Le Parti de Gauche soutient les salariés d’EDF en grève contre le travail dissimulé
Lundi, à l’appel de Sud-énergie, les salarié-e-s ont entamé un mouvement de grève à la centrale nucléaire de Belleville (Cher), grève qui pourrait s’étendre aux autres centrales de la région : Dampierre-en-Burly (Loiret), Chinon (Indre et Loire) et Saint-Laurent-des-Eaux (Loir-et-cher).
Ce mouvement est lié à une enquête ouverte contre EDF, pour « travail dissimulé, délit de marchandage et prêt illicite de main d’oeuvre » entre entreprises sous-traitantes intervenant à la centrale de Belleville, d’après le syndicat Sud-Energie. »
C’est sur la base de procès verbaux envoyés par l’ASN à l’inspection du travail que le procureur de la République de Bourges a fait procéder à des investigations.
Ces conditions de travail insupportables s’appliquent notamment et surtout aux salarié-e-s sous-traitants, qui sont en première ligne face aux dangers de la contamination et qui subissent en silence la dégradation d’une filière qui n’en finit pas de baisser ses coûts et de diluer ses responsabilités, au détriment de la sécurité des populations et du respect de notre environnement.
Ce mouvement de grève est donc un avertissement à EDF qui préfère faire des économies, au sacrifice de la sûreté et de conditions de travail satisfaisantes.
Le parti de gauche appelle le gouvernement et les autorités compétentes à intervenir en urgence pour qu’EDF obéisse immédiatement aux recommandations de l’ASN. La soumission à l’Intérêt Général ne concerne pas que les ouvriers du nucléaire mais avant tout celles et ceux qui ont la responsabilité des centrales.
Le Parti de Gauche réaffirme son soutien plein et entier à ces employé-e-s qui luttent et combattent pour la sécurité de tou-te-s, notamment face aux menaces de perte de leur emploi, et la nécessaire urgence d’un retour d’EDF, d’AREVA et du CEA sous la responsabilité totale de l’État.
Non à la loi Medef, non au recul de l’âge de la retraite, oui à l’amnistie sociale!
Crédit photo photosdegauche.fr (rémy_blang)
Le Sénat, ce mardi 14 mai, puis l’Assemblée nationale le 16 mai vont être le théâtre de deux votes importants : sur l’Accord national interprofessionnel (ANI) d’une part, sur les lois d’amnistie sociale et l’interdiction des licenciements boursiers proposées par le groupe FDG d’autre part. Dans les deux cas nous appelons les députés de la majorité gouvernementale à désobéir aux volontés du gouvernement.
L’ANI ne peut en effet passer au Sénat qu’avec les voix de la droite. C’est la raison pour laquelle le gouvernement avait eu recours au principe du voté bloqué une première fois. La manœuvre ayant échoué, l’heure de vérité approche : le Front de Gauche s’adresse solennellement aux sénateurs socialistes pour qu’ils n’adoptent pas définitivement ce texte de régression sociale.
La loi sur l’amnistie sociale qui passe jeudi à l’assemblée s’est, elle, vue refusée par le gouvernement alors qu’elle avait été adoptée au Sénat. Ce volte-face de l’exécutif et du groupe PS réjouit la droite et, là encore, le Medef. Les élus EELV ayant déjà annoncé qu’ils voteraient la proposition du FDG, tout va dépendre du vote des députés PS. Il serait indécent qu’un élu de gauche refuse l’amnistie sociale à ceux qui ont résisté pendant cinq ans à la politique de Nicolas Sarkozy ! Ce serait un reniement insupportable et un feu vert à une criminalisation accentuée du mouvement social à l’avenir. C’est pourquoi le FDG appelle ses sympathisants et plus largement les citoyen-ne-s à se mobiliser devant l’Assemblée nationale aux côtés des syndicats le 16 mai à partir de 12 h 30 pour soutenir ces projets de loi.
La marche du 5 mai a prouvé une large adhésion du peuple de gauche à l’exigence d’une politique alternative. Le refus de l’ANI, l’exigence de l’amnistie sociale et d’une loi sur les licenciements boursiers portent la même aspiration. Il s’agit de rompre avec l’escalade néo-libérale du gouvernement qui, sur pression de la commission européenne, se prépare à de nouvelles régressions sociales en augmentant la durée de cotisations pour toucher une pension complète ce qui signifie un nouveau recul de l’âge de la retraite ! Ce serait une catastrophe supplémentaire venant d’un gouvernement qui se réclame de la gauche. La mobilisation contre ce projet sera donc au centre de nos initiatives à venir.
