D’abord, les salariés de la raffinerie, après “le coup derrière la tête reçu mardi au Tribunal de commerce” passent leurs jours et leurs nuits à chercher un repreneur et ont obtenu un rendez-vous à l’Elysée demain vendredi, pour préparer une rencontre avec François Hollande.
Ensuite, tous les syndicats et partis de Gauche étaient là ce midi, avec une délégation du PG d’une bonne dizaine de militants, ainsi que les élus locaux du PS (très tristes) et du Front de Gauche (très offensifs).
Ci-joint, une photo d’Yvon Scornet, porte parole de l’Intersyndicale Petroplus en train de dire : “En janvier 2012, les élus PS nous ont dit, critiquant Sarkosy, “si on était au pouvoir, le problème serait réglé”. Aujourd’hui, ils sont au pouvoir. Nous attendons qu’ils règlent le problème”.
Dépassements d’honoraires : bientôt des cartes vitales gold pour pouvoir se soigner ?
Alors qu’une dernière réunion de négociation sur les dépassements d’honoraires est prévue ce lundi 22 octobre, le Parti de Gauche invite les citoyens à participer à une grande distribution de « Cartes Vitales Gold », qui risquent de bientôt remplacer la traditionnelle Carte Vitale si rien n’est fait pour limiter les difficultés d’accès aux soins.
Un français sur 5 déclare renoncer à des soins plus souvent que par le passé, sans parler de tous ceux qui sont forcés de les limiter. Alors que 45% des spécialistes pratiquent des dépassements d’honoraires, combien de français sont obligés de réduire leur budget d’alimentation ou de restreindre leurs dépenses quotidiennes pour pouvoir consulter un ophtalmo ou soigner une carie ?
La majorité de la population vit dans un territoire où l’accès aux spécialistes est difficile et plus du quart des Français souffrent d’un accès insuffisant aux médecins généralistes selon l’UFC-Que Choisir.
Dans cette situation d’urgence sociale et sanitaire, le Parti de Gauche dénonce le simulacre d’encadrement en cours. Il demande à la CNAM de ne pas céder, lors de l’ultime réunion de négociation de lundi, aux diktats que veut imposer le secteur ultralibéral de la médecine.
La suppression des dépassements d’honoraires est urgente. Elle doit s’accompagner d’autres modes de rémunération comme le forfait pour améliorer la rémunération des médecins tout en garantissant l’accès la santé pour tous.
Nous sommes tous les usagers des médecins généralistes, des gynécologues, des ophtalmos, des chirurgiens dentistes, des psychiatres… Retrouvons-nous lundi à 8h30 devant le siège de la Caisse Nationale d’Assurance Maladie pour une distribution visuelle et symbolique de « Cartes vitales gold », pour empêcher que la santé ne devienne un luxe.
L’accès aux soins est un droit, pas un luxe !
RDV lundi 22 octobre, à 8h30, devant l’entrée de la CNAM,
50 avenue du Professeur André Lemierre, 75020 Paris, métro Porte de Montreuil
Le Parti de Gauche s’oppose au budget austéritaire PS-EELV
Abandon de la taxation des plus-values de cessions d’entreprises, abandon de la taxation des oeuvres d’art et plus globalement de la taxation des revenus du capital au même niveau que ceux du travail… De renoncements en renoncements, le gouvernement s’éloigne un peu plus chaque jour des attentes de ceux qui l’ont porté au pouvoir, pour répondre un peu plus chaque jour à celles du capital sous toutes ses formes. Chaque renoncement est un nouvel encouragement à la droite, aux grandes entreprises, au Medef, pour augmenter leurs exigences vers toujours plus d’austérité.
Acceptant la soumission à la troïka européenne et le contrôle a priori lors d’une réunion budgétaire avec la Commission européenne lundi dernier que les députés du Front de Gauche ont à juste titre boycotté, et anticipant la ratification du traité européen, le gouvernement PS-EELV s’est voulu le meilleur élève de la course à l’austérité.
