Justice • Bonjour la marchandisation !

Taubira-christiane-20090822_9148

Christiane Taubira s’était attirée la sympathie de beaucoup d’entre nous, inversement proportionnelle à la haine déployée par la droite contre elle. On peut lui reconnaître l’intention affichée pendant quelques semaines de rompre non seulement avec la politique du tout-carcéral précédemment suivie, mais aussi avec la marchandisation et la destruction du service public de la justice.
Ses déclarations fermes n’auront pas résisté longtemps face à la logique gouvernementale de capitulation devant les puissants. « L’industrie de la punition » (1) n’est pas une nouveauté. Vouloir en terminer avec elle, c’est sans doute ce qui a valu à Christiane Taubira autant d’inimitiés, y compris parmi les élus du PS.

Combien d’entre eux ont voté sans état d’âme la mise en place de caméras de vidéos-surveillance aux frais de leur propre collectivité, pour le plus grand profit des entreprises privées qui fabriquent ces dispositifs dont l’efficacité contre la délinquance n’a jamais été démontrée, sans même parler de l’idéologie qu’ils sous-tendent ? Si vous y ajoutez un certain pistolet à impulsion électrique, plus connu sous le nom de la marque qui en a presque le monopole de fabrication, et qui dote de très nombreux policiers, vous comprenez l’importance de cette industrie.

Promesses non tenues

Mais ceci n’est rien comparé aux « projets immobiliers» de l’Etat et notamment du ministère de la justice. Lequel a même connu, de juin 2002 à janvier 2004, un secrétaire d’Etat ad hoc en la personne de Pierre Bédier, condamné en mai 2008 à 50 000 euros d’amende, 18 mois d’emprisonnement avec sursis et 6 ans d’inéligibilité pour corruption et recel d’abus de biens sociaux !
La rénovation et la construction de tribunaux et de prisons représentent plusieurs milliards d’euros. L’outil miracle pour en faire une manne au profit du privé et au détriment de la puissance publique, ce sont les partenariats public-privé (PPP). Ceux-ci (cf encadré) sont de l’aveu même de l’actuelle ministre de la justice, particulièrement ruineux pour un ministère parmi les plus déshérités de la République.
Peu après son arrivée Place Vendôme, Christiane Taubira les jugeait « pas acceptables » (2), s’engageant le 26 septembre, sur l’interpellation de Jean-Jacques Mirassou, sénateur PS de Haute-Garonne, à « y mettre fin, pour l’avenir ». Elle précisait que leur coût représentait en 2012, 13,5% du budget de l’administration pénitentiaire et que 49% de la population carcérale étaient concernés.

Las ! Dès novembre, la ministre, arguant de « l’urgence », confirmait la construction du nouveau Palais de justice de Caen selon la procédure de PPP. Pire : après avoir indiqué qu’elle ne remettrait pas en cause les contrats signés par la précédente majorité pour la construction de nouvelles prisons selon le même dispositif car « se dédire aurait coûté très cher », elle signait le 13 décembre de nouveaux contrats de construction en PPP pour trois établissements supplémentaires à Valence (456 places), Riom (554 places) et Beauvais (594 places), ainsi que pour la rénovation de la prison de la Santé à Paris !
Toujours la justification de l’urgence, suite au énième rapport sur les conditions inhumaines de détention aux Baumettes. Il faut dire qu’une étude statistique récente du ministère de la justice révélait que, entre la période 2004-2006 et la période 2008-2010, c’était 12 000 années de prison supplémentaires qui avaient été prononcées par les juges ! L’essentiel de cette folie carcérale étant due aux peines-plancher, toujours pas abrogées.

Bouygues gagnant
Que produit la prison ? Quels en sont les effets désocialisants, fut-ce dans les établissements flambants neufs ? On croyait ces questions résolues à gauche, à la lumière des études qui conduisent toutes à conclure que l’inflation carcérale est un échec et que l’abrogation des lois iniques votées sous la droite s’impose pour y mettre fin.
Malheureusement, la politique judiciaire du gouvernement est la même qu’en matière économique : au lieu de rompre avec la logique à l’œuvre en agissant sur les causes, on préfère intégrer la logique libérale pour ne pas froisser « les marchés ». Et on n’hésite pas pour cela à remettre (beaucoup) d’argent public au pot, au profit de quelques grands groupes influents !
Le comble du renoncement est atteint avec les arbitrages sur le nouveau Palais de justice de Paris (3). Un marché de 2,7 milliards d’euros qui reviendra à Bouygues selon la méthode du PPP, comme prévu sous la droite.
La résistance de la ministre aura pesé bien peu face au lobbying intense du bétonneur et patron de presse national auprès de Matignon, fortement relayé par le maire de Paris. Pourtant, Christiane Taubira proclamait le 30 octobre devant l’Assemblée nationale : « Il serait facile pour moi de conserver les choses en l’état. Les travaux seraient livrés en 2016, j’aurais le plaisir d’inaugurer en 2017, et je laisserais à mes successeurs la lourde ardoise de 90 millions d’euros de loyer annuel. Ce serait facile, mais irresponsable ».

