Hiroshima, l’effet d’une Bombe • #広島市 • Ecosocialisme au Japon, épisode 9 • #エコソシアリズム

HiroshimaDomeQuai_s.jpg 6 août 1945, un matin de guerre en été. Le ciel est clair, le soleil radieux. Il est 8h, la journée commence à Hiroshima, une ville de 350.000 habitants qui longe la Mer intérieure du Japon. Des étudiants et lycéens ont été mobilisés dans la ville pour des travaux de remblais. Des travailleurs, principalement Coréens, ont été amenés de force pour prêter la main. Entre 2000 et 6500 enfants ont été envoyés à la campagne pour fuir les bombardements.
La fin de la guerre est proche, l’état-major États-unien veut en finir avec les forces armées du Japon. Il cherche le coup final. Plusieurs possibilités, militaires et diplomatiques, sont examinées : débarquement terrestre, entrée en guerre de l’URSS contre le Japon… puis rejetées, cette dernière risquant de donner trop de pouvoir aux soviétiques.
L’hypothèse est finalement retenue d’un bombardement atomique, qui permettrait aux États-Unis de justifier les dépenses de recherche dans le domaine du nucléaire militaire auprès de sa population, et surtout de tester les effets grandeur nature de la Bombe A. Le « projet Manhattan », démarré trois ans plus tôt, trouve sa justification. Quatre objectifs possibles sont identifiés, dont Hiroshima et Nagasaki. L’état-major a posé ses conditions : la cible doit être une ville qui n’a pas subi trop de bombardements et d’une certaine superficie, pour pouvoir étudier au mieux les effets de la bombe. Hiroshima présente toutes ces caractéristiques et la ville a en outre un avantage décisif : elle ne détient pas de prisonniers américains.
HiroshimaOldPhoto_s.jpg 8h15, la première bombe atomique de l’histoire de l’humanité est larguée. Elle contient 50 kilogrammes d’uranium 235 et mesure trois mètres. Elle a été surnommée Little Boy et couverte de graffitis et d’injures à destination du peuple Japonais. A 600 mètres du sol, juste au-dessus d’un hôpital, Little Boy explose en produisant l’équivalent d’un deuxième petit soleil dans le ciel d’Hiroshima : une boule de feu de 280 mètres de diamètre, au cœur de laquelle la température avoisine les 1.000.000 °C. L’air se dilate, la pression de l’explosion atteint 19 tonnes / m2.
En un éclair tout brûle, se tord et fond. Tout ce qui se tient sur terre, êtres humains, espèces vivantes et bâtiments, est incinéré sur place dans un rayon de 2 kilomètres. Au-delà se combinent les trois effets de la Bombe A : radiations, chaleur et souffle de l’explosion. Et la pluie noire qui donnera son titre au terrible film 黒い雨 Kuroi ame de Shohei Imamura.
350.000 personnes sont irradiées, brûlées et projetées. Les survivants, les « Hibakusha », développeront pour beaucoup cancers et leucémies. Une loi promulguée en 1957 leur assurera un suivi médical particulier. Mais 140.000 personnes mourront avant la fin de l’année 1945. La plupart des enfants envoyés à l’abri à la campagne sont devenus orphelins.
Le tout n’a duré qu’un instant.
HirsohimaMemorial_s.jpg 22 février 2014, Hiroshima, un beau matin d’hiver. Ciel clair, soleil radieux. A l’endroit même où la bombe a explosé se trouve le Dôme de la Bombe A, conservé en l’état pour mémoire. Plus loin, dans le parc du Mémorial, une flamme allumée dans un temple de Miyajima, censée brûler jusqu’à l’éradication de la dernière arme nucléaire sur Terre. Une arche en hommage aux victimes, et un Musée. Dès l’entrée de celui-ci, le poids de la France dans l’arsenal nucléaire est souligné. Lire la suite sur le blog

Accord avec les Etats-Unis : la tartufferie Le Pen est risible !

MLP1.jpg Cinq ans après que j’ai lancé l’alerte, Marine Le Pen se réveille ! A la veille des élections européennes, elle prétend soudain faire la « guerre » au Grand Marché Transatlantique entre l’Union européenne et les Etats-Unis d’Amérique.

Ce réveil électoraliste ne doit pas faire trop faire illusion. En effet, dans cette « guerre », les amis de Madame Le Pen ont déjà capitulé. En région PACA, vendredi dernier, le groupe FN a voté contre la motion du Front de Gauche qui condamnait ce projet de libre-échange generalisé. La motion a été adoptée avec l’appui des Verts et de certains socialistes dont le président Michel Vauzelle. Le Front national a voté pour le projet avec la droite et d’autres socialistes. De son côté Jean-Marie Le Pen a préféré manquer la réunion du Conseil régional pour ne pas avoir à prendre position.
Mais la bataille contre le nouveau marché unique transatlantique est bien engagée. Avec le vote des conseils régionaux ile de France et PACA ce sont dix sept millions de français qui ont été placés « hors grand marché transatlantique ».

Avec les Verts et de nombreux socialistes, le Front de gauche fait émerger une nouvelle majorité de gauche contre le libre échange et le productivisme qui le sous tend.

