Rapport parlementaire sur la fermeture de Fessenheim • Les contre vérités de Monsieur Mariton !
Dans son rapport du 19 novembre dernier, le député UMP de la Drôme Hervé Mariton préconise de poursuivre l’exploitation de la centrale de Fessenheim jusqu’en 2022. En plus d’énoncer de dangereuses contre-vérités, Hervé Mariton y reconnaît malgré lui l’obsolescence de l’industrie électronucléaire.
Au premier rang de ces contre-vérités : la fermeture de Fessenheim ferait perdre 2,5 milliards d’euros à EDF. Ce calcul se base sur des chiffres de disponibilité de la centrale qu’elle n’a atteint que 4 fois en 34 ans. Les nombreux arrêts, sur-coûts et investissements créent en réalité un gouffre financier qui fait que Fessenheim n’a été et ne sera jamais rentable. Chaque année, 100 millions d’euros sont investis pour son entretien. Ces 6 dernières années 565 millions d’euros de dépenses ont été nécessaires pour le remplacement de gros composants La prolongation de la centrale au delà de 2012 nécessitera un investissement supplémentaire de 80 à 200 millions d’euros. Une raison pertinente pour arrêter immédiatement Fessenheim !
Le député de la Drôme ne voit par ailleurs aucun risque particulier sur cette centrale qui serait parmi les plus sûres du parc français. Rappelons à M. Mariton que Fessenheim est située à 9 mètres en contrebas du Grand Canal d’Alsace sur une faille sismique, que la rupture de la digue n’a pas été envisagée par EDF, malgré les avis de la CLIS et du conseil général du Haut Rhin, et que la centrale connaît annuellement 10 fois plus d’incidents que les autres centrales françaises ! Cet argument de Monsieur Mariton se retourne contre son créateur : si Fessenheim est parmi les plus sûres du parc, c’est tout le parc qu’il faut arrêter d’urgence !
Le Parti de Gauche tient en conséquence à remercier Hervé Mariton pour ses incohérences qui mettent en évidence la nécessité de fermeture immédiate de la centrale de Fessenheim et, avec elle, de l’arrêt progressif du programme électronucléaire français.
L’arrivée en fin de vie, dans les 10 ans à venir, de 43 réacteurs, illustre parfaitement l’incroyable défi que va représenter la transition énergétique. Va-t-on continuer dans le sens du coût exorbitant tant économique, écologique, et en termes de santé publique constamment sous évalué du nucléaire ? Ou allons-nous enfin choisir la voie d’une véritable bifurcation écosocialiste ?
Le Parti de Gauche réaffirme qu’il est possible de décider immédiatement d’un arrêt progressif du nucléaire par une planification écologique respectueuse d’un droit à l’énergie pour tou-te-s et créatrice d’emplois de qualité, à rebours du recours à la sous-traitance qui se multiplie. C’est ce que démontre le scénario Negawatt en s’appuyant sur la réduction de nos consommations par la sobriété et l’efficacité énergétiques, et sur le développement des énergies renouvelables pour les besoins restants.
Politis • L’écosocialisme, réponse à l’impasse capitaliste
« Nous savons dorénavant que l’émancipation humaine ne peut être atteinte par la croissance sans fin : l’écosystème ne le permet pas. Ce constat nous oblige à repenser le système de production et d’échanges, et plus globalement l’ensemble de l’organisation sociale et politique. Dans ces conditions, nous proposons un nouvel énoncé de notre stratégie pour le futur de l’humanité : l’écosocialisme. Ses méthodes sont la radicalité concrète, la planification écologique et la révolution citoyenne. Il est fondé sur la répartition des richesses, la prise en compte des contraintes écologiques, le refus des dominations et des oppressions de toutes sortes, la souveraineté populaire et le caractère démocratique, républicain et laïque de l’État.
