Virgin : une fois de plus la mobilisation a payé !

Depuis 8 jours les salariés de Virgin occupaient les magasins. Leur lutte a payé. Le Parti de Gauche, qui a soutenu depuis le début cette mobilisation par la présence de ses élu-e-s et militant-e-s, se réjouit de leur victoire : un « accord de fin de conflit » a été signé et garantit que le PSE sera financé à hauteur de 15 millions d’euros, ce qui était la demande des syndicats.

Le gouvernement n’a quant à lui absolument rien fait pour aider les salariés de Virgin. Aurélie Filippetti, ministre de la Culture et de la Communication, a choisi l’inaction et refuse de soutenir les salariés des commerces culturels. Elle pourrait pourtant par exemple au moins mettre en œuvre un dispositif piloté par le Ministère de la Culture pour la collecte des postes disponibles et la recherche de solutions de reconversion pour les salariés.

Elle pourrait également soutenir la proposition des salariés du Virgin de Marseille, qui réalise un bénéfice de 600 000 euros, de poursuivre l’activité en créant une société coopérative.

Alors que le gouvernement abandonne les salariés et laisse les plans sociaux se multiplier dans le pays, le Parti de Gauche affirme son soutien à tous les syndicalistes en lutte. La victoire des Virgin est un formidable encouragement pour tous les salariés notamment en vue des mobilisations à venir sur les retraites.

Transport maritime: l’Etat et Véolia main dans la main pour saborder la SNCM !

Véolia actionnaire majoritaire de la SNCM et l’Etat (actionnaire à 25%) se sont mis d’accord pour supprimer 600 postes à temps plein sur les 1400 que compte la compagnie.

Ce nouveau rebondissement intervient après que la Commission Européenne ait exigé le remboursement par la compagnie de 220 millions d’euros d’aides publiques.
Il apparaît que renflouer une compagnie qui a un rôle essentiel dans la continuité du service public passe donc pour le gouvernement par une plus grande flexibilité des salariés et par la destruction des emplois. Curieuse conception du développement d’une entreprise, conception issue des délires libéraux les plus abrupts et qui ne voit comme solution que le dégraissage des effectifs salariés.

Pourtant, il y a un avenir pour la SNCM et la CMN, avec l’investissement dans le renouvellement de la flotte au gaz naturel liquéfié. Ce projet porté par les salariés existe et représente la perspective de création de milliers d’emplois dans une perspective de transition écologique du transport maritime.

Le Parti de Gauche dénonce ces suppressions de postes annoncées et réaffirme son engagement pour une autre solution pour la SNCM qui passe par la reprise du contrôle public de l’entreprise, par la réindexation de l’enveloppe de la continuité territoriale allouée à la Collectivité territoriale de Corse et par l’imposition du pavillon de premier registre pour le cabotage national.

Financement des allocations individuelles de solidarité : L’Association des Départements de France (ADF) panique !

L’Association des Départements de France, majoritairement dirigée par des élus du PS, viennent de lancer un ultimatum au gouvernement de ne plus procéder au paiement de l’allocation RSA aux organismes payeurs (CAF/MSA) si ce dernier ne procédait pas à une revalorisation des compensations financières annuelles.

Cette revendication intervient suite aux transferts de compétences des 3 allocations individuelles de solidarité (AIS) : Revenu de Solidarité Active (RSA), Allocation Personnalisée d’Autonomie (APA) et Prestation de Compensation du Handicap (PCH).

En effet, sur ces 3 allocations décentralisées, le financement global n’est assuré qu’en partie seulement par des recettes nationales. En 2012, sur 15,6 milliards d’euros dépensés en France pour ces 3 allocations, les recettes nationales ne couvrent que 9,4 milliards d’euros, soit un différentiel de 6,2 milliards d’euros à la charge des départements par an. Depuis leur mise en œuvre progressive par les départements à partir de 2002, le déficit pris en charge par les départements dépasse les 30 milliards d’euros cumulés.

Voilà à quelle aberration conduit la vis sans fin de l’austérité, à savoir remettre en cause le versement d’allocations qui constituent des minima sociaux pour des millions de familles dans notre pays ! Elle est aussi la démonstration de la dangereuse logique de la décentralisation forcée engagée depuis près de 10 ans qui vise à transférer toujours plus de compétences aux collectivités locales sans assurer la pérennité de leur financement et à générer de l’austérité décentralisée dans les territoires.

