Occupation du magasin Virgin à Strasbourg

Virgin_strasbourg_001 Les 22 employés de Virgin-Strasbourg occupent leur lieu de travail depuis l’annonce le 12 juin de la fermeture définitive des 26 magasins Virgin en France.

Ils ont organisé samedi en fin d’après-midi « un apéro de la résistance » devant leur magasin pour faire entendre leur voix et demander le soutien des Strasbourgeois et de toutes les organisations politiques et syndicales présentes. Ils ont pu à cette occasion s’entretenir longuement avec notre camarade François Delapierre, secrétaire national du PG, présent à Strasbourg.

Il faut savoir que c’est la gestion calamiteuse de l’entreprise, toute entière tournée vers la satisfaction immédiate des actionnaires (recherche exclusive de la profitabilité instantanée) qui jette ces salariés, pour la plupart payés au SMIC, dans la précarité et l’incertitude du lendemain. Une gestion à court terme et sans ambition en matière de politique culturelle combinée à une incapacité d’analyser la mutation du secteur de la culture et du numérique, en particulier l’émergence de grands groupes de vente en ligne tels Amazon qui méprisent le droit du travail et des salariés.

Ils ne « demandent pas la lune » mais simplement à être traités dignement. Nous avons tous en mémoire ce qu’ils ont eux mêmes qualifié de « soldes de la honte » et au cours desquels des clients se sont livrés à des violences sur les employés.

Nous leur donnons la parole sur notre site en reproduisant intégralement leur communiqué et nous les assurons de notre soutien plein et entier.

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Communiqué des salariés de Virgin Strasbourg

Suite au communiqué de Madame Christine Mondollot après l’expulsion des salariés, suite à la fermeture définitive des magasins Virgin le 12/06 à 14h, nous, salariés, occupons désormais les locaux et revendiquons :

le paiement des jours de grève pour chaque salarié,la restitution de l’argent des soldes (7 millions d’euros) inclus dans un plan social de minimum 15 millions d’euros,la participation financière au PSE du groupe Lagardère, actionnaire historique du groupe Virgin Mégastore et principal responsable de l’échec de Virgin,une table ronde avec Maître Lévy (mandatrice et liquidatrice judiciaire) et les différents représentants des salariés Virgin,l’annonce du gain de chaque salarié au terme du licenciement,l’arrêt de la désinformation de la part de la direction faite dans le but de saper les futures actions des salariés,des excuses publiques de la direction.

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Delapierre_virgin_strabsbourg En plus, le Nouvel Obs payait le billet de train ! Samedi dernier, alors que j’étais de passage à Strasbourg pour débattre de la Sixième République à l’invitation du journal de l’ex-deuxième-gauche (ou deuxième-ex-gauche ? on s’y perd), j’ai rendu visite à quelques mètres de là aux salariés du Virgin en grève.

Qu’est-ce que Virgin ? Si vous tapez « patron Virgin » sur Internet, vous tomberez sur le fondateur de la marque, le médiatique Richard Branson, un boss chevelu et sans cravate, donc un gars supercool. Seulement Branson n’a plus une seule action des magasins Virgin. Il a tout revendu. Il continue néanmoins à toucher des dizaines de millions de royalties des magasins français car il est resté propriétaire de la marque. Son activité concrète pour les magasins Virgin consiste à ne rien faire sinon quelques clowneries occasionnels pour les médias (par exemple se déguiser en hôtesse de l’air de sa compagnie d’aviation). La société tiroir-caisse qui recueille le fruit de cette épuisante sinécure a quitté en 2011 la Grande-Bretagne, un pays que chacun sait adepte de la terreur fiscale, pour s’installer en Suisse. Branson, vit lui, dans les Caraïbes. C’est plus tendance.

A qui Branson a-t-il revendu les magasins Virgin ? Tenez-vous bien, à Arnaud Lagardère. On se doute que l’histoire ne pouvait pas bien tourner. Cet éminent membre du Lucky Sperm Club (dixit Warren Buffet) coule tout ce qu’il touche avec un égal bonheur. Il lui aura fallu 10 ans seulement pour dilapider l’héritage aéronautique de Papa qu’il a abandonné au grand soulagement de tous en revendant ses actions EADS récemment. Il n’est pas pour autant sur la paille ! Lagardère réalise après chacun de ses échecs de belles plus-values défiscalisées, avec le soutien de l’Etat français. Mais comme on le sait, l’Etat ne peut pas tout… à la fois. Sauver Lagardère, Airbus ou les salariés de Virgin, cela fait trop et il a choisi.

130109_manif_virgin_1Aujourd’hui, Lagardère n’a plus que 20% des actions Virgin. Ce courageux entrepreneur a commencé à se désengager dès les premières difficultés en revendant ce qu’il pouvait au fonds d’investissement Butler Capital Partners. C’est un fonds français, je le précise bien cela constitue sans doute une tare à ses yeux vue l’appellation qu’il s’est choisie. On dit souvent ce fonds « moins agressif » que les autres. En effet, il paraît qu’il reste sept ans en moyenne au capital d’une entreprise avant de la revendre, contre trois à cinq pour le reste de la profession. Sept ans, c’est une éternité pour la finance qui compte en nanosecondes et pas en temps humain. Virgin aura donc tenu 6 ans jusqu’à la liquidation judiciaire. Champagne !

