Sauvons les centres culturels français à l’étranger!

Pour une autre politique culturelle à l’étranger, Non aux restrictions budgétaires qui frappent les centres culturels français ! C’est l’appel que lancent les candidates du Front de Gauche dans la 1ère et 8ème circonscription des Français de l’étranger.

Non content d’apparaître comme le premier gouvernement de gauche à réduire fortement le budget du Ministère de la Culture dans le projet de loi de finance 2013, le gouvernement PS-EELV poursuit le démantèlement du réseau culturel français dans le monde. Il annonce la fermeture de la Maison de France à Berlin et s’inscrit une fois de plus, dans une continuité choquante avec les politiques Sarkozy dans ce domaine : application dogmatique de l’austérité tous azimuts et mise en œuvre de la Révision Générale des Politiques Publiques (RGPP).

« Nous mettrons en œuvre un plan quinquennal de relance de l’action culturelle extérieure de la France » lisait-on dans le programme socialiste en 2012. En oubliant une fois de plus leurs promesses, le gouvernement Hollande et les actuels députés de l’étranger PS-EELV qui ont voté les plans d’austérité, s’attaquent désormais à l’un des fleurons de la coopération culturelle franco-allemande, l’année même de l’anniversaire des 50 ans du traité de l’Élysée.

Dans les années 2000, sous la droite, une première vague de fermetures et de restructurations a ainsi touché de nombreux centres dans le monde : réduction des dotations, suppression de postes, fusion des services culturels des ambassades et des instituts, précarisation scandaleuse des personnels en contrats locaux, marchandisation des programmes culturels en exigeant une augmentation du taux d’autofinancement de ces centres. Près d’un tiers des centres culturels français a fermé dans les années 2000 et la dotation qu’ils reçoivent a baissé de 10% en 2011-2013 par rapport à 2010. Aujourd’hui, cette hémorragie continue.

Le Front de Gauche des Français de l’étranger condamne ces politiques comptables à courte vue et demande à ce que le réseau de coopération culturelle et linguistique dans le monde soit préservé et revitalisé. Celui-ci facilite les rencontres entre les publics et les artistes à travers le monde et reste le vecteur central d’une politique de coopération internationale enviée par de nombreux pays, dans le domaine de la francophonie, du livre, des échanges artistiques, du débat d’idées et du cinéma.

Les candidates du Front de Gauche apportent leur soutien aux personnels en colère de l’Institut de Berlin, au public attaché à ce centre dynamique et appuient les mobilisations que le Front de Gauche Allemagne des Français de l’étranger a entreprises. Elles s’associent à tous les acteurs de la diplomatie culturelle, précaires ou décideurs, qui pensent que cette situation ne peut plus durer.
Les candidates FG aux élections législatives partielles de la Ière et 8ème circo s’engagent à défendre une tout autre logique et à promouvoir à l’Assemblée nationale une vraie politique de gauche pour la culture !

signataires : Céline Clément, candidate Front de Gauche dans la Ière circo de l’étranger ; Michèle Parravicini, candidate Front de Gauche dans la 8ème circo de l’étranger ; Jean-Baptiste Plouhinec, candidat Front de Gauche suppléant dans la Ière circo de l’étranger ; Guillaume Mariel, candidat Front de Gauche suppléant dans la 8ème circo de l’étranger ;

>> Plus d’informations sur le blog de Michele Parravicini

Non à une OTAN économique!

Grand-marche

Voici peu le président Obama a fait resurgir le vieux projet d’installation d’une zone de libre-échange transatlantique renforcée entre l’Union européenne et les États-Unis. Des deux côtés de l’Atlantique, on affirme qu’un accord devrait être conclu dans deux ans.

Ce projet, négocié dans une totale opacité et au mépris des règles démocratiques, avec la totale complicité des instances européennes vise, notamment, à poursuivre le démantèlement du secteur public, des protections sociales, à fragiliser l’emploi et les normes environnementales. Pour le dire clairement, il s’agit de soumettre l’ensemble des conquêtes que les peuples européens ont forgées au cours de décennies de luttes, aux visées mercantilistes des États-Unis et de la Troïka (Union européenne, Banque centrale européenne, FMI). C’est ce qui a été démontré, sur le continent américain, par la mise en œuvre du traité Alena («Association du libre-échange nord-américain») qui voit un pays comme le Mexique, naguère grand producteur de maïs et berceau de cette céréale, devoir maintenant en importer dans une version génétiquement modifiée. En Europe, l’exemple chypriote illustre de façon dramatiquement éloquente l’inhumanité des amères recettes ultralibérales.

Comme si tout ceci n’était suffisamment grave, différents documents préparatoires montrent qu’en plus d’organiser le marché de libre échange le plus vaste de l’histoire de l’humanité, ce projet a également des objectifs militaires. On y lit que ce marché sans frontières doit être «sécurisé». Nous savons ce que la «sécurisation» veut dire en langage politique étatsunien. Pas étonnant donc que le Président Obama, par ailleurs, prix Nobel de la paix, l’ait mentionné comme une des grandes priorités de son mandat. Quant à Hilary Clinton, alors Secrétaire d’État, elle parle de ce projet comme d’une «OTAN économique».

Comme bien des mouvements politiques, syndicaux et associatifs, nous disons «non» à ces ambitions impérialistes.

