Luttes • Soutien aux grévistes du Fret Air France!

Les salariés grévistes du Fret Air France de Roissy ont entamé ce matin leur 20ème jour de conflit et la direction Air France continue de faire la sourde oreille en refusant de négocier avec les organisations syndicales inscrites dans ce mouvement (CGT et FO).

Les maladies professionnelles sont en augmentation constante au Fret Air France. La réponse de l’entreprise est de les faire travailler plus en modifiant unilatéralement leurs horaires de travail et en amputant leur cycle annuel de 6 jours RTT.

A l’appel de l’Union Départementale CGT de Seine Saint Denis, un grand rassemblement de soutien  aura lieu ce jeudi 7 mars à Roissy Charles de Gaulle.

Ce grand rassemblement de convergence des luttes réunira des salariés d’entreprises en lutte dans le département de la Seine Saint Denis.

Le rassemblement est prévu ce JEUDI 7 MARS à partir de 11h30 au piquet de grève*

Eric Coquerel et Laurence Sauvage, Secrétaires nationaux du Parti de Gauche et Philippe Juraver, du réseau Front des luttes participerant à ce rassemblement de soutien.

*En arrivant sur l’aéroport, prendre direction Cargo 1, 2, 3. Tourner dans la rue du chapitre (direction La Poste et face à la Maison de l’Environnement) A 150m sur votre gauche, vous apercevrez le piquet de grève (entrée Gare de Fret G1XL) – 

Le Parti de Gauche salue la mémoire du Résistant Stéphane Hessel

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Ce jeudi a lieu l’inhumation à Paris de Stéphane Hessel, au terme de près d’un siècle de combats et de résistances à toutes les injustices.

Résistant contre les nazis de la première heure, diplomate, il était un homme de gauche, sans concession quant à la défense des valeurs universelles de la République.

« Indignez-vous », le court essai qu’il publia en 2010 a connu un succès mondial, fort de quatre millions d’exemplaires vendus. Il inspira sans nul doute les millions d’indignés, qui manifestèrent en Europe du Sud et aux Etats-Unis contre la barbarie néo-libérale, pour l’émergence d’un monde de justice et d’égalité.

Stéphane Hessel fut aussi aux côtés du peuple palestinien pour la reconnaissance de leurs droits. Il s’engagea auprès de RESF pour la régularisation des sans-papiers.

Le Parti de Gauche salue aujourd’hui l’infatigable militant des droits de l’Homme et relève le défi qu’il nous laisse en héritage, celui de combattre toutes les injustices et les inégalités. Il sera représenté à ses obsèques.

C’est promis, Stéphane, on lâche rien!

Crédit photo Rama, Wikimedia Commons, Cc-by-sa-2.0-fr

Décès d’Hugo Chavez • « Le combat de Chavez n’est pas mort avec lui »

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Hugo Chavez et Jean-Luc Mélenchon, en juillet dernier, lors du Forum de Sao Paulo. Photo : AFP

INTERVIEW – Alexis Corbière, secrétaire national du Parti de gauche et proche de Jean-Luc Mélenchon, réagit pour Metro à la mort d’Hugo Chavez. Il refuse que l’on « caricature » le président vénézuélien.

Jean-Luc Mélenchon a tenu un point presse très solennel sur la mort d’Hugo Chavez mercredi, avant un rassemblement organisé en fin d’après-midi à Paris. C’est un jour de deuil pour le Parti de gauche ?
Oui, le deuil politique d’une grande personnalité. Hugo Chavez meurt, mais comme l’a dit Jean-Luc, le combat qu’il portait ne disparaît pas avec lui. Chavez s’inscrit dans la lignée des figures sud-américaines, de Bolivar à Allende, Che Guevara…

Qu’est-ce que vous retenez de son action ?
L’œuvre sociale réalisée dans son pays : la pauvreté, l’analphabétisme ont reculé. Et surtout, la participation électorale a augmenté. Entre 2003 et 2006, on est passé de 11 à 16 millions d’inscrits sur les listes électorales. Cet homme, qui faisait de la pédagogie politique à la télévision, a remobilisé les Vénézuéliens. Dans ses discours, il leur parlait d’histoire, de géopolitique. C’était du haut niveau, d’une qualité politique bien supérieure à ce que nous faisons en France. Il s’exprimait de manière populaire, avec humour, parce qu’il savait que c’était comme cela que des millions de femmes et d’hommes se réintéresseraient à la politique, et que sans cette implication il ne pourrait rien faire.

Peut-on dire qu’il est un modèle pour le Parti de gauche ?
On n’aime pas ce mot. Le Venezuela est un pays particulier, avec des caractéristiques différentes de celles de la France, et personne ne se prend pour Chavez ou quoi que ce soit. En revanche, il est une source d’inspiration. Et la mission du Parti de gauche, c’est aussi de rétablir la vérité et de refuser la caricature. Je suis allé au Venezuela et j’ai été frappé par le fait qu’il y a un pluralisme politique dans ce pays. Quand vous allez dans un kiosque à journaux, la presse anti-chavez est la plus présente. En France, on a raconté que c’était une dictature, mais c’est stupide.

« Si le modèle de démocratie, c’est Chavez, pour moi c’est non merci et au revoir », déclarait Daniel Cohn-Bendit cet été, tandis que des ministres socialistes critiquaient également le voyage en Amérique latine de Jean-Luc Mélechon…
Daniel Cohn-Bendit est un crétin ! C’est quoi son modèle ? Guy Verhofstadt ? Le fait qu’il y ait eu plus de 60% d’abstention lors des dernières européennes, ça ne lui pose pas de problème ? Ce monsieur n’y connaît pas grand chose en réalité. Au Venezuela, il y a un processus civique, citoyen, rien n’est possible sans passer par les urnes. Ce que j’observe par ailleurs, c’est que l’Amérique latine a longtemps passionné la gauche française, y compris les socialistes. Quand François Mitterrand a été élu premier secrétaire du PS en 1971, son premier déplacement a été le Chili de Salvador Allende. Aujourd’hui, dans le petit monde socialiste, ils prennent tout cela pour de la vaste rigolade : pour eux un dirigeant d’Amérique latine, c’est quasiment le général Tapioca des aventures de Tintin. Au Front de gauche, on va sur place, on regarde et on essaie de comprendre.

