Pacte de responsabilité : il ne se négocie pas, il se combat

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François Hollande a décidé d’accélérer la mise en œuvre de son pacte de responsabilité. Le PS lui a immédiatement emboîté le pas, se vautrant avec délices dans le discours incantatoire de la « grande négociation sociale » en échange de suppressions de cotisations sociales payées par les entreprises en contrepartie. Mais, surprise, pour le PS celles-ci ne sont pas dues que par les entreprises « les contreparties doivent être respectives, (chaque partenaire doit prendre sa part de l’effort commun) et respectées. Elles doivent être négociées ». Ce sont donc les salariés qui doivent payer ! Joli tour de passe-passe ! Le Medef poursuit ainsi inlassablement sa campagne pour ce qu’il appelle « un allègement du coût du travail » c’est-à-dire une dégradation des droits des travailleurs et veut des négociations au niveau des branches « sans contrainte nationale ». Car celles-ci « stressent » le patronat dixit Pierre Gattaz ! Le PS, sous l’impulsion de son secrétaire national Harlem Désir, vient de s’aplatir devant lui, par un vote de 2/3 de son bureau national, soit une majorité écrasante, bien loin des rêves de ceux qui essaient de faire croire le PS plus à gauche qu’il n’est.

Comme la direction de la CFDT est d’accord avec le Medef pour maintenir le CICE (Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi), ce qui arrange le gouvernement, J-M. Ayrault va devoir trouver 10 milliards de baisse de dépenses publiques de plus pour compenser la baisse de cotisations annoncée de la branche famille. Ce dernier aura donc obtenu 30 milliards, plus des régressions du droit du travail. Et les salariés ? Rien, une fois de plus. F. Hollande espère que tout sera bouclé pour fin mars afin de pouvoir engager la responsabilité du gouvernement en avril. En remaniant son gouvernement à cette occasion avec l’inconnue du changement ou non de premier ministre, le président espère trouver un regain de popularité à quelques semaines de l’élection européenne du 25 mai. Compte-t-il sur la droite?

A gauche par contre le rejet est massif et ne peut que s’accentuer. Le Front de Gauche appelle à la mobilisation contre ce pacte monstrueux, pour faire échouer cette « politique de l’offre » qui ne mène qu’au désastre économique, social et écologique. C’est le sens de la proposition d’une marche du ras le bol le 12 avril qui s’adresse à tous ceux qui refusent la politique d’austérité et ne veulent pas laisser la rue à la réaction. L’élection européenne permettra aussi de défendre une alternative de gauche face au cours libéral du PS et de la social-démocratie européenne qui vote avec la droite la privatisation du rail et négocie avec les Etats-Unis le grand marché transatlantique.

L’eau du Loing est arrivée

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Depuis ce matin les usagers de la régie publique Eau des Lacs de l’Essonne peuvent boire de l’Eau de source directement à leur robinet. Les Lacs de l’Essonne, bientôt une station thermale puisque dans toutes les baignoires de Viry-Chatillon, on a le privilège de se laver à l’Eau de source !

Ce grand cru 2014, c’est notre victoire collective. Celle du service public, des techniciens et des ouvriers qui se sont relayés nuits et jours pour que l’alimentation en eau soit réalisée dans les meilleurs conditions et dans le respect des normes sanitaires. C’est également la victoire de la démocratie. Cette régie est la vôtre. Vous participez à la politique tarifaire, écologique, social de l’usage de l’eau, à travers le système de cogestion entre vos élus, et les représentants d’associations d’usagers, de consommateurs et de défense de l’environnement. Vous avez décidé de sa création en Juin 2010, lors d’une votation citoyenne qui a vu le Oui à la Régie Publique l’emporter à plus de 95 % des suffrages exprimés.