La mobilisation monte dans toute la France • 110 personnalités qui marcheront le 5 mai

Un an après l’élection de François Hollande, l’aspiration à une politique contre la finance et l’austérité et pour une véritable VIème République va se faire entendre avec force dans la grande marche citoyenne du 5 mai contre l’austérité, la finance et pour la 6ème République. Elle suscite en effet déjà une mobilisation militante qui ne laisse pas de doute sur son succès. A titre d’exemple, le seul Parti de Gauche aura distribué 2 millions de tracts et collé plus de 70 000 affiches sans compter les tracts locaux unitaires ou pas. 200 cars dont les 2/3 dans un cadre unitaire partiront de 90 départements et la totalité des régions françaises. On annonce même des cars de Belgique et d’Angleterre. C’est déjà bien plus que ce qui était recensé pour la marche du 30 septembre contre le TSCG

Des appels thématiques et sectoriels à la « marche citoyenne contre l’austérité, la finance et pour la 6ème république » naissent désormais tous les jours. On en recense près de 20 aujourd’hui qui cumulent des milliers de signatures : syndicalistes, économiste, professionnels de la santé, militants associatifs, personnel de l’éducation, culture, jeunes chercheurs, étudiants, pour l’égalité des droits, juristes etc…

A sept jours de la marche, nous publions une première liste de 110 personnalités qui ont déclaré qu’elles seraient présentes entre Bastille et Nation le 5 mai.

Parmi eux se trouvent évidemment des responsables politiques et associatif : Clémentine Autain, Eva Joly, Pierre Laurent, Paul Ariès, Myriam Martin, Jean-Luc Mélenchon ou encore Christian Picquet, Stéphane Lhomme mais aussi Anne Le Strat (porte-parole d’Utopia), les co-présidents de la fondation Copernic Caroline Mecary et Pierre Khalfa

Les syndicalistes représentent souvent les entreprises en lutte qui ouvriront le cortège : Sodimedical, Arcelor-Mittal, Fralib, Air France, Sanofi etc… Plusieurs sont concernés directement par le vote de la loi d’amnistie sociale tels Xavier Mathieu ou Sébastien Migliore… Les personnels de la santé ne seront pas en reste comme l’urgentiste Patrick Pelloux.

De très nombreuses personnalités affichent la diversité de la marche. Ils ou elles sont économistes, écologistes, artistes, gens de la culture, journalistes, intellectuels et scientifiques, juristes…

Les artistes, gens de la culture, journalistes comme Christophe Alevêque, Magyd Cherfi, Annie Ernaux, Robert Guédidjan, Patrick le Hyaric, Gérard Mordillat, Didier Porte, Marcel Trillat, Ignacio Ramonet, Rydan…

Des économistes, Jacques Généreux, Jean Galdrey, Jean-Marie Harribey, Michel Husson, Jacques Rigaudiat, Dominique Taddei, Dominique Pilhon..

Des intellectuels et scientifiques comme Jacques Bidet, Henri Pena-Ruiz, Lucien Sève, Jacques Testart

Des juristes Evelyne Sire-Marin, Dominique Noguères, Hélène Franco…

De nouvelles listes de personnalités suivront régulièrement d’ici le 5 mai.

Première liste de 110 personnalités qui marcheront le 5 mai

Dominique Adenot, Maire de Champigny, président de l’ANECR

Christophe Alévêque, Humoriste et chroniqueur

Gabriel Amard, Président d’à gauche par l’exemple, Pdt de la communauté d’agglomération Les Lacs d’Essonne

Paul Aries, Directeur de la rédaction du journal La vie est à nous ! / Le Sarkophage et de la revue les Z’indigné(e)s

Gérard Aschieri, syndicaliste

Eliane Assassi, Sénatrice, Présidente du groupe CRC – FDG

Clémentine Autain, Porte-parole de la FASE

Anna Azaria, présidente de Femmes égalité

Marinette Bache, République & Socialisme, conseillère de Paris

Tarek Ben Hiba, Président de la FTCR et CR Ile de France

Jacques Bidet, Philospohe

Martine Billard, Co-présidente du Parti de gauche

Guillaume Blavette, Collectif Stop EPR – Ni Penly Ni ailleurs

Jean-Luc Blindel, Responsable syndicaml dans l’agro alimentaire

Frédéric Boccara, économiste université Paris XIII

Jean-Jacques Boislaroussie, Porte parole des Alternatifs

Alima Boumédienne-Thery, Avocate au Barreau de Paris

Eugenio Bressan, syndicaliste enseignant Ex secrétaire national FSU

Marie-George Buffet, Députée

Lionel Burriello, syndicaliste Arcelor Mittal

Bernard Cassen, Mémoire des luttes

André Chassaigne, Député, Président du Groupe FDG à l’assemblée

Raymond Chauveau, syndicaliste/droit des migrants

Magyd Cherfi,Chanteur

Patrice Cohen Seat, avocat, espace Marx

Jean-Louis Comolli, Cinéaste

Laurent Cordonnier, économiste université Lille 1

Corinne Corinne Morel Darleux, SN du PG chargée de l’écologie

Leila Cukierman, Directrice du Théâtre d’Ivry-Antoine Vitez

Loic Daguzan, Banque de France CGT

Claude Debons, syndicaliste

Angelique Debruyne, Syndicaliste Sodimédical

Bernard Defaix, Militant pour le service public

Jean-Michel Devron, Syndicaliste

Annie Ernaux, écrivain

Ernest Pignon, artiste plasticien

Guillaume Etievant, économiste expert auprès des CE

David Flacher, Porte-Parole d’Utopia

Philippe Foulquié, consultant culturel

Hélène Franco, Magistrate, syndicaliste

Jacqueline Fraysse, Députée

Bernard Frize, compositeur

Bernard Friot, économiste IDHE Paris Ouest

Jean Gadrey, économiste université Lille 1

Gilbert Garrel, responsable syndical

Jacques Généreux, économiste sciences po paris

Karl Ghazi, syndicaliste

Robert Guediguian, Cinéaste

Jeannette Habel, universitaire

Jean-Marie Harribey, économiste université Bordeaux 4

Michel Husson, économiste

Nordine Idir, Secrétaire national du MJCF

Eva Joly, Députée Européenne EE-LV

Pascal Joly, syndicaliste cheminot

Pierre Khalfa, coprésident de Copernic

Pierre Laurent, Secrétaire national du PCF, sénateur.

