LE 1 JUIN ENSEMBLE DISONS NON A L’AUSTERITE ET A LA FINANCE
A Toulouse :
Désert médical
Que diable le Front de Gauche du Lot allait-il faire ce 26 mai dans ce petit village au coeur des Causses du Quercy mais aussi au coeur du désert médical du département?
Il s’agissait par exemple, de mieux comprendre ce qui peut arriver à une maman dont l’accouchement se complique soudain alors que, depuis la fermeture de la maternité de Figeac, elle n’a plus le choix qu’entre Brive et Cahors. Trop loin l’un et l’autre! Un bébé déjà, n’y a pas survécu.
Par ailleurs à Durbans comme ailleurs, les difficultés d’accès aux soins relèvent de la même logique libérale qui voudrait que la santé soit gérée seulement par une logique comptable comme une marchandise.
Alors nous avons d’abord fait savoir, en musique, à Durbans, ses habitants et ses petis chemins d’habitude si calmes que les « Front de Gauche » du 46, du 82, du 12, du 19 et d’autres encore, avec Attac, la CGT, des associations locales…..refusent la marchandisation de la santé.
Notre modeste délégation représentait à la fois le PG82, Attac82 et l’Association des amis et usagers de l’Hôpital de Montauban (nous avons profité de leur présence pour attirer l’attention des intervenants locaux et nationaux sur le recrutement d’un seul radiologue ouvert par l’ARS alors qu’il y a 4 postes à pourvoir à l’hôpital)
Devant ce remue-ménage, même les ânes dans leur pré ont été pris au dépourvu.
Ensuite, après le goûter offert par le FdG 46 (les gâteaux faits maison auraient damné un saint!), on va phosphorer sérieux, les fesses dans l’herbe, avec des gamin-ne-s et des chiens qui galopent en liberté dans le champ où nous sommes. Le soleil nous chauffe un peu fort les neurones -quelle chance! – alors les organisateurs ont prévu d’abriter les intervenants qui sont venus jusqu’à Durbans
Marie-Laure Darrigade en charge des questions de santé au SN du PG
Chantal Dellac secrétaire de la section départementale 46 CGT santé
Michel Dauba économiste du PCF 46
Jean Scheffer membre de la coordination nationale des comités de défense des hôpitaux et maternités de proximité
Bernard Teper co-animateur du Réseau Education Populaire, membre du Conseil scientifique d’Attac et co-auteur du livre « Contre les prédateurs de la santé »
et Jean-Luc Mélenchon co-président du PG
Jean Scheffer a apporté sa vision panoramique des difficultés de l’ensemble des hôpitaux de notre pays: la rémunération à l’acte, la suppression généralisée de personnels titulaires palliée à minima par l’embauche d’intérimaires bien plus coûteux, la logique exclusivement comptable et commerciale des ARS, autant d’éléments qui creusent la tombe du service public pour le plus grand bénéfice des établissements privés. Il invite les militants à rapprocher leurs luttes, à s’inscrire dans les actions de la coordination nationale pour construire un véritable rapport de force susceptible de résister à la destruction systématique par le système libéral mis en place.
Chantal Dellac et Michel Dauba nous parlerons de la lutte qu’ils ont vécue de l’intérieur, pour défendre la maternité de Figeac . Mais la maternité a fermé! C’est l’illustration locale de la difficulté croissante d’ accès aux soins pour tous, partout et surtout en milieu rural où les distances et les moyens de transport compliquent souvent la situation.
Marie-Laure Darrigade reviendra sur l’indispensable coordination des luttes et décrira comment le PG avec tous les autres partenaires travaille à mailler le territoire d’un réseau d’information sur les luttes afin d’éviter, autant que faire se peut, des combats solitaires et construire des résistances plus larges
Avec une précision quasi chirurgirale, Bernard Teper illustre tous les mécanismes qui s’aggrègent pour détruire et l’hôpital public et la protection sociale. Selon lui, l’éducation populaire partout, tout le temps pour construire la révolution citoyenne.
