Précarité des employés du nettoyage : ça suffit !
Sortie du livre "Marx quand même" d’Henri Pena-Ruiz
Philosophe, historien, sociologue, économiste, et militant d’un monde délivré de la tyrannie de l’argent comme de celle de l’exploitation, Karl Marx est un penseur plus pertinent que jamais pour notre époque. Ce livre entend présenter une synthèse aussi méthodique que possible de sa pensée. Une pensée dont il souligne la saisissante actualité au regard des développements les plus récents.
Le titre « Marx quand même » récuse les amalgames qui ont trop longtemps fait obstacle à sa compréhension, voire à sa simple lecture. Il indique sans détour la nécessité de redécouvrir la dimension visionnaire de son oeuvre, affranchie désormais de sa caricature stalinienne.
Marx a su prévoir la mondialisation capitaliste et la froide mercantilisation de toutes choses qui en résulte. Il a montré les limites d’un libéralisme qui ne se soucie pas de donner chair et vie aux conquêtes du droit, et n’exalte le contrat que pour mieux enfermer les exploités dans la contrainte du rapport de force local. Il a livré une analyse approfondie des apparences que prend l’exploitation de l’homme par l’homme, ainsi qu’un décryptage des illusions de la vie économique.
Il a élucidé les mystères du fétichisme de l’argent et les mirages de la circulation monétaire, réfutant par avance la nouvelle religion du marché. Les vertiges de la spéculation financière confirment aujourd’hui son explication des crises économiques.
Marx a souligné avec force de quelle façon l’exploitation des travailleurs s’assortit d’un véritable pillage de la nature, réduite à un réservoir de ressources puisées sans mesure ni précaution. Profit oblige…. Il a montré ce qui advient quand le social -ou tout simplement l’humain- n’est plus qu’un résidu facultatif de l’économique : sous prétexte d’efficacité économique le système capitaliste relègue la question sociale au rang d’un problème inessentiel, abandonné aux hasards de l’aumône. Il externalise les coûts sociaux, écologiques, culturels, d’une quête maladive de profits calculés en dividendes d’actions lancées de le tourbillon de la spéculation financière. Marx a identifié ainsi de façon prémonitoire le couplage actuel entre l’ultralibéralisme et la religion conçue comme supplément d’âme caritatif. Le retour des fanatismes religieux peut trouver ici une de ses explications.
Penseur de l’émancipation universelle, Marx a montré le chemin d’une société réconciliée avec elle-même. Son action en faveur d’une internationale des travailleurs prend un nouveau sens à l’âge de la mondialisation capitaliste. Bref, sa pensée livre les clés de notre monde étrange et paradoxal, où de nouvelles figures de la misère coexistent avec l’opulence extrême. Elle esquisse un horizon possible d’accomplissement de toute l’humanité, enfin délivrée de la lutte des classes.
Tels sont les points majeurs que le livre « Marx quand même » expose avec le souci de mettre à la portée de tous la pertinence d’une oeuvre trop souvent déformée jusqu’à la caricature.
L’humanité.fr, le 31 octobre 2012 – Pourquoi la loi Brottes sur les tarifs de l’énergie a-t-elle été rejetée?
Au Sénat, la proposition de loi Brottes, qui vise à établir un système de bonus-malus sur l’énergie, a été rejetée, du fait d’une motion d’irrecevabilité déposée par une sénatrice communiste.
La proposition de loi du député François Brottes (PS) sur la tarification progressive de l’énergie devait être examinée hier par les sénateurs. Le texte « visant à préparer la transition vers un système énergique sobre » prévoit l’extension des tarifs sociaux à tous les bénéficiaires de minima sociaux et la mise en place d’un tarif progressif. C’est ce dernier point qui pourrait être la cause de son rejet.
