Stéphane Burlot, résister par l’image
Né à Sarcelles en 1969, Stéphane Burlot est un citoyen ordinaire, photographe devenu artiste engagé. Il a participé à de nombreux magazines musicaux depuis le début des années 1990 : Prémonition, Elegy, D-Side, Noise, Obsküre… Puis, il est devenu l’un des principaux photographes de la campagne présidentielle de Jean-Luc Mélenchon pour le compte du Front de Gauche. Ce travail est recueilli dans un très bel album, Résistance, paru en 2012, chez Bruno Leprince. Son œuvre s’attache depuis à capturer l’énergie et la rage des travailleurs et des peuples en lutte, dans toute l’Europe.
Place au Peuple! : Stéphane Burlot, revenons sur votre parcours de photographe professionnel engagé en politique ? Pourquoi avoir suivi la campagne du Front de Gauche en 2012 ?
J’avais été assez éprouvé par la victoire de Sarkozy en 2007. Après l’abattement est apparu la volonté de faire quelque chose. Mais quoi ? Comment ? La politique était loin de ma culture familiale, je n’avais jamais milité et « la gauche de la gauche » semblait assez complexe à appréhender avec ses multiples composantes. J’ai alors longtemps essayé de comprendre ce qui se passait en dehors du PS, celui-ci étant hors jeu après la traîtrise du traité européen en votant avec l’UMP et contre le résultat du référendum. J’ai alors jugé qu’il y avait une réelle volonté chez Mélenchon d’unifier sous une même bannière, celle du Front de Gauche, toute « l’autre gauche » et qu’un Front de Gauche fort était le seul moyen de peser face au PS. J’ai alors participé aux manifestations pour les retraites en 2010, j’ai adhéré au Parti de Gauche, j’ai illustré l’actualité du parti et j’ai finalement été pris dans l’équipe de campagne. On m’a chargé de monter un groupement de photographes pour couvrir les nombreux événements qui allaient se présenter et fournir la communication de la campagne.
PAP! : Depuis, vous travaillez sur les mouvements sociaux en Europe, projet qui vous a conduit à suivre les principales manifestations de ces dernières années en particulier dans la Méditerranée. Que retenez vous de vos voyages : une Europe qui va mal ?
Oui très mal, même si pour un touriste de passage les choses peuvent paraître normales dans des villes comme Madrid ou Lisbonne. C’est déjà nettement moins le cas à Athènes où la misère est très présente. En discutant avec les gens, on perçoit beaucoup de difficultés dans la vie quotidienne, beaucoup de colère parfois de la haine envers la Troïka mais aussi beaucoup de résignation. Les immenses manifestations, les grèves générales à répétition n’ont servi à rien, avec des gouvernements qui s’entêtent et n’écoutent pas, les gens sont découragés et se sentent impuissants.
PAP! : Dans ce nouveau travail, vous jouez beaucoup sur la chromatique (les couleurs des marées espagnoles, ce rouge de la gauche révolutionnaire et en lutte qui est omniprésent). On y retrouve votre goût pour la lumière comme dans les beaux portraits du Front des luttes, quand l’éclairage détache les salarié-es en lutte sur fond de grisaille, comme si l’image capturait cette dignité que le capital a voulu piétiner et qui renaît dans le combat. Vous construisez une esthétique de la photographie des luttes.
Oui j’avais envie de donner une autre dimension à ces événements et à ces gens qui luttent, en réalisant des portraits avec une lumière soignée qui porte l’attention sur eux, une esthétique poussée que je n’avais pas encore vue pour ce genre de sujet. C’est avec cette envie qu’est née cette série que je nomme « Nos rêves, leur cauchemar ». J’essaie de construire quelque chose de différent visuellement, qui mette en valeur ces manifestants et donne envie de les rejoindre.
PAP! : Vous avez choisi trois photographies pour illustrer cet entretien. Pourquoi celles-ci ?
La première est celle d’un pompier romain. C’était lors de ma première manifestation à l’étranger, fin 2012. J’aime la fierté de cet homme qui habillé de son uniforme pour défiler et qui est également drapé du drapeau de son syndicat. Elle est très représentative de ce que je voulais faire dès le départ avec cette série, fond flou et assombri pour mettre en avant le sujet principal avec une lumière douce.