Voilà ce que le Front de Gauche dira ce jeudi 16 mai mais aussi lors des initiatives régionales du premier week-end de juin et des assises du 16 juin dont nous proposons la co-organisation à toutes celles et tous ceux, personnalités, associations, syndicats et forces de gauche qui partagent les objectifs d’une politique alternative à celle appliquée aujourd’hui par le gouvernement….
Coup de balai, serpillière et Karcher. En politique, la forme c’est du fond
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Avouons le, j’ai pris quelques jours de vacances. C’était pour moi nécessaire après le magnifique succès du 5 mai, notre manifestation « Pour la 6e République » ayant rassemblé plus de 180 000 personnes. A ce sujet, j’attends toujours depuis une semaine une lettre du Préfet répondant à mon courrier lui demandant des explications sur les drôles de comptes de ses services. Je vous tiendrai au courant s’il me répond. Mon ami François Delapierre , au micro de France Inter, a bien résumé les choses avec humour. Il y avait 180 000 personnes dans la rue dont 30 000 avec des balais, et ce sont uniquement ces derniers que la préfecture a comptés. Ah ce balai ! Certains ont voulu résumer le sens profond du 5 mai comme la simple « manifestation coup de balai ». Ils pensaient nous flétrir de la sorte, mais après tout, pourquoi pas ? Il y a finalement dans cette expression un concentré de politique qui me convient. « Coup de balai » au moins, c’est clair et compréhensible pour des millions de gens qui en ont assez du système actuel et qui veulent le changement, maintenant. Il va de soi que « le coup de balai » n’est pas un programme politique. Personne n’a jamais prétendu cela. Mais le propre de l’action politique est la capacité de construire une pratique qui s’articule notamment autour d’un programme (nous l’avons avec « L’Humain d’abord » vendu d’ailleurs à plus de 300 000 exemplaires), qui se décline ensuite parfois en quelques axes politiques privilégiés, devenant des forces matérielles par des actions de masses, elles mêmes mobilisés par des mots d’ordres, ou slogans d’agitation populaire. C’est dans cette dernière catégorie que je rangerai « le coup de balai ». Sans programme, cette phrase ne rime à rien. Mais à l’inverse, sans slogan d’agitation populaire, un programme, aussi subtilement écrit soit-il, est impuissant. La forme et le fond sont toujours lié en politique, du moins chez ceux qui vivent la politique comme une activité réelle et pratique ayant pour but de changer les choses, donc de mobiliser une majorité de citoyens, et en particulier de bouleverser l’ordre établi.A l’expression « coup de balai », lancée par Jean-luc Mélenchon pour initier l’idée du 5 mai, a répondu des tirs croisés, parfois contradictoires dans leur motivation,qui sont intéressants à observer. Certains sont venus parfois de gens qui sont eux-mêmes des forces composantes du Front de Gauche. Maintenant que le succès de la manifestation du 5 mai est derrière nous, je voudrais leur répondre. Cela me semble utile car dans les semaines qui viennent, à Toulouse, Montpellier, Amiens et beaucoup d’autres villes nous allons organiser des répliques du 5 mai. Nous en reparlerons. Je reprends donc le fil de mon propos. Un exemple. Mon camarade du Front de Gauche André Chassaigne a jugé pertinent, un moment, de déclarer «Parler de coup de balai, ça me blesse. C’est un slogan inacceptable aux relents de populisme. Il encourage chez les gens un rejet global de la politique.» Quelle erreur d’analyse. Je laisse de coté l’utilisation du terme « populiste », toujours flou dans sa définition, répété en boucle par les éditocrates qui n’ont que mépris pour nous. C’est toujours une maladresse de reprendre les mots de l’adversaire. Mais surtout, André, fier communiste revendiqué, semble oublier que « le coup de balai » est une symbolique directement inspirée de l’histoire du communisme. Passé et récent. Bien sûr, il y a la célèbre affiche que tout le monde connait, de Victor Deni de 1921 représentant Vladimir Illitch Lénine balayant le monde des rois, des banquiers et des popes. Mais, plus proche encore, au début des années 70, période où André était déjà membre du PCF, où ce parti obtenait des résultats électoraux supérieurs à 20 %, où par exemple Paul Laurent était n°2 du parti, le PCF utilisait aussi l’image du « coup de balai » dans sa propagande. Je ne crois pas qu’André et ceux qui pensent comme lui, considéraient la politique du PCF des années 70 comme « populiste » et « encourageant les gens a un rejet global de la politique ». J’ai même cru comprendre que certains avaient une nostalgie de cette époque.