Est-ce qu’il y a du Chavez en Mélenchon ?
Il y a peut-être du Mélenchon en Chavez… Non, encore une fois, ça n’a aucun sens. En revanche, il y a une affection indiscutable de Jean-Luc vis-à-vis de cet homme, et je crois savoir qu’elle était réciproque. Mais ce qui nous intéresse, c’est que le combat de Chavez n’est pas mort avec lui. Rafael Correa réélu en Equateur, Evo Morales en Colombie, Pepe Mujica en Uruguay… Cette Amérique latine « rouge » continue à se développer, à aller à rebours des politiques d’austérité, à tenir tête à l’impérialisme américain. Et nous considérons que nous sommes un des maillons de cette chaîne qui traverse l’océan.

Nucléaire • En sortir vite, le décider maintenant !

La Gauche Anticapitaliste, la FASE, les Alternatifs, le PCOF, Convergences et Alternatives et le Parti de Gauche sont parties prenantes de l’organisation de la grande Chaîne Humaine contre le nucléaire organisée Samedi 9 mars 2013 à Paris. Ils seront notamment présents sur le tronçon de la Chaîne à la Défense en face du siège d’EDF et d’Aréva pour dénoncer la politique catastrophique de poursuite du programme électronucléaire français.

La catastrophe nucléaire de Fukushima, survenue dans un pays ultra-développé et de haute technicité, met à mal de façon définitive et indiscutable le mythe de la sûreté et de la sécurité nucléaires. Cet aveuglement est aussi celui du gouvernement français, qui refuse d’affronter le lobby nucléaire, y compris à l’aide de la présence de l’armée française en Afrique lorsque cela s’avère nécessaire.

C’est maintenant qu’il faut décider et planifier un plan de sortie du nucléaire, basé sur la sobriété et les économies d’énergie ainsi que sur le développement des énergies renouvelables. La puissance publique doit re- prendre la main sur notre avenir énergétique, et développer un véritable service public de l’énergie, avec l’appui de coopératives de production locale.

La sortie du nucléaire ne peut pas se réaliser contre les travailleur-se-s du nucléaire. Inquiets pour leur avenir, ils craignent souvent les conséquences d’une sortie du nucléaire. Nous affirmons que notre plan de transition écologique créera des milliers d’emplois et mettra fin à la précarité des salariés, y compris en réintégrant les sous-traitants du secteur dans le service public.

Tous ensemble, salariés et usagers, décidons de notre avenir !

Le Parti de Gauche salue la mémoire et l’œuvre historique de Hugo Chavez

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Le Parti de Gauche organise un rassemblement à Paris le 6 mars à 18h30 à Paris

C’est avec la plus grande tristesse que nous apprenons la mort du président du Venezuela, Hugo Chavez.

Celle-ci est intervenue mardi 5 mars après deux ans de combat contre le cancer.

La Révolution bolivarienne, initiée en 1998, a ouvert un cycle historique majeur et inédit en Amérique latine et a permis le développement et la consolidation de l’ensemble des processus démocratiques et sociaux dans la région. Elle a ouvert la voie à un cycle de victorieux de Révolutions citoyennes dans la région et permis un saut historique de l’intégration régionale de cette partie de monde. Elle a constitué un point d’appui singulier pour l’autre gauche mondiale et certainement une inspiration pour nous, le Parti de Gauche.

La Révolution bolivarienne a également mis un coup d’arrêt aux prétentions impérialistes des Etats-Unis en Amérique latine.

Le Parti de gauche exige de l’opposition de droite au Venezuela, des Etats-Unis et de leurs relais en Europe, ainsi que des médias, le strict respect de la mort du président réélu par le peuple vénézuelien le 7 octobre 2012 et du gouvernement constitutionnel dirigé par Nicolas Maduro.

Le Parti de gauche est et sera du côté de la Révolution bolivarienne dans la période qui s’ouvre et adresse sa solidarité à Nicolas Maduro qui sera son candidat lors des prochaines élections présidentielles.

Pour lui rendre hommage, et réaffirmer que ce qu’ incarne Hugo Chavez ne mourra jamais, le Parti de Gauche invite chacun à se rassembler dès demain, le 6 mars, à 18h30 au pied de la Statue du Libertador Simon Bolivar à Paris. La statue est située sur le cours la Reine, dans le 8e arrondissement de Paris, au débouché du pont Alexandre-III.

Djibouti • Comme ailleurs, la présence militaire française ne doit plus servir les dictatures !

DjiboutiPour la première fois depuis 2003 des élections législatives se sont tenues à Djibouti le 22 février. Les résultats officiels provisoires font état d’une victoire du parti au pouvoir, l’Union pour la Majorité Présidentielle, alors que l’opposition ferait une progression significative.

La possibilité pour l’opposition de participer au scrutin, si elle est un signe encourageant, ne gomme pas pour autant la répression brutale qui a entaché les élections, les nombreuses arrestations arbitraires de personnalités et leur mise en résidence surveillée.

Le Parti de Gauche s’inquiète du manque de transparence et de l’absence de résultats officiels et vérifiés de ces élections.

Le Parti de Gauche interpelle le gouvernement français, qui paie un loyer conséquent au gouvernement djiboutien pour une forte présence militaire, sur l’exigence impérieuse de respect de la démocratie et des droits de l’homme à Djibouti.

Le Parti de Gauche rappelle avec force que les aventures militaires françaises, ou la présence de bases pérennes, ne doivent en aucun cas servir de caution aux dictatures en place, et rappelle à M. Hollande , Président de la République Française , ses promesses de candidat en la matière.