Nous avons valeur d’exemple, car nous avons réussi à arracher aux multinationales la main-mise sur notre eau, ben commun du vivant. D’abord en s’extirpant du SEDIF (Syndicat des Eaux d’île-de-France) pieds et mains liés avec Véolia en 2010. Puis aujourd’hui, en s’affranchissant de la Lyonnaise des Eaux, grâce ce partenariat historique et 100% public avec Eau de Paris. En cette occasion, je tiens à remercier Anne le Strat et toute l’équipe d’Eau de Paris pour leur engagement à nos côtés.

J’étais la semaine dernière à Bruxelles pour porter ce message d’espoir que nous avons envoyé depuis Viry-Chatillon. J’y ai assisté au dépôt d’une Initiative Citoyenne Européenne (ICE) par la Fédération Syndical Européenne des Services Publics (FSESP) qui vise à faire reconnaître l’eau comme un droit humain. Ce statut c’est celui que nous défendons déjà à l’agglo par la gratuité des premiers mètres cube, du compteur, et sans part fixe dans vos factures pour l’usage domestique .

Bien sûr, une telle avancée ne fait pas plaisir à tout le monde, surtout pas aux industriels. Nous en avons fait les frais, Vae solis et Eau du Sud parisien, filiale de la Lyonnaise ont tenté de discréditer notre action. Sans succès. Nous attendons les suites des plaintes que nous avons déposées pour trafic d’influence.

Au Parlement Européen, les défenseurs de l’ICE, l’Eau est un droit humain, qui a reçu plus de 1,65 millions de signatures, font face aux mêmes rapaces, à ces mêmes ennemis de l’intérêt général et du service public. Aquafed, le puissant lobby des opérateurs privés de l’eau, à la main de Suez et Véolia, tente de mettre la main sur l’Eau européenne, et de casser la dynamique citoyenne en faveur de la préservation et de la sanctuarisation de la ressource en Eau.

C’est le goût du combat qu’a donc aujourd’hui l’eau qui coule dans les robinets de Viry-Chatillon. Ce combat, c’est celui qui amènera Grigny, au plus tard en 2018, à boire à son tour ce Grand Cru.

Notre-Dame-des-Landes • Ce sont les socialistes qui veulent passer en force

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Crédit photo photosdegauche.fr (stef.burlot)

Le président Socialiste de la Région des Pays de la Loire a demandé aujourd’hui à François Hollande l’évacuation des militants et résistants sur le site de Notre Dame des Landes. Après avoir monté en épingle le « millier » de casseurs et les scènes de « guérillas urbaine » la ficelle est grosse.

Ce sont les socialistes et Jean Marc Ayrault qui tentent de passer en force, encore une fois. Contre une majorité de français qui s’opposent à eux, contre les faits et les chiffres qui leur donnent tort, en imposant, par la répression, un projet inutile.

Le PS et la droite alliés contre le service public ferroviaire au Parlement européen !

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Le Parlement européen vient d’adopter le 4e paquet ferroviaire. Ce paquet prévoit en particulier la fin du service public du transport régional avec l’ouverture à la concurrence de ce secteur.

Les libéraux et le Parti Socialiste européen, PS français inclus, ont voté main dans la main cette agression contre le service public ferroviaire.
Je dénonce cette collusion et l’hypocrisie qui l’entoure.

J’appelle les citoyens à punir les élus UMP, PS et à rompre avec cette Europe libérale en votant pour les listes du Front de Gauche aux élections européennes du 25 mai prochain.

Gulliver, patron d’HSBC, fait de l’Europe l’île de Lilliput de la finance internationale !

Stuart Gulliver, le Directeur Général de la banque HSBC, banque des exilés fiscaux, a ridiculisé aujourd’hui la « directive bonus » de l’Union Européenne qui entre en vigueur cette année.

En dévoilant publiquement des mesures de contournement de cette directive pistolet à bouchon, c’est la crédibilité démocratique de l’Union Européenne qui est une fois de plus ébranlée. Les actionnaires d’HSBC distribueront ainsi des primes équivalant à deux fois le salaire fixe de certains banquiers, comme l’y autorise la réglementation européenne, vaste passoire pour la finance mondialisée. Un système de défraiement trimestriel permettra également de contourner le plafond des rémunérations dans le cas de 665 employés.

