Mémoire des Luttes • Les chantiers de Nicolas Maduro

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Admettons-le d’emblée. Personne n’avait envisagé un tel scénario pour l’élection présidentielle vénézuélienne du 14 avril dernier. Toutes les enquêtes d’opinion, réalisées par des instituts proches du gouvernement ou de l’opposition, tablaient sur un écart de 6 à 15 points en faveur du candidat de la Révolution bolivarienne, Nicolas Maduro.

Ce dernier l’a bien emporté, mais avec 1,83 % d’avance sur Henrique Capriles, son adversaire de droite, alliée aux sociaux-démocrates de la Table de l’unité démocratique (MUD)). Ce pourcentage correspond à un avantage de 273 000 voix sur près de 15 millions de suffrages exprimés [1].

Manifestement, l’émotion suscitée par la mort prématurée de Hugo Chavez le 5 mars ne s’est pas traduite dans les urnes : il n’y a pas eu de reconduction mécanique de l’ensemble du vote chaviste du 7 octobre 2012 – date de la précédente élection présidentielle ayant opposé Hugo Chavez à Henrique Capriles – sur … le candidat chaviste d’avril 2013.

C’était pourtant ce qu’attendait le camp bolivarien – dont la campagne-éclair (du 2 au 11 avril) s’est largement structurée autour de la continuité de l’héritage du « comandante presidente ». On peut considérer que 700 000 voix acquises le 7 octobre (Hugo Chavez en avait alors obtenu 8,2 millions) ont, cette fois-ci, basculé vers Henrique Capriles.

Il existe plusieurs interprétations – combinatoires et non exhaustives – expliquant cette désertion. Tout d’abord, l’équation personnelle de Hugo Chavez a été, d’une certaine manière, une nouvelle fois démontrée. Le fondateur de la Révolution bolivarienne était capable de fédérer sur son nom, au-delà des clivages, nombre de Vénézuéliens qui pouvaient, dans le même temps, se montrer critiques des politiques du gouvernement, de son efficacité, des problèmes de gestion et de corruption (qui touchent l’administration, mais également le secteur privé), etc. Cette fois-ci, c’est le gouvernement, en tant que collectif politique, qui se soumettait au suffrage populaire. Et ce, sans son champion toutes catégories.

Pour sa part, Henrique Capriles a développé une campagne de communication fondée sur une stratégie consistant à inscrire largement son projet dans le patrimoine bolivarien. Et ce, notamment, lors des derniers jours de la campagne officielle. Non content d’avoir – ironie de l’histoire – nommé son équipe de campagne « comando Simon Bolivar » pour tenter d’enfoncer un coin entre la figure tutélaire des indépendances latino-américaines et Hugo Chavez (dont le nom avait été retenu pour être celui de l’équipe de campagne de Nicolas Maduro), le candidat de la MUD a pris soin de ne point trop attaquer frontalement l’ancien président – il a même salué son œuvre à plusieurs reprises – et Nicolas Maduro. Son registre : « Je ne suis pas l’opposition, je suis la solution ». « Je vous propose de poursuivre sur la base des acquis, mais en mieux ».

Cette stratégie, paramétrée pour capter une partie de la classe moyenne, qui oscille d’un camp à l’autre depuis plusieurs années, indique paradoxalement un phénomène qu’il convient de prendre en compte pour comprendre les legs de Chavez au Venezuela. C’est, en réalité, tout le centre de gravité de la vie politique qui a basculé plus à gauche dans ce pays. Le périmètre du débat public est désormais délimité par les réalisations et les promesses – abouties ou non – de la Révolution bolivarienne. C’est sur le terrain des politiques de lutte contre la pauvreté, de construction, de développement et d’institutionnalisation de l’Etat providence [2] et de l’Etat tout court, d’inclusion des discriminés sociaux, économiques, politiques à la vie nationale que se joue la dispute politique et démocratique au Venezuela.

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Des médias qui préfèrent Marine Le Pen à la marée citoyenne

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Crédit photo photosdegauche.fr (michel_soudais)

Il faut avoir le cuir vraiment épais pour supporter la campagne de presse permanente dont bénéficie le Front national. Partout le voilà présenté en bénéficiaire automatique de la déroute du pouvoir solférinien. L’épouvantail FN est l’ultime rempart des dominants. Leur argument massue : restez chez vous, le FN rode. C’est le retour des années 30 explique le Nouvel Obs. Il nous faut donc un nouveau Front Populaire contre les « 200 familles » ? Mais non ! Le journal solférinien invite lui aussi à rester chez soi et à laisser faire Hollande. Même certains partisans historiques de la Sixième République reprennent le refrain : la Cinquième République a bien des défauts mais ce n’est pas le moment d’y songer et de convoquer une Constituante car elle mettrait le Pen au pouvoir… Le Front national, chien de garde du système, joue le même rôle que les islamistes sous Ben Ali, un repoussoir qui justifie le maintien de l’oligarchie. Et une incitation à ne rien changer… qui fait pour de bon le lit de l’extrême-droite.

Pour mesurer le caractère idéologique de ces pronostics pro-FN, remarquez combien ils ne se basent sur rien de tangible. Surprenante versatilité de l’idéologie médiatique, adepte de « fact checking » pour confondre « les politiques » mais incapable de produire des faits pour justifier ses propres préjugés. Bien sûr, à défaut d’enquêtes et de faits, il leur reste toujours possible de commander des sondages. Nous en voilà gavés de nouveau. Sur la présidentiellle, voyez-vous. Il n’y en a pourtant aucune en vue avant quatre ans. A moins qu’il ne s’agisse d’un appel subliminal à la démission d’Hollande ? Ah les sondages sur une présidentielle réalisés quatre avant l’échéance ! Ils commencent par un mensonge : « si l’élection avait lieu dimanche prochain… ». Je me souviens de ceux réalisés avant le lancement de la dernière campagne présidentielle. Jean-Luc Mélenchon était à 3% (et cela encore en septembre 2011). Et Strauss-Kahn était élu haut la main. Le Pen avait même été annoncée au deuxième tour, à 23%, devant Hollande et Sarkozy. On sait ce qu’il en fut. Nous avons fait quatre fois plus et elle biens moins que ce qui lui avait été complaisamment promis. Sauf que pendant des mois il fallut faire avec ce paysage qui pesait sur le moral en nous promettant la marginalité. Je pourrais certes citer le dernier sondage paru ce matin qui met Jean-Luc à 15%, à égalité avec Hollande (avez-vous remarqué que personne n’en parle ?), mais ma conviction est faite depuis longtemps : ces enquêtes ne valent pas tripette.1

