Menace radioactive sur Paris ?

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Le Projet Cigéo d’enfouissement de déchets nucléaires sur le site de Bure (Meuse) présente un danger gravissime pour nombre de citoyens et particulièrement pour les Parisiens. D’après l’expert indépendant Bertrand Thuillier, docteur ès sciences, professeur associé, les 100 000 m3 d’eau distribués quotidiennement dans les 18e, 19e et 20e arrondissements, et une partie des 9e, 10e, 11e et 12e arrondissements, provenant de l’usine de traitement de Joinville alimentée par la Marne, pourraient faire l’objet de contaminations radioactives. Près d’un million de Parisiens seraient touchés. En effet, le risque d’incendie des alvéoles souterraines d’enfouissement est très élevé. Les conséquences seraient désastreuses pour le bassin de vie et Paris.

Un incendie libérerait une quantité importante de radionucléides, dont Bertrand Thuillier évoque la propagation en deux temps. D’abord se diffusant quasi immédiatement dans l’atmosphère par les puits d’aération, ces radionucléides seraient entraînés dans la vallée de la Marne par ruissellement. Ensuite, la plus grosse part des radionucléides s’échapperaient de l’alvéole incendiée par le biais des galeries et des creusements jusqu’aux nappes phréatiques situées juste au-dessus du niveau de Cigéo, polluant ainsi gravement le bassin versant de la Marne. Par conséquent, les contaminants radioactifs seraient entraînés vers le bassin parisien.

Le Parti de Gauche, par la voix de Danielle Simonnet, candidate à la mairie de Paris, et de ses secrétaires nationaux Corinne Morel-Darleux et Gabriel Amard, alerte vigoureusement le gouvernement, l’ANDRA (Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs), la Ville de Paris, Eau de Paris, les partis politiques et la société civile pour suspendre immédiatement le projet Cigéo. Il est nécessaire de mettre en œuvre une étude complémentaire et indépendante et d’informer l’ensemble des citoyens mais aussi de trouver via un vrai débat public national comment organiser la gestion des déchets nucléaires en toute responsabilité à l’égard des générations futures. Pour notre part cela commence par arrêter d’en produire !

Le Parti de Gauche a réalisé un cahier d’acteur présentant ses propositions en matière de gestion des déchets, consultable sur le site de la CNDP :
http://www.debatpublic-cigeo.org/informer/cahier-acteurs.html

Danielle Simonnet
Candidate du Front de Gauche à la mairie de Paris

Corinne Morel-Darleux,
Secrétaire nationale du PG à l’écosocialisme

Gabriel Amard,
Président de la gauche par l’exemple, l’association des élu-e-s du PG

Pour plus d’informations :
http://www.villesurterre.eu/images/ligny_120613_powerpoint_projete.pdf
« Le projet CiGéo et risque « eau » pour les franciliens », Bertrand Thuillier Téléchargez le document .

 

A-t-on le droit de qualifier Marine Le Pen de « fasciste » ?

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Le terme « fasciste » est-il une injure ou une caractérisation politique ? Maître Wallerand de Saint-Just, l’avocat de Marine Le Pen, laquelle s’était fait porter pâle, et Raquel Garrido, défenseur de Jean-Luc Mélenchon, bien présent, lui, dans la salle d’audience, se sont penchés pendant plus de deux heures sur cette question, jeudi 6 mars, sous l’œil des magistrats de la 17e chambre du tribunal correctionnel de Paris.

Un mois après le procès des « faux tracts » devant le tribunal de Béthune (Pas-de-Calais), le leader du Parti de gauche affrontait pour la deuxième fois la présidente du FN devant la justice, en qualité de prévenu cette fois-ci. Il lui est reproché d’avoir, le 5 mars 2011, alors qu’un journaliste d’iTélé lui demandait de commenter un sondage plaçant pour la première fois Marine Le Pen en tête du premier tour de la présidentielle à venir, répondu :

« Non, tout ça, c’est une guignolisation de la politique qui est absolument invraisemblable. Pourquoi voulez-vous que le peuple français soit le seul peuple qui ait envie d’avoir un fasciste à sa tête ? Donc tout ça est une espèce de fabrication par les instituts de sondage […], nous sommes en train d’en parler alors que c’est aussi stupide que si on annonçait que le Père Noël est en tête. »

Fraîchement élue à la tête du FN, Marine Le Pen, qui amorce alors sa stratégie de dédiabolisation du parti, décide de porter plainte avec constitution de partie civile pour « injure publique » contre l’auteur de ces mots et la chaîne qui les a diffusés. Une stratégie qui la conduira plus récemment à menacer de poursuites quiconque apposerait l’étiquette « extrême droite » sur son parti, menace qui n’a, jusqu’ici, jamais été suivie d’effet.

UNE « CARACTÉRISATION POLITIQUE »

Qualifier Marine Le Pen de « fasciste » est-il injurieux ? Les deux parties ont adopté des stratégies diamétralement opposées pour trancher la question. Le conseiller de Marine Le Pen a placé l’essentiel de ses arguments sur le terrain du droit et la caractérisation de l’injure, tandis que M. Mélenchon et son avocate ont projeté leur analyse sur le débat politique et la nature profonde du FN.

Pour Wallerand de Saint-Just, qui avait posé sur son pupitre Le Fascisme en action, de l’historien américain Robert Paxton, « Il est illégal de se revendiquer du fascisme ou du nazisme ». « L’imputation péjorative d’une opinion illicite et universellement réprouvée à ma cliente constitue donc une injure », a estimé l’avocat. Un délit défini, en droit, comme « toute expression outrageante, termes de mépris ou invective qui ne renferme l’imputation d’aucun fait ».

M. Mélenchon a eu beau jeu de rappeler que Marine Le Pen parlait elle-même de « fascisme doré des marchés financiers » et de « fascisme vert » à propos de l’islamisme. Il fut un temps, a-t-il rappelé, où « de Gaulle était traité de fasciste, ce qu’il n’était pourtant pas. Ce n’est certes pas un compliment, mais c’est une opinion » qui a sa place dans le débat public. Le FN se distinguant selon lui par la « négation des conflits de classes » au profit de « communautés mytiques comme la nationalité ou la religion », et la posture « ni droite, ni gauche », il revêt à ses yeux les marqueurs « typiques » du fascisme. Une « caractérisation politique » qui, si elle venait à être interdite, « interdirait tout travail scientifique sur ce thème », a-t-il mis en garde.  .. Lire la suite ..

