozy ne promettait-il pas alors de « faire oublier 68 », le rayer de l’histoire ! Comme on le sait, l’idéologie de cette droite a trouvé des relais dans le gouvernement Ayrault.
La dernière « réforme » des retraites, toujours en navette entre Assemblée nationale et sénat, signe la dernière en date des agressions d’envergure contre le programme du CNR. Revenir sur sa genèse, son esprit s’impose d’autant plus aujourd’hui que la situation de crise écologique et sociale nécessite une réponse radicale. Il faut choisir entre l’horizon d’une barbarie plus ou moins molle ou celui d’une société qui privilégie l’humain. Opportunément, un film de Gilles Perret, sobrement intitulé Les Jours Heureux sort en salles dès le 6 novembre et permet de s’interroger, de débattre de l’actualité de perspectives qui virent le temps où selon le sous-titre du documentaire « l’utopie des Résistants devint réalité ».
Utopie ? Le mot n’a jamais aussi bien convenu, car un ailleurs, un autrement devenus nouvelle réalité ont été inventés au plus dur de l’Occupation nazie. Un des mérites du documentaire est de bien mettre en lumière la dialectique des deux volets du programme du CNR sur laquelle passent systématiquement les commémorations. On préfère d’ordinaire cantonner la Résistance à ses faits d’armes, si peu politiques, quand on exalte l’héroïsme des combattants sans en rappeler l’engagement.
Léon Landini qui est le fil rouge de ce doc ne se vit pas comme un héros. L’ancien FTP qui a à son actif une quarantaine de soldats tués, participé au déraillement d’une quarantaine de trains, à la destruction de plus de trois cents véhicules allemands avant d’être arrêté puis torturé par Klaus Barbie ne serait cependant pas le plus mal placé pour en revendiquer le titre. Mais il veut avant tout rappeler que l’action immédiate n’avait de sens qu’avec un projet politique qui a fini par se formuler de manière claire et précise dans le programme du CNR.
Son élaboration a, bien sûr, suivi les vicissitudes de la Résistance et a évolué au gré de multiples rapports de force entre les partis, les syndicats, les mouvements dont le documentaire fait la chronique détaillée. Le feu de l’action au beau milieu de l’hiver du nazisme a attisé un optimisme qui s’est traduit dans la rédaction des Jours Heureux tout comme la prépondérance de la gauche dans les composantes du CNR en a rougi la teneur. A la Libération, un ensemble de mesures a dessiné en moins de deux ans le paysage économique et social de la France de la seconde partie du XXe siècle avant que la guerre froide et l’éloignement progressif de l’Occupation avec l’oubli de certaines compromissions ne glacent définitivement cet élan réformateur.
Aujourd’hui, soixante-dix ans plus tard, l’enjeu des Jours Heureux demeure entier. Dans la seconde partie de son documentaire, Gilles Perret interroge d’anciens Résistants et des représentants politiques sur son actualité. Pour Stéphane Hessel et Raymond Aubrac, deux grandes figures de la Résistance décédées durant le tournage, l’équation est simple : il faut prendre au sérieux la période présente et combattre le néolibéralisme. La guerre que livre celui-ci à l’ensemble de la société et à la nature appelle à une résistance déterminée et à des perspectives dont il faut débattre à notre tour. Et comme le souligne Daniel Cordier, l’ancien secrétaire de Jean Moulin, « on ne se trompe jamais en se battant pour les opprimés ».
On se doute que l’argument ne trouve pas aisément l’oreille des représentants politiques de droite. Copé, Mariani ou Apparu se font l’écho les uns des autres : « Quel rapport avec le présent ? » Jean-Luc Mélenchon y répond en soulignant que toute solution passera par l’établissement d’un rapport de forces dans une période qui est, toute proportion gardée, beaucoup plus facile que l’Occupation. Sans surprise, un François Hollande pusillanime remet, lui, aux calendes grecques l’examen même de batailles nécessaires au prétexte que « les forces progressistes ne sont pas pour l’instant majoritaires en Europe ». L’argument prend toute son inconsistance quand on le rapporte à la leçon des Jours Heureux. Et sa pirouette en guise de conclusion, « Je suis au pouvoir pour pouvoir », ne peut faire oublier ce qui lui manque : le vouloir.
