C’est maintenant !
Où je parle de la démission de Valls, des manifestations lycéennes et du mouvement contre la réforme des retraites
Demander la démission d’un ministre d’un gouvernement de gauche est peu banal pour un homme de gauche. Et puis d’abord pourquoi lui, pourquoi Valls ? Après tout comme me l’a suggérée une camarade quand mercredi matin j’ai proposé au Secrétariat national du PG de lancer une campagne sur le mot d’ordre « Valls Démission », pourquoi pas Moscovici ?
C’est vrai pourquoi Valls et pas Moscovici ? Pas seulement parce que ce dernier a déjà été rhabillé pour l’hiver au congrès du PG par mon camarade François Delapierre. Pas seulement parce que la politique d’austérité appliquée avec un soin servile à Bercy serait moins à droite que celle de l’occupant de Bauveau. Non. Tout simplement parce que depuis des mois, Valls franchit une à une les limites de l’insupportable. Non seulement il est un des ministres les plus libéraux du gouvernement mais en concentrant ses attaques sur les plus faibles, en jetant en pâture les Roms à ce qu’il estime être l’opinion publique sur la foi de sondages bidons, il foule en réalité ce qui devrait rester de l’ADN commun de la gauche même en ces temps où la social-démocratie sombre dans le néolibéralisme économique. Je parle là de la fraternité entre les êtres sociaux que nous sommes. Depuis sa prise de fonction, Valls se comporte comme le digne successeur de Guéant : docile avec les puissants, dur avec les faibles. Il aime à médiatiser ses hochements de mentons pour légitimer l’expulsion de pauvres hères interdits de travail en France alors qu’ils sont citoyens européens, il se vante de meilleures statistiques que son prédécesseur en terme d’expulsions de sans-papiers, enfin il tourne le dos aux principes de notre République en stigmatisant une population à partir de présupposées ethniques. Par contre, rien sur la délinquance financière qui ne faiblit pas, rien sur les patrons voyous, rien qui rappelleraient que dans ce pays les citoyens français souffrent davantage des délocalisations que de la présence de quelques milliers de Roms…. C’est pourquoi, apprenant tôt mercredi matin que Valls avait soutenu le préfet du Doubs par un communiqué, j’ai naturellement tweeté en réclamant sa démission avant de proposer un communiqué allant dans le même sens à mon parti. D’un ministre de l’intérieur de droite appliquant sans vergogne la politique du bouc émissaire qui légitime le poison du FN c’est ce que l’on aurait exigé non ? Alors pourquoi ne pas le faire d’un ministre de l’intérieur « socialiste » qui applique aujourd’hui une politique Sarkozyste alors même qu’il a été élu pour faire tout autre chose ? Mais ne vous y trompez pas : exiger la démission de Valls n’est pas propagandiste. Si je ne me fais pas trop d’illusion sur un possible lâchage de François Hollande vis à vis de celui qu’il considère comme une pièce maitresse de son gouvernement, poser cet acte politique c’est du coup le rendre crédible à gauche bien au delà des rangs du Front de Gauche. C’est ne pas se résoudre à l’inacceptable soit un Valls poursuivant sa sale besogne, toujours un peu plus loin… Car les apparences sondagières sont trompeuses : si Valls est pour la droite le plus populaire des ministres du gouvernement Ayrault, il ne l’est pas pour le « peuple de gauche ». Ce peuple qui s’est largement abstenu à Brignoles, désespéré par la politique anti-sociale de ce gouvernement qu’il a contribué à mettre en place avec un bulletin de vote « Hollande ». Mettre la démission de Valls dans le débat public c’est du coup induire qu’elle est possible, c’est mobiliser en sa faveur, c’est ouvrir une brèche dans le gouvernement, c’est susciter le réveil de ceux qui, dans la majorité gouvernementale, acceptent depuis des mois en silence la politique de Hollande mais n’en pense pas moins. Oui il est possible dé déboulonner le symbole Valls ou dumoins suffisamment le faire chanceler pour ouvrir un espoir et propager un antidote à la résignation.