Les élus départementaux socialistes prennent tardivement la mesure du problème. Nous invitons fermement ces édiles qui cumulent souvent leur mandat local avec un mandat parlementaire à mettre en cohérence leurs interpellations au gouvernement avec leurs votes au Parlement pour refuser ces politiques austéritaires qui étranglent aujourd’hui les collectivités qu’ils président… Nous les invitons, à l’instar du Parti de Gauche, un radical changement de cap politique du gouvernement, et sur cette base, nous réaffirmons notre volonté de constituer une majorité alternative de Gauche !

La protection sociale ne doit pas être la variable d’ajustement des politiques ordolibérales du gouvernement

2013 est l’année d’une attaque tous azimuts contre la protection sociale solidaire orchestrée par le Medef et le gouvernement solférinien.

Le bal a commencé dans le domaine de la santé par la proposition de légalisation des dépassements d’honoraires de 150% avec prise en charge des cotisations sociales des médecins du secteur 2 qui entrerait dans la convention. Les nouvelles fermetures des hôpitaux et de maternités de proximité, la proposition de fermetures d’hôpitaux pour cause immobilière, la baisse plus forte dans le public que dans le privé lucratif des tarifications du sanitaire et du médico-social ont rapidement suivi. Et pour couronner le tout, le maintien des déserts médicaux dans les zones rurales et périurbaines mais également pour certaines spécialités en zone urbaine.

La politique d’austérité frappe désormais la branche Famille de la Sécurité sociale où les mauvais coups sont pour tout de suite et les petites améliorations sont renvoyés à l’horizon 2018 (avec un démarrage plus que timide en 2014). Le projet de Convention d’objectif et de gestion concernant les créations de crèches collectives est identique à celui de Nicolas Sarkozy. La proposition de 75.000 places de maternelle pour les 2 à 3 ans est dérisoire au regard des 104.000 places perdues depuis 2002.

Le blocage du CLCA et la suppression de la défiscalisation pour les familles ayant un enfant dans le secondaire participent également de la destruction de notre modèle de protection sociale.

Arrivent enfin les retraites avec une première étape : la désindexation des retraites complémentaires sur l’inflation commanditées par le MEDEF. Satisfait de cette première réforme, le gouvernement envisage aujourd’hui de l’étendre au régime obligatoire. Le gouvernement s’apprête à proposer l’augmentation pour le plus grand nombre de la durée de cotisation alors que la majorité des seniors de 55 ans sont déjà au chômage! L’ordolibéralisme européen préfèrerait-il un chômeur à un retraité? Tout est à craindre aussi pour les prochaines contre-réformes sur l’assurance-chômage et sur la perte d’autonomie comme sur l’ensemble du secteur médico-social.

Le Parti de gauche n’accepte pas que la protection sociale solidaire soit la variable d’ajustement de la politique d’austérité du gouvernement solférinien. Il propose de rompre avec cette logique anti-populaire en changeant de logique. Cette logique passe par la sanctuarisation dégagée des lois du marché de l’ensemble de la protection sociale solidaire en reprenant l’esprit du programme du conseil national de la résistance. Le financement de cette politique sera permis par une reformation du partage de la valeur ajoutée pour reprendre tout ou partie des 9,3 points de PIB (correspondant à plus de 180 milliards d’euros par an) que les salaires et les prestations sociales ont perdu depuis trente ans.

Agressions inacceptables sur des femmes musulmanes !

Le 5 juin, le fascisme a tué: Clément Méric est mort sous les coups assassins d’un activiste d’extrême-droite. Et soudainement, les yeux s’ouvrent sur la progression inouïe des actes violents commis par ces nervis de l’extrême droite envers des personnes représentant à leurs yeux, des populations à combattre : militants antifascistes, homosexuel-les, Roms… En particulier, les personnes supposées de religion musulmane sont les victimes cibles au cœur de la recrudescence de la violence et de la stigmatisation.

Le 20 mai et le 15 juin, deux jeunes femmes marchant seules en plein jour dans les rues d’Argenteuil se sont fait agresser par des hommes décrits comme ayant le crâne rasé. Les agresseurs ont arraché et découpé le voile qu’elles portaient et les ont ensuite rouées de coups. La dernière victime enceinte au moment des faits, vient malheureusement de perdre son bébé.

Ces actes sont d’une extrême gravité. Ils entretiennent un climat de terreur et témoignent de la montée insupportable du racisme anti-musulmans et anti-immigrés dans notre société.

Le Parti de Gauche condamne le plus fermement ces actes barbares, demande que toute la lumière soit faite sur ces agressions racistes et exige du Ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, la plus grande fermeté à l’égard des criminels et des éventuels groupes politiques auxquels ils appartiennent.