Débat au ciné Espace Saint Michel à Paris :
Dimanche 10 nov. 16h30 : Pascal Durand, secrétaire national
de Europe-Ecologie-Les-Verts et Corinne Morel-Darleux secrétaire nationale à
l’écologie du Parti de Gauche
Le 5 novembre le Parti de gauche se mobilise en soutien aux salariés et à la jeunesse
Mardi 5 novembre, le Parti de Gauche sera présent à Roanne, notamment représentés par les secrétaires nationaux Eric Coquerel et Laurence Sauvage, pour soutenir les militants CGT Jean-Paul, Cristel, Gérald, Didier et Christian, traduits une nouvelle fois devant le Tribunal Correctionnel de Roanne pour avoir refusé le prélèvement de leur ADN.
Déjà assignés en justice pour avoir tagué en 2010 contre le Président de la République et Nicolin le Député UMP de la circonscription, ces militants sont victimes d’une véritable répression syndicale et d’un harcèlement sans fin.
Au delà de leur cas emblématique, c’est la criminalisation du mouvement social poursuivie avec zèle par le gouvernement Ayrault qui sera contestée mardi dans la Loire.
Les militants du Parti de Gauche soutiendront également les lycéens, étudiants, enseignants et leurs organisations syndicales, qui manifesteront à partir de République à 13 heures pour exiger le retour en France des jeunes scolarisés expulsés et la régularisation de ceux qui se retrouvent dans ce cas.
Depuis plusieurs semaines la jeunesse se mobilise sur des valeurs qui sont celles de la fraternité, de la dignité et de l’égalité des droits. Ils s’opposent ainsi à la politique du bouc-émissaire appliquée par le gouvernement et plus particulièrement Manuel Valls dont nous demandons en conséquence la démission.
Projet de loi Economie Sociale et Solidaire : le compte n’y est pas
Vient de s’ouvrir au Sénat le débat sur le projet de Loi Hamon en faveur de l’Economie Sociale et Solidaire (ESS). Celui-ci a le mérite de donner un coup de projecteur sur les pratiques de ce secteur alternatif de l’économie.
Mais, sous prétexte de soutenir l’ESS, ce projet de loi cantonne celle-ci principalement à l’action sociale et à l’insertion ; elle ouvre la porte à des SARL ordinaires qui s’engageraient sur une “charte” au contenu très vague, légitimant ainsi les acteurs du social business, qui font de la pauvreté une niche de marché; elle n’offre pas de droit de préemption aux salariés pour la reprise en coopérative de leur entreprise en passe d’être cédée ; au nom de la sacro-sainte « concurrence libre et non faussée », elle entérine de fait le cadre de la compétition libérale entre les mutuelles ; elle fait l’impasse totale sur le fonctionnement des mutuelles et des associations, dans lesquelles les salariés n’ont souvent pas plus de droits que dans n’importe quelle autre entreprise du secteur privé.
Le PG réaffirme que l’économie sociale et solidaire n’est pas seulement l’infime partie de l’économie qui permet de faire de l’éducation socio-économique auprès des plus démunis.
L’économie sociale et solidaire est un ensemble de statuts et de pratiques alternatives qui permettent de préfigurer l’entreprise de demain, dans laquelle l’investisseur privé collectif ou public, le salarié, l’usager et le client se retrouvent à égalité de pouvoir dans la gestion de l’activité. A ce titre, les statuts des SCIC (société coopérative d’intérêt collectif), qui intègrent comme porteurs de parts sociales non seulement les salarié-e-s, mais aussi les usagers et les collectivités publiques mériteraient d’être réellement soutenus par le gouvernement. Ce n’est pas le cas aujourd’hui.
L’économie sociale et solidaire n’est pas un “tiers-secteur » sympathique pour les activités non rentables, comme le laisse entendre le projet de loi Hamon. C’est un outil à la disposition des travailleurs et des consommateurs qui veulent reprendre le pouvoir sur leur économie.
Une loi utile aurait intégré un véritable droit de préemption pour la reprise en coopérative par les salariés. Elle aurait soumis l’appartenance au secteur de l’ESS à un double engagement des structures candidates à mettre en œuvre à la fois un fonctionnement démocratique et des finalités sociales et écologiques.
François Longérinas, secrétaire national aux Alternatives concrètes du Parti de Gauche
Jean-Luc Varin, co-animateur de la commission ESS du PG
Lyon-Turin, encore un Grand projet Inutile…et Imposé !
Ratification de l’accord franco- italien pour la nouvelle ligne ferroviaire Lyon-Turin : les députés engagent la France dans un grand projet, coûteux, inutile, destructeur de nature et sans le peuple (GPI) !