L’écosocialisme est la jonction d’une écologie anticapitaliste et d’un socialisme débarrassé du productivisme, dans un projet de société alternatif porteur d’espérance. Il n’est pas une utopie à laquelle le réel devrait se conformer, mais la réponse humaine raisonnée à la double impasse capitaliste et productiviste. Nos pensées et actions politiques sont radicales : elles vont à la racine des causes. Nous combattons donc les moteurs du système : le consumérisme sacrant l’accumulation matérielle, le creusement des inégalités sociales ; le productivisme qui épuise les écosystèmes, la mondialisation qui permet le dumping social et environnemental. Nous désignons les vrais coupables : l’oligarchie financière, les idéologues de la concurrence « libre et non faussée » et du libre-échange.
Nous devons sortir des mystifications socialistes et écologistes. Notre écologie à nous est sociale, liée aux combats historiques de la gauche. Elle est incompatible avec le libéralisme, qui, sous couvert de développement durable, fait perdurer la recherche du profit maximal, la dynamique impérialiste et le « court-termisme ». Elle réfute l’impasse sociale-démocrate qui voudrait que toute redistribution passe d’abord par la relance de la croissance. Les richesses existent, il n’y a pas lieu d’attendre pour les redistribuer. Et ce modèle d’expansion infinie est un suicide de notre civilisation. Nous n’attendons donc ni la croissance à tous crins ni les « bénéfices » de l’austérité, et ne croyons ni à l’une ni aux autres.
Notre projet implique, au contraire, une économie au service des besoins sociaux qui rompe avec la doxa libérale. Elle passe par la désobéissance aux directives de l’Europe libérale et engage la révision en profondeur du système productif par les « 4 R » : relocalisation, réindustrialisation, reconversion industrielle et redistribution du travail. Pour pallier les limites du PIB à mesurer le « bien-vivre », elle instaure la règle verte comme critère systématique d’empreinte écologique. L’écosocialisme est un combat internationaliste et universaliste, il reconnaît la dette écologique et sociale de l’industrialisation effrénée, et ses effets sur le climat, le pillage des ressources naturelles, l’accaparement des terres et la responsabilité des règles imposées par la Troïka.
Nous devons réaliser un « compromis inédit entre bleus de travail et souci de la planète [1] » . Des salariés en lutte sont porteurs de projets alternatifs impliquant déjà les principes de la planification écologique : prise en compte du temps long, contrôle des travailleurs et des usagers, maîtrise publique. Si la collectivité et l’État sont à refonder dans une VIe république assurant la souveraineté populaire, ils restent indispensables pour planifier la rupture, construire un cadre émancipateur et garantir l’égalité d’accès. Les biens communs comme l’eau, l’énergie, les services publics, qui jouent un rôle social et écologique essentiel, doivent être nationalisés en repensant l’articulation entre État, syndicats, associations et usagers.
Il faut lutter et résister pour inventer à travers des alternatives concrètes et des actions de désobéissance civique non-violente. En parallèle, il nous faut mener le combat idéologique par l’éducation populaire pour « décoloniser l’imaginaire » et dénoncer la vision d’un individu-consommateur docile. Nous en combattons les bras armés que sont la publicité, avec son cortège de marchandisation des corps et de sexisme, la mode et les médias, avec leur injonction d’achat permanente.
La remise en cause du système ne peut résulter d’une simple alternance électorale et de décisions venues d’en haut. Elle exige que les majorités parlementaires écosocialistes conjuguent leur action avec des mouvements d’implication populaire dans tous les domaines. Cette réappropriation de l’initiative politique dans le but de déterminer quel est l’intérêt général, c’est ce que nous nommons la révolution citoyenne. Elle est indispensable pour éviter que le désespoir et la colère ne basculent du côté de la haine, et pour faire fleurir la révolution écosocialiste. »
Corinne Morel Darleux, secrétaire nationale à l’écologie du Parti de gauche et Mathieu Agostini, responsable de la commission écologie cordonnent les Assises pour l’écosocialisme.