En 2013, HSBC a ainsi octroyé 3 milliards d’euros de bonus, soit 6,2% de plus qu’en 2012. La rémunération globale de Gulliver a également été revue à la hausse : il a empoché, au titre de 2013, 9,7 millions d’euros, contre 9 millions d’euros un an plus tôt.

Gulliver, symbole de la finance qui gouverne, arrogante et méprisante de la souveraineté populaire, se moque des législations européennes fantoches. Il encourage publiquement les autres banques à en faire de même, de la BNP en passant par la Société Générale.

Le Parti de Gauche condamne ce dédain de souveraineté des peuples européens. Il devient urgent d’engager la nécessaire définanciarisation de la France et de l’Europe. Le Parti de Gauche s’y engage en défendant la séparation stricte des activités bancaires, le contrôle des capitaux et la taxation différentielle, l’impôt général sur le capital, la limitation des écarts de rémunération de 1 à 20 et le revenu maximum.

Hiroshima, l’effet d’une Bombe • #広島市 • Ecosocialisme au Japon, épisode 9 • #エコソシアリズム

HiroshimaDomeQuai_s.jpg 6 août 1945, un matin de guerre en été. Le ciel est clair, le soleil radieux. Il est 8h, la journée commence à Hiroshima, une ville de 350.000 habitants qui longe la Mer intérieure du Japon. Des étudiants et lycéens ont été mobilisés dans la ville pour des travaux de remblais. Des travailleurs, principalement Coréens, ont été amenés de force pour prêter la main. Entre 2000 et 6500 enfants ont été envoyés à la campagne pour fuir les bombardements.
La fin de la guerre est proche, l’état-major États-unien veut en finir avec les forces armées du Japon. Il cherche le coup final. Plusieurs possibilités, militaires et diplomatiques, sont examinées : débarquement terrestre, entrée en guerre de l’URSS contre le Japon… puis rejetées, cette dernière risquant de donner trop de pouvoir aux soviétiques.
L’hypothèse est finalement retenue d’un bombardement atomique, qui permettrait aux États-Unis de justifier les dépenses de recherche dans le domaine du nucléaire militaire auprès de sa population, et surtout de tester les effets grandeur nature de la Bombe A. Le « projet Manhattan », démarré trois ans plus tôt, trouve sa justification. Quatre objectifs possibles sont identifiés, dont Hiroshima et Nagasaki. L’état-major a posé ses conditions : la cible doit être une ville qui n’a pas subi trop de bombardements et d’une certaine superficie, pour pouvoir étudier au mieux les effets de la bombe. Hiroshima présente toutes ces caractéristiques et la ville a en outre un avantage décisif : elle ne détient pas de prisonniers américains.
HiroshimaOldPhoto_s.jpg 8h15, la première bombe atomique de l’histoire de l’humanité est larguée. Elle contient 50 kilogrammes d’uranium 235 et mesure trois mètres. Elle a été surnommée Little Boy et couverte de graffitis et d’injures à destination du peuple Japonais. A 600 mètres du sol, juste au-dessus d’un hôpital, Little Boy explose en produisant l’équivalent d’un deuxième petit soleil dans le ciel d’Hiroshima : une boule de feu de 280 mètres de diamètre, au cœur de laquelle la température avoisine les 1.000.000 °C. L’air se dilate, la pression de l’explosion atteint 19 tonnes / m2.
En un éclair tout brûle, se tord et fond. Tout ce qui se tient sur terre, êtres humains, espèces vivantes et bâtiments, est incinéré sur place dans un rayon de 2 kilomètres. Au-delà se combinent les trois effets de la Bombe A : radiations, chaleur et souffle de l’explosion. Et la pluie noire qui donnera son titre au terrible film 黒い雨 Kuroi ame de Shohei Imamura.
350.000 personnes sont irradiées, brûlées et projetées. Les survivants, les « Hibakusha », développeront pour beaucoup cancers et leucémies. Une loi promulguée en 1957 leur assurera un suivi médical particulier. Mais 140.000 personnes mourront avant la fin de l’année 1945. La plupart des enfants envoyés à l’abri à la campagne sont devenus orphelins.
Le tout n’a duré qu’un instant.
HirsohimaMemorial_s.jpg 22 février 2014, Hiroshima, un beau matin d’hiver. Ciel clair, soleil radieux. A l’endroit même où la bombe a explosé se trouve le Dôme de la Bombe A, conservé en l’état pour mémoire. Plus loin, dans le parc du Mémorial, une flamme allumée dans un temple de Miyajima, censée brûler jusqu’à l’éradication de la dernière arme nucléaire sur Terre. Une arche en hommage aux victimes, et un Musée. Dès l’entrée de celui-ci, le poids de la France dans l’arsenal nucléaire est souligné. Lire la suite sur le blog