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La Bretagne à l’abattoir
Le marasme économique qui a mis le feu aux poudres en Bretagne n’est pas la conséquence malheureuse d’une situation géographique excentrée. C’est le fruit des politiques dites de « compétitivité » menées par l’Union européenne et le gouvernement de François Hollande. Le capitalisme a sa géographie, faite de zones spécialisées et hiérarchisées en centres et en périphéries selon leurs contributions réciproques au mouvement général d’extorsion de la plus-value. Le libre-échange vise justement à extraire de chaque territoire tout le profit que permet sa position singulière dans l’espace économique.
Ainsi la Bretagne détient de très grands élevages porcins. Mais l’Allemagne dispose d’un avantage comparatif en matière d’abattage, du fait de l’absence de salaire minimum dans cette branche et du recours massif à des salariés étrangers issus de l’Est exploités sous le régime du détachement instauré par une directive européenne de 1996. Ils gagnent 3 ou 4 euros de l’heure. Dès lors 700 000 porcs bretons font chaque année leur dernier voyage vers l’Allemagne.
Si la géographie physique n’y est pour rien, la politique y est pour beaucoup. C’est une conséquence de la fameuse directive Bolkenstein. Vous souvenez-vous que les partisans du « oui », le solférinien breton Bernard Poignant en tête, prétendaient qu’elle serait bloquée par l’adoption de la Constitution européenne imposée au pays via le traité de Lisbonne ? Quant aux conventions collectives qui suppléaient en Allemagne l’absence de SMIC, elles ont été cassées par le social-démocrate Schröder, maître à penser de Hollande.
L’écotaxe ne pourrait-elle pousser à relocaliser l’abattage en renchérissant le coût des transports ? Hélas le gouvernement a tort de faire croire qu’en modifiant le prix d’un facteur de production, il va orienter le « marché » vers des comportements plus écologiques. C’est la thèse du capitalisme vert. Mais ce n’est pas ce qui se produira. Le marché choisira d’autres lieux de production pour alimenter les abattoirs allemands. Après avoir mis en lasagnes le cheval de Roumanie, il trouvera bien du porc pas cher quelque part.
La désastreuse spécialisation économique de la Bretagne a été le fruit d’une politique publique menée sous l’égide de l’Etat gaulliste. La puissance publique a encouragé l’implantation simultanée de grands élevages et d’abattoirs donnant un débouché à l’ancienne main-d’œuvre agricole. Elle a géré les conséquences sociales de ce modèle. L’émigration massive, notamment vers l’Ile-de-France, a été logée par des programmes publics. Pour relocaliser la production et en finir avec un modèle d’agriculture industrielle qui détruit les terres et fragilise l’économie régionale, il faut encore un haut niveau d’intervention publique planifiant les investissements nécessaires.
Mais le gouvernement préfère la concurrence des territoires. Il distribue un crédit d’impôt compétitivité de 20 milliards sans critère ni contrôle. A chacun d’aller là dans les zones les plus « compétitives ».
A ce jeu la Bretagne sera perdante. La République indivisible aussi.
Nous avons déjà eu le droit à un inquiétant couplet sur les « ministres bretons » au chevet de leur région. Imaginez que l’on ait envoyé Taubira et Lurel comme « ministres ultramarins » au secours des DOM TOM condamnées à l’ultra-périphérie par l’UE. Cette comptabilité sera le prétexte à tous les déchirements. La seule bonne nouvelle est qu’aucun autonomiste breton n’est venu réclamer le rattachement à ce quota du nantais Jean-Marc Ayrault.
Vote du SDRIF 2013 • Explication de vote
Le Conseil régional a adopté vendredi 18 octobre, en séance plénière, le nouveau Schéma Directeur de la Région Île-de-France (SDRIF). Pour les non initiés, ce schéma acte le projet/la vision de la collectivité régionale pour l’aménagement du territoire à l’échelle régionale à l’horizon 2030.
C’est l’aboutissement de 10 ans de labeur. Pour les groupes politiques qui ont voté « pour », c’est l’impression d’un travail enfin achevé. En effet, le précédent projet de Schéma directeur, voté en 2008, avait subit le « veto » gouvernemental d’une droite décomplexée, alors au pouvoir. Nicolas Sarkozy avait fait, en imposant sa loi du Grand Paris, main basse sur l’aménagement de la Région au service d’une vision libérale !
Ainsi le SDRIF, voté ce 18 octobre 2013, résulte donc d’un blocage du projet voté en 2008, mais aussi des choix assumés par Jean-Paul Huchon. Celui-ci partage en grande partie cette vision de l’aménagement si chère au Président des riches, centré sur les « pôles de compétitivité » censés être les « moteurs du développement économique ». Ainsi la concurrence entre les territoires est devenu un des trois piliers du SDRIF alors que l’urgence sociale et écologique devait nous amener à repenser les solidarités sociales et territoriales, à repenser l’aménagement en partant des besoins des franciliens.