Georges Ibrahim Abdallah

Georges Ibrahim Abdallah est emprisonné en France depuis 29 ans. Chef présumé des FARL (Fractions armées révolutionnaires libanaises), organisation alliée au Front populaire de libération de la Palestine, il est arrêté à Lyon le 24 octobre 1984, pour possession de faux-papiers. Deux ans plus tard, il est accusé de complicité dans des attentats commis contre des agents du Mossad et de la CIA, dans le contexte du massacre de centaines de palestiniens dans le camp de Sabra et Chatilla, massacre resté impuni. Il est condamné dans un premier temps à 4 ans de prison pour détention d’armes et de faux papiers, puis à la perpétuité, assortie d’une peine de sûreté de 15 ans pour complicité d’assassinat, par la Cour d’assises spéciale, le 28 février 1987.
Depuis l’expiration de sa peine de sureté en mars 2002, toutes ses demandes de libération ont été rejetées, bien que la juridiction de la libération conditionnelle ait, à plusieurs reprises, ordonné sa libération sous réserve d’expulsion du territoire français.
Le 21 novembre 2012, le tribunal d’application des peines a une nouvelle fois accordé sa libération à Georges Ibrahim Abdallah. Malgré l’appel du Parquet, puis de la Garde des Sceaux, le jugement de libération a été confirmé le 20 décembre dernier, à condition qu’un arrêté d’expulsion soit prononcé par le ministre de l’Intérieur. Or c’est ce dernier qui jusqu’à présent fait la sourde oreille, condamnant ainsi le prisonnier à rester derrière les barreaux. Combien de temps encore le silence de Manuel Valls, qui cache mal les pressions exercées par Israël et les Etats-Unis, va-t-il durer ?
Le Parti de Gauche demande la libération de Georges Ibrahim Abdallah dont le maintien en détention n’a aucune justification.

Faits et arguments • Les enjeux pour le Front de gauche de la semaine écoulée

Eric Coquerel

Après avoir déclenché la polémique en début de semaine dernière dans la presse, Olivier Dartigolles a relancé à sa manière le débat lundi 4 mars dans une note de blog. Olivier, qui n’était pas présent ce samedi au CN du FDG où un débat intéressant a eu lieu sur la stratégie du FDG, revient donc sur les faits en leur donnant une interprétation politique qu’il voudrait finale. Il me conduit du coup à exposer à mon tour des faits et arguments. Je pourrais choisir de l’ignorer sauf qu’Olivier porte officiellement la parole du PCF. En l’occasion, je ne sais si c’est le cas pas plus que je ne sais si cela l’était lors de ses interventions publiques cette semaine mais nul dirigeant du PCF ne le contredisant, je suis obligé de prendre très au sérieux son discours. J’estime a minima qu’il traduit une orientation existante au sein de son parti. Jusqu’à quel point ? C’est entre autres ce qu’il conviendra de vérifier dans les mois à venir. Voilà une première contribution afin de sortir de la polémique, tirer des leçons de la semaine écoulée et en venir au débat argumenté sur l’avenir stratégique du Front de Gauche.

Il faut partir des faits.

Au congrès du PCF, lors de son discours final, Pierre Laurent a proposé trois axes de bataille pour le Front de Gauche : l’amnistie sociale à travers la présentation d’un projet de loi au Sénat par le groupe CRC-FDG le 27 février, la sécurisation de l’emploi et la mobilisation contre l’accord Medef, le droit de vote pour les étrangers aux élections locales. Pierre avait d’ailleurs pris soin de nous demander, à Jean-Luc Mélenchon, Martine Billard et moi-même, ce que nous en pensions à l’entrée de son congrès.

Nous avons trouvé ces axes pertinents. Notamment en raison de la séquence assez rapprochée entre le vote de la loi d’amnistie et celui de l’accord Medef. Cela permet en effet une pression graduée sur les parlementaires PS et EELV.

Le PG a donc décidé d’investir pleinement ses forces dans cette bataille pour l’amnistie. Nous avons écrit et imprimé un tract pour le FDG et même proposé une conférence de presse commune, idée qui n’a pas été reprise. De même que nos camarades communistes organisaient un meeting le lundi 25 février au Théâtre Dejazet à Paris, nous avons décidé d’appuyer cette campagne unitaire pas nos propres initiatives. A savoir une vidéo, une carte postale, un autocollant et une conférence de presse de Jean-Luc Mélenchon et Martine Billard qui s’est tenue, avec succès, le vendredi 22 février.

A cette conférence de presse, nous avons expliqué n’accorder aucune confiance dans François Hollande et le gouvernement pour proposer, accepter ou même concéder une loi d’amnistie sociale. Comment le considérer autrement ? D’une part, François Hollande l’avait promise à plusieurs reprises dont le 5 juin, yeux dans les yeux, à Jean-Luc Mélenchon et Martine Billard, pour ensuite ne rien faire. D’autre part la répression sociale récente, à commencer par les graves événements qui ont coûté un œil à un jeune sidérurgiste belge à Strasbourg, n’ont occasionné aucun regret du gouvernement mais au contraire une justification de cette forme de maintien de « l’ordre » social de la part de Manuel Valls. Tout en pointant les divergences manifestes entre ce dernier et Mme Taubira, Jean-Luc a conclu que si loi il y avait, elle serait arrachée au gouvernement et non concédée.

Nos co-présidents ont également indiqué que cette loi pouvait être considérée comme l’ultime et indépassable marqueur entre la gauche et la droite. En conséquence, nous avons expliqué que ceux qui ne voteraient pas cette loi ne pourraient plus se revendiquer de la gauche. Dès lors que nous nous en souviendrions lors des élections.

Voilà ce qui a été dit avec les mots et le vocabulaire de Jean-Luc Mélenchon qui ne sont pas nouveaux, qui ont été les siens pendant notre campagne présidentielle. Et que nous assumons non seulement dans sa fonction tribunicienne, dans sa volonté de mettre ce débat sur la place publique en appelant un chat un chat mais aussi de faire correspondre à la violence sociale, encore une fois les événements de Strasbourg ce n’est pas rien, une violence verbale somme toute relative.