En cas de renoncement, l’Etat aurait dû verser à Bouygues 80 millions d’euros, soit moins qu’un loyer annuel, lequel sera dû jusqu’en 2043. Les PPP ? « Une fragilisation des finances publiques », « un engagement pour deux générations », dixit Christiane Taubira. Et surtout une logique de démantèlement du service public, de privatisation de missions régaliennes au mépris de l’intérêt général.

Une logique désormais « acceptable » semble-t-il pour la ministre. Laquelle n’a pas su trouver 65 millions d’euros pour supprimer dès 2013 la taxe de 35 euros (150 euros en appel) désormais demandée à quiconque saisit la justice prud’homale, civile ou commerciale !

Pauvre justice, cependant bien alléchante pour les riches industriels !

(1) « L’industrie de la punition, prison et politique pénale en Occident », par Nils Christie, 2003, collection Frontières, édition Autrement
(2) « Les Echos », 26 juin 2012
(3) « Taubira condamnée à 27 ans de bétonnage forcé », Le Canard Enchaîné du 16 janvier 2013

Crédit photo photosdegauche.fr (michel_soudais)

Qu’est-ce qu’un PPP ?

Il s’agit d’un système de passation des marchés publics, né en Angleterre et introduit dans le droit français par l’ordonnance du 17 juin 2004, par lequel une collectivité publique confie au secteur privé la réalisation et l’exploitation d’un ouvrage ou d’un service publics, moyennant le  paiement par le public d’un loyer annuel. Ce n’est qu’à l’issue d’une durée contractuelle, de 10 à 30 ans en moyenne, mais pouvant aller jusqu’à 70 ans, que le loyer n’est plus dû et que la propriété est transférée à la puissance publique. Cette dernière se trouve donc engagée pour longtemps et ne peut se défaire de ces contrats avant terme qu’au prix d’indemnisations parfois exorbitantes, d’autant plus importantes qu’il y a eu un commencement d’exécution dudit contrat.
L’objectif de rentabilité a été poussé à l’extrême aux Etats-Unis, où l’on a vu des juges (élus) se laisser corrompre pour prononcer les peines d’emprisonnement les plus lourdes possible, y compris à l’égard de personnes ayant pu par la suite prouver leur innocence : une place de prison vide est en effet une catastrophe financière pour les investisseurs. Pas de risque dans un pays qui compte un taux d’incarcération 5 fois supérieur à celui de la France!

Justice • Bonjour la marchandisation !

Taubira-christiane-20090822_9148

Christiane Taubira s’était attirée la sympathie de beaucoup d’entre nous, inversement proportionnelle à la haine déployée par la droite contre elle. On peut lui reconnaître l’intention affichée pendant quelques semaines de rompre non seulement avec la politique du tout-carcéral précédemment suivie, mais aussi avec la marchandisation et la destruction du service public de la justice.
Ses déclarations fermes n’auront pas résisté longtemps face à la logique gouvernementale de capitulation devant les puissants. « L’industrie de la punition » (1) n’est pas une nouveauté. Vouloir en terminer avec elle, c’est sans doute ce qui a valu à Christiane Taubira autant d’inimitiés, y compris parmi les élus du PS.

Combien d’entre eux ont voté sans état d’âme la mise en place de caméras de vidéos-surveillance aux frais de leur propre collectivité, pour le plus grand profit des entreprises privées qui fabriquent ces dispositifs dont l’efficacité contre la délinquance n’a jamais été démontrée, sans même parler de l’idéologie qu’ils sous-tendent ? Si vous y ajoutez un certain pistolet à impulsion électrique, plus connu sous le nom de la marque qui en a presque le monopole de fabrication, et qui dote de très nombreux policiers, vous comprenez l’importance de cette industrie.