Reconnaissons aussi que le projet porté par le Président de Région, qui vise à faire de notre collectivité un instrument au service de la valorisation du capital, est largement partagé par le gouvernement. En atteste la future loi de décentralisation qui va parachever le projet du Grand Paris avec la création d’une métropole comprenant Paris, les départements de la petite couronne (92, 93 et 94), leurs 125 communes et leurs 6 millions d’habitants. Que va faire la métropole de Paris (c’est son nom) de ses nouvelles prérogatives ? Comment le SDRIF sera-t-il exécuté par cette structure qui aura le loisir de faire ce qu’elle veut et ce d’autant plus facilement que le mode de désignation de ses membres et son mode de fonctionnement empêche tout contrôle citoyen ?
Quand au SDRIF lui-même, si nous pouvons approuver deux des principes énoncés : « agir pour une Île-de-France plus solidaire », et « la nécessaire transition écologique », le fait d’introduire comme pilier « la compétitivité internationale » et, dans la mise en œuvre, de tout centrer sur « les territoires d’excellence», revient à faire le contraire de ce qui est énoncé.
En fait le nouveau SDRIF, risque, s’il est appliqué en l’état, d’approfondir les déséquilibres territoriaux entre les territoires d’excellences et les autres ; entre zone dense et zones rurales et périurbaines ; entre les territoires qui auront droits aux financements publics et les autres. De plus en validant les grands projets d’aménagements de l’ère Sarkozy, cela aura pour conséquence la disparition des terres agricoles les plus fertiles de l’Ile de France. Sans compter que le SDRIF semble s’être contenté d’empiler l’ensemble des projets des collectivités territoriales sans interroger ni leur utilité sociale, ni leur utilité écologique. Bref alors que depuis près de 30 ans l’évolution du capitalisme a provoqué une considérable augmentation des inégalités – tout particulièrement marqués dans notre région pourtant la plus « riche de France » – le SDRIF ratifie des choix qui ont été déterminés PAR et POUR les acteurs économiques, bancaires et financiers, et non pour le bien-être de la population francilienne !
Pour preuve l’expression « relocalisation des activités », terme central de la lutte contre les délocalisations et au service d’un rééquilibrage territorial, n’apparaît que rarement dans un SDRIF vantant, lui très largement la compétitivité. Pire lors de la séance, le nombre de ces occurrences a encore été réduit. Comme s’il s’agissait d’enterrer au plus vite les quelques notions proposant un « mieux-vivre » et un aménagement durable à la fois soutenable économiquement, socialement. Confirmation que le SDRIF n’ose aucune rupture franche et concrète avec le capitalisme néolibéral et son mode de développement d’accumulation illimitée des marchandises qui auront parcourues des milliers de kilomètres. Le texte du SDRIF dissimule encore moins dans sa version finale son incapacité à répondre à la crise sociale.
Pour preuve, encore, l’objectif de réduction de gaz à effet de serre, un des engagements majeurs du SDRIF, a été modifié dans le flot des « améliorations » soumises au vote pour rien de moins qu’exonérer le trafic aérien d’obligation de réduction des émissions de GES. Décidément les habits verts du SDRIF ne répondent pas à l’urgence écologique.
Le SDRIF affiche sa volonté de lutter contre la crise du logement. Et la critique de la spécialisation des territoires et de la spéculation foncière donne lieu à l’annonce d’objectif ambitieux : construction de 70.000 logements et 25% de logements sociaux. Le problème, c’est que ces objectifs ne seront pas efficaces pour lutter contre l’éviction des ouvriers et des employés des centres urbains. D’abord parce que 25 % de logements sociaux ne suffissent pas quand on sait que les classes populaires représentent 40 % de la population des ménages dans notre région. Ensuite parce que dans les centres urbains notamment, mais pas seulement, on construit surtout des logements PLS alors que seuls 5 % des demandeurs répondent aux plafonds de ressources demandés. Ainsi le SDRIF ne rompt pas mais « accompagne » la contrainte qui est faite à de plus en plus de ménages d’accepter de se loger de plus en plus loin, jusqu’aux franges de l’île de France. En définitif, le SDRIF permet surtout de sécuriser les futurs aménageurs qui alimenteront la spéculation immobilière.