Chaque jour sur ce chemin accentue la récession alors qu’en même temps le gouvernement recule toujours plus devant les exigences scandaleuses et de plus en plus bruyantes des catégories les plus favorisées.
C’est d’un budget de lutte pour davantage de justice fiscale et sociale, pour plus d’égalité des droits, pour la relance de l’emploi et pour la transition écologique dont le pays a besoin, pas d’un budget de récession et de poursuite des injustices.
Le Parti de Gauche s’oppose donc à ce budget austéritaire PS-EELV. Il note avec satisfaction que les députés du Front de Gauche ont d’ores et déjà décidé de ne pas le voter
PG 76 – Nous attendons qu’ils règlent le problème
Contrairement à ce qu’on aurait pu imaginer, l’assemblée générale des salariés de petroplus ce midi devant les portes de l’usine, n’a pas été morose ni fataliste.
Source: PG 76
Le Veto ou les chaînes de l’esclavage
Angela Merkel annonçait le 18 octobre devant le Bundestag vouloir confier à la commission européenne un droit de veto sur les budgets et les déficits des Etats de la zone euro. Autrement dit transférer la souveraineté du peuple vers la technostructure au service de l’oligarchie. L’arbitraire du veto contre le Souverain est souvent un signal…
Le 11 septembre 1789, l’Assemblée constituante votait le droit de veto au roi Louis XVI. C’est le
début de deux ans et demi d’assauts de la part de la contre-révolution pour faire bifurquer le cours de l’Histoire qu’était en train d’écrire le peuple. Sous couvert de monarchie constitutionnelle, les despotes d’hier, bousculés par le peuple tout l’été, entendaient rester les maîtres de demain. Ce jour-là se formalisait dans l’hémicycle autour de la question de la nature du souverain, une gauche et une droite qui porteraient désormais des intérêts incompatibles, celui du peuple tout entier pour l’une, la défense de la rente et des privilèges pour l’autre.
Le 18 octobre 2012, Angela Merkel se précipitait au Bundestag, avant même le sommet européen qui se tenait l’après-midi à Bruxelles, pour y réaffirmer sa volonté de confier à la Commission européenne un droit de veto sur les budgets et les déficits des Etats de la zone euro. Sous couvert de rigueur budgétaire et bien que bousculée par le surgissement à travers l’Europe de l’insurrection populaire, l’oligarchie entendait conforter ses avantages par le règne de la dictature des marchés. Ce jour-là, se formalisait dans toute l’Europe la séparation entre d’un côté ceux qui résisteraient au joug de l’austérité, et de l’autre ceux qui capituleraient devant les intérêts de la finance. Une séparation entre ceux qui défendraient d’un côté les intérêts du peuple tout entier, et ceux qui de l’autre défendraient la rente et les privilèges.
Une fois encore, la rupture avec l’ordre existant apparaît aux yeux du grand nombre chaque jour un peu plus comme une nécessité. Cette rupture radicale est de fait un processus révolutionnaire, qui rencontre inévitablement des résistances de la part de ceux qui veulent maintenir les privilèges de la classe dominante, et des acceptations qui valent capitulations de la part de ceux qui n’ont pas entendu Saint-Just nous rappeler que « Ceux qui font des révolutions à moitié n’ont fait que se creuser un tombeau ».
Mais il est des soubresauts qui sont un signal. Quand l’ancien régime, sûr encore d’une force pourtant déjà évanouie, cherche à restaurer d’autorité son emprise sur le peuple, il perd toute légitimité. Le signal a été donné.
Refuser la fermeture de Technicolor
L’Etat doit prendre ses responsabilités et refuser la fermeture du site Technicolor d’Angers !
Mercredi 17 octobre 2012, Christine Antoine, membre du Bureau National, était auprès des salarié-es en lutte contre la fermeture du site Technicolor d’Angers pour leur apporter le soutien du Parti de Gauche. Tout comme les Sodimedical à Plancy l’Abbaye et Petroplus de Petit-Couronne, le site Technicolor d’Angers a été mis en liquidation. Cette fermeture annoncée concerne là aussi 350 salarié-e-s.