Les Assises pour l’écosocialisme on lieu le 1er décembre à partir de 9 heures, à l’Espace Reuilly, 21, rue Hénard, 75012 Paris. Voir le programme.
Crédit photo: Politis
Chronique parue dans l’hebdomadaire Politis. N°1229.
Le blog de Martine Billard • Homophobie, antisémitisme, où est passée "Ma France" chère à Jean Ferrat ?
Un député UMP, de nouveau, a dérapé sur la question de l’homosexualité. Nicolas Dhuicq, député de l’Aube, et par ailleurs rattaché au courant de la Droite Populaire, intervenait hier soir sur la nouvelle loi de Manuel Valls contre le terrorisme. Il n’a pas pu s’empêcher de faire un raccourci entre terrorisme et enfants sans repères car manquant de figure paternelle, situation qui sera aggravée selon lui par la loi à venir garantissant l’égalité d’accès au mariage. Essayez de cacher le naturel, il finit toujours par réapparaître.
Certes en ce moment l’UMP se déchire à pleines dents et cela en serait risible si cela ne déconsidérait l’ensemble de la classe politique laissant dans l’opinion publique l’impression que finalement les partis ne sont que des enjeux de pouvoirs. Dur dans ces conditions de convaincre ensuite que l’engagement dans les partis est non seulement utile mais nécessaire.
Car, contrairement à ceux qui veulent surfer sur cette situation pour expliquer que les politiques sont tous des pourris, je peux vous dire que je connais des dizaines, des centaines de militants dévoués.
Et à ce propos le 9 décembre, il y a une législative partielle à Antony suite à l’annulation de l’élection de Patrick Devedjian. Il faut dire qu’il avait sciemment non respecté le code électoral en prenant pour suppléant quelqu’un qui est déjà suppléant d’un sénateur, et ça c’est interdit par la loi. Il y a donc une nouvelle élection. N’essayez pas de trouver la liste des candidats, la presse, tous médias confondus, ne parle que de l’UMP, du PS et du FN. Pourtant il y a une candidate du Front de Gauche, Pascale Le Néouannic, conseillère régionale d’IDF et secrétaire nationale du Parti de Gauche. Elle fait une super campagne au porte à porte et sur les marchés. Mais rien, pas un mot dans la presse. Même pas dans l’Humanité. J’irais la soutenir mardi soir à Antony.
Dans la même veine que les propos sinistres de Dhuicq, un avocat a osé demander la révocation du juge Lévy à Lyon en argumentant sur la non partialité prévisible du juge dans une affaire opposant la cliente de l’avocat à son ancien conjoint prénommé Moïse ce qui pour cet avocat est un signe d’ascendance juive ! Homophobie pour l’un, antisémitisme pour l’autre. Heureusement dans ce dernier cas, l’Ordre des avocats a décidé de traduire l’avocat en conseil de discipline. J’espère qu’il va être rayé du barreau. Aucune faiblesse ne peut être acceptée.
Que tu sens mauvais mon pays, lorsque des enfants juifs peuvent de nouveau être assassinés parce que juifs comme cela a été le cas à Toulouse en mars 2012, ou lorsque un avocat « bien sous tout rapport » se met à traquer le juif sur la base d’un prénom et à porter des accusations de partialité contre un juge parce que juif.
Oui, les discours de haine portés toutes ces dernières années finissent par avoir des conséquences. Les tags antisémites, anti-musulmans se multiplient. Les insultes racistes fusent au moindre accrochage. Les agressions physiques augmentent. Quelle tristesse. Mais il ne faut pas baisser les bras. Jamais nous ne devons accepter que le racisme envahisse notre société. Nous devons continuer à résister parce que c’est l’avenir de notre pays qui est en jeu.
Inlassablement nous devons éduquer les jeunes, leur enseigner que « tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits », que la bêtise, l’hypocrisie, la méchanceté ne dépendent ni de la religion ni de la couleur de peau.
Retrouvez les autres articles de Martine Billard sur son blog.