La solution à l’éloignement domicile/travail consiste, dans le SDRIF, à promouvoir les nouvelles lignes du métro automatique, variante du projet du grand Paris-express. Et effectivement les besoins en transports en commun sont réels vu l’état de saturation du réseau existant. Mais cette réponse, le nouveau métro automatique, sonne un peu comme une réponse miracle (vous arriverez enfin à l’heure) alors qu’il faudrait, selon nous interroger le modèle qui contraint des millions de personnes à passer des heures, chaque jours soit dans les bouchons, soit dans les transports en commun, ou les deux… Le nouveau métro automatique ne réduira pas le temps passé dans les transports, car rien n’est dit de la question centrale des distances : en ne faisant pas de la relocalisation des activités par bassins de vie, le point central du futur aménagement de notre région, le nouveau SDRIF ne propose pas autre chose que « d’accompagner » là encore la logique libérale, qui trouve normal d’organiser chaque jour une véritable transhumance de plusieurs millions de salariés, d’un bout à l’autre de l’île de France.
En définitive, l’« équilibre » entre principes affichés et acceptations de grands projets inutiles socialement et dangereux écologiquement font du SDRIF 2013 d’abord un projet en deçà de celui de 2008 ; ensuite en intégrant les objectifs du Grand Paris, projet Sarkozyste, projet libéral, c’est le projet initial qui affirmait quelques ruptures qui a été dénaturé. C’est la raison de notre opposition à ce SDRIF version 2013.
C’est pourquoi notre groupe a déposé de nombreux amendements dont ceux pour demander de remettre en cause les Grands projets inutiles et imposés que sont l’aménagement du plateau de Saclay et du triangle de Gonesse. Sur ces territoires, le SDRIF prévoit d’urbaniser les meilleures terres agricoles de la Région pour construire un centre de recherche de niveau mondial (en déplaçant au milieu de nul part des structures universitaires et de recherche qui existent déjà) et l’un des plus grand centre de consommation et de loisir d’Europe. Nous ne pouvons que regretter que ces amendements aient été rejetés par l’ensemble des groupes de l’Assemblée, alors que certains sont à nos côtés localement pour dénoncer leur absurdité.
Nous avons au moins obtenus que les élus, les associations et les citoyens soient associés aux évaluations de la mise en œuvre du SDRIF. Reste un vrai regret qui sonne aussi comme un signal, c’est la faiblesse de la participation citoyenne à l’enquête publique. Si nous souhaitons remercier l’ensemble des associations et citoyens qui se sont investis dans ce débat, nous ne pouvons que constater que les conditions (réduction très importante des lieux d’enquêtes, peu de réunions publiques, etc. ) n’ont pas été réunies pour créer un véritable débat avec les Franciliens, un moment d’implication citoyenne à la hauteur des enjeux du SDRIF.
Comme élu-e-s, comme citoyens, nous avons utilisés tous les temps du débat pour aborder des sujets qui ne font pas « consensus », pour proposer d’engager quelques ruptures. A l’heure des votes, certains nous ont expliqué qu’il faut savoir se satisfaire ce compromis vu les rapports de force, qu’ils ont obtenu gains de cause sur tel ou tel point. Nous aurions sans doute pu croire à cette version optimiste si avait été soumis au vote l’esprit et la lettre du projet de SDRIF de 2008 parce qu’il osait quelques ruptures. Nous aurions sans doute pu croire à cette version optimiste si ces « arbitrages » n’avaient eu lieu loin des regards des citoyens… Nous aurions pu… mais justement parce que nous ne nous résignons pas au fatalisme de l’ordre néolibéral le groupe Front de gauche – Parti de Gauche et Alternatifs a voté contre le SDRIF.
Le Maire de Poissy soutient les 7 grévistes de la faim de PSA
Après 39 jours de grève et le mépris de la direction de PSA Poissy, le collectif de soutien des 7 grévistes de la faim (Parti de Gauche, NPA, LDH, Alternatives Libertaire, EELV, Attac, Sud Solidaires), accompagnés par les salariés en lutte de SWISSPORT CARGO à Roissy, qui eux luttent depuis 30 jours sur le site de l’aéroport Charles de Gaulle, ont rencontré, samedi 26 octobre, Monsieur Bernard, maire de Poissy.
En envahissant la mairie, mégaphone à fond sous les slogans militants, le collectif a exigé une rencontre avec le premier magistrat de Poissy. En vacances, Monsieur Bernard a interrompu sa période de repos pour nous recevoir. Il est vrai que la rudesse du combat mené par les 7 grévistes méritait bien quelques heures de disponibilité.