Intermittents • Derrière l’épouvantail de l’intermittence, tous les chômeurs

maxnewsworldtwo897288.jpg « Cessons de tirer sur les intermittents ». C’est le titre d’un billet à la une des Echos daté du 24 février signé par l’ex-présidente du Medef, Laurence Parisot. Elle y explique aux lecteurs du quotidien économique qui n’en ont pas forcément l’habitude qu’il ne serait pas sage de faire des intermittents des boucs émissaires. La preuve qu’ils ne sont pour rien dans le déficit de l’Unedic, dit-elle, c’est qu’en 2008, la caisse était alors excédentaire de 4,5 milliards d’euros et qu’en 2010, elle était déficitaire de 2,9 milliards à nombre égal d’intermittents et à montants d’indemnisation équivalents. Mieux, reprenant des thèses syndicalistes extrémistes, elle se livre à une apologie de la solidarité. A ceux (sans doute nombreux dans son entourage) qui lui répètent en boucle que les allocations allouées aux intermittents sont cinq fois supérieures aux cotisations collectées dans le secteur, elle répond par un argument d’ordinaire étranger à la rhétorique patronale. « Où irait-on si l’on se mettait à soupeser au sein de l’Unedic la contribution de chaque secteur d’activité et à évincer ceux qui, sur une certaine durée, afficheraient un solde cotisations-allocations négatif ? » Cette excellente question, on aimerait qu’elle la pose à ses anciens camarades du Medef, qui, manifestement, persistent à penser de la sorte. Il ne faut toutefois pas se méprendre sur la conversion de l’ancienne présidente du Medef. La culture reste pour elle une marchandise et c’est en comptable avisée qu’elle se penche sur le problème. Pas à la manière du président américain, Abraham Lincoln, qui avait lâché à quelques cupides accrochés à leur magot : « si vous trouvez que la culture coûte cher, essayer l’ignorance ! » Il incluait dans sa remarque du social et du civilisationnel. C’est moins évident pour Madame Parisot pour laquelle « l’offre culturelle » est avant tout une « offre économique » juste « pas comme les autres ». A prendre en compte, car « le rayonnement et l’attractivité de notre pays » dépend aussi « de sa production culturelle ». « L’économie et la culture ne sont pas en conflit d’intérêts. Tout au contraire. (…). Elles ont un potentiel de synergies vertueuses tout à fait exceptionnelles. Profitons-en ! ».

Mais – nous y voilà – pour mieux en profiter, il faudrait, « impérativement lutter » contre les « nombreux abus dont fait l’objet le régime d’assurance chômage des intermittents du spectacle. » Pour tout dire, « des plafonnements, des critères différenciés entre les métiers techniques et ceux du spectacle vivant, des simplifications dans les procédures, pourraient largement y remédier. » La « figure emblématique de l’intermittent du spectacle », souligne Madame Parisot, c’est « l’acteur de théâtre ». Ce qui exclut d’emblée beaucoup de monde de l’intermittence, au premier rang les techniciens de l’annexe VIII avant de tronçonner l’annexe X et de faire le tri parmi les artistes. Quant aux simplifications de procédures, les négociateurs du Medef y travaillent. A tout bien considérer, il y a une différence de tactique entre l’ex-présidente et ceux qui l’ont débarquée l’an passé au profit de Pierre Gattaz mais pas de stratégie. Il s’agit plus que jamais de faire la guerre aux salariés.

La renégociation de la convention Unedic offre pour cela un beau champ de bataille. Et le Medef, en enfant gâté auquel on cède tout ces temps-ci, n’a pas fait dans le détail. Il a proposé d’entrée au nom de « l’équité » la suppression pure et simple des annexes VIII et X qui régissent le statut des intermittents, mais aussi l’annexe IV des intérimaires et la révision à la baisse de toutes les dispositions pour le régime général. La presse jusqu’ici s’est focalisée sur les intermittents. C’est plus photogénique et on peut recycler les articles d’année en année. Mais en réalité, tous les salariés privés d’emplois, les précaires, les temps partiels, les chômeurs de courte ou longue durée sont concernés.

Le document-cadre du Medef est explicite. Le système actuel est selon lui « aveugle à la conjoncture économique et à la réalité du marché du travail ». Sans vergogne aucune, l’organisation patronale dont les adhérents multiplient les plans sociaux, les délocalisations et autres restructurations propose des mesures pour « inciter au retour à l’emploi ». Car le chômeur est, on le sait, rétif, paresseux, voire roublard. Il peut, à défaut de retrouver un travail en CDI compenser le montant de ses allocations en exerçant une activité réduite. Horreur : son travail n’est plus qu’une « activité de complément » et les bénéfices qu’il en tire, ajoutés à ses allocations, peuvent parfois égaler voire dépasser son ancien salaire. Pour casser cet « effet d’aubaine » (sic) dont se goinfrent aussi les intérimaires, il faut plafonner de manière drastique le montant de cette combinaison de revenus.

Mais avant tout, pour remotiver le chômeur par nature profiteur, le Medef suggère de baisser les allocations. Si le taux de chômage est supérieur ou égal à 10%, comme aujourd’hui, la période d’indemnisation va courir sur 24 mois (36 pour les seniors). Mais si par bonheur, le chômage passe sous la barre des 10%, la période d’indemnisation va se rétracter à 18 mois (30 pour les seniors). De la même manière, il faudra 4 mois d’affiliation au minimum pour ouvrir ses droits à l’indemnisation comme aujourd’hui si le taux de chômage est égal ou supérieur à 10%. Mais deux mois de plus donc 6 mois si ce taux passe sous les 10%. Autrement dit, dès que la situation s’améliorera un peu statistiquement, elle empirera réellement pour des millions de chômeurs pour qui il sera plus difficile d’être indemnisé et sur une durée plus courte.