Le principe de cette progressivité serait fondé sur un système de bonus-malus. En se basant sur trois critères, taille du foyer, zone climatique et type de chauffage (électrique ou non), une « consommation cible » serait fixée, au-delà de laquelle le prix du kilowattheure serait augmenté. Une « usine à gaz » pour la droite. Pour les sénateurs communistes, le problème est d’une autre nature : si l’objectif de la proposition de loi est partagé, le groupe CRC s’oppose à la mise en place de malus. « Tel qu’il est proposé, il va surtout s’adresser à des personnes parmi les plus fragiles. Donc, il ne correspond pas à l’objectif porté par la proposition », expliquait récemment la sénatrice communiste de l’Allier Mireille Schurch, qui a présenté en commission une motion d’irrecevabilité adoptée par 20 voix(communistes, centristes et UMP) contre 19. Dans la foulée de ce vote, le rapporteur de la proposition de loi au Sénat, Roland Courteau (PS), démissionnait de cette fonction. La sénatrice, elle, redéposait un texte reprenant uniquement les dispositions visant à élargir la trêve hivernale et les tarifs sociaux.
Car ce principe de pénalité tarifaire remet en cause l’unicité du tarif sur l’ensemble du territoire et risque de pénaliser les ménages les plus modestes, aux logements moins bien isolés faute de moyens pour réaliser les travaux nécessaires. Dans le même sens, l’UFC-Que choisir s’inquiétait pour le cas des locataires qui ne peuvent réaliser ces travaux dans les logements qu’ils occupent.
Soumise au vote des sénateurs en séance hier soir, la motion d’irrecevabilité devait être adoptée. Le gouvernement pourrait alors demander à une commission mixte paritaire, composée de députés et de sénateurs, de retravailler ce texte. Mais, en dernier ressort, la décision reviendra à l’Assemblée nationale, qui avait adopté le texte dans des conditions houleuses le 4 octobre.
déjà mal voté à l’Assemblée À l’Assemblée nationale, la proposition de loi Brottes avait déjà connu des accrocs. Ayant annoncé leurs intentions de s’opposer, pour des raisons différentes, les groupes GDR (Front de gauche), UMP et UDI avaient quitté l’Hémicycle au moment du vote, afin de protester contre les nombreux cavaliers législatifs (articles ajoutés à un texte sans rapport avec le sujet initial) qui visaient à accorder aux industriels de l’éolien un assouplissement des réglementations.
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Nous condamnons la venue de Benyamin Netanyahou à l’Elysée !
Cette semaine le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou est l’invité du Président François Hollande. Sa visite intervient quelques jours après le rehaussement des relations entre l’Union Européenne et Israël, voté par le Parlement européen à travers le protocole ACAA relatif à l’évaluation de la conformité et l’acceptation des produits industriels UE-Israël. Loin d’être un simple accord technique, c’est un acte politique fort du Parlement, qui encourage ainsi le gouvernement israélien à maintenir sa politique brutale d’occupation et de colonisation en Cisjordanie, d’étouffement de la bande de Gaza, et de violation constante des droits de l’homme, rendant l’ensemble des Palestiniens victimes d’un véritable régime d’apartheid.
François Hollande envoie un signe très négatif pour la lutte légitime du peuple palestinien pour la création d’un Etat et le respect de ses droits fondamentaux en recevant officiellement le Premier ministre israélien alors que cet Etat est en situation permanente de violation du droit international. De plus, M. Netanyahou a annoncé l’alliance de son parti le Likoud avec l’extrême-droite israélienne aux prochaines élections législatives et va se rendre sur les lieux des assassinats perpétrés par Mohamed Merah, profitant de ce drame qui a touché la France, à des fins politiciennes.
Le Parti de Gauche condamne fortement cet acte politique, et constate que la politique de l’actuelle Présidence française est dans la continuité de la précédente. Un réel changement, exprimant une politique internationaliste de gauche, eût été de condamner les agissements du gouvernement israélien envers le peuple palestinien et d’engager la France de manière forte dans le soutien pour la reconnaissance d’un Etat palestinien à l’ONU, dans ses frontières de 1967, en restant ferme sur le droit au retour des réfugiés et sur toutes les conditions de la viabilité de cet Etat, notamment concernant les ressources en eau. En parallèle, il est primordial de faire pression sur l’Etat d’Israël en menant une campagne de sanctions économiques internationales, jusqu’à ce que le gouvernement respecte le droit international et mette fin au régime ségrégationniste qui règne dans les territoires contrôlés et occupés.
Le Parti de Gauche appelle à protester contre la venue de Benyamin Netanyahou, dans le cadre d’un rassemblement unitaire qui se tiendra le mercredi 31 octobre à 18 heures 30 place de l’opéra à Paris.