Jean -Luc Mélenchon s’appuiera sur tous les apports précédents pour mettre en lumière les appétits financiers à l’oeuvre, les mouvements politiques de fond conduits par le gouvernement Hollande avec les institutions européennes. Il souligne les mensonges qui habillent ces politiques cruelles, la nécessité de citoyens informés pour les déjouer et il alerte:
ce sera pire si nous laissons signer le traité transatlantique européen !
Yvette Frot
merci à Patrice Meignan pour ses photos
Après le Medef, la Commission Européenne veut décider à la place du peuple français
Huit ans jour pour jour après le rejet du TCE par le peuple français, et dans le cadre de la procédure du semestre européen adoptée sous Sarkozy avec le soutien du PS, la Commission européenne vient de faire connaître ses exigences pour le budget de la France et les politiques qui en découlent. Ainsi, après le Medef qui veut contrôler le budget et les lois de notre pays, c’est maintenant au tour de Bruxelles de bafouer la souveraineté du parlement français.
Résultat : la France est sommée d’appliquer la potion ultralibérale de la commission sous peine de voir remis en cause le délai de 2 ans de retour à un déficit des finances publiques à hauteur de 3% du PIB.
Cette fois-ci, tout y passe : critique du niveau du SMIC, des droits au chômage, nouvelle réforme des retraites encore pire que celle imposée par Sarkozy (augmentation de la durée de cotisation, âge minimum de départ en retraite, indexation, régimes spéciaux) et privatisation des secteurs de l’énergie et du transport ferroviaire !
Assez des diktats ultralibéraux de Bruxelles qui n’ont qu’un objectif : augmenter les profits des actionnaires en pressurant les salariés et les familles. Les rassemblements et marches à l’appel du Front de Gauche les 1er et 2 juin ainsi que la marche des femmes contre l’austérité le 9 juin doivent plus que jamais dire massivement que nous ne voulons pas de cette politique, qu’il faut rompre avec l’Europe libérale et qu’il est plus que urgent de rétablir la souveraineté populaire en passant à la 6e République.
L’Europe libérale déclare la guerre sociale
Les recommandations de la Commission européenne sont une déclaration de guerre sociale contre le peuple français.
La Commission Barroso exige que le gouvernement français passe tous les droits sociaux au broyeur libéral.
SMIC, assurance-chômage, tarifs réglementés de l’énergie, service public ferroviaire… le crédo est clair : tout progrès social doit disparaître !
La Commission appelle à une agression frontale contre le droit à la retraite touchant non seulement la durée de cotisations mais aussi l’âge légal de départ et l’âge du taux plein, l’indexation des retraites et les régimes spéciaux.
La France doit refuser d’appliquer ces recommandations et désobéir.
Le peuple français ne se laissera pas tondre.
Les Français ont élu Hollande, pas Hollandréou.
Mis à part ça, c’est le Front de gauche qui fait le jeu du FN
Si vous ne le savez pas encore ou si vous refusez de le comprendre, sachez-le : c’est le Front de gauche et, singulièrement, Jean-Luc Mélenchon, son candidat à l’élection présidentielle de 2012, qui est responsable du niveau très haut du Front national. Mais non, ami lecteur, amie lectrice, ce ne sont pas les ravages de la crise accentués par la politique libérale menée par le gouvernement. Non, non plus, ce ne sont pas les rapprochements idéologiques avec une partie de la droite qui font sauter les digues en légitimant le discours de haine et d’exclusion. La priorité politique donnée, au sein du Front de Gauche, à la lutte contre l’extrême-droite ne servirait de rien. Non, ami lecteur, amie lectrice, mets-toi bien une chose dans le crâne : le FN c’est la faute à Méluche et au Front de Gauche. A moins que…
Premier point de l’argumentaire, les thèses anticapitalistes défendues par le Front de gauche et singulièrement le Parti de Gauche, renforceraient le FN, dont le libéralisme économique est pourtant bien connu. C’est la thèse défendue par le Bobo libéral qui explique doctement comment le PG « renforcerait son ennemi de toujours, le FN » : « Examinons simplement un point de sémantique de son discours. Désormais la gauche de pouvoir est accusée de social-libéral, terme qui me rappelle d’ailleurs celui de sociaux-traîtres que les communistes d’antan jetaient à la face des sociaux-démocrates. N’oublions pas que Marine Le Pen accuse les socialistes d’ultra-libéraux et d’agents de la finance internationale. Mieux encore, elle ne les dissocie plus de l’UMP, qui formeraient, eux et le PS, la clique au quolibet d’UMPS. »
L’argument de la sémantique est à courte vue mais bien logique sous le clavier d’un libéral. Il lui aurait fallu admettre que l’héritière de Montretout, en tant que membre de l’oligarchie, en est une des serviteurs zélés. Il lui aurait fallu pousser plus loin et admettre qu’il n’y a pas plus libéral que le Front national, parti qui, ès qualité, a rendu hommage à Margaret Thatcher, une socialiste bien connue n’est-ce pas. Il oublie encore que la directrice de campagne de Jean-Marie Le Pen lors de la présidentielle de 2007 avait exhumé une photo présentant le chef en compagnie d’un communiste bien connu Ronald Reagan. Enfin, notre détracteur a bien pris soin de revenir à la vérité des mots, notamment ceux du programme économique du FN en 2012. Un seul exemple. Le FN a affirmé ne pas vouloir augmenter le Smic et propose aux salariés 200 euros de prise en charge de cotisations par l’État. Ces pistes sont alléchantes pour un certain patronat. Le FN ne conteste pas le système, elle en est la béquille.
