Municipales : Limoges Terre de gauche
A Limoges, le Front de Gauche sera présent aux municipales dans la liste autonome « Limoges terre de gauche » conduite par le communiste Gilbert Bernard. Cette liste se place dans la continuité de « Limousin terre de gauche » qui aux régionales de 2010 avait réuni le Front de Gauche et le NPA et obtenu 20,4% des suffrages sur la ville au deuxième tour des élections. Cette expérience avait constitué le prélude de l’élargissement du Front de Gauche à la GA et aux Alternatifs. Le succès de la campagne présidentielle a consolidé cette démarche unitaire : Jean-Luc Mélenchon y a fait 13,22%.
Rappelons que depuis 1977, la gauche se présente ensemble sous l’étiquette PS ! On mesure le sens politique que prend le choix du PCF de partir en liste autonome dans cette ville. Ici, le parti solférinien se veut hégémonique. Ce sont eux qui aux régionales ont rendu l’accord de 2e tour impossible, en prétendant exclure de la liste les candidats du NPA. Le député-maire Rodet, ultra cumulard, prétendument indéboulonnable comme beaucoup d’édiles solfériniens, a pour habitude d’empêcher la parole les élus de gauche qui ne sont pas membres de la majorité : invectives, coupures de micro intempestives…
C’est un grand souffle d’air frais que la liste « Limoges terre de gauche » entend propager dans cette vie municipale sclérosée, à la démocratie inexistante. C’est une liste ouverte, plurielle, unitaire. Outre les candidats issus des formations du FDG, on y trouve des écologistes de gauche, en dissidence d’EELV, des syndicalistes de plusieurs confédérations, des militants associatifs. Elle associe des militants de longue date mais aussi des personnes dont c’est le premier engagement politique dans une campagne dynamique et fraternelle.
C’est l’esprit de « Terre de gauche » tant dans la stratégie que dans le programme : celui de l’indépendance et de l’engagement pour des radicalités concrètes. Le modèle c’est celui de l’autonomie conquérante. Personne dans cette liste ne veut brader ses engagements pour quelques places d’adjoints sans pouvoir réel. Tous nous sommes d’accord pour préserver dans l’enceinte du Conseil Municipal l’indépendance de vote et de parole qui constitue la pratique ordinaire des Conseillers régionaux LTG. L’accord est aussi programmatique, pour porter la lutte contre l’austérité, pour la gratuité, la planification écologique, les services publics, et l’abandon de la LGV Limoges-Poitiers.
La liste rencontre un écho favorable, elle est portée par des militant-e-s ultra motivés. L’opposition de gauche a ici le vent en poupe !
Grand marché transatlantique : La Région IDF dit « non » au GMT
A l’initiative du groupe du Parti de Gauche et des Alternatifs, le Conseil régional d’Ile-de-France vient de se prononcer pour l’arrêt des négociations sur le Grand Marché Transatlantique. Une bonne nouvelle au moment où François Hollande appelle à accélérer les discussions.
Le 8 juillet 2013, l’Union européenne et les Etats-Unis entamaient des négociations en vue de conclure un accord de libre échange appelé Partenariat Transatlantique de Commerce et d’Investissement (TTIP) surnommé Grand Marché Transatlantique. Initié notamment par les patrons des transnationales, l’administration américaine ainsi que les dirigeants européens libéraux et sociaux libéraux, ce projet permettrait aux multinationales d’attaquer en justice tout Etat ou collectivité locale qui ne se plieraient pas aux normes du libéralisme.
La mobilisation d’organisations citoyennes, syndicales, écologiques et politiques se développe en Europe et aux Etats-Unis. Elle commence à porter ses fruits. A l’approche des élections européennes, la commission européenne a dû annoncer la suspension des discussions sur ces tribunaux d’arbitrage. Il s’agit d’un des aspects les plus scandaleux du texte, car il permet aux entreprises d’attaquer les législations nationales, au motif qu’elles seraient susceptibles d’affecter leurs profits, devant des tribunaux d’arbitrage offshore composé d’experts aux honoraires hors de prix. Les sociétés européennes et américaines utilisent ces procédures d’exception pour contester au nom du sacro saint « profit » les lois votées démocratiquement. Les lois australiennes sur le tabac sont ainsi attaquées par Philip Morris. Il en va de même pour le moratoire québécois sur les gaz de schistes, ou la remise en cause de la privatisation de la santé en Slovaquie.
Enfin, avec ces tribunaux d’exception, Chevron peut attaquer l’Equateur afin d’obtenir de ne pas payer les 18 Millions de $ auxquels il a été condamné par la Cour équatorienne en raison d’une pollution occasionnée par ses forages dans la forêt amazonienne !
Mais à peine annoncé par le commissaire, la suspension des négociations sur les tribunaux d’arbitrage a été démentie par les fonctionnaires de la Commission. Or, les discussions occultes continuent. Cet accord est négocié dans le plus grand secret loin des citoyens, le mandat même des négociateurs est secret. Secret pour tous les citoyens, mais ni pour les lobbys de l’industrie qui sont invités à la table des négociations ni pour les autorités des Etats-Unis qui y ont eu accès grâce à l’espionnage de la NSA. Cette situation ubuesque et scandaleuse n’a même pas conduit les dirigeants européens à stopper les négociations. Au contraire il s’agit pour l’oligarchie européiste de donner toujours plus de gages aux multinationales pour assujettir les peuples aux puissances de l’argent.