Pendant une heure de discussion, le collectif lui a rappelé le combat mené par ces 7 courageux et tenaces salariés, leurs véritables revendications, et non pas celles infusées par PSA, les conditions
sanitaires déplorables dans lesquelles les laissait la mairie (des toilettes à disposition de manière épisodiques, l’accès à l’électricité après 30 jours de grève), ainsi que le diagnostic donné par le collectif de médecins qui les suivent quotidiennement. Monsieur Bernard admit son absence sur le piquet de grève, qu’il suivait quotidiennement par l’intermédiaire de son directeur de cabinet, Mamy Andriamasomanana et qu’il avait interpellé PSA pour mettre fin à ce conflit. Il a accepté enfin de se rendre sur le piquet de grève.
« Je suis ici pour vous apporter tout mon soutien ». C’est par ces paroles que pour la deuxième fois depuis le départ du conflit, Monsieur Bernard a entamé une longue conversation avec les grévistes. Abasourdi et bouleversé par la situation, les grévistes étant soient installés sur des fauteuils, soient allongés sur des lits de camps, leur état de santé nécessitant l’allongement total, notamment Abdi, moribond, et de Hicham – qui ne l’avait pas reconnu – le maire de Poissy, en fin de discussion, et après accord des grévistes, s’est engagé à :
- Appeler le Préfet pour qu’il puisse lancer le retour aux négociations et auxquelles le maire a demandé à assister,
- Mettre en place un suivi par le CCAS afin d’évaluer les besoins quotidiens des grévistes et des familles,
- S’adresser à la fédération PS ainsi qu’aux député-es des Yvelines pour apporter un soutien financier aux grévistes,
- A écrire aux quatre ministres concernés par ce conflit : Mr Montebourg et Mr Sapin pour le volet emploi ; Mme Taubira et Mr Valls pour faire appliquer le jugement rendu en juillet condamnant PSA pour harcèlement moral.
Monsieur Bernard, choqué par l’état de santé des 7 grévistes, n’est pas ressorti indemne de ce moment passé sous le barnum. Les paroles du médecin présent sur place : « Ils vont de plus en plus mal et leur état de santé risque de s’aggraver de plus en plus rapidement et d’entraîner des séquelles irréversibles » lui ont également rappelé l’urgence de la situation et le devoir d’alerte d’un élu de la république.
Ce soir, les 7 grévistes de PSA SUD AUTO ont l’espoir que rapidement, la direction de PSA retournera à la table des négociations afin de rédiger un protocole d’accord de fin de conflit juste, équitable et qui
rendraient aux 7 syndicalistes le droit d’exercer leur emploi dans des conditions de travail dignes de ce nom et d’exercer leur mandat syndical en toute liberté.
PSA leur a tout pris, en les placardisant, en les harcelant, en les méprisant. La seule chose sur laquelle PSA n’a eu aucun poids, c’est leur dignité, car leur dignité n’est pas à vendre. Monsieur Bernard l’a bien compris cet après-midi. A PSA de faire l’effort de comprendre qu’ils ne peuvent pas tout acheter, mais encore moins laisser mourir 7 hommes sur le trottoir.
(Les photos qui suivent ont été prises au début de la grève de la faim)
Crédit photos photosdegauche.fr (stef.burlot)
Le Front de Gauche est une stratégie !
La semaine écoulée aura été de toute première importance pour le Front de Gauche.
Elle aura mal débuté avec le choix des communistes parisiens de se rallier à la liste gouvernementale. Bien que le secrétaire national du PCF se soit engagé fortement en faveur de cette ligne, le ralliement derrière le PS a finalement été obtenu de peu (57 % contre 43 % soit 170 voix). Comment justifier que dans la capitale, l’une des composantes importantes du FDG va se retrouver derrière le PS, parti pivot de la majorité gouvernementale, au moment où François Hollande aggrave le cours antisocial de sa politique ? Au moment où Manuel Valls banalise les thèmes du FN en appliquant la politique du bouc émissaire ?
Heureusement les électeurs du Front de Gauche et tous ceux qui contestent la politique d’austérité du gouvernement auront « leur » liste : celle menée par Danielle Simonnet. A Paris comme dans quelques autres villes, entre la ligne « de rassemblement derrière le PS » et la ligne du Front de Gauche, ce sera au peuple de trancher en mars prochain.
