Un accord qui fait mal

Il n’a pas fallu longtemps pour constater les conséquences de l’accord Medef sur la flexibilité du travail. Côté patronal, il encourage déjà les licenciements. Le lendemain, le patron de Renault a relancé son projet d’un « accord de compétitivité » qui vise à arracher le gel des salaires et la hausse du temps de travail, tout en annonçant près de 8000 suppressions d’emplois. Celui de Goodyear a estimé la voie libre pour mettre en œuvre la fermeture du site d’Amiens-Nord programmée depuis sept ans mais contrariée par la mobilisation ouvrière et cinq décisions de justice. Si l’absurde crédit d’impôt reversé aux entreprises était au moins assorti de contreparties, ou si la loi sur les licenciements boursiers avait été votée, l’Etat aurait les moyens de contenir cette hémorragie contagieuse !
Côté syndical, les conséquences sont encore plus dramatiques. La signature de quelques organisations contre l’avis de syndicats majoritaires a produit une fracture d’une profondeur inédite depuis la réforme des retraites. Deux blocs sont en train de se former entre lesquels les oppositions se radicalisent. Ainsi, après la décision patronale de fermer le site Goodyear d’Amiens Nord, le dirigeant d’une confédération syndicale qui n’est même pas représentée sur place en rend responsable la CGT, unique représentant des ouvriers de l’usine. Ce coup de poignard dans le dos n’est pas seulement contraire aux traditions de solidarité ouvrière. Il dégrade concrètement le rapport de forces. Les chiens de garde médiatiques se sont immédiatement rués dans la brèche. Il fallait avoir l’estomac bien accroché pour entendre sur le service public ce chroniqueur économique répliquer à propos de la perte d’espérance de vie des salariés de Goodyear passés aux 4X8 : « On dirait du Zola, c’est sûr que c’est moins fatigant d’être au chômage ». La haine de classe est aussi fréquente dans les médias dominants que l’homophobie dans les discours des députés UMP contre le mariage pour tous. Les deux méritent la même indignation.
Hélas, loin de chercher à rassembler les travailleurs, le gouvernement a choisi un camp et apporte son renfort à l’offensive du MEDEF. Les mêmes qui enjoignent aux députés de ne pas changer une ligne de l’accord MEDEF au nom de l’autonomie syndicale n’hésitent pas à dire aux organisations ouvrières ce qu’elles ont à faire. Après l’épisode lamentable de la négociation en direct d’Ayrault et d’Arcelor Mittal excluant les syndicalistes, Montebourg estime que les demandes du PDG de Renault sont « modérées » et invite les syndicats à « s’emparer de toutes les possibilités de cet accord » alors qu’il n’est pas signé et que plusieurs le combattent en appelant à des grèves massivement suivies !
Nous ne sommes pas spectateurs de ces conflits. Une solidarité de classe nous unit aux travailleurs piétinés par l’arbitraire des décisions actionnariales, désignés à la vindicte par des patrons seuls responsables des stratégies industrielles désastreuses de leurs groupes. Mais c’est aussi l’intérêt général qui commande de les soutenir. Le pays a besoin d’une industrie puissante, pour des raisons écologiques autant qu’économiques et sociales. Et pour réduire le chômage, il faut combattre les licenciements. Nous avons un rôle d’aide concrète, comme les caisses de grève. Mais aussi politique : montrer l’alternative aux politiques austéritaires, démonter les bobards patronaux. Nous serons donc avec nos drapeaux dans toutes les initiatives, notamment l’action intersyndicale contre l’accord MEDEF dont le principe a été annoncé ce lundi.

Ecologie, la lutte paye!

Gauchedecombat-files-wordpress-com-2012-12-4065030998 Deux nouvelles importantes sur le front de la lutte contre les Grands Projets Inutiles Imposés (GPII) sont arrivées ce 29 janvier. L’annonce a été faite par le ministre des transports de l’abandon du projet de prolongement de l’A51 entre Grenoble et Marseille (pour des raisons financières). Et un arrêt a été rendu par la cour de cassation empêchant l’exploitant Aéroport du Grand Ouest (AGO) de procéder aux expropriations des opposants à l’aéroport de Notre Dame Des Landes.