C’est à partir de là que cette proposition de loi a commencé effectivement à s’immiscer dans le débat public. Des responsables PS ou affidés, ceux-la mêmes qui s’opposaient le plus durement à la loi, M. Carvounas, porte-parole de Valls en réalité, ou le sénateur PRG Mézard celui justement dont la voix avait manqué pour que le projet de loi du groupe CRC FDG soit adopté à la commission des lois, ont tapé sur les déclarations de Jean-Luc Mélenchon en faisant mine qu’elles allaient compliquer l’éventuel vote de la loi.

Lundi 25 février à la coordination nationale du FDG, nos camarades communistes ont dit regretter la forme des déclarations de Jean-Luc, considérant qu’elles ne constituaient pas le meilleur moyen de « gagner » les sénateurs PS au vote de la loi. S’en est suivi un débat plutôt serein et non polémique que je pourrais résumer ainsi : la loi va-t-elle être arrachée aux parlementaires PS et a fortiori au gouvernement ou concédée par eux ? Dans ce débat, une personnalité comme Pierre Khalfa a émis une position à mi-chemin. Il a expliqué s’être interrogé sur la forme des propos de Jean-Luc mais qu’il ne fallait pas tomber pas dans le « panneau » en laissant penser que des parlementaires PS pourraient ne pas voter la loi à cause de cela. Pour lui, il s’agissait là d’un prétexte. En conséquence, la coordination a conclu, y compris les représentants communistes dont Pierre Laurent, que ce débat ayant été posé il convenait de ne pas y revenir sur la place publique notamment en paraissant déjuger les propos de Jean-Luc dans les médias.

Le jour même j’étais alerté par un communiqué d’Olivier Dartigolles, porte-parole du PCF, qui faisait exactement l’inverse. Je prévenais immédiatement un responsable national du PCF qui m’indiquait que ce communiqué avait été fait avant la réunion du matin et que Pierre n’avait pas changé d’avis : « cette discussion est derrière nous, nous n’y reviendrons pas » concluait-il par mail.

Pourtant, de source sure, nous savions alors que le porte-parole du PCF faisait le tour des réactions pour réagir.

Il y parvenait dans une interview à Libération parue le mardi 26 février où le désaccord avec les déclarations de Jean-Luc était clairement pointé.

Sauf à être naïf, ce que n’est pas le porte-parole du PCF, n’importe lequel d’entre nous sait que les médias depuis des mois n’attendent que des signes de désaccords entre nous, et si possible pointant personnellement Jean-Luc Mélenchon, pour en faire des choux gras. Il en est de même de spécialistes au PS du tir à vue sur le FDG. De ce point de vue, Olivier Dartigolles a bénéficié des retours prévisibles.

Et notamment des félicitations de ce lui-même qui avait comparé les vœux du PC à ceux du FN, Luc Carvounas. Je ne tiens pas spécialement à développer la notoriété de ce « responsable » PS mais il se trouve qu’il est secrétaire national aux relations unitaires et que dans tout ce débat il aura été, en tant que sénateur, le porte-voix de Manuel Valls fortement opposé au projet de loi ou dû moins souhaitant le vider de son contenu à coup d’amendements.

Donc Carvounas s’en est donné à cœur joie en surfant sur les propos d’Olivier Dartigolles. Il en cherchait l’occasion depuis si longtemps.

Et de déclarer « j’ai toujours fait la différence entre les éructations de Jean-Luc Mélenchon et la position des responsables du Parti communiste». Parti communiste à qui il ne s’est pas privé de faire la leçon de façon méprisante dans la même déclaration, parlant de ses bonnes relations «avec nos amis communistes qui ne sont pas dans le bon chemin au Sénat en associant leurs voix avec celles de la droite alors que l’exécutif se trouve dans une période extrêmement difficile».

Comparant Jean-Luc Mélenchon à un «petit Robespierre de mauvaise facture» qui «éructe» des propos «violents et outranciers contre le président de la République» (démontrant au passage que Robespierre devient une insulte au PS) mais soulignant qu’au contraire avec le nouveau responsable aux élections du PCF, Pascal Salvoldelli, il n’y a «Pas une feuille de papier à cigarette (qui) ne peut être glissée entre nous.»

Je regrette que seul un communiqué de Gauche Unitaire a réagi publiquement dans la semaine aux attaques de Carvounas vis-à-vis de Jean-Luc alors que nous avions été beaucoup, à commencer par le PG, à le faire en janvier en faveur du PCF, lorsque ce dernier a été attaqué par le même.

De ces premiers éléments, je tire déjà deux conclusions :

1 : En décembre, lorsque nos partenaires du FDG nous disaient combien il serait important que Jean-Luc intervienne lors du premier meeting de la campagne contre l’austérité du Front de Gauche à Metz, j’ai rappelé aux membres de la coordination nationale qu’on ne pouvait d’une part souhaiter la présence de Jean-Luc et d’autre part dévaloriser sa parole en l’attaquant dans la presse. Je faisais notamment référence à ce qui s’était passé avant la fête de l’Huma à savoir des déclarations critiques sur Jean-Luc en off de « dirigeants communistes » et, ouvertes, du même porte-parole du PCF. Non seulement parce que du coup nous avions du passer la Fête de l’Humanité à répondre sur cette polémique au lieu de s’en servir pour la rentrée offensive du Front de Gauche, non seulement parce qu’humainement et fraternellement cela devenait insupportable mais surtout parce qu’il ne fallait pas être grand politique pour comprendre que fragiliser de l’intérieur du FDG celui qui venait d’être notre candidat commun, était le meilleur moyen en réalité d’affaiblir le Front de gauche. Et cela l’a affaibli.

Et voilà que cela recommence avec le même personnage dans le même rôle avec les mêmes méthodes y compris des « off » de dirigeants communistes pour faire monter la sauce… Imagine-t-on que de telles pratiques n’occasionneront pas de réplique dès lors que le Parti dont Olivier est le porte-parole laisse faire, voir les couvre. Que devons-nous dire pour faire comprendre que cela doit cesser définitivement si on tient à l’unité du FDG ? Cette question concerne l’ensemble du Front de Gauche.