A-t-on le droit de qualifier Marine Le Pen de « fasciste » ?

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Le terme « fasciste » est-il une injure ou une caractérisation politique ? Maître Wallerand de Saint-Just, l’avocat de Marine Le Pen, laquelle s’était fait porter pâle, et Raquel Garrido, défenseur de Jean-Luc Mélenchon, bien présent, lui, dans la salle d’audience, se sont penchés pendant plus de deux heures sur cette question, jeudi 6 mars, sous l’œil des magistrats de la 17e chambre du tribunal correctionnel de Paris.

Un mois après le procès des « faux tracts » devant le tribunal de Béthune (Pas-de-Calais), le leader du Parti de gauche affrontait pour la deuxième fois la présidente du FN devant la justice, en qualité de prévenu cette fois-ci. Il lui est reproché d’avoir, le 5 mars 2011, alors qu’un journaliste d’iTélé lui demandait de commenter un sondage plaçant pour la première fois Marine Le Pen en tête du premier tour de la présidentielle à venir, répondu :

« Non, tout ça, c’est une guignolisation de la politique qui est absolument invraisemblable. Pourquoi voulez-vous que le peuple français soit le seul peuple qui ait envie d’avoir un fasciste à sa tête ? Donc tout ça est une espèce de fabrication par les instituts de sondage […], nous sommes en train d’en parler alors que c’est aussi stupide que si on annonçait que le Père Noël est en tête. »

Fraîchement élue à la tête du FN, Marine Le Pen, qui amorce alors sa stratégie de dédiabolisation du parti, décide de porter plainte avec constitution de partie civile pour « injure publique » contre l’auteur de ces mots et la chaîne qui les a diffusés. Une stratégie qui la conduira plus récemment à menacer de poursuites quiconque apposerait l’étiquette « extrême droite » sur son parti, menace qui n’a, jusqu’ici, jamais été suivie d’effet.

UNE « CARACTÉRISATION POLITIQUE »

Qualifier Marine Le Pen de « fasciste » est-il injurieux ? Les deux parties ont adopté des stratégies diamétralement opposées pour trancher la question. Le conseiller de Marine Le Pen a placé l’essentiel de ses arguments sur le terrain du droit et la caractérisation de l’injure, tandis que M. Mélenchon et son avocate ont projeté leur analyse sur le débat politique et la nature profonde du FN.

Pour Wallerand de Saint-Just, qui avait posé sur son pupitre Le Fascisme en action, de l’historien américain Robert Paxton, « Il est illégal de se revendiquer du fascisme ou du nazisme ». « L’imputation péjorative d’une opinion illicite et universellement réprouvée à ma cliente constitue donc une injure », a estimé l’avocat. Un délit défini, en droit, comme « toute expression outrageante, termes de mépris ou invective qui ne renferme l’imputation d’aucun fait ».

M. Mélenchon a eu beau jeu de rappeler que Marine Le Pen parlait elle-même de « fascisme doré des marchés financiers » et de « fascisme vert » à propos de l’islamisme. Il fut un temps, a-t-il rappelé, où « de Gaulle était traité de fasciste, ce qu’il n’était pourtant pas. Ce n’est certes pas un compliment, mais c’est une opinion » qui a sa place dans le débat public. Le FN se distinguant selon lui par la « négation des conflits de classes » au profit de « communautés mytiques comme la nationalité ou la religion », et la posture « ni droite, ni gauche », il revêt à ses yeux les marqueurs « typiques » du fascisme. Une « caractérisation politique » qui, si elle venait à être interdite, « interdirait tout travail scientifique sur ce thème », a-t-il mis en garde.  .. Lire la suite ..

L’économie de la mer, horizon politique

“Les océans représentent 70% de la surface de la planète. Plus des deux-tiers de la population mondiale vit à moins de 100 kilomètres d’une côte. La mer est obligatoirement la nouvelle frontière de l’humanité“. Voilà comment parle de ce nouvel horizon, J.L. Mélenchon qui n’a de cesse de tenter de faire rentrer la question de la mer dans le débat public [Cf. faire entrer la mer en politique]. Ce positionnement, s’il n’est pas dénué d’universalisme est d’autant plus intéressant et stratégique pour la France que notre territoire national représente la deuxième plus grande surface maritime du monde, juste derrière les États-unis. Pour contribuer au débat, j’ai donc réalisé une carte par anamorphose montrant le poids des états en fonction de la surface de leur zone exclusive économique*. Sur cette carte, la taille des pays est proportionnelle à leur surface maritime territoriale. Les 5 premiers pays sont représentés en bleu foncé.

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(*) D’après le droit de la mer, une zone économique exclusive (ZEE) est un espace maritime sur lequel un État côtier exerce des droits souverains en matière d’exploration et d’usage des ressources. Elle s’étend à partir de la ligne de base de l’État jusqu’à 200 milles marins (environ 370 km) de ses côtes au maximum. Le terme est parfois abusivement appliqué aussi aux eaux territoriales et aux extensions possibles du plateau continental au-delà de ces 200 milles marins.

Reportage : Lancement du mouvement zero waste France • Zéro déchets, zéro gaspillage, c’est possible !

C’est fait ! sous la houlette du CNIID (Centre national d’information indépendante sur les déchets), et des associations ARIVEM et collectif 3R, le mouvement zero waste a été lancé en France en février 2014.

Pour nous, écosocialistes, cette démarche de citoyens, qui à travers les déchets modifient complètement la façon d’envisager la production et la consommation, est un rayon de soleil dans l’hiver de l’esprit capitaliste.

