André Chassaigne désorienté par la loi d’orientation scolaire
Le Parti de Gauche se dissocie de l’annonce solitaire d’André Chassaigne favorable à la prochaine loi d’orientation scolaire en débat à l’assemblée nationale le 11 mars prochain : « On ne s’y opposera pas. Notre vote favorable ou d’abstention sera fonction des débats, des amendements, des avancées qu’on pourra avoir sur ce texte ». André Chassaigne va même jusqu’à présenter cette loi comme « volontariste » alors qu’elle est celle de tous les renoncements.
Le travail de fond entrepris depuis 18 mois au sein du Front de Gauche de l’éducation qui regroupe des représentants de toutes les organisations du Front de Gauche, mais aussi de nombreux syndicalistes, des représentants de parents d’élèves, des chercheurs en sciences de l’éducation, de sociologues, des militants pédagogiques… s’est au contraire traduit par une prise de position ferme en affirmant qu’ «il est temps de promouvoir un tout autre projet de loi ».
Cette volonté de proposer une loi d’orientation qui rompe avec les présupposés libéraux d’égalité des chances et de socle commun de la loi Peillon a été mise en lumière le 30 janvier dernier lors d’une soirée débat organisée par le Front de Gauche de l’éducation. Pierre Laurent, qui en assurait la conclusion, invitait alors à lancer des assises décentralisées de l’éducation pour faire émerger une toute autre loi.
En plein débat sur les rythmes scolaires, l’annonce intempestive et à contre-courant d’André Chassaigne ne représente donc en rien la position du Front de Gauche face à cette loi d’orientation scolaire.
Le Parti de Gauche en appelle à un travail à la fois plus collectif de la part des parlementaires qui se réclament du Front de Gauche mais aussi plus respectueux des travaux des militants des fronts de gauche thématiques. La pratique archaïque de l’élu qui sait tout mieux que les groupes de citoyens engagés qui ont travaillé sérieusement en amont avec le Front de Gauche ne saurait devenir la règle. Rappelons que face à de telles pratiques, sans les amendements que Marie Georges Buffet a dû déposer à titre personnel, le Front de Gauche aurait totalement renoncé à ses engagements sur le mariage pour tous, la PMA, et autres positions pourtant définies en commun par le programme « l’humain d’abord ».
Le Parti de Gauche déplore l’illusion que charrient les récentes prises de position personnelles de quelques dirigeants communistes qui pensent régler le terrible problème du naufrage de la politique du gouvernement Ayrault par des bonnes manières avec le PS. Cessons de donner au PS le moyen d’opposer ceux qui respectent les positions communes et le devoir de lutte avec ceux qui sollicitent leurs compliments. N’est-ce pas assez que le secrétaire national du PS Carvounas, celui-là même qui a comparé le PCF au Front National, félicite Olivier Dartigolles dans le débat sur la loi d’amnistie pour l’opposer aux mises en garde que Jean-Luc Mélenchon adresse à ceux qui refuseraient de voter cette loi ?
La cohérence et la cohésion du Front de gauche dépend de sa ligne d’action clairement indépendante des sociaux libéraux. Toute tentative pour s’accommoder de leurs abandons est une faute !
Loi d’amnistie amendée : on lâche rien !
La loi présentée par le FDG portant sur l’amnistie sociale a été votée ce mercredi au Sénat. Pour reprendre les termes de la Présidente du groupe CRC FDG, Eliane Assassi, hier au rassemblement devant le Sénat, elle a été « arrachée » au groupe PS par la mobilisation syndicale et politique.
C’est une satisfaction pour tout le Front de Gauche, sénateurs et militants, qui se sont bien battus depuis des jours malgré les réticences affirmées par plusieurs ministres et responsables PS. Des dizaines de militants vont ainsi en bénéficier.