Alors qu’est-ce donc que Virgin ? Un emblème publicitaire qui a autant de millions sur son compte que de cheveux sur la tête ? L’héritier d’un papa qui fit fortune dans l’aéronautique ou un fonds d’investissement multicartes ? Ah pas seulement, il y a les créanciers du groupe, nous dirait l’administratrice judiciaire qui dirige Virgin depuis que le tribunal a prononcé la liquidation ce lundi. Cette dame s’appelle Frédérique Lévy. Je ne la connais pas. Je sais juste qu’elle a été choisie par le tribunal de commerce de Paris, un système qui « allie les défauts de la rente à la maladie de la corruption ». Ce n’est pas moi qui le dit mais Montebourg. Son travail est de payer les créanciers sur la bête mourante, qui a néanmoins ramassé plus de 7 millions d’euros lors de soldes exceptionnelles et qui détient encore du stock. Cet argent représente autant que le montant du plan social que la loi garantit aux salariés. Mais on leur dit qu’ils n’en verront pas un centime. Car ils ne sont pas des créanciers du groupe. Ils n’en sont que les travailleurs. On ne leur doit donc que le minimum légal, une prime qui ne dépasse pas 600 euros pour certains d’entre eux qui étaient à temps partiel. Donc ils ont fait grève, et maintenant, occupent même sept magasins.

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Crédit photo photosdegauche.fr (stef.burlot)

C’est grâce à leur lutte que certains doivent réaliser que Virgin, c’est aussi des salariés. Cela devrait d’abord être les salariés. Car eux sont souvent là depuis plus longtemps que les financiers de passage qui les ont menés dans le mur. Eux connaissant le métier qu’ils exercent. Eux ont été recrutés pour leurs compétences et non leur héritage. Quand j’interroge Guido, l’animateur de la lutte des Virgin de Strasbourg sur les conditions salariales dans le magasin, il me dit qu’il est payé 1200 euros par mois après 12 ans de carrière. On ne reste pas ici pour le salaire m’explique-t-il. On reste par passion. Car les vendeurs sont aussi des connaisseurs de leurs rayons, qui conseillent la clientèle sur les œuvres que sont aussi les produits de l’industrie culturelle. Alors quand ils voient le client abandonner discrètement les titres qu’ils leur ont conseillés avant la caisse pour les acheter moins cher sur Amazon, cela leur fait drôle.

Amazon est sans doute le fossoyeur numéro un de Virgin. Car Amazon et son patron Jeff Bezos sont encore plus « hype » que Branson. Le slogan de l’entreprise : work hard, have fun, make history (travailler dur, s’éclater, faire l’histoire) en atteste. Ce sont surtout ses performances économiques qui suscitent l’admiration des analystes. Mais si vous voulez bien connaître cette entreprise, je vous invite plutôt à lire un livre récent de Jean-Baptiste Malet, un jeune journaliste infiltré dans un des entrepôts de cette société très secrète . Amazon connaît une croissance fulgurante. En France, le chiffre d’affaires progresse de 40% par an. Un quatrième entrepôt va bientôt ouvrir dans le Nord. A chaque fois l’événement attire députés et ministres. L’Etat et les collectivités locales alignent les subventions. Pour quoi faire ? D’après les chiffres de la fédération professionnelle de la vente en ligne, il faut 18 fois moins de personnes pour vendre un livre par Amazon que dans une librairie traditionnelle. Déjà les grandes surfaces culturelles type Virgin ou FNAC utilisaient deux fois moins de main d’œuvre que les petites surfaces. Mais 18 fois moins, il s’agit d’un franchissement de seuil sans précédent qui condamne toute concurrence. D’autant qu’Amazon cumule d’autres avantages. Les produits achetés sur son site .fr ne sont pas soumis à la TVA en France. Alors que les entrepôts sont situés sur notre sol, la société qui encaisse les paiements est domiciliée au Luxembourg. Grâce à l’Europe-qui-protège, cette simple astuce permet à Amazon de payer la seule TVA luxembourgeoise. On comprend ensuite que le site de vente en ligne ait les moyens de proposer la gratuité des frais de ports, ce qui constitue un contournement de la loi Lang sur le prix unique du livre. Si l’on continue à laisser faire ces pratiques et à dérouler le tapis rouge pour Amazon, c’est la FNAC qui tombera après Virgin. Et cela ne s’arrêtera pas là. Car Amazon veut vendre de tout. Aux Etats-Unis, elle propose même des produits alimentaires. La vente en ligne explose et la part de marché d’Amazon pourrait dépasser 25% en 2016. Cela veut dire qu’après avoir tué la concurrence, le groupe pourrait rançonner les fournisseurs en reproduisant à une échelle sans précédent les mécanismes que l’on voit déjà avec la grande distribution.