Accord avec les Etats-Unis : la tartufferie Le Pen est risible !

MLP1.jpg Cinq ans après que j’ai lancé l’alerte, Marine Le Pen se réveille ! A la veille des élections européennes, elle prétend soudain faire la « guerre » au Grand Marché Transatlantique entre l’Union européenne et les Etats-Unis d’Amérique.

Ce réveil électoraliste ne doit pas faire trop faire illusion. En effet, dans cette « guerre », les amis de Madame Le Pen ont déjà capitulé. En région PACA, vendredi dernier, le groupe FN a voté contre la motion du Front de Gauche qui condamnait ce projet de libre-échange generalisé. La motion a été adoptée avec l’appui des Verts et de certains socialistes dont le président Michel Vauzelle. Le Front national a voté pour le projet avec la droite et d’autres socialistes. De son côté Jean-Marie Le Pen a préféré manquer la réunion du Conseil régional pour ne pas avoir à prendre position.
Mais la bataille contre le nouveau marché unique transatlantique est bien engagée. Avec le vote des conseils régionaux ile de France et PACA ce sont dix sept millions de français qui ont été placés « hors grand marché transatlantique ».

Avec les Verts et de nombreux socialistes, le Front de gauche fait émerger une nouvelle majorité de gauche contre le libre échange et le productivisme qui le sous tend.

Intermittents • Derrière l’épouvantail de l’intermittence, tous les chômeurs

maxnewsworldtwo897288.jpg « Cessons de tirer sur les intermittents ». C’est le titre d’un billet à la une des Echos daté du 24 février signé par l’ex-présidente du Medef, Laurence Parisot. Elle y explique aux lecteurs du quotidien économique qui n’en ont pas forcément l’habitude qu’il ne serait pas sage de faire des intermittents des boucs émissaires. La preuve qu’ils ne sont pour rien dans le déficit de l’Unedic, dit-elle, c’est qu’en 2008, la caisse était alors excédentaire de 4,5 milliards d’euros et qu’en 2010, elle était déficitaire de 2,9 milliards à nombre égal d’intermittents et à montants d’indemnisation équivalents. Mieux, reprenant des thèses syndicalistes extrémistes, elle se livre à une apologie de la solidarité. A ceux (sans doute nombreux dans son entourage) qui lui répètent en boucle que les allocations allouées aux intermittents sont cinq fois supérieures aux cotisations collectées dans le secteur, elle répond par un argument d’ordinaire étranger à la rhétorique patronale. « Où irait-on si l’on se mettait à soupeser au sein de l’Unedic la contribution de chaque secteur d’activité et à évincer ceux qui, sur une certaine durée, afficheraient un solde cotisations-allocations négatif ? » Cette excellente question, on aimerait qu’elle la pose à ses anciens camarades du Medef, qui, manifestement, persistent à penser de la sorte. Il ne faut toutefois pas se méprendre sur la conversion de l’ancienne présidente du Medef. La culture reste pour elle une marchandise et c’est en comptable avisée qu’elle se penche sur le problème. Pas à la manière du président américain, Abraham Lincoln, qui avait lâché à quelques cupides accrochés à leur magot : « si vous trouvez que la culture coûte cher, essayer l’ignorance ! » Il incluait dans sa remarque du social et du civilisationnel. C’est moins évident pour Madame Parisot pour laquelle « l’offre culturelle » est avant tout une « offre économique » juste « pas comme les autres ». A prendre en compte, car « le rayonnement et l’attractivité de notre pays » dépend aussi « de sa production culturelle ». « L’économie et la culture ne sont pas en conflit d’intérêts. Tout au contraire. (…). Elles ont un potentiel de synergies vertueuses tout à fait exceptionnelles. Profitons-en ! ».