La fermeture de l’usine d’Angers a été causée en grande partie par la rupture du contrat de fabrication d’ebox qui liait Technicolor et France Telecom Orange, dont l’Etat détient 27 % du capital. Si ce contrat n’avait pas été transfèré a Sagem, le site n’aurait sans doute pas fermé. Le gouvernement doit maintenant prendre ses responsabilités, alors que la direction de Technicolor pousse l’indignité jusqu’à tergiverser sur le financement du plan social.
La communauté d’agglomération Angers Loire Métropole s’était dite prête à négocier avec le liquidateur pour racheter le site d’Angers. Son recul est inacceptable. L’Etat ou la communauté d’agglomération doivent reprendre l’usine et en laisser la gestion et le contrôle à ses salariés !
Le Parti de Gauche rappelle qu’il assume sans relâche la responsabilité à gauche que lui ont donne 4 millions d’électeurs et électrices lors de la campagne présidentielle avec le candidat du Front de Gauche Jean-Luc Melenchon. Il continuera à soutenir les salarié-es en lutte car pour nous, c’est toujours l’humain d’abord !
Annulation de l’élection de Patrick Devedjian
Le Conseil constitutionnel a annulé jeudi 18 octobre l’élection de Patrick Devedjian (UMP) au siège de député dans la 13ème circonscription des Hauts-de-Seine pour non respect du code électoral !
Le Parti de Gauche, attaché au respect du droit, se félicite de la décision du Conseil constitutionnel. Il regrette cependant que la candidature n’ait pas été jugée irrecevable au lieu d’être obligé d’attendre une décision a posteriori ! En effet, Patrick Devedjian et son parti, l’UMP, si prompts à donner des leçons de droit et de morale, ont sciemment contourné la loi.
A l’heure où le gouvernement vient de faire adopter à l’Assemblée nationale, avec la voix de Patrick Devedjian (!), le traité austéritaire rédigé par N. Sarkozy et A. Merkel, le Front de Gauche mènera campagne pour amplifier l’élan créé autour de Jean-Luc Mélenchon lors de l’élection présidentielle, parce que nous avons besoin d’élus qui bousculent l’ordre établi !
Le Front de Gauche présentera à cette élection partielle Pascale Le Néouannic, Conseillère municipale d’Antony et Conseillère régionale, secrétaire nationale du Parti de Gauche, candidate dans cette circonscription en juin 2012.
Une Constitution pour changer d’Islande ?
Le 20 octobre, les Islandais voteront pour adopter ou rejeter la nouvelle Constitution qu’ils préparent depuis deux ans. Héritée du Danemark, la loi fondamentale qui régit actuellement la République d’Islande a été adoptée à la hâte en 1944, au lendemain de l’indépendance. A l’époque, il s’était principalement agi de remplacer le roi par un président élu, étant entendu que le texte, considéré comme provisoire, serait amendé à la première occasion. Ce n’est que fin 2008, en plein cœur de la tourmente financière qui secouait alors les institutions et sous la pression des mouvements citoyens, que la nécessité d’une refondation complète s’est finalement imposée.
Le projet sur lequel les électeurs auront à se prononcer dans quelques jours a été conçu à l’écart de toutes les structures politiques conventionnelles, sous la supervision d’un conseil de vingt-cinq représentants de la société civile élus lors de scrutins ouverts. Et c’est en lançant une vaste consultation interactive sur Internet et les réseaux sociaux que l’Assemblée constituante a débuté ses travaux. Le procédé, inédit dans les annales de la construction démocratique, a été retenu en partie en raison de la piètre estime en laquelle la population tient sa classe politique, depuis que le pays a évité de justesse la faillite à l’automne 2008 (1). Un désaveu qui ne semble pas se démentir puisqu’un sondage révélait récemment que neuf Islandais sur dix n’accordent aucune confiance à leur Parlement.