Encore faut-il que ce mot d’ordre devienne une revendication de « masse ». C’est là qu’intervient la jeunesse de ce pays. Ce la fait plusieurs semaines que nous considérons au PG que le réveil peut venir de là. Rien d’étonnant direz-vous, c’est une constante de notre histoire contemporaine lorsque la situation paraît bloquée : la France s’ennuie écrivait un éditorialiste du Monde quelques mois avant Mai 68, c’est la génération « Tapie » disait-on à la rentrée 1986 soit deux mois avant que celle-ci ébranle définitivement le gouvernement Chirac et son ministre Devaquet. Oui la jeunesse est le meilleur antidote à la résignation. Sans doute parce qu’elle n’a pas connu les défaites qui affaiblissent trop souvent l’engagement des générations plus anciennes. C’est justement ce qui s’est passé cette semaine : au moment même où était diffusé ce communiqué du PG appelant à la démission de Valls, 500 lycéens entonnaient spontanément le même slogan devant le rectorat de Paris sous les yeux ravis de la candidate du FDG à la mairie, Danielle Simonnet. Le lendemain rebelote entre Nation et St Augustin, quand 10 000 jeunes ont fait leur les deux autocollants du PG : « pour le retour de Léonarda et Katchik » et « Valls démission ! ». A l’heure où j’écris cette note de blog, dans le ciel entre Paris et Madrid où je me rends pour rejoindre Martine Billard et représenter le PG à la conférence des Présidents du PGE, je ne sais pas encore ce que sera l’ampleur de la manifestation parisienne de ce jour appelée par les lycéens, leurs syndicats mais aussi la FSU, la FCPE et l’UNEF mais je suis certain qu’ils seront encore plus nombreux qu’hier. Et donneront encore un peu plus de crédibilité politique à ce qui est en réalité l’exigence d’une autre politique que l’on pourrait aussi traduire par « Valls dégage ».
Bien sûr les vacances scolaires arrivent mais je ne crois pas que cela efface ce qui se passe. Les lycées se sont mis en mouvement, les facs pourraient suivre, et la politique de Valls, qu’Hollande assume, va inévitablement susciter d’autres injustices car c’est sa nature. Et cette fois cela ne se fera pas en toute impunité à l’exception des réactions salutaires des associations citoyennes, des syndicats enseignants ou du Front de Gauche. Je suis prêt à prendre tous les paris que la jeunesse reprendra la rue avec cette exigence tonnée de plus en plus fort. Le gouvernement a un caillou dans la chaussure, elle lui fait encore seulement mal mais pourrait très vite l’empêcher de marcher : c’est Valls, son maillon faible. Et comptez sur nous pour appuyer là où est ce caillou.
En prenant la rue, en donnant crédibilité à leur première revendication – le retour de leurs camarades – les lycéens n’ouvrent pas seulement la fenêtre en reléguant les discours de haine du FN et de leurs imitateurs au second plan pendant quelques jours, ils montrent que des points peuvent être marqués contre la politique de ce gouvernement ici et maintenant, sans attendre les élections. Ils contribuent à ouvrir une faille dans la majorité gouvernementale qui pourrait devenir un fossé et montrer, mieux que par des mots, qu’il existe une majorité alternative de gauche dans ce pays.
Enfin ils nous donnent l’exemple pour d’autres luttes. Mardi soir j’étais au meeting unitaire contre la réforme des retraites à Nancy. Il est vrai qu’il survenait le lendemain du premier vote à l’assemblée de cette loi régressive mais j’ai quand même été surpris, dans un meeting se voulant de mobilisation, d’entendre plusieurs orateurs avant moi tirer déjà le bilan de la défaite annoncée… Ce n’est pas notre rôle. Les enseignements et conclusions nous les tirerons plus tard. Pour le moment nous devons faire bien la travail jusqu’au bout, ne rien lâcher ce qui, même si au final la loi devait être votée, sera la meilleure façon de préparer d’autres batailles justement. Car cette loi n’est pas encore passée. Elle devrait logiquement être battue au Sénat. Il faut donc tout faire jusque là pour la faire échouer. Pour ma part, je propose que nous organisions la pression sur les 17 députés socialistes et ceux d’EE-LV qui se sont abstenus. Demandons leur d’aller jusqu’au bout de leur logique puisque nous savons que cette abstention vaut en réalité refus de cette loi. Car dans ce cas, avec évidemment le vote contre des députés du FDG, cette réforme ne trouvera pas de majorité (en première lecture, 270 députés ont voté pour alors que la majorité absolue est de 289). Bien sûr le gouvernement pourra utiliser le 49-3 mais les conséquences politiques seraient importantes si, enfin, après l’ANI, le refus de l’amnistie sociale et autres preuves d’une politique de droite, celle sur les retraites ne passait pas. Impossible ? Allez savoir alors que cette loi va revenir en plein débat sur un budget d’austérité qui passe mal c’est le moins que l’on puisse dire. Et allez savoir encore si, d’ici là, les lycéens ne se seront pas multipliés dans toutes les rues de France au nom de la fraternité. Tout se tient… Voilà pourquoi je proposerai au collectif unitaire contre cette réforme que nous répertoriions ces abstentionnistes et que nous leur écrivions publiquement, que nous prenions rendez-vous dans leur permanence pour les mettre face à leurs conviction et responsabilité. Car que tous soient sûrs que nous nous souviendrons du vote de chacun-e à l’avenir.