En fait, les médias qui ont mis en ondes cette semaine l’irrésistible progression du FN l’ont pour l’essentiel justifiée par la progression du nombre de ses adhérents. Une « info » annoncée par les frontistes eux-mêmes, et totalement invérifiable ! N’est-ce pas en totale contradiction avec l’éthique journalistique qui consiste à vérifier les faits ou quand on ne peut le faire à citer ses sources ? Ca l’aurait mal fichu de citer le FN comme source. Mais qui d’autre dispose de chiffres sur le nombre d’adhérents de ce parti ?

En revanche, ce qui était parfaitement vérifiable, et tout à fait spectaculaire, c’est le bide du rassemblement annuel du FN ce 1er mai. Le blogueur A gauche pour de vrai l’a fait avec son mètre d’arpenteur virtuel. Il n’est pas journaliste mais il donne ses sources et ses chiffres. Son raisonnement est vérifiable, donc contestable. J’attends les réactions de pied ferme ! Selon son comptage, le rassemblement d’extrême-droite a attiré 3000 personnes. C’est deux fois moins que l’an dernier. Malgré l’affaire Cahuzac et tout le reste. Le FN n’enregistre donc aucune dynamique lors de son « grand » rendez-vous annuel. Aucun des médias dominants, scopaphobes si prompts à dénoncer le « populisme » de Mélenchon, ne l’a relevé. Il faut dire que 4 chaînes retransmettaient le discours de la Le Pen ce qui aura permis à beaucoup plus de monde de l’entendre. Elles pouvaient difficilement admettre qu’il s’agissait d’un événement rassemblant moins de monde que le dernier meeting du Front de Gauche à Martigues qui n’a pas bénéficié de la même couverture.

J’ai même assisté sur France 3 au spectacle désolant d’une chaîne réduisant le 1er mai au rassemblement du FN, donnant ainsi une victoire posthume de Pétain qui institua une « Fête du travail et de la Concorde sociale » pour effacer du paysage la journée internationale des travailleurs.


F. Delapierre @ Le Débat du Grand Soir 3 le 01… par lepartidegauche

J’attends maintenant de voir comment le système médiatique va traiter notre marche de dimanche. Je peux annoncer sans crainte que le mouvement qui s’annonce est énorme. Le nombre de cars réservés dépasse celui du 18 mars dernier à la Bastille. Nous pourrions donc atteindre voire dépasser les 100 000 personnes. Une telle mobilisation sous un gouvernement PS pour une politique de gauche, dont l’objet n’est pas le retrait d’un texte de loi mais un changement complet de politique et même d’institutions est tout simplement sans précédent. Son impact sera gigantesque. D’abord la gauche sera de retour. Enfin dans la rue abandonnée à la droite et l’extrême-droite, avec ses drapeaux et ses mots d’ordre plutôt qu’accrochée au char du MEDEF et de Madame Merkel. Puis comme le 18 mars dernier, le souffle d’un tel rassemblement aura des répliques partout. Les marcheurs du 5 mai venus de tout le pays et de tous les horizons diffuseront à leur retour la flamme de la résistance à l’austérité. Quoi que racontent les médiacrates, 100 000 ce n’est pas la même chose que 3 000. Le 5 mai s’annonce donc sans précédent mais sûrement pas sans suite.

L’appel du 5 mai • Nouvelles de la marche contre l’austérité, la finance et pour la 6ème République J-2

Marche Tous les feux sont au vert pour la grande marche citoyenne de ce dimanche 5 mai. Les montées organisées en car ou en train indiquent dans les régions une mobilisation supérieure à la marche contre le TSCG du 30 septembre dernier. Le succès des appels thématiques ne se dément pas.

En témoigne les plus de 1000 écologistes qui ont signé l’appel éponyme. Un autre appel, tout aussi important et relayé par Mediapart, est venu de responsables d’Europe Ecologie Les Verts . Parmi les signataires on retrouvera dans le carré de tête : Eva Joly, le député Sergio Coronado, les membres du Bureau exécutif Françoise Alamartine et Jérôme Gleizes, le conseiller régional Julien Bayou et l’adjointe au Maire de Paris Véronique Dubarry.

L’appel des syndicalistes rencontre également un large écho avec plus de 1300 signatures. Ils manifesteront derrière le carré de tête dans un cortège ouvert par les entreprises en lutte : Fralib, Arcelor Mittal, Sodimedical, Carrefour, Prestalis, Air France, Sanofi etc… Des syndicats ont par ailleurs appelé à la marche ces derniers jours tels l’UD CGT 75 ou FILPAC.

Les autres appels thématiques sont appelés à se regrouper en cortège un peu plus en arrière Rue de Lyon. Une banderole exigeant l’égalité des droits ouvrira cette partie de la marche de façon à affirmer notre détermination face à la droite et l’extrême droite qui s’y opposent. On y retrouvera également des délégations étrangères : les Latinos-américains de Paris, Bloco de Esquerda, Izquierda Unida, Déi Lénk, Die Linke, Front des Gauches belge, Syriza ainsi que des Britanniques venus en nombre.

Tout autour de la Bastille et dans les rues adjacentes prendront ensuite place et intercalés les cortèges des régions et des départements franciliens.

A partir de 13h15 et jusqu’au départ effectif de la marche, plusieurs personnalités prendront la parole dont Eva Joly, Pierre Laurent, Jean-Luc Mélenchon. Leurs discours seront retransmis en direct Place de la Bastille par les sonos de camionnettes relai HF. Ces appels du 5 mai seront le prélude à la marche qui s’élancera vers la Nation sous le soleil.

