Projets décentralisation – Le règne des barons
Il l’avait promis pendant la campagne présidentielle, il proposerait rapidement un acte III de la décentralisation. François Hollande l’a confirmé, il en a une vision libérale, fustigeant les « contraintes » de la loi, et optant pour une République à géométrie variable.
Lors de la conclusion des Etats généraux de la démocratie territoriale les 4 et 5 octobre derniers, le président de la République a précisé son projet de nouvelle loi sur la décentralisation lancée et pilotée par Jean-Pierre Bel depuis décembre 2011. Les Etats généraux ont consisté en une large consultation des élus locaux, d’abord sous forme de questionnaires, puis lors de réunions locales organisées par les sénateurs.
Le point de départ de l’analyse de François Hollande est double : d’une part les collectivités territoriales ont de multiples compétences, redondantes et couteuses autant qu’illisibles. Il faut donc clarifier et surtout simplifier. D’autre part, la loi est un poids, et la diversité des territoires demande qu’elle soit adaptée : il faut donc laisser aux élus de chaque région le soin de définir les compétences qu’ils prennent en charge, et la manière dont ils le font.
La loi territorialisée
Ont été évoquées « 400 000 normes », qui seraient autant de « contraintes » qui s’imposent aux collectivités territoriales, et qui expliqueraient la lenteur de leurs actions, ou encore la complexité de leurs interventions. Or les normes sont issues des lois, et décidées par les représentants du peuple souverain. Elles ont pour objectif la sécurité, la qualité, le respect de l’environnement ou encore la transparence des achats financés par l’argent public.
Les normes, sources de perte d’efficacité selon François Hollande, visent pourtant à assurer par exemple un nombre suffisant d’auxiliaire de puériculture présentes dans les crèches pour s’occuper des enfants, ou encore à prévoir les conditions dans lesquelles doivent être triés les déchets par les communes ou les intercommunalités. Surtout, elles garantissent l’égalité de traitement des usagers et des citoyens sur le territoire.
François Hollande se propose de réduire l’importance des normes nationales, soit en supprimant certaines d’entre elles, soit en adaptant la loi en fonction des territoires. Cette « loi territorialisée » prendrait deux formes.
Premièrement, le transfert aux régions d’une grande partie des compétences en termes d’économie et d’emplois permettra, selon le président, « qu’il y ait [un] meilleur lien entre les qualifications qui sont proposées et les besoins des entreprises ». Les régions pourront donc librement définir les formations des demandeurs d’emplois en fonction de l’activité économique de leur territoire.
C’est une orientation dangereuse, qui rompt avec l’égalité d’accès à la formation sur le territoire. En effet, selon cette logique, le lieu où l’on se trouve déterminera alors les qualifications auxquelles il est possible d’avoir accès. Par ailleurs lier les formations à l’activité économique présente ne tient compte que des exigences immédiates des entreprises, et ni de la pérennité pour la personne de sa qualification, ni des besoins à moyen terme de la société, par exemple pour mener à bien la planification écologique. Jean-Claude Mailly a d’ailleurs parlé de « balkanisation » de la République le 10 octobre, pour qualifier cette proposition. En second lieu, François Hollande souhaite que les collectivités territoriales disposent d’un droit élargi à l’expérimentation. Sous couvert d’une nécessité d’innover et de prendre en compte les spécificités du territoire, l’absence de cadrage de ce droit, en termes de durée ou de territoires concernés ouvre la porte à la possibilité d’une loi différente selon les lieux. Cela constitue, là encore, une rupture avec le principe républicain d’égalité de traitement sur le territoire.
Des compétences à géométrie variable
Les précédentes lois de décentralisation ont consisté en un transfert de compétences depuis l’Etat vers différents niveaux de collectivités territoriales. François Hollande considère cette répartition à la fois illisible et trop rigide. En effet, les régions et les intercommunalités ont des compétences en matière d’aménagement du territoire. Les départements et les communes ont la responsabilité de l’action sociale, mais sur des dispositifs et des périmètres territoriaux différents.
Sur chaque domaine, il est question d’introduire un « chef de file », qui pourra imposer des orientations aux autres collectivités : « A chaque grande politique correspondrait une seule autorité qui fixerait les modalités et l’action qui peut être déléguée à d’autres collectivités ».