Deuxième attaque, en se focalisant sur Marine Le Pen, Mélenchon lui donne une audience et une aura qu’elle n’aurait pas eu autrement. C’est le propos défendu par Philippe Szykulla, sur le plus du Nouvel Obs. « Tout d’abord, en attirant la poursuite, il a braqué les projecteurs sur une Marine Le Pen qui n’en demandait pas tant. Elle peut maintenant se targuer d’être une autochtone, au contraire de Mélenchon, elle a voté sur place », glose notre enseignant. Bon an mal an, en creux, se lit la thèse des deux extrêmes qui se conforteraient l’un l’autre, sur fond de collusions objectives d’intérêts.
Qu’il me soit permis de rappeler que la candidature de Jean-Luc Mélenchon à Hénin-Beaumont, pour discutable qu’elle soit, a eu un effet à tout le moins. Elle a mobilisé une partie notable de l’électorat, qui ne s’est donc pas abstenu. Or, face à cet électorat extrêmement mobilisé qui est celui de l’extrême-droite, réveiller le camp républicain, le camp de la gauche, constitue en soi un enjeu premier à qui veut faire barrage à l’héritière de Montretout. C’est ce qu’a contribué à faire Jean-Luc Mélenchon. La Le Pen n’a pas besoin de lui pour attirer les caméras, encore moins pour obtenir une légitimité médiatique que le peuple lui refuse avec obstination. L’héritière et ses amis ont table ouverte dans la plupart des majors de l’infotainment.
Enfin, il y a l’attaque subtile de Julien Dray. Notre ancien camarade de la Gauche socialiste accuse Mélenchon de faire le jeu du Front national : « En général, quand il y a défaite et chaos, ça ne profite pas à la gauche, ça profite à d’autres extrêmes, l’histoire l’a montré », a déclaré Dray sur Radio J. Mélenchon, lui, estime que c’est du chaos que doit naître un renouveau politique et, en tous cas, nous lui donnons une perspective d’ordre avec la bataille contre l’austérité et pour une 6e République.
A ce stade, ami lecteur, ami lectrice, tu es bien convaincu-e : ce sont les membres du Front de Gauche qui font monter le F-Haine. Mes arguments en défense de nos positions sont bien faibles, n’est-ce pas, par rapport aux thèses véhiculées par les médias et les ténors de l’idéologie dominante. Ils le sont surtout parce que je ne suis pas un média et pas un ténor convoqué sur tous les plateaux télés. Donc, tu as compris. Et là, patatrac. Tout s’écroule.
Dans le Vaucluse, c’est réussi….
Dans l’Express, on apprend que, sciemment, certains dirigeants du Parti solférinien ont fait élire Marion Maréchal Le Pen, laquelle brille par ses positions anti-ouvrières à l’Assemblée, dans le Vaucluse. Des révélations d’anciens membres du parti désormais au pouvoir font état d’un « deal entre le PS et le FN ». Il y aurait eu échange de bons procédés : le maintien de la socialiste dans la circonscription de Marion Le Pen contre le maintien de la candidate FN dans la circonscription voisine, la 5e du Vaucluse, où le socialiste .………..Lire la suite sur le CRI DU PEUPLE
Candia : le scandale continue !