Ces deux nouvelles ont une portée symbolique importante. La marginalisation du président du conseil général d’Isère André Valini (PS) dans sa volonté de prolonger l’A51 est un signe que l’époque n’est plus à la construction d’infrastructures coûteuses économiquement et socialement. Comme les solutions sont bien vite trouvées quand on touche au porte-monnaie, on n’hésite alors plus à abandonner un projet ! Le rejet par la cour de cassation de la demande d’AGO de pouvoir commencer l’expropriation avant même que le juge administratif n’ait rendu son verdict sur le recours contre l’arrêté préfectoral de cessibilité montre la légitimité des actions entreprises par les opposants. La lutte paye !

Ces deux nouvelles montrent l’importance de poursuivre la lutte pour une alternative écologique et sociale. Le Parti de Gauche s’y engage aux côtes de tous ceux et celles qui résistent.

Accord de libre-échange UE-Etats-Unis: Hollande doit s’opposer

Angela Merkel s’est prononcée ce vendredi 1er février pour « avancer dans les négociations sur un accord de libre-échange entre l’Union européenne et les États-Unis d’Amérique ».

Ce projet de Grand Marché Transatlantique avance depuis des années dans le dos des peuples. Angela Merkel assume enfin ce projet ultralibéral et atlantiste.

Un tel accord constituerait une étape de plus dans la faillite libre-échangiste de l’Union Européenne. Il sonnerait aussi l’arrimage définitif de l’UE aux États-Unis.

Depuis l’élection européenne de 2009, je m’oppose à ce projet porté par les eurocrates libéraux et protégé par le silence des élites.

Qu’en pense François Hollande ? Le président de la République française doit sortir de son silence complice sur le sujet. Il doit s’opposer à ce funeste projet.

Jean-Luc Mélenchon 

2013 • 2013.01.23 – Meeting Front de Gauche de Metz

2013 • 2013.01.29 – Virgin Mégastore

Ecole • La loi d’orientation qui déboussole et isole

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 Peut-on refonder l’école en renonçant à refonder la société ? La loi d’orientation scolaire de Vincent Peillon apporte une réponse claire : c’est impossible. C’est pourquoi elle est condamnée à tourner en rond.

La « priorité » du gouvernement s’est fracassée sur le mur de l’austérité érigée par le gouvernement pour répondre aux exigences de la finance à coups de rigueur et de compétitivité. L’école républicaine ne peut pas être un sanctuaire et un havre de transformation sociale progressiste au milieu du tourbillon libéral ! Elle n’est pas déconnectable des objectifs que se fixe la Nation.

La diversion organisée sur les rythmes scolaires ne pouvait ainsi qu’échouer en refusant de considérer le problème dans sa globalité. Le temps de l’enfant ne peut pas être dissocié de celui du salariat ni de celui de la famille. Quel sens y a-t-il à s’agiter sur les rythmes quand dans le même temps on donne la main au Medef pour un accord minoritaire qui précarise toujours plus les salariés et leur famille ?

L’école est à la fois moteur et actrice de la transformation. Elle répond aux défis qui se posent pour aborder les grandes questions du XXIème siècle. Pour faire entrer notre pays dans l’avenir, le gouvernement se contente de vouloir développer le numérique. Mais rien n’est prévu pour l’indispensable transition écologique et énergétique ! Rien n’est amélioré en matière d’émancipation pour répondre aux exigences démocratiques d’une VIème République ! Rien n’est pensé pour remettre sur pied la réindustrialisation de notre pays !

La loi d’orientation ne se fixe pas l’ambition de l’élévation du niveau de qualification alors même que là réside la force de la France. Pire, elle entérine la déconstruction de la filière professionnelle. La casse méthodique de l’ère Sarkozy est de fait tacitement validée : pas de réforme du bac professionnel en 3 ans alors qu’il est devenu inaccessible au plus grand nombre, les matières supprimées ne seront pas réintégrées, les filières détruites ne seront pas réimplantées, l’apprentissage servira toujours d’arme contre les lycées professionnels. L’adéquationnisme devient la pierre angulaire de l’enseignement professionnel dans une vision à court terme qui sert le grand patronat et répond au clientélisme des potentats locaux. Mais la loi va plus loin en décentralisant sur les Régions la carte des formations professionnelles au moment même où les collectivités territoriales deviendraient, avec l’Acte III de la décentralisation, des territoires en concurrence. L’offre de formation professionnelle serait ainsi confiée à des représentants de territoires qui se battraient à coups de dumping sur le sol de la République pour être les heureux élus des entreprises. A l’intérêt général, Peillon et Lebranchu veulent substituer un océan de luttes féodales.