Hélas, les sénateurs PS et PRG ont cru bon de dénaturer en grande partie cette loi à coup d’amendements. Ils en ont notamment exclu tous les militants agissant dans d’autres domaines que le syndicalisme et le logement. Exit notamment l’environnement et les droits des migrants, donc les faucheurs d’OGM, désobéissants, antipubs, militants antinucléaires, Notre Dame des Landes, ligne THT, Base Elèves et RESF…
La loi peut désormais être présentée à l’Assemblée Nationale.
Nous exigeons du gouvernement qu’il l’inscrive rapidement à l’ordre du jour de l’assemblée. D’ici là, on ne peut que conseiller à tous les militants et leurs associations qui ont aujourd’hui été exclus de la loi de se mobiliser vis à vis de leurs députés socialistes et apparentés. Nous serons avec eux. La preuve est faite que nous n’obtiendrons rien, même une loi qui devrait être évidente pour tout parlementaire de gauche, sans forte mobilisation.
Coup de gueule • Indignation, vous en voulez? En voilà
« Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est, pour le peuple et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs »
Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1793, article 35
Que se vayan todos !
Gros rassemblement devant le Sénat cet après-midi pour soutenir la proposition de loi présentée par nos parlementaires Front de gauche sur l’amnistie des militants syndicaux et associatifs. Las, premier mouvement d’énervement : à l’intérieur du Sénat, les rangs sont vides et au final il y a plus de monde dehors que dedans. Un twitt du journaliste Lilian Alemagna (photo ci à côté) nous apprend qu’une vingtaine seulement de sénateurs sont présents en début de séance. Décidément le peuple est dans la rue… Voilà de quoi achever le divorce des citoyens avec les politiques… Élus du peuple, tu parles ! Quelle pitié.
Et au nom de la santé et de l’environnement ? Ben non. Toujours pas.
Heureusement, Annie David, oratrice du FDG, rappelle clairement que la résistance est un droit. Et l’insurrection parfois un devoir. Elle est soutenue par Esther Benbassa d’Europe Écologie les Verts qui indique que « il ne serait pas acceptable de réduire le champ de l’amnistie ». Raté. Car c’est précisément ce qu’a décidé de faire le P »S » avec la complicité habituelle du PRG. C’est d’ailleurs le sénateur PRG Mézard qui monte au créneau pour exclure les faucheurs volontaires d’OGM du champ de la loi. Quelle surprise, c’est un des amendements déposés par le P »S ». Qui sera adopté avec le renfort des sénateurs de droite au nom du « patrimoine scientifique ». C’est oublier un peu vite que les revendications des faucheurs concernent les recherches en milieu non confiné. Hélas ce n’est pas le seul forfait à venir.
Quand défendre l’environnement et soutenir les sans-papiers est un délit pour le P »S »
Leurs amendements sont là, jugez vous mêmes. Ils excluent non seulement de la loi d’amnistie les militants de défense de l’environnement, mais aussi les domaines de l’éducation, de la santé et du droit des migrants. Au revoir les désobéissants, antipubs, militants antinucléaires, THT, Base Elèves et RESF… Et bien sûr le P »S » exclut également d’amnistier les refus de prélèvement d’ADN sur ces « infractions ».
Donc refuser de se faire badigeonner la langue avec un coton tige pour alimenter les fichiers génétiques reste un délit pour les « socialistes ». Putain ça sonne comme un appel à la désobéissance, non ?
Luttes sociales et environnementales : quand le P »S » fait la démonstration par l’absurde que c’est un même combat
Enfin, alors qu’un appel à la vigilance circule dans les réseaux à l’approche de 60 fourgons des forces de l’ordre vers Notre Dame des Landes, dernière précision : un amendement du P »S » demande que l’amnistie s’arrête au 6 mai 2012 . Ah, parce qu’il y a quelque chose qui a changé depuis ? Non mais sérieux. Perdre un œil devant le Parlement Européen ou un doigt à Notre Dame des Landes ? Y avaient qu’à pas manifester.