Mais – nous y voilà – pour mieux en profiter, il faudrait, « impérativement lutter » contre les « nombreux abus dont fait l’objet le régime d’assurance chômage des intermittents du spectacle. » Pour tout dire, « des plafonnements, des critères différenciés entre les métiers techniques et ceux du spectacle vivant, des simplifications dans les procédures, pourraient largement y remédier. » La « figure emblématique de l’intermittent du spectacle », souligne Madame Parisot, c’est « l’acteur de théâtre ». Ce qui exclut d’emblée beaucoup de monde de l’intermittence, au premier rang les techniciens de l’annexe VIII avant de tronçonner l’annexe X et de faire le tri parmi les artistes. Quant aux simplifications de procédures, les négociateurs du Medef y travaillent. A tout bien considérer, il y a une différence de tactique entre l’ex-présidente et ceux qui l’ont débarquée l’an passé au profit de Pierre Gattaz mais pas de stratégie. Il s’agit plus que jamais de faire la guerre aux salariés.

La renégociation de la convention Unedic offre pour cela un beau champ de bataille. Et le Medef, en enfant gâté auquel on cède tout ces temps-ci, n’a pas fait dans le détail. Il a proposé d’entrée au nom de « l’équité » la suppression pure et simple des annexes VIII et X qui régissent le statut des intermittents, mais aussi l’annexe IV des intérimaires et la révision à la baisse de toutes les dispositions pour le régime général. La presse jusqu’ici s’est focalisée sur les intermittents. C’est plus photogénique et on peut recycler les articles d’année en année. Mais en réalité, tous les salariés privés d’emplois, les précaires, les temps partiels, les chômeurs de courte ou longue durée sont concernés.

Le document-cadre du Medef est explicite. Le système actuel est selon lui « aveugle à la conjoncture économique et à la réalité du marché du travail ». Sans vergogne aucune, l’organisation patronale dont les adhérents multiplient les plans sociaux, les délocalisations et autres restructurations propose des mesures pour « inciter au retour à l’emploi ». Car le chômeur est, on le sait, rétif, paresseux, voire roublard. Il peut, à défaut de retrouver un travail en CDI compenser le montant de ses allocations en exerçant une activité réduite. Horreur : son travail n’est plus qu’une « activité de complément » et les bénéfices qu’il en tire, ajoutés à ses allocations, peuvent parfois égaler voire dépasser son ancien salaire. Pour casser cet « effet d’aubaine » (sic) dont se goinfrent aussi les intérimaires, il faut plafonner de manière drastique le montant de cette combinaison de revenus.

Mais avant tout, pour remotiver le chômeur par nature profiteur, le Medef suggère de baisser les allocations. Si le taux de chômage est supérieur ou égal à 10%, comme aujourd’hui, la période d’indemnisation va courir sur 24 mois (36 pour les seniors). Mais si par bonheur, le chômage passe sous la barre des 10%, la période d’indemnisation va se rétracter à 18 mois (30 pour les seniors). De la même manière, il faudra 4 mois d’affiliation au minimum pour ouvrir ses droits à l’indemnisation comme aujourd’hui si le taux de chômage est égal ou supérieur à 10%. Mais deux mois de plus donc 6 mois si ce taux passe sous les 10%. Autrement dit, dès que la situation s’améliorera un peu statistiquement, elle empirera réellement pour des millions de chômeurs pour qui il sera plus difficile d’être indemnisé et sur une durée plus courte.