L’objectif est la lisibilité pour le citoyen des politiques menées. Mais dans cette hypothèse, quel sens donner au vote, si les élus n’ont pas la possibilité de choisir les politiques qu’ils mènent ? Quel visage de la République, si ces mêmes élus ne sont pas soumis uniquement à la loi nationale mais aussi aux décisions d’autres entités territoriales ?
C’est bel et bien la République à géométrie variable, à plusieurs vitesses que cette orientation donnée par le président, qui concorde avec les conclusions des sénateurs, institutionnalise.
Mais ce n’est pas tout. En plus de l’introduction de la collectivité « chef de file », François Hollande a évoqué, tout comme l’avaient fait Marylise Lebranchu et Jean-Pierre Bel dans les jours précédents, la possibilité pour les collectivités de « décider en commun [d’] un pacte de gouvernance territoriale ». A l’échelle de chaque région, les élus, rassemblés en « conférences territoriales » auraient toute latitude pour décider quel niveau de collectivité prend en charge quel compétence.
Derrière cette proposition, l’idée que les territoires n’ont pas les mêmes objectifs. François Hollande a parlé de « compétition mondiale » et notamment de la création « d’un statut de métropole », collectivité qui pourra se voir transférer des compétences des régions et de l’Etat.
C’est donc clairement la fracture entre les territoires qui se profile, entre ceux qui doivent s’inscrire dans la fameuse compétition mondiale, qui n’intéresse pourtant que les financiers et les importants, et ceux qui sont laissés de côté, en proie à la fermeture incessante des services publics, et au manque de moyens structurels. Ce système de configuration variable de la répartition des compétences renforce aussi le rôle des barons locaux, qui selon leur bon vouloir décideront de l’avenir du territoire, au détriment de la souveraineté populaire.
L’orientation donnée par le président est inquiétante. Sa conception libérale de la décentralisation met en péril les principes d’unité de la République et d’égalité de traitement sur le territoire. C’est au contraire d’une refondation complète des institutions dont nous avons besoin, non pas en laissant les mains libres aux barons, mais par une implication populaire qui élaborera et contrôlera démocratiquement, la nouvelle organisation.
Révolution par les urnes – Pourquoi s’intéresser à l’Amérique latine ?
Depuis 1998 et la première élection de Hugo Chavez au Venezuela, un nouveau cycle politique s’est ouvert en Amérique latine qui a vu émerger, dans une majorité de pays1, une nouvelle gauche du progrès humain au pouvoir. Partout, elle s’est appuyée sur le développement d’un fort mouvement des idées et des luttes sociales contre les politiques néolibérales et les oligarchies inféodées à Washington. Elle a pour point commun, au-delà de la diversité de ses acteurs et des expériences en cours, d’avoir tiré le bilan de l’échec du communisme d’Etat, en même temps que celui de la conversion de la social-démocratie en un social-libéralisme d’accompagnement et de rafistolage du système capitaliste globalisé. En Amérique latine, la social-démocratie s’est dissoute comme projet théorique et comme stratégie. Ayant renoncé au dépassement du capitalisme, et au nom d’une ruineuse stratégie d’accompagnement et de « régulation » du système, elle a finalement permis et même organisé, le démantèlement de l’Etat social. Elle s’est effondrée électoralement. Enfin, elle s’est parfois retournée contre le peuple.
C’est là le premier enseignement que nous offre le scénario latino-américain. Il nous montre que des peuples écrasés par le rouleau compresseur néolibéral (démantèlement de l’Etat et des services publics, libéralisations et privatisations, austérité généralisée, etc.) peuvent renverser l’ordre établi qu’ils ne sont pas condamnés à subir. Il nous indique également comment des systèmes politiques et institutionnels installés depuis des décennies peuvent, dans certaines conditions historiques, s’effondrer rapidement en emmenant dans leur chute fulgurante des partis (conservateurs et socio-démocrates) incapables de résoudre les problèmes concrets des populations.
Les processus de transformation sociale et démocratique en Amérique latine nous montrent que pour construire un rapport de forces durable dans la société contre les pouvoirs économiques et financiers et leurs représentants et divers relais – qui subsistent en dehors du pouvoir d’Etat -, il faut poursuivre des objectifs qui s’inscrivent dans une radicalité concrète2, elle-même rendue possible par la mise en place d’une méthode permanente : l’implication populaire.