2. La mobilisation du PG et les déclarations de Jean-Luc ont été des plus pertinentes quoi qu’en pensent certains. Et bien évidemment, mais est-il utile de le dire, il était important pour le PG que cette loi passe. Je juge, à l’inverse, que les réactions d’Olivier Dartigolles ont été extrêmement dangereuses puisque parasitant nos efforts communs en déviant les commentaires de l’objet principal – la loi doit passer – vers une polémique interne au Front de Gauche.

Je vais plus loin : les interventions du PG ont été décisives pour que la loi passe même tronquée. Non seulement parce que nous avons pris une large part dans la mobilisation : les 25 000 exemplaires du tract FDG d’appel au rassemblement du 27 février ont été entièrement ou presque distribués par le Parti de Gauche, la quasi totalité des intervenants au rassemblement du 27, syndicalistes, membres d’associations, ont été proposés par nous. Enfin, et surtout, avant la conférence de presse de Jean-Luc, ce n’était pas un sujet public. Dès lors considérant que la loi est passée à deux voix près et que deux voix de gauche ont manqué, nous disons que cette pression exercée ainsi sur chacun des parlementaires PS, et affidés qui hésitait, a été décisive. D’ailleurs je note qu’Eliane Assassi dans une déclaration au Monde daté du 22 février se déclarait inquiète. C’est donc bien qu’il y avait danger. Il fallait arracher les voix une à une surtout vis-à-vis de ceux qui ne voulaient pas de cette loi. Quelle meilleure méthode dans ce cas que de braquer les projecteurs sur leur choix ? L’intervention du PG et de Jean-Luc y a largement contribué. Je note avec satisfaction que Pierre Laurent ne dit pas autre chose dans son interview parue dans le JDD.fr vendredi : « j’ai surtout envie de souligner que ce point gagné a été marqué par toutes les forces du Front de Gauche. Par Jean-Luc Mélenchon, par moi-même, par notre groupe de sénateurs. Chacun, à sa manière, a contribué à ce succès ». Ce qui évidemment contredit les déclarations du porte-parole du PCF du début de semaine.

J’en viens maintenant aux interprétations données à ce « point gagné ». Ce sont elles qui réclament le plus une clarification stratégique.

Cela revient d’abord à analyser la loi qui a effectivement été votée.

Par rapport à la version initiale du groupe CRC-FDG, la proposition de loi adoptée par le Sénat après intégration des amendements PS, votés par ailleurs grâce à la droite, apparaît en effet comme un texte vidé d’une partie de sa substance. Avec des conséquences concrètes pour beaucoup de syndicalistes et militants associatifs qui ne seront du coup pas amnistiés.

L’amnistie ne concernera qu’un laps de temps très réduit soit du 1er janvier 2007 au 1er février 2013.

Elle aura un champ d’application très réduit, puisqu’on exclut des actes en fonction soit de leur qualification juridique (avec la notion de « personne dépositaire de l’autorité publique »), soit de l’objet du mouvement social en question (santé, environnement, droit des migrants, RESF + un article spécifique « faucheurs »). Sans parler de la très nette réduction de la portée de l’amnistie pour refus de se soumettre à un test biologique puisqu’ils ne seront amnistiés que lorsqu’ils se référeront à des infractions elles-mêmes amnistiées.

Et je ne parle pas de l’esprit dans lequel le PS a accepté de voter cette loi ainsi diminuée : il s’agit d’un « pardon qui ne vaut pas absolution » a expliqué la sénatrice socialiste chargée de présenter les amendements, dans un style qui s’apparente plus à la charité démocrate chrétienne qu’à la solidarité du mouvement ouvrier.

Ces amendements, pour reprendre les propos de la sénatrice communiste Cécile Cukierman cités dans le tract national du PCF, ne sont pas le « jeu de la démocratie » mais bien la marque d’une divergence politique maintenue.

Bref si je suis évidemment d’accord pour dire qu’il s’agit d’une avancée importante permise par notre groupe au sénat et par le Front de Gauche, d’un signe supplémentaire que la mobilisation peut imposer des choses, tout comme en ce moment les mobilisations sociales marquent des points dans les PSE recalés devant les tribunaux, je conteste plusieurs des conclusions qu’en ont tiré des camarades communistes.

On ne peut en effet pas dire que l’adoption de cette loi amendée validerait la stratégie « Proposer et rassembler pour gagner des majorités politiques » énoncée par le porte-parole du PCF dans un communiqué triomphaliste paru le 27 février. Même si elle le fait de manière heureusement atténuée, la déclaration de Pierre Laurent reproduite dans un tract – « Après le vote pour le mariage pour tous, c’est une nouvelle démonstration. Quand la gauche travaille et se rassemble sur des valeurs, avec la justice sociale comme boussole, elle peut faire des belles choses » – opte pour le même registre.

D’où ma question : sommes-nous bien sur les positions du texte d’orientation stratégique adopté par ses neuf composantes en janvier ?

Pourquoi cette question ? Car ce texte d’orientation stratégique est très clair. Il part d’une opposition à la politique d’austérité d’un gouvernement décrit comme social libéral et qui va à l’échec.

En conséquence, le FDG y propose deux choses :

– gagner des victoires partielles incluant le rassemblement le plus large possible pour « essayer d’imposer (je souligne) au gouvernement toutes les mesures pourtant indispensables qu’il se refuse à prendre »

– « la construction d’une politique et d’une majorité alternatives » qui s’adresse à tous ceux qui « ne se retrouvent pas dans les choix d’austérité du gouvernement ».

Si la loi d’amnistie amendée appartient bien au registre des victoires partielles « imposées » au gouvernement, elle ne peut évidemment pas être considérée comme la base d’un possible rassemblement majoritaire de « ceux qui ne se retrouvent pas dans les choix d’austérité du gouvernement ».