Eric Coquerel

Ligne THT Cotentin-maine • Témoignage sous haute-tension

Lorsque l’on arrive chez Agnès et Christophe Jouault dans le pays de l’Ernée en Mayenne, à St-Pierre-des-Landes, on est surpris par la richesse de la terre, grasse à souhait et la générosité des cultures de ce couple de maraîchers. Les carottes, salades et autres légumes de saison rappellent l’enfance dès lors que l’on a dépassé la quarantaine. C’est à ce moment précis que l’on se dit qu’il y a bien trop longtemps que l’on n’avait pas vu ni consommé de légumes biologiques.

Installés depuis vingt ans dans leur maison, Agnès et Christophe ont développé leur activité d’agriculture biologique sur sept hectares (car il faut prendre en compte la jachère) depuis 1997 dans une région d’élevage. Leur habitat est à l’image de leur activité professionnelle et de leur mode de vie : sain, soucieux de l’environnement et tourné vers un développement durable. Cette activité, un travail dur et exigeant, leur permet de vivre de leurs cultures (une quarantaine d’espèces de légumes sur l’année). Les cantines scolaires, soucieuses de la santé de la jeunesse, font désormais partie de la clientèle.
Mais c’était sans compter sur le projet de construction de la ligne THT (Très Haute Tension) Cotentin-Maine dont ils apprirent l’existence en 2005.
Ils sont incollables sur le sujet.
Normal, ils ont participé à de nombreuses réunions d’informations, puis de résistance, puisqu’un pylône est prévu alors dans le champ voisin, à 180 mètres de leur exploitation.Ils ont assisté à tout : la politique de l’argent qui va acheter chacun sur son passage, à travers toutes
les strates de la société, du collectif au particulier et jusqu’au propriétaire voisin qui, n’habitant pas sur place, acceptera le pylône sur ses terres.
Ils vous diront qu’à l’instar des « plans sociaux » dans les grandes entreprises françaises tout a connu une accélération conséquente à l’issue de la dernière campagne présidentielle. Les résistants au projet ont reçu des ordonnances d’interdiction de se rendre sur les chantiers de la THT. Les patrouilles de forces de l’ordre se sont intensifiées sur le tracé de la ligne et autour des domiciles des résistants.

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Lorsque l’on se promène sur la propriété de la famille Jouault, on baigne dans la fraîcheur des légumes colorés fraîchement récoltés. La chaudière à bois déchiqueté, les panneaux solaires et le savant aménagement des haies laissent apparaître un mode de vie à la recherche de l’équilibre écologique. Puis, tout à coup, on la voit. La ligne THT est là. Tout est en place. Elle vient d’être mise sous tension ce 3 mai 2013.
La famille Jouault et à travers elle tous ceux qui seront obligés de vivre en cette présence, sur ce tracé, est inquiète.
En tout et pour tout, l’entreprise RTE (Réseau de Transport d’Electricité) ne leur a proposé qu’une indemnisation forfaitaire au préjudice visuel
ou en cas de vente, le remboursement de la différence entre le prix de vente de la propriété avant la construction de la ligne et sa valeur actuelle estimée par une commission d’évaluation.
Mais que peut-on bien faire quand on vient de travailler sans ménager ses efforts pendant presque vingt ans, à mettre sur pied une agriculture exigeante ? Et pour aller où ? Vivre quoi ? Vivre de quoi ? Et qui voudrait s’installer à leur place, à 180 mètres de la ligne ?
La famille Jouault est inquiète. Car malgré les courriers, assez flous et généralistes, qui se veulent rassurants sur l’impact sur la santé humaine,ils savent bien par leurs connaissances que les vaches demeurant à proximité des pylônes ont développé de multiples pathologies dont des inflammations mammaires soignées aux antibiotiques et rendant le lait impropre à la consommation. Ils ont aussi entendu parler de dépressions et de leucémies. Ils ont peur pour leur santé.
Ils ont peur aussi pour leur exploitation : l’impact sur le paysage, les haies, le bocage, les arbres
 abattus, la biodiversité. Qui peut prouver réellement que la terre dans laquelle ils plongent leurs mains tous les jours ne sera pas impactée par les champs électriques et magnétiques générés par la THT ? D’après eux, les élus ont lâché l’affaire et ils se sentent isolés, épuisés, oubliés.

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Partir pour aller où et faire quoi ? Leur vie et leurs amis sont ici, en Mayenne. Ils se demandent où est passée la démocratie. Car cette dernière ne se résume sans nul doute pas à un bulletin de vote de temps en temps. Pas plus que la vie et l’existence de la famille Jouault n’a pu, pour l’instant, peser sur ce qu’on appelle un « projet d’utilité publique ».

   Anne Stoessel

L’économie sociale et solidaire: Un guide pour une autre société

Economie

L’illusion productiviste du XIXe siècle montre ses limites. Le capitalisme, loin du bonheur qu’il devait amener pour tous par l’accumulation matérielle, broie les êtres humains, exploite les ressources naturelles, pille la biodiversité. Pourtant, l’homme est un être social qui a, par essence, besoin de construire son existence sur la solidarité.
Il est donc temps de remplacer le modèle de la compétition, de la croissance à tout crin et de la destruction par un modèle de l’émulation, du partage et de la coopération. Celui de l’économie sociale et solidaire.
Des initiatives existent, émergent, se développent. Les 24h de l’Economie Sociale et solidaire organisées par la communauté d’agglomération des Lacs de l’Essonne, ont eu pour ambition de les valoriser et les élus de les porter dans le cadre du service public local pour faire la preuve par l’exemple qu’une autre façon de produire et de consommer est possible.
En lisant ces interventions de qualité, vous en conclurez comme les participants, que l’économie sociale et solidaire ne doit pas rester cantonnée dans le cadre d’un volet d’un programme de gouvernement mais qu’elle doit devenir l’horizon économique de demain.»