Celle-ci passe en premier lieu par l’organisation de processus constituants pour refonder le système politique et le jeu démocratique, le développement et la multiplication des formes de consultation des populations (élections, référendum, référendums révocatoires, etc.), la démocratisation du spectre médiatique (soutien à la création de médias communautaires, renforcement de services publics de l’information, lois anti-concentration, etc.), le développement de l’éducation, le renforcement de la démocratie participative (« protagonique » disent les latino-américains) à tous les échelons, etc.
De ce point de vue, l’Amérique latine est loin des clichés médiatiques qui abondent sur les supposées dérives « autoritaires » des expériences en cours. Elles inventent au contraire de nouveaux processus politiques historiques dans lesquels les forces populaires – et en particulier les pauvres comme sujet politico-social – construisent leur émancipation à travers la mise en place de politiques concrètes qui, progressivement, ouvrent la voie à une transformation plus profonde des structures de la société. Et ce, dans le cadre d’un vif conflit démocratique assumé dans lequel les forces associées aux régimes antérieurs continuent – avec de nombreux soutiens extérieurs et médiatiques – d’agir dans les sphères politiques, institutionnelles, médiatiques et économiques.
Dans tous les pays où elle agit, la gauche latino-américaine construit l’Etat social lorsque celui-ci disparaît progressivement dans nos sociétés sous la pression de la globalisation. Elle affirme – et c’est aussi un enseignement – que l’investissement dans des politiques de justice sociale et environnementale constitue un facteur de progrès et de prospérité pour la société.
L’Amérique latine est la seule région du monde dans laquelle une fissure s’est produite dans l’hégémonie du néolibéralisme. L’ « autre gauche » latino-américaine fait la démonstration qu’il est possible de faire autrement lorsque la volonté politique s’installe, face aux marchés, au poste de commandement.
Et cette région n’est pas n’importe laquelle. Elle concentre en effet de formidables richesses convoitées dans le nouveau jeu géopolitique mondial à l’heure de la crise systémique du capitalisme. L’Amérique latine rassemble 1/3 des ressources mondiales d’eau potable, d’immenses réserves en hydrocarbure, en gaz, en minerais divers, en métaux rares, la plus grande biodiversité au monde, le plus important potentiel agricole, etc.
Dans ce contexte, elle est le laboratoire de nouvelles formes d’intégration régionale qui cherchent à bâtir la souveraineté et l’indépendance du sous-continent et de ses peuples face aux prétentions hégémoniques des puissances tutélaires traditionnelles de la région (Etats-Unis et pays européens). Qu’il s’agisse de l’Alliance bolivarienne pour les peuples de notre Amérique (ALBA) crée en 2004, de l’Union des nations sud-américaines (Unasur) fondée en 2008 ou de la Communauté des Etats de l’Amérique latine et de la Caraïbe (Celac) lancée en 2011, toutes ces initiatives et regroupement de pays conçoivent les voies de l’intégration régionale par des mécanismes qui ne placent pas le marché et le libre-échange au cœur des processus, mais les principes de coopération, de solidarité et de complémentarité.
Ce sont notamment pour toutes ces raisons que l’autre gauche française et européenne doit s’intéresser à l’Amérique latine. Celle-ci est une source d’inspiration en ce sens qu’elle offre un terrain d’élaboration et d’expérimentation unique pour certaines politiques que nous voulons promouvoir et mettre en place. Elle permet aussi d’en observer les contradictions, les limites et les réussites. Elle permet enfin de comprendre comment les acteurs se mobilisent et se mettent en mouvement pour faire bouger les lignes dans des sociétés meurtries par les oligarchies et le néolibéralisme. Et ce, tandis que notre continent s’enfonce dans une crise économique, sociale et démocratique d’une ampleur jamais connue depuis les années 1930 et dont les principaux responsables sont les mêmes (Fonds monétaire international, marchés financiers, auxquels s’ajoutent ici la Commission européenne et la Banque centrale européenne) qui ont saccagé les sociétés latino-américaines avant que celles-ci ne se rebellent.
Notes :
1. Argentine, Bolivie, Brésil, Equateur, Nicaragua, Paraguay (avant le coup d’Etat de 2012), Pérou, Uruguay, Venezuela.
2. Il s’agit de politiques visant à organiser une réappropriation par la puissance publique des ressources nationales et des sphères économiques et financières abandonnées à la finance, à élargir le périmètre de la propriété sociale, à consolider l’accès des populations – notamment pauvres et indigènes – aux droits fondamentaux et à développer de nouveaux droits sociaux et environnementaux, etc.