Dans un tel contexte, le référendum n’a cessé de soulever la controverse et ses détracteurs sont nombreux. Dans le camp de la droite, le Parti de l’indépendance, qui domine la scène politique et le Parti du progrès, plus modeste, se sont farouchement opposés au projet dès ses prémices. Rien de vraiment surprenant : les deux formations ont largement bénéficié du système. L’une et l’autre ont exercé le pouvoir sans discontinuer de 1926 à 2009, souvent ensemble, au sein de gouvernements de coalition. L’hostilité des avocats n’étonne pas non plus : issus des rangs de la faculté de droit de l’Université d’Islande, ils entretiennent des liens étroits avec les milieux politiques et considèrent en outre que la réforme constitutionnelle relève de questions purement juridiques sur lesquelles il revient à eux seuls de trancher. La prise de distance du gouvernement actuel interpelle davantage. A l’initiative du projet, dès son arrivée aux affaires en janvier 2009, la coalition de l’Alliance social-démocrate et du Mouvement des verts de gauche semble désormais contrariée par ses retombées. Seuls le premier ministre et quelques députés font montre d’un quelconque enthousiasme à ce sujet.
Lire la suite sur Le Monde Diplomatique
Un Bateau pour Gaza – Le Parti de gauche dénonce les menaces du gouvernement israélien
Embarqués à bord de la goélette Estelle, une vingtaine d’hommes et femmes de toutes nationalités tentent une nouvelle fois de briser le blocus de Gaza par voie maritime. Parmi eux, se trouvent notamment un député espagnol d’Izquierda Unida et deux députés grecs de Syriza mais aussi des députés sociaux-démocrates norvégien et canadien.
Partie en août de Suède, et ravitaillée hier en Crète, Estelle devrait atteindre les eaux palestiniennes d’ici quelques jours. Une nouvelle fois, l’Etat israélien est mis en demeure de cesser immédiatement ses violations du droit international et des droits inaliénables du peuple palestinien. Comment pourrait-on en effet accepter un blocus totalement illégal, qui concerne les produits de première nécessité (médicaments, nourriture dont est chargée la goélette Estelle) et frappant de manière inhumaine tous les habitants de Gaza, femmes, enfants et malades, qui doivent déjà subir des bombardements aveugles?
Mais une nouvelle fois, le gouvernement israélien a menacé de prendre d’assaut l’équipage, comme il l’avait déjà fait le 31 Mai 2010 contre le Mavi Marmara, avec pour résultat la mort de 9 passagers et des dizaines de blessés graves. En 2011, ce sont trois bateaux qui avaient été arrêtés dans les eaux internationales, dont le bateau français « Dignité Al-Karama » qui fut attaqué et pillé avant d’être dérouté.
Et en cette période de campagne électorale, le gouvernement de Benjamin Netanyaou semble déterminé à employer la force afin de satisfaire son électorat d’extrême-droite.
Le Parti de Gauche félicite les militants de la campagne « Un bateau pour Gaza » pour leur dévouement sans faille, en dépit de tout ce qui a été fait pour les dissuader de briser le blocus de Gaza.
Le Parti de Gauche appelle formellement le gouvernement de François Hollande à mettre sévèrement en garde le gouvernement israélien contre toute nouvelle fuite en avant dans la violence. Tout silence serait coupable et renforcerait le grave danger qui plane sur les passagers d’Estelle.
Résolution politique (13 et 14 octobre 2012)
Résolution adoptée au CN des 13 et 14 octobre
Les majorités de l’Assemblée nationale et du Sénat viennent de ratifier le TSCG. La nouvelle mandature débute sur une voie sans issue. Au mépris du vote des Français, la continuité avec la politique de Sarkozy l’a emporté sur les promesses du changement. Le Premier Ministre J.M. Ayraulta dû reconnaître, après de nombreux mensonges, qu’il s’agissait, exactement comme nous le disions, du texte élaboré au mot près par Merkel et Sarkozy. Le pacte de croissance annexé ne représente aucun apport sérieux en terme d’investissements et aucune orientation n’est donnée sur les priorités et notamment sur les nécessités d’investissements massifs pour la transition énergétique.