Plan Social • Alcatel-Lucent : non à la casse sociale imposée par les actionnaires !
Les syndicats CGT, CFDT et CGC d’Alcatel-Lucent appelaient à la grève ce jeudi contre un plan social – le 5e depuis la fusion – prévoyant 934 suppressions de postes en France et 5490 à travers le monde.
Une fois de plus, les salariés sont utilisés comme variable d’ajustement par les dirigeants et les actionnaires, responsables des difficultés du groupe, coupables de mauvaise gestion et d’erreurs stratégiques majeures: retard technologique, vente du patrimoine immobilier, recherche obsessionnelle de nouveaux profits, etc.
France Télécom, de son côté, sous prétexte de réduire ses coûts, s’approvisionne auprès du groupe chinois Huawei, principal concurrent d’Alcatel-Lucent. A ce titre, la nationalisation de France Télécom permettrait de protéger les salariés et les consommateurs des affres de la mondialisation libérale et s’inscrirait dans une dynamique globale de réindustrialisation du pays.
Le Parti de Gauche soutient l’intersyndicale et dénonce fermement cette restructuration. Il appelle la puissance publique à s’opposer à cette destruction des emplois français.
Face à l’urgence économique, écologique et sociale, le Parti de Gauche propose:
– La mise en place de visas écologiques et sociaux sur les importations pour lutter contre les délocalisations et favoriser notre production industrielle.
– La création d’une loi-cadre définissant les critères d’attribution des aides de l’Etat en fonction des normes écologiques et sociales.
– L’extension des droits des salariés dans l’entreprise et notamment un droit de veto du Comité d’entreprise sur l’ensemble des décisions stratégiques.
En Grèce, la lutte antifasciste s’amplifie quartier par quartier
Samedi 24 Novembre deux événements importants pour la lutte antifasciste ont eu lieu en Grèce. En fin de matinée, une manifestation à l’appel de SY.RIZ.A., ANT.AR.SY.A, de groupes anarchistes, et d’associations de lutte contre le fascisme et le racisme a rassemblé plusieurs milliers de personnes dans le centre d’Athènes. Cette réaction montre la détermination des Athéniens face aux progrès des idées fascistes et xénophobes symbolisées par la percée électorale et médiatique de l’Aube Dorée.
En fin d’après-midi, une autre manifestation a eu lieu dans le Nord d’Athènes pour faire obstacle aux groupes néonazis qui, après s’être fait remarqués par plusieurs attaques racistes dans le quartier de Kispéli ces dernières semaines, avaient appelé à un rassemblement et à une manifestation entre la place Kipséli et la place Amérikis, et même à un progrom contre les immigrés. Face au nombre et à la détermination des manifestants, citoyens du quartier, militants de gauche, ou anarchistes, les néonazis ont renoncé à leur projet.
La lutte qui se mène en Ce moment en Grèce entre les forces progressistes et les forces d’extrême-droite en Grèce est d’une importance majeure. Avec l’entrée au Parlement du parti nationaliste et xénophobe LA.OS. en 2007, et plus encore depuis la percée du parti néonazi Aube Dorée aux élections du printemps dernier, la gauche grecque a pris la mesure du danger, elle que le Pasok et Nea Dimokratia renvoie dos à dos avec les fascistes suivant la théorie infecte des « deux extrêmes ». Les actions antifascistes se multiplient, souvent avec succès.
Tandis que les partis de droite et du centre reprennent les mots d’ordres de l’extrême-droite qui trouve par ailleurs dans les médias une caisse de résonnance complaisante pour ses idées, les actions locales, quartier par quartier, qui lient la lutte (manifestations contre-manifestations, tour de garde pour empêcher les groupes fascistes de venir installer un climat de haine et de peur dans tel ou tel quartier, réseaux de solidarité) et la pédagogie (distribution de tracts, organisation de « brigades antifascistes » faisant des interventions dans les écoles avec le soutien des professeurs, organisation d’événements sur les thèmes du racisme et du fascisme) semblent les plus à même d’empêcher le progrès et l’implantation du fascisme dans les esprits et dans les actes.