Projets décentralisation – Le règne des barons
Il l’avait promis pendant la campagne présidentielle, il proposerait rapidement un acte III de la décentralisation. François Hollande l’a confirmé, il en a une vision libérale, fustigeant les « contraintes » de la loi, et optant pour une République à géométrie variable.
Lors de la conclusion des Etats généraux de la démocratie territoriale les 4 et 5 octobre derniers, le président de la République a précisé son projet de nouvelle loi sur la décentralisation lancée et pilotée par Jean-Pierre Bel depuis décembre 2011. Les Etats généraux ont consisté en une large consultation des élus locaux, d’abord sous forme de questionnaires, puis lors de réunions locales organisées par les sénateurs.
Le point de départ de l’analyse de François Hollande est double : d’une part les collectivités territoriales ont de multiples compétences, redondantes et couteuses autant qu’illisibles. Il faut donc clarifier et surtout simplifier. D’autre part, la loi est un poids, et la diversité des territoires demande qu’elle soit adaptée : il faut donc laisser aux élus de chaque région le soin de définir les compétences qu’ils prennent en charge, et la manière dont ils le font.
La loi territorialisée
Ont été évoquées « 400 000 normes », qui seraient autant de « contraintes » qui s’imposent aux collectivités territoriales, et qui expliqueraient la lenteur de leurs actions, ou encore la complexité de leurs interventions. Or les normes sont issues des lois, et décidées par les représentants du peuple souverain. Elles ont pour objectif la sécurité, la qualité, le respect de l’environnement ou encore la transparence des achats financés par l’argent public.
Les normes, sources de perte d’efficacité selon François Hollande, visent pourtant à assurer par exemple un nombre suffisant d’auxiliaire de puériculture présentes dans les crèches pour s’occuper des enfants, ou encore à prévoir les conditions dans lesquelles doivent être triés les déchets par les communes ou les intercommunalités. Surtout, elles garantissent l’égalité de traitement des usagers et des citoyens sur le territoire.
François Hollande se propose de réduire l’importance des normes nationales, soit en supprimant certaines d’entre elles, soit en adaptant la loi en fonction des territoires. Cette « loi territorialisée » prendrait deux formes.
Premièrement, le transfert aux régions d’une grande partie des compétences en termes d’économie et d’emplois permettra, selon le président, « qu’il y ait [un] meilleur lien entre les qualifications qui sont proposées et les besoins des entreprises ». Les régions pourront donc librement définir les formations des demandeurs d’emplois en fonction de l’activité économique de leur territoire.
C’est une orientation dangereuse, qui rompt avec l’égalité d’accès à la formation sur le territoire. En effet, selon cette logique, le lieu où l’on se trouve déterminera alors les qualifications auxquelles il est possible d’avoir accès. Par ailleurs lier les formations à l’activité économique présente ne tient compte que des exigences immédiates des entreprises, et ni de la pérennité pour la personne de sa qualification, ni des besoins à moyen terme de la société, par exemple pour mener à bien la planification écologique. Jean-Claude Mailly a d’ailleurs parlé de « balkanisation » de la République le 10 octobre, pour qualifier cette proposition. En second lieu, François Hollande souhaite que les collectivités territoriales disposent d’un droit élargi à l’expérimentation. Sous couvert d’une nécessité d’innover et de prendre en compte les spécificités du territoire, l’absence de cadrage de ce droit, en termes de durée ou de territoires concernés ouvre la porte à la possibilité d’une loi différente selon les lieux. Cela constitue, là encore, une rupture avec le principe républicain d’égalité de traitement sur le territoire.
Des compétences à géométrie variable
Les précédentes lois de décentralisation ont consisté en un transfert de compétences depuis l’Etat vers différents niveaux de collectivités territoriales. François Hollande considère cette répartition à la fois illisible et trop rigide. En effet, les régions et les intercommunalités ont des compétences en matière d’aménagement du territoire. Les départements et les communes ont la responsabilité de l’action sociale, mais sur des dispositifs et des périmètres territoriaux différents.
Sur chaque domaine, il est question d’introduire un « chef de file », qui pourra imposer des orientations aux autres collectivités : « A chaque grande politique correspondrait une seule autorité qui fixerait les modalités et l’action qui peut être déléguée à d’autres collectivités ».