Format : 12 x 17 cm
136 pages
Prix public : 7 euros
ISBN : 978-2-36488-055-9

Commande en ligne 

Le Pen, le 1er mai, les médias et la statistique urbaine…

Hier, 1er mai, était la fête des travailleurs pas vraiment à la fête. Mais les médias en ont décidé
autrement. Ils ont préféré parler du “formidable” succès de la mobilisation organisée comme chaque année à cette date par le Front National. C’est donc en boucle que les chaînes d’infos, mais également les chaînes généralistes, ont retransmis en direct ou en différé ces images de militants d’extrême droite réunis sur la place de l’Opéra à Paris. C’est ainsi que les 200 000 salariés qui manifestaient pour la défense de l’emploi et contre les politiques d’austérité sur tout le territoire se sont fait voler “la vedette” par quelques 3000 nationalistes. 3000, vous avez dit 3000? oui, absolument, nous avons dit 3000! Démonstration.

Tout d’abord un peu de théorie. L’espace qu’occupaient place de l’Opéra les militants du F Haine faisait exactement 1000 carrés. En effet, comme en témoigne le métrage ci dessous, ils formaient un rectangle facilement mesurable si l’on prend comme point de repère un autobus qui mesure très précisément 13,5 mètres.

Aussi, en appliquant la formule mathématique qui permet de calculer la superficie d’un rectangle on obtient 50 X 20 ce qui donne bien 1000 mètres carrés. Il suffit ensuite d’appliquer le ratio de 3 personnes au mètre carré pour obtenir le chiffre réel de participant à la manifestation des nationalistes d’extrême droite. Ce qui donne: 3 X 1000 = 3000. CQFD!

Le F Haine, les médias et tout ceux qui ont fait courir la rumeur de 15 000 manifestants frontistes contesteront notre calcul. ”Pourquoi délimiter le rectangle de la sorte, il était bien plus large et débordait sur la boulevard des Capucines” diront-ils. “La foule était archi compacte. Nous étions 15 au mètre carré” insisteront-ils. Seulement voilà. A gauche pour de vrai! nous avons les preuves par l’image que notre rectangle est à la bonne taille. Le rectangle n’allait pas jusqu’au boulevard des Capucines comme le montre la photo prise par Mariane Turchi de Mediapart de Môssieur Péninque, le “convoyeur de fond” pour candidats à la présidentielle ou pour ministre du budget.

Sur cette autre photo, on voit très nettement que les adeptes du F Haine sont concentrés entre les abords de la grande façade du palais Garnier où se situait la scène de Marine et de ses p’tits gars et le premier trottoir en traversant la rue.

Au passage, on aura remarqué l’utilisation d’un grand angle pour donner l’impression d’une grande largeur, tout comme on aura remarqué le slogan “le peuple d’abord” qui nous rappelle à nous comme à vous un autre slogan “l’humain d’abord”. Le F Haine n’en est plus à une arnaque près. Hier la supercherie d’un parti fascisant pour le peuple se faisait avec le père, aujourd’hui avec la fille, demain avec la nièce. C’est ça la démocratie au service du peuple chez les Le Pen! Mais il faut établir la preuve par trois du hold up de la fête des travailleurs pour être totalement crédible. Alors la voici:

Cette troisième preuve nous vient donc d’une photo de Laurent de Boissieu, journaliste au journal La Croix, journal connu et reconnu pour ne pas promouvoir les idées de gauche, journal connu et reconnu pour promouvoir les idées de droite. On voit nettement un drapeau bleu blanc rouge déployé, sans personne autour, et certainement pas une foule compacte. Et où se situe le drapeau? En plein coeur de la place de l’Opéra. Place trop grande pour le F Haine, comme l’affirme Laurent de Boissieu lui même dans un tweet écrit sur place. Notre rectangle a donc la bonne taille, notre estimation de la densité au mètre carré est correcte. Alors pourquoi les médias ont-ils décidé de traiter comme un évènement majeur l’échec évident du F Haine en ce premier mai 2013?

Après le 1er mai des travailleurs piraté par un F Haine arnaqueur il y aura le 5 mai et l’appel du Front de Gauche à manifester pour une 6e République. Or il ne faut surtout pas que le Front de Gauche et Jean-Luc Mélenchon apparaissent comme des alternatives crédibles à l’oligarchie de la Ve du général de Gaulle. Alors le F Haine doit être absolument présenté comme l’ennemi de la république. Ainsi, la seule alternative pour sauver l’oligarchie serait le replay permanent du 21 avril comme ce fût le cas lors des dernières législatives partielles de mars dernier en Picardie. Gérer une urgence entretenue, voilà ce que l’on nous propose plutôt que de changer de système pour réellement changer la vie et les pratiques de petits ou de grands notables politiques.

A gauche pour de vrai! il n’est pas question de minimiser le Front National. Mais il n’est pas question d’accepter son instrumentalisation au profit d’un système archaïque et oligarchique non plus! Il est bien plus question d’aller le combattre politiquement, sur le fond, idées contre idées, Front contre Front. Et pour combattre le F Haine efficacement, il faut impérativement changer de politique, rompre avec le libéralisme et l’économie de l’offre. Il est urgent d’entrer dans la modernité de l’écosocialisme et d’une 6e République sociale et citoyenne. Pour cela il faut de la volonté et du courage. Alors que ferez ce dimanche 5 mai? Vous regarderez passer Jean-Luc Mélenchon, Eva Joly, Pierre Laurent, des dizaines et des dizaines de milliers de socialistes, d’écologistes, de syndicalistes et de citoyens contre un système institutionnel de droite, une politique économique et sociale de droite, des militants de droite et d’extrême droite? Ou vous joindrez-vous au cortège qui partira de la Bastille à 14 heures? C’est vous qui voyez!

Rue89 • « L’esprit d’entreprise » à l’école : une atteinte à la laïcité

La principale critique que nous faisions du projet de loi d’orientation pour la refondation de l’école de la République de Vincent Peillon résidait dans l’accumulation de contresens et d’aveuglements idéologiques sur lesquels il repose. Le discours prononcé le 29 avril par le président de la République en clôture des assises de l’entrepreneuriat valide de fait notre analyse. Il offre en effet un condensé édifiant de ces déficiences dûment constatées.