On comprend mieux le sens de la visite étatsunienne de François Hollande. Alors que le Président n’a jamais abordé la question de cet accord de libre-échange en France, il a profité de ce voyage pour affirmer au sujet du GMT qu’« Aller vite n’est pas un problème, c’est une solution. Nous avons tout à gagner à aller vite. Sinon, nous savons bien qu’il y aura une accumulation de peurs, de menaces, de crispations. ». Il réaffirme une fois de plus son atlantisme et confirme la soumission française aux Etats-Unis qu’avait initié Nicolas Sarkozy.
Une obéissance complète dans tous les secteurs, et le GMT n’y fait pas défaut. Voilà revenu donc l’argument des peurs irraisonnées du peuple ignare qui ne sait pas ce qui est bon pour lui. Heureusement que des experts sont là pour décider à sa place. Ce refrain, nous l’avons déjà entendu en 2005 lors du référendum sur le TCE, en 2009 pour le traité de Lisbonne et plus récemment encore lors de la ratification du traité Merkozy en contradiction avec toutes les promesses qui avaient pu être faites.
Le « grand marché transatlantique » est vendu comme une promesse de prospérité, créatrice de milliers voire de millions d’emplois. C’était les arguments avancés pour vanter l’accord de libre échange entre le Canada, les Etats-Unis et le Mexique (ALENA). Vingt ans après le constat est douloureux : un million d’emploi a été détruit, les conditions de vie et de travail de la grande majorité ainsi que les écosystèmes se sont détériorés, la répression à l’encontre des syndicats et la criminalisation des mouvements sociaux se sont accrus, alors que les inégalités se sont considérablement creusées au profit des 1% les plus riches ! Voulons-nous ici la généralisation de l’exploitation et de la marchandisation des biens communs ?
Cette oligarchie ne recule devant rien pour imposer ses intérêts au mépris de la souveraineté populaire. Les lobbies industriels européens comme BusinessEurope sont à la manœuvre. Ainsi Pascal Kerneis de l’European Service Forum, un lobby qui défend les intérêts de Deutche Bank, IBM ou Vodafone explique qu’il s’agit pour l’industrie de s’opposer à tout accord dans lequel les profits sont « négociés contre des objectifs de politiques publiques, y compris les droits humains et du travail » ! Comme le disait Victor Hugo « C’est de l’enfer des pauvres qu’est fait le paradis des riches »
Il faut agir pour stopper la mise en place de cet accord. Les citoyens et les élus doivent se mobiliser pour faire connaître les dangers du Grand Marché Transatlantique. C’est ainsi que nous avions fait échouer les négociations visant à instaurer l’AGCS, ancêtre du GMT. Dans nos pays, les mobilisations syndicales, associatives et citoyennes ont permis d’éviter les OGM, les viandes aux hormones, les poulets nettoyés au chlore, les animaux clonés. Si ces négociations allaient à leur terme ces années de combat pour nos droits et nos services publics seraient balayés ! Pour en finir avec le GMT, la mobilisation doit avoir la même ampleur. Le mouvement social s’organise au sein d’un collectif, auquel nous participons, initié par ATTAC et la fondation Copernic notamment.
Il est temps que les élus prennent leur responsabilité. Lors de la lutte contre l’AGCS, un mouvement avait été lancé pour déclarer les collectivités locales zone « hors AGCS ». Le Parti de Gauche a décidé de faire de même avec le GMT. C’est dans cet esprit que le groupe Front de Gauche – Parti de Gauche et Alternatifs du Conseil régional d’Ile-de-France a déposé une délibération en ce sens. La délibération demande l’arrêt des négociations, le lancement d’un grand débat national sur le libre-échange et proclame la Région Ile-de-France hors TTIP.
Courage, fuyons !
L’adoption de la délibération a été marquée par la volonté du groupe PS d’éviter le débat. Après avoir échoué à renvoyer notre texte en commission – ce qui aurait purement et simplement signifié son enterrement – ils ont refusé de prendre part au vote.
Pourtant, de nombreux Conseillers régionaux PS ont déjà publiquement pris position pour l’arrêt des négociations du GMT. Ainsi, Guillaume Balas, Emmanuel Maurel et Julien Dray notamment avait déposé un amendement en ce sens lors de la Convention Europe de leur parti en juin dernier. Pourquoi ne pas adopter la même position dans l’hémicycle régional ? Que feraient ces élus s’ils siégeaient demain au Parlement européen ?
24 février 1382
Le 24 février 1382, le peuple de Rouen se lève aux cris de « haro » contre le rétablissement des contributions indirectes sur les marchandises décidé par une ordonnance royale du 15 janvier. Cette nouvelle taxe frappe principalement les denrées de base, le sel et le vin, et donc en premier lieu les pauvres.