Oui les lycéens nous indiquent le chemin : la rupture, c’est maintenant.
Valls comme Guéant
Le ministre de l’Intérieur Valls sera dans quelques heures en Guadeloupe, fier de son beau tableau de chasse : il a expulsé plus de Rom les 10 derniers mois que n’avaient réussi à le faire Guéant ou Hortefeux sur une même période.
Tandis que Guéant pensait que « toutes les civilisations ne se valent pas », Valls professe que seule une petite minorité de Roms veut s’intégrer en France, et que le mode de vie de ces gens là entre en confrontation avec celui de la population française.
Quelle différence entre ces deux déclarations racistes ?
Aucune différence.
Elles visent l’une et l’autre à racoler les votes d’un maximum d’électeurs égarés, qu’on a bien conditionnés tous les jours dans tous les médias, quitte à accorder crédit du même coup au Front National en validant ses discours haineux et pitoyables.
Valls n’est pas le bienvenu en Guadeloupe. Certes, comme d’habitude, les élus de l’archipel de tout poil seront au rendez-vous pour tendre la sébile avec modestie et déférence. Mais, dans cette terre qui a tant souffert, qui souffre encore du racisme et de l’exclusion, les propos et les idées du ministre de l’Intérieur n’ont pas droit de cité. Les Guadeloupéens n’en veulent pas.
Au deuxième tour de la présidentielle, on n’a pas voté ici pour un président de la République qui laisse la bride sur le cou d’un ministre qui parle comme le FN. On cherche vainement là aussi « le changement » promis pour « maintenant » !
Les solutions à nos problèmes, en Guadeloupe comme dans l’hexagone, ne passent pas par le développement de la répression, par l’accroissement de la peur de l’autre, par le rejet de la différence et par la guerre sociale sur des bases ethniques.
C’est le contraire dont on a besoin. Des moyens pour l’éducation. Qui se souvient, par exemple, que la Martinique et la Guadeloupe sont deux des trois académies qui ont perdus des postes d’enseignants à la rentrée dernière ? Du travail pour nos jeunes et leurs parents. Sait-on assez que la statistique nationale du chômage n’intègre même pas les centaines de milliers de chômeurs des département d’outre mer ? Symbole d’une annulation, d’une non prise en compte, d’une négation de nos difficultés. Hollande et Valls ont-ils souvenir du mot Fraternité, placé juste au milieu de la devise de la République qu’ils devraient servir ?
Les Guadeloupéens ont su dire « Guéant, raciste, dégage ! » en février 2012. Lurel et Gillot l’avaient accueilli avec empressement. Serge Letchimy, qui alors avait protesté avec nous, ne dit rien les jours-ci. Trop occupé, sans doute, à voter à Paris pour détruire nos retraites ….
Aujourd’hui, que Valls nous dispense de son odieuse présence. Ses pratiques honteuses devraient plutôt le conduire à rentrer à Paris pour démissionner sans retard. En attendant, que Marcelle Pierrot, préfète de Guadeloupe, se méfie : c’est le préfet du Doubs qui va porter le chapeau pour le renvoi scandaleux de Léonarda. Bon courage.
Valls, entends-tu ? De la Rochelle à Paris, les lycéens grondent…
Suite du feuilleton « Valls démission ! » que je vous narrais hier : ce matin à 10h30, les lycées Dautet à la Rochelle, Turgot, Ravel, Sophie Germain et Hélène Boucher à Paris sont bloqués, des mouvements dans le Vaucluse… Les jeunes prennent le relais de ce que leurs aînés ont abandonné. Le PG a sortie en urgence des autocollants en soutien au mouvement et sera à la manif à 11h place de la Nation, à Paris.