De tels actes sont intolérables en République

Après Virgin, la mort annoncée de la FNAC

Fnac

La FNAC entre en bourse, perd son âme et sacrifie sur l’autel de la financiarisation ultra libérale le travail et la qualification de ses salariés. Avec les Virgin, les Arthaud et maintenant la FNAC, nous assistons aux cadeaux faits aux circuits déshumanisés de vente en ligne (Amazon, iTunes…), qui sont les seuls à profiter de ce choix de sociétéen en faisant subir des conditions de travail inhumaines à leurs salariés.

La disparition du métier de libraire prive le lecteur de points de vue avisés et l’abandonne aux seules politiques commerciales et de communication des grands éditeurs. Chaque mois, une librairie ferme, victime de l’immobilier ou de commandes publiques défaillantes, et pourtant le chiffre d’affaires de vente des livres papier n’a pas baissé ! Le livre numérique n’est en rien la raison de ce désastre, en effet il représente moins de 2% de l◊ensemble des ventes, et encore faut-il préciser que 80% relève de la commande publique.

Le Parti de Gauche soutient le combat des libraires indépendants qui se battent pour un autre rapport aux objets de culture, une autre conception de la société. Il soutient les initiatives de reprise en scop des Arthaud du groupe Chapitre (Grenoble, Toulouse…), la création d’une coopérative pour contrer Amazon proposée par l’ADML (Association de défense des métiers du livre).

Il est aussi aux côtés des salariés de ARTHAUD, de la FNAC, de VIRGIN en lutte.

Il appelle à résister au modèle de consommation dite culturelle imposée par l’ultra libéralisme et à se mobiliser pour ne pas avoir tout à reconstruire sur des décombres. La disparition des médiateurs culturels n’est pas un progrès, c’est une régression, un obstacle sur le chemin de l’émancipation citoyenne.

Kerviel est innocent !

Le 4 juillet prochain Jérôme Kerviel, ex trader de la Société Générale, se présente devant les prud’hommes pour obtenir la requalification de son motif de licenciement.

Il affirme n’avoir pas commis la « faute lourde » qui lui est reprochée. Il demande 4,9 milliards d’euros à la Société Générale. Cette somme est égale au montant du préjudice qu’il est censé avoir occasionné et qu’il est lui-même condamné à devoir rembourser. Les juges demanderont-ils à connaître le montant réel des pertes revendiquées par la banque ou bien préféreront-ils la croire sur parole ? Si la banque a menti Madame Lagarde, alors ministre des Finances, devra dire pourquoi elle a accepté en 2008 de verser à la banque 1, 7 milliards de dédommagement, sans discuter ni vérifier la véracité de la perte, et en dépit des notifications de la commission chargée de la surveillance bancaire.

Je m’engage aux côté de la défense de ce salarié pas comme les autres. Kerviel est innocent, telle est ma conviction. J’expose mes motifs dans une note que je publie sur mon blog.

Lien: Le blog de Jean-Luc Mélenchon

Classement de l’affaire sur les ententes des compagnies de l’eau en France : Exigeons des explications !

Entente_eau

« On 23 April 2013, the Commission decided to close the antitrust proceedings in case AT.39756 French Water and Waste Water Markets initiated by decison of January 2012. »

 

C’est le communiqué de presse que la Commission européenne a publié le 29 avril lorsqu’elle a décidé de classer sans suite l’enquête concernant d’éventuels abus de position dominante et d’entente sur les prix entre Veolia, La Lyonnaise des Eaux, filiale de Suez Environnement et la Saur. La procédure avait été lancée le 18 janvier 2012, après des suspicions d’entraves à la concurrence libre et non faussée, contraires à l’article 101 du Traité sur le Fonctionnement de l’Union Européenne (TFUE).

Laconique est un bien faible adjectif pour qualifier ce présent communiqué. Aucune explication n’est fournie. Aucun résultat justifiant la fermeture de l’enquête n’est avancé.

Or le commissaire à la concurrence Joaquín Almunia avait écrit le 11 avril 2013 au député européen Karim Zeribi, que « l’enquête complexe qui a été ouverte méritait d’être approfondie ce qui repousserait ses conclusions à la fin du premier semestre de cette année. » Un semestre ne dure-t-il pas six mois ? Les conclusions de l’enquête n’auraient-elles pas dû intervenir en juin et non en avril ?