La droite ne s’y est pas trompée et a voté la ratification avec enthousiasme. Le refus d’un débat public conclu par un référendum, comme la manière expéditive dont s’est organisée la discussion parlementaire, confirme que l’austérité porte en elle le viol de la démocratie. Une institution austéritaire, le Haut Conseil des finances publiques, non élu, a vu le jour dans le pays de la Révolution Française pour réduire la souveraineté des élus du peuple sur le budget. Cet épilogue désastreux était, hélas, en filigrane dans les premiers mois du nouveau pouvoir.
Pendant qu’il renie ses engagements sur l’amnistie des syndicalistes condamnés et sur une loid’interdiction des licenciements boursiers, François Hollande multiplie les gestes en direction du Medef jusqu’à reprendre son vocabulaire sur la compétitivité et le « coût » du travail. Le patronat a vite compris qu’il pouvait s’engouffrer dans la brèche pour accélérer les plans de licenciements (PSA, Sanofi, ArcelorMittal, …). Une fois passés les effets de manche d’Arnaud Montebourg, la résistance du gouvernement se limiterait à mendier quelques améliorations des conditions de licenciement des travailleurs.
Au niveau international, François Hollande a tout de suite donné des signes d’allégeance à l’OTAN et à l’accompagnement des conflits menés par l’impérialisme étasunien.
La dette est toujours un prétexte. Le budget 2013, pour respecter la règle des 3% de déficit, organise l’austérité à tous les échelons et dans tous les secteurs, y compris l’éducation et la santé. Les collectivités locales n’échapperont pas à la contrainte austéritaire. Elles assument 70% de l’investissement public. La ministre de la réforme de l’État l’a d’ores et déjà annoncé : les dotations seront gelées en 2013 et devront être baissées de 1,5 milliard d’euro sur les deux exercices budgétaires suivants. Les conséquences seront désastreuses sur les services publics de proximité et le tissu économique local (TPE, PME). Dans ces conditions, la relance des activités caractérisées par leur contenu social et écologique devient d’autant plus impossible.
À l’image des poupées russes, le traité et le budget 2013 s’emboîtent pour dessiner une politique d’austérité qui entraîne le pays tout droit à la récession. Comme pour le traité, le Parti de Gauche s’oppose à cette logique budgétaire. Les chiffres du chômage explosent et la précarité s’étend inexorablement, en particulier chez les jeunes. Parce qu’elles sont déjà les plus précarisées autravail, les femmes sont les premières touchées par cette politique d’austérité généralisée.
Ce contexte de mise en concurrence de tous contre tous favorise les manifestations de racismes et de xénophobie comme en témoignent les évènements de Marseille ou de Lille à l’encontre des Roms. L’action de Manuel Valls, qui continue dans la logique politique d’exclusion des gouvernements précédents, entretient ce climat comme en témoigne la poursuite, médiatisée, du harcèlement des Roms et le refus de régulariser plus de personnes sans papiers. Nous réaffirmons notre volonté de régulariser les sans-papiers afin de régler la situation laissée par la droite. L’expulsion des Roms a été utilisée comme écran de fumée pour empêcher le débat citoyen sur le TSCG alors qu’il fallait réaffirmer leurs droits à la liberté de circuler et de travailler. Il est vrai qu’il est plus facile de s’attaquer à des boucs émissaires que de s’en prendre aux patrons voyous. On mesure là le courage politique !
En fait, en refusant de construire dans l’opinion le rapport des forces contre les oppositions de droite, d’extrême-droite et des forces réactionnaires sur l’ensemble des questions de société et de l’égalité des droits qui ne relèvent pour certaines pas directement des finances du pays, le gouvernement marque également déjà des reculs par rapport aux engagements de campagne de François Hollande. Il en est ainsi du droit de vote et d’éligibilité des résidents étrangers aux élections locales, promesse de plus de 30 ans du PS relayée par des mobilisations citoyennes régulières du temps des gouvernements UMP : le gouvernement refuse d’annoncer un calendrier parlementaire pour faire aboutir la proposition de loi déjà votée en ce sens au Sénat, notamment par les parlementaires du PS et de EÉLV. De même concernant l’égalité des droits pour les personnes LGBT, le gouvernement annonce pour la fin de l’année une loi sur le « mariage pour tou-te-s » et l’adoption, très restrictive et en retrait des promesses de campagne. Elle maintiendra des inégalités en droits selon l’orientation sexuelle des parents et ne permettra pas de garantir une filiation pour l’ensemble des enfants déjà en situation d’homoparentalité. Le gouvernement refuse d’annoncer le moindre calendrier quant au droit au changement d’état-civil en fonction de son identité de genre à l’instar de la loi modèle adoptée cette année en Argentine.