Ce sont les ouvriers des draperies qui entament le mouvement. Ils sont 300 rassemblés devant l’Hôtel de Ville au matin. La révolte prend d’abord la forme d’un carnaval : les émeutiers se choisissent un roi qu’ils promènent dans toute la ville, accordant ici et là l’abolition des impôts. Mais assez vite l’émeute se retourne contre les bourgeois. Pris de panique, les notables tentent d’organiser des milices armées tandis que les moins téméraires et les plus nombreux trouvent un refuge précaire dans les couvents de la ville, encore épargnés. Au soir, l’émeute antifiscale se mue en « chasse aux riches ». Le lendemain la bourgeoisie rouennaise, qui a elle aussi, tout à perdre du rétablissement des impôts tente d’apaiser la situation en dépêchant auprès du roi plusieurs ambassadeurs pour solliciter son pardon et la confirmation de la « charte aux Normands », accordée par Louis X en 1315, qui l’exempte d’impôts. Mais au même moment le peuple se soulève également à Paris, c’est « la révolte des Maillotins », et dans le Languedoc avec les « Tuchins ». La répression doit être sévère pour servir d’exemple. Les meneurs de la révolte sont arrêtés, six d’entres-eux décapités et même les cloches du beffroi qui avaient sonné le tocsin, sont démontées. Le 29 mars Charles VI fait une entrée triomphale dans la cité normande et rétabli l’autorité royale par sa sentence : confiscation de la municipalité dont les attributions sont confiées au bailli royal, amende de 150 marcs d’or et rétablissement des impôts.
Si cette insurrection populaire est un échec, elle témoigne néanmoins de la capacité de soulèvement du peuple alors méprisé et tenu à l’écart de la chose publique. Elle préfigure également un rapport de classe dont les insurgés prennent doucement conscience puisque après les représentants du pouvoir étatique (les collecteurs d’impôts), ce sont rapidement les riches qui sont visés.
Grèce: la troika change les règles électorales!
Décidément, les bribes d’imagination qui restent aux gouvernements oligarchiques européens pour tordre la démocratie afin de maintenir à distance, dans une dernière manœuvre, les aspirations populaires, sont bien pâles. Elles n’en sont pas moins révoltantes. Jean-Luc Mélenchon et Martine Billard ont dévoilé aujourd’hui à la presse les nuanciers qui seront utilisés par le Ministre de l’Intérieur pour comptabiliser les listes aux élections municipales. Sans vergogne, ils nient tout simplement l’existence de listes autonomes Front de Gauche et de candidates et candidats FDG non-encartés.
Ces méthodes sont typiquement austéritaires et elles sont à l’oeuvre partout. Regardons ce que subissent les grecs.
Tout le monde sait très bien que le cas de la Grèce est décisif pour l’avenir du continent : d’abord parce qu’il fut un laboratoire chimiquement pur de la stratégie du choc appliquée par la Troïka, ensuite parce que Syriza, qui représente le seul mouvement de combat radical contre la classe dominante constituée des néolibéraux de tous ordres, est en train devenir majoritaire dans le pays, à quelques mois à peine des élections européennes. Si le maillon grec saute, c’est ainsi toute la chaîne austéritaire européenne qui se trouve ébranlée.
Pris de panique, le gouvernement de coalition grec (Pasok et New Democracy) a donc décidé de manipuler sans préavis les règles électorales afin de contrarier les possibilités de renversement politique : il souhaite en effet que les scrutins de liste partidaire soient remplacés par l’élection directe des candidats. Ce qui semble être une simple nuance technique influence en réalité l’issue du scrutin et le visage de la campagne de manière décisive. Choisir la liste de parti, c’est donner la prime aux programmes. Choisir l’élection directe des candidats, c’est privilégier la reproduction des notables installés au détriment du débat public. Cette cynique manœuvre a donc pour seul but non pas de servir la démocratie mais de sauver un gouvernement aux ordres de la Troïka et qui n’a plus la moindre popularité en Grèce, où la récession économique s’aggrave année après année. Ou du moins d’atténuer le revers électoral qui s’annonce.
Les socialistes au pouvoir ne sont pas exempts de ce genre de tambouille pour tenter de dissoudre le moment démocratique que constituent les élections intermédiaires, européennes au premier chef. On se souvient que le PS a toujours milité pour que les élections européennes soient nationalisées : c’est-à-dire que les huit grandes régions qui font office de circonscriptions d’occasion – découpées arbitrairement et qui ne correspondent à rien de cohérent politiquement – soient supprimées afin d’instaurer un scrutin de liste nationale (chaque parti présente sa liste au niveau national et les sièges sont distribués à la proportionnelle).
Ce retour au niveau national aurait permis de mobiliser l’ensemble des citoyens et d’accroître le débat européen dans l’espace public, au moment où l’obéissance suicidaire aux règles austéritaires édictées par une commission sans légitimité électorale ruine l’économie comme la démocratie. Mais, comme d’habitude, corrompu par l’exercice du pouvoir propre à la Ve République, le PS a décidé de s’asseoir sur ses promesses et s’est finalement opposé à remettre en place les règles du jeu, dont il est hélas le seul maître aujourd’hui. Le Parti Socialiste et François Hollande avaient reconnu que ce mode de scrutin était injuste et qu’il fallait revenir au scrutin unique. Le Gouvernement et la majorité s’étaient engagés auprès du PRG notamment, lequel avait déposé une proposition de loi allant dans ce sens. La Proposition de loi PRG avait été adoptée en première lecture au Sénat, avec le soutien du groupe socialiste. Il ne restait donc plus qu’à l’adopter à l’Assemblée Nationale. Avec l’accord du PS, le PRG a utilisé sa niche parlementaire pour déposer la loi, qui fut mise à l’ordre du jour de l’Assemblée Nationale le 28 mars 2013. Mais le texte fut rejeté. En effet, François Hollande avait changé d’avis entre-temps. Objectif : dépolitiser autant que possible le scrutin et jouer sur les baronnies locales sur lequel repose aujourd’hui le Parti socialiste, vaste machine électorale qui ne tient plus que par ses notables.
