Retour de l’éco-taxe pour 2015 : où est passée la remise à plat fiscale ?

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La remise à plat fiscale engage-t-elle quelqu’un d’autre que Jean-Marc Ayrault au gouvernement ? En tout cas, après Pierre Moscovici, c’est désormais le ministre de l’agriculture Stéphane Le Foll qui semble ne pas être au courant.

Son annonce du retour de l’éco-taxe dés le budget 2015 montre que la remise à plat fiscale pourrait bien être un rideau de fumée. Va-t-on réformer une taxe ou bien tout le système ? S’engager sur une taxe, n’est-ce pas toucher à l’ensemble du système ? Le message est illisible.

Alors qu’il avait annoncé le report sine die de l’éco-taxe, que valent encore les engagements du premier ministre ?

Si le gouvernement doit décider quelque chose avant 2015 dans l’intérêt général, c’est la hausse de TVA qu’il doit annuler immédiatement.

Intelligence du matérialisme

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« Le matérialisme aussi est un humanisme. »

Le matérialisme est une idée ancienne en Europe. Elle demeure pourtant méconnue. Pourquoi l’une des écoles de philosophie les plus fécondes fait-elle l’objet d’une ignorance et d’un mépris toujours aussi opiniâtres ? Comment se fait-il que les progrès des sciences n’aient pas fait triompher cette représentation à la fois concrète et complexe du monde ? Car le matérialisme est loin d’être un simplisme. Ses hypothèses les plus fondamentales sur la structuration atomique du réel, sur le rôle du hasard dans l’organisation des phénomènes de la nature ou sur l’origine et la nature matérielles de la pensée ont été confirmées par les différentes sciences. Pour comprendre les raisons de cette méconnaissance volontaire, il faut revenir aux origines de l’histoire de la philosophie et découvrir comment une autre école de pensée, l’idéalisme, s’est substituée au matérialisme pour l’étouffer, en s’appuyant sur les soutiens de la religion, des pouvoirs politiques et des classes dominantes, en place depuis plus de deux mille ans. Mais comprendre le matérialisme dans la richesse de son développement, ce n’est pas seulement connaître les raisons de son occultation, c’est aussi dévoiler les trésors d’émancipation que cette pensée recèle. Trésors théoriques, bien sûr, mais aussi trésors pratiques car le matérialisme libère tout autant la pensée que l’action. Comme philosophie, il est à la fois un remède contre l’obscurantisme intellectuel et l’aliénation politique dans laquelle le système de domination nous maintient sciemment.
En proposant un tableau général des grands axes de la pensée matérialiste, des questions qu’elle aborde et des réponses qu’elle propose, Benoît Schneckenburger, philosophe militant, agrégé et docteur en philosophie, nous invite à comprendre comment l’intelligence matérialiste permet d’interpréter le monde, mais aussi comment elle propose de le transformer.

« Vous le deviniez : le matérialisme n’est pas un autre nom pour l’appétit de lucre et de stupre. Pas plus que l’idéalisme n’est l’aptitude irréaliste à se passionner pour des causes perdues ! Ces contresens une fois évités, nul ne ressortira indemne du temps consacré à ces pages. » (Jean-Luc Mélenchon)

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Auteur: Benoît Schneckenburger

Collection: Pour aller plus loin

Nombre de pages: 132

ISBN-13: 978-2-36194-020-1

Langue: Français

Lait maternisé TVA

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Snowden : l’exemplaire refus d’un monde

Snowden

Hollywood raffole de ces histoires dans lesquelles un héros solitaire sauve le monde. Le succès planétaire sera sans doute assuré quand Johnny Depp ou un autre acteur « bankable » endossera le rôle d’Edward Snowden. Mais dans la réalité vraie, le jeune informaticien vit quelque part en Russie où il a trouvé un accueil provisoire, à la merci d’un Poutine qui le sacrifiera s’il y voit l’intérêt national. En France, malgré la protestation du Front de Gauche par la voix de Jean-Luc Mélenchon, personne ne s’est vraiment ému de la situation. Les « experts » médiatiques ont plutôt tenté de déminer la situation en prétextant que « tout le monde faisait pareil ».

Pareil ? La réalité sidérante révélée au début de l’été par Edward Snowden fait pourtant paraître comme aimables les cauchemars du 1984 d’Orwell mais l’occasion est belle de rajouter une couche au fatalisme démobilisateur. Il faut laisser ce jeune Américain rêveur à ses utopies. « Je ne peux pas en mon âme et conscience laisser le gouvernement américain détruire la vie privée, la liberté d’Internet et les libertés essentielles des gens du monde », a dit le naïf, pour justifier son action.