L’objectif est la lisibilité pour le citoyen des politiques menées. Mais dans cette hypothèse, quel sens donner au vote, si les élus n’ont pas la possibilité de choisir les politiques qu’ils mènent ? Quel visage de la République, si ces mêmes élus ne sont pas soumis uniquement à la loi nationale mais aussi aux décisions d’autres entités territoriales ?
C’est bel et bien la République à géométrie variable, à plusieurs vitesses que cette orientation donnée par le président, qui concorde avec les conclusions des sénateurs, institutionnalise.
Mais ce n’est pas tout. En plus de l’introduction de la collectivité « chef de file », François Hollande a évoqué, tout comme l’avaient fait Marylise Lebranchu et Jean-Pierre Bel dans les jours précédents, la possibilité pour les collectivités de « décider en commun [d’] un pacte de gouvernance territoriale ». A l’échelle de chaque région, les élus, rassemblés en « conférences territoriales » auraient toute latitude pour décider quel niveau de collectivité prend en charge quel compétence.
Derrière cette proposition, l’idée que les territoires n’ont pas les mêmes objectifs. François Hollande a parlé de « compétition mondiale » et notamment de la création « d’un statut de métropole », collectivité qui pourra se voir transférer des compétences des régions et de l’Etat.
C’est donc clairement la fracture entre les territoires qui se profile, entre ceux qui doivent s’inscrire dans la fameuse compétition mondiale, qui n’intéresse pourtant que les financiers et les importants, et ceux qui sont laissés de côté, en proie à la fermeture incessante des services publics, et au manque de moyens structurels. Ce système de configuration variable de la répartition des compétences renforce aussi le rôle des barons locaux, qui selon leur bon vouloir décideront de l’avenir du territoire, au détriment de la souveraineté populaire.
L’orientation donnée par le président est inquiétante. Sa conception libérale de la décentralisation met en péril les principes d’unité de la République et d’égalité de traitement sur le territoire. C’est au contraire d’une refondation complète des institutions dont nous avons besoin, non pas en laissant les mains libres aux barons, mais par une implication populaire qui élaborera et contrôlera démocratiquement, la nouvelle organisation.
Dépassements d’honoraires – Distribution de « Cartes Vitales Gold »
Suite au communiqué de Leila Chaibi, distribution de « Cartes Vitales Gold » par des militant-e-s du Front de Gauche le 22 octobre 2012.
Union européenne : la fuite en avant austéritaire
Quelques heures avant le sommet européen du 18 octobre 2012, Angela Merkel s’exprimait devant le parlement allemand et y proposait un droit d’ingérence sur les budgets nationaux par un commissaire européen. Matthias Tavel, du secteur « Etudes et arguments » du Parti de Gauche, décrypte ses projets autoritaires et ceux d’Herman Van Rompuy, président du Conseil européen.
Union européenne : la fuite en avant austéritaire
Quelques heures avant le sommet européen du 18 octobre 2012, Angela Merkel s’exprimait devant le parlement allemand et y proposait un droit d’ingérence sur les budgets nationaux par un commissaire européen. Matthias Tavel, du secteur « Etudes et arguments » du Parti de Gauche, décrypte ses projets autoritaires et ceux d’Herman Van Rompuy, président du Conseil européen.
Notre-Dame-des-Landes – Colère, Résistance et Solidarité
Samedi 20 octobre, à partir de 11 heures, 1500 manifestants ont défilé dans les rues de Nantes , derrière 7 tracteurs et devant un dispositif policier impressionnant. Dans l’unité, habitants de la ZAD, membres de l’ACIPA et de la coordination, citoyens ont crié leur colère, affirmé leur volonté de résistance et leur solidarité avec les habitants de la ZAD.
Partis de la Préfecture, passant devant la Mairie, ils sont allés jusqu’au square Daviais où eut lieu la grève de la faim au printemps dernier. Le Parti de Gauche qui depuis sa création réaffirme son opposition au projet d’aéroport, a pris toute sa place parmi les manifestants.
Colère face aux destructions, aux expulsions, à un gouvernement et son premier ministre aveugles devant l’ampleur de la crise écologique et sociale. Celle-ci exige d’autres orientations que leur appui politique et financier à Vinci, la destruction du bocage, de zones humides, de terres nourricières ou un développement du transport aérien.
Résistance et solidarité aux habitants expulsés qui voient leurs habitations détruites à la veille de la trêve hivernale, leurs cultures saccagées, victimes d’un pouvoir qui multiplie les gâchis financier, social et environnemental… au moment où sous couvert de dette souveraine à rembourser il organise l’austérité.