J’essaierai de publier ici les infos qui nous arrivent…
Face au mouvement sur Paris, le Rectorat a décidé de banaliser la journée sur les lycées parisiens.
Mais les vacances scolaires arrivent… Les facs vont elles prendre le relais et se mobiliser pour le retour des jeunes expulsés et le départ de Valls ?
Manif devant le lycée Voltaire à Paris.
Les lycées Charlemagne et Simone Weil à Paris, Les eaux claires à Grenoble rejoignent la valse… .
La pétition en ligne demandant le retour de Leonarda en est à plus de 11.700 signatures.
Mobilisation devant le Rectorat dans le 20e arrdt à Paris à l’appel du syndicat lycéen FIDL, du Réseau éducation sans frontières (RESF) et de la CGT Educ’action.
Reportage au lycée Charlemagne
11h : Plusieurs milliers de lycéens sont déjà sur la place de la Nation (via @olivier_timon et @hugohanr)
Dans un communiqué, l’UNEF appelle les étudiants à rejoindre les lycéens, selon son porte-parole Matthieu Landau : «il n’est pas exclu qu’une mobilisation étudiante relaie celle des lycéens, comme cela se passe parfois ».
La droite réactionnaire se déchaine sur Twitter…
Le Monde publie des photos, d’autres images des mobilisations sur Newsring
Rue89 propose de poser vos questions à Sandrine Mazetier, en charge des questions de migrations au PS…
11h30 : Les lycéens se dirigent vers la Bastille, le rassemblement se transforme en manifestation
Sur Twitter, on se souvient que Hollande avait fait de la jeunesse sa priorité…
Un bon fil d’actualité sur le site du Figaro (sic)
Mille signatures supplémentaires en moins de deux heures pour demander le retour de Leonarda
Après la Rochelle, Grenoble et Avignon, Mende se mobilise selon L’Humanité qui rappelle que « En droit, un mineur isolé ne peut pas être expulsé. Les élèves expulsés le sont soit après leur majorité, comme dans le cas de Khatchik, ou quand leurs parents, en situation irrégulière, sont expulsés, comme Leonarda »
12h : A Paris, les lycéens remontent toujours la rue du Faubourg Saint Antoine vers la Bastille, et je reçois un mail rappelant que « la dernière fois qu’une lutte a eu raison d’une mesure scélérate en France, c’était les étudiants et les lycéens contre le Contrat Première Embauche de Villepin, en… mars 2006 »
12h20 : Selon le Figaro, la tête de manifestation s’engage de la Bastille vers République, alors qu’il semblerait qu’il y ait encore du monde à Nation… La FIDL annonce 6.000 manifestants, sur Twitter le chiffre de 10.000 est avancé.
Dans le cortège avec nos représentants du PG, Eric Coquerel, Guillaume Etievant, Bastien Lachaud, Alexis Corbière et Danielle Simonnet, également Pierre Laurent et Clémentine Autain du FDG et le SNES, RESF… (photos via @LePG)
Arrêts sur images relaye le hashtag #blocus qui concernerait une quinzaine de lycées parisiens, pendant que sur Twitter certains médias jugent opportun de détourner l’attention sur le comportement violent du père de la jeune lycéenne expulsée (merci itélé !)…
Comme le souligne @PierreMinnaert, « La question n’est pas de savoir si si le père battait sa femme mais si des enfants élevés en France ont le droit d’y vivre »
12h40 : la place de la République se remplit via @LachaudB
Le fil d’actualité du Figaro fait un gros plan sur les autocollants du PG (on aura tout vu 😉 – photo Le Figaro
Ce matin sur France Info, Pascal Durand secrétaire national d’Europe Ecologie les Verts rappelait ses engagements à Hollande et demandait l’arrêt des expulsions, toujours pas de réaction sur Twitter de Cécile Duflot qui publie les photos de sa visite avec JM Ayrault à Alfortville, « dans la maison de l’Abbé Pierre pour la journée mondiale du refus de la misère ».