Autre bizzarerie. Veolia a confirmé le classement de l’enquête le 23 avril avant la Commission elle-même. La multinationale est manifestement bien informée pour confirmer des informations non rendues publiques. A-t-elle ses entrées à Bruxelles ?

Rappelons par ailleurs que la Commission avait déjà condamné Suez Environnement et sa filiale à une amende de 8 millions d’euros pour bris de scellé lors d’une inspection. Il fallait que la multinationale ait accès au dossier de l’enquête…

Donc affaire classée sans suite. Pourtant Veolia possède 38% du marché de l’eau potable en France, suivie par Suez (18%) puis la Saur (11%) et ces trois entreprises détiennent 55 % du marché de l’assainissement (28 % pour Veolia, 18 % pour Suez et 9 % pour la SAUR).

De quoi laisser planer des doutes sur les intentions et l’impartialité de la Commission dans la conduite de la procédure.

C’est pourquoi, nous demandons solennellement au commissaire européen à la concurrence Joaquín Almunia de rendre publics les résultats préliminaires de l’enquête, avant que celle-ci n’ait été classée, ou à défaut de fournir des explications exhaustives et détaillées justifiant la décision de ses services.

Grèce • Occuper l’E.R.T (télévisions et radios publiques grecques)

Emile Gatsos, militant du Parti de Gauche est actuellement en Grèce et témoigne de la mobilisation lors de la fermeture de la Télévision publique.

Videogrece

Monté mercredi 12 juin dernier dans le bus B5 qui dessert la banlieue nord-est d’Athènes, je m’aperçois que tous les autres passagers ont le même projet que moi : rejoindre l’occupation du bâtiment de l’E.R.T lancée la veille par les travailleurs des télévisions et radios publiques grecques, après que le premier ministre ait décidé par un simple décret ministériel violant une nouvelle fois la Constitution grecque de les fermer le mardi soir à 19h.

Cette annonce a véritablement sonné le signal de la révolte pour beaucoup de Grecs et leur a donné l’occasion tant attendue après les nombreuses défaites encaissées depuis plusieurs années. Parmi les voyageurs, je reconnais un ami dont je sais qu’il ne vote plus, écœuré par le système politique grec. Il m’explique immédiatement : « Si tu ne montes pas à cette occupation, tu ne vaux rien comme citoyen. »

Le retour d’une Junte est dans tous les esprits depuis l’annonce de cette fermeture : l’E.R.T, seule télévision légale en Grèce (aucune télévision privée n’a d’autorisation légale d’émettre, mais le gouvernement ne se soucie pas de les fermer !), est aussi la seule dont les statuts impliquent une certaine égalité de temps de parole accordée aux différents partis politiques. Malgré cela, c’est la seule qui a refusé d’inviter les néonazis de l’Aube Dorée à venir s’exprimer sur ses plateaux. Sa fermeture signifierait donc un accès aux écrans bien moindre pour le Syriza et les autres partis progressistes de la Grèce, tandis que la droite austéritaire et les nostalgiques du Troisième Reich auraient comme aujourd’hui le champ libre sur les chaînes privées. Depuis plusieurs mois, le gouvernement de Samaras, dont la politique a conduit à un effondrement complet de l’économie et de la société grecques, ne voit plus son salut que dans les thèmes sécuritaires et racistes. Certains, dans son parti, envisagent déjà une alliance avec l’Aube Dorée, après l’effondrement des sociaux-libéraux qui auront voulu participer aux politiques d’austérité.

Ert2 Une fois sur place, nous découvrons une foule déjà impressionnante. Dans les jardins, le hall, et même les couloirs de la rédaction, c’est une masse de citoyens de tous âges qui s’est spontanément réunie. Certains ont l’air épuisés : « Je suis là depuis hier soir, j’aurais dû emporter un sac de couchage avec moi. » L’idée fait son chemin et quelques tentes et campements sont ensuite apparus dans les jardins. L’E.R.T est et restera ouverte, ont immédiatement proclamés les employés : nous sommes donc là pour rester, aussi nombreux que possible pour empêcher une intervention des CRS. Mais, c’est une chance que ce bâtiment soit à l’écart du centre : depuis 2008, la police grecque a appris à disperser sans résistance possible toutes les manifestations et les occupations de places dans le centre de la ville. Ici, en revanche, elle n’a pas d’expérience et la géographie du lieu rend inopérantes nombre de ces nouvelles brigades apparues non pour protéger le citoyen, mais pour briser le manifestant.