Gaz de schiste – Encore une bataille gagnée
Gaz de schiste. Mobilisation citoyenne vs extractivisme : 2-0
Il est des luttes locales dont la portée en dépasse le cadre et les enjeux. Et celle que mènent les nombreux collectifs citoyens contre l’exploration et l’exploitation du gaz de schiste est de celles-ci, car ce n’est pas seulement de trous dans la terre et de la quantité de gaz qui en jaillira dont il est question. Certains ne manqueront d’ailleurs pas de souligner qu’il s’agit là d’un enjeu national et qu’il est indispensable d’aller chercher cette ressource pour faire face à la crise et rééquilibrer notre balance commerciale : nous gardons un œil sur vous messieurs Ayrault, Montebourg et Gallois…
Mais nous sommes au moins d’accord sur un point : oui, il s’agit bien d’un enjeu dont le cadre dépasse le caractère local des luttes. Nous le répétons d’ailleurs depuis le début au Parti de Gauche : ni ici, ni ailleurs ! Et on ne lâchera rien. Car ce n’est pas en continuant à fuir sur le chemin miné de l’extractivisme que nous engagerons le pays dans la voie de la transition écologique dont François Hollande s’est fait le chantre lors de la conférence environnementale. Espérons que le grand débat national sur l’énergie, qui doit s’ouvrir dans les jours à venir, sera l’occasion de donner enfin la parole au peuple sur un sujet qui échappe à tout contrôle démocratique depuis de trop nombreuses années.
En juillet 2011 déjà, la mobilisation citoyenne exceptionnelle avait une première fois fait reculer gouvernement et industriels avides de profits en amenant la majorité de l’époque à adopter une loi qui, bien qu’insatisfaisante, interdisait l’emploi de la technique de la « fracturation hydraulique », seule connue à ce jour pour extraire le gaz de schiste. 1-0.
Les permis de recherche accordés n’ont pas pour autant tous été abrogés : la « fracturation hydraulique » ne bénéficiant d’aucune définition officielle, il n’a pas été difficile pour leurs détenteurs de contourner cette loi bancale en déclarant ne pas faire appel à cette technique. C’est le cas de la société Mouvoil, dont nous nous réjouissons de l’annonce du 30 octobre de reporter ses travaux sismiques imminents sur le permis « Bassin d’Alès » (07-30). Les fortes mobilisation et pression populaires portent leurs fruits quand le bon sens est du côté du peuple. 2-0.
Bien que cette victoire soit fragile et provisoire, nous la savourons à sa juste valeur en ces temps moroses où s’abattent des averses de gaz et de matraques sur nos amis et camarades en lutte contre la construction de l’absurde et inutile aéroport de Notre Dame des Landes (44) : c’est à eux que vont nos pensées, en espérant leur donner un peu de baume au cœur.
No gazaran !
Quand le PS censure Mitterrand
Dans un clip diffusé lors de son congrès, à Toulouse, le Parti socialiste reprend un extrait du discours de François Mitterrand, à Épinay, en 1971. Un détail gênant a été coupé au montage…
Peu avant le discours de clôture du congrès socialiste par Harlem Désir, son nouveau Premier secrétaire, le PS diffuse, dimanche 28 octobre, un clip à la gloire de ses anciens dirigeants depuis le congrès d’Épinay.
Mais une phrase historique de l’ancien Président de la République a été sciemment coupée au montage. Signe d’un passé que le Parti socialiste de François Hollande voudrait oublier.