13h : le cortège des lycéens parisiens se dirigerait vers la place Beauvau… Un peu avant 14h, de petites échauffourées se seraient produites Boulevard Haussmann, les manifestants se dispersent place de la République
valls demission
leonarda
Valls dégage
Valls dégage
Prolongation des centrales nucléaires • Le choix suicidaire du gouvernement
Le Journal du Dimanche a annoncé que l’État avait pris la décision de prolonger la durée de vie des centrales nucléaires. Pour l’instant, le Ministre de l’Économie dément que la décision ait été prise mais confirme que ce choix est discuté à la demande d’EDF. Si ce choix de prolonger de 10 ans l’amortissement des centrales nucléaires était officialisé, le gouvernement prendrait une décision de politique énergétique lourde de conséquences. Tant au niveau de la sécurité du parc que du coût social et économique pour la société, ce nouvel épisode en dit long sur sa fourberie et son manque de vision de la transition écologique pourtant urgente à mettre en place.
De l’enfumage économico-libéral auquel il nous avait habitués, le gouvernement est désormais passé maître dans l’enfumage écologique.
Déjà le faux choix du gouvernement de faire passer la part du nucléaire à 50% du mix électrique en 2050, ce qui n’implique strictement rien en termes de fermetures de centrales, était une proposition fumeuse qui émanait d’un accord électoraliste avec EELV et non d’une politique énergétique digne de ce nom pour notre pays. Avec cette décision, le gouvernement solférinien tromperait une fois de plus ses propres alliés électoraux ! Une chose est certaine : nous avions raison d’affirmer que cet accord aboutirait à la prolongation de la durée de vie des centrales françaises et à la construction de nouveaux réacteurs EPR.
Encore plus grave : cette décision interviendrait quelques mois seulement après le Débat National sur la Transition Énergétique (DNTE), qui avait exclu du débat la question du nucléaire. Aujourd’hui, et sans que le peuple n’ait été une seule fois concerté, le gouvernement déciderait donc unilatéralement de prolonger la durée de vie du parc français. En comparaison de cette décision, la commission d’enquête parlementaire proposée par EELV, qui pourtant participe à ce gouvernement, semble hypocrite et bien dérisoire.
Il le ferait au détriment de toutes considérations de sécurité. En effet, des pièces aussi centrales qu’inamovibles comme le cœur du réacteur ont été conçues pour 40 ans, ce qui limite la durée de vie d’une centrale nucléaire. En prolongeant la durée de vie des centrales, le Ministre de l’Écologie ferait un choix suicidaire et inconscient. L’ASN a plusieurs fois rappelé que EDF ne devait pas compter sur une telle prolongation. Or seule l’ASN est habilitée à prolonger la durée de vie des centrales françaises. Cela en dirait long sur la préoccupation de ce gouvernement pour l’intérêt général.
Le Parti de Gauche, dans sa contribution au DNTE, avait tiré la sonnette d’alarme sur la situation de ces travailleur-se-s salariés et sous-traitants touchés par le « grand carnage social ». Cette situation est amenée à empirer avec la « cure de jouvence » que nécessiterait la prolongation des centrales françaises. D’ores et déjà EDF, en Conseil Central d’Entreprise, a rappelé son intention de flexibiliser un peu plus le travail au sein des centrales nucléaires, en amplifiant la plage journalière d’intervention. EDF a aussi annoncé son ambition de relever le taux moyen de disponibilité du parc nucléaire : une décision qui va accroitre encore plus la pression exercée sur les salarié-e-s et sous-traitants du nucléaire, et fragiliser en cela la sécurité des centrales.
Il le ferait enfin au détriment de toute considération économique, l’énergie nucléaire étant une énergie coûteuse et depuis longtemps sous évaluée dans la facture énergétique des Français. Le grand carénage devrait coûter à EDF près de 100 milliards d’euros, qui viennent s’ajouter aux multiples coûts attachés à l’énergie nucléaire. Bien loin d’être une énergie abondante et peu chère, l’électricité nucléaire est couteuse et à l’origine d’un immense gaspillage énergétique.
C’est une décision à des années-lumières de la transition écologique que nous appelons de nos vœux et que nous proposons avec l’écosocialisme. Bien loin des petites combines et de l’enfumage total de l’actuel gouvernement, la politique énergétique doit être replacée au cœur du débat public.