De toutes parts, les conversations politiques fusent, on espère enfin reprendre le combat contre le gouvernement et faire chuter Samaras. Pour beaucoup, c’est là le véritable objectif, au-delà de la réouverture immédiate de la E.R.T dont le mode de fonctionnement n’était pas un modèle de transparence et qui n’hésitait pas, comme les autres médias, à casser du sucre sur le dos des manifestants et à remplacer les reportages sur les luttes sociales ou environnementales par la couverture de faits divers. En décidant de continuer d’émettre malgré la décision du Premier ministre et cela grâce au canal mis à sa disposition par le Parti Communiste de Grèce, l’E.R.T a acquis soudainement son indépendance. Elle a désormais la possibilité, comme le dit Mitsos, un de mes amis grecs, d’être « une chaîne au service du peuple. Avant, le peuple n’avait rien, ni la justice, ni la police, ni le pouvoir de faire des lois, ni le quatrième pouvoir. Maintenant, il peut avoir ce quatrième pouvoir. Et alors, chaque jour qui passera sapera un peu plus le gouvernement. » Mais, personne parmi ceux qui sont venus soutenir ces travailleurs ne souhaite simplement le retour de l’E.R.T dans le giron des partis clientélistes au pouvoir, Nouvelle Démocratie et Pasok. « Si ce mouvement ne vise qu’à réinstaller certains dans leurs places à l’ombre, les gens seront deux fois plus nombreux à se ressembler ici même pour demander à les chasser ! » déclare une manifestante.

Le soir, malgré la pluie, tout le monde danse aux premiers concerts donnés sur le parvis du bâtiment. Et, le lendemain, jour de grève générale en soutien à l’E.R.T, la foule est immense pour la manifestation. Les médias français ont relayé les chiffres de la police, là où les journaux grecs parlent de près de 100 000 manifestants, rien qu’à Athènes. La foule se renouvelle constamment jusqu’aux concerts du soir. On voit se multiplier les panneaux et les stands d’information sur les autres désastres en cours : privatisation de l’eau d’Athènes et de Thessalonique, mine d’or de Skouriès… Les banderoles des enseignants fleurissent et viennent rappeler que le mouvement actuel ne peut pas concerner que la télévision publique. Si le gouvernement revenait sur ces 2600 licenciements dans l’audiovisuel public, il faudrait qu’ils les retrouvent dans d’autres administrations. C’est la solution alternative défendue par le Pasok. Il y a un mois, les enseignants, menacés par plusieurs milliers de licenciements, ont voté à plus de 80% une grève de 6 jours qui aurait conduit à l’annulation des examens Panhelléniques (examens à la fin du lycée, déterminant l’entrée à l’Université) et cela malgré les menaces du gouvernement de licencier immédiatement tous les grévistes. Mais les centrales syndicales, elles, ont préféré reculer et décider l’abandon de la grève. La bataille pour l’E.R.T est donc comme une revanche, la possibilité de revenir sur l’ensemble de la politique actuelle, qui ravage tous les services publics sans exception.

Extrait d’un documentaire en cours de réalisation sur le coup de force mené par le gouvernement grec contre les télévisions et radios publiques :

THE LOST SIGNAL OF DEMOCRACY from Yorgos Avgeropoulos on Vimeo.


L’E.R.T émet encore en ligne et les interventions de soutien se multiplient.
Dans la journée de lundi, j’obtiens qu’un camarade du Syriza lise à l’antenne le communiqué du Parti de Gauche que j’ai traduit. Le soir, au septième jour d’une lutte ininterrompue, le Conseil d’État a demandé la réouverture de l’E.R.T jusqu’à ce qu’une autre chaîne publique ait vu le jour. Le gouvernement Samaras s’obstine pourtant à voir dans cet arrêté une validation de la fermeture et refuse encore d’exécuter cette décision. Tel est bien le gouvernement que Daniel Cohn-Bendit, venu hypocritement appuyer les travailleurs de l’E.R.T lundi après-midi, avait appelé à soutenir en juin dernier, souhaitant même une alliance gouvernementale allant du Pasok jusqu’à la droite réactionnaire et xénophobe des Grecs Indépendants. Pour satisfaire les demandes de la Troïka, la constitution est sans cesse violée depuis 2010, les libertés publiques écrasées, l’État ne tient plus que par la police, l’armée, et le détournement de la colère populaire vers les immigrés.