Quant aux prises de position concernant la laïcité, elles ne sont pas moins inquiétantes. M. Valls a défendu lors d’un déplacement à Strasbourg le Concordat: « (…) lorsqu’un système fonctionne, qu’il est compatible avec notre République et notre démocratie, il n’y a pas de raison de le supprimer en prétextant l’exception qu’il représente« . En cela, M. Valls défend une organisation de la société à l’opposé d’une conception républicaine et laïque, socle de tout projet d’émancipation citoyenne. Il contribue à enfermer les citoyens dans des particularismes où le religieux sert de compensation face au renoncement politique sur un mode compassionnel qui donne du grain à moudre aux tenants du « choc des civilisations » si cher à Nicolas Sarkozy et au Front National. Ces derniers s’en servent pour alimenter une lecture identitaire des appartenances sociales où la haine de l’autre remplace la lutte des classes. Ces renoncements font malheureusement le lit des droites extrêmes et de l’extrême-droite.
Du côté des questions environnementales, l’enfumage médiatique aura été parfait mais n’aura duré que peu de jours : pas d’annulation des permis d’exploration des huiles et gaz de schiste déjà délivrés, absence de réflexion quant à la sortie du recours aux énergies fossiles dont font partie les gaz de schiste. Une fermeture de Fessenheim (qui devait être immédiate) et qui est maintenant repoussée à 2016, un engagement de diminution de la part du nucléaire de 75% à 50% au rythme du calendrier AREVA / EDF, révèlent la pression des lobbys. Comme l’a montré la conférence environnementale, François Hollande, c’est peu de promesses et déjà beaucoup de reculades ! Dans ce cadre, Europe Écologie Les Verts est bien obligée d’avaler les couleuvres les unes après les autres (Notre Dame des Landes, poursuite de l’EPR, PAC, ligne THT). La catastrophe climatique et les menaces pesant sur l’écosystème sont déjà là (appauvrissement des sols, OGM, extinction des espèces), mais les gouvernants continuent à refuser de remettre en cause les intérêts du capitalisme financier et du productivisme énergivore.
La politique du gouvernement Ayrault est en tous points dans la lignée des politiques sociales libéralesqui, de Schroeder à Zapatero, en passant par Papandréou, ont accompagné le libéralisme avec les résultats catastrophiques que l’on sait. Les résultats du congrès du PS confirment malheureusement la normalisation de ce parti sur le modèle de la gauche démocrate, désormais généralisée à l’Europe entière. La participation a été très faible à l’issue d’un congrès largement dépolitisé. La motion de gauche perd cinq points par rapport au congrès précédent. Elle culmine désormais à 13%. Nous avions diagnostiqué cette évolution du PS, elle explique même en partie la création du PG ; mais c’est la première fois qu’elle s’applique à ce niveau en France, sans complexe et aussi rapidement ; c’est une mauvaise nouvelle. Les dégâts d’une telle politique se voient pourtant déjà en Grèce, Espagne et Portugal avec comme seule conséquence la montée de la récession dans toute l’Europe avec son cortège de chômage et de pauvreté. Cette politique va dans le mur, plus vite même que nous ne l’imaginions.
Face à cette situation, il revient au Front de Gauche d’organiser la solidarité avec les luttes pour éviter que la révolte populaire ne tourne à la résignation, au dégoût de la politique, voire à la tentation de rejeter toutes les forces de gauche. Oui, il est possible de mener une autre politique. Par exemple, face à la destruction de l’outil industriel, nous proposons la nationalisation d’Arcelor-Mittal. Nous démontrons ainsi, que le Front de Gauche, avec son programme « l’Humain d’abord » a cette capacité et peut l’imposer par les luttes et son action dans les institutions.