Le verbe cache malheureusement bien souvent l’approfondissement des politiques libérales. Si le grand combat était réellement la lutte contre l’échec scolaire, il faudrait rompre avec les logiques qui conduisent à l’échec et en premier lieu en finir avec l’incantation libérale de l’égalité des chances. Patatras ! Le texte la définit dès le départ comme le principal objectif à atteindre. Dans son prolongement, cette loi d’orientation valide le socle commun institué par François Fillon. En reconnaissant d’un côté qu’il y aurait des savoirs et des connaissances suffisants pour quelques uns quand d’autres auraient l’acquisition des programmes pour perspective, le socle segmente les apprentissages et trie les élèves. C’est un renoncement majeur au postulat de l’humanisme radical qui considère tous les enfants capables d’apprendre pour peu qu’on leur en donne les moyens !

Question moyens, on repassera : l’article qui mentionnait «l’acquisition du socle commun est progressive. Les élèves qui éprouvent des difficultés dans cette acquisition reçoivent des aides et bénéficient de dispositifs de réussite éducative » a ainsi disparu. Cette fois c’est sûr, les RASED sont bel et bien enterrés…

Partout l’incantation se substitue à l’action : Peillon veut promouvoir la scolarisation des plus petits ? Bien. Qu’il redonne alors du sens à l’école maternelle et étende l’obligation scolaire en la faisant commencer à 3 ans. En ne lui reconnaissant toujours pas le statut d’école obligatoire, la maternelle reste le parent pauvre, laissé entre les mains des volontés municipales.

Peillon fait des moulinets de bras contre l’enseignement catholique ? Face à Don Quichotte, le privé est toujours à l’offensive. L’enseignement catholique se saisit de chaque occasion, comme sur le mariage pour tous, pour demander toujours plus de dérogations et de droits. Il voudrait que soit renforcé le caractère propre des établissements et dans le même temps téter le sein nourricier de la République. Si 10 milliards sont ponctionnés sur le budget de l’Etat pour financer le crédit d’impôt au profit des entreprises, à l’école, la même somme file chaque année dans les poches de l’enseignement privé pour privilégier l’école du choix de quelques uns contre l’école de tous. Ça suffit ! Fonds publics à école publique, voilà la seule réponse qui vaille.

Malheureusement les lobbys sont actuellement mieux récompensés que la République. Sur le champ idéologique, il est proposé de leur céder du terrain en intégrant un enseignement « moral et civique ». Non ! L’école publique laïque ne dispense pas une morale ni un prosélytisme qui en découle. Elle ne définit pas le « Bien et le Mal ». Elle donne les outils de l’émancipation, de la compréhension et l’explication de la force de la loi. Le refus du racisme n’est pas une question « morale ». Le racisme, le sexisme…ce n’est pas juste « mal ». C’est interdit ! C’est une décision du peuple souverain inscrite dans la loi.

Au final, cette loi d’orientation est une occasion ratée. La méthode d’élaboration aurait pourtant du permettre d’en tirer le meilleur parti. Mais la concertation s’est réduite à un trompe-l’œil avec la volonté d’en finir vite quand les syndicats et les parents d’élèves s’en mêlent. Enfumage et lâcheté ont même conduit à céder dans la loi scolaire ce qui réapparaîtra dans l’acte III de la décentralisation.

La concertation avait pourtant permis d’imposer des reculs importants. S’est ainsi exprimé le rejet massif de déconstruire le pacte républicain qui nous unit et dont l’école est le flambeau le plus visible le plus symbolique. L’art et la culture ont finalement été réintégrés comme une éducation et il n’est plus fait référence à un partenariat avec les collectivités territoriales et les organismes extérieurs sur ce sujet. L’article 40 sur les relations école-collège ne fait quant à lui également plus référence au rôle du chef d’établissement et à une inscription dans les projets d’établissement et d’école.