En dehors de ces considérations sur le retour à l’emploi et l’équité, le Medef prend le prétexte du déficit et la dette grandissants de l’Unedic. Feignant l’affolement, il agite hystériquement la menace de 40 milliards d’endettement en 2017. N’aurait-il pas remarqué qu’il vide lui-même les caisses en multipliant les emplois précaires et les périodes de chômage d’une part grandissante de la population ? N’aurait-il pas foi non plus dans ce qu’affiche le pin’s de son président Pierre Gattaz qui promet un million d’emplois que devraient libérer les 50 milliards du pacte de responsabilité ? Il se refuse en tout cas à augmenter sa part de cotisation (dont il ne cesse d’exiger la baisse lorsque la caisse est excédentaire) alors même que le record de versement des dividendes sur la planète vient d’être battu. Plus de 1000 milliards de dollars ont été versés en 2013 aux actionnaires, soit une progression de 43% entre 2009 et 2013 ! Et la France, ce pays où il n’est pas possible de faire des affaires, dont le déclin nous est annoncé à chaque JT ne s’en tire en la matière pas si mal avec une troisième place mondiale : 50 milliards distribués à ses actionnaires. A cette aune, il est effectivement urgent d’en finir avec le surcoût estimé des annexes des intermittents (320 millions par an), des intérimaires (340) et de faire les poches des chômeurs actuels et futurs du régime général…

Jeudi 27 février va se tenir une nouvelle rencontre entre les syndicats salariés et le Medef. Pour défendre le statut des quelque 100 000 intermittents et des deux millions d’intérimaires (dont les revenus seraient amputés de 20% en cas de suppression de l’annexe IV), la CGT appelle à une journée de grève et de mobilisation. Un rassemblement organisé par les intermittents et la coordination nationale pour la défense de la culture aura lieu à Palais Royal, à 14h, devant le ministère de la Culture avant de partir en manif vers le siège du Medef.

Municipales : Limoges Terre de gauche

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A Limoges, le Front de Gauche sera présent aux municipales dans la liste autonome « Limoges terre de gauche » conduite par le communiste Gilbert Bernard. Cette liste se place dans la continuité de « Limousin terre de gauche » qui aux régionales de 2010 avait réuni le Front de Gauche et le NPA et obtenu 20,4% des suffrages sur la ville au deuxième tour des élections. Cette expérience avait constitué le prélude de l’élargissement du Front de Gauche à la GA et aux Alternatifs. Le succès de la campagne présidentielle a consolidé cette démarche unitaire : Jean-Luc Mélenchon y a fait 13,22%.
Rappelons que depuis 1977, la gauche se présente ensemble sous l’étiquette PS ! On mesure le sens politique que prend le choix du PCF de partir en liste autonome dans cette ville. Ici, le parti solférinien se veut hégémonique. Ce sont eux qui aux régionales ont rendu l’accord de 2e tour impossible, en prétendant exclure de la liste les candidats du NPA. Le député-maire Rodet, ultra cumulard, prétendument indéboulonnable comme beaucoup d’édiles solfériniens, a pour habitude d’empêcher la parole les élus de gauche qui ne sont pas membres de la majorité : invectives, coupures de micro intempestives…

C’est un grand souffle d’air frais que la liste « Limoges terre de gauche » entend propager dans cette vie municipale sclérosée, à la démocratie inexistante. C’est une liste ouverte, plurielle, unitaire. Outre les candidats issus des formations du FDG, on y trouve des écologistes de gauche, en dissidence d’EELV, des syndicalistes de plusieurs confédérations, des militants associatifs. Elle associe des militants de longue date mais aussi des personnes dont c’est le premier engagement politique dans une campagne dynamique et fraternelle.

C’est l’esprit de « Terre de gauche » tant dans la stratégie que dans le programme : celui de l’indépendance et de l’engagement pour des radicalités concrètes. Le modèle c’est celui de l’autonomie conquérante. Personne dans cette liste ne veut brader ses engagements pour quelques places d’adjoints sans pouvoir réel. Tous nous sommes d’accord pour préserver dans l’enceinte du Conseil Municipal l’indépendance de vote et de parole qui constitue la pratique ordinaire des Conseillers régionaux LTG. L’accord est aussi programmatique, pour porter la lutte contre l’austérité, pour la gratuité, la planification écologique, les services publics, et l’abandon de la LGV Limoges-Poitiers.
La liste rencontre un écho favorable, elle est portée par des militant-e-s ultra motivés. L’opposition de gauche a ici le vent en poupe !

Grand marché transatlantique : La Région IDF dit « non » au GMT

grand marché A l’initiative du groupe du Parti de Gauche et des Alternatifs, le Conseil régional d’Ile-de-France vient de se prononcer pour l’arrêt des négociations sur le Grand Marché Transatlantique. Une bonne nouvelle au moment où François Hollande appelle à accélérer les discussions.

Le 8 juillet 2013, l’Union européenne et les Etats-Unis entamaient des négociations en vue de conclure un accord de libre échange appelé Partenariat Transatlantique de Commerce et d’Investissement (TTIP) surnommé Grand Marché Transatlantique. Initié notamment par les patrons des transnationales, l’administration américaine ainsi que les dirigeants européens libéraux et sociaux libéraux, ce projet permettrait aux multinationales d’attaquer en justice tout Etat ou collectivité locale qui ne se plieraient pas aux normes du libéralisme.