Anecdote, au hasard d’une lecture du grand Karl Marx, dans «La guerre civile » rédigé en 1871, je retrouve cette phrase décrivant la Révolution Française: « Le gigantesque coup de balai de la Révolution française du XVIIIe siècle emporta tous ces restes des temps révolus, débarrassant ainsi, du même coup, le substrat social des derniers obstacles s’opposant à la superstructure de l’édifice de l’État moderne. » Je m’amuse en la relisant.Comment soutenir encore dans ces conditions, qu’on l’approuve ou non (c’est un autre débat), que l’expression de « coup de balai » serait extérieure à l’histoire du mouvement ouvrier ? Bien entendu, par ces références historiques, je n’impose pas des arguments d’autorités. Chacun au Front de Gauche a le droit de livrer son appréciation personnelle sur les déclarations des uns et des autres. Nous n’avons pas une discipline de caserne. Toutefois, évitons les faux débats entre nous et parlons de l’essentiel. Le 5 mai, des milliers de gens (et souvent de communistes) sont venus avec des balais à la main, sur des pancartes, sur des casques, pour symboliser avec insolence, leur volonté farouche de changement radical et je note qu’au final André Chassaigne a approuvé le principe de notre manifestation. Comme quoi…
Venons en maintenant aux principaux locataires de Solférino. Il va de soi que je n’assimile pas Chassaigne à cette troupe. Avec eux l’hypocrisie se porte en sautoir sur leur costume gris, comme une décoration, un signe de reconnaissance. J’ai déjà démontré sur ce blog que tous ceux, parmi eux, qui considéraient à grands cris et tweets arrogants définitifs, que « le coup de balai » était une image horrible, fascistoïde, puisée dans la seule rhétorique de l’extrême droite, étaient des ignorants qui oubliaient leur propre histoire et les affiches de la SFIO des années 30. Mais, il est vrai qu’en ce temps là, la SFIO se vivait comme un parti révolutionnaire luttant contre le capitalisme et que même Léon Blum, dont ils nous bassinent les oreilles, se réclamait de « la dictature du prolétariat ». L’expression « coup de balai » fut utilisée également en 2011 par Ségolène Royal contre Nicolas Sarkozy, c’est dire… En réalité, les indignations solfériniennes sont souvent de médiocres tartuferies. Ceux qui jasent et s’offusquent du vocabulaire du Front de Gauche sont les mêmes qui vont chercher à l’imiter quelques jours plus tard… pour justifier l’injustifiable cette fois-ci. Et l’expression populaire révolutionnaire détournée, parfois employée par l’un d’eux, devient une misérable astuce de comptable magouilleur et cynique. Entre leurs mains, la torche se transforme en bloc de glace. C’est le contre exemple parfait de ce que je racontais précédemment. Aujourd’hui, Jean-Christophe Cambadélis a par exemple expliqué sur Radio J les problèmes de François Hollande de la façon suivante : « Il était difficile de développer pleinement notre politique de redressement dans la justice alors qu’il fallait passer la serpillière après Nicolas Sarkozy ». Koa !? Sous entendrait-il que l’ancien locataire de l’Elysées serait une saleté ? Allons Jean-Christophe ressaisis toi ! La serpillière contre un président de la Ve République qui a mis en place une « courageuse » politique de réduction des dépenses publiques, qui a rédigé le Traité Sarkozy-Merkel repris à la virgule près par MM. Hollande et Ayrault ? Vite, vite, un bel esprit de ton parti va te traiter de « populiste », va te dire que tu utilises « une rhétorique des années 30 » …Plus sérieusement, en réalité personne ne s’indignera car les mots de ce responsable PS, longtemps homme lige de DSK, ne font peur à personne. Ici la « serpillière » molle et froide de Cambadélis est l’antithèse même de notre énergique et chaleureux « coup de balai », même s’il semble puiser dans le même registre