L’espionnage et le profilage des citoyens de la planète, des militants aux industriels, l’interception et le stockage des communications téléphoniques et des mails (97 milliards de données collectées pour le seul mois de mars 2013), y compris ceux des dirigeants d’Etats pourtant alliés semblent compter pour rien. L’administration Obama poursuit la ligne Bush et aurait tort de se gêner. Hollande a fini par la jouer martial : « Nous demandons que cela cesse immédiatement. » Merkel tergiverse avec la proposition de Snowden de témoigner en détail sur la surveillance dont son portable personnel a fait l’objet. Mais tout ceci reste dans la posture et aucun gouvernement européen ne veut se compromettre avec l’homme traqué et l’accueillir. Il y va entre autres des négociations du grand marché transatlantique qui se poursuivent dans le plus grand secret… pour les peuples.

Si le président social-démocrate allemand du parlement de Strasbourg, Martin Schulz, n’a pu que plaider pour une suspension temporaire des négociations à la suite de ces révélations, Hollande en a écarté la menace : « Nous n’en sommes pas là. » Le commissaire européen au commerce, le Belge Karel de Gucht, le Cahuzac européen qui risque par ailleurs d’être suspendu pour fraude fiscale, a résumé la situation: « Il s’agit ici d’intérêts économiques. » On avait compris… Le sort de la démocratie, des libertés fondamentales, celui-là même d’Edward Snowden sont liés au nôtre et restent entre nos mains.

Le problème, c’est le coût du capital !

A écouter l’ensemble des « experts » et des « économistes » qui, de plateaux TV en émissions de radio, d’articles en articles, récitent benoitement l’abécédaire du néolibéralisme, le principal problème aujourd’hui en Europe serait le « coût » du travail. En bref, les salariés coûteraient trop cher, et c’est leur coût qui serait la cause du chômage car il limiterait la volonté d’embaucher des employeurs. Le chômage atteint aujourd’hui un niveau record dans la zone euro, touchant 12,2% de la population active. La solution pour les libéraux au pouvoir dans toute l’Europe est claire : diminuer les dépenses publiques et réduire les salaires au maximum, que ce soit en baissant le salaire versé directement aux salariés (salaire net) ou le salaire socialisé (cotisation sociale).

Cette politique de l’offre qui vise à baisser au maximum le coût des marchandises en s’attaquant aux salaires, à la protection sociale et en accumulant les cadeaux fiscaux au patronat (dont le plus flagrant est sans aucun doute les 20 milliards annuels du CICE), plonge aujourd’hui la France et l’Europe dans le désastre. Elle prouve chaque jour son inefficacité. Si elle est mise en œuvre, ça n’est donc pas pour relancer l’activité ou combattre le chômage. L’austérité est là car elle sert les intérêts de la classe dominante, c’est-à-dire des actionnaires.

C’est le travail qui crée la valeur

Le terme même de « coût du travail » est une aberration. Le travail, par essence, ne peut pas avoir de coût puisque c’est lui qui crée la valeur. C’est l’homme qui, par son travail, donne un sens au monde. Comme l’ont montré Smith et Ricardo, toute production vient directement ou indirectement du travail humain, et c’est la quantité de travail nécessaire à la fabrication d’une marchandise qui détermine sa valeur d’échange. Marx a ensuite précisé que, si les actionnaires peuvent percevoir un profit, c’est en extorquant aux salariés une partie de la valeur ajoutée qu’ils ont créée. Le coût du capital, c’est cette part de la valeur ajoutée qui est ponctionnée par les actionnaires. « Le capital est semblable au vampire : il ne s’anime qu’en suçant le travail vivant et sa vie est d’autant plus allègre qu’il en pompe davantage », résume Karl Marx dans le livre I du Capital.

C’est donc le capital qui a un coût et non pas le travail. Et ce coût ne cesse de s’accroître. Il comprime les salaires, l’investissement, les impôts versés à l’Etat. Les entreprises françaises distribuent aujourd’hui 7 fois plus de dividendes qu’il y a 20 ans. Les actionnaires ponctionnent en dividendes 9% de la valeur ajoutée, ce qui est un record depuis la Seconde Guerre mondiale. Entre 1999 et 2008, les firmes allemandes ont réduit leur taux de versement des dividendes d’environ 10% tandis que les firmes françaises augmentaient ce taux d’environ 50%. Le coût du capital ne cesse de progresser ces dernières années en France et les grandes entreprises sont de plus en plus privilégiées. Elles bénéficient de plus de 30 milliards d’euros par an d’exonérations de cotisations sociales et de 172 milliards de niches fiscales selon la Cour des comptes. Résultat : dans l’industrie manufacturière, qui est la plus soumise à la concurrence internationale, le prix horaire du travail français est inférieur (33,8 euros) au prix allemand (35 euros).

C’est le capital qui détruit l’emploi

Les conséquences sociales de cette ponction grandissante du capital sur la valeur créée par les salariés sont innombrables. Les entreprises investissent de moins en moins, et tout projet qui ne promet pas un retour sur investissement suffisant aux yeux des actionnaires est abandonné. Les plans sociaux non justifiés économiquement se multiplient. Dernier exemple en date : Alcatel-Lucent, qui vient d’annoncer la suppression de 20% de ses effectifs français soit 900 postes en France et 10 000 dans le monde. C’est son cinquième plan social en France depuis 2007. Les salariés payent le prix fort des erreurs des dirigeants qui, obsédés par la création de valeur pour les actionnaires, ont commis d’innombrables bévues stratégiques et technologiques. Autre exemple : la société ODCF-Wayne Dalton, qui fabrique des portes de garages, a été liquidée par l’actionnaire alors que ses ventes étaient en hausse quasi continue et qu’elle est leader sur ses marchés. Il avait auparavant pillé son capital et ruiné l’entreprise en lui imposant des prix de composants exorbitants.