Les succès des mobilisations à Kallithéa, à Nikia, ou à Kipséli, mais aussi ailleurs en Grèce, montrent par ailleurs toute l’importance d’un front de toutes les forces de la gauche « de gauche », aux côtés des riverains eux aussi désireux de se mobiliser, pour parvenir à ce résultat.
Le Parti de Gauche salue la détermination et le courage des militants antifascistes en Grèce, et ce d’autant plus que, malheureusement, leurs ennemis ont souvent pour eux le soutien des forces de police.
En Grèce comme ailleurs: dégageons le fascisme de nos quartiers !
Assises pour l’écosocialisme en direct
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Palestine • Le Parti de Gauche salue la reconnaissance historique de l’État palestinien à l’ONU !
Ce 29 novembre 2012, 65 ans après l’adoption du plan de partage de la Palestine en deux États, l’Assemblée générale des Nations Unies vient de voter et décider d’admettre l’État palestinien comme État observateur non membre.
La reconnaissance de la Palestine comme État prouve que les gouvernements israéliens successifs, malgré leur politique d’apartheid, d’oppression du peuple palestinien, de blocus économique de la bande de Gaza (toujours menacée de bombardements), de colonisation incessante et de déni du droit au retour des réfugiés, ne peuvent empêcher la majorité des États du monde et leurs peuples de revendiquer la justice pour les Palestiniens et la paix pour Palestiniens et Israéliens.
Au-delà du symbole, cette reconnaissance permettra à l’État palestinien de saisir la Cour Pénale Internationale afin que les gouvernants d’Israël répondent de leurs crimes, et en particulier de l’opération Plomb Durci de 2008 – 2009, qualifiée par le rapport de mission indépendant Goldstone de crime de guerre.
Le Parti de Gauche salue le vote historique de l’Assemblée générale des Nations Unies. Il se félicite du vote favorable de la France qui est conforme aux engagements pris, et encourage le gouvernement à tout faire pour garantir le respect du droit international et la protection des droits du peuple palestinien à disposer d’un État viable dans les frontières de 1967 avec Jérusalem Est pour capitale et à vivre en paix, sans occupation ni blocus et dans le respect du droit au retour des réfugiés.
Roto 93 • La lutte a fini par payer !
Présents depuis le début de la lutte, avec notamment Riva Gherchanoc et Jean-Jacques Deluchey, et de l’occupation du site du Blanc-Mesnil, le Parti de Gauche et le Front des Luttes étaient évidemment de ce moment de camaraderie. Pour le Front des Luttes, Philippe Juraver ; Hélène Boada, co-secrétaire du comité PG93-5, Fethi Chouder, co-secrétaire du comité PG93-6, Antoine Foti, co-secrétaire du comité PG de Paris 18e venu en voisin, Nathanaël Uhl pour la coordination Parti de Gauche en Seine-Saint-Denis, ont rendu aux Rotos 93 le salut qu’ils ont conquis. Nous avons été aux côtés de ces salariés exemplaires tout au long de leur combat. Philippe Juraver confiait, en aparté : « Cette lutte, même si elle ne débouche pas sur le maintien de l’emploi, constitue un exemple, par sa détermination. Elle fait la preuve par l’exemple que la ténacité paie. »
Pour en savoir plus : Rotos 93 – 24 salariés occupent l’imprimerie, un film tourné par la Télé de Gauche Seine-Saint-Denis
ROTOS 93 – 24 salariés occupent l’imprimerie par la-tele-de-gauche93
Voir le site du Parti de Gauche 93
Banque Publique d’Investissement • Le renoncement
Le projet de « Banque Publique d’Investissement » (BPI) était le premier des 60 engagements du programme de François Hollande. Complètement vidé de sa substance sous la pression des milieux financiers, ce projet de BPI, examiné le 28 novembre par l’Assemblée Nationale, exprime une fois de plus le renoncement du gouvernement Ayrault. La BPI ne disposera ni des attributions, ni des financements nécessaires au redressement productif annoncé. Un projet alternatif, beaucoup plus ambitieux, existe pourtant. Il serait un outil décisif de la relance de l’activité et de la planification écologique.