sémantique. Notre expression a une énergie positive, mettant en mouvement des consciences qui veulent changer les désordres du monde. La sienne est un étouffoir à aspiration populaire, un gadget pour mettre en oeuvre la machine à résignation au nom de la responsabilité passée de la droite. Bref, sa serpillière vise à effacer aussi au passage, les saletés commises par le gouvernement actuel : la scandaleuse ANI, le refus sectaire de l’amnistie sociale, la non hausse du SMIC, les 60 milliards de réductions de dépenses publiques, les 20 milliards d’euros offerts au patronat, etc. Enfin chacun sait qu’un coup de serpillière qui n’est pas précédé d’un bon coup de balai, ne produit que l’étalement de saleté et donc l’effet inverse du nettoyage…
Bah, qu’importe en réalité pour les solfériniens. Pas sûr d’ailleurs qu’ils s’écoutent entre eux. Ici, la forme masque le fond. La consigne est exclusivement à la diabolisation à outrance du Front de Gauche et singulièrement de Jean-Luc Mélenchon. Pour eux, il est l’homme à abattre, « le grand méchant Mélenchon » comme a osé l’écrire bovinement Le Monde 2, hebdomadaire sur papier glacé (ici, c’est le mot « glacé » qui compte) paru le jour même de notre manifestation. C’est beau la presse « indépendante », non ? A ce sujet, lisez l’excellent billet de blog de mon jeune ami Antoine Léaument. C’est éclairant. Par jet continu, c’est exclusivement le vocabulaire mélenchonien, et seulement le sien, qui choque et qui indigne. A leurs yeux, il l’emporte sur toutes les horreurs de ce bas monde. Parallèlement aux dignitaires PS, les mêmes organes de presse, généralement proche du pouvoir, dédiabolisent avec une ardeur confondante Mme Marine Le Pen. Normal, son existence repoussante est aujourd’hui la principale énergie qui empêche la vieille scène politique de s’effondrer. C’est leur seule assurance vie croit-il, oubliant les terribles leçons de l’histoire, chaque fois qu’un pouvoir en crise a voulu jouer avec l’extrême droite en l’instrumentalisant pour stopper la progression des idées révolutionnaires de partage des richesses. La peur du rouge a fabriqué des monstres qui ont dépassé leurs créateurs. Toujours, le petit dompteur s’est fait dévorer par le fauve au final. Au PG, nous avons de la mémoire et sommes inquiets du spectacle actuel. Vigilance. Je m’arrête un instant sur ce point. La couverture médiatique du 1er mai raté du FN fut sidérante. 3 000 militants à peine se sont retrouvés Place de l’Opéra. Ils étaient le double l’an passé. Cela n’a pas empêché nombres d’observateurs d’insister sur « la dynamique FN », de mettre en concurrence ce ramassis misérable avec les manifestations des syndicats, de reprendre sans vérification aucune les soi disant 65 000 nouvelles adhésions au FN, etc… Quel baratin. Un exemple. Le Fn affirme avoir déjà désigné plus de 350 têtes de listes aux municipales. Mais, concrètement, cela signifie que dans chacune de ces villes où la presse nous affirme que le FN est déjà « en ordre de bataille », ils ne sont pas capables de rassembler 10 personnes pour écouter Marine Le Pen une fois par an. Pas si décoiffante que cela donc, la dynamique quand on la regarde de près… En écrivant cela, je ne minimise pas la progression du FN. Elle est électorale et culturelle, ce qui est pire. Mais je la restitue dans sa réalité. C’est important. Lutter contre l’extrême droite impose de lutter contre sa réalité et non contre « le fantasme solférinien du FN » qui permet de faire hurler aux mêmes qui font progresser l’extrême droite « Au secours, le Fn arrive ! Silence dans les rangs ». Au Front de Gauche, nous ne mangerons pas de ce pain là. Pour l’heure, depuis un an, la prétendue progression électorale du Fn est essentiellement due à l’effondrement de l’électorat PS. Mais cela peut changer demain et reste inquiétant.