Une journée bien remplie
C’est d’ailleurs cette opposition à l’austérité et au pacte budgétaire européen économiquement absurde et socialement insupportable que rappelait le rassemblement unitaire organisé à 14h30 à l’appel d’associations, syndicats et partis politiques.
C’est aussi ce qu’exprimaient les 450 participants à la manifestation organisée à 15h30 par le collectif « Un toit pour toutes et tous » en soutien à l’occupation du « Lieu Unique » par des sans-abris, pour exiger l’application du droit au logement, l’accueil inconditionnel de toute personne sans abri, française ou étrangère. La présence de l’ACIPA faisait le lien avec la manifestation du matin.
Partout flottaient les drapeaux du Parti de Gauche !
Le Parti de Gauche soutient le processus de paix en Colombie
Le Parti de Gauche salue l’ouverture, jeudi 18 octobre à Oslo, des négociations officielles « pour une paix juste et durable » entre les Forces Armées Révolutionnaire de Colombie – Armée Populaire (FARC-EP) et le gouvernement Colombien.
La première phase du processus vient ainsi d’aboutir à l’installation publique de la « table de discussions chargée de développer l’accord général pour la fin du conflit et la construction d’une paix stable et durable ».
La deuxième phase aura lieu le 15 novembre à la Havane, Cuba, où sera abordé le premier point de l’agenda des discussions: la question du développement agricole.
La perspective de la paix doit bénéficier de toutes les garanties possibles, sociales, politiques et juridiques, pour avoir une chance de voir le jour et proposer enfin au peuple colombien un autre horizon que ce conflit armé vieux d’un demi-siècle qui a fait, rappelons-le, plus de 600 000 morts et a conduit au déplacement forcé de plus de 3 millions de personnes.
En ce sens, pour que le processus puisse aboutir à une paix juste et démocratique, il faudra aborder des sujet essentiels tels que la la réintégration des FARC-EP dans la vie civile, économique, sociale et politique du pays, l’indemnisation des victimes, et la la lutte pour éliminer les organisations criminelles, telles que les organisations paramilitaires et leurs réseaux d’appui. Cela devra inclure la lutte contre la corruption et l’impunité, et la recherche de la vérité sur tous les crimes contre l’Humanité commis durant toutes ces années de confrontation armée.
Il s’agit là d’une grande opportunité pour le peuple colombien pour s’attaquer aux racines profondes qui ont engendré le conflit armé : les énormes inégalités sociales, économiques, et environnementales qui gangrènent le pays.
C’est en ce sens que le Parti de Gauche soutient les revendications des très nombreux mouvements sociaux colombiens qui manifestent depuis plusieurs des semaines, en ce moment historique pour la Colombie, pour que ces négociations de paix permettent d’ouvrir une voie vers la construction d’une société basée sur une véritable justice sociale.
Réélection d’Hugo Chávez : et après ?
Quels sont les principaux défis auxquels doit faire face Hugo Chávez, notamment en termes de sécurité ?
Il est clair qu’il s’agit d’un défi majeur pour Hugo Chávez et le gouvernement vénézuélien. Et ce, depuis maintenant plusieurs années puisque le Venezuela vit avec une insécurité structurelle qui n’est pas jugulée et qui évidemment pose des problèmes au pays.
On estime qu’entre 14 000 et 19 000 homicides sont commis au Venezuela chaque année –les chiffres sont discutés et divergent selon les sources–, ce qui en fait l’un des pays les plus touchés, juste derrière le Honduras.
Pendant assez longtemps, le gouvernement a misé sur la lutte contre la pauvreté – domaine où il a atteint d’importants résultats – comme moyen de contrer l’insécurité mais il n’avait pas pris la mesure de la mutation de la nature de cette dernière. L’insécurité est évidemment liée à la pauvreté mais également au développement des trafics et des gangs prenant part au commerce de la drogue. Le Venezuela est devenu l’un des théâtres d’opération de ce commerce dans la région. Il est victime, du fait de sa proximité avec la Colombie (principal producteur de cocaïne), de l’utilisation de son territoire par les narcotrafics comme voie de passage pour la production et l’intermédiation de la vente.