En dehors de ces considérations sur le retour à l’emploi et l’équité, le Medef prend le prétexte du déficit et la dette grandissants de l’Unedic. Feignant l’affolement, il agite hystériquement la menace de 40 milliards d’endettement en 2017. N’aurait-il pas remarqué qu’il vide lui-même les caisses en multipliant les emplois précaires et les périodes de chômage d’une part grandissante de la population ? N’aurait-il pas foi non plus dans ce qu’affiche le pin’s de son président Pierre Gattaz qui promet un million d’emplois que devraient libérer les 50 milliards du pacte de responsabilité ? Il se refuse en tout cas à augmenter sa part de cotisation (dont il ne cesse d’exiger la baisse lorsque la caisse est excédentaire) alors même que le record de versement des dividendes sur la planète vient d’être battu. Plus de 1000 milliards de dollars ont été versés en 2013 aux actionnaires, soit une progression de 43% entre 2009 et 2013 ! Et la France, ce pays où il n’est pas possible de faire des affaires, dont le déclin nous est annoncé à chaque JT ne s’en tire en la matière pas si mal avec une troisième place mondiale : 50 milliards distribués à ses actionnaires. A cette aune, il est effectivement urgent d’en finir avec le surcoût estimé des annexes des intermittents (320 millions par an), des intérimaires (340) et de faire les poches des chômeurs actuels et futurs du régime général…

Jeudi 27 février va se tenir une nouvelle rencontre entre les syndicats salariés et le Medef. Pour défendre le statut des quelque 100 000 intermittents et des deux millions d’intérimaires (dont les revenus seraient amputés de 20% en cas de suppression de l’annexe IV), la CGT appelle à une journée de grève et de mobilisation. Un rassemblement organisé par les intermittents et la coordination nationale pour la défense de la culture aura lieu à Palais Royal, à 14h, devant le ministère de la Culture avant de partir en manif vers le siège du Medef.

Municipales : Limoges Terre de gauche

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A Limoges, le Front de Gauche sera présent aux municipales dans la liste autonome « Limoges terre de gauche » conduite par le communiste Gilbert Bernard. Cette liste se place dans la continuité de « Limousin terre de gauche » qui aux régionales de 2010 avait réuni le Front de Gauche et le NPA et obtenu 20,4% des suffrages sur la ville au deuxième tour des élections. Cette expérience avait constitué le prélude de l’élargissement du Front de Gauche à la GA et aux Alternatifs. Le succès de la campagne présidentielle a consolidé cette démarche unitaire : Jean-Luc Mélenchon y a fait 13,22%.
Rappelons que depuis 1977, la gauche se présente ensemble sous l’étiquette PS ! On mesure le sens politique que prend le choix du PCF de partir en liste autonome dans cette ville. Ici, le parti solférinien se veut hégémonique. Ce sont eux qui aux régionales ont rendu l’accord de 2e tour impossible, en prétendant exclure de la liste les candidats du NPA. Le député-maire Rodet, ultra cumulard, prétendument indéboulonnable comme beaucoup d’édiles solfériniens, a pour habitude d’empêcher la parole les élus de gauche qui ne sont pas membres de la majorité : invectives, coupures de micro intempestives…

C’est un grand souffle d’air frais que la liste « Limoges terre de gauche » entend propager dans cette vie municipale sclérosée, à la démocratie inexistante. C’est une liste ouverte, plurielle, unitaire. Outre les candidats issus des formations du FDG, on y trouve des écologistes de gauche, en dissidence d’EELV, des syndicalistes de plusieurs confédérations, des militants associatifs. Elle associe des militants de longue date mais aussi des personnes dont c’est le premier engagement politique dans une campagne dynamique et fraternelle.