Ce n’est pas juste affaire de détail ou de formules : il est pour nous hors de question d’en rabattre sur ce que nous considérons comme la base d’un rassemblement majoritaire possible. Si nous le faisions, nous apparaitrions en réalité comme conciliant avec le gouvernement et sa majorité au moment même où il intensifie sa politique social libérale.

Au moment où le gouvernement envisage de toucher encore à la réforme des retraites dans un sens négatif, impose 6 milliards de plus d’austérité, transcrit l’accord Medef dans une loi en le durcissant encore selon la CGT pour ne pas parler de l’acte 3 de la décentralisation, laisser penser que le vote de cette loi tronquée pourrait apparaître comme le signe des belles choses que peut accomplir une gauche rassemblée est évidemment hors de proportion.

Cette question est d’autant plus posée que les élections en Italie viennent de confirmer ce que nous pressentons : si « l’austérité basta cosi » n’est pas incarné à gauche, d’autres se chargeront de le faire et tous ceux qui apparaitront complaisants ou simplement « raisonnables » seront balayés. Nous, ne pouvons donc en aucune manière apparaître comme assimilés, même à la marge, au gouvernement et à sa majorité dès lors qu’ils s’engagent plus fortement que jamais sur leur politique d’austérité. Je maintiens que nous sommes capables d’attirer des pans de l’actuelle majorité pour avancer vers une majorité alternative qui remettra ces choix en question mais ce ne pourra se faire en rabaissant à ce point nos prétentions.

Je crois utile à ce stade de raccrocher cette discussion à la question des municipales. Car dans son interview au JDD, Pierre Laurent explique possible des alliances de premier tour avec le PS à condition « que notre (celle du FDG) soit respectée et que les objectifs qui figurent dans le programme nous conviennent ». Nous avons effectivement envisagé des élargissements dans notre texte stratégique mais dans un cadre, je cite, où il s’agirait de faire des municipalités des « points d’appui pour refuser la logique d’austérité du gouvernement ». Je sais que le PCF nous a dit avoir accepté ces formulations par esprit de compromis et que cette partie du texte ne lui convenait pas entièrement. Peut-être mais c’est la seule base de départ écrite au bas de laquelle tout le monde a mis sa signature. Or si, pour reprendre l’expression de Pierre, le « programme qui nous convient » devenait aussi peu engageant pour le PS que ne l’est le vote d’une loi d’amnistie affaiblie que d’aucun au PCF nous présente pourtant comme une preuve de l’efficacité du rassemblement à gauche, on voit bien que nous serions très loin d’alliances remettant en cause les choix d’austérité du gouvernement. Le Front de Gauche serait alors balayé comme le sera inévitablement le PS en maintenant sa politique d’austérité et d’offre. A trois mois des élections européennes, ce serait ouvrir la voie à d’autres et plus précisément à Marine Le Pen comme incarnation du refus de l’austérité.

Voilà les questions auxquelles me conduisent les déclarations et écrits d’Olivier Dartigolles la semaine écoulée. Elles ne sont pas seulement problématiques sur la forme, ce qui serait déjà en soi suffisant pour y réagir, mais pose un débat de fond. Dans ce débat, entre ce que j’appellerai pour simplifier la « ligne » Dartigolles et notre texte stratégique commun, où le PCF met-il concrètement le curseur ? Voilà ce qu’il nous faut vérifier dans les semaines à venir.

Les marées citoyennes déferlent sur le Portugal!


Portugal_dessin Après environ deux années d’austérité imposées par la Troïka (Banque Centrale Européenne, Commission Européenne et FMI), d’abord avec un gouvernement socialiste et maintenant avec un gouvernement d’union des droites, la situation sociale est devenue catastrophique.

En ce mois de Mars, le chômage est à 22,5% officiellement, dont 40% de jeunes. La précarité touche 54% de la population active, et environ 100 à 200 000 personnes ont émigré depuis 2011(données officielles) pour un pays de 10,5 millions d’habitants. Les réductions de jours de congés, de salaires et des retraites ont stoppé la consommation et accéléré la crise. Les coupes budgétaires dans les services publics, comme le licenciement massif d’enseignants, les privatisations et licenciements massifs dans les secteurs de l’énergie, et les transports, les rendent indigents. Ils sont dépecés et laissés à l’abandon. Conséquence: la mortalité est en hausse et l’espérance de vie baisse.
Pendant ce temps les nantis se gavent. L’oligarchie regroupant les grands patrons et hommes politiques socialistes ou de droite continue de renflouer des banques privées avec l’argent du peuple, continuent de se doter de revenus déments , de s’accorder des parachutes dorés et de jouer aux chaises musicales passant du métier de politique à chef d’entreprise.

Depuis 2011, les luttes sociales grandissent dans le pays. Le 12 mars 2011, un collectif de citoyen-ne-s lança « La génération qui vit à l’arrache » et plus de 300 000 personnes descendirent dans les rues. Depuis, les mémorandums de la Troïka et des gouvernements complices se multiplient et aggravent la crise. Les syndicats de la CGTP ont organisé deux grandes grèves générales en 2012 qui ont rassemblées plusieurs centaines de personnes, et les collectifs citoyens se sont multipliés. Entre temps les collectifs citoyens organisent des assemblées citoyennes d’explication, de dénonciation de l’arnaque des gouvernants et de création de politiques alternatives à l’austérité (Nous ne paierons pas leur dette, etc.). Une des initiatives les plus remarquées est la seconde loi d’initiative populaire contre la précarité qui a reçu le nombre de signatures nécessaire pour être présentée à l’Assemblée de la République. Cette Loi, soutenue par toute l’Autre Gauche (Verts, PCP, Bloco de Esquerda), a été renvoyée en commission par les droites et le PS (qui a finalement annoncé qu’il la voterait « sûrement » in fine).