Bien sûr, les concurrents d’Amazon cherchent la réplique. Mais ils le font en reprenant le modèle économique de la vente en ligne. Regardez autour de vous les ouvertures de grandes surfaces, vous verrez se multiplier les « Drive » aux dépens des magasins traditionnels. Qu’est-ce que cela change me direz-vous ? Après tout ce service permet de se débarrasser de la corvée des courses ! Sauf qu’outre la destruction massive d’emplois, cette nouvelle organisation du commerce est une machine de guerre contre les droits sociaux. Un salarié d’Amazon affecté à la récupération des articles Chaplin commandés dans un des quatre entrepôts français de la marque effectue 24 kilomètres à pied par journée de travail. Les équipes fonctionnent en 3/8. En période de pointe, ceux qui sont dans l’équipe de nuit travaillent 6 nuits de 7 heures d’affilée, soit 42 heures par semaine. Il n’y a que deux pauses de 20 minutes. Dans un entrepôt des Etats-Unis, la direction avait pris l’habitude de faire stationner des ambulanciers à proximité pendant les vagues de chaleur pour ramasser les employés victimes de malaises. Dans ces murs, aucune passion, juste la nécessité. Les salariés ne rencontrent jamais un client. Ils ne savent pas ce qu’ils vendent. Ils n’ont même pas le temps de lire les 4e de couverture. Car dès qu’ils ont « pické » un article dans l’étagère indiquée par la scanette qui ne les quitte pas, celle-ci les envoie quelques mètres plus loin. La productivité de chaque salarié est mesurée jour par jour. Un réseau sans fil assure le suivi en continu de son activité. Sa scanette permet même aux managers de le rappeler à l’ordre s’il traîne. Et Amazon va jusqu’à exiger que la productivité de ses employés soit en augmentation permanente sous peine de non renouvellement de leur contrat.

Autocol11x8_retraite_2013_1 Vous avez bien compris les conséquences ? Allons jusqu’au bout. Pensez-vous que l’on puisse faire ce travail jusqu’à 65 ans ? Ou même 60 ? Ou encore 55 ? Avec une productivité en augmentation continue ? Libraire c’est possible, mais « picker » chez Amazon, non. Pour augmenter les profits et gagner la bataille de la « compétitivité », le capitalisme détruit des milliers d’emplois et augmente dans un même mouvement l’intensité du travail dans des proportions inconnues jusqu’à présent, qui minent l’espérance de vie et éjectent……..

Lisez la fin de ce billet sur le blog de François Delapierre

lire aussi: Occupation du magasin Virgin à Strabsbourg

Meeting du 16 juin • Front Populaire Tunisien

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Corinne Morel Darleux représentait le Parti de Gauche ce dimanche 16 juin au meeting du Front populaire tunisien à la Bourse du travail, à Saint Denis. Il y a été question de révolution citoyenne et d’écosocialisme, de luttes et de solidarité entre les peuples, d’arc euro-méditerranéen mais aussi de la prochaine visite de François Hollande à Tunis, de la dette et de l’Otan. Voici son intervention, préparée avec les camarades de la commission Maghreb-Machrek également présents sur place, merci à eux !

Mes camarades, cher-e-s ami-e-s du Front populaire tunisien,

Au nom du Parti de Gauche, merci. C’est pour moi une grande fierté de m’adresser à vous en ce jour. Je le fais avec reconnaissance et humilité. Car, nous ne le répéterons jamais assez, le processus ouvert en 2011 en Tunisie, au sein duquel le Front populaire est une force essentielle, a regonflé le cœur de la gauche internationaliste. Cette révolution déclenchée en Tunisie, qui a impulsé des mouvements similaires aux fortunes variables dans d’autres pays arabes, peut et doit influencer les forces de gauche en Europe, tout comme le font les révolutions citoyennes d’Amérique latine.

Cela fait donc deux ans que nous observons avec intérêt et solidarité le processus révolutionnaire en cours en Tunisie, avec ses moments lumineux, ses promesses, ses difficultés parfois, et la fierté d’un peuple plus que jamais conscient d’être acteur de l’histoire. Cela fait deux ans, aussi, que nous constatons, sans étonnement car il en a toujours été ainsi dans tout processus révolutionnaire, que des forces contre-révolutionnaires se sont attelées à la Révolution, pour la circonscrire et l’utiliser à d’autres fins.

Pourtant je ne suis pas inquiète. Je n’ai pas de la Tunisie l’image que les médias dominants en donnent. Eux cherchent à faire des reportages chocs et vendeurs. Surfant sur l’écume des choses entre deux prises de vues, ils résument la Tunisie à quelques groupes identitaires et religieux violents. Or la Tunisie, ce n’est pas cela, comme j’ai encore pu le constater lors de mon déplacement au Forum Social Mondial.

Non, la Tunisie c’est notre ami Chokri Belaïd, auquel je veux bien sûr rendre hommage en ce jour. C’est la dignité et la puissance d’un peuple, et de la société civile en Tunisie, qui ne lâchent rien. C’est la capacité de résistance qui a encore été démontrée lors des émouvantes obsèques de Chokri Belaïd. Celle-ci s’enracine dans une histoire de luttes, autour des mouvements de la gauche tunisiennes, des forces du peuple tunisien et de la grande UGTT, dont le fondateur Farhat Hached a désormais une place à Paris. Elle se manifeste tous les jours, dans les grèves, les luttes politiques et sociales qui parsèment le pays, qu’il s’agisse des citoyens qui demandent toutes les semaines la vérité sur le meurtre de Chokri Belaïd, des défenseurs de l’UGTT quand elle est attaquée, des mineurs de Gafsa, des chômeurs de Siliana, des instituteurs, des femmes, des pêcheurs artisanaux, des avocats qui défendent l’indépendance de la justice, des citoyens lorsqu’ils s’opposent aux projets de Shell pour mettre la main sur les gaz de schiste… La liste est longue des événements qui témoignent de la vitalité de la lutte politique, économique et sociale en Tunisie.

Nous devons continuer à tisser des combats communs. Cela sera d’autant plus facile que nos adversaires, voire nos ennemis, sont les mêmes. En France comme en Tunisie, les réactionnaires, l’extrême-droite, s’attaquent toujours aux étrangers et à la gauche, aux syndicalistes pointés comme ennemis. En Tunisie, comme en France, l’oligarchie financière continue à spolier le peuple pour préserver ses intérêts. En Tunisie comme en France, ces forces rechignent toujours à donner la parole au peuple, quand elles ne le bâillonnent pas de force.