La mobilisation d’organisations citoyennes, syndicales, écologiques et politiques se développe en Europe et aux Etats-Unis. Elle commence à porter ses fruits. A l’approche des élections européennes, la commission européenne a dû annoncer la suspension des discussions sur ces tribunaux d’arbitrage. Il s’agit d’un des aspects les plus scandaleux du texte, car il permet aux entreprises d’attaquer les législations nationales, au motif qu’elles seraient susceptibles d’affecter leurs profits, devant des tribunaux d’arbitrage offshore composé d’experts aux honoraires hors de prix. Les sociétés européennes et américaines utilisent ces procédures d’exception pour contester au nom du sacro saint « profit » les lois votées démocratiquement. Les lois australiennes sur le tabac sont ainsi attaquées par Philip Morris. Il en va de même pour le moratoire québécois sur les gaz de schistes, ou la remise en cause de la privatisation de la santé en Slovaquie.

Enfin, avec ces tribunaux d’exception, Chevron peut attaquer l’Equateur afin d’obtenir de ne pas payer les 18 Millions de $ auxquels il a été condamné par la Cour équatorienne en raison d’une pollution occasionnée par ses forages dans la forêt amazonienne !

Mais à peine annoncé par le commissaire, la suspension des négociations sur les tribunaux d’arbitrage a été démentie par les fonctionnaires de la Commission. Or, les discussions occultes continuent. Cet accord est négocié dans le plus grand secret loin des citoyens, le mandat même des négociateurs est secret. Secret pour tous les citoyens, mais ni pour les lobbys de l’industrie qui sont invités à la table des négociations ni pour les autorités des Etats-Unis qui y ont eu accès grâce à l’espionnage de la NSA. Cette situation ubuesque et scandaleuse n’a même pas conduit les dirigeants européens à stopper les négociations. Au contraire il s’agit pour l’oligarchie européiste de donner toujours plus de gages aux multinationales pour assujettir les peuples aux puissances de l’argent.

On comprend mieux le sens de la visite étatsunienne de François Hollande. Alors que le Président n’a jamais abordé la question de cet accord de libre-échange en France, il a profité de ce voyage pour affirmer au sujet du GMT qu’« Aller vite n’est pas un problème, c’est une solution. Nous avons tout à gagner à aller vite. Sinon, nous savons bien qu’il y aura une accumulation de peurs, de menaces, de crispations. ». Il réaffirme une fois de plus son atlantisme et confirme la soumission française aux Etats-Unis qu’avait initié Nicolas Sarkozy.

Une obéissance complète dans tous les secteurs, et le GMT n’y fait pas défaut. Voilà revenu donc l’argument des peurs irraisonnées du peuple ignare qui ne sait pas ce qui est bon pour lui. Heureusement que des experts sont là pour décider à sa place. Ce refrain, nous l’avons déjà entendu en 2005 lors du référendum sur le TCE, en 2009 pour le traité de Lisbonne et plus récemment encore lors de la ratification du traité Merkozy en contradiction avec toutes les promesses qui avaient pu être faites.

Le «  grand marché transatlantique  » est vendu comme une promesse de prospérité, créatrice de milliers voire de millions d’emplois. C’était les arguments avancés pour vanter l’accord de libre échange entre le Canada, les Etats-Unis et le Mexique (ALENA). Vingt ans après le constat est douloureux : un million d’emploi a été détruit, les conditions de vie et de travail de la grande majorité ainsi que les écosystèmes se sont détériorés, la répression à l’encontre des syndicats et la criminalisation des mouvements sociaux se sont accrus, alors que les inégalités se sont considérablement creusées au profit des 1% les plus riches ! Voulons-nous ici la généralisation de l’exploitation et de la marchandisation des biens communs ?

Cette oligarchie ne recule devant rien pour imposer ses intérêts au mépris de la souveraineté populaire. Les lobbies industriels européens comme BusinessEurope sont à la manœuvre. Ainsi Pascal Kerneis de l’European Service Forum, un lobby qui défend les intérêts de Deutche Bank, IBM ou Vodafone explique qu’il s’agit pour l’industrie de s’opposer à tout accord dans lequel les profits sont « négociés contre des objectifs de politiques publiques, y compris les droits humains et du travail » ! Comme le disait Victor Hugo « C’est de l’enfer des pauvres qu’est fait le paradis des riches »

Il faut agir pour stopper la mise en place de cet accord. Les citoyens et les élus doivent se mobiliser pour faire connaître les dangers du Grand Marché Transatlantique. C’est ainsi que nous avions fait échouer les négociations visant à instaurer l’AGCS, ancêtre du GMT. Dans nos pays, les mobilisations syndicales, associatives et citoyennes ont permis d’éviter les OGM, les viandes aux hormones, les poulets nettoyés au chlore, les animaux clonés. Si ces négociations allaient à leur terme ces années de combat pour nos droits et nos services publics seraient balayés ! Pour en finir avec le GMT, la mobilisation doit avoir la même ampleur. Le mouvement social s’organise au sein d’un collectif, auquel nous participons, initié par ATTAC et la fondation Copernic notamment.
Il est temps que les élus prennent leur responsabilité. Lors de la lutte contre l’AGCS, un mouvement avait été lancé pour déclarer les collectivités locales zone « hors AGCS ». Le Parti de Gauche a décidé de faire de même avec le GMT. C’est dans cet esprit que le groupe Front de Gauche – Parti de Gauche et Alternatifs du Conseil régional d’Ile-de-France a déposé une délibération en ce sens. La délibération demande l’arrêt des négociations, le lancement d’un grand débat national sur le libre-échange et proclame la Région Ile-de-France hors TTIP.