Dans ce reportage, vous entendrez :

– Joan-marc Simon, coordinateur du mouvement zero waste europe
– Danielle Laumont, vice-présidente de la FEVE (3’35)
– Gérard Marcon, président du collectif 3R (7’05)
– Samuel Lecoeur, de l’association AMELIOR (10’50)
– Flore Berlingen, directrice du CNIID (12’35)
– Les extraits musicaux sont des orgres de barback, morceau « ces petits riens » de l’album Pitt O Cha et la tisane de couleurs

La conclusion est laissée à Agnès Varda, un extrait du film « les glaneurs et la glaneuse », où elle interroge Maitre Raymond Dessaud à propos du droit de glanage. Cette question résume le statut juridique et économique du déchet et remet totalement en question la notion de propriété privée puisqu’on peut aller glaner ce qui est resté d’une récole y compris sous les serres ou dans un champ cloturé. Les choses abandonnées sont à ceux qui les ramassent, à bon entendeur…

Pour aller plus loin, vous pouvez lire cette tribune collective : http://www.bastamag.net/Zero-dechets-zero-gaspillage-une

Médias • Jean-Luc Mélenchon invité de la matinale de France Inter

 

France Inter, le 6 mars 2014

F.Delapierre sur Europe1 : « Des élections et qu’on n’encourage pas les va-t’en guerre » #Ukraine

 

François Delapierre est le secrétaire national du Parti du Gauche.

Europe 1, le 3 mars 2014

Chômage : l’irresponsabilité continue !

La publication par l’INSEE des chiffres du chômage au sens du Bureau International du Travail pour le quatrième trimestre 2013 est un rappel à l’ordre après les affaires délétères de l’actualité des derniers jours. Le constat est simple : l’irresponsabilité continue.

On aurait tort de se féliciter de la baisse de 0,1% enregistrée sur le quatrième trimestre, par rapport au troisième trimestre 2013. Cette baisse est marginale, et fallacieuse : l’INSEE reconnaît même que la marge d’erreur sur ces chiffres est de 0,3% et le chômage fin 2013 reste au final aussi élevé que fin 2012. Il atteint un taux historique de 10,2%. La réalité est que la méthode coué prophétisant une diminution réelle de la courbe tombe à plat. Le gouvernement persiste pourtant à défendre ses idées « zombie » : idées mortes qui continuent à le hanter. La pensée magique du gouvernement, composée d’allégements de cotisation sans contrepartie, passe du CICE en 2013 au «pacte de responsabilité» en 2014. Après l’inversion de la courbe du chômage, va-t-on promettre «l’inversion de la hausse des dividendes», alors que les actionnaires du CAC40 ont empoché 40 milliards d’euros en 2013, 5% de plus qu’en 2012 ?

Le taux de chômage des jeunes qui sert d’alibi au gouvernement n’a pas diminué. Ce taux culmine à 22,8% et les chiffres de l’INSEE dévoilent une autre vérité : la population active des 15-24 ans a baissé de 0,1% au quatrième trimestre, et de 0,7% sur un an, alors que leur taux d’emploi n’a augmenté que de 0,4% en 2013. Autrement dit, les jeunes renoncent à chercher un emploi et ne sont plus comptabilisés comme chômeurs. Voilà le vrai résultat d’une politique qui ne donne à la jeunesse d’autre choix que d’enchaîner les CDD ou les contrats d’intérim !

Le Parti de Gauche affirme que seul un plan global et ambitieux permettra d’en finir avec le chômage de masse. Nous préconisons un scénario cohérent en cinq axes : la sécurisation des salariés en réaffirmant le CDI comme la norme, une nouvelle étape de réduction du temps de travail, la création massive d’emplois publics, un plan de réindustrialisation écosocialiste via un protectionnisme solidaire et la définanciarisation des entreprises par notamment l’interdiction des licenciements boursiers.

Résolution politique (15 et 16 février 2014)

CN des 15 et 16 février 2014

Le début de l’année aura été marqué par la conférence de presse du 14 janvier de François Hollande. Contrairement à certaines analyses, ce discours ne marque, en réalité, aucun changement idéologique. En assumant publiquement l’entièreté de sa ligne libérale jusqu’à en accélérer le cours à travers le pacte de responsabilité, il a voulu envoyer un signal fort au pays en se débarrassant de tout enrobage « social ». Il y a bien en cela un nouvel affichage politique avec des gages donnés à la Commission Européenne, aux agences de notation et au Medef. L’objectif est aussi de déstabiliser la droite en dessinant en filigrane une alliance politique possible avec le centre. L’opération est réussie. A l’annonce du pacte de responsabilité, la CDU de Angela Merkel a applaudi, tout comme la Commission et le patronat européen, l’UMP s’est divisée, le centre s’est empressé de soutenir et le Medef n’a pu s’empêcher de faire remarquer qu’il s’agissait d’un copier-coller de son pacte de confiance.

Avec le pacte de responsabilité, Hollande ose enfin afficher ouvertement ses choix politiques

François Hollande a donc répété son slogan : la politique de l’offre. Ce choix du capital contre le travail est une politique de droite. Elle est absurde économiquement, dangereuse socialement et écologiquement. Son seul résultat sera d’enfoncer un peu plus la France dans la crise et le peuple dans la pauvreté. Cela se traduit par de nouveaux cadeaux au patronat (10 milliards de plus), en particulier aux grandes entreprises, sans aucune contrepartie précise exigée. Le gouvernement s’attaque ainsi à notre modèle social issu du Conseil National de la Résistance et en premier lieu à notre protection sociale financée par les cotisations. Il réaffirme l’idéologie libérale de la baisse des dépenses publiques allant jusqu’à envisager le gel de l’avancement des fonctionnaires ainsi que la désindexation des prestations sociales. Il n’hésite pas à utiliser un discours faisant appel à une soi-disant modernité pour justifier des réformes qui n’ont qu’un objectif : réduire la place de l’intervention publique, faire plus d’espace à la logique de profit en baissant toujours plus le mal nommé « coût du travail ». Cela vaut dans l’enseignement supérieur comme pour les collectivités locales. La profonde remise en cause de la structuration administrative de notre pays n’a qu’un objectif : accroître la concurrence entre territoires, ce qui favorise l’application des politiques libérales européennes. La métropolisation vise à faire disparaître les conseils généraux et à remettre en cause la démocratie communale. Nous en connaissons les conséquences : fermetures des services publics, aménagement du territoire contraire à toute conception écologique minimum, renforcement des inégalités, et de fait, abandon d’une large part de la population. La traduction électorale est connue : montée de l’abstention et du vote FN. Le transfert du pouvoir normatif ne peut que renforcer les pouvoirs des notables locaux et accentuer la corruption. Il va rompre avec l’unité et l’indivisibilité de la République.