Le Front de Gauche et le Parti de Gauche seront toujours aux côtés du Front populaire et du peuple tunisien dans les luttes qui viennent pour la défense des libertés, de la laïcité, de la souveraineté politique et économique, par exemple contre les accords du FMI et le partenariat privilégié avec l’Union Européenne, qui exige que le peuple tunisien paie pour une dette qui n’est pas la sienne.

A quelques semaines de la venue de François Hollande à Tunis, nous nous engageons à exiger de sa part des engagements clairs sur l’annulation de la dette, sur la base des résultats d’un audit public, comme nous le réclamons ici-même s’agissant de la dette que l’on veut mettre sur le dos du peuple français. Nous réclamons qu’il pose à qui de droit les vraies questions au sujet du meurtre de Chokri Belaïd. La liste serait trop longue ici de ce qu’il faudrait souffler à François Hollande pour espérer qu’il fasse autre chose en Tunisie que des formules creuses sur la « bonne gouvernance ».

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De notre côté, nous devons travailler ensemble sur des projets de plus long terme. Face aux tenants du « choc des civilisations » qui, de part et d’autre de la Méditerranée et de l’Atlantique, essaient de monter les peuples les uns contre les autres au nom de je ne sais quelle appartenance religieuse ou culturelle, nous devons réaffirmer qu’il n’y a que des peuples souverains, qu’ils soient tunisiens, palestiniens, français, algériens ou marocains, qui, par-delà leurs spécificités historiques, ont des aspirations universelles aux droits humains et au bonheur… Dans cette lutte pour un idéal commun, nous ferons ensemble à nos adversaires et à leur bras armé international, l’OTAN, que la France doit quitter et qui doit être dissoute. Quant à l’Union Européenne à la dérive, quand comprendra-t-elle que son intérêt n’est pas de rester cloîtrée derrière une forteresse tuant les êtres humains qui s’en approchent « illégalement », mais qui laisse passer tous les flux financiers les plus pourris et les marchandises les plus douteuses ?

Dans cette coopération pour l’édification d’un grand arc euro-méditerranéen social, écologique et démocratique, nous avons pour nous la logique : quoiqu’il arrive, l’espèce humaine devra tirer toutes les conséquence du fait qu’elle vit dans une biosphère, dans un écosystème commun. C’est pourquoi nous proposons un projet écosocialiste à l’échelle internationale, qui doit passer par l’établissement d’un rapprochement euro-méditerranéen. Pour nous l’écosocialisme n’est pas une nouvelle métaphysique, ni une nouvelle idéologie de discussion de salon, c’est une réponse concrète aux problèmes qui se posent à nous tous. De part et d’autre de la mer, nous sommes tous interdépendants de cet espace naturel. La Méditerranée forme une communauté économique, écologique et humaine pour nos peuples. Ainsi, à une journaliste qui l’interroge sur ses racines marocaines et son caractère « mélangé », Jean Luc Mélenchon a répondu : « Mélangé ? Mais c’est le même peuple qui tourne depuis 2000 ans autour de la Méditerranée ! ».

Ami-e-s, camarades du Front populaire tunisien, Vive la Révolution citoyenne, vive la République sociale, vive l’internationalisme écosocialiste, et vive l’amitié franco-tunisienne !

2013 • 2013.06.08 – Alter Summit

Le gouvernement livre la France à l’espionnage étasunien

Le Parti de gauche dénonce l’abandon, par François Hollande, de l’ambition d’une France militairement souveraine.

En acceptant le principe du bouclier antimissile – qui ouvre la voie à un usage offensif de l’arme nucléaire sous l’égide des États-Unis, rompant avec la doctrine française strictement dissuasive, donc défensive –, le Président a endossé la doctrine de “smart defense” conçue par l’OTAN. Sous couvert de développer les capacités industrielles et militaires de l’Europe, ce programme tendra à enfermer chaque pays européen dans des capacités parcellaires, en sorte que seule l’OTAN, en tant que centre de commandement, disposera de capacités globales. Pire, au prétexte d’ »interopérabilité » dans l’alliance atlantique, “la smart defense” programme la mainmise de l’industrie de défense étasunienne sur ce qu’il reste d’indépendant en Europe dans ce secteur.

Un nouvel élément vient renforcer nos inquiétudes quant à l’indépendance de notre pays. Le 17 avril 2013, Le Canard enchaîné révélait que la Direction Interarmées des Réseaux d’Infrastructures et des Systèmes d’Information (DIRISI) et Microsoft Irlande étaient sur le point de reconduire pour quatre ans un accord cadre datant de 2009 et portant sur le maintien en condition opérationnelle des systèmes informatiques du ministère de la Défense. Pourtant, selon l’hebdomadaire, dès 2008, le rapport d’un groupe de travail de la Direction Générale des Systèmes d’Information et de Communication (DGSIC) du ministère de la Défense évoquait le risque d’une « perte de souveraineté nationale » vis-à-vis des Etats-Unis, lié au fait que la NSA (Agence Nationale de Sécurité américaine en charge du renseignement électromagnétique) « introduit systématiquement des portes dérobées (back door) » dans les logiciels exportés.