Promesses non tenues

Mais ceci n’est rien comparé aux « projets immobiliers» de l’Etat et notamment du ministère de la justice. Lequel a même connu, de juin 2002 à janvier 2004, un secrétaire d’Etat ad hoc en la personne de Pierre Bédier, condamné en mai 2008 à 50 000 euros d’amende, 18 mois d’emprisonnement avec sursis et 6 ans d’inéligibilité pour corruption et recel d’abus de biens sociaux !
La rénovation et la construction de tribunaux et de prisons représentent plusieurs milliards d’euros. L’outil miracle pour en faire une manne au profit du privé et au détriment de la puissance publique, ce sont les partenariats public-privé (PPP). Ceux-ci (cf encadré) sont de l’aveu même de l’actuelle ministre de la justice, particulièrement ruineux pour un ministère parmi les plus déshérités de la République.
Peu après son arrivée Place Vendôme, Christiane Taubira les jugeait « pas acceptables » (2), s’engageant le 26 septembre, sur l’interpellation de Jean-Jacques Mirassou, sénateur PS de Haute-Garonne, à « y mettre fin, pour l’avenir ». Elle précisait que leur coût représentait en 2012, 13,5% du budget de l’administration pénitentiaire et que 49% de la population carcérale étaient concernés.

Las ! Dès novembre, la ministre, arguant de « l’urgence », confirmait la construction du nouveau Palais de justice de Caen selon la procédure de PPP. Pire : après avoir indiqué qu’elle ne remettrait pas en cause les contrats signés par la précédente majorité pour la construction de nouvelles prisons selon le même dispositif car « se dédire aurait coûté très cher », elle signait le 13 décembre de nouveaux contrats de construction en PPP pour trois établissements supplémentaires à Valence (456 places), Riom (554 places) et Beauvais (594 places), ainsi que pour la rénovation de la prison de la Santé à Paris !
Toujours la justification de l’urgence, suite au énième rapport sur les conditions inhumaines de détention aux Baumettes. Il faut dire qu’une étude statistique récente du ministère de la justice révélait que, entre la période 2004-2006 et la période 2008-2010, c’était 12 000 années de prison supplémentaires qui avaient été prononcées par les juges ! L’essentiel de cette folie carcérale étant due aux peines-plancher, toujours pas abrogées.

Bouygues gagnant
Que produit la prison ? Quels en sont les effets désocialisants, fut-ce dans les établissements flambants neufs ? On croyait ces questions résolues à gauche, à la lumière des études qui conduisent toutes à conclure que l’inflation carcérale est un échec et que l’abrogation des lois iniques votées sous la droite s’impose pour y mettre fin.
Malheureusement, la politique judiciaire du gouvernement est la même qu’en matière économique : au lieu de rompre avec la logique à l’œuvre en agissant sur les causes, on préfère intégrer la logique libérale pour ne pas froisser « les marchés ». Et on n’hésite pas pour cela à remettre (beaucoup) d’argent public au pot, au profit de quelques grands groupes influents !
Le comble du renoncement est atteint avec les arbitrages sur le nouveau Palais de justice de Paris (3). Un marché de 2,7 milliards d’euros qui reviendra à Bouygues selon la méthode du PPP, comme prévu sous la droite.
La résistance de la ministre aura pesé bien peu face au lobbying intense du bétonneur et patron de presse national auprès de Matignon, fortement relayé par le maire de Paris. Pourtant, Christiane Taubira proclamait le 30 octobre devant l’Assemblée nationale : « Il serait facile pour moi de conserver les choses en l’état. Les travaux seraient livrés en 2016, j’aurais le plaisir d’inaugurer en 2017, et je laisserais à mes successeurs la lourde ardoise de 90 millions d’euros de loyer annuel. Ce serait facile, mais irresponsable ».

En cas de renoncement, l’Etat aurait dû verser à Bouygues 80 millions d’euros, soit moins qu’un loyer annuel, lequel sera dû jusqu’en 2043. Les PPP ? « Une fragilisation des finances publiques », « un engagement pour deux générations », dixit Christiane Taubira. Et surtout une logique de démantèlement du service public, de privatisation de missions régaliennes au mépris de l’intérêt général.

Une logique désormais « acceptable » semble-t-il pour la ministre. Laquelle n’a pas su trouver 65 millions d’euros pour supprimer dès 2013 la taxe de 35 euros (150 euros en appel) désormais demandée à quiconque saisit la justice prud’homale, civile ou commerciale !

Pauvre justice, cependant bien alléchante pour les riches industriels !

(1) « L’industrie de la punition, prison et politique pénale en Occident », par Nils Christie, 2003, collection Frontières, édition Autrement
(2) « Les Echos », 26 juin 2012
(3) « Taubira condamnée à 27 ans de bétonnage forcé », Le Canard Enchaîné du 16 janvier 2013

Crédit photo photosdegauche.fr (michel_soudais)

Qu’est-ce qu’un PPP ?