Courage, fuyons !

L’adoption de la délibération a été marquée par la volonté du groupe PS d’éviter le débat. Après avoir échoué à renvoyer notre texte en commission – ce qui aurait purement et simplement signifié son enterrement – ils ont refusé de prendre part au vote.

Pourtant, de nombreux Conseillers régionaux PS ont déjà publiquement pris position pour l’arrêt des négociations du GMT. Ainsi, Guillaume Balas, Emmanuel Maurel et Julien Dray notamment avait déposé un amendement en ce sens lors de la Convention Europe de leur parti en juin dernier. Pourquoi ne pas adopter la même position dans l’hémicycle régional ? Que feraient ces élus s’ils siégeaient demain au Parlement européen ?

24 février 1382

Le 24 février 1382, le peuple de Rouen se lève aux cris de « haro » contre le rétablissement des contributions indirectes sur les marchandises décidé par une ordonnance royale du 15 janvier. Cette nouvelle taxe frappe principalement les denrées de base, le sel et le vin, et donc en premier lieu les pauvres.

Ce sont les ouvriers des draperies qui entament le mouvement. Ils sont 300 rassemblés devant l’Hôtel de Ville au matin. La révolte prend d’abord la forme d’un carnaval : les émeutiers se choisissent un roi qu’ils promènent dans toute la ville, accordant ici et là l’abolition des impôts. Mais assez vite l’émeute se retourne contre les bourgeois. Pris de panique, les notables tentent d’organiser des milices armées tandis que les moins téméraires et les plus nombreux trouvent un refuge précaire dans les couvents de la ville, encore épargnés. Au soir, l’émeute antifiscale se mue en « chasse aux riches ». Le lendemain la bourgeoisie rouennaise, qui a elle aussi, tout à perdre du rétablissement des impôts tente d’apaiser la situation en dépêchant auprès du roi plusieurs ambassadeurs pour solliciter son pardon et la confirmation de la « charte aux Normands », accordée par Louis X en 1315, qui l’exempte d’impôts. Mais au même moment le peuple se soulève également à Paris, c’est « la révolte des Maillotins », et dans le Languedoc avec les « Tuchins ». La répression doit être sévère pour servir d’exemple. Les meneurs de la révolte sont arrêtés, six d’entres-eux décapités et même les cloches du beffroi qui avaient sonné le tocsin, sont démontées. Le 29 mars Charles VI fait une entrée triomphale dans la cité normande et rétabli l’autorité royale par sa sentence : confiscation de la municipalité dont les attributions sont confiées au bailli royal, amende de 150 marcs d’or et rétablissement des impôts.
Si cette insurrection populaire est un échec, elle témoigne néanmoins de la capacité de soulèvement du peuple alors méprisé et tenu à l’écart de la chose publique. Elle préfigure également un rapport de classe dont les insurgés prennent doucement conscience puisque après les représentants du pouvoir étatique (les collecteurs d’impôts), ce sont rapidement les riches qui sont visés.

Grèce: la troika change les règles électorales!

Décidément, les bribes d’imagination qui restent aux gouvernements oligarchiques européens pour tordre la démocratie afin de maintenir à distance, dans une dernière manœuvre, les aspirations populaires, sont bien pâles. Elles n’en sont pas moins révoltantes. Jean-Luc Mélenchon et Martine Billard ont dévoilé aujourd’hui à la presse les nuanciers qui seront utilisés par le Ministre de l’Intérieur pour comptabiliser les listes aux élections municipales. Sans vergogne, ils nient tout simplement l’existence de listes autonomes Front de Gauche et de candidates et candidats FDG non-encartés.

Ces méthodes sont typiquement austéritaires et elles sont à l’oeuvre partout. Regardons ce que subissent les grecs.

Tout le monde sait très bien que le cas de la Grèce est décisif pour l’avenir du continent : d’abord parce qu’il fut un laboratoire chimiquement pur de la stratégie du choc appliquée par la Troïka, ensuite parce que Syriza, qui représente le seul mouvement de combat radical contre la classe dominante constituée des néolibéraux de tous ordres, est en train devenir majoritaire dans le pays, à quelques mois à peine des élections européennes. Si le maillon grec saute, c’est ainsi toute la chaîne austéritaire européenne qui se trouve ébranlée.

Pris de panique, le gouvernement de coalition grec (Pasok et New Democracy) a donc décidé de manipuler sans préavis les règles électorales afin de contrarier les possibilités de renversement politique : il souhaite en effet que les scrutins de liste partidaire soient remplacés par l’élection directe des candidats. Ce qui semble être une simple nuance technique influence en réalité l’issue du scrutin et le visage de la campagne de manière décisive. Choisir la liste de parti, c’est donner la prime aux programmes. Choisir l’élection directe des candidats, c’est privilégier la reproduction des notables installés au détriment du débat public. Cette cynique manœuvre a donc pour seul but non pas de servir la démocratie mais de sauver un gouvernement aux ordres de la Troïka et qui n’a plus la moindre popularité en Grèce, où la récession économique s’aggrave année après année. Ou du moins d’atténuer le revers électoral qui s’annonce.