Les députés ont approuvé le 31 octobre 2013 l’accord franco-italien sur la réalisation de la ligne ferroviaire Lyon-Turin, nouvelle étape de ce projet contesté. Cet accord, signé le 30 janvier 2012 doit maintenant être soumis au Sénat le 18 novembre, Il concerne la conception, la réalisation et l’exploitation de la section transfrontalière de la ligne, c’est-à-dire comprenant le tunnel de base de 57 kilomètres, ouvrage majeur du tracé entre les villes de Saint-Jean-de-Maurienne et Suse.
Certes, l’entrée en vigueur de ce texte n’aura pas pour effet de permettre l’engagement des travaux : faute d’un plan de financement défini, la ratification d’un nouveau traité sera nécessaire, plan de financement qui sera difficile à réaliser, et pour cause !
L’engagement accru de la France envers l’Italie, (la section commune internationale a été rallongée jusqu’à Montmélian avec 33 kilomètres de tunnels supplémentaires), est à la seule charge financière de la France. Le lancement de ce projet asséchera les ressources financières pour d’autres projets urgents de modernisation des infrastructures de transport ferroviaires, fluviales ou maritimes dont a besoin notre pays comme le notait le rapport de la commission Mobilités 21 chargée de classer les projets d’infrastructures nouvelles inscrites dans le Schéma National des Infrastructures de Transport (SNIT). Alors que le gouvernement enfonce le pays dans une austérité budgétaire sans précédent cet engagement est hors des réalités et tout à fait inopportun.
Le Parti de Gauche avait interpellé au mois d’Avril les parlementaires sur ce projet pharaonique dont l’utilité publique n’est pas avérée au regard de la baisse du trafic de camions entre la France et l’Italie, et des coûts sans cesse croissants estimés pour sa réalisation..
Force est de constater que nos interpellations d’alors sont toujours d’actualité :
Rien n’est fait pour que chaque mode de transport paye ses justes coûts. Ainsi, les couts externes, non pris en compte dans le prix du marché mais supportés par la collectivité sont pour la France de 85 milliards d’euros et ils sont pour 85% le fait du transport routier. Rien n’est fait pour faciliter le report modal vers le ferroviaire puisque l’autorisation de circuler des 44 tonnes est toujours en vigueur et que le gouvernement ne met en place aucun plan fret digne de ce nom ! Plus encore, il ne remet pas en cause l’ouverture à la concurrence du fret ferroviaire aux effets dévastateurs pour ce secteur. Il prévoit même dans le cadre de l’Acte III de la décentralisation de confier le fret ferroviaire aux régions… L’Etat se désengage toujours plus du fret ferroviaire! Le nouveau projet de ligne ferroviaire si coûteux et dangereux pour l’écosystème (il induirait notamment la destruction de terres agricoles et le tarissement de ressources en eau) n’a fait l’objet d’aucun débat public, d’aucune consultation réelle des citoyen-ne-s concerné-e-s. Une politique de planification écologique, pour sortir du tout camion, impliquerait des investissements choisis et raisonnés, avec l’implication populaire nécessaire à la transition écologique.
Le Parti de Gauche exige dès à présent le report modal sur l’autoroute Ferroviaire Alpine existante à hauteur des engagements du Grenelle de l’environnement, soit au minimum 25% du trafic fret transitant dans les Alpes du Nord françaises (c’est-à-dire multiplier par dix le trafic actuel de l’AFA). Il faut d’abord favoriser l’usage de la ligne existante, utilisée à seulement 17% de ses capacités, et améliorer les axes ferroviaires savoyards, notamment de la vallée de la Maurienne. Il s’agit de répondre à la double urgence de santé publique et de sécurité routière.
Il existe des solutions alternatives qui comprennent le financement de l’autoroute maritime méditerranéen, le financement de l’Autoroute ferroviaire Nord-Sud, avec la rénovation des sillons qui lui seraient consacrés, la taxation du tonnage à vide.
Le Parti de Gauche est donc favorable à un moratoire permettant une réévaluation du projet. C’est pourquoi le Parti de Gauche appelle les sénateurs à ne pas ratifier cet accord, exprime son soutien à la mobilisation massive du peuple Italien opposant de la première heure au Lyon-Turin. Il appelle les citoyen-ne-s, organisations, associations, collectifs, syndicats, français et italiens qui partagent la défense de l’intérêt général à s’unir contre ce projet et à participer au rassemblement de Suse le 16 novembre à 13h.