C’est bien sûr une lourde tâche de régler tout cela mais depuis maintenant un peu plus d’un an, le Venezuela a décidé de mettre en place une police nationale. C’est une première. Cela n’a jamais existé auparavant dans le pays. Quand on est en France, il est difficile d’imaginer une telle chose, mais jusqu’à présent, le Venezuela était un pays dans lequel la sécurité publique était assurée par des polices locales au nombre de 110 à 120 sur tout le territoire. Sans coordination nationale, elles constituaient autant de fiefs autonomes. Cette situation ne répondait pas du tout au défi de l’insécurité. De plus, l’existence d’une telle multiplicité de polices locales est très propice à la corruption. Le gouvernement vénézuélien a changé d’axe et a décidé de créer et de former une police nationale. Il a mis en place plusieurs structures : le Centre de formation policière (Cefopol), l’Université nationale expérimentale de la sécurité (UNES) et la Police nationale bolivarienne (PNB).
Les policiers devront à la fois répondre aux exigences des métiers de la police mais aussi à celles consistant à établir une certaine proximité avec les communautés, avec les quartiers. Il s’agit de construire un accompagnement social des politiques répressives, un travail préventif important. Les policiers ont également accès à une formation scolaire et universitaire en sciences sociales qui leur permet d’avoir une vision élargie des problèmes sociaux auxquels sont confrontés le Venezuela et, en particulier, les populations concernées par le crime, les trafics et les violences.
C’est une expérience assez novatrice qui débute, il est donc un peu tôt pour en tirer un bilan. En 2012, une première promotion de cette police nationale a émergé. Elle est constituée de 8 000 policiers répartis sur l’ensemble du pays. Ils sont en grande partie concentrés dans la capitale, Caracas.
Cependant, on en trouve également dans cinq Etats (le Venezuela est composé de 24 Etats) où se concentrent précisément de nombreux problèmes de trafics, comme par exemple dans l’Etat de Tachira qui est à la frontière colombienne. Un effectif de 8 000 agents est un bon début mais c’est encore peu pour couvrir l’immensité de ce territoire et gérer tous les problèmes de sécurité. Cette réforme structurelle va demander du temps. A cette étape, on peut confirmer qu’un processus est amorcé, qu’une impulsion est donnée. Il faudra suivre cela de près pour observer les résultats.
Il n’y a aucun doute sur le fait qu’il s’agit d’une priorité absolue pour le gouvernement vénézuélien. Ce dernier a d’ailleurs indiqué que des résultats ont été obtenus sur cette année et demi dans des quartiers test où la police nationale a quasiment remplacé les polices locales. Plus précisément, ces dernières doivent pouvoir, à terme, être intégrées au sein de la police nationale, par la formation des agents aux nouvelles méthodes et approches.
Quid de la succession de Chávez ? Pensez-vous que l’on voit émerger la constitution d’un parti chaviste et l’institutionnalisation de la révolution bolivarienne ?
Tout d’abord, il faut rappeler que le président vénézuélien est là et bien là pour le moment. Il affirme d’ailleurs être guéri de son cancer. Mais cette question de l’après Chavez est désormais posée objectivement. Il est d’ailleurs le premier à en parler.
Il s’agit de savoir s’il est possible de succéder à Hugo Chávez. Cela me paraît difficile car je pense qu’il a eu un rôle particulièrement singulier ces dix dernières années. Ce type de dirigeant politique, indépendamment de ce qu’on pense de son action, ne se reproduit pas à chaque génération. Ce qui arrivera après lui sera une continuité, tout en étant également quelque chose de différent par rapport à la période précédente.
Aujourd’hui, on remarque clairement qu’il y a un certain nombre de cadres du Parti socialiste uni du Venezuela (parti de la majorité présidentielle) qui ont émergé et occupent des fonctions très importantes au sein de l’appareil d’Etat ou au sein de la vie économique ou médiatique vénézuélienne. En cas de nécessité, ils pourront assurer une continuité.
Mais il est impossible de dire pour le moment comment cela va se passer : est-ce Chávez lui-même qui va en quelque sorte désigner celui qu’il pense pouvoir voir candidater aux prochaines élections présidentielles ? Est-ce le parti qui va faire une proposition ? Nous n’en savons rien mais il est probable que Chávez ait un rôle prépondérant dans ce processus.