Mais les réflexes autoritaires ont vite repris le dessus. Les avis du CESE (conseil économique, social et environnemental) et du CSE (conseil supérieur de l’éducation) ont été foulés aux pieds. Les professeurs ont été opposés aux parents d’élèves. La vindicte gouvernementale a cherché à décrédibiliser les organisations syndicales. Comme Darcos, Ferry ou Allègre en leur temps, le gouvernement et ses porte-flingues ont dénoncé le « corporatisme ». Voilà tout ce qui leur reste face à tous ceux qui refusent de troquer l’ambition d’une école de l’égalité et de l’émancipation contre le rapiéçage déconstructeur d’une loi d’orientation qui, faute de rupture, s’est perdue dans les méandres de l’héritage libéral. Ce gouvernement est décidément bien seul.

François Cocq,

Magalie Escot

Formation, recrutements

La loi prévoit bien la création des ESPE (écoles supérieures du professorat et des métiers de l’éducation). Mais les pré-recrutements nécessaires pour permettre aux jeunes de toutes conditions de devenir enseignants se font eux encore attendre. Quant aux 23.000 contractuels enseignants de l’éducation nationale, ils désespèrent de voir arriver un plan de titularisation toujours pas évoqué par le ministre.

L’enseignement catholique en chiffres

En France, il y a 8500 établissements privés. 94% sont à caractère confessionnel, pour l’essentiel relevant de l’enseignement catholique. Ils scolarisent 17% des élèves et reçoivent 18,7% du budget de l’éducation nationale. Les collectivités locales leur versent chaque année 2 milliards d’euros dont 500 millions au titre de la loi Carle que Vincent Peillon refuse d’abroger. Depuis le 6 mai 2012, le privé a récupéré 3210 postes alors même que 30% des classes du privé ont moins de 19 élèves et 15% ont moins de 15 élèves. Pendant ce temps, le public se serre la ceinture.

 

Transition énergétique • Quand l’amérique du sud montre la Lune, idiot qui regarde le doigt

Décidément l’Amérique du Sud n’en finira pas de tirer l’humanité dans le sens du progrès humain et écologique. Non seulement ce continent fut le premier à résister aux politiques néolibérales imposées par le FMI et à remettre la souveraineté populaire au coeur  de ses institutions politiques, mais il est aujourd’hui en pointe dans le domaine de la transition énergétique !

En 2015, c’est à dire dans deux ans, l’Uruguay produira 90% de son électricité à partir de sources renouvelables et peu polluantes ! Parmi ces sources : l’éolien à 30% et l’hydroélectricité à 45%. Grâce à la volonté politique de José Mujica, l’emblématique président de la République d’Uruguay, le secteur éolien devrait passer de 50MW à 1000MW installés en 2 ans ! Au coeœur de cette politique volontariste : l’UTE l’entreprise nationale d’électricité qui est une entreprise publique ! Voilà qui donne une signification supplémentaire à la revendication du Parti de Gauche de créer un pôle public de l’énergie, mis sous le contrôle du peuple souverain.

Cette politique de l’Uruguay entre aussi en résonance avec celle d’autres pays comme l’Équateur qui a renoncé, via le projet Yasuni ITT, à exploiter 850 millions de barils de pétrole afin de préserver la foret équatorienne et sa biodiversité exceptionnelle, et qui a inauguré récemment le parc éolien le plus haut du monde, d’une puissance de 16.5MW, à Villonaco (2700m d’altitude).

Dans le cadre du Débat National sur la Transition Énergétique (DNTE) le Parti de Gauche affirme, aux côtés des sud américains, qu’il est possible de mener une autre politique énergétique.

Solidarité • Trois heures en soutien au peuple syrien

Syrie-2013

La situation catastrophique en Syrie dévoile le vrai visage d’un capitalisme qui a soutenu nombre de dictatures depuis la deuxième guerre mondiale. Mais les peuples d’Afrique du Nord et du Proche-Orient ont décidé de renverser leurs dictateurs comme les peuples latino-américains avaient renversé les leurs, en Argentine et au Chili notamment. 

En revanche, le peuple Syrien subit encore la sanglante répression du régime de Bachar El Assad, avec la complicité de la communauté internationale. Ces massacres ont fait plus de plus de 60 000 morts depuis le 18 mars 2011, en plus d’un nombre considérable de blessés, de réfugiés et de disparus.

Le comité Paris centre du Parti de Gauche, en association avec Europe Ecologie Les Verts (EELV) et ATTAC, ont décidé d’organiser un événement intitulé « Le Peuple Syrien : de la Résistance à la Révolution » afin d’appeler toutes les forces politiques et associatives, ainsi que les citoyens, à créer un comité local de secours à la population syrienne.