Un projet élaboré en toute opacité
Au mois de mai dernier, François Hollande déclarait : « Mon ennemi, c’est la finance ! ». Quatre mois plus tard, il confiait à la banque d’investissement privée Lazard le soin de tracer les contours de la future banque publique, et ce sans aucun appel d’offre préalable.
Le dirigeant de Lazard, Mathieu Pigasse, est pourtant à l’origine de la fusion catastrophique des caisses d’épargne en 2006 avec la création de Natixis, qui fut l’un des plus gros désastres bancaires français : pas moins de 6 milliards de pertes faisant suite aux spéculations sur les fameux crédits américains subprimes.
Comme sous Nicolas Sarkozy, c’est aux banquiers privés responsables de la crise actuelle, que l’on demande conseil. A l’inverse, les citoyens sont tenus à l’écart. Ainsi, le ministre des finances Pierre Moscovici a fait le choix d’une procédure d’examen accélérée. Il a toujours refusé de recevoir les représentants du Collectif pour un pôle public financier au service des droits, collectif regroupant une quarantaine d’organisations syndicales et associatives, salariés et professionnels du secteur bancaire public.
La nomination à la Présidence de la BPI de Jean-Pierre Jouyet, ancien Secrétaire d’Etat du gouvernement Fillon, n’est pas faite pour nous rassurer. Il en va de même pour la nomination au poste de directeur général de Nicolas Dufourcq, ancien directeur du cabinet de conseil Capgemini, société soupçonnée de conflits d’intérêts dans la mise en œuvre de la RGPP en 2007.
Une « banque » sous financée, regroupant des institutions préexistantes
Les banquiers d’affaire s’opposaient à l’émergence d’une banque publique d’envergure qui compte tenu de l’excessive concentration du secteur bancaire (en France, 6 banques contrôlent 90% des dépôts), les aurait forcé à réduire leurs rentes. Ils ont de quoi être rassurés.
La BPI regroupera des organismes publics préexistants (Oséo, Fonds stratégique d’investissement et CDC Entreprises) pour une dotation totale de 42 milliards d’euros, dont 90% environ sont déjà investis. Ainsi, seuls 4 milliards d’euros correspondent à des fonds nouveaux.
Ces 42 milliards d’euros représentent à peine 2% du total des crédits distribués par les banques chaque année, et pas plus de 5% pour ce qui est du financement des entreprises. L’équivalent Allemand de la BPI, KfW, dispose elle d’une capacité d’investissement 10 fois supérieure avec une dotation de 437 milliards d’euros. C’est dire l’insignifiance de ce projet.
Par ailleurs, la BCI ne disposera pas de « licence bancaire ». Cela signifie qu’il lui sera interdit de se refinancer auprès de la BCE, laquelle a pourtant déjà prêté 1000 milliards d’euros aux banques privées à des taux inférieurs à 1%, et ce sans aucune contrepartie.
Enfin, la BPI ne sera pas une banque « généraliste », c’est-à-dire qu’elle n’offrira pas de services aux particuliers ou aux collectivités locales, ce qui la distingue de l’ambitieux projet de « Pôle Financier Public » porté par le Front de Gauche. Ceci est d’autant plus préoccupant que Dexia et le Crédit Immobilier de France (CIF), chargés respectivement du financement des collectivités locales et du logement social, ne sont toujours pas remplacés après leur naufrage.
L’absence de critères sociaux et environnementaux.
Aucun critère social et environnemental n’a été fixé quant au ciblage des investissements. La BPI reproduira donc l’ancien système de financement « à la marge » des PME et des grandes entreprises jugées « innovantes ». Son mandat comprendra la « stabilisation de l’actionnariat des grands groupes stratégiques » mais pas le maintien ou la création d’emplois en tant que tel.