Voilà voilà. Entre la note issue des services du Ministre de l’Intérieur Valls préconisant une surveillance accrue des milieux écolos et le torpillage en règle par le P »S » de la loi d’amnistie sociale sur l’environnement, une chose est sûre. On a désormais la confirmation que le gouvernement a compris que l’écologie et la résistance se conjuguaient au présent. J’imagine que les camarades écolos qui étaient favorables à participer à un gouvernement dirigé par le P »S » s’étranglent ? Mais jusqu’où… Colère.
Amis, l’ère de l’écologie de combat est ouverte.
Alors pitié on arrête tout de suite les blablas main sur le cœur de tous les nouveaux amis de Stéphane Hessel. Le meilleur hommage à tous les résistants est dans l’action, la lutte et la solidarité.
Et même si on n’est pas amnistiés, vous savez quoi ? Même pas peur.
Photos : Lilian Alemagna, Alternatifs 44, Nathanael Uhl et PG 67
Lire les autres articles du blog de Corinne Morel Darleux.
Espagne • Le PGE a participé à l’immense Marée Citoyenne qui a secoué plusieurs villes espagnoles le 23F
Le 23 février, des membres de la direction du PIE ont participé à une grande manifestation qui a secoué plusieurs villes espagnoles. Des centaines de milliers de personnes, invitées par le Collectif Marée Citoyenne, qui regroupe plus de 300 collectifs, parmi lesquels Izquierda Unida et le PCE, la Marée Verte de l’Éducation, la Marée Blanche de la Santé, des victimes d’expulsions, le 15M, etc. sont descendus dans la rue dans 80 villes espagnoles pour protester contre la corruption et les coupes budgétaires et en défense des services publics.
Marisa Matías, avec d’autres membres de l’Exécutif du PIE comme Céline Meneses du Front de Gauche et des membres de la direction d’autres partis comme Die Linke, le Bloco de Esquerda, Synaspismos, AKOA, le Parti Communiste Français, l’Alliance de la Gauche Finlandaise et, bien entendu, le Parti Communiste Espagnol et Izquierda Unida , ont voulu manifester leur réprobation contre la politique de coupes budgétaires et la dictature des marchés qui s’impose en Europe et qui porte atteinte à l’état de bien-être.
Le jour choisi par les organisateurs de cette énorme mobilisation citoyenne fut précisément le 23 février, date anniversaire du coup d’État raté, il y a 32 ans. Les organisateurs considèrent que nous sommes aujourd’hui face à un autre coup d’état, financier celui-là, qui est l’origine de cette politique de coupes imposée par les marchés. Ce n’est pas pour rien que l’un des slogans les plus repris a été « Ce n’est pas de la corruption, c’est du capitalisme ». On a aussi revendiqué le non-paiement de la dette en passant devant la Banque d’Espagne, les manifestants ont crié massivement : « Nous ne devons rien, nous ne payons pas ».
Les organisateurs de cette grande mobilisation étatique ont déclaré que cette manifestation du 23-F est seulement un point de départ et que, maintenant, l’objectif est clair : ne pas renverser un gouvernement sinon renverser une façon de gouverner.
2013 • 2013.02.23 – Manifestation Madrid
Enseignement supérieur et Recherche : la continuité à défaut de ruptures
La déclinaison de l’austérité dans l’enseignement supérieur et la recherche conduit là aussi à des votes à l’italienne. Ce lundi 25 février, le Conseil national de l’enseignement supérieur et de la recherche (CNESER) s’est exprimé sur le projet de loi présenté par la Ministre Geneviève Fioraso par 20 voix pour, 20 contre, 8 abstentions et 4 refus de vote.
Là où la ministre se targue d’un soutien inédit au projet, ce vote témoigne d’abord du refus de la communauté universitaire de poursuivre au pas cadencé la marche lancée par le processus de Bologne en 1999, accélérée par la LRU de Nicolas Sarkozy et qui a pour but la convergence du modèle français vers le modèle anglo-saxon. Ce but est décliné par le programme européen « l’horizon 2020 » qui finance les activités de recherche liées à l’innovation et la compétitivité autour de 3 thèmes : excellence scientifique, primauté industrielle et défis de société.