Stéphane Lavignotte, militant écologiste

Patrick Le Hyaric, Directeur de l’Humanité, député européen

Matthieu le Quang, Enseignant chercheur à l’Instituto de Altos Estudios Nacionales de Quito (Equateur)

Anne Le Strat, adjointe au Maire de Paris, porte-parole d’Utopia

Frédéric Lebaron, Sociologue, université d’Amiens

Didier Le Reste, Co-animateur du Front des Luttes

Stéphane Lhomme, Directeur de l’Observatoire du Nucléaire

Dominique Liot, Militant Robin des Bois, syndicaliste de l’énergie Toulouse

Michael Loewy, directeur de recherches émérite au CNRS

Roger Martelli, Historien

Myriam Martin, Porte Parole de Gauche Anticapitaliste

Lydia Martins Viana, dirigeante du sport français

Christiane Marty, économiste

Gustave Massiah, économiste, école d’architecture de paris La Villette

Xavier Mathieu, Délégué syndical Conti

Claude Mazauric, Historien

Caroline Mécary, coprésidente de Copernic

Jean-Luc Mélenchon, Co-président du Parti de gauche, Député Européen

Daniel Mermet, Journaliste à France Inter  « La-Bas si j’y suis »

Sébastien Migliore, Syndicaliste poursuivi en justice

Laurence Millet, Sanofi SUD Chimie

Didier Minot, militant associatif

Claudette Montoya, CGT Carrefour

Gérard Mordillat, Écrivain, cinéaste

François Morin, économiste professeur émérite

Dominique Noguères, Avocate au Barreau de Paris militante des droits de l’homme

Daniele Obono, Convergence & Alternative

André Ouzoulias, professeur agrégé honoraire de Philosophie, Université de Cergy-Pontoise (IUFM)

Willy Pelletier, secrétaire national de Copernic

Patrick Pelloux, Urgentiste

Henri Pena-Ruiz, Philosophe et écrivain

Gilbert Pernet, réalisateur « Walter, retour en résistance », « De mémoires d’ouvriers »

Jean-Claude Petit, Compositeur

Christian Picquet, Porte Parole de gauche Unitaire

Christian Pierrel, Porte-Parole national du PCOF

Guillaume Pigeard de Gurbert, philosophe

Dominique Pilhon, économiste université Paris 13

Jean-Paul Pollin,économiste université dOrléans

Hugo Pompougnac, Secrétaire national de l’UEC

Didier Porte, Humoriste et chroniqueur

Christophe Ramaux, université Paris I

Ignacio Ramonet, journaliste

David Ricatte, Syndicaliste Air France

Jacques Rigaudiat, ancien conseiller social des Premiers ministres Rocard et Jospin;

Jean-Marie Roux, Syndicaliste

Anita Rozenholc, comité de rédaction d’Ecorev

Rydan, chanteur

Laurence Sauvage, co-animatrice Front des Luttes

Lucien Sève, philosophe

Evelyne Sire-Marin, magistrate, syndicaliste

Mylène Stambouli, Avocate au Barreau de Paris militante des droits de l’homme

Dominique Taddéi, ancien président d’université, ancien Président de la Caisse des dépots et consignations;

Jacques Testart, directeur de recherche à l’Inserm

Stéphanie Treillet, économiste

Marcel Trillat, réalisateur

Anne Isabelle Veillot, Secrétaire Nationale du Parti Pour la Décroissance

à la bastille !

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Allo la France ?

Soudain, samedi dernier à 15h, Jean-Marc Ayrault s’est mis à parler en allemand, promu langue de l’Europe austéritaire. C’était un tweet, gazouillis en français (en allemand, j’avoue ne pas savoir). Traduit en langue de fonte nationale, il dit : « L’amitié franco-allemande est indispensable pour redonner un nouvel élan au projet européen et trouver les voies du retour de la croissance ». Ce message codé voulait faire taire les critiques adressées par le PS à Merkel. Un projet de texte destiné à ouvrir le débat de la convention solférinienne sur l’Europe avait été révélé la veille. Il regrettait « l’intransigeance égoïste » de la « chancelière de l’austérité ». Cette charge rappelait les ruses des auteurs victimes de censure. Merkel était ainsi la cible de critiques destinées à d’autres. L’austérité, c’était elle et elle seule. Les « réformes structurelles » dérégulant le marché du travail et allongeant la durée de cotisation pour les retraites, elle uniquement. La baisse des dépenses publiques et le blocage des salaires, personne d’autre. Une politique de l’offre visant la croissance par l’exportation, une autre de ses singularités. A croire que c’est elle qui faisait alors en Chine le service après-vente de l’accord Made in Medef ! Ces habiletés étaient déjà attentatoires à la majesté du couple exécutif. Ayrault a gazouillé, et Cambadélis s’est exécuté promptement, promettant une nouvelle version du texte expurgée de toute référence à Madame Merkel devenue Celle-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom.
Cette péripétie n’est pas seulement ridicule. Elle est grave. La France ferme une porte qui commençait à peine à s’entrebâiller. Signe des craquements actuels au sein de l’Union Européenne, et de la pression qu’exerce sur lui le gouvernement des Etats-Unis catastrophé par la spirale récessive dans l’Union Européenne, Barroso vient pour la première fois d’admettre que les politiques d’austérité atteignent leurs limites. A la place, il propose certes d’aggraver les réformes libérales ! Mais cet aveu devait être saisi pour réorienter les politiques européennes. Il fallait le faire sans tarder car au même moment le gouvernement de Merkel radicalise ses positions. Mardi elle attaquait : « les membres de la zone euro doivent se préparer à céder une partie de leur souveraineté à des institutions européennes s’ils veulent surmonter la crise de la dette souveraine et voir revenir les investisseurs étrangers. (…)Tant que la pression ne sera pas plus forte, certains préféreront suivre leur propre voie. » Jeudi, elle déclarait que l’Allemagne a besoin d’une hausse des taux d’intérêt. Vendredi, la Bundesbank contestait publiquement la BCE coupable de s’être déclarée prête à racheter sans limite les titres de dette sur le marché secondaire, ce qui a arrêté pour l’instant la spéculation sur les dettes espagnole et italienne. Mais samedi, Ayrault gazouillait les charmes du dialogue avec la chancelière.
Le gouvernement conservateur allemand impose l’austérité à toute l’Europe. Or il ne peut y arriver que parce que la France laisse faire. Moscovici se glorifie dans Le Monde de n’avoir jamais cherché une alliance avec les pays du Sud de l’Europe face à Merkel. Cette buse renonce à tout rapport de forces ! C’est aussi pourquoi le pouvoir ne veut pas s’appuyer sur la mobilisation du peuple français qui a voté majoritairement contre l’Europe austéritaire l’année dernière. Tout se tient. Mais dans les deux sens. Tout changement en France sera contagieux. La marche du 5 mai résonnera donc dans toute l’Europe. Une brèche à Paris sera une faille à Bruxelles.