Au-delà des fermetures d’entreprises, dans tout le pays, les salaires sont gelés, la flexibilité s’accroit, tandis que les actionnaires se goinfrent de plus en plus. Le capitalisme est un système organisé autour de l’intérêt de quelques-uns et non autour de l’intérêt général.

Et le capital détruit aussi l’environnement

La course au profit conduit à une logique de court terme très éloignée de la réflexion de long terme qu’exige la nécessaire transition écologique. A toutes les étapes du processus de production, les exigences de rentabilité ont pour conséquences des dommages irréversibles pour l’environnement.

Lors de l’extraction des matières premières d’abord. La recherche effrénée du profit conduit à la prédation et à l’exploitation incontrôlée des ressources naturelles. Cette année, le jour du dépassement (date à laquelle l’humanité a consommé les ressources naturelles que la terre est capable de produire en un an sans compromettre leur renouvellement) a été atteint le 20 août. Trois jours plus tôt que l’année dernière.

Lors de la transformation ensuite. La compression des coûts conduit à des délocalisations qui accroissent la pollution par les transports et incitent au dumping social. Cette volonté de réduire les coûts pousse également les entreprises à négliger les précautions les plus élémentaires en matière de sécurité. On se rappellera à ce propos qu’avant la catastrophe nucléaire de Fukushima son opérateur privé Tepco a dissimulé des dysfonctionnements pour ne pas faire chuter le cours de son action.

Lors de la vente enfin. La nécessité d’écouler toujours plus de produits pour générer plus de profit mène à un consumérisme forcené, à la surproduction de biens périssables et à l’invention perpétuelle de nouveaux besoins.

Cette logique extractiviste, productiviste et consumériste a pour résultat l’épuisement des ressources naturelles, la destruction de la biodiversité, le dérèglement climatique, la pollution de l’air, de l’eau et des sols. Ces dégradations de l’écosystème ne sont pas seulement regrettables, elles menacent la possibilité même d’une vie sur terre. Le système capitaliste n’a pas d’autres finalités que la hausse du coût du capital, au mépris du respect de la vie. Face à cela, nous proposons l’écosocialisme, c’est-à-dire le prolongement de la dimension internationale de la lutte anti-capitaliste dans la revendication universelle d’une planète vivable pour tous les êtres vivants.

22 novembre 1916

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Jack London est mort le 22 novembre 1916. Lorsqu’on pense à lui, des images du Grand Nord se bousculent, les chiens courageux, les hommes coriaces, une espèce de ruée vers l’or en de multiples épisodes. Sauf que London, c’est tout ça, bien sûr, mais c’est surtout un engagement socialiste pas très à la mode en ce début de 20ème siècle, dans son pays, les USA. Il adhère en 1896 au Socialist Labor Party. Il en sortira en 1916 avec fracas, en désaccord avec son réformisme de bon aloi.

Pendant sa courte vie, il rencontre Debs, soutient la révolution mexicaine, voyage. Il « va voir », parce qu’il veut comprendre, et lutter, avec sa rage intacte, contre toutes les injustices. De Londres, il rapporte un document inclassable à l’époque. Son Peuple de l’abîme préfigure avant l’heure ce que seront le Quai de Wigan et celui d’Ouistreham, bien avant Orwell et Florence Aubenas. Une immersion totale dans les bas-fonds de Londres. Une plongée dans son passé de gosse des docks, de crieur de journaux, de voleur d’huîtres, de trimard, de marin au long cours, de pêcheur de rêves. Pas de doute, London est bien un écrivain politique.

Et puis finit par arriver le chef d’œuvre entre tous, le monumental Talon de fer. S’il n’en faut lire qu’un seul, que ce soit celui-là. London se fait visionnaire, à travers le regard d’une femme. Une fille de bourgeois, qui tombe en amour pour un militant enflammé. Et va le suivre, tout au long d’une histoire sans fin, où la révolution, la liberté et les droits les plus évidents se brisent sur toutes les oligarchies, tous les fascismes. En 1908, Le talon de Fer anticipe la Révolution russe, écrasée par une répression méthodique et fonctionnelle, née de l’alliance contre nature du capitalisme et des chefs syndicalistes, une répression qu’il fait durer 300 ans. Rien à jeter, disions-nous, et rien n’a changé, non plus. Les petits crèvent toujours écrasés par les talons de fer.

Il meurt à 40 ans, admiré de Lénine et de Trotski, ivre de mots, d’écriture, de passion. Il meurt comme meurt son héros, son double, Martin Eden. Il meurt, puisqu’il avait choisi d’être « un météore superbe plutôt qu’une planète endormie ».

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