Lors de la commission économique du CCE, la direction de Candia a annoncé confier une partie de la production des produits Candia Le Lude à des entreprises sous-traitantes en Belgique.
Alors que les 190 salariés se battent pour maintenir l’emploi sur le site du Lude, et que le rapport du cabinet Syndex appuie la pérennité du site en mettant en place un plan d’économies de 16 millions d’euros tout en conservant l’ensemble des sites de production, la direction reste ferme sur sa position.
Pourtant, le rapport Syndex stipule que les économies réalisées porteraient principalement sur la diminution du nombre de travail précaires, la réduction de toutes les formes de sous-traitance, l’amélioration du fonctionnement de l’usine ainsi que la réduction des frais généraux.
Candia, qui doit également bénéficier du crédit d’impôts pour la compétitivité et l’emploi ignore totalement le rapport Syndex et maintient sa décision de fermer le site du Lude.
Aujourd’hui, les salarié-e-s sont stupéfaits d’apprendre que la direction, qui avait bien gardé le secret de sa scandaleuse stratégie économique et qui se disait dans l’obligation de fermer 3 sites en France, Saint-Yorre, Villefranche-sur-Saône, Le Lude, n’hésite pas à mettre des centaines de familles dans la précarité pour transférer leurs outils de travail en Belgique.
Les salarié-e-s qui ont assigné la direction en justice pour vice de procédure dans le PSE annoncé attendent la décision qui sera rendue le 18 juin prochain.
Sachant que Candia ne souhaite que transférer la production à la sous-traitance, nous ne doutons pas de l’équité du juge qui ne pourrait cautionner la fermeture du Lude au regard des informations rendues hier lors du CCE.
Le Parti de Gauche soutient les salarié-e-s de Candia le Lude et rappelle que si la Loi contre les licenciements boursiers déposée par le Front de Gauche avait été votée, la direction de Candia ne serait pas protégée comme elle l’est aujourd’hui. Le Parti de Gauche appelle le gouvernement à agir rapidement pour faire revenir cette Loi devant l’assemblée nationale. L’engagement de François Hollande de tout mettre en action pour maintenir l’emploi en France ne resterait pas une promesse de plus non tenue.
Revin : la tour de l’usine Porcher vient de disparaître du paysage !
Depuis 2009, année noire pour l’industrie française qui a alors perdu 79.870 emplois, le secteur manufacturier détruit plus de postes de salariés dans notre pays qu’il n’en crée. C’est ce que l’on appelle la désindustrialisation qui a abouti en quatre ans à la fermeture de très exactement 1.087 sites industriels de plus de 10 salariés. Une véritable saignée qui s’explique en partie par les délocalisations, qui représentent 8,5 % des emplois perdus, mais aussi et surtout par la crise économique qui a frappé de plein fouet les pans les plus fragiles de notre industrie. Dans les Ardennes, où le poids du secteur manufacturier est nettement supérieur à la moyenne nationale, le phénomène a commencé plus tôt avec la perte au cours des 10 dernières années de 6.500 emplois et la fermeture de près d’une centaine d’usines, dont les plus marquantes ont été celles de Thomé-Génot à Nouzonville, de Lenoir et Mernier à Bogny-sur-Meuse et de Porcher à Revin.
Des drames économiques et sociaux pour les bassins d’emplois concernés et les centaines de familles touchées, mais aussi des traumatismes pour les villes qui étaient habituées à vivre depuis des décennies avec les bruits de ces sites industriels et la vue de leurs panaches de fumée ! Cela a été particulièrement vrai à Revin où les Etablissements Porcher, fondés en 1887, étaient présents dans le quartier de la Bouverie depuis le rachat en 1902 de la fonderie Brichet-Miette. Le début d’une magnifique success-story qui vit la société Porcher imposer ses produits sanitaires en céramique et sa robinetterie dans les grands hôtels, les paquebots de luxe ainsi que dans les stations thermales et qui culmina au début des années quatre-vingt avec la production dans ses 5 sites – dont celui de Revin qui employait la moitié des 2.300 salariés du groupe – de 1.900.000 pièces en céramique, 100.000 baignoires et 2.000 tonnes de robinetteries. Hélas, la revente en 1992 du groupe à l’américain Ideal Standard qui décida de céder l’activité baignoire en fonte émaillée pour se recentrer sur la céramique dont le marché entra dans une crise profonde et durable marqua le début d’une longue agonie qui prit fin avec la fermeture définitive du site de Revin le 22 avril 2011.