Le gouvernement d’union nationale, stade suprême du néo-libéralisme

Ce week-end a donc vu une offensive politico-médiatique en faveur du gouvernement d’union nationale. S’appuyant sur un sondage Internet bâclé et ficelé pour avoir les réponses souhaitées, les libéraux et chantres de l’austérité de droite comme de gauche ont entonné le même refrain. Il est vrai qu’à force de faire la même politique, ils peuvent donner l’illusion qu’ensemble ce ne serait pas pire…

En réalité le gouvernement d’union nationale c’est la promesse d’une camisole austéritaire renforcée pour les peuples. Tout cela vient de loin. Les socio-libéraux qui, à « gauche » aspirent à cette construction politique ont en réalité pour but d’effacer la gauche du paysage politique en tant que force de transformation. Exactement sur le modèle de ce qui s’est passé en Italie avec le résultat que l’on sait. Il est à craindre que ce projet soit dans la tête de François Hollande ne soit à la manette de ce funeste plan.

Ceux qui refusent cet horizon savent ce qu’ils ont à faire : marcher le 5 mai de Bastille à Nation pour dire non un an après !

La France doit libérer Georges Ibrahim Abdallah !

Georges_ibrahim_abdallah Georges Ibrahim Abdallah est emprisonné en France depuis 29 ans. Chef présumé des Fractions Armées Révolutionnaires Libanaises, organisation alliée au Front Populaire de Libération de la Palestine, il est arrêté en 1984, pour possession de faux-papiers. Deux ans plus tard, il est accusé de complicité dans des attentats commis contre des agents du Mossad et de la CIA, dans le contexte du massacre de centaines de Palestiniens dans les camps de Sabra et Chatila, massacre resté impuni. Il est condamné en France, dans un premier temps à 4 ans de prison pour détention d’armes et de faux papiers, puis à la perpétuité, assortie d’une peine de sûreté de 15 ans pour complicité d’assassinat, en 1987.

Il est libérable depuis 1999. Bien qu’il ait passé quasiment le double de sa peine de sûreté en prison, toutes ses demandes de libération ont été rejetées, alors que la juridiction de la libération conditionnelle a, à plusieurs reprises, ordonné sa libération sous réserve d’expulsion du territoire français. Des représentants états-uniens ont rappelé régulièrement qu’ils s’opposaient à la libération de Georges Ibrahim Abdallah, qu’ils qualifient de terroriste, faisant ainsi pression sur les institutions de la justice française.

Le 21 novembre 2012, le tribunal d’application des peines a une nouvelle fois accordé sa libération à Georges Ibrahim Abdallah. Malgré l’appel du Parquet, puis de la Garde des Sceaux, visant à le maintenir en prison, le jugement de libération a été confirmé le 20 décembre dernier. Pour que la libération soit effective, le Ministre de l’Intérieur devait prononcer un arrêté d’expulsion permettant à Georges Ibrahim Abdallah de rentrer au Liban. Ce que n’a pas fait Manuel Valls. Le 10 janvier 2013, la Cour d’appel de Paris a pourtant confirmé la libération, mais cette décision n’a pas été suivie d’effet.

Le 4 avril 2013, soit plus d’un an après la demande de libération conditionnelle de Georges Ibrahim Abdallah, la Cour de Cassation a cassé l’arrêt de la Cour d’appel de Paris et déclaré irrecevable la demande de libération, au motif qu’il manquait l’arrêté d’expulsion. Cet acharnement politique est indigne de la France, qui se soumet ainsi au bon vouloir des Etats-Unis d’Amérique en maintenant sans raison derrière les barreaux le plus ancien prisonnier politique du pays.

Le Parti de Gauche demande aux Ministres de la Justice et de l’Intérieur d’appliquer le droit, et de libérer cet homme, qui doit recouvrer sa liberté.

La prison illégale de Guantanamo doit fermer !

Guantanamo_prisonniersDepuis le 06 février dernier, près de 130 prisonniers incarcérés dans la prison illégale de Guantanamo ont entamé, en signe de désespoir, une grève de la faim pour protester à la fois contre leur détention arbitraire et contre les mauvais traitement subis. Sur les 166 détenus encore présents, 86 sont pourtant libérables et jugés admissibles pour rentrer dans leurs pays. Parmi eux, Nabil Hadjarab, citoyen algérien incarcéré depuis 11 ans sans qu’aucune charge n’ait été retenue contre lui et libérable depuis 2007 et dont l’état de santé est alarmant.