Concernant l’institutionnalisation du processus de la « révolution bolivarienne », je pense qu’elle s’amorce lentement. Ce processus repose sur une articulation entre la construction de l’Etat vénézuélien et la mise en place d’une démocratie beaucoup plus locale qui se bâtit, elle, au travers de ce que l’on appelle là-bas « les Conseils communaux ». Ils constituent une expérience de démocratie localisée, de type participative, et construisent peu à peu une génération de citoyens engagés, responsabilisés qui s’articulent autour du pouvoir d’Etat. L’institutionnalisation se construira dans la dialectique qui opère entre ces deux dynamiques-là.
Lorsqu’on parle du Venezuela, il faut toujours se souvenir que ce pays n’est pas la France ou un pays européen. Il faut savoir qu’il dispose d’un Etat embryonnaire qui n’existe même pas sur certaines zones du territoire. L’ambition de cette « Révolution bolivarienne » est justement de construire cet Etat et de lui donner une forte dimension sociale, de redistribution des richesses.
En réalité, cette ambition s’affirme depuis ces dix dernières années, en particulier depuis 2003, lorsqu’ Hugo Chavez est sorti du coup d’Etat qu’il avait subi, puis de la grève pétrolière organisée par le patronat vénézuélien. C’est à partir de ce moment-là que Chávez a réellement mis en place les politiques dont on discute aujourd’hui.
Mais de nouvelles doivent s’organiser. Elles concernent l’amélioration de la gestion concrète des politiques publiques et le contrôle de cette gestion pour lutter notamment contre les phénomènes de corruption. Chavez vient de nommer une nouvelle ministre de la présidence, Carmen Meléndez, dont la tâche sera de superviser le suivi et le contrôle des programmes du gouvernement.
La vie politique du Venezuela s’intensifie et ce processus voit un nombre d’acteurs de plus en plus nombreux s’y associer. Il est difficile de dire exactement ce que ces derniers vont écrire comme futur pour leur pays, mais nous pouvons d’ores et déjà affirmer qu’ils vont l’écrire pendant et après Chávez.
Le voyage d’observation que j’ai pu faire récemment sur place indique bien que l’on est dans un processus irréversible.
La réélection d’Hugo Chávez est-elle symbolique de la dynamique de la gauche en Amérique latine ?
Absolument. Elle est non seulement symbolique de la dynamique de cette gauche latino-américaine mais elle est aussi nécessaire à sa consolidation et à l’approfondissement de ses actions.
C’est d’ailleurs pour cela qu’avant l’élection, le fait que l’ancien président brésilien Lula ait prononcé cette phrase forte « Ta victoire sera la nôtre » a bien indiqué le sens et la place du Venezuela dans le dispositif latino-américain aujourd’hui.
Le pays est central dans le développement des gauches latino-américaines et dans celui des politiques économiques, sociales et internationales qui sont aujourd’hui mises en place dans la région. Le Venezuela est un élément clé dans la marche de cette dernière vers son indépendance et son autonomisation par rapport à la tutelle nord-américaine et dans la diversification de ses alliances vers le Sud, avec la Chine notamment.
*A chaque élection, le Conseil national électoral vénézuélien invite des délégués internationaux issus de la société civile, des élus politiques, des dirigeants d’organisations syndicales et politiques à venir au Venezuela observer le processus électoral et attester de sa bonne conduite.
Pas d’exploitation des gaz et huiles de schiste, ni en Ile-de-France, ni ailleurs !
La Région Ile-de-France adoptera son Schéma Directeur Régional (SDRIF) le 24 octobre.
Pas une mention n’était faite dans ce document volumineux pour s’opposer à l’exploitation des gaz et huiles de schiste. Voilà de quoi inquiéter à l’aune de la cacophonie gouvernementale.
Ne nous laissons pas enfumer par les déclarations de François Hollande ! Le Président de la République a annoncé lors de son discours inaugural de la conférence environnementale qu’il allait faire interdire 7 permis d’exploration de gaz de schiste. Il en reste maintenant plus de 35, dont de nombreux en Ile-de-France ! Ils sont tout autant dangereux pour l’écosystème humain que pour la santé des habitants.
Pour Pascale Le Néouannic, présidente du groupe Front de Gauche & Alternatifs « L’aggravation du contexte de crise climatique impose de sortir du modèle de développement productiviste et d’inventer une logique économique réellement alternative pour préparer dès aujourd’hui une société de sobriété énergétique. Les gaz et huiles de schiste doivent rester dans les roches. »
C’est pourquoi le groupe Front de Gauche & Alternatifs a déposé un amendement pour que la Région s’oppose à toute exploitation des gaz et huiles de schiste sur son territoire.