Dans ce contexte, les quatre millions de voix de Jean-Luc Mélenchon et du Front de Gauche à l’élection présidentielle nous permettent d’aborder la période avec toujours plus de crédibilité. La cohérence du Front de Gauche a été de refuser de participer à un tel gouvernement et de ne pas voter la confiance au premier ministre. Nous avons largement contribué à la défaite de NicolasSarkozy. Nous sommes donc à juste titre les ayants-droits exigeants de la volonté de changement exprimé. Engagés à résister et à porter des propositions de rupture avec la logique capitaliste, nous sommes l’alternative gouvernementale à la politique austéritaire.
Les Estivales, la Fête de l’Humanité, et surtout le formidable succès de la manifestation nationale unitaire du 30 septembre, montrent un Front de Gauche à l’offensive partout. Le souffle citoyen de la campagne présidentielle est toujours là. Le Front de Gauche démontre sa capacité à dynamiser un large front social, associatif et politique contre l’austérité.
Dans une perspective d’élargissement, nous restons évidemment favorables au principe d’adhésion directe au Front de Gauche de toutes et tous les citoyen-nes, militant-e-s du mouvement social et syndical, qui n’envisagent pas aujourd’hui d’intégrer l’une des composantes du Front de Gauche. Nous souhaitons développer les Assemblées Citoyennes et les Fronts Thématiques. Pour ces derniers, nous proposons l’organisation d’une convention nationale. Là où les conditions sont réunies, il est tout à fait envisageable de constituer des comités locaux du Front de Gauche. La manifestation du 30 septembre est un événement qui pourrait se révéler décisif pour la suite. Elle est la plus importante manifestation jamais organisée contre un traité européen. Jamais gouvernement de « gauche » n’avait dû faire face, aussi vite, à une telle mobilisation venue de sa gauche. Mais surtout elle commence à donner à voir le Front du Peuple que revendique de devenir au final le Front de Gauche. C’est essentiel pour la suite.
Elle a également contribué à changer les conditions du débat parlementaire qui s’en est suivi. Elle a permis d’augmenter la pression sur les parlementaires qui ne peuvent ignorer qu’ils ont été élus sur la promesse d’une renégociation du traité. Enfin, elle a accru la légitimité d’un référendum attendu par une majorité de Français.
Cette exigence démocratique renforce l’élan de la manifestation du 18 mars pour l’Assemblée Constituante pour la VIème République. Elle détonne brutalement avec les travaux opaques de la commission Jospin-Bachelot sur la « moralisation de la vie politique » dont les réunions devraient être transmises en direct et qui jette un doute quant à la mise en oeuvre de la proportionnelle aux législatives.
Enfin, cette manifestation survient après des mobilisations monstres dans les pays où la récession sévit déjà. Les peuples ne se laissent pas faire. Ces événements confirment l’inéluctabilité des bouleversements sur le vieux continent. Pourtant, deux issues restent possibles : révolution citoyenne ou solution réactionnaire, lutte des classes ou haine des autres et divisions « ethniques » ? C’est pourquoi le Front de Gauche se doit d’éviter toute assimilation à la politique d’austérité menée. Il lui revient de travailler à une alternative capable de rassembler une majorité de gauche sur une ligne de rupture tant d’un point de vue institutionnel que dans les mobilisations. L’opposition au traité prouve que c’est possible sans attendre 2017. Le vote de certains parlementaires du PS et la décision d’Europe Écologie les Verts contre le traité sont de ce point de vue de bonnes nouvelles. Enfin, la concomitance de mobilisations populaires dans tout le pourtour méditerranéen, véritable Printemps Méditerranéen, est un encouragement. L’internationalisme est une question centrale pour le Parti de Gauche. La compréhension des situations internationales nourrit notre projet politique d’émancipation humaine. Le Parti de Gauche oeuvre à la coordination de ces luttes, à leur mise en réseau et à la solidarité entre elles.