Ouverte en janvier 2002, cette prison est une zone de non-droits, où des centaines d’hommes, accusés d’être terroristes, y compris sans la moindre preuve ni aucune forme de procès, ont été enfermés dans les conditions les plus précaires et pour une durée indéfinie. C’est une atteinte grave à la Convention de Genève. Cette situation a maintes fois été dénoncée par les Nations-Unies. Il y a quatre ans, Obama, dans le cadre de sa campagne electorale, promettait de fermer cette prison.

Le Parti de Gauche condamne de la façon la plus ferme la violation du droit international par les Etats-Unis qui s’obstinent à laisser ouvert le camp de Guantanamo. Il dénonce l’alimentation forcée des grévistes de la faim assimilée à un acte de torture par la Croix Rouge Internationale. Il demande au gouvernement français d’autoriser l’expulsion de Nabil Hadjarab vers la France où vit toute sa famille

Conseil de Paris • Les interventions des élus du PG

Conseil-de-paris

Séance du Conseil de Paris des 22 et 23 avril 2013

Notre objectif est de rendre compte, à chaque séance du Conseil de Paris, c’est-à-dire une fois par mois, des positions que les élu-e-s du Parti de Gauche ont prises. Cette lettre n’a pas vocation à être exhaustive, elle a pour but de relayer quelques interventions, vœux et débats qui nous semblent significatifs.

Le dossier du mois

Respectons la loi de 1905 ! Pas de financement public aux lieux cultuels !

Alexis Corbière est intervenu au nom des élu-e-s du Parti de Gauche sur le projet d’Institut des Cultures d’islam (ICI) dans le 18e arrondissement de Paris. Ce projet – qui date de 2006 et représente près de 30 millions d’euros – mélange de fait le culturel et le cultuel pour contourner la loi de 1905. Nous ne pouvons l’accepter car il ouvre la porte à des dérives futures. Il ne respecte pas l’esprit et le sens de la loi de 1905. Il fabrique un monstre politique où la confusion entre le culturel et le cultuel sera la règle. L’argent public n’a pas à participer à la construction d’un lieu de culte. L’article 2 de la loi de 1905 est très clair en affirmant notamment : « seront supprimés du budget (…) des communes, toutes dépenses relatives à l’exercice du culte ».

En cette période où certains s’opposent à la loi au nom de vérités révélées, plus que jamais, le Conseil de Paris doit respecter scrupuleusement, dans l’esprit et dans la lettre, la laïcité. Il n’est pas acceptable qu’il initie une tuyauterie juridique complexe dans le seul but de contourner les principes essentiels de la loi du 9 décembre 1905. Pour voir la vidéo de l’intervention d’Alexis CorbièrePour lire l’article

Réforme des rythmes éducatifs : Pas de privé dans l’école publique !

Pour mettre en place la réforme des rythmes éducatifs, la ville a lancé des appels d’offre et marchés de prestation pour assurer les animations auprès des associations et des entreprises privées ! Danielle Simonnet est intervenue par un vœu sur le sujet. Cette décision révèle l’incapacité de la ville à assurer un périscolaire de qualité dans le cadre de la réforme précipitée des rythmes éducatifs et les choix d’austérité. Danielle Simonnet a dénoncé le possible recours à des entreprises privées pour pallier l’insuffisance de moyens en effectif du service municipal périscolaire. Elle a défendu par ailleurs d’autres partenariats entre le mouvement associatif et d’éducation populaire et le périscolaire municipal, non pas basé sur la substitution du service public (le recours associatif considéré comme moins coûteux) et la mise en concurrence entre les associations, mais sur des financements par subventions et conventions, des projets garants des responsabilités complémentaires des acteurs et respectueux des libertés associatives.

Pour voir la vidéo de l’intervention et lire le vœu…

Débat sur le logement

Un débat était organisé sur la politique immobilière de la Ville de Paris, une délibération portait sur les conventions avec l’Etat relative à la délégation de compétence au Département de Paris en matière d’aides au logement et avec l’Anah (Agence NAtionale de l’Habitat) pour la gestion des aides à l’habitat privé et une autre délibération prévoyait la vente d’un appartement de 119m2 dans le 16e à son locataire…

Ian Brossat est intervenu au nom du Groupe PC PG. Il est essentiel pour nous d’amplifier la politique de préemption de logement afin d’extraire le plus de logement de la spirale de la spéculation immobilière, de se fixer un objectif de 30% de logements sociaux pour 2030 comme cela se fait par exemple à Amsterdam. Nous avons réaffirmé notre refus que les logements sociaux conventionnés (logement occupé existant qui sont « redéfinis » comme logements sociaux mais qui de fait ne correspondent pas à de nouveaux logements sociaux) ne soient pas comptabilisés avec les nouveaux logements sociaux créés. Nous avons également abordé le débat sur l’enjeu de faire moins de PLS (logements sociaux pour les revenus plus aisés, « classes moyennes ») et plus de logements sociaux pour les publics prioritaires. Pour le Front de Gauche il faut non seulement augmenter les minimas sociaux et les salaires, baisser les loyers des logements sociaux pour permettre aux familles aux plus faibles revenus d’avoir accès au logement. Pour les familles dites « classes moyennes », la bataille doit être celle de l’encadrement à la baisse des loyers.