Depuis, le croisement des ouvriers lors des changements d’équipes a cessé, les bruits des machines se sont tus et plus aucune fumée ne s’échappe de la cheminée de l’usine. Seule reste sur place la carcasse sans vie de ce qui fut, avec Electrolux, un des deux poumons économiques de Revin. Une carcasse visible de loin puisque dominée par une tour en grande partie rouillée qui fait partie du paysage depuis des lustres. Du moins était-ce le cas jusqu’à hier, date à laquelle sa destruction a commencé comme vous pouvez le voir sur les quelques photos ci-dessous. La disparition d’un élément hautement symbolique du patrimoine industriel revinois, disent déjà les plus nostalgiques alors que les plus optimistes préfèrent voire dans cette opération l’occasion de récupérer 4 hectares de réserves foncières qui pourront être utilisées pour réindustrialiser la ville. Deux positions différentes derrière lesquelles se cache une réalité inquiétante qui n’a pas échappé au PG/La Pointe : c’est assurément la fin d’une époque industrielle glorieuse et seulement l’espoir d’un possible renouveau à une échéance qui reste encore indéterminée…
Projet de loi • Economie sociale et solidaire : le gouvernement veut-il supprimer la démocratie d’entreprise ?
L’économie sociale et solidaire (ESS), ce sont 2,4 millions d’emplois dans des coopératives, des mutuelles ou des associations, 10% du PIB et un ministre délégué, Benoît Hamon, qui prépare un projet de loi sur le sujet. Problème : sous prétexte d’ouvrir le secteur à d’autres entrepreneurs, le ministre serait prêt à enterrer l’une des spécificités de l’ESS : une gestion relativement démocratique des entreprises, les détenteurs du capital n’étant pas les seuls à prendre les décisions.
Un projet de loi sur l’économie sociale et solidaire sera débattu au Parlement dans quelques mois, pour assurer davantage de reconnaissance à ce secteur – qui représente 10 % du PIB et 2,4 millions d’emplois – et accompagner son développement. A la lecture du projet de loi porté par Benoît Hamon, ministre délégué à l’Economie sociale et solidaire (ESS) et à la Consommation, on reste largement sur sa faim ! On ne sait s’il vaut mieux en rire ou en pleurer…
Comment en effet ne pas applaudir à cette volonté affichée par le ministre d’offrir aux coopératives, aux mutuelles et aux associations une visibilité et une crédibilité qu’elles n’ont plus connues depuis la Libération ? Du temps où le Conseil national de la Résistance affirmait son soutien aux coopératives et aux autres démarches de solidarité et d’intérêt général. Comment ne pas se réjouir que la majeure partie des structures et des mouvements concernés par ce projet ont été consultés depuis six mois ? L’exercice n’est pas facile, tant secteur de l’économie sociale et solidaire recouvre des réalités très diverses.
Mais à parcourir le texte du projet de loi, le lecteur attentif retiendra tout d’abord que le cabinet de Benoît Hamon aura voulu proposer des bouts de réforme, répondant chacun à une revendication de l’un des secteurs concernés. Une pincée de retour aux subventions pour le mouvement associatif, un zeste de facilitation des reprises en coopérative par les salariés, deux cuillères à café d’accompagnement, par l’élargissement de la révision coopérative à toutes les structures (la révision permet aux responsables des coopérative de s’assurer que leurs structures sont restées fidèles aux principes de l’ESS)… Et j’en passe. Ce saupoudrage ne constitue pourtant pas une orientation cohérente de transformation sociale. C’est même l’inverse qui se profile.
Ringarde, la démocratie ?