Nous devons donc nous adresser à ceux qui doutent et s’abstiennent. Pour l’essentiel, ce sont les nôtres. Pour nous adresser à eux, notre parole doit être à la hauteur de leur désarroi et de ce qu’ils comprennent de la violence de la période. La forme, c’est du fond. J’insiste. Ceux qui sont dans l’action et dans la lucidité, confrontés à la rudesse de la réalité de notre temps, l’ont bien compris. Seuls les inconscients et les gardiens du vieux système veulent maintenir les anciennes convenances de langage. Parfois être naïfs, c’est être coupable. Nous ne sommes pas seuls à voir les choses ainsi. Ce week-end, il s’est passé un petit évènement qui à mes yeux à son importance. S’adressant aux militants d’Europe Ecologie Les verts, après avoir participé au 5 mai, Eva Joly a eu un propos terrible, venant de la part de quelqu’un qui fut une juge anticorruption implacable : « Mélenchon a parlé de coup de balai, choquant les oreilles sensibles? La belle affaire! La vérité, c’est qu’il est en deçà de la réalité : un ’Karcher’ ne suffirait pas à décrasser le système actuel ». Merci Madame ! Il va de soi, selon moi, qu’une phrase d’une telle puissance subversive ne peut rester sans lendemain. Si les militants d’EELV avaient fait le choix d’Eva Joly pour être candidate à la présidentielle, c’est qu’ils avaient bien senti que le combat pour la République exemplaire, que nous nommons 6e République, était une question majeure.
Je termine avec quelques lignes puisées dans Le Père Duchesne, le tonitruant journal révolutionnaire de Jacques-René Hébert. Que les amis jacobins et défenseurs de l’oeuvre politique de Maximilien Robespierre (parmi lesquels je me compte) me pardonnent ce choix de circonstances assez iconoclaste, il est vrai. Mais, mon ami l’historien Michel Biard, président de la Société d’Etudes Robespierristes (SER) et brillant spécialiste de la Révolution Française, auteur du savoureux « Parlez vous sans culotte ? » m’a fait passer il y a quelques jours un court texte extrait du Père Duchesne n°257, juillet 1793. Je le trouve brûlant d’actualité et finalement la meilleure réponse à ceux qui reprochent à Jean-Luc Mélenchon (et d’autres du PG) le parler « cru et dru » : « Si j’avais voulu trancher du bel esprit, je m’en serais aussi bien tiré qu’un autre. Moi aussi je sais parler latin ; mais ma langue naturelle est celle de la Sans-Culotterie ; j’aime mieux être lu des pauvres bougres, j’aime mieux leur apprendre de bonnes vérités, et les avertir des manigances des traîtres, que de prendre le ton de nos journalistes freluquets qui, pour plaire aux petites maîtresses et aux prétendus honnêtes gens, n’osent nommer les choses par leur nom. Il faut jurer avec ceux qui jurent, foutre. Ma rudesse, quoi qu’on en dise, ne déplaît pas autant que quelques viédases le prétendent. Tous ceux qui aiment la franchise et la probité ne s’effarouchent pas des bougres et des foutres dont je larde par-ci, par-là, mes joies et mes colères ; les oreilles si délicates qui sont déchirées de mes expressions les trouveraient délicieuses si je voulais être l’apôtre de l’aristocratie […] Il est donc clair que ceux qui s’offusquent tant de mon langage n’aiment pas la vérité, et, comme je n’ai cessé de la dire, ceux à qui je déplais si fort sont à coup sûr des aristocrates. »
Loi d’amnistie sociale • Défendons les militants de premières lignes !
Les militants de premières lignes sont les premières victimes de la répression syndicale et sociale. Ces militant-e-s s’appellent Cédric, Agathe, Dominique, Sébastien, Xavier, Olivier, et bien d’autres. Engagé-e-s dans de nombreux combats syndicaux, sociaux et associatifs, elles/ils n’ont de cesse de défendre l’environnement, l’emploi, le travail, la pollution publicitaire, l’accès aux droit à l’énergie et à l’eau pour les usagers, les services publics,… et ne craignent pas de monter en première ligne pour défendre les droits des citoyens, des salariés : de l’humain d’abord
Aujourd’hui, ils paient très cher leur engagement.
Pour des salarié-es qui n’ont que l’objectif de prendre la défense de leurs outils de travail, ils/elles sont trâiné-es devant les tribunaux par des patrons capitalistes pour soi-disant atteintes à « l’honneur des entreprises » alors qu’elles ne se privent pas d’annoncer des PSE pour garnir plus encore les comptes bancaires des actionnaires. Pourchassé-e-s par la justice pour refus de prélèvements ADN, alors que ces militants ne sont pas des criminels et que donc leurs noms n’ont rien à faire dans le fichier FNAEG. Condamnés lourdement pour participation a des mobilisations sociales, violences ou casse – sans preuves réelles souvent – ou pour avoir simplement avoir refusé l’entrée aux huissiers venus constater un mouvement de grève, militants anti-nucléaires, protecteurs de l’environnement, du bien-être des familles, de l’accès pour toutes et tous aux biens communs de l’humanité, déboulonneurs appelant à la désobéissance civile… ils subissent des pressions inadmissibles, des menaces, de la culpabilisation, des sanctions, la dégradation de leurs conditions de travail et la « mise au placard », ou sont condamné-e-s à des peines absurdes et absolument aberrantes.