Obnubilé par la compétitivité et l’excellence, le gouvernement préfère rapprocher encore plus le fonctionnement de nos universités de celui des universités anglo-saxonnes, perdant ainsi l’occasion de rassembler la communauté universitaire autour des besoins sociaux pour renforcer son caractère de service public fondé sur le modèle républicain.
Pour le Parti de Gauche, il est plus que temps de refermer définitivement la parenthèse ouverte par la LRU, qui a dégradé les conditions de travail des personnels et des étudiants et conduit nos universités à la faillite. Au lieu de cela, le gouvernement s’engouffre dans la brèche ouverte par la loi Pécresse en préparant la régionalisation de l’enseignement supérieur et de la recherche.
Déplorant ce choix, le Parti de Gauche invite l’ensemble des citoyens à s’emparer de cette question, dans le cadre des ateliers législatifs du Front de Gauche, pour construire un projet faisant de l’enseignement supérieur et de la recherche un bien commun du peuple et non une arme pour la guerre économique que le système néo-libérale tente de nous imposer.
Presque 5 millions de chômeurs mais le gouvernement s’obstine dans l’austérité
Les derniers chiffres du chômage rendent encore plus invraisemblables les propos du ministre du travail qui s’obstine à déclarer que le gouvernement a toujours comme objectif d’inverser la courbe d’ici la fin de l’année. Les fins de CDD, d’intérim et les ruptures conventionnelles explosent montrant ainsi toute leur nocivité.
Mais visiblement, cette facilité pour renvoyer des salariés ne suffit pas au Medef. Il exige encore plus de possibilité de licenciements avec l’accord « made in medef » qu’il a obtenuet que le gouvernement s’obstine à vouloir transposer dans la loi.
Pour Michel Sapin la hausse du chômage est dû au recul de l’activité économique. Quelle géniale découverte, il faut au moins qu’il soit ministre pour arriver à cette conclusion ! Depuis des mois, le Parti de Gauche le dit : l’austérité ne peut avoir comme conséquence que la hausse du chômage.
Pour ceux qui n’entendent pas les souffrances du peuple qu’il regarde ce qui se passe en Italie : quoi que l’on puisse dire de la manière, le peuple italien vient de dire massivement « que tous les fanatiques de l’austérité s’en aillent ».
Le Parti de Gauche le répète : pour inverser la courbe du chômage, la seule solution est de rompre avec l’austérité.
Le Medef ne fera pas la loi
Gouvernement • Le 3ème plan d’austérité
Dans le monde aveuglé et borné des libéraux, le fossé se creuse entre les affichages et les faits. Ainsi François Hollande a-t-il dénoncé en Grèce « l’austérité sans fin » tout en saluant des « efforts » qui représentent la plus terrible cure d’austérité jamais appliquée en Europe. Ainsi Pierre Moscovici entrevoit-il la « reprise » là où l’économie française s’enfonce de manière dramatique dans la récession. Ces dénis servent à justifier l’obstination du gouvernement à avancer dans la voie de l’austérité à tout prix. En préparant un nouveau plan d’austérité.
La catastrophe annoncée se réalise
La Grèce illustre de manière extrême le bilan de l’austérité, appliquée ici grâce à 9 plans successifs des sociaux-démocrates et des libéraux appuyés par l’UE et le FMI : une récession de 6% en 2012, le tiers de la richesse du pays détruit en 4 ans, le chômage qui touche officiellement 27% de la population et plus de 60% des jeunes. La France n’en est pas encore là. Mais elle en prend le chemin sous l’effet des 4 plans d’austérité qu’elle a déjà subis : 2 plans d’austérité Fillon-Sarkozy pour 19 milliards de coupes, un premier plan de Hollande dans le budget 2013 pour 37 milliards de coupes et un 2ème plan dit de compétitivité appliqué à partir de 2014 et qui doit porter à 60 milliards les coupes dans les dépenses publiques d’ici 2017. Trois fois plus fort que ce qu’avaient prévu Sarkozy et Fillon ! Avec des résultats eux aussi démultipliés : une croissance pour 2013 passée de 1,2% à 0,8 % puis 0,1%. Et un chômage qui devrait non seulement continuer à augmenter en 2013, en touchant un demi-million de travailleurs supplémentaires, mais aussi en 2014.