Les socialistes au pouvoir ne sont pas exempts de ce genre de tambouille pour tenter de dissoudre le moment démocratique que constituent les élections intermédiaires, européennes au premier chef. On se souvient que le PS a toujours milité pour que les élections européennes soient nationalisées : c’est-à-dire que les huit grandes régions qui font office de circonscriptions d’occasion – découpées arbitrairement et qui ne correspondent à rien de cohérent politiquement – soient supprimées afin d’instaurer un scrutin de liste nationale (chaque parti présente sa liste au niveau national et les sièges sont distribués à la proportionnelle).

Ce retour au niveau national aurait permis de mobiliser l’ensemble des citoyens et d’accroître le débat européen dans l’espace public, au moment où l’obéissance suicidaire aux règles austéritaires édictées par une commission sans légitimité électorale ruine l’économie comme la démocratie. Mais, comme d’habitude, corrompu par l’exercice du pouvoir propre à la Ve République, le PS a décidé de s’asseoir sur ses promesses et s’est finalement opposé à remettre en place les règles du jeu, dont il est hélas le seul maître aujourd’hui. Le Parti Socialiste et François Hollande avaient reconnu que ce mode de scrutin était injuste et qu’il fallait revenir au scrutin unique. Le Gouvernement et la majorité s’étaient engagés auprès du PRG notamment, lequel avait déposé une proposition de loi allant dans ce sens. La Proposition de loi PRG avait été adoptée en première lecture au Sénat, avec le soutien du groupe socialiste. Il ne restait donc plus qu’à l’adopter à l’Assemblée Nationale. Avec l’accord du PS, le PRG a utilisé sa niche parlementaire pour déposer la loi, qui fut mise à l’ordre du jour de l’Assemblée Nationale le 28 mars 2013. Mais le texte fut rejeté. En effet, François Hollande avait changé d’avis entre-temps. Objectif : dépolitiser autant que possible le scrutin et jouer sur les baronnies locales sur lequel repose aujourd’hui le Parti socialiste, vaste machine électorale qui ne tient plus que par ses notables.

Le taux d’abstention en 2009 était pourtant de 56,6 % (!). Mais le PS semble bien peu se préoccuper de la vitalité démocratique du pays depuis qu’il est engoncé dans les privilèges du pouvoir. Il a également tenté une autre manoeuvre extraordinaire, celle de supprimer l’envoi de matériel électoral par la poste pour les européennes! C’était une idée brillante conçue dans le cadre du « choc de simplification ». Heureusement cette idée folle n’a pas prospéré car même les euro-béats l’on trouvée insensée.

Le PS a peur de la sanction populaire, lui qui a trahi en ratifiant un traité néolibéral, celui de la concurrence du tous contre tous, pourtant rejeté par un vote souverain en 2005. Mais nous ne nous laisserons pas faire. À nous de mener cette campagne haut et fort, notamment au moment où se négocie en douce le traité transatlantique avec les États-Unis (GMT)*, qui fragilisera un peu plus notre industrie et jettera toujours plus de travailleurs les uns contre les autres, augmentant de manière insupportable la pression du capital sur le travail. Et qui surtout, en consacrant la justice privée via les tribunaux arbitraux, permettra aux grandes multinationales de violer la souveraineté des États aux noms de la liberté d’entreprendre, c’est-à-dire d’exploiter les gens et saccager l’environnement librement. Ces élections doivent donc être l’occasion d’un grand référendum pour l’abandon du Grand marché transatlantique, pour une bifurcation écologique du modèle productif, la rupture avec le projet de classe austéritaire et le recouvrement de la souveraineté populaire. Cette Europe n’est pas la nôtre, celle du peuple, et nous lui désobéirons sans scrupules. Rendez-vous dans les urnes le 25 mai.

*Vous êtes cordialement invités à une réunion publique mercredi soir 27 février où la liste FDG du 12ème arrondissement de Paris, conduite par Alexis Corbière, prendra l’engagement de déclarer la commune HORS-GMT. J’aurai le plaisir d’y faire une présentation des enjeux, aux côtés de l’excellent Raoul JENNAR. C’est à 19h30 à l’EDMP, 8 imp. Crozatier, 75012 Paris.

Lettre ouverte de Françoise Verchère à Manuel Valls

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Monsieur le Ministre de l’Intérieur,

Je vous ai entendu commenter dès samedi soir les événements en marge de la manifestation contre l’aéroport de Notre Dame des Landes et vos propos appellent de ma part quelques réactions et aussi plusieurs questions. .

Sur les chiffres d’abord : vous avez parlé de 1000 casseurs et de 20 000 manifestants dont vous avez dit qu’il fallait les différencier des premiers. Je crois décidément que vos services ont un problème avec le calcul car nous étions beaucoup plus de manifestants et il y avait beaucoup moins de casseurs : disons qu’on pourrait diviser le premier chiffre et multiplier le second par deux au moins pour approcher de la vérité. Mais dans cette affaire d’aéroport, la vérité est décidément malmenée depuis longtemps…

Sur les fameux casseurs : je vous avoue que j’ai été très surprise de comprendre que vos services les connaissaient visiblement bien (vous avez donné des précisions sur leur origine, leur positionnement politique) et même qu’ils savaient ce qui allait se passer. Depuis deux jours, les bruits couraient sur des incidents à venir ; les avocats savaient qu’ils risquaient d’être réquisitionnés pour de nombreuses gardes à vue. Samedi matin, au moment où nous étions avec les tracteurs à l’aéroport de Nantes-Atlantique, les policiers présents nous ont spontanément parlé des « blacks blocs », en nous disant « qu’ils allaient gâcher notre manifestation ».