Mais la bonne nouvelle de cette fin de semaine, c’est que nos camarades communistes ont eux déjà choisi très majoritairement le FDG. Ces jours-ci, Lyon à 53%, ce qui constitue une heureuse surprise, Poitiers à 53,62 %, Limoges à 61 %, Montluçon à 73 %, Metz à 85 %, Orléans et Dax à 92 % ou encore Aubenas ont rejoint la très longue liste de villes où le PCF s’engagera dans des listes autonomes. Parmi elles : Marseille, Aix en Provence, Toulon, Nice, Cannes, Avignon, Grenoble, Bordeaux, Tarbes, Pau Nîmes, Strasbourg, Dijon, Le Mans, La Roche S /Yon, Niort, Angers, Clermont Ferrand, Orléans, Cherbourg, St Lo, Rouen, Le Havre, Lille, Lens, Soissons, St Quentin, Beauvais, Arras, Montreuil, Argenteuil, Evry etc… On recense déjà largement plus d’une centaine dont presque les ¾ des villes de plus de 100 000 habitants
Cette bonne nouvelle se double d’une autre : dans plusieurs villes, le Front de Gauche est déjà parvenu à initier des listes de large rassemblement contre la politique d’austérité du gouvernement. C’est ainsi le cas avec EE-LV à Rennes, Grenoble, Clichy La Garenne, Cholet, Hérouville St Clair….
Le Parti de Gauche va engager toutes ses forces dans les semaines à venir pour constituer et soutenir partout en France des listes qui correspondent à la stratégie du FDG, soit clairement autonomes des listes gouvernementales.
Au premier rang de cet engagement, Jean-Luc Mélenchon a déjà programmé de nombreux meetings et initiatives de soutien à ces listes. Les premières dates sont : 7 novembre à Garges Les Gonesse avec Francis Parny ; 12 novembre à Pau avec Olivier Dartigolles ; fin novembre à Paris avec Danielle Simonnet (date à confirmer)…
Travailleurs et travailleuses dits handicapé-es : la triple peine !
Suite à la derniere étude de la Dares, le Parti de Gauche dénonce les conditions faites en matière d’emploi aux travailleurs et travailleuses dits handicapé-es !
Victimes comme tout un chacun de la politique « austéritaire » du Gouvernement anesthésiant chaque jour un peu plus l’activité dans notre pays, les travailleurs dits handicapés subissent de surcroît une triple peine !
D’abord, en ayant accès moins que la moyenne des citoyens à l’éducation, à la formation, au transport, et par conséquent à l’emploi.
Ensuite, en subissant de plein fouet dans leur recherche d’emploi les attitudes discriminatoires des employeurs potentiels appelés par une législation inadéquate à s’appesantir beaucoup plus sur les déficiences des postulants à l’emploi que sur leurs capacités réelles.
Enfin, en raison de l’insuffisance des moyens consentis aux équipes d’insertion chargées spécifiquement de l’accompagnement des travailleurs dits handicapés, l’État ne cessant de se désengager de ses responsabilités en faisant supporter aux seuls Fonds d’insertion professionnelle des travailleurs dits handicapés le financement la charge des actions — déjà insuffisantes — prévues par le législateur alors que la mission de ces organismes et d’intervenir en complément de l’État !
Devant une situation qui voit tout à la fois le nombre de chômeurs dits handicapés et la période d’inactivité de chacun d’entre eux progresser beaucoup plus rapidement que tous les autres salariés, le Parti de Gauche insiste sur le fait que seul un changement profond de politique économique et sociale accompagné d’un renforcement des politiques d’insertion pour les travailleurs les plus en difficulté permettra de retrouver le chemin de l’activité et un emploi pour toutes et tous.
Non à l’exclusion de 11 nationalités du droit au mariage
Le Parti de Gauche se réjouit de la décision de justice rendue ce jour par la cour d’appel de Chambéry, malgré l’appel du Parquet, qui vient de décider qu’un couple de même sexe franco-marocain a le droit de se marier. Au nom de la longue lutte de l’émancipation, pour le Parti de Gauche, il est temps que cesse le parcours du combattant des couples binationaux dont l’un des partenaires est issu d’un des 11 pays exclus, sous couvert de conventions internationales, du droit au mariage pour les personnes de même sexe. Il faut changer la circulaire pour que l’égalité cesse d’être à géographie variable. Il est temps de mettre fin à l’arbitraire. Il est temps que la République défende l’universalité des droits humains car c’est justement au nom de l’égalité que ce jugement confirme l’incurie de la notion d’équité qui soumet toujours les êtres humains à une soi-disant sacralisation des traditions…
Le Parti de gauche accueille Basma Khalfaoui et M’Barka Brahmi
Basma Khalfaoui et M’Barka Brahmi étaient invitées vendredi 25 octobre au siège du Parti de Gauche par le co-président du PG Jean-Luc Mélenchon. Elles ont donné une conférence devant les militants du parti, venus s’informer et témoigner de leur solidarité dans la lutte révolutionnaire.