Le modèle allemand dans le mur
Quant à l’Allemagne, chef d’orchestre des politiques d’austérité en Europe, elle est aussi touchée de plein fouet. Au dernier trimestre 2012, son économie s’est ainsi contractée deux fois plus fort que celle de la France. Et ses sacro-saintes exportations reculent. C’est la conséquence logique de l’austérité généralisée : les commandes s’effondrent en Europe avec les revenus des travailleurs et les dépenses publiques. Cela n’empêche pas les conservateurs allemands de redoubler d’arrogance contre le reste de l’Europe. A l’image du vice-président du groupe CDU au Bundestag qui vient de qualifier la France d’ « enfant à problèmes de l’Europe ». Un vocabulaire qui rappelle tristement celui employé outre-rhin avant les deux guerres mondiales. La brutale accélération de la récession crée ainsi les conditions pour que la crise économique et sociale se mue très rapidement en crise politique et géopolitique en Europe.
Hollande plus fort que Papandréou !
En parfait converti au libéralisme, le ministre Pierre Moscovici a qualifié vendredi 22 février les dernières remontrances de la Commission européenne contre la France de « message hyper intelligent et équilibré ». Et il a repoussé à 2014 la limite pour atteindre les 3% de déficit public. Comme la prévision de la commission européenne table sur 3,9% de déficit à cette date, il faudrait donc couper 0,9 points de PIB supplémentaires d’ici 2014, soit près de 20 milliards. Bien sûr c’est une logique comptable absurde. Car les coupes alimentent la récession et creusent donc le déficit. Mais en disciple zélé de cette sinistre politique de la saignée, Moscovici a annoncé que de nouvelles mesures d’économies étaient « déjà décidées » et seraient précisées d’ici la fin du mois de mars. Ces mesures sont en réalité avancées par petites touches par le gouvernement depuis 10 jours. Elles dessinent le 3ème plan d’austérité de Hollande. 3 plans en moins d’un an, c’est déjà plus encore que ce qu’avait fait Papandréou à ses débuts. Et Cahuzac annonçait ce lundi un quatrième plan pour trouver six milliards de recettes en 2014 « dans la poche des uns, des autres, de tout le monde »
Le contenu du 3ème plan d’austérité
Passées inaperçues grâce à un habile saucissonnage, ces mesures d’économies touchent tous les secteurs :
- Les collectivités locales avec 1,5 milliard de coupes supplémentaires dans leurs dotations en 2014-2015, annoncées par surprise par Jérôme Cahuzac à la stupeur générale des représentants des associations d’élus.
- Les dépenses de l’Etat aussi, avec 5 milliards de coupes supplémentaires dans les budgets des ministères pour 2014, alors que personne ne sait encore comment les coupes déjà prévues seront appliquées dans le cadre de la Modernisation de l’Action Publique, nouveau nom de la RGPP.
- Et enfin la protection sociale avec un cocktail sans précédent de recul des droits : désindexation, c’est-à-dire baisse, des retraites, dégressivité des allocations chômage et taxation des allocations familiales. Ces pistes avancées notamment par la Cour des comptes correspondent comme par hasard aux secteurs dans lesquels Moscovici a annoncé la préparation de réformes. Celles-ci seront précisées au printemps et finalisées à l’automne 2013 lors de la discussion parlementaire des budgets 2014.