Michel Soudais, rédacteur en chef adjoint à Politis, a retrouvé la version originale :
Voir l’article original sur politis.fr
Voir le clip socialiste dans son intégralité
Elles, ils nous ont rejoint – Maurice Duval
Rapidement dit, depuis les années 70, j’étais proche des idées de la LCR. Après 1983, les espoirs se sont amenuisés, même celui revu à la baisse d’avoir une réelle sociale démocratie au pouvoir. Le PS avait pris le virage libéral. La LCR semblait vouloir rester dans l’opposition et refusait de se donner les moyens d’une victoire. Quand au PC, il avait en ces temps-là accepté une alliance avec les sociaux libéraux, ce qui je pense le desservit grandement. La gauche anti-libérale était réduite à une pluralité de petits groupes sans efficacité aucune alors que pour une partie de la population demeurait toujours l’attente d’un changement radical. Plus récemment, la LCR créa le NPA qui devait être un grand rassemblement des anti-libéraux. L’espoir fût de courte durée une fois encore. Depuis longtemps je cherchais à me détourner du et de la politique pour ne pas tant souffrir du constat d’incapacité de la gauche, mais en vain. La politique me rattrapait toujours car je ne peux supporter tant d’injustice sociale, tant de misère… Comment dans ce contexte ne pas vouloir agir pour mettre « l’Humain d’abord » ? Le vote sur le traité européen fût une nouvelle bouffée d’espoir, mais à chaque fois il était plus fragile, comment aurait-on pu y croire après tant de tentatives et tant d’échecs ? L’union fût une fois encore impossible.
Enseignant la sociologie et l’ethnologie je tentais de sensibiliser mes étudiants. Leur réponse était majoritairement toujours la même : « Monsieur sur le constat vous avez raison, ce monde est pourri, mais on ne peut rien y changer ». Seule une petite minorité croyait que le changement était possible. En outre, le rejet de tout parti était virulent. Plus le temps passait et plus je pensais à la vérité dramatique du propos de R. Luxembourg : ce sera « le socialisme ou la barbarie ». Puis, il y eu le Parti de Gauche et le Front de Gauche. Je les observais avec intérêt mais sans trop y croire, habitué que j’étais désormais à l’échec de toute tentative d’union, une sorte de virus qui vouait à l’échec toute possibilité de changement radical de société. Cependant le discours du Parti et du Front de Gauche m’enchantait vraiment (et m’enchante toujours), car à la perspective politique qui place l’humain au centre, s’ajoutait la scansion constante de l’appel à l’unité des anti-libéraux. Certes, cela implique de faire des compxromis mais le succès de la gauche doit et ne peut se faire qu’avec des compromis s’ils sont sans compromission. Des compromis oui, des compromissions non ! Telle est ma devise. Je regardais cependant ce Front de Gauche avec 2 craintes : 1) qu’il éclate pour raison de conflit interne -car enfin l’union du PC et du trotskysme est une véritable prouesse- et 2) qu’il s’associe au sociaux-libéraux. Mais non, il n’éclatait pas, au contraire, l’union des différentes composantes était bien réelle malgré la difficulté et il semblait ne pas se lier au PS. Je suis donc devenu sympathisant conservant encore mes doutes pour un temps. Puis, quand j’ai vu qu’il n’y avait pas d’alliance avec la droite déguisée en gauche, je suis devenu adhérent, totalement adhérent.
Pour conclure, je dirai que j’ai retrouvé l’espoir de voir la gauche anti-libérale au pouvoir, et cela redonne un sens et un souffle à mon existence.
Maurice Duval, ethnologue, PG section Montpelier Est
Les Jeunes FGTB et les Métallos Wallonie-Bruxelles – Nous ne devons rien, nous ne payons rien !
Les Jeunes FGTB et les Métallos Wallonie-Bruxelles appellent les organisations syndicales et mouvements sociaux belges à se mobiliser en masse, pour rejoindre le mouvement de solidarité européen, en organisant une grève générale le 14 novembre.
Le Comité exécutif de la Confédération Européenne des Syndicats, réuni le 17 octobre 2012, a appelé à une journée d’actions et de solidarité le 14 novembre prochain. Cette journée prendra plusieurs formes : grèves, manifestations, rassemblements et actions diverses.
Nous ne pouvons pas nous contenter d’ « actionnettes » contre l’austérité! Les jeunes syndicalistes et leurs camarades métallurgistes veulent montrer avec fermeté qu’en Belgique, nous sommes solidaires et nous ne voulons pas de l’austérité ni en Grèce, ni en Espagne, … ni chez nous !
Nous devons nous mobiliser fortement pour montrer, lors de l’Accord Interprofessionnel et à tous les niveaux Européens, que les travailleurs n’acceptent plus de subir la dictature des marchés financiers !