Si nous n’attendions rien de François Hollande, son discours a été vécu comme étant d’une particulière brutalité : pas un mot pour les travailleurs, pour les salariés. Que des cadeaux pour les patrons et actionnaires. Du côté des syndicats, des mots forts ont certes été prononcés, mais reconnaissons que ce n’est pas à la hauteur de l’attaque.

Du côté politique, la droite s’est divisée, JL Borloo s’est réjoui et a annoncé que ses élus étaient prêts à voter pour les mesures du pacte « si elles sont claires, précises et identifiées » tandis que la majorité du PS se félicitait immédiatement de ces annonces. Pour ceux qui se disent la gauche du PS, les réactions ont été plus que timides, malgré l’annonce de l’utilisation de l’article 49-3 de la constitution pour obliger à l’adoption du pacte de responsabilité sans amendement et donc sans bataille parlementaire possible sur les contreparties. Pour EELV, qui aurait dû pourtant hurler en entendant le président proposer comme axe central la politique de l’offre et la relance de la croissance, ses dirigeants, se sont livrés à de nombreuses contorsions pour justifier leur alignement, allant jusqu’à expliquer que la présence au gouvernement ne dépendait pas d’un discours. Il reste bien sûr en son sein davantage de voix contestatrices qu’au PS mais au fil des mois, tout se passe comme si le maintien des deux ministres devenait une fin en soi pour la direction. Pourtant même la loi logement a été vidée de la quasi-totalité de son contenu de rupture.

Le 22 janvier, Alain Vidalies, ministre des relations avec le Parlement, annonçait un vote de confiance après les municipales et les européennes et l’abandon de la procédure du 49-3 pour celle de l’article 49- 1 de la constitution prévoyant le vote d’une résolution générale, justifiant ainsi le changement d’option : « C’est (le vote) de la confiance qui a été décidé (…). Nous, on veut une majorité pour ». Le contraire apparaîtrait comme une rupture avec la majorité gouvernementale, ce que ne peuvent faire ni les députés de la gauche du PS, qui se sont d’ailleurs empressés d’annoncer qu’ils voteraient la confiance, ni EELV qui serait alors obligée de quitter le gouvernement. Les députés du PCF et de la FASE n’ont pas ce problème : ils ont voté contre le budget, ils doivent de même voter contre la confiance à ce gouvernement dont toute l’action est contraire aux intérêts des classes populaires. Les dispositions du pacte de responsabilité, seront reprises dans un projet de loi pour lequel le gouvernement va chercher à obtenir le soutien des centristes, ou à défaut une neutralité bienveillante.

Dans ce contexte Valérie Pécresse, ancienne ministre du Budget de Sarkozy, a beau jeu d’affirmer : « La droite a gagné la bataille des idées. Parce que la notion de compétitivité, le fait que l’emploi se crée en entreprise, le fait qu’il faille baisser le coût du travail, le fait qu’il faille baisser la dépense publique se sont désormais imposés comme les thèmes prioritaires de la politique de notre pays ».

Chômage : l’échec de Hollande

François Hollande a perdu son pari d’inversion de la courbe du chômage. Non seulement ce dernier n’a pas reculé mais il a continué à augmenter (10 200 chômeurs de plus en décembre, 5,7% de plus sur l’année 2013) pour atteindre un niveau historique (5.5 millions inscrits à Pôle Emploi). Cela n’a pas empêché Jean-Marc Ayrault de se vanter d’une stabilisation. Le chômage des jeunes a peu augmenté du fait des emplois d’avenir (100 000) mais 86,8% des embauches, particulièrement pour les jeunes, s’effectuent dorénavant en CDD y compris de moins d’un mois. Le chômage des plus de 50 ans connaît une très forte hausse (+12,3%) du fait des licenciements, de l’explosion du nombre de ruptures conventionnelles (25% de plus pour les salariés de 58 à, 60 ans) et du report de l’âge de départ en retraite. La réponse de l’OCDE et du Medef, dans le cadre de la renégociation de la convention Unedic, est un appel à remettre en cause l’indemnisation des salariés âgés car jugée peu incitatrice à la recherche d’emploi ! Le cynisme des libéraux n’a jamais de limites. Les fermetures d’établissements et d’entreprises se poursuivent avec un secteur industriel qui continue à voir fondre ses effectifs et ses savoir-faire disparaître ou se délocaliser.

Les inégalités continuent à s’aggraver avec 2,2 millions de millionnaires pendant que 8,7 millions de personnes, soit 14,3 % de la population, vivent sous le seuil de pauvreté, taux le plus haut depuis 1997. Le SMIC français est aujourd’hui inférieur à celui de la Belgique, des Pays-Bas ou de l’Irlande. Dans la fonction publique, le gel du point d’indice depuis 2010, amène un agent sur cinq à percevoir une rémunération proche de ce seuil. Avec l’inflation et la hausse de la TVA, la capacité de pouvoir d’achat des salariés payés à ce niveau a baissé. Pendant ce temps, les dividendes ont atteint 210 milliards en 2013, 7 fois plus qu’il y a 20 ans. La richesse des 500 plus gros actionnaires représente 15% du PIB contre 6% il y a 10 ans. Le problème est donc bien le coût du capital et non le « coût du travail » comme le répètent comme des perroquets tous les libéraux qu’ils se disent de droite, du centre ou de gauche.

Hollande et Jean-Marc Ayrault menant une politique qui répond parfaitement aux attentes de la finance (jusqu’à sortir Jersey et les Bermudes de la liste des paradis fiscaux), la droite est obligée de chercher un autre terrain d’opposition. Elle est tentée par la radicalisation sur les terrains sociétaux.

Une droite ultra qui se sent pousser des ailes

La politique libérale menée depuis bientôt deux ans a comme conséquence de démobiliser et d’écœurer celles et ceux qui ont voté pour F. Hollande au second tour de l’élection présidentielle pour chasser Sarkozy et qui se retrouvent avec des politiques similaires hormis quelques légers progrès sur des questions de société.