Le contexte doit également nous inciter à l’extrême prudence. Le récent scandale lié au Prism, programme américain de surveillance électronique permettant à la NSA de collecter des données d’étrangers – notamment européens – à partir du net vient aujourd’hui allonger la longue liste des révélations sur l’espionnage des Etatsuniens en Europe. En 2000, la Commission européenne se disait ainsi “préoccupée” par les activités d’Echelon ; en 2010, elle a accepté que les Etats-Unis surveillent Swift, société basée en Belgique qui sécurise, au niveau mondial, les flux financiers entre les banques.

Alors qu’il avait pris l’engagement à faire de la cyberdéfense une priorité, le Chef des armées a-t-il laissé le ministère de la Défense, dans des conditions particulièrement opaques, renouveler le contrat qui le lie à Microsoft Irlande, laissant aux services de renseignement étasuniens la possibilité de s’introduire au cœur de notre sécurité nationale ? Si tel est le cas, le Parti de gauche exige de l’exécutif de rendre public cette décision et de s’en expliquer devant les assemblées.

S’il est confirmé, cet accord signe un nouvel approfondissement de la soumission de la France au dispositif atlantiste, suite logique des abandons précédents de notre souveraineté militaire.

Après le Royaume-Uni en 2003, la France servira-t-elle de supplétif aux États-Unis en 2013 ?

Désormais convaincus de l’utilisation, par le régime de Bachar Al-Assad, d’armes chimiques, les Etats-Unis s’apprêtent à fournir une aide militaire aux insurgés syriens. C’est une lourde faute. En tant que ministre des Affaires étrangères de la France, Laurent Fabius est en première ligne pour exhiber des « preuves » et appeler à la mobilisation internationale.

Cette assurance catégorique pose question. Car on se souvient – mais où est donc l’information sur les suites de cette affaire ? – que des combattants djihadistes ont récemment été arrêtés en Turquie en possession de gaz sarin. D’ailleurs Carla del Ponte, membre de la Commission d’enquête indépendante des Nations unies sur la Syrie et ancienne procureur au Tribunal Pénal International, a affirmé que les rebelles islamistes syriens avaient fait usage d’armes chimiques.

On comprend que le revirement des Etats-Unis tient au fait que l’armée syrienne reprend du terrain aux rebelles, comme en témoigne la reconquête de la ville d’Al-Qusayr. Si, après avoir armé les rebelles – au demeurant déjà amplement fournis par le Qatar –, l’OTAN devait entrer dans le conflit, celui-ci changerait d’ampleur. Il est donc extrêmement important de s’assurer que le motif fourni par le ministre français est avéré. Le ministre de la défense ne l’a pas confirmé. Dans ce domaine la méfiance doit être la règle. On ne peut oublier comment Colin Powell avait agité en 2003 devant l’ONU de prétendues preuves d’arme de destruction massive. Ni comment cette information avait été prétendument été corroborée par des experts britanniques. Laurent Fabius mènerait-il la France vers une nouvelle affaire Kelly ?

Le Parti de gauche demande que le ministre des Affaires étrangères se présente devant les assemblées pour faire la démonstration de ses assertions.

16 juin – Assises • Changer de cap en France et en Europe Dimanche 16 juin

Assises_16-juin-2013

Halle Marcel Dufriche – Palais des congrès Paris Est Montreuil
128 Rue de Paris
93100 Montreuil
Métro Robespierre (9)

Matinée de 9h30 à 12h30 – Tables rondes

Après-midi de 13h30 à 16h30 -Séance plénière

Quelle politique alternative à l’austérité pour la France et l’Europe ? Comment on change de cap ?

Déclaration du Front de Gauche avant les Assises du 16 juin

Une autre politique à gauche, pour la France et l’Europe

Notre pays s’enfonce dans une crise, qui affecte tous les domaines : économique, social, écologique, politique et institutionnel, comme les affaires Cahuzac ou Tapie/Lagarde le révèlent au grand jour.

Le choix de l’austérité, le dogme de réduction de la dépense publique appauvrit les peuples de France et d Europe, il casse les solidarités, accroît le chômage et la précarité. L’absence de grande réforme démocratique paralyse le débat social.

Ces orientations conduisent à l échec. Un an après son élection, le divorce est profond entre François Hollande et la majorité des français qui l’ont élu, et ne se retrouvent pas dans les choix économique du gouvernement, sans rupture avec les logiques dominantes de la finance.

Si la loi concernant le mariage pour tous a été votée, et nous nous en félicitons, elle n’efface pas le « choc de compétitivité », l’adoption de l’ANI et l’abandon de la question sociale ; elle ne justifie aucunement la remise en cause, ou l’abandon d’autres projets comme la loi d’amnistie des syndicalistes, le droit de vote des résidents étrangers aux élections locales, le renforcement du mode d’élection à la proportionnelle, les droits nouveaux donnés aux salariés pour la reprise de leur entreprise… La suite menace d’être pire encore à l’image de la réforme des retraites qui verrait pour la première fois un gouvernement « de gauche » faire reculer l’âge de la retraite.

Une autre politique de gauche alternative à la domination financière et à l’austérité est donc plus que jamais indispensabl.

Voilà pour quoi, après la manifestation du 5 mai, le Front de gauche a lancé l’idée des Assises du 16 juin pour un changement de cap en France et en Europe. Car, sauf à changer profondément de politique pour répondre à l aspiration qui s’est exprimée pendant la campagne présidentielle d’une véritable société d’égalité, le risque est d’ouvrir la voie à une droite revancharde affublée d’une extrême droite menaçante.