En Europe :
Derrière les appels à plus de compétitivité, de flexibilité et de stabilité, se cache un plan qui vise à faire payer la crise, encore et encore, aux travailleurs européens, avec ou sans emploi, alors que les profiteurs de la crise – acteurs financiers et grosses fortunes – seront non seulement dispensés de toute responsabilité mais seront également les bénéficiaires directs de ces mesures.
Les éléments qui composent le Traité sur la Stabilité, la Coordination et la Gouvernance (TSCG) sont déjà appliqués en Grèce, en Irlande, en Espagne et au Portugal et les populations de ces pays sont en train de payer « cash » l’addition d’un repas qu’ils n’ont pas consommé !
En Belgique :
Des budgets viennent d’être gelés pour terminer l’année 2012 et en cette veille de constitution du budget 2013, l’état doit trouver 4,5 milliards d’euros… Accepterons-nous encore une fois de nous serrer la ceinture ?
Les Jeunes FGTB et les Métallos veulent rappeler que d’autres solutions que l’austérité existent, ce n’est pas une fatalité !
La Belgique doit revenir sur sa position et s’opposer au Traité sur la Stabilité, la Coordination et la Gouvernance.
Ce traité condamnera les pays d’Europe à une austérité permanente et à une dégradation sans fin de leur état d’endettement.
Nos dirigeants politiques doivent avoir le courage de dire non aux décisions européennes qui sont appliquées en Grèce et qui ne fonctionnent pas !
Le Gouvernement ne prend pas ses responsabilités et se cache une fois encore, derrière les politiques antisociales prônées par la Commission européenne en annonçant des taxes injustes supplémentaires, des coupes sombres dans les budgets publics, des sauts d’indexation….
Une mobilisation historique !
Le 14 novembre doit être un tournant pour le mouvement syndical et social européen pour stopper la régression sociale. Ces mesures sont indécentes et font reculer la civilisation !
Organisons-nous ! Prenons contact avec nos délégués, nos permanents, revendiquons clairement à nos organisations syndicales que nous voulons faire de la journée du 14 novembre une journée de grève générale européenne!
Le 14 novembre, tous les travailleurs européens seront solidaires contre l’austérité !
Contact Jeunes FGTB : Moreau Céline 0498 / 31 42 35
Contact MWB : Jean-Michel Hutsebaut 0475 / 46 50 61
Incompétence des généraux
Nous avons déjà montré comment la ratification du TSCG et la programmation d’une austérité budgétaire historique engage notre pays dans une vis sans fin de récession économique. La stratégie du gouvernement implique également un cercle vicieux politique cette fois, une pente auto-entretenue d’affaiblissement idéologique et politique face à la droite et au patronat.
La gestion par le PS du débat sur la compétitivité en est une consternante illustration. Pour préparer les esprits à son budget de rigueur, le gouvernement a choisi de commander à Louis Gallois un rapport sur ce thème, marotte du MEDEF et de Sarkozy. S’il avait demandé un rapport sur la lutte contre le chômage, le recul des services publics, les conséquences du libre-échange ou les dégâts de la financiarisation de l’économie, il aurait mis la droite et le patronat sur le reculoir. Mais l’action résolue sur chacun de ces terrains est incompatible avec le choix qu’il a fait de se soumettre à l’Europe austéritaire. Il veut au contraire convaincre de remettre ces aspirations à plus tard.
Comme Napoléon s’enfonçant en Russie ou une armée régulière pénétrant dans la jungle tenue par la guérilla, le gouvernement s’est dès lors délibérément placé sur le terrain de l’adversaire. Les médiacrates n’ont eu qu’à ressortir leurs vieux éditoriaux sur le coût du travail encore tout frais pondus de l’ère Sarkozy. Dans tous les journaux, le MEDEF a tribune ouverte ! Plus les ministres roucoulent des « mots d’amour au patronat », comme l’a revendiqué Moscovici dans une formule sidérante, plus celui-ci hurle au vol et au racisme anti-patrons. Il a fallu que le JDD fasse sa Une sur les 98 patrons, ces champions de l’auto-augmentation de salaires qui expliquent sans vergogne que le travail coûte trop cher, et que la presse en parle comme d’un « ultimatum à Hollande » pour que les ministres PS se fâchent un peu. On verra combien de temps durera leur sursaut d’orgueil. En attendant, nous comptons les pertes sur le terrain de la bataille idéologique.