C’est l’esprit de « Terre de gauche » tant dans la stratégie que dans le programme : celui de l’indépendance et de l’engagement pour des radicalités concrètes. Le modèle c’est celui de l’autonomie conquérante. Personne dans cette liste ne veut brader ses engagements pour quelques places d’adjoints sans pouvoir réel. Tous nous sommes d’accord pour préserver dans l’enceinte du Conseil Municipal l’indépendance de vote et de parole qui constitue la pratique ordinaire des Conseillers régionaux LTG. L’accord est aussi programmatique, pour porter la lutte contre l’austérité, pour la gratuité, la planification écologique, les services publics, et l’abandon de la LGV Limoges-Poitiers.
La liste rencontre un écho favorable, elle est portée par des militant-e-s ultra motivés. L’opposition de gauche a ici le vent en poupe !

Grand marché transatlantique : La Région IDF dit « non » au GMT

grand marché A l’initiative du groupe du Parti de Gauche et des Alternatifs, le Conseil régional d’Ile-de-France vient de se prononcer pour l’arrêt des négociations sur le Grand Marché Transatlantique. Une bonne nouvelle au moment où François Hollande appelle à accélérer les discussions.

Le 8 juillet 2013, l’Union européenne et les Etats-Unis entamaient des négociations en vue de conclure un accord de libre échange appelé Partenariat Transatlantique de Commerce et d’Investissement (TTIP) surnommé Grand Marché Transatlantique. Initié notamment par les patrons des transnationales, l’administration américaine ainsi que les dirigeants européens libéraux et sociaux libéraux, ce projet permettrait aux multinationales d’attaquer en justice tout Etat ou collectivité locale qui ne se plieraient pas aux normes du libéralisme.

La mobilisation d’organisations citoyennes, syndicales, écologiques et politiques se développe en Europe et aux Etats-Unis. Elle commence à porter ses fruits. A l’approche des élections européennes, la commission européenne a dû annoncer la suspension des discussions sur ces tribunaux d’arbitrage. Il s’agit d’un des aspects les plus scandaleux du texte, car il permet aux entreprises d’attaquer les législations nationales, au motif qu’elles seraient susceptibles d’affecter leurs profits, devant des tribunaux d’arbitrage offshore composé d’experts aux honoraires hors de prix. Les sociétés européennes et américaines utilisent ces procédures d’exception pour contester au nom du sacro saint « profit » les lois votées démocratiquement. Les lois australiennes sur le tabac sont ainsi attaquées par Philip Morris. Il en va de même pour le moratoire québécois sur les gaz de schistes, ou la remise en cause de la privatisation de la santé en Slovaquie.

Enfin, avec ces tribunaux d’exception, Chevron peut attaquer l’Equateur afin d’obtenir de ne pas payer les 18 Millions de $ auxquels il a été condamné par la Cour équatorienne en raison d’une pollution occasionnée par ses forages dans la forêt amazonienne !

Mais à peine annoncé par le commissaire, la suspension des négociations sur les tribunaux d’arbitrage a été démentie par les fonctionnaires de la Commission. Or, les discussions occultes continuent. Cet accord est négocié dans le plus grand secret loin des citoyens, le mandat même des négociateurs est secret. Secret pour tous les citoyens, mais ni pour les lobbys de l’industrie qui sont invités à la table des négociations ni pour les autorités des Etats-Unis qui y ont eu accès grâce à l’espionnage de la NSA. Cette situation ubuesque et scandaleuse n’a même pas conduit les dirigeants européens à stopper les négociations. Au contraire il s’agit pour l’oligarchie européiste de donner toujours plus de gages aux multinationales pour assujettir les peuples aux puissances de l’argent.

On comprend mieux le sens de la visite étatsunienne de François Hollande. Alors que le Président n’a jamais abordé la question de cet accord de libre-échange en France, il a profité de ce voyage pour affirmer au sujet du GMT qu’« Aller vite n’est pas un problème, c’est une solution. Nous avons tout à gagner à aller vite. Sinon, nous savons bien qu’il y aura une accumulation de peurs, de menaces, de crispations. ». Il réaffirme une fois de plus son atlantisme et confirme la soumission française aux Etats-Unis qu’avait initié Nicolas Sarkozy.