Le taux d’abstention en 2009 était pourtant de 56,6 % (!). Mais le PS semble bien peu se préoccuper de la vitalité démocratique du pays depuis qu’il est engoncé dans les privilèges du pouvoir. Il a également tenté une autre manoeuvre extraordinaire, celle de supprimer l’envoi de matériel électoral par la poste pour les européennes! C’était une idée brillante conçue dans le cadre du « choc de simplification ». Heureusement cette idée folle n’a pas prospéré car même les euro-béats l’on trouvée insensée.
Le PS a peur de la sanction populaire, lui qui a trahi en ratifiant un traité néolibéral, celui de la concurrence du tous contre tous, pourtant rejeté par un vote souverain en 2005. Mais nous ne nous laisserons pas faire. À nous de mener cette campagne haut et fort, notamment au moment où se négocie en douce le traité transatlantique avec les États-Unis (GMT)*, qui fragilisera un peu plus notre industrie et jettera toujours plus de travailleurs les uns contre les autres, augmentant de manière insupportable la pression du capital sur le travail. Et qui surtout, en consacrant la justice privée via les tribunaux arbitraux, permettra aux grandes multinationales de violer la souveraineté des États aux noms de la liberté d’entreprendre, c’est-à-dire d’exploiter les gens et saccager l’environnement librement. Ces élections doivent donc être l’occasion d’un grand référendum pour l’abandon du Grand marché transatlantique, pour une bifurcation écologique du modèle productif, la rupture avec le projet de classe austéritaire et le recouvrement de la souveraineté populaire. Cette Europe n’est pas la nôtre, celle du peuple, et nous lui désobéirons sans scrupules. Rendez-vous dans les urnes le 25 mai.
*Vous êtes cordialement invités à une réunion publique mercredi soir 27 février où la liste FDG du 12ème arrondissement de Paris, conduite par Alexis Corbière, prendra l’engagement de déclarer la commune HORS-GMT. J’aurai le plaisir d’y faire une présentation des enjeux, aux côtés de l’excellent Raoul JENNAR. C’est à 19h30 à l’EDMP, 8 imp. Crozatier, 75012 Paris.
Lettre ouverte de Françoise Verchère à Manuel Valls
Monsieur le Ministre de l’Intérieur,
Je vous ai entendu commenter dès samedi soir les événements en marge de la manifestation contre l’aéroport de Notre Dame des Landes et vos propos appellent de ma part quelques réactions et aussi plusieurs questions. .
Sur les chiffres d’abord : vous avez parlé de 1000 casseurs et de 20 000 manifestants dont vous avez dit qu’il fallait les différencier des premiers. Je crois décidément que vos services ont un problème avec le calcul car nous étions beaucoup plus de manifestants et il y avait beaucoup moins de casseurs : disons qu’on pourrait diviser le premier chiffre et multiplier le second par deux au moins pour approcher de la vérité. Mais dans cette affaire d’aéroport, la vérité est décidément malmenée depuis longtemps…
Sur les fameux casseurs : je vous avoue que j’ai été très surprise de comprendre que vos services les connaissaient visiblement bien (vous avez donné des précisions sur leur origine, leur positionnement politique) et même qu’ils savaient ce qui allait se passer. Depuis deux jours, les bruits couraient sur des incidents à venir ; les avocats savaient qu’ils risquaient d’être réquisitionnés pour de nombreuses gardes à vue. Samedi matin, au moment où nous étions avec les tracteurs à l’aéroport de Nantes-Atlantique, les policiers présents nous ont spontanément parlé des « blacks blocs », en nous disant « qu’ils allaient gâcher notre manifestation ».
Je m’étonne donc que « les forces de l’ordre » n’aient pas été au fond plus efficaces puisque cela aurait dû être leur mission, n’est-ce pas ? Puisque l’on sait désormais interdire un spectacle avant même qu’il n’ait lieu, et puisque nous n’avons pas sur la ZAD 1000 casseurs ni blacks blocs, pourquoi ne les avez-vous pas fait arrêter avant leur arrivée ? J’imagine que s’ils sont si dangereux, vous avez certainement des preuves et même des faits graves à leur reprocher ?
Mais peut-être préfériez-vous les arrêter en flagrant délit ? Est-ce pour cela que vous n’avez pas fait protéger l’agence Vinci, située au tout début du parcours de la manifestation, pas plus que des engins de chantier Vinci aussi (car Vinci est partout vous le savez, immobilier, parkings, aéroports…) dont vous saviez qu’ils seraient forcément des cibles ? Est-ce pour cela que la Préfecture n’a autorisé qu’un parcours ridiculement petit, jamais vu jusque là ? Est-ce pour cela que les échauffourées localisées dans un périmètre pourtant restreint ont duré plusieurs heures ? Et au bout du compte combien y a-t-il eu d’interpellations ? Une douzaine seulement…C’est assez curieux et à vrai dire difficilement compréhensible alors que les moyens déployés étaient impressionnants, en hommes et en matériel anti-émeute, alors que la fermeture du centre ville était inédite, alors qu’il y avait vraisemblablement des hommes à vous des deux côtés.