Basma et M’Barka sont les veuves des députés du Front Populaire Chokri Belaid et Mohamed Brahmi, assassinés pour leur rôle moteur dans le rassemblement du peuple tunisien pour la poursuite du processus révolutionnaire démarré en 2011. Elles sont à Paris ces jours-ci et participent aux événements de soutien à la révolution, dont le plus important est le meeting du Front Populaire qui devait avoir lieu vendredi 25 au soir à l’AGECA, rue de Charonne.
Lors du voyage de solidarité d’une délégation du PG à Tunis en septembre, Basma et M’Barka, avec leurs camarades du Watad-PPDU et du Courant Populaire, nous avaient accueillis et permis de comprendre la situation tunisienne et de participer activement à leur lutte, notamment lors de la grande manifestation d’opposition au gouvernement dirigé par les islamistes d’Ennahdha, marquant les 40 jours de l’assassinat de Mohamed Brahmi.
Aujourd’hui, c’était à nous de les accueillir, et Jean-Luc Mélenchon a pris la parole pour les remercier chaleureusement d’être venues. Il a réaffirmé le soutien indéfectible de notre parti à leur combat pour la révolution citoyenne en Tunisie. Lors de notre voyage, les camarades tunisiens nous avaient demandé de populariser leur lutte auprès des Français, afin d’amplifier le mouvement international de solidarité. C’était le sens également de la conférence d’aujourd’hui, à laquelle toute la presse avait été conviée. Quasiment aucun journaliste n’est venu. Jean-Luc a dénoncé ce silence en France sur la chape de plomb imposée au peuple tunisien par le gouvernement. Rappelons qu’il est certes constitué des islamistes d’Ennahdha, mais également du CPR de Moncef Marzouki, dont Basma et M’Barka n’ont pas manqué de dénoncer la collusion totale avec les islamistes et l’absence de considérations pour les droits de l’homme en Tunisie. Autre membre du gouvernement, le parti Ettakatol, alter ego tunisien du parti solférinien. Ce dernier constitue décidément des alliances avec des forces libérales voire réactionnaire dans de nombreux pays, comme le montre le dernier exemple en date : la coalition CDU-SPD en Allemagne.
Basma a indiqué qu’elle espérait que ce manque d’écho médiatique ne représentait pas l’état d’esprit général de la presse. Puis elle a pris le temps de nous parler de la situation en Tunisie, en expliquant comment la révolution avait peu à peu été transformée en coup d’état rampant par le parti islamiste et ses alliés. Bien sûr, aucun militant aguerri ne pensait que le seul départ de Ben Ali et l’organisation d’élections allaient permettre de mettre en œuvre toutes les revendications démocratiques et sociales du peuple tunisien. Mais l’espoir existait qu’avec un tel gouvernement, comprenant notamment une frange appartenant à l’Internationale Socialiste, la diversité politique puisse d’exprimer, même dans une démocratie imparfaite. Chokri Belaid parlait d’un « jardin avec de nombreuses fleurs différentes » pour qualifier ce que la Tunisie aurait pu être au sortir de cette première phase révolutionnaire. Le gouvernement de la troïka (Ennahdha, Ettakatol, CPR) s’était d’ailleurs engagé à laisser le pouvoir dès l’adoption de la nouvelle constitution, et d’organiser des élections libres. Cette constitution aurait dû être adoptée après un an, mais n’a pas été terminée. Et pendant ce temps, le gouvernement a organisé le coup d’Etat rampant, que Basma a bien expliqué : un coup d’Etat démocratique avec le non-respect des délais prévus pour de nouvelles élections ; un coup d’état contre les libertés, avec le bain d’oppression qui s’est abattu et continue à frapper les artistes, les femmes, les universitaires qui osent critiquer le pouvoir, sa justice aux ordres et son système policier parallèle ; mais aussi avec l’augmentation de l’insécurité et des attentats islamistes, aidés par les financeurs qataris et utilisant des armes provenant de la Libye ; et coup d’état contre les valeurs et espoirs de la révolution, matérialisé notamment par l’augmentation du chômage et l’absence de mesures pour le combattre.