Aujourd’hui, la déception des français est très forte face à la politique de François Hollande, auquel ils ont voulu tenter de faire confiance il y a un an, un Président de la République qui a vite oublié que son élection n’était due qu’à vouloir se débarrasser de la politique de Nicolas Sarkozy, et qui pendant sa campagne présidentielle, ainsi qu’en début de mandat, avait portant promis une Loi d’amnistie sociale.
Et pourtant, le gouvernement, par la voix d’Alain Vidalies, Ministre chargé des relations avec le Parlement, a fait savoir qu’il était contre cette loi, déjà rejetée par la commission des Lois de l’assemblée et que les député-e-s PS devaient respecter la position du gouvernement, naturellement sous la pression du MEDEF… Belle démocratie !
Alors aujourd’hui, on continue. Après une mobilisation sans faille du Front de gauche, la proposition de Loi d’amnistie sociale présentée par le Front de Gauche, une première fois arrachée et votée au Sénat le 27 février dernier à deux voix près passe le 16 mai prochain en séance publique à l’Assemblée nationale.
Pour que l’action syndicale, sociale et associative ne soit pas reconnue comme un délit, pour que l’engagement militant reste un droit fondamental pour défendre les acquis sociaux, l’emploi, l’environnement, les services publics, pour que la muselière ne nous soit jamais imposée par les puissants, soyons nombreux le
jeudi 16 mai 2013 à 12 heures
devant l’assemblée nationale
pour faire levier et appeler les député-e-s de gauche à respecter les engagements pris par le Président de la République devant les électeurs le 6 mai 2012.
Crédit photo photosdegauche.fr (ducret)
Laurence Parisot prend les salariés pour des pigeons et des idiots
Madame Parisot a le culot de dire au Premier ministre qu’elle tire « un bilan plutôt positif de la première conférence sociale » puisque le Medef a réussi à obtenir ce qu’il exigeait depuis des années : licencier plus vite, à moindre coût et avec le moins de recours juridique possible.
Aussi ne se gêne-t-elle pas pour poser sur la table ses nouvelles exigences. « Une désindexation des pensions n’est pas souhaitable» dit-elle pour immédiatement proposer de repousser l’âge de départ en retraite à 65 ans au lieu des 62 ans à venir et exiger 43 ans de cotisations.
Ceci signifie tout simplement qu’une majorité de salariés n’aura plus le nombre de trimestres nécessaires pour partir en retraite et devra soit continuer à travailler au-delà des 65 ans soit partiront avec des pensions de misère. Ce seraient évidemment ceux qui ont eu les carrières les plus précaires et les emplois les plus durs ainsi que les femmes qui ont déjà des pensions bien plus faibles que la moyenne qui seraient les plus pénalisés.
Au moment où l’espérance de vie en bonne santé diminue (62 ans pour les hommes, 63 ans pour les femmes soit un an de moins) et où le nombre de retraités pauvres est reparti à la hausse, il serait scandaleux d’aller dans le sens des exigences du Medef.
Madame Parisot n’est que la porte-parole française des politiques ultra-libérales de la commission européenne qui a convoqué François Hollande mercredi pour lui rappeler ses exigences. Il est honteux qu’un président se réclamant de la gauche accepte de se soumettre ainsi aux diktats du patronat et de la troika euroépenne.
La solution passe par une autre répartition des richesses dont une réforme fiscale d’ampleur pour rétablir plus de justice sociale dans notre pays et par une relance économique créatrice d’emplois socialement utiles et écologiquement soutenables faisant rentrer des recettes dans les caisses de la Sécurité Sociale.
Dans la suite de la marche du 5 mai, des répliques auront lieu dans plusieurs villes les 1er et 2 juin. Le Parti de Gauche appelle à dire clairement non à cette nouvelle régression sociale à l’occasion de ces initiatives.