Le travail d’éducation populaire des collectifs citoyens et des syndicats a été fructueux. Le meilleur exemple en est la rédaction de la Loi d’initiative populaire contre la précarité avec les gens dans les rues et les places du pays, lors de réunions dans les quartiers. Le niveau de conscience politique a progressé. Aujourd’hui, ces mouvements militent conjointement de façon croissante comme lors des grèves et les manifestations contre le Budget d’austérité 2013 de l’Etat organisées durant tout l’automne et l’hiver. Devant la force du ras-le-bol populaire, le Président de la République (de droite), a attendu le dernier moment pour valider le budget.

Le 15 septembre 2012, le collectif citoyen « Que se lixe a Troika! » (Que la Troïka aille se faire voir/foutre!) avait lancé une manifestation qui avait rassemblé plus d’un million de personne. Ce 2 Mars, il avait appelé à une nouvelle manifestation contre l’austérité, pour la démission du gouvernement et une politique alternative.
L’appel a été largement soutenu et relayé part les marées citoyennes qui, à l’instar des marées du même nom en Espagne, se multiplient au Portugal. « Marée de l’éducation » (en défense de l’école publique et de la qualité de l’enseignement), « Marée blanche pour la santé » (des personnels de la santé et de citoyens réclamant une santé publique de qualité), la « Marée des Retraités » (pour une retraite digne), « Marée pour la Culture », « Marée arc-en-ciel » (contre les discriminations homophobes)… Ces marées citoyennes se sont toutes rejointes pour déferler dans plus de 40 villes dans tout le pays. Etaient aussi présents la CGTP (principal syndicat portugais), les collectifs de précaires, tous les partis politiques de l’autre gauche (PCP, les Verts, le MAS, le PCTP-MRPP et le Bloco de Esquerda).
Au total, ce sont plus d’1,5 million de citoyen-ne-s portugais-e-s qui ont marché dans le rues et chanter à plein poumon « Grândola Vila Morena », l’hymne de la Révolution des Œillets, ode à la liberté et à l’égalité citoyenne, (http://www.youtube.com/watch?v=gaLWqy4e7ls&feature=youtube_gdata_player ) à chaque sortie publique d’un-e ministre ou autre membre du gouvernement.
Les camarades du Front de Gauche Portugal étaient présents aux côtés des camarades du Bloc de Gauche dans cette incroyable mobilisation citoyenne.
O povo é quem mais ordena !

Le texte ’Que se lixe a troika !communiqué le 27 février 2013
Ces derniers jours, des centaines de personnes a rappelé au gouvernement qu’en démocratie « c’est le peuple qui est le souverain ». Passos Coelho, Vítor Gaspar et Miguel Relvas, vous devez savoir que vous ne pouvez pas gouverner contre le peuple. L’exécutif du PSD / CDS a bien servi la troïka, mais n’a pas servi la population qui vit et travaille au Portugal. N’a aucune légitimité démocratique un gouvernement qui a été élu en promettant de ne pas augmenter les impôts, de ne pas couper dans les jours de congés de Noël, de ne pas licencier pas d’agents des services publics, ou de ne pas prendre d’argent aux retraités, et qu’une fois élu a fait tout ce qu’il garantissait de ne pas faire. Ce gouvernement est celui qui a pris l’argent aux retraités, au lieu de blâmer qui a volé la BPN (Banque Portugaise du Négoce), qui a préféré donner des milliards aux banquiers, au lieu d’investir dans la création d’emplois. Il a réduit les salaires et les allocations de ceux qui travaillent, au lieu de couper les profits des prêteurs gavés qui ont profité des partenariats public-privé. Ce gouvernement ne veut pas entendre Grândola Vila Morena, car pour lui les paroles d’une chanson ne peut contenir ni les mots égalité ni celui de fraternité. C’est l’exécutif de ceux qui chantent la marche funèbre des Portugais, qui ne cessent de crier que c’est la troïka qui ordonne. Au moment où les seigneurs de la troïka vont passer par la porte de la septième évaluation du Mémorandum, il est nécessaire pour les personnes vivant au Portugal de faire face et répondre à ces messieurs avec une évaluation de ce que le gouvernement et eux-mêmes ont fait. En 2011, il y avait 12,7% de chômeurs. A la fin de 2013, il est prévu que ce nombre atteigne 17,5%. A ce moment, le taux de chômage réel, car il y a des milliers de personnes qui ne rentrent pas dans les statistiques, aura déjà dépassé les 25%. Plus de 1.500.000 portugais n’auront pas de travail. La dette publique était de 108% en 2011. En 2013 elle dépassera les 122%.Il n’y a pas de mois où les salaires et les pensions ne diminuent pas. Beaucoup ont déjà perdu plus de 20% de leur revenu. Il y a des milliers de personnes qui ont perdu leur maison. Depuis que la troïka e st arrivée au Portugal, le Produit National Brut a chuté d’environ 7% et chaque année des milliers d’entreprises ferment. La chute du PIB pour 2013 sera le double de ce que le gouvernement avait prévu. Le Ministère des Finances, pour couvrir le trou que lui-même a créé, parle déjà de prendre environ 1200 millions dans les poches des Portugais. Une horloge arrêtée donne mieux l’heure plus souvent que le gouvernement de Vítor Gaspar ne réussit dans ses prévisions économiques. La politique du gouvernement et de la troïka ne nous conduit que dans l’abîme. Il est arrivé le temps de dire au gouvernement et à la troïka que C’EST LE PEUPLE QUI EST SOUVERAIN. Nous invitons tous les hommes et toutes les femmes vivant au Portugal à se rendre dans les rues le 2 mars et dire que ce pays est le leur, et que leur avenir est entre nos mains. Que, pour vaincre la crise où nous ont conduit les gouvernements incompétents et les magouilles obscures d’un très petit nombre, nous devons donner la parole au peuple, et qu’en démocratie C’EST LE PEUPLE QUI GOUVERNE. LE 2 MARS, NOUS ALLONS METTRE DANS LES MAINS DE TOUS NOTRE FUTUR ET ALLONS SORTIR DANS LES RUES DE PLUS DE 40 VILLES, AU PORTUGAL COMME À L’ETRANGER.