Crédit photo Stéphane Burlot C’est ce coup d’état rampant qui a conduit la gauche de transformation sociale à s’unir au sein du Front Populaire, dont Chokri et Mohamed étaient parmi les principaux représentants. L’objectif était de constituer un outil politique au service du peuple tunisien pour structurer l’opposition de gauche au gouvernement contre-révolutionnaire. Les assassinats politiques ont rendu encore plus nécessaire l’union de tout le peuple contre la dictature en marche. C’est pourquoi s’est constitué le Front du Salut National, regroupant le Front Populaire mais également des organisations libérales, et politiquement à droite. Aujourd’hui, le Front du Salut National est engagé dans une grande bataille contre le gouvernement dont il exige la démission. Le puissant syndicat UGTT organise le dialogue national, sans cesse repoussé par les islamistes, qui refusent de laisser le pouvoir. Basma a exprimé la volonté des camarades du Front Populaire de continuer à tenter de dialoguer pour sortir de l’impasse par le haut et sans dommages trop durs pour le peuple tunisien. Mais la lutte et les actions pacifiques dans la rue, meetings, manifestations, se poursuivront tant qu’il le faudra pour faire plier la réaction.
M’Barka a ensuite affirmé que Basma et elle continueraient à sillonner le monde pour exiger que la lumière soit faite sur les assassinats de leurs compagnons, et faire savoir au gouvernement tunisien qu’il y a un mouvement de solidarité avec la révolution tunisienne et qu’il ne cessera de grandir. Elles vont d’ailleurs profiter de leur passage à Paris pour rencontrer des avocats français et saisir la justice française, car aucune confiance ne peut être accordée à la justice tunisienne pour trouver les responsables des meurtres commis. Elle a enfin dit sa fierté d’être avec les militants du PG, et plus largement en France pour étendre le combat du peuple tunisien, qui continuera à lutter jusqu’à la victoire.
Crédit photos photosdegauche.fr (stef.burlot)
3.2.7 Siège • 2013.10.25 Tunisie
La Centrafrique abandonnée en plein drame humanitaire
L’Oubangui-Chari a connu la pire des colonisations pour avoir été laissée aux intérêts des concessionnaires qui ont pillé ses ressources. La République Centrafricaine a connu une succession de tyrans prédateurs de Dacko à Bozizé en passant par Bokassa, tous mis en place par le « protecteur » français : c’est aujourd’hui un pays sans Etat, sans administration, sans forces de sécurité, abandonné aux bandes mafieuses qui pillent, tuent et terrorisent les populations.
François Hollande, sous prétexte de réorientation de la politique africaine de la France, croit se donner le beau rôle en laissant les troupes disparates de la Séléka, constituées de groupes rebelles, renforcés par des milices soudanaises et des islamistes tchadiens dûment stipendiés, descendre vers Bangui. Comment expliquer la passivité de la France qui se tait lorsque treize soldats sud-africains se font tuer par les rebelles de la Séléka ? Comment expliquer l’indifférence du gouvernement français envers des populations qui souffrent et meurent en silence si ce n’est pour laisser le champ libre à Idriss Déby, afin qu’il dispose d’un pays à laisser piller par ses affidés. Et ce, au titre des loyaux services que le président tchadien rend à la France et à ses interventions militaires dans la région.
Il ne s’agit pas, comme le prétend Laurent Fabius, de se donner dix-huit mois pour rebâtir une façade démocratique et nous refaire le même numéro d’illusionniste qu’au Mali. La priorité est de rétablir la sécurité dans tout le pays et pas seulement à Bangui, ce qui signifie exiger le départ de l’armée clanique tchadienne et doter les quinze chefs lieux de préfecture de forces militaires internationales en accélérant la mise en œuvre de la résolution onusienne, afin de sécuriser les territoires et de permettre aux ONG de faire leur travail dans l’éducation, la santé et le développement rural.
Il faut aider à la reconstruction d’une administration, d’un Etat, faire fonctionner les écoles, les centres de santé et assurer la nourriture de la population : voilà les vraies urgences !
Le Parti de gauche déplore la réserve de François Hollande à venir en aide à un pays dont la situation actuelle est largement de la responsabilité des gouvernements français successifs et exige que soit mis fin à une politique abjecte de soutien aux dictateurs de cette région de l’Afrique équatoriale.
Patrice Finel et Pierre Boutry