François Hollande propose de « stimuler l’esprit d’entreprise » dans l’école, en prévoyant notamment de la sixième à la terminale un programme sur « l’entrepreneuriat ».  Ce faisant, il décline les impasses idéologiques qui obscurcissent la loi d’orientation en discussion au Parlement, votée en première lecture par les députés et prochainement soumise aux sénateurs.

C’est d’abord remettre en cause de manière frontale la laïcité qui ne se résume pas au champ du religieux. Elle vise également à garantir la neutralité en mettant à distance tous les dogmes : celui du marché et de l’économisme triomphant doivent être maintenus hors de portée des enfants.

L’augmentation du nombre de stages en entreprises, outre qu’elle vise à formater les futurs salariés à la doxa libérale véhiculée au sein de l’entreprise, réduira en conséquence la part des savoirs transmis. En effet, les stages ne se traduiront pas par des heures supplémentaires pour les élèves. C’est donc accentuer la dérive minimaliste et utilitariste du socle commun de compétences instauré par la précédente loi d’orientation de 2005 de François Fillon et confirmé par la future.

La marotte de « l’adéquationnisme »

L’intrusion au sein de l’école des façons de penser de l’entreprise et des intérêts du monde économique constitue une régression. L’école de la République s’était mise en place en s’affranchissant de tous les intérêts locaux, clientélistes, cléricaux ou mercantiles. Il s’agit d’une évolution à rebours de la construction d’un cadre national garantissant au mieux une égalité territoriale même imparfaite. C’est en définitive ouvrir la voie à plus d’autonomie, à une balkanisation de l’école et une gestion managériale.

Un enfant jouant avec des pièces de monnaie (Pink Sherbet Photography/Flickr/CC)
En filigrane se dessine la marotte de « l’adéquationnisme » dans le prolongement de l’imposition à l’institution scolaire de l’acte III de la décentralisation même morcelée en trois parties devant les inquiétudes exprimées au sein même de la majorité. Au motif que l’offre de formation devrait être en adéquation avec la réalité du bassin d’emploi correspondant, les libéraux voudraient assujettir l’école aux intérêts immédiats des entreprises locales.

C’est ainsi que la tentation est grande de la part de nombre de présidents de conseils régionaux socialistes de faire en sorte que « ceux qui financent les bâtiments décident aussi de ce qui se passent entre les murs ». Cet adéquationnisme de mauvais aloi renforce puissamment les enfermements dans des déterminismes territoriaux et sociaux que l’honneur de l’école est de combattre sans faillir.

Lire la suite de l’article sur Rue 89

Cahuzac, oligarchie et hauts cris • Lutter contre la démesure par le revenu maximum autorisé

Lutte contre la démesure : pour un revenu maximum autorisé

Plutôt que de parler de « moralisation de la vie publique » en faisant croire que la publication du patrimoine des ministres aura une quelconque influence sur le système qui se moque bien de savoir qui roule en Twingo, profitons en plutôt pour parler de fiscalité, réhabiliter l’impôt comme outil de justice sociale et réclamer l’instauration du revenu maximum autorisé (RMA) !

Le RMA est une mesure qui consiste à dire que l’hyper-richesse n’est pas légitime, et qu’il n’est pas acceptable que le total des revenus d’une personne dépasse une certaine somme : le revenu maximum autorisé. Je dois dire que je suis sincèrement ravie de voir des mouvements comme Bizi ! s’emparer de ce sujet, sur lequel nous nous sommes fait taxer de doux dingues pendant des années.

C’est un sujet pour lequel j’ai commencé à militer il y a 6 ou 7 ans, au sein du mouvement Utopia, et que j’ai continué à porter au Parti de Gauche en tant que secrétaire nationale à l’écologie. En mars 2009, nous déposions ainsi une proposition de loi sur la fiscalité écologique, l’écart maximum de salaires de 1 à 20, la réduction drastique de la publicité dans l’espace public. En septembre 2009, j’organisais un débat à la Fête de l’Humanité sur ce sujet avec Thomas Coutrot d’Attac et Hervé Kempf autour de son livre « Comment les riches détruisent la planète ». En 2012, la proposition de RMA était intégrée au programme du Front de Gauche L’humain d’abord.

Cahuzac, l’arbre qui cache la forêt.

Mais comme cela ne vous aura pas échappé… Nous n’avons pas gagné cette élection présidentielle. Et malheureusement, le RMA n’est pas à l’ordre du jour. Ce qui est à l’ordre du jour, c’est l’austérité, la casse du code du travail avec l’ANI, cet accord Made in Medef qui retranche encore des droits aux salariés au lieu de les renforcer face aux actionnaires. Ce qui est à l’ordre du jour, c’est M. Vidalies, ministre chargé des relations avec le Parlement et M. Leroux, Président du groupe PS à l’assemblée nationale, qui appellent les députés du PS à rejeter la loi d’amnistie sociale, alors que les sénateurs du même PS ont déjà vidé en grande partie la proposition de loi du FDG de son contenu en en écartant les défenseurs des migrants et de l’environnement. Ce qui est à l’ordre du jour, c’est l’aéroport de Notre Dame des Landes, le report de la fermeture de la centrale de Fessenheim, le décret d’autorisation des 44 tonnes sur la route, la LGV Lyon-Turin, et un débat sur la transition énergétique qui passe inaperçu…

Et bien sûr, la grande affaire Cahuzac. L’arbre qui cache la forêt… La fraude fiscale, c’est plusieurs milliards d’euros par an. Alors soyons sérieux deux minutes. Il est franchement temps de réaffirmer avec force que dans un projet de gauche, la lutte contre les inégalités passe aussi par le partage des richesses et le retour à la règle élémentaire de la progressivité de l’impôt. C’est comme avec le terme largement diffusé aujourd’hui de « trou de la sécu », ou encore le glissement sémantique des cotisations vers les charges sociales, l’objectif des libéraux est bien de faire entrer dans tous les esprits l’idée que notre système de solidarité, redistributif et collectif n’est plus tenable et que chacun doit se sauver soi-même. C’est l’individualisation forcenée de la société qui est en marche.