Une obéissance complète dans tous les secteurs, et le GMT n’y fait pas défaut. Voilà revenu donc l’argument des peurs irraisonnées du peuple ignare qui ne sait pas ce qui est bon pour lui. Heureusement que des experts sont là pour décider à sa place. Ce refrain, nous l’avons déjà entendu en 2005 lors du référendum sur le TCE, en 2009 pour le traité de Lisbonne et plus récemment encore lors de la ratification du traité Merkozy en contradiction avec toutes les promesses qui avaient pu être faites.

Le «  grand marché transatlantique  » est vendu comme une promesse de prospérité, créatrice de milliers voire de millions d’emplois. C’était les arguments avancés pour vanter l’accord de libre échange entre le Canada, les Etats-Unis et le Mexique (ALENA). Vingt ans après le constat est douloureux : un million d’emploi a été détruit, les conditions de vie et de travail de la grande majorité ainsi que les écosystèmes se sont détériorés, la répression à l’encontre des syndicats et la criminalisation des mouvements sociaux se sont accrus, alors que les inégalités se sont considérablement creusées au profit des 1% les plus riches ! Voulons-nous ici la généralisation de l’exploitation et de la marchandisation des biens communs ?

Cette oligarchie ne recule devant rien pour imposer ses intérêts au mépris de la souveraineté populaire. Les lobbies industriels européens comme BusinessEurope sont à la manœuvre. Ainsi Pascal Kerneis de l’European Service Forum, un lobby qui défend les intérêts de Deutche Bank, IBM ou Vodafone explique qu’il s’agit pour l’industrie de s’opposer à tout accord dans lequel les profits sont « négociés contre des objectifs de politiques publiques, y compris les droits humains et du travail » ! Comme le disait Victor Hugo « C’est de l’enfer des pauvres qu’est fait le paradis des riches »

Il faut agir pour stopper la mise en place de cet accord. Les citoyens et les élus doivent se mobiliser pour faire connaître les dangers du Grand Marché Transatlantique. C’est ainsi que nous avions fait échouer les négociations visant à instaurer l’AGCS, ancêtre du GMT. Dans nos pays, les mobilisations syndicales, associatives et citoyennes ont permis d’éviter les OGM, les viandes aux hormones, les poulets nettoyés au chlore, les animaux clonés. Si ces négociations allaient à leur terme ces années de combat pour nos droits et nos services publics seraient balayés ! Pour en finir avec le GMT, la mobilisation doit avoir la même ampleur. Le mouvement social s’organise au sein d’un collectif, auquel nous participons, initié par ATTAC et la fondation Copernic notamment.
Il est temps que les élus prennent leur responsabilité. Lors de la lutte contre l’AGCS, un mouvement avait été lancé pour déclarer les collectivités locales zone « hors AGCS ». Le Parti de Gauche a décidé de faire de même avec le GMT. C’est dans cet esprit que le groupe Front de Gauche – Parti de Gauche et Alternatifs du Conseil régional d’Ile-de-France a déposé une délibération en ce sens. La délibération demande l’arrêt des négociations, le lancement d’un grand débat national sur le libre-échange et proclame la Région Ile-de-France hors TTIP.

Courage, fuyons !

L’adoption de la délibération a été marquée par la volonté du groupe PS d’éviter le débat. Après avoir échoué à renvoyer notre texte en commission – ce qui aurait purement et simplement signifié son enterrement – ils ont refusé de prendre part au vote.

Pourtant, de nombreux Conseillers régionaux PS ont déjà publiquement pris position pour l’arrêt des négociations du GMT. Ainsi, Guillaume Balas, Emmanuel Maurel et Julien Dray notamment avait déposé un amendement en ce sens lors de la Convention Europe de leur parti en juin dernier. Pourquoi ne pas adopter la même position dans l’hémicycle régional ? Que feraient ces élus s’ils siégeaient demain au Parlement européen ?

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