Résister (aussi) aux bobards
Dégonflons l’arnaque de la semaine. Convaincue par Hollande et Ayrault, la Commission Européenne aurait donné un sursis à la France et renoncé à l’austérité.
Trois bobards dans une seule phrase. Mais d’abord un vocabulaire insupportable ! La France est-elle une délinquante pour que l’on lui accorde ainsi un « sursis » ? Cet abaissement de notre pays est ressenti par des millions de citoyens. Hollande en avait hier conscience. Vous vous souvenez peut-être qu’il s’était distingué dans la primaire socialiste en promettant d’aller plus vite dans la réduction des déficits que ne le prévoyait le programme du PS. Il avait alors juré ses grands dieux que cette politique ne lui était pas imposée de l’extérieur mais simplement conforme à l’intérêt national. Alors pourquoi se réjouit-il d’échapper aux objectifs de baisse des déficits s’il les a lui-même fixés !
La satisfaction qu’il affiche est l’aveu qu’il avait renoncé à notre souveraineté budgétaire en ratifiant le traité européen qui donne à la Commission non élue le droit de distribuer peines et sursis.
De plus, la Commission n’a pas renoncé à sa funeste politique austéritaire. Non seulement aucune des coupes budgétaires annoncées par le pouvoir PS n’a été annulée. Le projet de budget pour l’an prochain prévoit encore de généraliser les baisses de crédits, qui frapperaient des secteurs jusqu’ici épargnés. Ensuite, la Commission assortit son délai d’une condition : l’accélération des « réformes structurelles ». Il s’agit notamment de l’allongement de la durée de cotisation pour les retraites. Le gouvernement en accélère docilement le calendrier ! Le sommet social chargé de l’endosser est avancé au 20 juin. Ayrault reçoit cette semaine les organisations syndicales. Il faut dire que la CFDT, favorable à une « réforme systémique » des retraites, n’est pas très chaude pour ouvrir à nouveau la voie aux projets du gouvernement. La signature de l’accord Made in MEDEF a fait de gros dégâts en interne et la direction de la confédération aimerait que Hollande assume davantage ses choix. Or ceux-ci sont économiquement, socialement et politiquement désastreux. L’allongement de la durée de cotisations fait déjà exploser le chômage des plus de 50 ans. La baisse recherchée du pouvoir d’achat des retraités percuterait l’économie (et creuserait les déficits). Et Hollande donne une fois de plus raison à Sarkozy et au MEDEF.
La fable d’un François Hollande faisant évoluer la Commission européenne relève donc de l’humour noir. Non seulement la Commission ne renonce en rien à ses lubies néolibérales. Mais de plus, Hollande court devant ce qui justifie ses surenchères. Navrant spectacle que de voir ce président qui se définit comme « le bon élève de l’Europe » allant devant la Commission comme à un oral de l’ENA chercher sa bonne note.
Nous devons en fait ce repli tactique à la résistance des peuples qui rejette les politiques austéritaires et ceux qui les incarnent. La Commission a été tétanisée par la défaite cuisante de Mario Monti en Italie, un homme qu’elle avait quasiment installé à son poste. Puis elle a été prise à revers par la décision du premier ministre libéral des Pays-Bas qui a renoncé à ses objectifs de réduction des déficits sous la pression des syndicats, tout comme à ses projets de gel des salaires dans la fonction publique ou d’assouplissement de la procédure de licenciement. Deux mesures qui trônent en bonne place dans la « boîte à outils » de François Hollande !
En Europe comme en France, une seule chose paie face à l’austérité : la résistance.
LE 5 MAI ET APRES ?…ON CONTINUE
Je ne commencerai pas par discuter le nombre de participants. Ce débat sur les chiffres est stérile.
La question est : le Front de gauche a-t-il atteint ses objectifs qui étaient de mobiliser largement contre la politique d’austérité et pour une autre république démocratique, écologique et sociale ?
Je peux vous dire que nous étions venus de partout, parfois de loin. Jeunes et moins jeunes. Militants du Front de Gauche, du NPA, d’Europe Ecologie-les verts, d’Utopia et syndicalistes de la CGT et de Solidaires dont les organisations- fait assez rare- appelaient à participer à une manifestation politique. Mais aussi simples citoyens de toute la gauche. Tous qui ne se satisfont pas de la politique du gouvernement Hollande-Ayrault.
C’est notre réussite d’avoir mobilisé et bien au-delà du Front de Gauche.