Et pourtant l’aspiration à l’égalité n’a pas disparu dans notre pays. En témoigne le dynamisme de la campagne présidentielle de Jean-Luc Mélenchon qui l’a porté haut et fort, et l’empressement du PS à promettre et bricoler l’instauration d’une taxe à 75 %, mal ficelée et bien éloignée en réalité du concept de RMA, mais conçue pour essayer de capter le mouvement naissant autour de cette revendication.

Le point culminant de l’arrogance

Le RMA fait partie d’un ensemble de revendications pour un meilleur partage des richesses, pour en finir avec le mythe de la croissance qu’il faudrait attendre pour améliorer le sort des plus pauvres. Pourquoi attendre, les richesses existent ! Il faut réhabiliter l’impôt et déconstruire l’idée selon laquelle la pression fiscale amputerait le niveau de vie du grand nombre : c’est l’inverse. La véritable pression sur le niveau de vie des ouvriers et employés, c’est celle du capital, des actionnaires. Les patrons du CAC 40 gagnent en moyenne 300 fois le revenu médian des Français. Un patron du CAC 40 gagne ainsi en 1 jour ce qu’un smicard gagne en 1 an. Il paraît que la mode est aux liste de noms avec des chiffres en face ? En voici quelques-uns. Carlos Goshn, Renault/Nissan : 770 ans de SMIC (6 000 emplois supprimés) ; Chris Viehbacher, Sanofi-Aventis : 590 ans de SMIC (3 000 emplois supprimés) ; Christophe de Margerie, Total : 375 ans de SMIC ; Lakshi Mittal, Arcelor : 216 ans de SMIC… Concrètement, pour toucher l’ensemble des revenus, ceux du capital comme ceux du travail, l’outil approprié est la création d’une tranche supérieure de l’impôt sur le revenu à 100 %. Pour nous le RMA se situe à 360.000 euros, ce qui laisse donc tout de même un revenu de 30.000 euros par mois…

Non seulement le RMA est un outil de justice sociale, mais c’est aussi une mesure écologique. Car on ne résoudra pas l’équation climatique sans réduire drastiquement les inégalités. On ne trouvera pas de large implication populaire sur ces questions sans la mise en place d’une nouvelle répartition des revenus, plus juste et égalitaire. Parce que cette envolée des hauts revenus entretient la débauche consumériste d’une minorité. Parce que c’est cette minorité, cette oligarchie dorée, qui pollue le plus. Parce que son mode de vie est donné en exemple par les médias et la publicité, pour prôner l’accumulation matérielle et alimenter la machine productiviste. N’oublions jamais le fameux « Si t’as pas une Rolex à 50 ans, t’as raté ta vie ». Ce n’est pas à vous que je vais apprendre que le mode de vie qui permet de se payer une Rolex, que ce soit à 30 ou à 60 ans d’ailleurs, un : implique fatalement qu’à un moment ou l’autre de la chaîne on a contribué à l’exploitation sociale, et deux : qu’il n’est pas généralisable au vu de la crise climatique, de celle de la biodiversité, et de la finitude des ressources, notamment énergétiques.

Il s’agit donc bien de limiter les abus. Un autre exemple frappant : en juin 2010, alors que le puits de BP, situé à 1.500 m de profondeur, crachait depuis deux mois jusqu’à 9,5 millions de litres de pétrole par jour en plein golfe du Mexique, Tony Hayward, le patron de BP, ne trouvait rien de mieux à faire que d’aller pavoiser à une course de yachts… De yachts ! Dont le sien, « Bob ». Et de pleurer dans les médias qu’il voulait « retrouver sa vie d’avant ». Il doit y avoir un paquet de gens dans le Golfe du Mexique qui eux aussi auraient sans doute aimé « retrouver leur vie d’avant »… On atteint là le point culminant de l’arrogance d’une oligarchie qui saccage, détruit, et s’en met plein les poches au passage. Plus récemment, les derniers soubresauts de l’actualité nous fournissent encore de nouveaux arguments. Une pathétique succession de mensonges au plus haut niveau de l’État, de mises en examen et de procès, de paradis fiscaux, banques suisses et autres comptes bancaires planqués aux îles Caiman…

Et face à tout ça, rien dans le projet de loi présenté en conseil des ministres le 24 avril, sur la transparence des comptes des multinationales et la transmission automatique d’informations fiscales entre pays. Rien non plus sur la fermeture des filiales des banques françaises dans les places offshore. Que tout ce marasme honteux serve au moins à quelque chose, parce que franchement quoi, désolée d’y revenir, mais une fois qu’on a dit qu’on roulait en Twingo on pourrait aller se faire prêter le jet d’un Bolloré pour une petite partie de golf au milieu du désert avec un Pinault, entre deux coups de yachts vers Guernesey, c’est ça ? Fadaises. Et nous on n’est pas fadas. Alors profitons-en pour pousser des mesures qui répondent à ces deux urgences intimement liées que sont le social et l’écologie.

On entend déjà les hauts cris de certains

Comme le revenu maximum autorisé donc, soit la taxation à 100 % des revenus (tous revenus confondus) au-delà de 20 fois le revenu médian. Ce qui permettrait au passage, puisqu’on parle de fiscalité redistributive, d’augmenter la progressivité de l’impôt avec la création de 9 nouvelles tranches. Tout prendre au-delà de 360.000 euros ? On entend déjà les hauts cris de certains. On est habitués, c’est toujours les mêmes, ceux qui ont tout intérêt à ce que le système tienne. Mais comme c’est difficilement avouable, surtout quand on est censé être de gauche, au lieu de le reconnaître ils nous disent que ce n’est pas possible. Ah, et pourquoi ?