Le Groupe PC PG a défendu et obtenu préemption de l’immeuble du 2, rue de Valenciennes (occupé par Jeudi Noir et le DAL) afin de le transformer en immeuble de logements sociaux : il est urgent de réquisitionner tous les bâtiments vacants ! Voir le vœu

Danielle Simonnet est par ailleurs intervenue contre la privatisation de logements publics, qui plus est dans les arrondissements bourgeois où le manque de logements sociaux est criant. Nous défendons la transformation de ce type de logement en logement social, soutenons les acquisitions de logements dans le diffus, le développement des dispositifs type « Louez solidaire » et la création d’une SEM spécialisée dans l’acquisition de logements en petits lots ou unités séparées. Mais cette délibération a été adoptée malgré notre opposition. Pour voir l’intervention de Danielle Simonnet…

Financer une entreprise privée pour faire le travail de Pôle emploi ?

Pas question !

Danielle Simonnet est intervenue contre la délibération DDEES 49G (Subventions de 756 230 euros à des projets dans le cadre du pôle de compétitivité Cap Digital Paris région, dont 300 000 pour une entreprise concurrente à pôle emploi !) Les élu-e-s sont en désaccord avec ces pôles de compétitivité au service des mises en concurrence des territoires. Dans cette délibération, 300 000 euros sont par ailleurs prévus pour financer la PME Work4, filiale américaine chargée de mettre en relation les demandeurs d’emploi et les employeurs via Facebook et Twitter. La collectivité n’a pas à financer des entreprises privées lucratives en concurrence avec le service public Pôle emploi, qui ne cesse de se dégrader du fait des politiques d’austérité ! Malgré notre opposition, la délibération a été adoptée. Lire l’intervention de Danielle Simonnet…

Droit de vote pour les résidents étrangers dès 2014 !

Danielle Simonnet a de nouveau présenté un vœu pour demander à la mairie de paris d’apposer une banderole en faveur du droit de vote et d’éligibilité des résidents étrangers aux élections locales sur le fronton de la Mairie de paris, comme l’ont fait les mairies du 10e, 11e, 12e et 20e. Mais l’exécutif s’y est opposé… Quel manque de courage ! Ils se rangent hypocritement derrière l’abandon de cette promesse de Hollande… Lire l’intervention de Danielle Simonnet

Arrêtons les discriminations à l’encontre des Roms !

Danielle Simonnet est intervenue sur une délibération en faveur de l’association Emmaüs Coup de main pour financer les actions contribuant à l’insertion des familles Roms. Elle s’est saisie du débat pour dénoncer les politiques discriminatoires d’expulsion des bidonvilles de Roms menées par le gouvernement et a soutenu la nécessité d’organiser une table ronde régionale. En réponse à son intervention, l’exécutif socialiste s’est dit très intéressé par le vœu qu’elle entend présenter au prochain Conseil de Paris en faveur de cette table ronde régionale… Affaire à suivre ! Voir l’intervention…

Ouverture d’aires d’accueil pour les gens du voyage

Enfin, le Conseil de Paris a voté la création d’aires d’accueil pour les gens du voyage ! Trois réserves pour créer des aires d’accueil des gens du voyage ont été inscrites au Plan local d’urbanisme de Paris (PLU) approuvé en juin 2006. Elles sont situées :Route des Tribunes dans le bois de Boulogne (16e arrondissement), Plateau de Gravelle dans le bois de Vincennes (12e arrondissement), sur le site de Bossoutrot (15e arrondissement). La droite s’est déchainée contre, déposant 9 vœux et amendements ! Évidemment, le groupe PC PG a soutenu le projet.

Des moyens pour la Protection Maternelle Infantile (PMI) !

Le groupe PC-PG a voté contre le schéma directeur signé par Jean marie Le Guen pour la PMI. Aucun moyens supplémentaires ne figurent dans ce plan alors que les manques de personnel sont criants pour garantir les besoins actuels et futurs de santé ! (manque de sages femmes, de puéricultrices de secteurs, de psychomotriciennes…) Le schéma signale bien les difficultés des maternités hospitalières. mais le PS préside l’AP-HP et pourrait choisir, au lieu d’accompagner comme il le fait le démantèlement de l’AP-HP, de rétablir les maternités supprimées et d’instaurer un plan en faveur de la gynécologie et la pédiatrie de secteur 1 ! Lors du CTP du 6 avril de la PMI, toutes les organisations syndicales ont voté contre et par notre vote nous exprimons aussi notre refus des politiques d’austérité contre la PMI.

Liberté de militer !

Il y a deux semaines, des distributions de tracts unitaires contre la loi « made in Medef », l’accord ANI, avaient été organisées devant les principales gares parisiennes. Mais les militants ont dû faire face aux forces de l’ordre nous interdisant ces distributions de tracts aux abords des gares, espaces considérés comme privés car dépendant des gare ! Un militant s’était même vu imposé une amende de 75 euros ! Mais à la suite de nos communiqués de presse et du vœu déposé à l’ordre du jour, la SNCF nous a contacté et s’est engagée à retirer l’amende. Nous avons donc retiré notre vœu. Reste à reprogrammer une nouvelle distribution de tracts pour bien vérifier que nous pouvons distribuer devant les gares ! Lire le vœu…

Droits des salariés : supprimons la journée de carence !

Danielle Simonnet a présenté un vœu demandant que dès à présent la Ville de Paris anticipe la décision gouvernementale de supprimer la journée de carence et prenne les mesures afin d’assurer la rétroactivité de la non application à Paris de ce délai de carence. L’exécutif s’est engagé à travers à supprimer la journée de carence à compter du 1er septembre. Il nous a expliqué que pour des raisons techniques il n’était pas possible de la supprimer plus tôt ni de prendre les mesures rétroactives demandées. C’est néanmoins toujours ça de gagner ! Voir la vidéo de l’intervention et lire le vœu déposé…

Une nouvelle école pour l’ilot du Clos dans le 20e !