Face à ces politiques, si le Front de gauche a réussi à organiser la résistance dans un premier temps marche du 30 septembre 2012, du 5 mai 2013, présence massive et permanente aux cotés des salariés en lutte, le fait de ne pas remporter de victoire significative, notamment sur la question de l’amnistie ou des retraites, a amoindri sa capacité à apparaître comme une alternative crédible.

Le désarroi et la confusion ont atteint leur paroxysme avec le mouvement des bonnets rouges. Face à une crise sociale de grande envergure, conséquence d’un modèle productiviste à bout de souffle dans le secteur agroalimentaire, les réseaux patronaux (industriels avec Medef et CGPME, routiers avec la FNTR, agricoles avec la FNSEA) ont enfourché la revendication identitaire bretonne pour mobiliser derrière eux contre l’écotaxe et la fiscalité. Leur tentative de faire croire à des intérêts communs entre patrons et salariés a pu être démasquée grâce notamment à l’appel de la CGT à un rassemblement à Carhaix le même jour que la manifestation de Quimper. Cela a permis de rétablir une lecture de classe à la crise subie en Bretagne face à ceux qui voulaient en faire un affrontement entre Bretagne et Paris. Depuis, le mouvement a beaucoup perdu de capacités de mobilisation avec le retrait notamment de FO et la radicalisation d’une partie de la base. Car là aussi, les réseaux d’extrême-droite sont à l’action.

Les «Manif pour tous» ont dessiné un camp de la réaction avec des capacités d’organisation indépendante des partis politiques de la droite. Le FN, tout à sa volonté d’apparaître comme un parti respectable, a laissé un espace à divers groupuscules encore plus ultra. La nouveauté de ces derniers mois est la capacité de convergence entre les milieux réactionnaires, notamment liés à tous les courants religieux intégristes. Après les mobilisations contre le mariage pour tous, la manipulation autour de l’ABCD de l’égalité prend toute son ampleur dans une alliance invraisemblable entre une ancienne activiste de la marche pour l’égalité de 1984 et le mouvement fasciste d’Egalité et Réconciliation d’Alain Soral, repris ensuite par la « Manif pour tous ». Pour la première fois depuis la Libération, une manifestation a rassemblé plusieurs milliers de personnes dans les rues de Paris autour de slogans homophobes, racistes et antisémites. Des menaces sont proférées contre la FCPE et le Planning familial. Un climat nauséabond s’installe dans notre pays. Dans ce cadre, le retrait du projet de loi famille suite à la « Manif pour tous » du 2 février est une grave erreur politique. Pour la seconde fois après l’écotaxe, le gouvernement recule donc face à des mouvements de droite alors même qu’il se révèle intraitable face aux mobilisations sociales animées par ceux-là mêmes qui ont battu Sarkozy. Il s’agit d’un formidable encouragement pour la droite au risque de cautionner les attaques contre les mouvements féministes et LGBT. Nous ne pourrons pas continuer à laisser la rue à la droite et l’extrême-droite. Il nous faudra donc prendre, après les municipales, l’initiative d’une marche de masse contre la politique d’austérité menée dans toute l’Europe, contre les licenciements et les fermetures d’entreprises, contre la réaction. Si, comme c’est vraisemblable, le FN veut surfer sur cette vague pour er er mai une démonstration de force, nous devrons travailler à un grand 1er mai des travailleurs faire du 1er et de leurs organisations contre l’austérité et le danger de l’extrême droite.

Municipales : en faire un moment de regroupement contre les politiques d’austérité

Les élections en cours de mandat voient en général le parti au pouvoir en sortir affaibli. Si on ajoute le désaveu massif de ce gouvernement, le PS devrait subir des pertes massives de mairies. En même temps la droite n’apparaît pas au mieux. Le FN ne pourra pas présenter des listes dans toutes les villes où il le souhaiterait, faute de réunir le nombre de volontaires nécessaires. Les élections présentent donc une bonne part d’inconnues. Avec le FDG nous aurions dû aborder cette échéance en position de force depuis des mois. Au lieu de cela, la stratégie à géométrie variable de notre principal partenaire dans le Front de Gauche a affaibli notre dynamique. En ralliant les listes gouvernementales du PS dans la moitié des villes de plus de 20 000 habitants dont Paris et Nantes, le PCF a non seulement entraîné un différend stratégique sans précédent dans le FDG mais il a surtout contribué à l’illisibilité de celui-ci à un moment où Hollande accentuait sa politique de droite. Malgré tout nous avons atteint notre objectif. Le PG, lors de son congrès de mars 2013, avait annoncé sa volonté de travailler à des listes autonomes dans le maximum de villes de plus de 20 000 habitants. Ce sera quasiment le cas et nous avons réussi à élargir ce front anti austérité à EELV (autour de 80 listes communes moitié en tant que FDG moitié en tant que PG), parfois même à des socialistes dissidents comme à Lyon, mettant ainsi des coins prometteurs dans la majorité gouvernementale. Dans certains cas des victoires paraissent possibles. Les municipales vont ainsi constituer la première élection de la mandature où une opposition de gauche au gouvernement sera présente. Nous menons campagne pour que les citoyens sanctionnent massivement les listes gouvernementales aux élections prochaines et votent pour les listes autonomes que nous présentons au premier tour. Au second tour, nos candidats, avec les participants aux listes et les militants, choisiront de se maintenir ou envisageront de discuter avec les listes se réclamant de la gauche et sans alliance avec les partis de droite, et les ayant devancés sur la base du respect des résultats du premier tour avec application de la proportionnelle intégrale et sans engagement de solidarité budgétaire ni programmatique afin que les électeurs qui auront voté pour nos listes aient une représentation dans les conseils municipaux. Nous considérons que la souveraineté des électeurs et leurs exigences politiques du premier tour doivent être respectées au deuxième tour pour être représentées dans les conseils municipaux.