D’abord, ça a déjà été fait. Et pas en Union soviétique ! Quand Roosevelt a été élu à la Maison Blanche, après la grande crise de 29, il a fait passer le taux d’imposition des plus riches de 25 à 91% en moins de dix ans. Quand Ronald Reagan est élu président en 1980, le taux marginal d’imposition est encore de 70%. C’est ainsi que pendant près d’un demi-siècle, le taux applicable aux plus hauts revenus a été supérieur à 80%, en moyenne, aux États-Unis. Cela n’a pas nui au dynamisme de l’économie américaine et les inégalités ont été fortement réduites pendant 40 ans, avant le retour des politiques libérales. En France, de 2002 à aujourd’hui, et grâce au bouclier fiscal de Sarkozy, le taux supérieur de l’impôt sur le revenu est passé de 52 à 40 %. Jusqu’en 1986, le taux supérieur était à 65 % (avec 14 tranches contre 5 aujourd’hui) et il dépassait même les 90 % sous la 3e République. Enfin au risque de me faire traiter de Robespierriste, je rappelle tout de même qu’un revenu maximum a été instauré dés la Révolution française dans le décret du 4 août 1789 qui, en abolissant les privilèges, plafonnait à 3000 livres annuelles les revenus tirés de rentes.

Ensuite, on nous dit que ça ferait fuir tout le monde. Tout le monde ? Mais qui serait concerné par cette taxation à 100 % ? Ceux qui gagnent plus de 360 000 euros annuels, c’est à dire plus de 30 000 euros mensuels : 0,05 % des contribuables, soit 15 000 ultra-riches. Que l’on peut rattraper avec l’« exit tax », une mesure qui existe déjà aux États-Unis et permettrait de percevoir le différentiel d’impôt pour les français à l’étranger, à hauteur de ce qu’ils auraient du payer en France. Et on ne serait pas capables de « redresser » le pays sans eux ? Ah parce que c’est c’est eux peut-être qui font tourner les machines, eux qui inventent un monde nouveau, eux qui cultivent nos champs et conduisent nos trains ? Fadaises, encore. Ceux-là ne font que pomper les ressources et en tirer des profits virtuels. Ce n’est pas de cette spéculation dont on a besoin, mais d’économie réelle, fondée sur des besoins réels. Et ça, croyez-moi, on sait faire. Bien mieux qu’eux. Et qu’on ne nous dise pas que ce n’est pas possible, qu’il y a besoin d’investissements et qu’il n’y a plus de sous dans les caisses de l’État. Margareth Thatcher est morte, je demande qu’on enterre avec elle le TINA (There is No Alternative). L’austérité n’est pas une fatalité !

Le PIB a doublé en 20 ans, les dividendes ont augmenté de 27% entre 2007 et 2012, les richesses sont là. Il existe des marges inutilisées pour une véritable politique de justice sociale. La preuve ? D’abord, l’austérité, c’est quand ça les arrange : le gouvernement n’hésite pas à investir des millions parfois. Le projet insensé d’aéroport à Notre Dame des Landes, c’est 131 millions pour l’État. La ligne à grande vitesse Lyon-Turin, tout comme l’EPR de Flamanville : 8,5 milliards. Le site d’enfouissement de déchets nucléaires à Bure : 35 milliards. Et l’on vient d’apprendre par l’IRSN qu’un accident nucléaire coûterait à la France de 760 à 5800 milliards d’euros, soit trois années de PIB ! En revanche ils ne trouvent pas 1 milliard pour nationaliser Florange et préserver les emplois. Rien n’est fait pour anticiper la raréfaction du pétrole, planifier la reconversion de l’outil industriel, faciliter les reprises en coopérative. Les sites ferment les uns après les autres, sans aucune réflexion de long terme. Cette absence de stratégie industrielle et de volonté politique risque de nous coûter bien cher.

Ensuite, si les caisses de l’État sont vides, c’est qu’elles ont été vidées ! Pour équilibrer un budget, il y a deux solutions : soit on réduit les dépenses et les investissements publics, c’est la logique de François Hollande et d’Angela Merkel. Soit on trouve de nouvelles ressources et on répartit l’effort non sur ceux qui ont déjà du mal à la fin du mois à choisir entre payer le loyer, le chauffage ou la bouffe, mais sur ceux qui peuvent payer. De chacun selon ses moyens, à chacun selon ses besoins… . C’est notre approche. Et on l’a chiffré très sérieusement avec une équipe d’économistes en faisant un contre-budget à la fin de l’année dernière. Dès la première année, notre contre budget – avec notamment une augmentation de la TVA sur les produits de luxe – permet de dégager 130 milliards d’euros supplémentaires. De quoi investir : 55 milliards pour partager les richesses et abolir l’insécurité sociale, 16 milliards pour la planification écologique et l’agriculture paysanne, autant pour la création d’un pôle public de l’énergie, les renouvelables, la sortie du nucléaire et le transport ferroviaire…

Alors une fois de plus, si eux ne savent pas le faire, alors qu’on leur sert sur un plateau la manière de s’y prendre, qu’ils sortent. Nous on peut !

Vers une nouvelle utopie écosocialiste

Je voudrais conclure en lançant quelques pistes de débat supplémentaires. D’abord, la gratuité des premières tranches de consommation d’énergie et d’eau, celles nécessaires à la vie. Il est inacceptable que l’eau qui sert à laver sa bagnole ou d’arroser un golf coûte le même prix que celle qui sert à se laver ou à se faire cuire des pâtes ! C’est une mesure simple, élémentaire même. Qui permettrait à la fois de réduire le gaspis de deux ressources précieuses, l’eau et l’énergie, et de faire face à l’urgence concrète de plus en plus de gens qui n’ont même plus de quoi se chauffer en hiver. Elle se finance toute seule par le renchérissement du mésusage, c’est à dire que ceux qui surconsomment payent pour ceux qui se contentent de vivre, et la distinction entre usages professionnels et particuliers.

Bien sûr, cela implique d’en avoir la maîtrise publique, comme pour tous les grands choix politiques, et donc le retour en régie publique de l’eau et la nationalisation d’EDF, GDF, Total et Areva dans un grand pôle public de l’énergie. Ça implique aussi de désobéir aux directives européennes. Mais une fois de plus, c’est possible. Ça aussi on l’a chiffré et scénarisé. Il suffit d’une bonne dose de courage et de volonté politique. On les a. Comme à la communauté d’agglomération des Lacs de l’Essonne qui est revenue en régie publique, avec gratuité d’accès, comme dans le Lot et Garonne où le conseil municipal de Barbaste vient d’adopter des tarifs progressifs de l’eau avec la gratuité des 15 premiers m3 !