Ert1 Le mouvement de l’E.R.T est aujourd’hui à la croisée des chemins. Depuis le début, il marque la renaissance d’un mouvement social fort et victorieux contre la coalition au pouvoir et contre la Troïka. Après des mois à voir s’enchaîner les nouvelles catastrophiques sur le présent et l’avenir du pays et à constater que le peuple n’arrivait plus à se révolter, cette occupation a été porteuse d’espoir. Immédiatement, les références aux camarades turcs sont apparues, et c’est désormais un panneau explicite qui accueille le manifestant dans les jardins : « ERTaksim, SAMARdogan » Mais sur ce mouvement planent encore toutes les incertitudes des mouvements sociaux semblables à celui des Indignés, faute d’organisation et de stratégie collective. Du jour au lendemain, si rien ne prend forme rapidement et si le gouvernement ne joue pas la carte de la répression brutale qui pourrait provoquer un nouvel embrasement, les gens peuvent rentrer chez eux et retourner à leur combat ordinaire contre la crise. Au combat solitaire, perdu d’avance, contre le naufrage d’un pays entier. Mais si les journalistes de l’E.R.T comprennent le sens du soutien que leur a apporté le peuple grec ; si les différentes formes de solidarité et d’organisation populaire apparues partout dans le pays parviennent à lui donner une véritable visée politique ; si le Syriza, comme il l’a promis, mène bien jusqu’au bout la lutte pour faire tomber le gouvernement, il est possible que ce qui se passe en ce moment-même à l’E.R.T soit le premier craquement de la chaîne austéritaire en Europe.

Je termine avec la remarque d’un camarade : « Peut-être que ce qui se passe ici, dans ce jardin, c’est actuellement le vrai centre politique de l’Europe. »

Emile Gatsos, 19 juin 2013

Villeneuve sur Lot • Pour le PS : c’est la faute des autres

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L’appel du 18 juin, considéré comme fondateur de la résistance française, exprimait la volonté de ne pas cesser le combat contre l’Allemagne nazie. Depuis la Libération, il est célébré tous les ans. Malheureusement cette année, ce 18 juin vient deux jours après un résultat électoral fort sinistre.

Certes tout était réuni dans la législative partielle qui vient d’avoir lieu à Villeneuve-sur-Lot pour ouvrir un espace au Front national :

· un scandale particulièrement révoltant pour les petites gens qui triment au quotidien pour essayer de faire vivre leur famille et qui découvre qu’un ministre du budget, qui leur faisait la leçon sur les sacrifices qu’ils devaient faire au nom de l’avenir du pays, était en fait un voleur et un menteur avec un compte bancaire planqué à l’étranger ;
· un candidat FN, fils d’un sympathisant UMP président de la chambre d’agriculture du département ;
· le rejet des politiques menées par le gouvernement bien au delà des considérations locales.

Le candidat du PS est donc éliminé du second tour et visiblement les amis de François Hollande n’ont rien appris : comme en 2002, ils nous refont le coup de la politique gouvernementale foncièrement bonne mais mal expliquée. Cerise sur le gâteau, l’échec serait dû à une gauche éparpillée en de multiples candidatures. Les dirigeants nationaux du PS se déchaînent donc contre EELV. Or celui qui divise la gauche provoquant le « gauche et droite, c’est du pareil au même », c’est le gouvernement PS-PRG-EELV. Ce sont leurs politiques qui nous mènent dans le mur.

Reste que le score de la candidate du Front de Gauche n’est pas au niveau que nous souhaiterions. Elle n’a pas été aidée par la presse quotidienne régionale qui l’a tout simplement boycottée préférant mettre en scène le FN. Nous sommes hélas habitués à ce traitement. Plus globalement, ces résultats montrent que le Front de Gauche a encore beaucoup de travail à faire pour rendre crédible une alternative politique à gauche en particulier en milieu rural ou péri-urbain. Contrairement aux appels de dirigeants du PS, ce n’est pas en se regroupant derrière eux qu’on fera reculer l’extrême-droite. Une telle soumission à la finance, l’austérité et à la troïka européenne ferait automatiquement monter l’abstention et le FN. C’est au contraire en poursuivant sans relâche notre travail d’implantation sur tout le territoire, en démontrant la continuité entre le discours tribunitien porté par Jean-Luc Mélenchon et nos propositions concrètes que nous pourrons avancer.

En 2014, c’est la campagne que nous mènerons pour les élections européennes qui permettra, bien au delà des particularismes locaux des municipales, de défendre dans tout le pays la même vision d’un projet alternatif à gauche. C’est ainsi que nous pourrons remobiliser. C’est ainsi que nous redonnerons de l’espoir.

Martine BILLARD              

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