Il s’agit d’un système de passation des marchés publics, né en Angleterre et introduit dans le droit français par l’ordonnance du 17 juin 2004, par lequel une collectivité publique confie au secteur privé la réalisation et l’exploitation d’un ouvrage ou d’un service publics, moyennant le  paiement par le public d’un loyer annuel. Ce n’est qu’à l’issue d’une durée contractuelle, de 10 à 30 ans en moyenne, mais pouvant aller jusqu’à 70 ans, que le loyer n’est plus dû et que la propriété est transférée à la puissance publique. Cette dernière se trouve donc engagée pour longtemps et ne peut se défaire de ces contrats avant terme qu’au prix d’indemnisations parfois exorbitantes, d’autant plus importantes qu’il y a eu un commencement d’exécution dudit contrat.
L’objectif de rentabilité a été poussé à l’extrême aux Etats-Unis, où l’on a vu des juges (élus) se laisser corrompre pour prononcer les peines d’emprisonnement les plus lourdes possible, y compris à l’égard de personnes ayant pu par la suite prouver leur innocence : une place de prison vide est en effet une catastrophe financière pour les investisseurs. Pas de risque dans un pays qui compte un taux d’incarcération 5 fois supérieur à celui de la France!

Le facteur cheval

La traçabilité c’est formidable ! Il n’aura fallu que quelques jours pour savoir que les lasagnes à la viande de cheval-déguisé-en-bœuf qui défraient actuellement la chronique ont été fabriquées au Luxembourg par Tavola, société liée à Comigel, le fournisseur de Findus, à partir d’une viande vendue par Spanghero, une entreprise établie à Castelnaudary et chapeautée par la holding Poujol. Cette dernière aurait acquis la viande auprès d’un trader chypriote, qui a sous-traité la commande à un autre trader résidant aux Pays-Bas. Ce dernier se serait procuré la viande auprès d’un abattoir en Roumanie. Quelle transparence ! Bientôt vous connaîtrez le nom du cheval que vous avez mangé. La modernité est en marche. Elle irradie nos usines agroalimentaires et nos abattoirs. Le président de l’Association nationale des industries alimentaires explique ainsi que le test ADN est la seule façon pour les professionnels de différencier la viande de bœuf de celle du cheval. On se demande comment les bouchers d’autrefois faisaient pour ne pas se faire refiler des rosses peu recommandables. Peut-être qu’ils touchaient la viande ? Un crime contre l’hygiène ! Plus scrupuleuse, la société Spanghero explique par communiqué que la viande reçue a été transmise sans aucune transformation. Elle prétend qu’elle n’a même pas été déballée. Ce qui ne l’empêche pas d’avoir pratiqué des analyses bactériologiques qui se sont révélées conformes. A travers le plastique, trop fort ! Dommage qu’ils aient oublié de demander à l’appareil si l’intérieur du plastique était bien en bœuf.

L’Union européenne n’a jamais osé prétendre sérieusement qu’elle défendait les travailleurs. Mais en échange des sacrifices qu’elle leur réclamait, elle a toujours clamé qu’elle les protégeait farouchement en tant que consommateurs. Hélas la qualité de la nourriture n’est apparemment pas plus compatible que le progrès social avec la concurrence libre et non faussée et la maximisation de valeur pour l’actionnaire dont elle fait sa loi suprême. Dans cette cascade de sous-traitance transfrontalière, il faut bien que chacun gratte quelque-chose. Apparemment il y en a un qui a gratté un peu fort. Et la main invisible du marché est restée désespérément aveugle sur la qualité finale du produit. C’est le premier ministre britannique qui a levé le « scandale du horsegate ». Le même défendait la semaine dernière la casse du budget européen. Cela fera moins de fonctionnaires tatillons. Prenez donc exemple sur les banquiers ! Ne s’autorégulent-ils pas eux-mêmes en évitant les dispositifs publics coûteux pour nos finances ? Les bœufs n’ont qu’à veiller à ne pas mélanger leur viande avec n’importe qui. Un ministre français affirme qu’il « découvre la complexité des circuits et de ce système de jeux de ’trading’ entre grossistes à l’échelle européenne ». On l’aurait compris du ministre des anciens combattants mais c’est celui de l’agriculture qui fait cet aveu. Heureusement, nos ministres vont bientôt avoir des informations de première main grâce à une réunion avec les dirigeants de la filière. Après avoir sauvé le « modèle français » de banque universelle, ils devraient parvenir à blanchir le « modèle français » de grande distribution et le « modèle français » d’agriculture productiviste. Le coupable n’a sûrement rien à voir avec tout cela pas plus qu’avec l’économie capitaliste. Qui est-ce alors ? Attendez d’avoir le nom du cheval. Ce drôle de nomade ne doit pas se contenter d’être roumain. C’est sûrement un Rom.