Cette austérité redoublée nécessite une résistance décuplée tant au Parlement que dans la rue en 2013 pour préparer celle des urnes en 2014.
Laurent Maffeïs
Partis de Gauche d’Alsace (67 et 68) • Contre le projet de fusion territoriale
Le 7 Avril prochain, les électeurs Alsaciens se prononceront par voie de référendum pour ou contre la Collectivité Territoriale d’Alsace (CTA).
Ce projet de fusion des deux départements Alsaciens (Haut Rhin et Bas Rhin), rendu possible par la loi organique du 16 décembre 2010 autorisant le regroupement des instances territoriales, s’inscrit dans la logique libérale d’une Union Européenne mettant en concurrence les régions.
Ce projet résulte aussi de la volonté de quelques élus locaux (au premier rang desquels le président du conseil régional UMP Philippe Richert) de se constituer une baronnie dans laquelle leurs pouvoirs se verraient renforcés.
Au parti de Gauche, nous refusons cette logique de féodalisation et de démantèlement de la République mise en œuvre par les libéraux car cela constituerait une régression majeure sur le plan social et démocratique.
En effet, cette collectivité, si elle devait voir le jour, se verrait attribuer outre les compétences qui relèvent actuellement de la région et des départements, de nouvelles compétences en matière notamment de coopération transfrontalière, d’économie et d’innovation, de formation, d’éducation, de mobilisation des fonds européens, de langue et culture régionales et de logement.
Plus inquiétant, cette collectivité «disposera d’une capacité réglementaire lui permettant d’adapter l’action publique aux spécificités de l’Alsace»1. Cela permettrait entre autre de conforter les tenants du régime concordataire d’Alsace et Moselle. D’autres «compétences normatives» sont encore laissées en suspens tel que le droit du travail. Il s’agirait donc de réaliser le rêve du Medef de casser le droit du travail, au nom de la compétitivité, pour le rapprocher des aspects les plus régressifs des réglementations en vigueur dans les pays frontaliers de l’Alsace. Ceci est inacceptable et très dangereux pour les salariés Alsaciens.
Derrière ce projet de CTA, ce sont la péréquation financière et la solidarité entre les départements qui sont en jeu. Les transferts de compétences venant de l’État ne seraient pas ou peu compensés par celui ci. Si bien que ce sont de nouvelles politiques d’austérité au niveau régional qui seraient mises en œuvre avec d’inévitables hausses d’impôts et de nouveaux reculs des services publics. L’Alsace pourrait ainsi devenir le laboratoire des politiques austéritaires de l’Union Européenne.
La mise en place de cette collectivité constituerait aussi une régression démocratique, car sous couvert d’économie d’échelle et de simplification administrative, la réduction du nombre d’élus va éloigner les citoyens des décisions qui les concernent.
Le mode de scrutin envisagé -d’une part un scrutin uninominal à deux tours par cantons et d’autre part un scrutin de liste à la proportionnelle par départements- réduira de fait la représentation des différents courants politiques et par là l’expression démocratique. De plus, l’émergence de nouveaux territoires, videra de leurs compétences nos communes, premier échelon de la démocratie.
Enfin, et ce n’est pas le moins inquiétant, nous pourrions assister à l’occasion de ce référendum à la montée en puissance des discours régionalistes non seulement de la part des promoteurs du projet de CTA (UMP, UDI, EELV, et une partie du PS) mais aussi de groupuscules tels «Alsace D’abord» qui attisent et manipulent ce qu’il est convenu d’appeler les particularismes culturels et linguistiques d’une Alsace dont l’histoire est certes complexe mais bien ancrée dans la république Française.
1. Document du Conseil Général du Bas Rhin disponible ici : http://www.bas-rhin.fr/eCommunityDocuments/E34C4D98-631D-459B-AA4E-61C91D2F7BA0/2096/document_conseil-general-bas-rhin-conseil-territorial-alsace-24-novembre-2012.pdf