Pour construire et rendre crédible cette alternative, le Parti de Gauche doit continuer de se renforcer. Il a marqué la campagne contre le traité austéritaire par son dynamisme, son imaginationet sa capacité à mener dans un délai si court une campagne d’éducation populaire. Il a joué un rôle essentiel dans la réussite du 30 septembre. C’est la conséquence d’un élargissement militant important et régulier qui a porté nos effectifs à 12000 adhérents. C’est le résultat des apprentissages individuels et collectifs réalisés dans l’action, notamment lors de la présidentielle et des législatives. Il nous faut maintenant continuer à mener de pair la construction du PG et du Front de Gauche (ledynamisme du premier renforçant les chances de succès du second) et le développement du mouvement de résistance à l’austérité avec une attention particulière pour les entreprises, les quartiers populaires et la jeunesse (lycées, universités, jeunes travailleurs, …).
À celles et ceux qui partagent nos combats, en particulier aux quatre millions d’électeurs de Jean-Luc Mélenchon, nous disons « c’est le moment de prendre parti ». Dans ce but, nous tiendrons des bureaux d’adhésion dans toute la France le samedi 27 octobre à l’occasion d’une journée nationale d’adhésion, que nous voulons annuelle, et nous multiplierons dans les semaines et les mois qui viennent les réunions de formation et d’accueil des nouveaux adhérents.
Le 14 novembre, journée de mobilisation contre l’austérité en Espagne et au Portugal, et en pleine discussion budgétaire, nous organiserons plusieurs meetings dans toute la France pour combattre ces politiques mortifères et populariser nos propositions alternatives.
Les manifestations du 9 octobre ont démontré la détermination face aux plans de licenciements et fermetures d’entreprises (PSA, Sanofi, Petroplus, etc.) qui se multiplient y compris dans des entreprises faisant des profits. Le Parti de Gauche propose aux autres forces du Front de Gauche de lancer une campagne pour l’inscription à l’ordre du jour de l’assemblée de la loi contre les licenciements boursiers votée au Sénat y compris par les sénateurs du PS et déposée à l’assemblée par les députés du Front de Gauche.
Les propositions du Front de Gauche pour un droit de veto suspensif des travailleurs et pour le droit de préemption se révèlent plus que jamais indispensables. Nous devrons aussi lancer une mobilisation pour exiger l’amnistie de tous les syndicalistes et militants associatifs (anti-OGM, paysans contre NDDL ou contre l’EPR, militants RESF …) condamnés pour des faits de militantisme. Les propositions de loi issues des ateliers législatifs permettront de crédibiliser notre capacité à exercer le pouvoir et à refonder notre démocratie. Nous les proposerons aux parlementaires des groupes du Front de Gauche à l’Assemblée Nationale et au Sénat. Ceux-ci ont un rôle important à jouer. Bien sûr nous tenons compte de leur autonomie par rapport à notre Parti. Cette autonomie signifie que nous sommes nous mêmes libres par rapport à leurs décisions. Elle appelle aussi à renforcer notre dialogue avec les groupes parlementaires sur une base libre, fraternelle et constructive.
Après 4 ans d’existence, le Parti de Gauche est dorénavant reconnu comme une force politique autonome porteuse d’une radicalité concrète, alliant l’écologie à la transformation sociale et à l’idéal républicain. Il est un formidable creuset d’histoires et d’identités politiques qui se renforcent et se complètent les unes les autres. C’est maintenant le moment d’asseoir cette richesse sur un socle théorique ambitieux et partagé. C’est l’objectif des premières assises pour l’éco-socialisme qui auront lieu le 1er décembre et que nous comptons ouvrir aux autres forces du Front de Gauche.
C’est donc un Parti de Gauche renforcé et mobilisé qui tiendra son prochain congrès les 22, 23 et 24 mars 2013.
Téléchargez le document au format .pdf
François Delapierre invité de LCI le 18 octobre 2012
François Delapierre était l’invité de Michel Field dans le Oui/Non du jeudi 18 octobre 2012 sur LCI