Je m’étonne donc que « les forces de l’ordre » n’aient pas été au fond plus efficaces puisque cela aurait dû être leur mission, n’est-ce pas ? Puisque l’on sait désormais interdire un spectacle avant même qu’il n’ait lieu, et puisque nous n’avons pas sur la ZAD 1000 casseurs ni blacks blocs, pourquoi ne les avez-vous pas fait arrêter avant leur arrivée ? J’imagine que s’ils sont si dangereux, vous avez certainement des preuves et même des faits graves à leur reprocher ?

Mais peut-être préfériez-vous les arrêter en flagrant délit ? Est-ce pour cela que vous n’avez pas fait protéger l’agence Vinci, située au tout début du parcours de la manifestation, pas plus que des engins de chantier Vinci aussi (car Vinci est partout vous le savez, immobilier, parkings, aéroports…) dont vous saviez qu’ils seraient forcément des cibles ? Est-ce pour cela que la Préfecture n’a autorisé qu’un parcours ridiculement petit, jamais vu jusque là ? Est-ce pour cela que les échauffourées localisées dans un périmètre pourtant restreint ont duré plusieurs heures ? Et au bout du compte combien y a-t-il eu d’interpellations ? Une douzaine seulement…C’est assez curieux et à vrai dire difficilement compréhensible alors que les moyens déployés étaient impressionnants, en hommes et en matériel anti-émeute, alors que la fermeture du centre ville était inédite, alors qu’il y avait vraisemblablement des hommes à vous des deux côtés.

Évidemment les images de « la guérilla urbaine » dont vous avez parlé seront reprises à l’envi plus que celles du char-triton, des 520 tracteurs présents ou des nombreuses familles manifestant paisiblement. Évidemment, cela permettra d’occulter une fois encore le fond du dossier, évidemment le choeur des partisans de l’aéroport poussera des cris horrifiés en rejetant la responsabilité sur les organisateurs de la manifestation.

Organisateurs qui ont pourtant tenté d’éviter l’affrontement en interposant des tracteurs entre l’imposant mur de fer érigé et ceux qui voulaient effectivement en découdre.

Organisateurs dont le métier n’est pas d’assurer l’ordre, vous en conviendrez et à qui il serait malvenu de demander de faire mieux que vous… Organisateurs particulièrement choqués, en tout cas, par les propos du Préfet de Loire-Atlantique qui n’a pas hésité à affirmer que nous « opposants historiques » devions cesser « d’être la vitrine légale d’un mouvement armé ». Je me suis pincée pour y croire…encore un peu de temps et nous finirons nous-mêmes par être tenus pour de dangereux terroristes alors que nous avons participé loyalement au débat public, et à toutes les commissions mises en place. Débat déloyal puisqu’il y a une « vérité officielle » intangible même quand elle est contraire aux faits, aux chiffres et à la réalité. Le Premier Ministre ne reconnaît la validité que de la commission du dialogue à qui il avait donné mission de valider à nouveau le projet, mais refuse de regarder les conclusions accablantes de la commission des experts scientifiques au regard de la loi sur l’eau. Comment croire encore à la parole de l’État ?

En réalité, Monsieur le Ministre, tout cela est très lisible et vieux comme le pouvoir.

Pour discréditer notre combat, et tenter de retourner l’opinion publique qui nous est aujourd’hui favorable, on fera appel à la peur du désordre, on utilisera l’image, déplorable je vous l’accorde, des dégradations commises par les méchants casseurs et on justifiera ainsi une nouvelle opération policière pour aller enfin nettoyer la ZAD de ses « délinquants dangereux », en même temps que de ses tritons et de ses paysans. Il faudra mettre les moyens (ils sont mille, ne l’oublions pas, et les tritons innombrables…) mais vous y êtes peut-être prêts pour que « force reste à la loi »? Permettez-moi de vous le déconseiller car pour que nous, citoyens, acceptions désormais cette clef de voûte théorique de la société, (« la seule violence légitime est celle de l’État »), il faudrait que l’État soit irréprochable, que la loi soit juste et que ses représentants soient dignes du mandat que nous leur avons confié. Vous avez compris, je pense, que ce n’est pas le cas depuis longtemps.

Depuis deux jours, j’ai lu et entendu que le centre ville de Nantes était « saccagé », qu’un commissariat avait été « dévasté », qu’il faudrait du temps pour « panser les plaies de la ville », que les dégâts ne pouvaient pas encore être chiffrés, autant dire que c’était l’apocalypse. Les mots eux-mêmes sont visiblement sens dessus dessous… Puis-je vous suggérer de venir à Nantes pour juger de la situation ? Aujourd’hui dimanche, flottait certes une petite odeur de gaz lacrymogène, mais le tramway roulait et les nantais flânaient. Je ne nie pas les poubelles brûlées, les pavés arrachés, les vitrines brisées et les murs maculés dans le secteur des affrontements. Je déplore ce vandalisme d’autant plus que nous dénonçons par ailleurs le gaspillage d’argent public qu’induirait le transfert de l’aéroport !