Le facteur cheval

La traçabilité c’est formidable ! Il n’aura fallu que quelques jours pour savoir que les lasagnes à la viande de cheval-déguisé-en-bœuf qui défraient actuellement la chronique ont été fabriquées au Luxembourg par Tavola, société liée à Comigel, le fournisseur de Findus, à partir d’une viande vendue par Spanghero, une entreprise établie à Castelnaudary et chapeautée par la holding Poujol. Cette dernière aurait acquis la viande auprès d’un trader chypriote, qui a sous-traité la commande à un autre trader résidant aux Pays-Bas. Ce dernier se serait procuré la viande auprès d’un abattoir en Roumanie. Quelle transparence ! Bientôt vous connaîtrez le nom du cheval que vous avez mangé. La modernité est en marche. Elle irradie nos usines agroalimentaires et nos abattoirs. Le président de l’Association nationale des industries alimentaires explique ainsi que le test ADN est la seule façon pour les professionnels de différencier la viande de bœuf de celle du cheval. On se demande comment les bouchers d’autrefois faisaient pour ne pas se faire refiler des rosses peu recommandables. Peut-être qu’ils touchaient la viande ? Un crime contre l’hygiène ! Plus scrupuleuse, la société Spanghero explique par communiqué que la viande reçue a été transmise sans aucune transformation. Elle prétend qu’elle n’a même pas été déballée. Ce qui ne l’empêche pas d’avoir pratiqué des analyses bactériologiques qui se sont révélées conformes. A travers le plastique, trop fort ! Dommage qu’ils aient oublié de demander à l’appareil si l’intérieur du plastique était bien en bœuf.

L’Union européenne n’a jamais osé prétendre sérieusement qu’elle défendait les travailleurs. Mais en échange des sacrifices qu’elle leur réclamait, elle a toujours clamé qu’elle les protégeait farouchement en tant que consommateurs. Hélas la qualité de la nourriture n’est apparemment pas plus compatible que le progrès social avec la concurrence libre et non faussée et la maximisation de valeur pour l’actionnaire dont elle fait sa loi suprême. Dans cette cascade de sous-traitance transfrontalière, il faut bien que chacun gratte quelque-chose. Apparemment il y en a un qui a gratté un peu fort. Et la main invisible du marché est restée désespérément aveugle sur la qualité finale du produit. C’est le premier ministre britannique qui a levé le « scandale du horsegate ». Le même défendait la semaine dernière la casse du budget européen. Cela fera moins de fonctionnaires tatillons. Prenez donc exemple sur les banquiers ! Ne s’autorégulent-ils pas eux-mêmes en évitant les dispositifs publics coûteux pour nos finances ? Les bœufs n’ont qu’à veiller à ne pas mélanger leur viande avec n’importe qui. Un ministre français affirme qu’il « découvre la complexité des circuits et de ce système de jeux de ’trading’ entre grossistes à l’échelle européenne ». On l’aurait compris du ministre des anciens combattants mais c’est celui de l’agriculture qui fait cet aveu. Heureusement, nos ministres vont bientôt avoir des informations de première main grâce à une réunion avec les dirigeants de la filière. Après avoir sauvé le « modèle français » de banque universelle, ils devraient parvenir à blanchir le « modèle français » de grande distribution et le « modèle français » d’agriculture productiviste. Le coupable n’a sûrement rien à voir avec tout cela pas plus qu’avec l’économie capitaliste. Qui est-ce alors ? Attendez d’avoir le nom du cheval. Ce drôle de nomade ne doit pas se contenter d’être roumain. C’est sûrement un Rom.

Le scandale n’est pas la viande de cheval

Le scandale n’est pas la viande de cheval
mais la recherche du profit au détriment de la sécurité.

Pourquoi faut-il aller chercher la viande si loin pour faire des plats préparés ? Le scandale ce n’est pas seulement le remplacement de la viande de boeuf par la viande de cheval, c’est toute l’organisation de ce marché qui n’a qu’un objectif : faire le plus d’argent possible sans se soucier ni des éleveurs ni des consommateurs. A ce jour, rien ne nous garantie que l’escroquerie ne cache pas en plus un problème sanitaire.

La seule solution pour la sécurité alimentaire c’est de relocaliser : utiliser prioritairement la viande produite dans chaque pays, tout en renforçant le dispositif de traçabilité et contrôles aujourd’hui totalement affaibli dans le cadre de la politique de démantèlement des services publics. Cela permettra de réels contrôles sur ce qu’on mange et les éleveurs pourront vivre de leur travail.
Le Parti de Gauche exige que toute la lumière soit faite sur les intermédiaires qui profitent de ces circuits européens. Il faut en finir avec la concurrence libre et non faussée imposée en Europe qui ne peut que déboucher sur de tels scandales. Il est temps de revenir à une agriculture paysanne au service des paysans et des consommateurs.

Le scandale n’est pas la viande de cheval

Le scandale n’est pas la viande de cheval
mais la recherche du profit au détriment de la sécurité.