Soutenir les convergences de luttes sociales, occuper le terrain des luttes environnementales, construire l’opposition de gauche

Le 18 janvier, la CGT de Marseille appelait l’ensemble des syndicats mais aussi les associations et les partis politiques à participer à une marche contre les licenciements, les bas salaires et l’austérité. Dix- sept entreprises en lutte sont regroupées dans une coordination pour organiser des actions communes. er La CGT de Haute-Garonne vient de suivre l’exemple en appelant à une marche similaire le 1 mars autour de sept entreprises en lutte. Dans les deux cas le PG y est présent, tout comme ses militants le sont très souvent auprès des salariés en lutte. De telles constructions, qui permettent la jonction entre les revendications syndicales et politiques, sont indispensables et doivent être appuyées et encouragées car elles préfigurent le front du peuple que nous voulons construire. Il serait souhaitable de faire de ce er 1 mars une étape dans la mobilisation en « dupliquant » ce type de manifestation unitaire dans plusieurs départements. Le 18 mars, journée d’action et de grève appelée par FO, FSU et Solidaires, peut être une autre étape pour la mobilisation syndicale sur le pacte de responsabilité. Enfin, nous devons faire du 8 mars journée internationale sur le droit des femmes, une grande journée de mobilisation contre la réaction. Le Parti de Gauche sera aussi présent massivement le 22 février à Nantes pour dire clairement qu’il n’est pas question que les travaux pour construire l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes reprennent. Le Parti de Gauche soutient la rencontre euro-méditerranéenne des 7, 8 et 9 mars organisée à Saint-Christol-les-Alès à l’initiative des collectifs anti gaz de schiste.

En juin 2012, le Front de Gauche avait refusé d’entrer au gouvernement par refus de la politique d’austérité. Il n’appartient donc pas à la majorité gouvernementale et les parlementaires du Front de Gauche votent les lois selon leur contenu. Face à l’aggravation des politiques d’austérité, le PG a appelé au rejet du budget 2014, position assumée par les parlementaires du Front de Gauche. Aujourd’hui, nous appelons à voter contre la motion de confiance car comment pourrions-nous faire confiance à un gouvernement qui ne gouverne qu’au profit du capital ? Nous assumons parfaitement ce que cela signifie : aujourd’hui la question n’est plus de servir d’aiguillon à un gouvernement trop mou, ou de faire pression pour le faire changer de cap. Il s’agit bien de s’opposer à un projet de société libérale et productiviste avec lequel nous sommes en total désaccord. C’est pourquoi, le temps est venu de ne pas laisser le monopole de l’opposition à la droite et à l’extrême-droite, il faut construire une opposition de gauche à ce gouvernement avec l’objectif de créer les conditions d’une majorité de gauche alternative. Nous nous adressons donc à tous ceux qui aujourd’hui contestent cette politique au sein de la gauche. C’est le sens de de nos propositions de listes communes aux municipales avec EELV ou encore avec des militants PS qui acceptent de travailler avec nous au regroupement de toutes celles et tous ceux qui refusent l’austérité. Nous allons amplifier dans les mois à venir ces appels car François Hollande délaissant les valeurs de la gauche, il nous appartient de regrouper le maximum d’énergie autour de cette démarche à commencer avec le Front de Gauche. Dans ce contexte les élections européennes restent le grand rendez-vous où nous ambitionnons de passer devant les listes gouvernementales.

Résolution sur les élections européennes (15 et 16 février 2013)

Résolution du CN sur les élections européennes

Les élections européennes constituent le rendez-vous électoral majeur de l’année.

Elles sont l’occasion pour l’opposition de gauche aux politiques libérales appliquées en France comme dans l’Union Européenne (UE) de franchir un cap. Car désormais, que les gouvernements soient dirigés par des libéraux de droite ou des sociaux démocrates, la politique économique et sociale est la même. A chaque fois que le choix leur est donné, les partis sociaux libéraux préfèrent d’ailleurs des majorités d’union avec la droite plutôt que des rassemblements à gauche. C’est le cas dans 14 pays sur 28. Ce fut le cas par exemple du SPD à l’issue des dernières élections allemandes. Le même type de combinaison sévit au parlement européen que le PSE et le Parti populaire européen cogèrent pour appliquer une politique libérale et se répartir les postes. La mue de la social-démocratie européenne est achevée : elle n’est plus l’outil du compromis entre le travail et le capital, elle est désormais passée du côté de ce dernier.

C’est vrai à l’échelle de l’UE, c’est désormais également vrai en France. Le PS s’est désormais fondu dans ce brouet politique. Alors qu’il a été élu pour mettre fin à la politique de Nicolas Sarkozy, François Hollande applique la même politique de droite. Il l’assume même désormais pleinement : politique de l’offre, austérité, cadeaux incessants aux actionnaires, baisse des dépenses publiques, politique anti-écologique, tout l’arsenal néolibéral y passe. Après avoir travaillé au développement du modèle austéritaire en Europe en signant le TSCG, il se donne sans aucune honte pour modèle l’Allemagne de Mme Merkel et du bilan des mandats de Gerhard Schröder. Ce modèle, celui d’une relance basée sur les exportations, est délétère puisqu’il repose sur une concurrence généralisée entre les peuples, la déflation salariale et une convergence sociale vers le bas. En parallèle de cette adhésion, François Hollande cherche à imposer à notre pays une organisation territoriale basée sur de grandes régions et des « métropoles », en accord avec les vieux projets de l’UE de détruire les cadres nationaux d’exercice de la souveraineté populaire pour encourager une compétition économique mortifère entre les pays européens La capitulation du chef d’état de la 2e puissance économique européenne achève l’uniformisation du projet politique de l’UE. C’est la fin du mythe d’une Europe sociale qui a justifié tous les reculs de la social-démocratie. Rappelons-nous : le PS prétendait accepter des traités toujours plus libéraux au nom d’une construction européenne dont il modifierait le contenu plus tard, c’est en réalité le PS qui a adhéré au libéralisme.