Le Parti de Gauche rappelle son intention de mettre en place la planification écologique. Cette planification permettra de planifier démocratiquement et sur le long terme la bifurcation en profondeur vers l’arrêt du nucléaire par l’engagement d’un véritable plan d’économies d’énergie et de développement des énergies renouvelables.
Non à l’exclusion de 11 nationalités du droit au mariage !
Jeudi 10 octobre, le Tribunal de grande instance de Chambéry autorisait un couple franco-marocain de même sexe à célébrer leur mariage, considérant que l’ordre public international français qui inclut désormais le mariage de deux personnes de même sexe, a une valeur supérieure à une convention bilatérale. C’est une jurisprudence constante, qui écarte par exemple cette même convention lorsqu’une Marocaine musulmane et un Français non-musulman souhaitent se marier.
Or le Parquet vient d’annoncer qu’il compte faire appel en s’appuyant sur la circulaire du 29 mai 2013 qui exclut du droit au mariage entre personnes de même sexe 11 nationalités. Le Parti de Gauche qui dénonçait déjà cette circulaire réitère son indignation devant cette situation absurde. Il est plus que temps que le gouvernement révise cette circulaire et se souvienne que l’exigence d’égalité entre tous les citoyens ne peut être à géométrie variable !
Lire aussi : Non à l’exclusion de 11 nationalités du droit au mariage
Front de gauche • Jean-Luc Mélenchon: « L’autonomie est la condition du rassemblement »
Interview de Jean-Luc Mélenchon dans l’Humanité du 16/10/2013
Crédit photo photosdegauche.fr (rémy_blang)
Pour le coprésident du Parti de gauche, qui défend des listes autonomes du PS en 2014, «l’absence du Front de gauche au premier tour des élections municipales ne ferait que creuser l’abstention et mener toute la gauche au désastre».
Votre parti a débattu ce week-end de «radicalités concrètes», tandis que le PCF veut rassembler pour obtenir des avancées locales et ainsi faire la démonstration qu’une autre voie que celle du gouvernement est possible. Par-delà vos différences, ne défendez-vous pas la même chose ?
Jean-Luc Mélenchon. En effet. Il est important cependant de ne pas se placer dans une attitude de Monsieur Plus localiste. Il faut dessiner localement un autre futur pour la société tout entière. C’est dans les municipalités de gauche qu’ont été commencées beaucoup d’innovations sociales : le quotient familial, l’allocation d’étude des étudiants. Renouons avec cet esprit de conquête créative.
Selon vous, Paris « est à l’origine de la crise » que traverse le Front de gauche. Ne craignez-vous pas que l’exacerbation des divergences mette en péril l’avenir de la coalition ?
Jean-Luc Mélenchon. C’est sûr ! La menace est très grande. Je préférerais que cessent les incriminations contre moi. Je ne défends pas un intérêt électoral personnel dans cette affaire mais la ligne politique autour de laquelle s’est construit le Front de gauche : le devoir de proposer au peuple une alternative de gauche, comme le dit le texte que tous les partis du Front de gauche ont signé en janvier 2013. Le retour volontaire sous la direction électorale du PS en est la négation. La difficulté est que les deux choix stratégiques en présence sont inconciliables. Chacun doit donc se déterminer. C’est aux communistes de Paris de se prononcer. Mais un seul parti n’a pas le pouvoir d’empêcher tous les autres d’agir sous leur bannière commune. Le Front de gauche sera présent au premier tour à Paris comme dans toutes les élections depuis 2009, donc pour la cinquième fois !
Pensez-vous pouvoir obtenir davantage avec une liste autonome que les engagements obtenus d’Anne Hidalgo en cas d’union au premier tour comme les 30 % de logements sociaux, ou votre objectif est ailleurs ?
Jean-Luc Mélenchon. Les 30 % de logement sociaux ? J’ai peine à prendre au sérieux cet argument. Ils sont promis pour dans dix-sept ans et trois mandatures. Le rendez-vous d’étape pour 2025 est de 25 %. C’est-à-dire rien de plus que l’application de la loi ! De son côté, Danielle Simonnet (tête de liste désignée par le Parti de gauche – NDLR) défend un programme complet et cohérent où chaque partie tient l’autre. C’est sur cette cohérence que nous allons faire une campagne d’éducation populaire. Nous ne sommes pas dans une logique de marchandage mais de conquête politique et idéologique. Pour nous, le local et le national sont une même réalité.