Évidemment les images de « la guérilla urbaine » dont vous avez parlé seront reprises à l’envi plus que celles du char-triton, des 520 tracteurs présents ou des nombreuses familles manifestant paisiblement. Évidemment, cela permettra d’occulter une fois encore le fond du dossier, évidemment le choeur des partisans de l’aéroport poussera des cris horrifiés en rejetant la responsabilité sur les organisateurs de la manifestation.
Organisateurs qui ont pourtant tenté d’éviter l’affrontement en interposant des tracteurs entre l’imposant mur de fer érigé et ceux qui voulaient effectivement en découdre.
Organisateurs dont le métier n’est pas d’assurer l’ordre, vous en conviendrez et à qui il serait malvenu de demander de faire mieux que vous… Organisateurs particulièrement choqués, en tout cas, par les propos du Préfet de Loire-Atlantique qui n’a pas hésité à affirmer que nous « opposants historiques » devions cesser « d’être la vitrine légale d’un mouvement armé ». Je me suis pincée pour y croire…encore un peu de temps et nous finirons nous-mêmes par être tenus pour de dangereux terroristes alors que nous avons participé loyalement au débat public, et à toutes les commissions mises en place. Débat déloyal puisqu’il y a une « vérité officielle » intangible même quand elle est contraire aux faits, aux chiffres et à la réalité. Le Premier Ministre ne reconnaît la validité que de la commission du dialogue à qui il avait donné mission de valider à nouveau le projet, mais refuse de regarder les conclusions accablantes de la commission des experts scientifiques au regard de la loi sur l’eau. Comment croire encore à la parole de l’État ?
En réalité, Monsieur le Ministre, tout cela est très lisible et vieux comme le pouvoir.
Pour discréditer notre combat, et tenter de retourner l’opinion publique qui nous est aujourd’hui favorable, on fera appel à la peur du désordre, on utilisera l’image, déplorable je vous l’accorde, des dégradations commises par les méchants casseurs et on justifiera ainsi une nouvelle opération policière pour aller enfin nettoyer la ZAD de ses « délinquants dangereux », en même temps que de ses tritons et de ses paysans. Il faudra mettre les moyens (ils sont mille, ne l’oublions pas, et les tritons innombrables…) mais vous y êtes peut-être prêts pour que « force reste à la loi »? Permettez-moi de vous le déconseiller car pour que nous, citoyens, acceptions désormais cette clef de voûte théorique de la société, (« la seule violence légitime est celle de l’État »), il faudrait que l’État soit irréprochable, que la loi soit juste et que ses représentants soient dignes du mandat que nous leur avons confié. Vous avez compris, je pense, que ce n’est pas le cas depuis longtemps.
Depuis deux jours, j’ai lu et entendu que le centre ville de Nantes était « saccagé », qu’un commissariat avait été « dévasté », qu’il faudrait du temps pour « panser les plaies de la ville », que les dégâts ne pouvaient pas encore être chiffrés, autant dire que c’était l’apocalypse. Les mots eux-mêmes sont visiblement sens dessus dessous… Puis-je vous suggérer de venir à Nantes pour juger de la situation ? Aujourd’hui dimanche, flottait certes une petite odeur de gaz lacrymogène, mais le tramway roulait et les nantais flânaient. Je ne nie pas les poubelles brûlées, les pavés arrachés, les vitrines brisées et les murs maculés dans le secteur des affrontements. Je déplore ce vandalisme d’autant plus que nous dénonçons par ailleurs le gaspillage d’argent public qu’induirait le transfert de l’aéroport !
Mais je voudrais aussi vous rappeler que samedi des personnes âgées, des enfants ont été noyées sous les lacrymogènes. Et qu’un jeune manifestant a perdu un oeil à cause d’un éclat de grenade assourdissante. Ce n’était pas un casseur. Et cela nous rappelle le même malheur survenu déjà à Nantes, à cause d’un tir tendu de flash ball lors d’une manifestation sans violence devant le Rectorat. Les aubettes seront reconstruites, cela fera même monter le P.I.B mais ce jeune restera, lui, marqué à jamais. Cela m’interroge sur la manière dont les forces de l’ordre utilisent leurs armes et me scandalise davantage que la casse matérielle. Et demain, si le gouvernement persistait dans son projet d’aéroport, la destruction du bocage de Notre Dame des Landes et de la vie qu’il abrite serait elle aussi irréversible.
Il faut arrêter un projet désormais dans l’impasse et régler le problème en prenant la seule décision raisonnable : respecter la loi sur l’eau, améliorer l’aéroport de Nantes-Atlantique et rendre sa sérénité à Notre Dame des Landes pour que la ZAD redevienne une campagne où vivre et travailler. Vous pourrez ainsi, Monsieur le Ministre, vous consacrer aux blacks blocs si vous le jugez indispensable.
Dans l’espoir de votre réponse, je vous assure de mes salutations les plus distinguées,
Françoise Verchère,
Conseillère générale de Loire-Atlantique
« Négociations » Grand Marché Transatlantique
Notre-Dame-des-Landes • Le parti de l’étranger!