Danielle Simonnet a présenté en Conseil de Paris le vœu de Jacques Baudrier défendu en conseil d’arrondissement du 20e demandant à la Ville de Paris d’engager la procédure en vue d’acquérir les parcelles du 73 au 75 bd Davout pour réaliser une nouvelle école et une crèche. L’exécutif a présenté un vœu en réponse au nôtre où il s’engage enfin à mettre une procédure préalable à la Déclaration Publique de cette opération afin d’y réaliser une école élémentaire de 10 classes et une crèche de 66 places et une délibération actera cela au prochain Conseil de Paris ! C’est une belle victoire pour toutes celles et ceux qui se sont mobilisés dans le quartier ! Le groupe PC PG a eu raison de s’obstiner sur ce dossier ! Voir la vidéo de l’intervention…

Culture : pour le maintien de la bibliothèque de la Cité des sciences !

La Direction d’Universcience, établissement public qui réunit la Cité des sciences et le Palais de la découverte, a annoncé le 8 février la transformation de la B.S.I., bibliothèque de vulgarisation scientifique et technique d’envergure nationale, en un « Learning center », centre d’apprentissage destiné aux 14-25 ans. Le projet vise donc à réduire de façon drastique le périmètre et l’offre, évacuant de fait les actuelles bibliothèques adultes et jeunesse, la bibliothèque de l’Histoire des sciences, les fonds anciens, le centre de documentation du Palais de la découverte, ainsi que tous les services contingents (prêts, équipements, réparation, gestion), ce qui va ruiner la mission centrale de la B.S.I. : promouvoir la lecture publique à caractère scientifique et technique au sein d’un établissement d’envergure nationale. L’exécutif municipal a présenté un contre vœu de l’exécutif que nous avons refusé car il ne comprenait plus de critique sur le projet en cours…Notre vœu est rejeté.Voir la vidéo de l’intervention et Lire le vœu…

Défendons les centres sociaux !

Risque de fermeture du centre social Le Relais Ménilmontant, par la mise en vente par le diocèse des locaux !

Le diocèse est propriétaire des locaux du centre social Le Relais Ménilmontant dans le 20e et veut mettre en vente ces locaux pour en tirer un bon prix, quitte à faire fermer ce centre social qui travaille à l’implication citoyenne et aux solidarités dans le quartier depuis près de 30 ans ! L’exécutif nous a demandé de retirer le vœu car les négociations sont en cours avec le diocèse pour finalement envisager la prolongation du bail au centre social Relais Ménilmontant, ce que nous avons donc accepté, affaire à suivre !

La fondation la Croix St Simon continue à percevoir nombre de subventions de la ville sur divers projets alors qu’elle a décidé de se retirer du centre social Croix St Simon !

Danielle Simonnet est intervenue pour déplorer la décision unilatérale prise par la fondation La Croix St Simon de se retirer du centre social du même nom. Et la ville continue à subventionner plein d’autres projets que la fondation considère sans doute comme plus « rentables ». La ville n’aurait-elle pas du menacer de stopper les autres financements pour exercer une pression sur la fondation en défense du centre social ?

Lire les interventions…

« Des paroles et des actes » • Comment Mélenchon a terrorisé Pujadas et tué l’émission

JLM des paroles et des actes 25-4-13

Jean-Luc Mélenchon sur le plateau « Des paroles et des actes », le 25 avril 2013 (C.RUSSEIL/FTV).

La peine qu’il faisait David Pujadas face à Jean-Luc Mélenchon. Cette détresse dans ses yeux. Ce désarroi dans le sourire contraint. Cette peur perceptible, visible au-delà du raisonnable…

Il en faut peu pour lire sur le visage d’un journaliste tout-puissant de la télévision, incarnation de la société politique du spectacle, sûr de lui et dominateur d’ordinaire, oui, il en faut peu pour lire la déroute d’un anchorman, d’une émission, d’un système, d’une domination politique, intellectuelle et médiatique…

En vérité, il faut bien le dire, Mélenchon a tué, en une émission, le symbole de l’interviewer politique à la télévision personnalisé par Pujadas, le concept de l’émission « Des paroles et des actes » et la philosophie générale sur laquelle repose le système des émissions politiques à la télévision.

Mélenchon maîtrise l’art de la déconstruction

Pujadas d’abord. Tout au long de l’émission, le présentateur vedette de l’émission a paru tendu, inquiet, angoissé, comme s’il était chargé de manipuler à mains nues un python royal. Tout juste si l’on ne voyait pas perler les gouttes de sueur sur le front. C’est que Mélenchon, seul exemplaire du genre au sein de l’espèce des homos politicus, est un as de la déconstruction.

On l’a déjà dit ici, le leader du Front de gauche est le seul qui ne joue pas la règle du jeu imposée par la télévision en mode Pujadas. Il déconstruit systématiquement les questions qui lui sont posées, en montre les non-dits, les arrières pensées, les manipulations, les chausse-trappes et les pièges.

Cela lui permet de déconsidérer l’interlocuteur, de le réduire en charpie avant même de répondre sur le fond. François Lenglet, « l’économiste » de France 2, en a ravalé plusieurs fois sa maîtrise de lettres.

Emblématique de la déconstruction « mélenchonesque », ce moment où le chef du Parti de Gauche fut interrogé par Pujadas et le placide Jeff Wittemberg sur le voyage de François Hollande en Chine.

Bien évidemment, les deux interviewers entendaient réduire, par cliché et facilité, le débat à la seule question des droits de l’Homme. Afin de montrer que les relations avec ce grand pays qu’est la Chine ne pouvait se réduire à un seul jugement « politiquement correct » sur ce sujet, Melenchon se mit à répéter, de façon amusée, l’expression « droits de l’Homme », ce procédé lui permettant de souligner l’aspect caricatural, réducteur, intellectuellement faible de la question ainsi formulée.