Cette cogestion loyale du système a des conséquences terribles pour les peuples : casse sociale, chômage de masse et paupérisation, recul de l’espérance de vie, hémorragie migratoire en Europe méditerranéenne et orientale, montée de l’extrême droite. L’UE est aujourd’hui l’espace économico-politique du monde le plus ouvert au libre échange, au dumping social, fiscal et environnemental généralisé et à la domination de la finance. Elle est un facteur aggravant de la crise structurelle du capitalisme. Cette politique violemment antisociale ne peut s’appliquer qu’au mépris des souverainetés populaires, ce qui accroît la défiance des citoyens envers l’UE. Ces politiques violemment antisociales s’appuient sur des méthodes toujours plus autoritaires : réformes législatives pénalisant les mobilisations populaires (Espagne, Grèce), répression et criminalisation des luttes syndicales dans tout le continent, violences policières contre les Rroms et les migrants (Farmakonisi, Ceuta). Elle est le tremplin de l’offensive des intégristes religieux et des forces de droit traditionnalistes qui par leur lobbying intense, fondé sur les stéréotypes de genre, tentent d’imposer un modèle réactionnaire de la vie, de la famille et de la mort à commencer par la remise en cause du droit des femmes à disposer de leur corps. Cette Europe là ne peut plus être réformée.

Nos listes seront donc en premier lieu, celles de la rupture avec l’actuelle UE et ses traités, en vue de la refondation de l’Europe. Le rejet de l’Union Européenne n’a jamais été aussi fort dans le pays et notamment au sein des classes populaires. La désespérance populaire s’accroit. La masse des désemparés qui ne se repère plus ni à gauche ni à droite n’a jamais été aussi grande. Les sirènes anti-Europe du Front National trouvent écho auprès de cet électorat. Notre rôle est de rassembler le peuple de gauche mais aussi d’apporter une réponse forte à ce désespoir et d’incarner la colère populaire. Nous porterons des mesures concrètes et radicales de rupture. Les orientations politiques adoptées par le CN du 30 novembre 2013 seront portées clairement dans cette campagne par nos candidats. Nous avons besoin d’une campagne audacieuse et tranchante avec des mots d’ordre clairs. C’est le moyen d’éviter la désillusion du peuple des désemparés. et le rejet de la politique.

L’écosocialisme est notre boussole, nous en avons fait adopter le principe par le PGE. Nous le porterons comme horizon, comme nous porterons la solution du protectionnisme solidaire contre le dumping généralisé, ainsi que la rupture avec l’euro-Merkel par la mobilisation unilatérale de la Banque de France. Alors que François Hollande a co-signé avec Barack Obama un appel à ratifier rapidement le Grand Marché Transatlantique, nous devons faire de l’élection européenne un véritable référendum contre cet accord. Nous affirmerons que ces ruptures sont possibles en France immédiatement, en désobéissant, sans attendre l’illusoire Europe sociale à laquelle plus personne ne croit. C’est la condition pour espérer refonder complètement une construction européenne.

A quelques mois du scrutin, les partisans du système se servent de l’extrême droite comme d’un épouvantail pour ramener les électeurs vers la « sécurité », c’est à dire vers eux. L’extrême droite, et notamment le FN en France, est effectivement dangereuse. Libéraux et sociaux libéraux ne constituent pas un rempart contre l’extrême droite, ils en sont l’incubateur. Chacun voit bien que c’est leur politique d’austérité, leur reniement, la désorientation qu’ils sèment dans la population qui est à l’origine de la progression des idées nationalistes et xénophobes. M. Barroso et Mme Le Pen sont d’ailleurs les faces inversées d’un même miroir. Tous deux prônent une politique fondée sur la concurrence entre les peuples : par le libre échange débridé pour le premier, par la dévaluation compétitive pour la seconde qui souhaite dissoudre la lutte des classes en proposant aux travailleurs de se soumettre aux intérêts du capital de leur pays Parce qu’elles seront les seules à proposer une politique radicalement différente, basée sur l’absolue primauté de la souveraineté populaire, la désobéissance avec l’UE, la rupture avec le libéralisme et la solidarité entre les peuples, les listes de l’autre gauche constituent le seul antidote à ces deux maux. La vraie nouveauté est que les listes qui défendront ce programme sont en capacité de jouer les premiers rôles, voire de devenir les premières forces à gauche dans plusieurs pays européens. A commencer bien sûr par Syriza en Grèce. Syriza dont le leader Alexis Tsipras sera notre candidat à la présidence de la commission européenne contre le système incarné autant par le PSE que par le PPE.

En France, l’enjeu est le même. Vu le moment politique que vit notre pays, ce scrutin aura une portée nationale redoublée. François Hollande a en effet d’ores et déjà programmé une escalade supplémentaire dans sa politique néolibérale avec le vote du pacte de responsabilité après les élections européennes. L’engagement de confiance du gouvernement qu’il a annoncé sur ce pacte dit bien toute l’importance de ce dispositif dans son quinquennat. On peut même supposer (les réactions positives d’une bonne partie de la droite le laissent entendre) qu’il espère réunir sur ce texte sa majorité et tout ou partie de l’opposition de droite. Rien n’exclut qu’il ait l’intention de rechercher à la faveur de ce vote une coalition gouvernementale des libéraux. Les élections européennes seront donc également l’occasion de contribuer à mettre en échec ce projet. Nos listes seront les listes anti-pacte de responsabilité. Sur la base du refus de la politique gouvernementale, nous ambitionnons donc plus que jamais de devenir la première force à gauche et de créer ainsi un séisme politique. Car notre opposition de gauche à la politique du gouvernement a pour vocation de rassembler une majorité alternative sans attendre 2017. Les élections européennes peuvent enclencher ce processus.

Le PG aborde donc cette élection avec une volonté majoritaire. C’est pourquoi nous chercherons jusqu’au bout à unir tous ceux qui, au Front de Gauche (FDG) et plus largement à gauche, refusent cette politique d’austérité au plan national comme européen et la construction européenne qui va avec.

Le FDG devrait être depuis des mois le vecteur naturel de ces listes. Tout y invite : notre histoire commune depuis la campagne contre le TCE puis dans le FDG, nos avancées électorales et dans la rue, le succès de la campagne présidentielle de Jean-Luc Mélenchon. Les partis qui composent le FDG se retrouvent également hors la majorité gouvernementale. Nous nous sommes d’ailleurs tous opposés au budget 2014 et nos parlementaires ont voté contre. Tous nos partis ont également annoncé leur opposition au pacte de responsabilité. Le FDG aurait donc dû dans son ensemble aborder offensivement la séquence électorale composée des municipales et européennes. Nous savons que cela n’a pas été le cas. Si au final, nous pouvons nous réjouir qu’un très grand nombre de listes autonomes des listes gouvernementales défendront nos choix aux municipales, force est de constater que la stratégie à géométrie variable décidée par la direction du PCF a nui à notre élan collectif et à la crédibilité du FDG.