Cette rencontre du 3 février a vocation à informer et à sensibiliser les citoyens sur la situation dramatique des populations syriennes, ses besoins en secours et sur les propositions politiques qui y répondent. 

Pour exposer les origines historiques de la révolution, les différentes positions des partis politiques syriens et les besoins en secours des populations, nous avons tenu à rassembler les représentants des différents courants de la gauche syrienne (Farouq Mardam Bey, Michel Kilo, Mazen Adi et Shadi Abou Fakher), ainsi qu’une militante féministe syrienne.

Programme :

Ouverture par M. Jacques  Boutault, le Maire de 2e arrondissement   

Projection de 2 films documentaires – Les massacres d’Hama du 2 février 1982 (4’) et La Constitution de Kafranbel  (4’40) :

1ère tribune : les chemins historiques de la révolution en Syrie – Farouk Mardam Bey (directeur de la collection Simbad Actes Sud)

Diffusions de chants de Samih Shoukir compositeur de la Révolution

2e tribune : état des lieux et perspectives politiques – Michel Kilo, dirigeant du Forum démocratique syrien, Mazen Adi, dirigeant du Parti Démocratique du Peuple

Rania Badri- témoignage d’une journaliste et féministe syrienne.

3e tribune : quelle solidarité ? Pour un Comité local de secours au peuple syrien – Shadi Abou Fakher,co- fondateur des Comités de coordination des quartiers de Damas

Diffusion de chants de Samih Shoukir compositeur de la Révolution

 

« Le Peuple Syrien : de la Résistance à la Révolution » –  Dimanche 3 Février : 15h-18h

Événement en solidarité avec le peuple syrien pour appeler les citoyens de nos quartiers à se mobiliser pour créer un comité local de secours à la population syrienne

Salle Jean Dame, 17 rue Leopold Bellan 75002 Paris – Métro Sentier

 

Liberté pour Nadir Dendoune

Yahoo-bondyblog-fr-wp-content-uploads-2013-01-dscn4908                                                            Crédit Photo: Bondy Blog

Je tiens à exprimer ma plus vive inquiétude concernant l’incarcération depuis 9 jours en Irak de notre compatriote le journaliste Nadir Dendoune.

La plus grande solidarité s’impose avec ce professionnel connu en France et au-delà de nos frontières pour sa défense de la liberté, de la paix et des droits humains.

Il est inacceptable qu’un de nos concitoyens présent de manière légale en Irak avec un visa de journaliste ait pu être arrêté et maintenu aussi longtemps en détention sans qu’aucune raison officielle n’ait été fournie aux autorités françaises.

J’appelle le gouvernement à tout faire pour qu’un contact puisse être établi avec lui, qu’il puisse faire valoir ses droits et être libéré dans les plus brefs délais.

Jean Luc Mélenchon

Front National • Marine Le Pen : la fausse amie des salariés

Affichevisa

Le FN avait besoin de reprendre une initiative plus ou moins spectaculaire, après les difficultés de positionnement tactique auxquelles se sont livrés récemment ses dirigeants, face aux manifestations contre le « Mariage pour tous ». Aussi avait-il besoin de réinvestir le terrain « social », ou plus exactement, celui du discours empreint de démagogie sociale.

L’Accord sur l’emploi, signé le 11 janvier 2013 par une partie des confédérations syndicales représentatives (CFDT, CFTC et CFE-CGC) – mais critiqué par d’autres (CGT, Solidaires, FSU, FO…) – et les organisations d’employeurs (MEDEF, CGPME, UPA), lui en fournit l’occasion. Depuis le 17 janvier, le parti d’extrême droite a mis en ligne sur son site une pétition contre cet accord, qualifié par Marine Le Pen de « déclaration de guerre aux salariés ». Bien qu’il n’appartienne pas à VISA, en tant que collectif unitaire qui s’adresse à tous les syndicalistes pour combattre ensemble l’extrême droite, de prendre position sur le contenu même de l’accord, il est de notre tâche d’analyser les buts poursuivis par le FN sur ce terrain.