Plus le pouvoir courtise les patrons, plus il déçoit les syndicats, plus il se coupe des électeurs qui lui ont donné une majorité dans les urnes pour en finir avec la soumission sarkozyenne aux exigences du MEDEF. La base sociale et politique du gouvernement se rétrécit donc comme peau de chagrin. Il devient dès lors encore plus exposé à la moindre campagne de presse, à la première campagne bien organisée de lobbying patronal comme on l’a vu avec l’affaire des « pigeons ». Chaque recul en annonce un autre, aggravant de nouveau le décrochage avec tous ceux qui voulaient le changement. Dans le camp d’en face c’est tout l’inverse. Chaque victoire arrachée réveille l’appétit et l’ardeur des patrons. Ils sont en train de gagner le troisième tour social ! Ils ont perdu l’élection, mais ils sauvent l’un après l’autre leurs « acquis sociaux » distribués par Sarkozy. Et ils espèrent même mordicus en obtenir de nouveaux, comme par exemple le transfert massif des cotisations patronales sur les ménages.
L’incompétence des généraux se donne d’autant plus libre cours que c’est la troupe salariée qui déguste. La superbe retrouvée du patronat se traduit aussi sur le terrain par la multiplication des plans de licenciement. De telles décisions ne sont pas seulement économiques, elles traduisent aussi un rapport de forces social. Le capital se sent capable d’extorquer toujours plus au travail. Il se regroupe derrière ses chefs de guerre. Et nous ? Puisque le gouvernement nous met à découvert, c’est à nous de nous défendre.
Éducation – Une refondation sans rupture
Ce n’est pas une refondation, c’est un recyclage ! Une concertation, un rapport, un discours de François Hollande, et au final une loi d’orientation qui derrière le vernis acte la prolongation sans se soucier de l’existant.
Bien sûr, il y a une phraséologie habile. Le bilan tiré d’une éducation nationale qui fonctionne plutôt bien, loin des discours déclinistes, fait du bien. Il est même quelques préconisations qui vont dans le bon sens comme la proposition de mettre « plus de maîtres que de classes », ou encore rétablir une formation des enseignants digne de ce nom.
Mais attention, le diable est dans les détails. Il n’y aura finalement plus de maîtres que de classes qu’au primaire, et dans certains établissements. La réforme de la formation des enseignants, si elle est relancée, en appelle d’abord aux emplois d’avenir et s’exonère de la titularisation des plus de 100 000 précaires de l’éducation nationale. La mise en œuvre générale est assujettie au carcan auto-contraint de l’austérité. Vincent Peillon déclarait ainsi le 14 octobre que son ministère contribuerait à « l’effort redistributif ». Comme si après 5 ans de sarkozysme, le budget 2013 de l’éducation nationale, par-delà des créations de postes, nécessitait de passer sous les fourches caudines de la rigueur !
A vrai dire, une grande part des attentes est déjà mort-née. Peut-il en être autrement quand l’école et la société sont présentées comme des ensembles disjoints ? Un cloisonnement mortifère est dessiné entre les inégalités à l’école et celles qui se sont creusées dans notre pays. Une illusion est ainsi crée visant à faire croire que c’est par l’Ecole que l’on changera la société, implicite capitulation devant un prétendu côté inéluctable de la crise. En cela, cette loi d’orientation est déjà celle de l’austérité.
Pour les ruptures, il faudra repasser. L’autonomie qui met en concurrence les établissements, les disciplines, les personnels et au final les élèves est prolongée sous couvert « d’aide personnalisée aux établissements ». François Hollande déclarait même le 9 octobre « qu’il s’agira de différencier, dans le cadre de leur contrat d’objectifs, les moyens en fonction des spécificités territoriales, sociales et scolaires de chacun des établissements ». Le socle commun, vecteur d’une école à plusieurs vitesses est lui consacré. Mieux, ou pire, Peillon valide l’individualisation au service du socle.