Une étude d’impact du ministère des Finance prévoit la création d’à peine 60 000 emplois d’ici 2020, soit environ 10 fois moins que les résultats obtenus par la Banque de France en terme de médiation du crédit. La mission Parent recommandait déjà que la BPI ne soit pas « la banque du sauvetage des entreprises en difficulté ». De fait, elle ne financera pas les entreprises comme Petroplus ou Florange pour lesquelles un soutien productif de l’Etat eut été nécessaire.
Pour Alain Rousset, président PS de l’association des régions de France et candidat à la présidence du Comité d’orientation de la BPI, cette dernière pourra financer des « investissements ou des licenciements ». Quant à J. P. Jouyet il n’imagine pas que la BPI puisse s’occuper des « canards boiteux ». Le gouvernement choisit ses volatiles : d’un côté le « pigeon », cet exilé fiscal qui pourra à loisir se gaver de plus-value ; de l’autre le vilain petit canard, ouvrier de l’industrie, qui mérite tout au plus sa prime de licenciement.
Par ailleurs, la gouvernance de la nouvelle institution laisse peu de place au contrôle démocratique et social sur les décisions d’investissement. Ainsi, les salariés seront sous représentés au Conseil d’Administration de la BPI : seulement 2 membres sur 15, contre 3 sièges réservés aux personnalités qualifiées. Les représentants des salariés seront également absents des comités régionaux.
Des alternatives existent.
Ne l’oublions pas, la crise a pour origine l’irresponsabilité des banques et leur incapacité à investir socialement l’épargne des ménages. Elle justifiait dès 2008 la mise en place d’un Pôle Financier Public (PFP). Depuis le début de la crise, le secteur privé cherche avant tout à éponger ses dettes. La relance de l’économie doit venir de l’investissement public associé à un contrôle démocratique de l’épargne populaire.
De nombreux outils permettraient d’atteindre l’objectif d’un Pôle Financier Public aux capacités d’intervention au moins égales à celles de son homologue allemande (437 milliards). Il existe ainsi de nombreux gisements d’épargne laissés à la libre disposition des marchés financiers. L’encours des contrats d’assurance-vie représente à lui seul 1400 milliards d’euros. Or, selon la Cour des Comptes, seul 7 % de ses fonds sert à financer les sociétés implantées en France, dont moins de 2% les PME.
Par ailleurs, depuis l’application d’un décret de mars 2011, sur les 330 milliards d’euros d’épargne réglementée (livret A), plus de 115 milliards d’euros (35%) sont directement captés par les banques commerciales sans aucune contrepartie d’intérêt général. Aucun outil public ne permet actuellement de vérifier l’usage de ces fonds. L’annulation de ce décret permettrait de récupérer 100 milliards d’euros de dotation supplémentaire pour financer des priorités d’intérêt général.
Outre les 30 milliards d’euros de nationalisation des activités de dépôt des grandes banques privées que nous proposons dans notre Contre Budget, il serait également possible de lui adosser d’autres acteurs publics ou semi-publics du secteur financier comme l’AFD, la Banque Postale, la BDF, ou la Coface.
Comme nous le défendions lors de la campagne électorale, le Pôle financier public serait soumis au respect de critères sociaux et environnementaux élaborés en lien avec les associations, les représentants des salariés, et les citoyens concernés. Une surveillance démocratique des projets engagés par le Pôle serait assurée. L’initiative du Collectif pour un pôle public financier au service des droits est particulièrement encourageante sur ce plan.
En définitive, une politique ambitieuse de contrôle démocratique de l’épargne et de l’investissement public éviterait à la France de s’engager dans cette « décennie perdue » vers laquelle le gouvernement Ayrault nous entraine chaque jour un peu plus.
Crédit Infographie : Directmatin.fr parution du 17 octobre 2012