Pour l’éviter il faut un sursaut à gauche. Pour le Front de gauche cela passe parle rassemblement de celles et de ceux qui veulent le changement pour construire une majorité alternative autour de propositions permettant de sortir de la crise en rompant avec l’austérité et les logiques libérales.

Nous savons que les énergies existent dans le pays pour engager une véritable politique de transformation sociale et écologique. Nous souhaitons engager un processus qui favorise l’implication citoyenne et celle du mouvement social.

Notre objectif est ambitieux : refonder une autre politique majoritaire à gauche pour notre pays, alternative aux orientations austéritaires du gouvernement et, par delà, aux mêmes choix qui dominent l’Union Européenne. Voilà ce que le Front de gauche portera dans ces assises. Nous sommes heureux du succès annoncé de cette initiative de par le nombre et la qualité des organisations politiques, des associations, des syndicats et des personnalités de gauche qui s’y sont associés dans le respect de leurs engagements.

Dimanche nous sommes certains que nous allons faire un premier pas en avançant ensemble des propositions sociales, écologiques et démocratiques à même d’engager une changement de cap et de satisfaire aux besoins vitaux de sa population.

Derrière l’exception…la trahison

Le gouvernement crie victoire après avoir obtenu que les secteurs du cinéma et télévision soient exclus des négociations avec les Etats Unis en vue du Grand Marché Transatlantique.

Si l’exception culturelle devrait évidemment toujours être un préalable dans les accords commerciaux internationaux, il s’agit cette fois non d’une victoire mais d’un leurre. Sous couvert de cette exception, la France accepte en effet des négociations dont l’objectif est de lever toutes les protections sociales et environnementales vis à vis des USA.

Dans le secret le plus total, le parlement n’ayant même pas été invité à voter sur l’ensemble de ces négociations, François Hollande et le gouvernement se préparent ainsi à un véritable acte de trahison.

Retraites: Un rapport qui prépare une réforme de droite

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Un gouvernement de « gauche » va-t-il pour la première fois en France décider de reculer l’âge du départ en retraite ?

Voilà la question posée après la remise du rapport Moreau au premier Ministre. On craint de connaître la réponse. Car le gouvernement a beau jouer les Tartuffe en s’abritant derrière le résultat des négociations entre partenaires sociaux, on sait déjà qu’il compte suivre les grandes lignes de ce rapport.

Voilà donc que Jean-Marc Ayrault s’apprête à suivre les traces de Mr Balladur et Fillon. Le rapport Moreau propose en effet la même logique : accroître la durée de cotisation et baisser les pensions, soit une politique inefficace et injuste.

Inefficace car l’âge moyen de cession d’activité en France étant inférieur à 59 ans ce sera au système de chômage et de pré-retraite de prendre en charge le différentiel toujours plus grand avec celui de départ à la retraite… D’où l’augmentation d’autres déficits sociaux en perspective. À l’autre bout de la pyramide, ce sont les jeunes qui, ne trouvant déjà pas d’emploi, vont être obligés de patienter toujours plus longtemps.

Quant à la baisse des pensions, elle va mettre dans une situation toujours plus difficile des millions de retraités dont le niveau de vie ne cesse de se détériorer. Tout cela suit une logique de droite : « on vit plus longtemps donc on doit travailler plus longtemps ». On sait aujourd’hui que là où elle est appliquée, on commence justement à vivre moins longtemps et notablement là où de tels remèdes ont été appliqués nous assistons à un recul de l’espérance de vie en bonne santé.

Le Parti de gauche propose une toute autre logique : chercher les ressources là où elles se sont enfuies depuis trente ans c’est à dire dans les profits non investis. Il y a là largement de quoi combler les 20 Mds de déficit prévu d’ici 2020, l’équilibre du système par répartition étant, de l’aveu même du premier ministre, assuré dès 2035 en raison du dynamisme de notre démographie.

Voilà ce que ferait un gouvernement de Front de Gauche. En attendant, nous savons que nous devons nous préparer à nous opposer une nouvelle fois à ce gouvernement.

Retraites • Quand le PS et la presse organisent la retraite

  20100907-manif-retraites-dsc_0110 « La fin de l’ancien régime » titre en toute simplicité un article de Paris-Match (23 mai) au sujet des retraites. L’allusion à la Révolution française ne va bien sûr pas au-delà du « bon mot » car il s’agit aujourd’hui de poursuivre le détricotage du système de solidarité intergénérationnel issu du Conseil national de la Résistance. Mais derrière les procédés de presse ordinaires d’amalgames, de métaphores, de jeux de mots pour « piquer la curiosité du lecteur » se profile une efficace arme de diversion massive. On peut sourire de cette allusion par l’hebdo du groupe Lagardère à une nouvelle nuit du 4-août censé mettre bas les privilèges de la majorité de la population en matière de pension. On aurait tort. Répétés sur tous les tons et mis à toutes les sauces, les insinuations de cet ordre troublent les consciences tandis que les « évidences » et les avis d’experts repris comme des mantras installent sinon le doute du moins le découragement.