Pourquoi faut-il aller chercher la viande si loin pour faire des plats préparés ? Le scandale ce n’est pas seulement le remplacement de la viande de boeuf par la viande de cheval, c’est toute l’organisation de ce marché qui n’a qu’un objectif : faire le plus d’argent possible sans se soucier ni des éleveurs ni des consommateurs. A ce jour, rien ne nous garantie que l’escroquerie ne cache pas en plus un problème sanitaire.

La seule solution pour la sécurité alimentaire c’est de relocaliser : utiliser prioritairement la viande produite dans chaque pays, tout en renforçant le dispositif de traçabilité et contrôles aujourd’hui totalement affaibli dans le cadre de la politique de démantèlement des services publics. Cela permettra de réels contrôles sur ce qu’on mange et les éleveurs pourront vivre de leur travail.
Le Parti de Gauche exige que toute la lumière soit faite sur les intermédiaires qui profitent de ces circuits européens. Il faut en finir avec la concurrence libre et non faussée imposée en Europe qui ne peut que déboucher sur de tels scandales. Il est temps de revenir à une agriculture paysanne au service des paysans et des consommateurs.

Peillon, de la division à la soustraction

manif_rythmes_scolaires« Lorsqu’on croit que les masses ne peuvent être achetées qu’avec des pourboires, on finit par perdre [leur] confiance et le respect de ses adversaires ; on ne gagne rien, mais on perd tout ». Vincent Peillon ferait bien de méditer cette sentence de Rosa Luxemburg à l’heure où il cherche à diviser le mouvement qui s’est levé contre sa réforme des rythmes scolaires et plus généralement contre sa loi d’orientation scolaire en octroyant aux enseignants du premier degré une prime annuelle de 400 €.

Fin janvier, Vincent Peillon faisait d’abord sortir les aboyeurs du PS et les médiacrates pour taxer les enseignants de corporatisme. La ficelle un peu grosse, et surtout largement élimée par la Droite, ne suffisait pas à opposer enseignants et parents. Deuxième tentative quelques jours plus tard. Alors que la question salariale dans la fonction publique vient d’être balayée d’un revers de manche par le gouvernement, Vincent Peillon propose maintenant un troc aux seuls enseignants du primaire, le secondaire étant de fait doublement oublié, dans la réforme comme financièrement. Le Ministre est hors-sujet. Les enseignants n’attendent pas une aumône de sa part. Ce n’est pas d’une prime dont ils ont besoin mais d’un salaire à la hauteur du service qu’ils rendent à la Nation, un salaire qui leur permette de vivre dignement de leur travail et les mette à distance des intérêts individuels et clientélistes.

A trop vouloir diviser, le Ministre a fini par soustraire. Alors même que le principe d’une réforme des rythmes faisait l’unanimité dans la communauté éducative, et continue d’ailleurs à la faire tant cette évolution est nécessaire, le Ministre s’enferme dans la solitude et cherche à passer en force comme en témoigne le dédain méprisant affiché suite à l’avis négatif rendu par le Conseil Supérieur de l’Education (CSE) sur son décret.

N’en déplaise au Ministre, ce que demandent les enseignants avec le reste de la communauté éducative, c’est une réforme qui engage enfin les ruptures nécessaires avec la casse méthodique orchestrée depuis 10 ans. Ce qu’ils demandent, c’est une refondation de l’école qui permette la réussite de tous les élèves. La réforme des rythmes scolaires aurait dû permettre de repenser la place de l’enfant dans la société et le rôle de l’école dans sa construction. A quoi sert l’école ? Voilà l’impensé permanent de Vincent Peillon qui traverse tant les rythmes que la loi d’orientation. Les savoirs et les apprentissages sont-ils purement utilitaristes ou visent-ils à l’émancipation ? Comment peut-on rendre la vie en collectivité épanouissante ? Qu’est-ce que cela présuppose en termes d’organisation ?

Au-delà du manque d’ambition, ce sont les capitulations idéologiques de l’égalité des chances et du socle commun contenues dans la loi d’orientation qui se déclinent jusque dans la réforme des rythmes et en font une nouvelle occasion manquée. La réforme des rythmes scolaires version Peillon entérine cette idée d’une école à plusieurs vitesses. En rejetant dans le temps périscolaires des activités et des apprentissages qui doivent être proposés à tous, cette réforme segmente les savoirs, sert de prétexte pour sortir de l’école les disciplines émancipatrices qui doivent être proposées à tous les enfants pour leur fournir un haut niveau de culture commune et ouvre un petit peu plus la porte à la marchandisation de l’éducation. L’école à la carte Peillon est une atteinte au fait que tous les enfants sont capables d’apprendre.