À force de vouloir contenter tout le monde, l’ancien dirigeant de la gauche du PS fait la part belle aux courants les plus libéraux de l’ESS. Constatant depuis quelques années « un véritable engouement de la part de jeunes créateurs d’entreprise pour un modèle dont l’objectif principal n’est pas l’accumulation de bénéfices et leur distribution », le ministre en déduit qu’il faut leur ouvrir la porte et les inclure dans le champ de l’ESS. La loi va donc intégrer dans le « secteur de l’ESS » des entreprises au statut capitalistique classique mais qui se revendiquent de l’économie sociale et solidaire [1]. Problème : ces jeunes dirigeants pilotent des SA ou SARL, et non des structures avec un mode de gouvernance coopératif et démocratique. D’un côté, c’est l’actionnaire qui décide en fonction de son capital (50% du capital = 50% des voix), de l’autre, ce sont les sociétaires, qu’ils soient investisseurs ou salariés (un homme = une voix, quel que soit le montant du capital placé dans l’entreprise). Conséquence, pointe Benoit Hamon, « le seul principe qu’il ne nous semblait pas possible d’inscrire dans la loi, dès lors qu’il s’agit d’une SA ou d’une SARL, c’est la gouvernance démocratique » [2] ! Ce mode de gouvernance spécifique – et historique – de l’ESS, sera seulement rappelé dans l’exposé des motifs de la loi…
On croit marcher sur la tête lorsque Benoît Hamon va jusqu’à saluer les acteurs « historiques », « qui au départ souhaitaient rester sur le seul périmètre des statuts », seuls garants des principes de l’ESS, « d’avoir fait évoluer leur position pour inclure de « nouveaux entrants ». » C’est pourtant exactement le contraire qu’ont défendu jusqu’au bout Patrick Lenancker, président de la confédération générale des SCOP, et Jean-Marc Roirant, secrétaire général de la Ligue de l’enseignement, qui ont réussi à convaincre le très institutionnel Conseil économique, social et environnemental (CESE) que la question de la gouvernance démocratique, à travers les statuts des structures, était centrale.
Lisez plutôt : « Notre assemblée considère que ce sont les statuts qui définissent le périmètre de l’ESS. Ceux-ci reprennent en effet des valeurs communes (entreprises de personnes et non de capitaux, solidarité entre membres, gouvernance démocratique, impartageabilité de la propriété collective) et spécifiques (non lucrativité pour les associations, les mutuelles et les fondations ; lucrativité encadrée et règlementée pour les coopératives). En conséquence, l’instauration d’un label ou dispositif volontaire de reconnaissance ne présente pas de réel intérêt. » [3]
Une personne = une voix : un principe dépassé ?
Ce positionnement gouvernemental s’explique donc par une volonté d’inclure dans le champ de l’ESS les jeunes gens qui veulent faire carrière dans le social ou l’environnemental. Ceci est louable. Mais est-ce la bonne méthode que de baisser les bras sur les statuts de l’ESS, avant même d’essayer de convaincre ces « nouveaux entrants » de leur utilité ?
Ne soyons pas naïfs. Benoît Hamon adopte le point de vue des dirigeants du Mouvement des entrepreneurs sociaux (Mouves) qui……Lire la suite sur Bastamag
Grand marché transatlantique • Le retour du grand marché
Cela fait plusieurs années que Jean-Luc Mélenchon et le Parti de Gauche mettent en garde contre le projet de Grand marché transatlantique qui se trame dans le dos des peuples. Celui-ci vient de connaître une accélération spectaculaire à l’initiative d’Obama et Merkel, qui ont décidé que les négociations commenceraient cet été pour une application qui pourrait débuter dès 2015. Sans que François Hollande ne dise un mot.
Un projet qui rode depuis 15 ans
Constituer un grand marché transatlantique intégré est un vieux projet des libéraux et des sociaux-libéraux. Dès 1995, le démocrate Clinton, le démocrate-chrétien Jacques Santer et le social-démocrate Felipe Gonzalez lancent un « nouvel agenda transatlantique ». Il installe des instances permanentes non élues qui vont devenir de puissants lobbies en faveur du grand marché. Cela aboutit en 1998 au projet de Nouveau marché transatlantique, lancé par le conservateur Leon Brittan et les libéraux italien et allemand Mario Monti et Martin Bangemann. L’objectif est une zone de libre-échange avec suppression des barrières douanières, mais aussi réglementaires, au commerce des biens, des services et de l’investissement. Ce projet est provisoirement stoppé par Jospin et Chirac au sommet UE–USA de Londres. Bush, Merkel et Barroso le relancent en 2007. Et au Parlement européen, la droite et les sociaux-libéraux votent plusieurs résolutions pour en accélérer la mise en œuvre d’ici 2015.