Qu’avons-nous tous dit, sur tous les tons et sous toutes les formes ?
Qu’ont déclaré Pierre Laurent, Jean-Luc Mélenchon, Eva Joly et quelques autres…?
« Hollande, nous ne t’avons pas élu pour ça ! Pas pour continuer la politique libérale et de rigueur de Sarkozy.
Hollande, respecte le vote du peuple de gauche pour un vrai « changement », sinon tu es foutu : la droite et l’extrême droite auront ta peau et celles de tes amis ! Et ça ne nous fera pas plaisir, car ce que nous voulons ce n’est pas l’alternance mais une vraie politique alternative. »
Bien sûr une marche seule, fut-elle réussie, ne suffit pas à inverser le rapport de forces.
Aux résignés, à ceux qui hésitent à nous rejoindre, nous disons : « mobilisez-vous, rejoignez-nous car jamais de nouveaux droits ne furent donnés, il fallut toujours les prendre de haute lutte. »
Dès le 6 mai, le Front de Gauche a convenu d’un calendrier de mobilisation et d’élaboration politique.
D’abord des rassemblements à Paris, le 14 mai lors du vote de l’ANI au Sénat et le 16 mai lors de l’examen de deux propositions de loi du Front de Gauche, l’une sur l’amnistie sociale et l’autre contre les licenciements boursiers.
Puis, les 1er et 2 juin organisation de répliques régionales de la marche du 5 mai.
Le Front de Gauche dans son ensemble soutient l’initiative communiste d’assises d’une refondation sociale et démocratique de la République le 16 juin, probablement à Paris.
Citoyens, camarades, on lâche rien, on continue !
Vive la sociale !
Jeannine Meignan
Crédit photos : Mado.
Opiam • Diabolisation visuelle de Mélenchon dans les médias
Deux analyses très complémentaires sont réunies ici. D’abord, une analyse iconographique d’André Gunthert, historien, enseignant-chercheur en culture visuelle et maître de conférences à l’EHESS. Puis quelques montages réalisés par la presse, et des variations à l’infini sur le thème de la diabolisation visuelle (trouvés sur le forum « Sans entraves ») :
I. De Hitler à Mélenchon. Petite généalogie de la diabolisation visuelle
La narration visuelle au service du journalisme fait rarement dans la dentelle. En ce jour de manif du Front de gauche, le Monde.fr a remis en Une le signalement du long article d’analyse politique de Raphaëlle Besse Desmoulières et Vanessa Schneider publié dans “M le magazine”, illustré par une photo noir et blanc d’un Mélenchon vociférant, parfaitement raccord avec les éléments de langage gouvernementaux (voir ci-dessus).
La presse de la middleclass entretient une allergie notoire pour le leader gauchiste, qui s’exprime abondamment par l’image. Un récent article de Libération comportait un choix iconographique qui tapait délibérément sous la ceinture, en dévoilant l’oeil noir d’un Méluche comme sorti d’un puits d’ombre. L’association avec Marine Le Pen constitue un classique de la dénonciation du populisme mélenchonien, que le Journal du Dimanche reprend dans son édition d’aujourd’hui (voir ci-dessous).
Rien n’interdit à un journal d’opinion de critiquer celles qui l’indisposent. Le Monde entretient de surcroît de mauvaises relations avec le dirigeant, qui a insulté un de ses journalistes. Mais un pas est franchi avec la photo de Laurent Hazgui, dont le noir et blanc, traitement rare dans le registre du portrait politique, souligne la violence tout en évoquant un rapport au passé. Comme le délit de sale gueule, l’attaque iconographique ne fait pas appel à des arguments politiques ou philosophiques, mais construit sur le mode de la médisance un document accusatoire qui s’appuie sur l’aspect physique et sur des jeux associatifs plus ou moins avoués¹…
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Euro • « Il faut désobéir à la politique monétaire européenne » : Guillaume Etiévant, secrétaire national du Parti de Gauche
D’après le discours dominant, nous sommes condamnés à subir l’Euro ou à en sortir dans un repli identitaire. Pour le Parti de Gauche, l’euro doit être profondément réformé, par la désobéissance aux diktats européens. La BCE doit être mise au service des États.
Si la France engage ces réformes de nombreux partenaires européens la suivraient, nous explique Guillaume Etievant, secrétaire national au Parti de Gauche. La sortie de l’Euro n’interviendrait, ainsi, qu’en dernier recours.