Ensuite, tout ceci est intimement lié au débat sur revenu et travail, et sur la démocratie sociale au sein de l’entreprise. Nous sommes au PG très attachés à l’extension de nouveaux droits pour les salariés et à la reprise d’entreprise sous forme coopérative, favorisée en cas de fermeture imposée, et permettant de commencer à sortir de la propriété privée des moyens de production. Pour rétablir un peu de justice sociale dans l’entreprise, et parce que c’est compliqué d’arriver directement avec des mesures d’expropriation (sourire), nous avons déposé une proposition de loi en mars 2009, il y a tout juste 4 ans, dite de «bouclier social» pour répondre au « bouclier fiscal » de Sarkozy, dont l’article 17 stipulait : « Il est institué un salaire maximum légal dont le montant ne peut pas dépasser vingt fois celui du salaire minimum. Le salaire maximum légal inclut, le cas échéant, la partie fixe du salaire et la partie variable en fonction des objectifs prévus au contrat de travail ou du chiffre d’affaire généré par l’activité du salarié ». Donc, pas de salaire supérieur à 20 fois le salaire le plus bas, ce qui aurait pour effet de contraindre les patrons à augmenter les plus bas salaires avant de s’augmenter et d’enclencher un cercle vertueux en faveur de l’augmentation prioritaire des bas salaires.

Mais du coup ne serait-il pas temps, également, d’oser mettre sur la table d’autres questions liées ? Par exemple – je l’aime bien celle là et elle fait toujours son petit effet – qu’est-ce qui justifie concrètement aujourd’hui qu’un cuistot ne gagne pas la même chose qu’un directeur marketing de SSII ? Une heure de la vie d’un individu n’aurait pas la même valeur qu’une heure de la vie d’un autre être humain ? Pourquoi ? Le revenu maximum ne doit-il pas s’accompagner de la mise en place d’un revenu minimum d’existence ou dotation inconditionnelle d’autonomie ? Le partage des richesses, de toutes les richesses, ne passe-t-il pas également par une réduction drastique du temps de travail ?

Dans notre Manifeste pour l’écosocialisme, qui reprend ces pistes, nous avons écrit : « Indice de progrès humain, démondialisation et protectionnisme social et écologique, dotation inconditionnelle d’autonomie et salaire socialisé, revenu maximum autorisé sont autant de perspectives que nous avons à l’esprit pour sortir des sentiers battus et éviter le piège d’un accompagnement du système. Il nous faut également aller plus loin en matière de réduction drastique du temps de travail : « travailler moins pour travailler tous et mieux », fixer le plein emploi comme horizon tout en interrogeant les finalités du travail : rien ne sert de travailler davantage que le temps utile à produire ce qui nous est nécessaire. Le temps ainsi libéré pourrait utilement être affecté à des activités considérées aujourd’hui comme « improductives » et pourtant combien essentielles au bien vivre ».

Utopique ? Amis, souvenons nous des congés payés, de la sécurité sociale, et des jours heureux du Conseil National de la Résistance… Les seuls combats politiques perdus à coup sûr sont ceux qu’on ne mène pas.

En lorraine comme ailleurs, rien n’est possible avec l’austérité!

Le Premier Ministre a inauguré le 26 avril un contrat «particulier » entre l’Etat et la région Lorraine. Il s’agit dans ce nouveau contrat de donner l’illusion que l’Etat investit, préoccupé par une région en souffrance, marquée récemment par l’extinction des hauts-fourneaux de Florange. Face au désarroi et à la colère d’une région qui ne se résout pas à voir défaire son tissu industriel et les savoir-faire des hommes et des femmes qui l’ont construit, le Premier Ministre propose un inventaire à la Prévert de projets déjà engagés.
Projets dérisoires et illusoires voire nocifs tel le projet de stockage des déchets nucléaires de Bure, ou l’exploitation des gisements de gaz de houille. Le tout est bien sûr mâtiné de « développement durable ». L’écologie n’est pas soluble dans le vocabulaire aussi bien choisi soit-il. Elle réclame des décisions fortes et des actions résolues. Ainsi en matière de reconversion écologique de l’économie on ne peut accepter les vieilles recettes du nucléaire et des énergies carbonées. Vision sans perspective nouvelle qui se contente de remettre sous l’autorité du Préfet ce qui se faisait sous l’autorité du Conseil Régional. Aucun moyen supplémentaire pour le développement de la Région, si ce n’est le soutien de la dérisoire Banque Publique d’Investissement ! Soyons clairs l’austérité rend impossible toute relance de l’activité.

Aucune inflexion d’une politique économique fondée sur la compétition entre les territoires, réduits aux pôles de compétitivité. Pourtant chaque jour est prouvée l’inefficacité de cette logique. Encore et toujours une politique de l’offre fondée sur l’accroissement de la compétitivité des entreprises par la baisse du « coût » du travail, les subventions et allègements fiscaux donnés sans contrepartie. Sur l’idée que c’est en produisant toujours plus, n’importe quoi, n’importe comment qu’on trouvera des issues à la crise.
C’est d’une véritable politique économique de relance écologique et sociale dont la Lorraine et le pays tout entier ont besoin, condition de la sortie de la crise.

Le Parti de Gauche demande l’abandon du cadre austéritaire et une planification écologique et démocratique.

1er mai 2013, Dieppe

1mai2013-dieppe

Rassemblement devant la Maison des Syndicats.

Discours de Stéphane Beaufils, Secrétaire de l’UL-CGT. Très combatif, très remonté contre le PS (en particulier Sandrine Hurel, députée de Dieppe, qui ne répond plus aux courriers) et sa politique d’austérité.

Appel à l’unité et même à la révolte contre cette politique. Petite allocution de la FSU sur l’école. Présence de FO.

Condamnation de l’accord sur l’ANI du 9 janvier et du soutien de la CFDT à cet accord de régression colossale du droit du travail.

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