Merkel et Obama tiennent le guidon, Hollande pédale
C’est Barack Obama qui donne l’impulsion faisant entrer ce projet dans une phase de négociation concrète. Angela Merkel souscrit à cette accélération le 1er février dernier à Berlin. Puis le conseil européen des 7-8 février se prononce « pour un accord commercial global UE USA ». Le 13 février à Washington Barack Obama signe avec Barroso et Van Rompuy une déclaration adoptant le nom du futur « accord de partenariat transatlantique pour le commerce et l’investissement ». Avec l’objectif d’ « accélérer la libéralisation du commerce et de l’investissement ». Tout s’est donc décidé sans que François Hollande ne dise un seul mot au nom de la France. Le mandat de négociation de la Commission européenne doit être adopté définitivement le 14 juin par le Conseil. Rendu impuissant sur les négociations commerciales par les Traités européens, le Parlement européen devra se contenter d’une résolution non contraignante. Et à peine le mandat sera-t-il donné à la Commission que les négociations pourront être lancées en marge du sommet du G8 du 17 juin. Dans l’opacité la plus totale puisque la négociation commerciale est une compétence exclusive de la Commission.
L’exception culturelle : l’arbre qui cache la forêt
Le seul débat qui existe aujourd’hui sur ce projet porte sur la menace qu’il représente pour la création culturelle et audiovisuelle. Cette dernière est en effet protégée en Europe par des mécanismes d’aide publique mais aussi de réglementation de la diffusion (quotas) qui sont autant d’obstacles au libre commerce. En réalité le projet est beaucoup plus vaste et dangereux pour l’ensemble de l’économie et des services publics (santé, protection sociale, transports, énergie). Le projet de mandat de la Commission vise en effet la « suppression totale des droits de douane sur les produits industriels et agricoles » et « l’objectif d’atteindre les niveaux les plus élevés de libéralisation des investissements. »
L’Europe tirée vers le bas
Pour libéraliser l’accès aux marchés, l’UE et les USA vont devoir faire converger leurs réglementations dans tous les secteurs car les normes plus contraignantes sont considérées comme des obstacles au libre commerce. Or les USA sont aujourd’hui en dehors des principaux cadres du droit international en matière écologique, sociale et culturelle. Ils refusent d’appliquer les principales conventions sur le travail de l’OIT, le protocole de Kyoto contre le réchauffement climatique, la convention pour la biodiversité mais aussi les conventions de l’Unesco sur la diversité culturelle. Leurs règlements sont donc dans la plupart des cas moins contraignants que ceux de l’Europe. Ce marché commun libéralisé avec les USA tirerait donc toute l’Europe vers le bas.
Une catastrophe écologique
Ce projet table sur les exportations comme solution de relance de l’activité. Il sera donc un frein à la relocalisation des activités. La hausse escomptée des exportations entrainera une augmentation des émissions de gaz à effet de serre que la Commission évalue entre 4 et 11 000 tonnes, en contradiction totale avec les engagements de l’UE pour réduire ces émissions. Cet accord est aussi une incitation au pire productivisme au détriment de la qualité sociale et écologique des produits. Par exemple dans la construction, les normes HQE sont beaucoup plus contraignantes que les normes américaines LEED. Idem en matière de limitation de la pollution automobile ou de production d’énergie.
Dans le domaine agricole, l’ouverture du marché européen entrainerait aussi l’entrée de produits à bas coûts de l’agro business états-unien : bœuf aux hormones, volailles lavées au chlore, OGM, animaux nourris aux farines animales. Sans parler du fait que les USA ne connaissent pas les « indications géographiques protégées » ce qui pourrait leur permettre de commercialiser du « champagne » produit en Californie.