Crédit photo photosdegauche.fr (stef.burlot)
Les travaux de construction de l’aéroport n’ont pas commencé mais le site de Notre-Dame-des-Landes attire déjà des personnes venues de la France entière et même d’au-delà de nos frontières. Plus de 50 000 manifestants se sont encore retrouvés à Nantes ce samedi pour s’opposer au projet « d’Ayrault-port ». Après avoir monté un dispositif policier qui s’est montré efficace dans le registre de la provocation, Valls a puisé dans le répertoire de son prédécesseur Pasqua pour dénoncer le parti de l’étranger. Pour la droite, le contestataire est en effet un ennemi de la patrie. Sauf bien sûr quand ce sont des bonnets rouges patronaux qui cassent des portiques ou des traditionalistes qui pourchassent nos concitoyens dont la vision de la famille leur déplait. Ceux-là obtiennent satisfaction.
Il est vrai que de nombreux étrangers rodent autour du site prévu pour implanter ce nouvel aéroport. Les plus nombreux sont les actionnaires de Vinci, le groupe qui a récupéré ce juteux « partenariat public-privé » (PPP). 65% des actions de ce mastodonte qui se prétend français sont en effet aux mains de fonds d’investissement étrangers. L’intérêt national est une notion qui leur est étrangère. L’intérêt général de l’humanité aussi. Car le projet d’aéroport est un extraordinaire condensé des impasses du productivisme qui sert désormais de guide officiel au pouvoir. La consternante maxime de François Hollande « l’offre crée la demande » est devenue dans cette zone déjà desservie par un aéroport parfaitement dimensionné « le nouvel aéroport créera le besoin croissant de transport aérien ». Quel que soit l’impact écologique d’une telle croissance.
Si tant de nos concitoyens se sentent concernés par ce dossier c’est qu’ils suivent les organisateurs de la manifestation qui invitent à confronter les « choix faits dans ce projet » « avec les beaux discours grandiloquents sur les économies nécessaires, la transition énergétique, la sauvegarde du climat ». La préservation des écosystèmes ne pâtit pas du manque de citations dans les conférences de presse présidentielles mais du poids des lobbys privés, de la mégalomanie des barons locaux, de la confusion oligarchique de l’intérêt public et des intérêts privés, toutes choses que l’on trouve en raccourci dans ce petit bout de terre humide à 17 km de Nantes. Si c’était un scénario de film, on le jugerait caricatural. Quel casting ! Le PPP y a été préparé par un préfet devenu salarié de Vinci. Le premier ministre se comporte comme un notable qui mobilise les moyens de l’Etat au service de sa vision du développement local. Le groupe Vinci se développe en rachetant à tour de bras des aéroports privatisés par l’Europe austéritaire, se gorge des péages d’autoroute volés au peuple français par des privatisations dispendieuses et se protège en finançant des agents d’influence médiatique comme l’Institut Montaigne.
L’issue du bras de fer à Notre-Dame-des-Landes nous concerne donc tous. Le retrait du projet serait un tournant et une première rupture concrète avec le productivisme. Une telle prise en compte de sa responsabilité environnementale placerait la France à l’avant-poste des nations du monde. Car pour nous la France doit se penser comme une nation universaliste. Pour le pouvoir hélas, les dirigeants du MEDEF sont les nouveaux ambassadeurs du génie français. Le président de Vinci, ancien conseiller de Balladur, est d’ailleurs vice-président de MEDEF international dont il préside de surcroît le comité France-Qatar. Si le parti de l’étranger existait, lui en mériterait la carte !
François Delapierre
Secrétaire national du Parti de Gauche
Soutien aux cheminots de toute l’Europe, NON au 4e paquet ferroviaire
Mardi 25 février à Strasbourg aura lieu devant le Parlement Européen un grand rassemblement de tous les cheminots de l’Union européenne pour dire NON au 4e paquet ferroviaire. C’est en effet aussi à ce moment là que les députés européens devront voter sur ce 4e paquet, qui est une marche de plus franchie vers la libéralisation totale du système ferroviaire en Europe.
Quelle est loin l’Europe ecosocialiste pour laquelle au Parti de Gauche nous nous battons quand on voit ce qui est proposé dans ces textes! C’est clairement la mise en concurrence à l’échelle européenne des activités de transport ferroviaire au détriment des conditions sociales et du service public qui est visée. Les parlementaires européens doivent s’opposer à cette logique stupide qui consiste en la séparation des activités de gestion de réseau des activités de transport de personnes et de marchandises.
Les conséquences seront désastreuses pour les travailleurs comme pour les usagers, puisque les deux formes les deux faces d’une même médaille. Avec le recourt de plus en plus systèmatique à l’intérim et aux contrats précaires , avec la réduction des effectifs et l’augmentation de l’externalisation et de la sous-traitance; c’est le service public qui se voit une nouvelle fois victime de l’Europe austéritaire
La libéralisation du fret ferroviaire a eu pour conséquence sa baisse continue depuis 2006 au profit du transport routier grand émetteur de gaz à effet de serre. Voulons nous voir le transport de voyageurs suivre la même voie?
NON au 4e paquet ferroviaire, NON à la libéralisation du rail et au démantèlement des services publics !
Ayrault partira et son aéroport ne se fera pas
Crédit photo Vincent Christophe Le Roux
La manifestation contre le projet d’aéroport de Notre dame des Landes a été une grande réussite. Preuve est faite que la mobilisation se renforce, loin de s’essouffler comme le pronostiquait le gouvernement de Ayrault et Valls. Elle exprime surtout la montée d’une conscience civique nouvelle en France. Les citoyens n’acceptent plus le productivisme aveuglé et destructeur dont les grands projets inutiles sont l’expression la plus aberrante.