Préparer l’opinion au pire

On y travaille d’arrache-pied pas seulement dans la presse. La porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem, l’a dit : « le contenu de la réforme comptera autant que la façon dont on la mènera ». Pour commencer, il faut préparer l’opinion au pire. De façon à la convaincre que l’on a ramené au final l’effort exigé à une supposée juste mesure. Une manière efficace de suggérer que tout a été fait dans le plus grand souci de justice et d’équilibre. Six mois de distillation d’infos en tout genre ne sont pas de trop pour faire perdre le nord au bon peuple et le dénerver. Plus les annonces, les indiscrétions sont inquiétantes, plus elles seront efficaces. Les bruits de couloir des ministères sur le recul de l’âge du départ à la retraite à 65 ans voire à 67 ans ou bien sur l’allongement de la durée de cotisation de 41 ans et demi à 45 ans repris par les médias entrent dans ce dispositif. Il n’y a pas de collusion directe entre le gouvernement et les médias, juste la logique d’intérêts qui ici se croisent, les seconds utilisant le premier pour « vendre » des révélations soigneusement dosées et fuitées par des communicants ministériels qui testent ainsi la combativité des citoyens. Dans cette mise en scène, les deux parties se livrent à un jeu gagnant-gagnant où on ne sait pas clairement qui utilise qui.

On vit plus longtemps mais malade

Il faut dire que la difficulté n’est pas extrême. Car en matière de retraite, les politiques et les experts médiatiques tiennent le même discours. La droite l’avait déjà servi en 1993, 2003 et 2010 et il semble avoir fait ses preuves. La situation serait donc, une fois de plus, intenable : la population vieillissante, en proportion croissante, s’accrocherait à la vie sans considération aucune pour le coût occasionné. L’espérance de vie caracolerait fièrement vers des records. « Trois mois de durée supplémentaire d’espérance de vie, c’est en moyenne ce que gagnent chaque année les Français », rapporte La Tribune (31 mai). Soit « 78,4 ans pour les hommes et 84,1 ans pour les femmes ». Estampillée Ined (Institut national d’études démographiques), l’information est incontestable. Elle n’a que le tort d’être incomplète. Car l’espérance de vie sans incapacité est, elle, en régression comme l’annonce le numéro de juin de Sciences et vie. En clair, on vit certes plus longtemps, mais malade. Ainsi depuis 2004, les quinquagénaires ont effectivement gagné un an et demi de vie, mais perdu deux ans de bonne santé. Le phénomène n’est pas limité à l’Hexagone. « En Europe, explique dans le magazine scientifique Jean-Marie Robine, chercheur à l’Inserm, en moyenne toutes les années de vie gagnées depuis 2005 ont été des années gagnées avec des incapacités. » Si bien que l’espérance de vie sans incapacité serait passée en France pour les hommes de 62,7 ans en 2008 à 61,9 ans en 2010 et pour les femmes sur la même période de 64,6 ans à 63,5 ans. Les maladies qui plombent la vieillesse sont pour les deux sexes, en haut de tableau, les TMS (troubles musculo-squelettiques) causés essentiellement par les gestes répétitifs et l’accélération des cadences dans les entreprises. Puis ce sont les hypertensions, les AVC qui ne sont pas sans rapport avec le stress du travail, enfin les dépressions, l’anxiété et les troubles respiratoires. Des affections des temps modernes comme l’on dit quand on veut ne fâcher personne, mais dont on ne comprend pas très bien comment elles vont être conciliables avec le recul de l’âge du départ à la retraite. Il faudrait que la ministre des Affaires sociales et de la Santé, Marisol Touraine développe un peu son argument : « Quand on vit plus longtemps, on peut travailler plus longtemps. » (Le Parisien du 9 juin).

Un système de retraites déjà parmi les plus durs d’Europe

Mais bref, répète-t-on à l’envi, « le déficit du système des retraites devient abyssal », il faut revoir « la générosité de notre système » selon un expert de Challenges (7 mai), Jean-Olivier Hairault de l’Ecole d’économie de Paris. « L’économie française ne peut plus continuer à supporter l’augmentation du taux de prélèvement sur la richesse produite. » Ces 20 milliards de déficits attendus en 2017 rongeraient plus sûrement l’effort national que la même somme offerte dès cette année sans contrepartie aux entreprises par Hollande sous couvert d’aide à la compétitivité ou que les 80 à 100 milliards d’euros annuels d’évasion fiscale opérée par les multinationales et les plus riches sans parler d’impayés de cotisations patronales, de niches fiscales et autres cadeaux divers et variés. Il n’y aurait donc pas d’autres solutions que de  » réformer « , nous dit-on. Et vigoureusement : « le gouvernement ne peut se permettre une demi-réforme qui, comme celles de 1993, de 2003 ou de 2010, appellerait de nouvelles rustines quelques années plus tard », prévient solennellement Libération le 13 mai (pas si éloigné des désirs, « vite et fort », du nouveau dirigeant du Medef, Pierre Gattaz. Rappelons que les « rustines » de Libé ont vu passer les années de cotisation de 37,5 ans à 40 ans, puis à 41 ans, et enfin à 41,5 ans. Que le montant des pensions du privé ne se calcule plus sur les 10 mais les 25 meilleures années, et que l’âge légal du départ a été porté à 62 ans et qu’il faut travailler jusqu’à 67 ans contre 65 précédemment pour avoir droit automatiquement au taux plein… Des « demi-réformes » comme l’écrit le quotidien qui, en moins de 20 ans, ont fait de notre système de retraites l’un des plus durs d’Europe (35 ans de cotisations pour les Espagnols ou les Allemands qui partent en moyenne à 61 ans, 30 ans pour les Britanniques…).