Un désastre productif et social
Même sur un plan purement commercial, un tel accord de libre échange se ferait au détriment de l’Europe. Le taux moyen des droits de douane est en effet de 5,2 % dans l’UE et de 3,5% aux USA. Les USA retireront donc un avantage 40% supérieur de la suppression totale des droits. Et la faiblesse du dollar par rapport à l’euro profitera encore plus aux USA au détriment des productions européennes qui seront incitées à délocaliser. Combiné avec la faiblesse écologique et sociale des coûts de production états-uniens, cet accord deviendra ainsi une machine à délocalisations. La Commission reconnait par exemple que cela entraînera une « baisse importante » de l’activité et de l’emploi dans la métallurgie. Cela aggravera le chômage. Et cela durcira la pression contre les protections sociales et les services publics. Barroso a ainsi expliqué que « 80% des gains économiques attendus de l’accord viendront de la réduction du fardeau réglementaire et de la bureaucratie ».
Une impasse géopolitique
Cet accord est enfin un moyen politique pour les USA d’arrimer l’Europe à leur domination mondiale en déclin. Les USA se heurtent depuis 2001 à l’OMC à la résistance des pays du Sud (Chine, Brésil, Argentine, Inde) qui bloquent un nouveau cycle de libéralisation commerciale et financière. Le grand marché transatlantique est un moyen d’écraser cette résistance en enrôlant l’Europe dans un ensemble libéralisé dont le poids économique serait tel (50% du PIB mondial) qu’il imposerait les intérêts de Washington au monde entier.
Les SCOP résistent face à la crise
248 coopératives – SCOP et SCIC (1) – ont vu le jour en 2012, créant ainsi plus de 1600 emplois. Ces nouvelles entreprises sont principalement issues de créations ex nihilo (70%), mais aussi de transformations d’associations (15%) et de transmissions et reprises d’entreprises classiques (15%). Ceci porte à 2165 le nombre de SCOP, qui emploient 43830 salariés au plan national. 43% d’entre eux travaillent dans le bâtiment et l’industrie et 36% dans les services. La pérennité des coopératives n’est plus à démontrer: 82,5% d’entre elles tiennent le coup sur trois ans contre 66% pour les autres entreprises. Plus globalement, 22,6% des SCOP ont plus de vingt ans pour 18,2% pour l’ensemble des entreprises françaises. Voilà les principaux chiffres que révèle le bilan 2012 que vient de publier la Confédération générale des SCOP(2).
Le premier moteur de cette réussite exemplaire est sans nul doute lié à l’engagement personnel de chaque salarié dans l’entreprise. En effet chacun dispose d’une voix à l’assemblée générale des sociétaires, quel que soit le montant de sa part de capital. Et c’est l’AG, au sein de laquelle les salariés sont statutairement majoritaires, qui décide des orientations de l’entreprise et élit les instances dirigeantes.
Autre atout des SCOP : la répartition des bénéfices, qui sont en partie maintenus sous forme de « réserves impartageables » au sein de l’entreprise. En période de crise, cette redistribution, sous formes individuelle et collective, délivre aux SCOP une capacité unique de résistance économique et financière.
Ces quelque 2000 SCOP pèsent cependant encore peu dans le paysage économique français. Une politique volontariste de soutien aux coopératives par les pouvoirs publics est nécessaire. Le projet de loi ESS porté par Benoît Hamon avance quelques propositions, comme la facilitation de la reprise par des salariés de leurs entreprises. Mais le budget n’est pas suffisant et la valeur symbolique de ses intentions est largement oblitérée par une démarche qui fait la part la plus belle aux néo-libéraux de l’économie sociale et solidaire. La question de la citoyenneté dans l’entreprise est totalement minorée dans le projet gouvernemental. Un gouvernement du Front de Gauche instaurerait un droit de préemption par les salariés pour reprendre en coopérative et s’engagerait de tout son poids dans un bras de fer avec les multinationales, aux côtés des salariés en lutte pour une appropriation sociale de leur entreprise.
(1) SCIC: Sociétés coopératives d’intérêt collectif, qui intègrent dans leur capital des collectivités publiques et de représentants des usagers.
(2) http://www.les-scop.coop