Vous dénoncez les alliances avec le PS au plan local alors que vous plébiscitez celles avec Europe Écologie-les Verts (EELV) qui participe également au gouvernement, n’y a-t-il pas contradiction ?
Jean-Luc Mélenchon. Non. Les listes en commun ne se font pas avec EELV national, mais localement. Elles se font sur la base de la rupture avec l’austérité gouvernementale, le productivisme et la financiarisation des budgets locaux. Les socialistes qui participent aux listes que nous conduisons y viennent sur les mêmes bases. C’était bien le projet des assises du 6 juin dernier, non ? Les communistes signent ces accords locaux avec EELV en même temps que nous ! Quelqu’un veut-il leur demander de les rompre ? Il est paradoxal de courir derrière les socialistes quand Eva Joly prend publiquement position pour former avec nous des listes communes indépendantes du PS. La ligne, c’est de rassembler tout ce qui peut l’être contre l’austérité et pour la solidarité plutôt que de se rabougrir sur le vieux pré carré de l’alliance avec les solfériniens qui font fuir tout ce qui bouge et lutte dans le pays. L’autonomie est la condition du rassemblement. Le ralliement au PS réduit la gauche. L’absence du Front de gauche au premier tour des élections municipales ne ferait que creuser l’abstention et mener toute la gauche au désastre. Et puis, tout de même, quelle naïveté de signer à Paris quand les socialistes, qui nous donnent des leçons d’unité, veulent faire battre nos équipes municipales à Saint-Denis, à Dieppe, à Viry-Châtillon ! Le PS se prépare à voter avec la droite pour nous faire battre comme ils l’ont fait à Aubervilliers. Un parti qui gouverne avec la droite dans seize pays d’Europe ne se gênera pas. Je m’oppose au désarmement unilatéral de nos forces pour une seule ville.
Vous évoquiez fin septembre sur votre blog « un Front d’un type nouveau » que « certains communistes » auront quitté à l’issue du débat municipal. Qu’entendiez-vous par là ?
Jean-Luc Mélenchon. J’espère bien que notre famille sera au grand complet à l’heure du rendez-vous ! Mais je respecte les raisons du départ de ceux qui ne veulent plus partager notre sort. Le Front de gauche n’est pas une assurance-vie électorale ni une étiquette ! C’est une stratégie et un programme. C’est aussi une alliance permanente et non un choix de deuxième main faute de mieux. Il faut élargir notre alliance et notre base d’action. Ce n’est possible qu’en étant indépendant du PS. C’est ce que montre le progrès de nos relations avec des secteurs d’EELV. Ce qui sera nouveau aussi, c’est l’enracinement acquis, les formes de la mise en mouvement populaire et le périmètre de l’alliance politique.
Vous parlez d’un manque de dynamisme du Front de gauche. Au-delà du débat municipal que vous rendez responsable, y a-t-il d’autres raisons à ce manque de souffle ?
Jean-Luc Mélenchon. Nos pires ennemis sont le renoncement, la résignation et la confusion. Comme disait Lénine, « là où il y a une volonté, il y a un chemin ». Il faut marcher drapeaux déployés pour entraîner le grand nombre et le rendre maître de toute chose, de toute décision. Ne quémandons pas notre place ! Que le peuple la fixe. Le vieux monde politicien des embrassades feintes, des stratégies à géométrie variable et des accords à tiroirs secrets n’est pas supporté des gens simples qui souffrent.
La réforme des retraites votée mardi à l’Assemblée n’a pas soulevé de forte mobilisation, l’intervention citoyenne peut-elle de nouveau entrer en scène ? Le Front de gauche peut-il y contribuer malgré ses débats internes ?
Jean-Luc Mélenchon. Les débats internes fortifient la perception politique de ceux qui s’y intéressent sérieusement. D’une façon générale, il n’y a pas de raison à l’inaction. En ce qui concerne la mobilisation sur les retraites, je ne veux pas commenter le bilan de la stratégie des syndicats. Ce qui est sûr, c’est que les gens ne sont pas dupes. Ils croyaient que le PS défendrait la retraite à 60 ans. Ils ne veulent pas de ce nouveau report de l’âge de la retraite jusqu’à 66 ans comme le gouvernement s’en est vanté auprès de la Commission européenne. Hollande et Ayrault paieront le prix de ce mensonge dans les urnes des municipales et des européennes.