L’Europe sans tabou sauf sur les cotisations patronales

L’argument de l’impossibilité de toute autre politique appliquée aux retraites a reçu récemment le renfort de la Commission européenne qui a monnayé sa remise de deux ans de « sursis » (sic) pour atteindre l’objectif des 3% contre des mesures à prendre « d’urgence pour équilibrer durablement » les régimes à échéance de 2020. Et pour que l’on comprenne bien, elle les a détaillées : « augmenter l’âge légal du départ », « adapter les règles d’indexation » de façon à décrocher les pensions de l’inflation, s’en prendre aux régimes spéciaux, etc. La Commission rejoint ainsi les préoccupations de Laurence Parisot qui propose d’examiner le dossier « sans tabou ». Enfin si, tout de même : Monsieur Barroso, le grand maître d’œuvre de la Commission européenne, fait une exception. Afin de préserver la compétitivité des entreprises, il précise qu’il est hors de question de toucher et d’augmenter « les cotisations sociales patronales ». Hollande a pris ombrage de ces diktats qui font de l’ombre à sa fonction dont une des missions est pour le moins, dans une démocratie, de tout faire pour garantir la souveraineté du pays. La réponse a été martiale : « Pour ce qui concerne les réformes structurelles, c’est à nous et à nous seuls de dire quel sera le bon chemin pour atteindre l’objectif. » Soit en clair, pas question de remettre en cause « l’objectif », mais juste revendiquer la prérogative de déterminer comment faire avaler la pilule…

« Chiche, M. le président ! »

Devant une telle bonne volonté, on pourrait croire la presse dite d’opposition bien embêtée. Le boulot est déjà fait et si bien fait qu’il coupe aussi l’herbe sous le pied d’une droite à qui on a piqué le programme et bien plus encore. Il ne reste plus à la « grande » presse qu’à cajoler le gouvernement, l’encourager à ne pas faiblir. « Chiche, M. le président ! » titre un édito du Figaro (6 juin) qui veut « saluer cette clairvoyance soudaine, même si on peut regretter qu’elle soit si tardive. » Attention toutefois à « ne surtout pas mollir face à la grande armée des fonctionnaires » car les salariés du privé « attendent cette fameuse équité promise par la gauche ». Un clin d’œil certain à Marisol Touraine, ministre des Affaires sociales et de la Santé, qui dans Le Parisien du 9 juin , avait répondu à une question sur le symbole de la retraite à 60 ans, fierté du défunt Mauroy qui avait vu là une « avancée de civilisation », par « le symbole de la gauche, c’est la justice (…) Des efforts sont nécessaires, mais ils devront être partagés par tous. »

Une bonne vieille recette: jouer le privé contre les fonctionnaires

La seule inquiétude du côté de la presse n’est ainsi pas de savoir si les montants des retraites vont baisser, si l’on va rogner et de combien sur ces pensions que la moyenne nationale situe à 1256 euros par mois (1603 euros pour les hommes contre 932 pour les femmes). Non, la préoccupation unanime est de savoir si notre monarque républicain va se montrer audacieux ou pas. « Hollande ira-t-il jusqu’au bout ? » titre en une Le Figaro le 6 juin. « Oseront-ils toucher aux fonctionnaires ? » s’angoisse toujours en une Le JDD le 9 juin. Le Parisien (10 juin) a fait effectuer un sondage qui chiffre à 75% le taux de réponses favorables à la question : « Pour financer le système des retraites, seriez-vous favorables ou opposé à ce que les pensions de retraite des fonctionnaires soient désormais calculées sur leurs salaires des dix dernières années et non plus des six derniers mois ? » On peut pronostiquer un bien meilleur score à la réponse si la question avait suggéré un calcul sur la base des six derniers mois pour les salariés du privé. Mais il est vrai que l’on parle des retraites des salariés pas des retraites chapeaux des dirigeants d’entreprise. Ces derniers ont le pouvoir d’aligner leurs revenus d’actifs et de retraités à la hausse, sur ce qui se pratique de plus confortable au niveau international. Il ne faut pas faire fuir les élites, surtout ne pas désespérer Neuilly-Auteuil-Passy…

La détermination des Français supérieure à 2010

Un rien d’inquiétude ternit toutefois ce bel ensemble. « 76% des Français, d’après La Tribune (3 mai), n’ont pas confiance dans le gouvernement pour assurer l’avenir du système actuel.  » Les chiffres atteignent des records de défiance lorsque l’on évoque le montant futur de leur retraite. La finance peut se frotter les mains et espérer un recul de la confiance en la retraite par répartition en faveur de la retraite par capitalisation. Mais cette défiance, que l’on peut tenter d’entretenir à travers éditos et pseudos mesures techniques inévitables sussurés par des « experts » (recul de l’âge de la retraite, points notionnels, allongement de cotisations, tout ce dont vont débattre ces « experts » une fois rendu public le rapport de Yannick Moreau.) peut se cristalliser autrement. C’est ce que suggère un sondage réalisé par L’Humanité ( 3 juin). À la question : « Vous personnellement, seriez-vous prêts à vous mobiliser dans les mois qui viennent pour défendre le niveau de votre retraite ou de votre prochaine retraite ? », les oui (certainement et peut-être) atteignent le chiffre record de 78%. Ils plafonnaient à 58% en 2010 qui a cependant connu les manifestations les plus massives de ces trente dernières années. Rien, absolument rien n’est donc joué. La résistance en d’autres temps et certainement pas des plus faciles a déjà réussi de plus improbables retournements. À nous d’en renouer le fil.

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