Déconsidérer les syndicats en tant quel tels
Le premier objectif de l’exercice, à travers lequel le FN – en tant que parti politique – se mêle ouvertement du débat qui touche le mouvement syndical, est de déconsidérer publiquement ce dernier. En effet, sa présidente fustige, dans une vidéo mise en ligne en parallèle à la pétition pour servir d’explication de texte, « des syndicats représentant une infime partie des travailleurs français ». Elle ne fait d’ailleurs pas de distinction, dans son propos, entre les différentes organisations syndicales, alors que leurs positions vis-à-vis du récent Accord national interprofessionnel ont pu être fortement divergentes.

Cet argument fallacieux est évidemment faux. Certes, il est vrai que le taux de syndicalisation est plus bas en France que dans certains pays voisins. Encore ne faut-il pas comparer ce qui n’est pas comparable ! Le plus fort taux d’adhésion en Allemagne par exemple, parfois cité à titre de comparaison, ne repose pas majoritairement sur des militant-e-s, au sens courant dans les organisations françaises ; mais en large partie sur des adhérents passifs. Les avantages résultant d’une convention collective y sont parfois réservés aux seuls adhérents de l’organisation syndicale signataire, une conception n’existant pas en droit français.

Or, s’il est en effet souhaitable de relever ce taux de syndicalisation, l’état actuel des choses ne permet absolument pas de délégitimer les organisations syndicales en tant que telles, en prétendant les séparer de la majorité des salariés. Dans beaucoup de domaines, l’intervention d’une organisation syndicale, qui reposait historiquement avant tout sur l’action collective, émanant des militants, est couplée depuis quelques années à une deuxième légitimation, de type électoral. Ainsi l’action de l’organisation syndicale doit-elle être validée par l’approbation majoritaire, directe ou indirecte, des salariés. Notamment, depuis la loi du 20 août 2008, un accord collectif ne peut-il être signé que par des organisations syndicales représentatives ayant obtenu au moins 30 % des voix aux dernières élections dans l’entreprise ; et l’opposition exprimée par les syndicats ayant réuni 50 % ou plus, empêche l’accord d’entrer en vigueur.
Aussi un syndicat n’est-il plus considéré comme représentatif, dans l’entreprise, s’il n’a pas obtenu au moins 10 % des voix aux élections professionnelles. Bientôt, la même chose sera aussi vraie pour les confédérations, qui doivent, elles, avoir obtenu au moins une moyenne de 8 % des voix dans les entreprises pour être encore considérées comme représentatives. D’ici six mois, la signature d’un Accord collectif national et interprofessionnel sera également soumise au critère de l’audience électorale, que les confédérations syndicales doivent remplir (même si cette règle n’est pas encore applicable en janvier 2013).

Quel que soit le cas de figure, toute organisation syndicale se battant – en adoptant telle ou telle stratégie, tel ou tel moyen – pour les intérêts de ses militant-e-s et des salarié-e-s est autrement plus légitime sur le terrain social que le FN. Au fond, l’ensemble de propositions avancées par de dernier en matière « sociale » repose avant tout sur l’idée d’une division entre travailleurs, au nom de la « préférence nationale ». Ce qui n’est pas le cas des organisations syndicales, qui doivent se battre pour les « intérêts matériels et moraux, tant collectifs qu’individuelle » de l’ensemble des travailleurs et travailleuses (selon l’article L.2131-1 du Code du travail). Ainsi, le FN sera certainement le dernier à pouvoir donner des leçons en la matière.

Critiquer les « gros », mais favoriser le « petit » capital
Par ailleurs, la critique exprimée par la présidente du FN à l’encontre de l’accord du 11 janvier 2013 est extrêmement biaisée. Certes, elle l’évoque dans des termes en apparence radicaux :« déclaration de guerre contre les salariés » ; « chantage à l’emploi dont abusent déjà nombre de grandes entreprises ».
Aussi reprend-elle à son compte certains constats qui sont également dressés par d’autres, p.ex. quand elle évoque un « détricotage » de « tout ce qui a permis de garantir les droits des salariés : temps de travail et salaires pourront être revus à la baisse en cas de difficultés conjoncturelles ». Il est vrai que les accords censés garantir la compétitivité de l’entreprise en échange d’un maintien temporaire de l’emploi (autorisés par l’article 18 de l’Accord national interprofessionnel) permettent de telles variations en période de crise, pour une durée pouvant aller jusqu’à deux ans. Quoi qu’on pense de l’économie globale de l’accord, des critiques à l’encontre de cette disposition sont partagées par d’autres.