Parallèlement, la réforme des rythmes version Peillon fait fi de l’égalité républicaine entre les élèves et entre les territoires. L’école publique, parce qu’elle est l’outil de la Nation, doit s’adresser de la même façon à tous les élèves. Elle ne peut être dépendante comme le souhaite le Ministre de la volonté des collectivités locales ! Le caractère national de l’école n’est pas négociable ! La gratuité non plus. En étant laissée au libre choix des collectivités locales, l’école ne serait plus gratuite et elle ne pourrait donc plus être obligatoire. Quelle régression !

La réforme des rythmes version Peillon ne peut être déconnectée du nécessaire changement plus global de la société. Impossible de partir des besoins de l’enfant si le choix n’est pas fait de rompre avec la précarité et la flexibilité. Le gouvernement ne peut pas le 11 janvier 2013 apporter sur un plateau estampillé Medef un accord de flexibilité-compétitivité sur l’emploi que seuls des syndicats qui ne représentent à peine un tiers des salariés signent, et dans le même temps prétendre agir dans l’intérêt des enfants. Le temps de l’enfant ne peut pas être dissocié de celui du salariat ni de celui de la famille !

Dans ces conditions, on comprend qu’il y ait un si grand dénominateur commun contre la réforme Peillon. Plutôt que raturer, le Ministre doit retirer son décret et s’atteler avec les différents acteurs à sa réécriture tant la version actuelle est porteuse de danger pour l’école de la République. Il doit surtout enfin commencer à envisager l’école sous l’angle de l’égalité et de l’émancipation.

Peillon, de la division à la soustraction

manif_rythmes_scolaires« Lorsqu’on croit que les masses ne peuvent être achetées qu’avec des pourboires, on finit par perdre [leur] confiance et le respect de ses adversaires ; on ne gagne rien, mais on perd tout ». Vincent Peillon ferait bien de méditer cette sentence de Rosa Luxemburg à l’heure où il cherche à diviser le mouvement qui s’est levé contre sa réforme des rythmes scolaires et plus généralement contre sa loi d’orientation scolaire en octroyant aux enseignants du premier degré une prime annuelle de 400 €.

Fin janvier, Vincent Peillon faisait d’abord sortir les aboyeurs du PS et les médiacrates pour taxer les enseignants de corporatisme. La ficelle un peu grosse, et surtout largement élimée par la Droite, ne suffisait pas à opposer enseignants et parents. Deuxième tentative quelques jours plus tard. Alors que la question salariale dans la fonction publique vient d’être balayée d’un revers de manche par le gouvernement, Vincent Peillon propose maintenant un troc aux seuls enseignants du primaire, le secondaire étant de fait doublement oublié, dans la réforme comme financièrement. Le Ministre est hors-sujet. Les enseignants n’attendent pas une aumône de sa part. Ce n’est pas d’une prime dont ils ont besoin mais d’un salaire à la hauteur du service qu’ils rendent à la Nation, un salaire qui leur permette de vivre dignement de leur travail et les mette à distance des intérêts individuels et clientélistes.

A trop vouloir diviser, le Ministre a fini par soustraire. Alors même que le principe d’une réforme des rythmes faisait l’unanimité dans la communauté éducative, et continue d’ailleurs à la faire tant cette évolution est nécessaire, le Ministre s’enferme dans la solitude et cherche à passer en force comme en témoigne le dédain méprisant affiché suite à l’avis négatif rendu par le Conseil Supérieur de l’Education (CSE) sur son décret.

N’en déplaise au Ministre, ce que demandent les enseignants avec le reste de la communauté éducative, c’est une réforme qui engage enfin les ruptures nécessaires avec la casse méthodique orchestrée depuis 10 ans. Ce qu’ils demandent, c’est une refondation de l’école qui permette la réussite de tous les élèves. La réforme des rythmes scolaires aurait dû permettre de repenser la place de l’enfant dans la société et le rôle de l’école dans sa construction. A quoi sert l’école ? Voilà l’impensé permanent de Vincent Peillon qui traverse tant les rythmes que la loi d’orientation. Les savoirs et les apprentissages sont-ils purement utilitaristes ou visent-ils à l’émancipation ? Comment peut-on rendre la vie en collectivité épanouissante ? Qu’est-ce que cela présuppose en termes d’organisation ?

Au-delà du manque d’ambition, ce sont les capitulations idéologiques de l’égalité des chances et du socle commun contenues dans la loi d’orientation qui se déclinent jusque dans la réforme des rythmes et en font une nouvelle occasion manquée. La réforme des rythmes scolaires version Peillon entérine cette idée d’une école à plusieurs vitesses. En rejetant dans le temps périscolaires des activités et des apprentissages qui doivent être proposés à tous, cette réforme segmente les savoirs, sert de prétexte pour sortir de l’école les disciplines émancipatrices qui doivent être proposées à tous les enfants pour leur fournir un haut niveau de culture commune et ouvre un petit peu plus la porte à la marchandisation de l’éducation. L’école à la carte Peillon est une atteinte au fait que tous les enfants sont capables d’apprendre.