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Le texte de « Que se lixe a troika! » qui fut lu en fin de manifestation le 2 Mars:

Cette Motion de Censure Populaire exprime la volonté d’un peuple qui veut prendre le présent et le futur entre ses mains. En démocratie, le peuple est le souverain.

Les différences composantes de la Troïka ne nous représentent pas. Ce gouvernement ne nous représente pas.
Ce gouvernement est illégitime. Il a été élu sur la base de promesses qu’il n’a pas mis en oeuvre. Il a promis que les impôts n’augmenteraient pas, mais il les a augmentés à des niveaux insupportables. Il a garanti qu’il n’extorquerait pas les retraites ni ne couperait dans les revenus de ceux qui travaillent, mais il n’y a pas un jour sans qu’il ne vole plus d’argent aux travailleurs et retraités. Il a juré qu’il ne licencierait pas de fonctionnaires ni n’augmenterait le chômage, mais à chaque heure qui passe il y a plus de personnes sans travail.

Cette Motion de Censure est l’expression de l’isolement du gouvernement. Il peut cuisiner des lois et des coupes avec les banques et sa majorité parlementaire. Le Président de la République peut aussi tout approuver, même si la Constitution est pervertie alors qu’il a juré de la mettre en défendre. Mais ce gouvernement n’a plus de légitimité. Il a contre lui la population, qui exige, comme point de départ, la démission du gouvernement, la fin de l’austérité et de la domination de la Troïka sur le peuple seul souverain.

Que le peuple prenne la parole! Parce que le gouvernement ne peut arriver à se passer du peuple, mais celui-ci peut et arrive à faire démissionner le gouvernement. Il n’y a pas de gouvernement qui puisse survive à l’opposition da population.

Cette Motion de Censure Populaire est le cri d’un peuple qui exige de participer. C’est l’affirmation publique d’une volonté croissante du peuple de prendre en main la conduite du pays, renversant un pouvoir corrompu qui s’accroche depuis plusieurs gouvernements.

Ce jour du 2 mars, à travers tout le pays et dans de nombreuses villes à travers le monde, sous le slogan « Que la troika aille se faire foutre! Le peuple est le souverain », le peuple a manifesté sa volonté claire de rupture avec les politiques imposées par la Troïka mises en place par ce gouvernement.

Basta! De fait, vous bêtes démis. Que le peuple gouverne!
Basta! Obviamente, estão demitidos. Que o povo ordene!

Le vide-grenier austéritaire

Vide-grenier On pourrait se croire dans une sorte de concours Lépine de l’austérité. Sauf que ce dernier récompense l’inventivité et non les vieilles recettes.
C’est plutôt un vide-grenier austéritaire. Les solutions éculées remisées au plus profond des soupentes sont de retour sur les trottoirs.

Emmanuelli nous propose… l’inoxydable allongement de la durée de cotisation ! Le dernier qui nous l’a refourguée, il y a deux ans seulement, promettait déjà qu’elle comblerait les déficits. Je ne me souvenais pas qu’à l’époque, Emmanuelli en ait voulu.

Le rapporteur général PS de la commission des finances, Eckert a, lui, ressorti la hausse de la TVA. Il s’était vanté de retirer cette épave de la circulation à l’été dernier, avant d’en voter une première tranche il n’y a même pas trois mois. Puisque les pires ruines sont les bienvenues, tout le gouvernement s’y met.

Batho se souvient qu’elle a en rayon la hausse du diesel, Peillon calcule ce que pourrait rapporter la réforme des rythmes scolaires et Touraine celle de l’hôpital.

Tout est à vendre, pour pas cher. Demain ça ira mieux, on pourra tout racheter ! Des professionnels se sont invités dans la fête : les technocrates du ministère des finances ressortent les chargements de mesures d’économie dont ils font industrie et le MEDEF inonde la rue de productions frelatées mais lucratives, flexibilité, baisse du « coût du travail », accords compétitivité emploi…

Quand Ayrault, placier invisible et mutique, aura fini de relever les compteurs, le pays aura adopté sans même s’en rendre compte un nouveau plan d’austérité. Un de plus ! Au moins les gouvernements grecs, désireux de se faire bien voir de la Troïka et des agences de notation, tiennent la comptabilité de leurs plans successifs. En France, c’est la rigueur au fil de l’eau. Le mot austérité est interdit. La politique choisie se cache. La potion amère est répandue dans tous les plats en pensant qu’elle sera plus facile à avaler. Peut-être serait-ce le cas si ce n’était qu’un moment à passer. Mais l’austérité appelle toujours plus d’austérité. Qu’on me cite un seul contre-exemple ! L’engrenage austéritaire ne tourne que dans un sens : la fuite en avant. La seule manière de l’arrêter, c’est de le gripper puis de le faire voler en éclats. C’est comme cela que ça finira.

N’est-ce pas la leçon des élections en Italie ? Les partisans de l’Europe austéritaire étaient si convaincus de la victoire de leur candidat Mario Monti, ancien de Goldman Sachs, ex commissaire européen, bombardé sénateur à vie puis premier ministre sans qu’il y ait eu besoin d’élection. « Cet homme va-t-il sauver l’Europe ? » se demandait en Une le Time. Il affrontait une classe politique décrédibilisée. Les partis dominants étaient d’autant moins armés pour le contrer qu’ils avaient soutenu sa politique au Parlement. Las, Monti a été pulvérisé. Et tous les autres sont au tapis ! Le satiriste Bepe Grillo, ce candidat qui a refusé l’accès aux médias, au financement public, et a exclu tout soutien à un autre gouvernement que le sien, culmine à 25% sans même avoir un parti. Bepe Grillo était le candidat du « qu’ils s’en aillent tous ». Faute de l’incarner, l’autre gauche a été elle aussi tragiquement laminée. La vague balaye tout ce qui n’est pas un point d’appui pour elle. Demain elle dégagera tous ceux qui se sont associés aux politiques austéritaires, quels qu’aient été leurs remords ou hésitations. Une fois les étals rangés, ne reste plus que la bannière qui barre la rue : tout doit disparaître.

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