J’ai participé avec Martine Billard et mes camarades du Parti de Gauche à une manifestation familiale, pacifique et bon enfant. Mais il est vrai que le gouvernement pariait sur des violences pour discréditer le mouvement. Il a pris des mesures d’organisation du parcours et de ses abords qui multipliaient les provocations. Bien sûr nous condamnons totalement le recours aux violences et aux dégradations. Mais nous nous n’oublions pas la sauvagerie de la violence déployée contre les cabanes de la zone de résistance à la construction de l’aéroport ! Elle n’avait pas soulevé la même protestation de la part de Valls et Ayrault. Ils avaient même traité les jeunes occupants de « kystes ». Le premier ministre veut faire oublier la réussite de la manifestation. Il veut criminaliser ceux qui s’opposent à lui et à son Grand Projet Inutile. Il veut en profiter pour resserrer la muselière des ministres EELV.
Quand une poignée de « bonnets rouges » patronaux saccagent des portiques ou que des traditionnalistes cassent tout sur leur trajet Ayrault leur cède tout. Mais lorsque 50 000 personnes défilent contre le projet de Jean Marc Ayrault, ce seraient des criminels ?
Rien n’y fera. Une très large majorité des français est opposée à ce projet. Ayrault partira et son aéroport ne se fera pas.
Zéro gaspillage : reprenons en main la gestion des déchets !
Emballages, publicités, objets à usage unique, appareils électroniques dépassés ou cassés… Nos poubelles débordent ! Reprendre en main la gestion des déchets, aujourd’hui confiée à des multinationales qui en tirent profit, c’est possible ? Zero déchets, c’est possible ? De la commune à l’Europe, fixer des objectifs politiques plus contraignants est une nécessité. Un point de vue défendu par des responsables du Front de gauche, dont Danielle Simonnet, candidate à la mairie de Paris.
Les écosocialistes que nous sommes n’auraient pas manqué ça : le premier congrès du mouvement Zero waste (« zéro déchets ») France s’est tenu samedi 1er février à Bobigny, dans l’enthousiasme qui caractérise souvent les acteurs de ce secteur.
Le mouvement Zero waste est mondial. Il milite à la fois pour moins de déchets et moins de gaspillage : un bon début, selon nous ! Il vise à fédérer les actions qui fonctionnent, pour mieux démontrer que l’objectif « zéro déchets » est une question de volonté politique. Nous y participons, pour dénoncer le capitalisme productiviste qui génère ce problème écologique majeur, des inégalités sociales ahurissantes, mais aussi pour apprendre des autres, de leurs points de vue, de leurs expériences, et avancer avec eux. Cette journée a été riche. Là encore, « l’humain d’abord » n’est pas un vain mot. Cette tribune est à la fois la restitution de ce que nous avons glané, et un engagement dans le sillage de ces précurseurs.
La face « déchets » du capitalisme
On ne peut être qu’effarés par le volume de nos poubelles : des tas d’emballages de denrées qui pourraient être vendues en vrac, des publicités qui squattent notre boite aux lettres, de jouets en plastique que l’on n’a pas demandés… Évidemment, on ne compte pas le « vieux téléphone » (au moins deux ans !), le grille pain bon marché qui fait des étincelles au bout de trois ou quatre ans… On oublierait presque la nourriture gâchée, et les épluchures qui pourraient fertiliser la terre. Cette production effrénée d’emballages et d’objets, certains électriques ou électroniques, dont la principale caractéristique est d’être à usage unique ou de courte durée, pose un problème écologique directement lié à notre système économique.
Vous ne savez pas quoi faire de vos déchets ? D’autres savent ! En France, les déchets sont gérés à plus de 90% par le secteur privé, avec de juteux bénéfices. Parmi les multinationales les mieux implantées sur le marché mondial des déchets, plusieurs sont françaises. Les mêmes entreprises détiennent la quasi-totalité des marchés de collecte de déchets, d’exploitation des incinérateurs et des décharges dans notre pays : Veolia, (Veolia propreté), Suez, (SITA et Novergie), TIRU (dont EDF détient 51%). Un marché mondial qui représente des centaines de milliards de chiffre d’affaires.
Les activités liées aux déchets sont le premier poste de dépense publique en matière d’environnement en France : 15,7 milliards d’euros ! Il s’agit de l’argent de nos impôts, ainsi que de l’écotaxe payée à l’achat, reversée à un éco-organisme agréé par l’État. Dans les Conseils d’administration de ces éco-organismes, on retrouve les multinationales (lire l’enquête de Basta ! sur le sujet). Les décisions seront-elles prises en fonction de critères environnementaux ? Une place sera-t-elle faite aux associations de récup, aux biffins, aux ressourceries ? Non. Ces multinationales ont trouvé là, non pas un tas d’ordures, mais un tas d’or. Et elles ne le partagent avec personne. C’est donc bien une privatisation des bénéfices et une socialisation des pertes, et des gaz à effet de serre pour tout le monde !
Le problème écologique est là : on n’élimine pas les déchets !