Parallèlement, la réforme des rythmes version Peillon fait fi de l’égalité républicaine entre les élèves et entre les territoires. L’école publique, parce qu’elle est l’outil de la Nation, doit s’adresser de la même façon à tous les élèves. Elle ne peut être dépendante comme le souhaite le Ministre de la volonté des collectivités locales ! Le caractère national de l’école n’est pas négociable ! La gratuité non plus. En étant laissée au libre choix des collectivités locales, l’école ne serait plus gratuite et elle ne pourrait donc plus être obligatoire. Quelle régression !

La réforme des rythmes version Peillon ne peut être déconnectée du nécessaire changement plus global de la société. Impossible de partir des besoins de l’enfant si le choix n’est pas fait de rompre avec la précarité et la flexibilité. Le gouvernement ne peut pas le 11 janvier 2013 apporter sur un plateau estampillé Medef un accord de flexibilité-compétitivité sur l’emploi que seuls des syndicats qui ne représentent à peine un tiers des salariés signent, et dans le même temps prétendre agir dans l’intérêt des enfants. Le temps de l’enfant ne peut pas être dissocié de celui du salariat ni de celui de la famille !

Dans ces conditions, on comprend qu’il y ait un si grand dénominateur commun contre la réforme Peillon. Plutôt que raturer, le Ministre doit retirer son décret et s’atteler avec les différents acteurs à sa réécriture tant la version actuelle est porteuse de danger pour l’école de la République. Il doit surtout enfin commencer à envisager l’école sous l’angle de l’égalité et de l’émancipation.

Parti de Gauche de la Nièvre (58) • Sardy-les-Epiri: Non au projet Ersia

Foret

Le Parti de gauche soutient sans réserve l’action des citoyens opposés au projet d’usine Erscia à Sardy-les-Epiry (58) qui occupent depuis mardi le site prévu pour l’installation.

Alors que le Conseil national de protection de la nature a émis un avis défavorable sur ce projet, alors que deux arrêtés préfectoraux autorisant les travaux ont été suspendus par le tribunal administratif de Dijon, qui a notamment remis en cause l’intérêt public du projet, la préfecture de la Nièvre a publié en effet ce lundi un nouvel arrêté permettant aux bûcherons de commencer l’abattage d’un bois de 100 hectares situé à 500 mètres du parc naturel du Morvan, 3 km d’une zone Natura 2000 et comprenant une zone humide d’au moins 6 hectares.

Erscia est un grand projet inutile, ruineux, destructeur d’emplois, dangereux et inéquitable :

Le Parti de gauche demande aux décideurs locaux de rompre la logique de la mise en concurrence des territoires et de l’industrialisation à tout prix et mettant un terme à ce projet. Il demande l’organisation d’un débat public pour une réelle valorisation des ressources locales, sans dérogation à la législation environnementale, en préservant les entreprises actuellement existantes et en œuvrant pour la diversification de la filière, notamment par la création de structures de formation dont la région est totalement dépourvue.

Parti de Gauche de la Nièvre (58) • Sardy-les-Epiri: Non au projet Ersia

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Le Parti de gauche soutient sans réserve l’action des citoyens opposés au projet d’usine Erscia à Sardy-les-Epiry (58) qui occupent depuis mardi le site prévu pour l’installation.

Alors que le Conseil national de protection de la nature a émis un avis défavorable sur ce projet, alors que deux arrêtés préfectoraux autorisant les travaux ont été suspendus par le tribunal administratif de Dijon, qui a notamment remis en cause l’intérêt public du projet, la préfecture de la Nièvre a publié en effet ce lundi un nouvel arrêté permettant aux bûcherons de commencer l’abattage d’un bois de 100 hectares situé à 500 mètres du parc naturel du Morvan, 3 km d’une zone Natura 2000 et comprenant une zone humide d’au moins 6 hectares.

Erscia est un grand projet inutile, ruineux, destructeur d’emplois, dangereux et inéquitable :

Le Parti de gauche demande aux décideurs locaux de rompre la logique de la mise en concurrence des territoires et de l’industrialisation à tout prix et mettant un terme à ce projet. Il demande l’organisation d’un débat public pour une réelle valorisation des ressources locales, sans dérogation à la législation environnementale, en préservant les entreprises actuellement existantes et en œuvrant pour la diversification de la filière, notamment par la création de structures de formation dont la région est totalement dépourvue.

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