Ce n’est pas le cas quand, grâce à un artifice sémantique, Marine Le Pen tente de donner l’impression que le problème serait spécifique aux seules grandes entreprises. Souhaitant canaliser la critique contre les seules entreprises « du CAC40 » (que Marine Le Pen avait déjà raillées à d’autres occasions en raison du caractère mondialisé de leur activité, faisant fi des frontières nationales), la présidente du FN ne dit ainsi pas la vérité. Elle prétend que d’autres employeurs ne seraient pas du tout bénéficiaires des possibilités de flexibilité ouvertes par l’accord du 11 janvier.

Ce qui est strictement faux. Pour les « grands » licenciements pour motif économique, les possibilités de contestation d’un Plan social ou « Plan de sauvegarde de l’emploi »/PSE sont réduites par l’accord. Néanmoins les obligations relatives aux PSE, en cas de licenciement collectif pour motif économique, ne concernent pas uniquement les entreprises du CAC40, mais toutes les entreprises à partir de 50 salariés. Dans d’autres domaines, les nouvelles garanties offertes aux employeurs par l’accord du 11 janvier : la réduction des délais de contestation prud’homale au nom de la « sécurité juridique » des entreprises, la requalification du licenciement – faisant suite à un refus de changement de lieu de travail – en « licenciement pour motif personnel » (au lieu d’économique), concernent l’ensemble des employeurs, « gros » ou « petits ». D’ailleurs, la situation des salarié-e-s dans une petite entreprise n’est souvent pas foncièrement meilleure que dans une grande ; et souvent bien au contraire, à défaut de la possibilité de créer un rapport de force collectif ensemble avec d’autres travailleurs. 
Marine Le Pen prétend que « cet accord est conçu pour servir les intérêts du Medef et de la grande entreprise. Ce sont eux seuls qui sortent gagnants. » Ce prétendu constat est faux. Sans même aborder la question (controversée) de savoir si les contreparties négociées par les confédérations syndicales signataires peuvent ou non satisfaire les travailleurs, le constat est faux au sein même du patronat : La CGPME, représentant les petites et moyennes entreprises, ainsi que l’UPA (Union patronale de l’artisanat) ont  signé l’accord du 11 janvier, aux côtés du Medef.
Pour les mêmes raisons, Marine Le Pen a encore tort quand elle prétend que l’accord du 11 janvier peut se caractériser ainsi : « Rien pour les PME-PMI, de graves reculs pour les salariés (…) et tout pour les grands groupes. » Ou encore quand elle caractérise l’accord de déclaration de guerre aux salariés « sans apporter le moindre appui à nos petites et moyennes entreprises. »

Des projets réactionnaires
Au nom de la conception qui est la sienne et que nous avons déjà eu l’occasion de dénoncer, Marine Le Pen se prononce d’ailleurs pour un projet économique et social surtout destiné au « petit » patronat. Au moins dans un certain nombre (considérable) d’entreprises, ce projet marquerait des reculs sociaux encore plus graves, que ceux qui existent aujourd’hui.
Ainsi, dans une émission sur « BFM TV », à la mi-janvier 2013, Marine Le Pen avait demandé de « différencier le droit du travail en fonction du nombre de personnels »,  afin de permettre « plus de flexibilité » aux PME. Cela équivaudrait à une balkanisation accrue du droit du travail, autrement dit, à une explosion des garanties collectives encore en place. Par ailleurs, encore sur « BFM TV », Marine Le Pen s’était opposé à une taxation plus forte des CDD. Ceci alors que l’un des points positifs que les organisations syndicales ont obtenu dans  l’accord du 11 janvier (et quelle que soit l’analyse que l’on fait de son équilibre global), était précisément une taxation plus forte des CDD de courte et très courte durée, afin de dissuader les employeurs de certaines formes extrêmes de précarisation des salariés.

Or, la présidente du FN ne l’entend pas de la même oreille : selon elle, il s’agit surtout d’« une manière de culpabiliser notamment les petites entreprises, qui ne peuvent faire autrement qu’engager (en) CDD ». Apparaît ici, derrière le masque de la fausse amie des travailleurs, le vrai projet social réactionnaire de la patronne du FN. Qui ne cherche, en réalité, qu’à développer sa PME politique sur le marché de la démagogie sociale.

VISA vient de publier un argumentaire syndical contre le programme du Front National sous la forme d’une brochure que vous pouvez vous procurer ici sur le site de l’association.

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