Ce qui ne pourra pas aller au recyclage (qui concerne 20% des ordures ménagères) ira en décharge (36%), à l’incinérateur (30%). Ou encore dans une usine de tri mécano-biologique (TMB), la nouveauté industrielle, vendue comme la solution « clé en main » pour les collectivités locales qui doivent faire face à des millions de tonnes de déchets. Après l’incinération d’une tonne de déchets, il reste encore 300 kg de mâchefers à enfouir et 6000 m3 de fumées, sans compter les effluents liquides pour le traitement de celles-ci.
Les déchets sont la troisième grande pollution, après celle de l’eau et de l’air : du début à la fin de la chaîne, le capitalisme productiviste exploite les ressources minières et génère des déchets dont on ne sait plus que faire, qui contribuent à renforcer l’effet de serre (ils représentent 20% des émission de gaz), et à polluer les sols et les airs.
Lors de la journée Zero waste, plusieurs collectifs ont présenté leur combat : le collectif 3R qui lutte à Ivry-sur-Seine contre l’incinération et le projet du Syctom d’implantation d’une usine TMB méthanisation, l’association ARIVEM qui a obtenu l’arrêt du projet d’usine TMB et méthanisation à Romainville. Ce n’est pas une lubie de riverains : ces associations ont étudié la question des déchets et proposé un projet global où les citoyens reprennent en main les affaires de la cité et ces objets abandonnés, dont le statut change : le déchet de l’un fait le gagne-pain de l’autre.
« Zero déchets », c’est possible ?
Des villes ont repensé le chemin des déchets : pour qu’il y en ait moins, que les objets soient conçus pour être réemployés ou recyclés, qu’ils soient mieux triés pour rendre le traitement possible. A Capannori (Lombardie, Italie), ville exemplaire, et dans des dizaines de villes du monde, il ne reste que 10% des déchets à enfouir. Plus du tout d’incinération : l’économie a été relocalisée pour éviter les conditionnements coûteux en emballage, des emplois ont été créés massivement pour accompagner tous ces changements.
Cela coûte-t-il cher ? Certainement moins que l’incinérateur ! Les dépenses publiques ont diminué. Et cette expérience a été mise en place très rapidement. La créativité des citoyens est immense : création de commerces sans emballages, mise en place de ressourceries – avec des génies de la réparation de tout, y compris des ordinateurs et autres téléphones, ameublement prodigieux… Finie l’obsolescence !
On parle beaucoup d’économie circulaire… Réduisons la taille du cercle !
Nous nous reconnaissons dans la démarche « aucun déchet à l’incinérateur ». Actuellement, la réglementation en vigueur est celle de l’Union européenne. L’Europe fixe la hiérarchie des déchets via une directive cadre, qui indique clairement le chemin : d’abord éviter de produire des futurs déchets, pour préserver les ressources naturelles, ensuite réemployer, recycler et au final mettre en décharge. Mais comme toute « politique » communautaire, sa mise en œuvre est soumise aux pressions des lobbys. Rien n’est planifié concernant le trajets des déchets. Et les contournements sont réguliers, notamment pour les déchets électriques et électroniques, ou des cartons que l’on retrouve à l’autre bout de la planète. L’incinération n’est jamais remise en question : c’est un marché trop lucratif.
Nous nous battons pour qu’une autre Europe émerge, débarrassée de son carcan libéral, qui fixera des objectifs politiques contraignants pour la préservation de l’écosystème. A chaque échelon, notamment celui de la démocratie municipale, nous voulons faire émerger une filière publique des déchets répondant à des grands principes :
– Des normes d’éco-conception, pour bannir l’usage unique.
– Une fiscalité taxant l’obsolescence et favorisant les pratiques de sobriété, de réemploi et de recyclage.
– La planification de la réduction du volume des déchets avec des objectifs précis,en généralisant le tri fin à la source, et en faisant du compost, réemploi et recyclage localement.
– Le passage en régie publique de la collecte et du traitement des déchets, en impliquant les salariés dans l’accompagnement des citoyens vers un tri précis, et des pratiques de récup ou de compostage.
– Le soutien financier à la création d’outils citoyens et locaux, pour promouvoir le réemploi et le recyclage : ressourceries, associations de récup (qui pourraient coopérer, y compris avec de grosses entreprises si besoin, pour organiser les collectes en porte-à-porte par exemple), consignes, mise en place de couches lavables en crèche, vente en vrac chez les commerçants,…
– La fin de l’incinération et du tri mécano-biologique.
Nous invitons les citoyens à fouiller leur poubelle : mêlons-nous de ce qui nous regarde ! Les multinationales ne sauraient continuer à imposer leurs désirs, pour toujours plus de profits, toujours plus d’inégalités, et toujours moins d’écologie.
Danielle Simonnet, conseillère de Paris, candidate du Front de gauche à la mairie de Paris
Mounia Benaili, candidate du Front de gauche à Juvsiy-sur-Orge
Tifen Ducharne, membre du bureau national du Parti de gauche
Danielle Laumont, candidate du Front de gauche aux Sables d’Olonne
Corinne Buzon, candidate du Front de gauche à Romainville
Christelle Galtier, co-secrétaire du Parti de gauche de l’Aveyron
Maxime Laisney, candidat du Front de gauche à Chelles
Mathieu Agostini, candidat du Front de gauche aux Lilas
Pierre Ducret, candidat du Front de gauche à Paris 19ème