Il s’agit là d’un double renoncement grave à l’universalité de l’éducation. L’individualisation d’abord, présentée comme seule réponse à la difficulté scolaire, sous-entend la naturalisation des causes de l’échec scolaire. Hier le gouvernement triait les élèves en fonction de leurs capacités supposées. Aujourd’hui, la difficulté scolaire est appréhendée comme un face à face entre l’élève et les apprentissages, sans que la société qui l’entoure soit prise en considération.
Le « socle commun » ensuite, segmente les savoirs entre ce qui serait suffisant pour la plèbe (le socle) et ce qui est nécessaire pour une caste de privilégiés (les programmes). La brèche ouverte par la droite est aujourd’hui une digue enfoncée. Après les savoirs, le « socle commun » définit par rebonds les programmes puis les diplômes, substituant aux qualifications rattachées à l’individu des compétences propres au poste de travail. « C’est tout l’intérêt de l’approche par compétences, (…), qui donne sens aux apprentissages en liant savoir et action, savoir et résolution de problèmes, que ce soit dans le futur cadre professionnel ou dans la vie quotidienne ». Voilà typiquement ce qui conduit à l’adéquation et aux stages en entreprises plutôt qu’à l’acquisition d’un haut niveau de qualification pour être maître de son propre avenir durant tout son parcours professionnel. Si on se souvient de la volonté de François Hollande de substituer le contrat à la loi, celle-là même qui reconnaît les diplômes dans les conventions collectives, c’est bien l’ensemble de l’architecture socioprofessionnelle qui est menacée par la logique libérale.
Ce n’est malheureusement pas le seul cadre républicain menacé par cette loi d’orientation. En voulant que « l’organisation du temps périscolaire complémentaire fasse l’objet d’une décision locale concerté », François Hollande s’en prend à l’égalité territoriale. Il décharge l’Etat de ses responsabilités sur les collectivités locales, selon leur capacité et volonté, alors même que, austérité faisant loi, elles sont mises au pain sec par le gel de leurs dotations pour les deux prochaines années.
Ce texte assume d’ailleurs clairement de préparer à la décentralisation. « La concertation a inscrit sa réflexion dans le cadre du nouvel acte de la décentralisation. De nouveaux transferts sont préparés concernant le service public d’orientation et les régions se sont vues octroyer une responsabilité directe dans l’évolution de la carte des formations professionnelles ». La loi de décentralisation pourtant toujours en discussion aurait donc selon le rapport déjà octroyé de nouveaux pouvoirs… En ciblant l’orientation et la formation, la décentralisation vise d’abord toute la voie professionnelle. Selon François Hollande, « deux réformes seront donc nécessaires : la complémentarité entre les formations en apprentissage et celles sous statut scolaire et la définition d’une carte des formations que les régions prépareront en dialogue avec l’Etat ». Les régions se substitueront donc à l’Etat pour décider de la carte des formations. Quant à la lubie libérale du tout apprentissage, il se verra étendu, sous couvert de « complémentarité », en troquant des fermetures de sections en lycées professionnels contre des ouvertures en apprentissage. Pas étonnant finalement quand on sait qu’après les 71 fermetures de lycées pro depuis 2002, pas une ouverture n’est prévue et le funeste bac pro en 3 ans est même conforté…
Enfin, la laïcité est la grande absente du rapport. La seule fois où le mot apparaît, c’est pour évoquer « la morale laïque » qui a pour mission « le pluralisme raisonnable ». Autant dire la « laïcité ouverte ». Au-delà, pas un mot sur l’enseignement privé, rien sur la loi Carle, rien sur le concordat, rien sur ces territoires de la République abandonnés au privé où il n’existe pas une école publique à 40 kms à la ronde, rien sur la loi Debré de 1959 qu’il faudrait abroger. Stop ! Fonds publics à école publique !
L’émancipation évoquée dans le discours ne saurait masquer ces renoncements. Pire, elle est déformée et racornie dans les faits, rattachée à une prétendue « culture juvénile » ou aux « normes culturelles » des jeunes, comme si l’idéologie dominante ne s’était justement pas d’abord attaquée aux enfants et aux jeunes. L’école doit au contraire être le lieu de la rupture avec les déterminismes, quels qu’ils soient. C’est l’école républicaine qui par ses contenus et ses pratiques doit créer les conditions de l’émancipation. Là réside le caractère laïque et humaniste de l’école républicaine pour en faire l’école du peuple.