Malgré les enjeux de l’élection européenne, le PG avait fait le choix de tenter de sortir de la paralysie en proposant au PCF une rencontre bilatérale le 17 janvier, assortie d’un certain nombre de propositions concrètes. Non pas pour effacer les difficultés de la campagne municipale, elles sont bien réelles, mais pour avancer malgré tout vers l’étape suivante. En toute responsabilité, nous avions proposé un important compromis dans l’objectif de poursuivre la route ensemble et de relancer le FDG. Nous aurions pu, vu l’escalade libérale du chef de l’État, demander au PCF de se retirer des listes gouvernementales au nom de la stratégie commune décidée en janvier 2013. Nous ne l’avons pas fait, pour permettre au FDG de sortir de l’impasse. Nous nous sommes donc « contentés » de demander au PCF un signe positif en vue de rétablir la confiance. Il s’agissait de s’engager à ne pas permettre au PS d’utiliser notre logo commun, représentant de notre histoire et de notre stratégie, dans tous les documents officiels de campagne des listes conduites par les Solfériniens dans les villes les plus significatives politiquement dont Paris, Nantes et celles incluant des ministres PS. Pour le PG, cette demande avait un objectif clair : ne pas banaliser la stratégie à géométrie variable employée par le PCF lors de ces municipales, pour qu’à l’avenir le FDG ne se retrouve plus prisonnier de ces contradictions, à commencer par les élections cantonales et régionales de 2015. Pour nous, en effet, le FDG n’est pas un cartel de circonstance mais l’outil d’une stratégie et d’une orientation politique au long cours : celle de la Révolution citoyenne qui nécessite l’autonomie vis à vis du PS. C’est ce qui fait son sens et son intérêt.

Où en sommes-nous ? Voilà maintenant trois semaines que nous attendons une réponse sans cesse reportée malgré de nombreuses promesses en ce sens de la direction du PCF et de Pierre Laurent lui-même. Finalement les faits ont répondu d’eux-mêmes puisque à Paris le matériel officiel de la liste Hidalgo a été lancé avec le logo FDG. Et ce au moment même où l’on nous assurait une dernière fois dans une réunion officielle, au nom de la direction du PCF, que ce ne serait pas le cas. Malgré nos efforts, preuve est faite que nous ne pouvons contourner les divergences stratégiques des municipales et les contradictions qui vont avec. Comment partir en campagne en assumant la confrontation avec les listes gouvernementales aux européennes avec ceux qui, au même moment à Paris, Nantes et dans la moitié des villes de France, partent derrière le PS en concurrence avec nos propres listes FDG ?

Nous aurons tout tenté pour démarrer rapidement la campagne européenne avec l’ensemble du FDG sans attendre la fin de ces municipales. Les contradictions générées par une partie du PCF nous ont rattrapés : nous constatons que ce n’est pas possible pour le moment.

Cela n’empêche pas, comme ce CN devait le décider, de lancer la campagne européenne. Il n’est en effet pas question d’infliger un handicap supplémentaire à la dynamique que nous entendons porter.

Nous ne changerons pas de méthode. Nous restons évidemment attachés au FDG mais débarrassés à l’avenir de toute ambiguïté stratégique sur la question de l’autonomie. Nous procéderons avec le souci constant de l’unité qui caractérise notre démarche depuis notre création. Nous appelons ainsi toutes les forces, toutes les composantes, tous les responsables politiques, du FDG mais aussi d’autres partis, qui sont engagés nationalement ou localement avec nous sur des listes autonomes aux municipales, à s’engager avec nous dès maintenant dans la campagne européenne de l’opposition de gauche, y compris avec des chefs de file là où c’est possible.

Cette campagne doit permettre de relancer l’objectif du Front du peuple que s’est toujours assigné le FDG. Cela revient à relancer les assemblées citoyennes pendant la campagne pour permettre une véritable implication citoyenne, y compris avec des adhésions directes que nous devons travailler à rendre possible de façon urgente.

Au delà, nous entendons continuer à œuvrer au rassemblement le plus large possible des forces constituées et des personnalités qui affirment, d’une façon ou d’une autre selon l’endroit où ils se situent aujourd’hui, les mêmes critiques vis à vis du gouvernement. Le processus que nous lançons restera donc celui de la main ouverte. A commencer évidemment par nos partenaires du FDG dont le PCF à qui il revient d’envoyer enfin les signaux clairs et publics, dont un engagement à présenter des listes autonomes aux élections cantonales et régionales de 2015, afin de construire avec nous ce processus, et plus globalement à toutes les forces et toutes les personnalités, FDG ou pas, qui souhaiteraient nous rejoindre, même après les municipales. Cet appel s’adresse y compris à tous les militants, les personnalités et composantes de l’actuelle majorité gouvernementale qui accepteraient de franchir le pas pour s’engager dans des listes contre la politique d’austérité du gouvernement et la politique de l’UE. Même si nous avons sur notre conception de la construction européenne des divergences notables qui pourraient compliquer un éventuel accord, nous suivons avec intérêt l’évolution au sein d’EELV et notamment la dynamique des nombreuses listes municipales que nous présentons ensemble, ou les appels de personnalités comme Eva Joly ou Noël Mamère.

A cet égard nous observerons dans les semaines à venir si la déclaration de la gauche du PS est suivie d’actes concrets, en particulier dans le cadre de la mobilisation unitaire nécessaire contre le pacte de responsabilité. Que les militants et responsables socialistes le sachent : s’ils veulent rompre pour de bon avec la politique menée en leur nom, nous pouvons faire alliance aux européennes. Car dans cette période très certainement décisive pour la France comme pour l’Europe, le PG a plus que jamais conscience du rôle qui est le sien. Il se doit d’agir avec clarté mais il sera surtout le facilitateur de tout ce qui permettra de battre les libéraux de tous poils, de repousser le spectre de l’extrême droite, de renverser durablement le rapport de force entre le capital et le travail au bénéfice du peuple. Les élections européennes peuvent être l’étape majeure de construction d’une majorité alternative de gauche, fidèle à la transformation sociale et écologique.

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