Mais je voudrais aussi vous rappeler que samedi des personnes âgées, des enfants ont été noyées sous les lacrymogènes. Et qu’un jeune manifestant a perdu un oeil à cause d’un éclat de grenade assourdissante. Ce n’était pas un casseur. Et cela nous rappelle le même malheur survenu déjà à Nantes, à cause d’un tir tendu de flash ball lors d’une manifestation sans violence devant le Rectorat. Les aubettes seront reconstruites, cela fera même monter le P.I.B mais ce jeune restera, lui, marqué à jamais. Cela m’interroge sur la manière dont les forces de l’ordre utilisent leurs armes et me scandalise davantage que la casse matérielle. Et demain, si le gouvernement persistait dans son projet d’aéroport, la destruction du bocage de Notre Dame des Landes et de la vie qu’il abrite serait elle aussi irréversible.

Il faut arrêter un projet désormais dans l’impasse et régler le problème en prenant la seule décision raisonnable : respecter la loi sur l’eau, améliorer l’aéroport de Nantes-Atlantique et rendre sa sérénité à Notre Dame des Landes pour que la ZAD redevienne une campagne où vivre et travailler. Vous pourrez ainsi, Monsieur le Ministre, vous consacrer aux blacks blocs si vous le jugez indispensable.

Dans l’espoir de votre réponse, je vous assure de mes salutations les plus distinguées,

Françoise Verchère,

Conseillère générale de Loire-Atlantique

« Négociations » Grand Marché Transatlantique

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Notre-Dame-des-Landes • Le parti de l’étranger!

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Crédit photo photosdegauche.fr (stef.burlot)

Les travaux de construction de l’aéroport n’ont pas commencé mais le site de Notre-Dame-des-Landes attire déjà des personnes venues de la France entière et même d’au-delà de nos frontières. Plus de 50 000 manifestants se sont encore retrouvés à Nantes ce samedi pour s’opposer au projet « d’Ayrault-port ». Après avoir monté un dispositif policier qui s’est montré efficace dans le registre de la provocation, Valls a puisé dans le répertoire de son prédécesseur Pasqua pour dénoncer le parti de l’étranger. Pour la droite, le contestataire est en effet un ennemi de la patrie. Sauf bien sûr quand ce sont des bonnets rouges patronaux qui cassent des portiques ou des traditionalistes qui pourchassent nos concitoyens dont la vision de la famille leur déplait. Ceux-là obtiennent satisfaction.

Il est vrai que de nombreux étrangers rodent autour du site prévu pour implanter ce nouvel aéroport. Les plus nombreux sont les actionnaires de Vinci, le groupe qui a récupéré ce juteux « partenariat public-privé » (PPP). 65% des actions de ce mastodonte qui se prétend français sont en effet aux mains de fonds d’investissement étrangers. L’intérêt national est une notion qui leur est étrangère. L’intérêt général de l’humanité aussi. Car le projet d’aéroport est un extraordinaire condensé des impasses du productivisme qui sert désormais de guide officiel au pouvoir. La consternante maxime de François Hollande « l’offre crée la demande » est devenue dans cette zone déjà desservie par un aéroport parfaitement dimensionné « le nouvel aéroport créera le besoin croissant de transport aérien ». Quel que soit l’impact écologique d’une telle croissance.

Si tant de nos concitoyens se sentent concernés par ce dossier c’est qu’ils suivent les organisateurs de la manifestation qui invitent à confronter les « choix faits dans ce projet » « avec les beaux discours grandiloquents sur les économies nécessaires, la transition énergétique, la sauvegarde du climat ». La préservation des écosystèmes ne pâtit pas du manque de citations dans les conférences de presse présidentielles mais du poids des lobbys privés, de la mégalomanie des barons locaux, de la confusion oligarchique de l’intérêt public et des intérêts privés, toutes choses que l’on trouve en raccourci dans ce petit bout de terre humide à 17 km de Nantes. Si c’était un scénario de film, on le jugerait caricatural. Quel casting ! Le PPP y a été préparé par un préfet devenu salarié de Vinci. Le premier ministre se comporte comme un notable qui mobilise les moyens de l’Etat au service de sa vision du développement local. Le groupe Vinci se développe en rachetant à tour de bras des aéroports privatisés par l’Europe austéritaire, se gorge des péages d’autoroute volés au peuple français par des privatisations dispendieuses et se protège en finançant des agents d’influence médiatique comme l’Institut Montaigne.

L’issue du bras de fer à Notre-Dame-des-Landes nous concerne donc tous. Le retrait du projet serait un tournant et une première rupture concrète avec le productivisme. Une telle prise en compte de sa responsabilité environnementale placerait la France à l’avant-poste des nations du monde. Car pour nous la France doit se penser comme une nation universaliste. Pour le pouvoir hélas, les dirigeants du MEDEF sont les nouveaux ambassadeurs du génie français. Le président de Vinci, ancien conseiller de Balladur, est d’ailleurs vice-président de MEDEF international dont il préside de surcroît le comité France-Qatar. Si le parti de l’étranger existait, lui en mériterait la carte !

François Delapierre
Secrétaire national du Parti de Gauche

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