Les deux journalistes étant ainsi réduits, aux yeux des téléspectateurs, à leur dimension automates de l’info fonctionnant par réflexe, il ne lui restait plus qu’à évoquer les sujets qui lui convenait. Du grand art, quand bien même on peut estimer, du point de vue de Mélenchon, qu’un peu moins d’emphase brutale ne nuirait pas au procédé.

Un concept d’émission trop rigide

Cette déconstruction méthodique, méticuleuse et sauvage à la fois, ce dynamitage de toutes les séquences, a mis en évidence ce qui apparaissait en filigrane depuis quelques numéros de DPDA. Le concept de l’émission, trop rigide, trop figé, est mort.

DPDA, c’est fini.

RIP DPDA.

Qu’on ne s’y trompe pas, la relative bonne audience de ce dernier numéro ne tient qu’à la personne de Mélenchon, qui a pris place dans l’imaginaire français dans la galerie des tribuns télévisuels que l’on aime regarder, façon Georges Marchais (ce qui est à la fois un atout et un handicap, mais passons, ce n’est pas le sujet).

Mais cette apparence de succès ne masque pas que le concept n’est plus adapté à des personnalités fades ou de moindre relief. Le format usé de l’émission contraindra trop ou tard ses organisateurs à en limiter le nombre des intervenants tout en privilégiant les bêtes de télévision qui font polémique. Inutile d’en dresser la liste. Tout le monde la connait. En clair, Harlem Désir ne sera jamais l’invité de DPDA…

À l’origine, DPDA reposait sur un postulat simple, reflet de l’époque : confronter les paroles d’un responsable politique à ses actes.

De ce point de vue, DPDA est une émission de l’époque, où la désacralisation du politique engendré par le déclin des idéologies conduit à considérer la politique comme un job comme un autre, à ne plus la percevoir que d’un point vue gestionnaire, d’un point de vue de communicant (Ah ! La séquence peoplede Nathalie Saint-Cricq). Le politique n’est pas plus considéré que ne le serait le directeur du marketing d’une grosse boîte.

Une sorte de Grand O de Sciences-Po

Au fil des émissions, DPDA s’est muée en une sorte de Grand O de Sciences-Po, où le candidat doit enjamber des obstacles qui ressemblent à autant de figures imposées.

Le problème, c’est que le cadre étant trop raide, immuable, congelé, il ne résiste pas à l’usure de la répétition. Saint-Cricq et ses photos de famille des 90’s, Lenglet et ses immuables graphiques, Wittemberg et ses questions prévisibles comme préparées six mois à l’avance. L’intello contradicteur, le politique contradicteur…

DPDA est semblable au film « Un Jour sans fin ». Chaque numéro donne désormais l’impression d’être une sempiternelle rediffusion. Si l’on avait repassé, ce jeudi, la dernière prestation de Mélenchon dans le même cadre, le téléspectateur n’y aurait vu que du feu.

Cet effet de répétition, que permet d’atténuer la présence d’un invité comme Mélenchon, finit par produire une émission excluante parce que trop centrée sur l’économie technique (« regardez mon graphique, il vous montre que la réduction de la marge brute d’autofinancement des entreprises pèse sur l’investissement ») et par conséquent ennuyeuse parce que prévisible, attendue et convenue (« M. Mélenchon, si vous étiez au pouvoir, pourriez-vous faire ce que vous dites ? »

Imaginez un seul instant la perspective d’un DPDA avec Jean-Marc Ayrault. Le cauchemar…

Une émission ontologiquement « de droite »

Enfin, la déconstruction mélenchonienne couplée avec l’usure du concept permet de mettre à jour le défaut majeur de l’émission de France 2. DPDA est une émission de politique où l’on ne parle jamais de politique.

Paradoxe des paradoxes, à l’heure où la France est en proie à une vraie convulsion politique née des débats sur le mariage gay, ce sujet ne fut pratiquement pas abordé dans DPDA. Une fois de plus, il ne fut question que de la parole d’un responsable politique confronté à des données, des statistiques, des chiffres, tous brandis par les différents intervenants au nom d’une sorte de loi supérieure de la pensée conforme qui réduit systématiquement le politique à l’économique.

DPDA est une émission ontologiquement « de droite » en ce que la question du « vivre ensemble », la question centrale du politique, est évacuée parce que considérée implicitement comme réglée : le « vivre ensemble » ne peut se concevoir que dans le cadre d’une économie libérale, dans un monde conservateur triomphant, aux contours aussi immuables et figés que le cadre de l’émission.

Comme le disait Mitterrand « la forme rejoint toujours le fond ». Si DPDA est une émission figée, c’est qu’elle est conçue comme le reflet d’un monde figé dont elle finalement tout à la fois le produit et l’incarnation. C’est en ce sens que Mélenchon, qui refuse ce monde obligé, cette contrainte de fond et de forme, ne peut qu’exploser DPDA, pur produit de l’univers de la domination économique, sociale et sociétale des élites dirigeantes d’aujourd’hui. Mélenchon tue DPDA parce qu’il est dans la discussion, la contestation, la rébellion.

Voilà pourquoi Pujadas semblait avoir tant peur de Mélenchon tout au long de l’émission. Parce qu’il sentait que le dispositif de DPDA, les séquences, les questions, tout ce barnum télévisuel était dévoilé, démasqué, dénoncé par le leader du Front de gauche. Parce que DPDA était mise à nue pour ce qu’elle est, ontologiquement : une émission de droite, conservatrice, libérale, reflet d’une domination de classe, culturelle, sociale et politique qui ne dit pas son nom, et dont son présentateur, Pujadas, est le héraut et le metteur en scène.

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