Les GPII une falsification ?

Notre Dame des Landes est un projet d’aéroport apparu depuis 1963 qui fait partie des Grands Projets Inutiles Imposés (GPII) tout comme certaines LGVs (cf. le Forum des GPII de juillet 2012 à Notre Dame des Landes). Ces grands projets ont tous en commun ces éléments : les installations existantes sont décrétées saturées, les perspectives de croissance du trafic surestimées (et jamais remises en cause malgré « la nouvelle donne » constituée par l’ évolution de l’environnement économique), les coûts de construction des nouvelles infrastructures sous-estimés, les dommages  écologiques concernant l’environnement sous estimés et souvent même pas évalués (non respect des études d’impact réglementaires), les possibilités d’optimisation de l’existant jamais étudiées méthodiquement.

Pourquoi faire toujours du neuf ailleurs alors que l’existant peut être optimisé ?
Le cas de NDL est caractéristique : l’actuel aéroport de Nantes-Atlantique n’est pas saturé contrairement à ce qui est dit et écrit. Il peut être optimisé et modernisé. En effet le trafic de l’aéroport de Nantes-Atlantique est de 3,5 millions d’utilisateurs pour un surface de 350 hectares : ratio 10 000 passagers/ha, chiffres à comparer aux deux aéroports londoniens : Gatewick, 683 ha pour 35 millions de passagers, ratio 51 000/ha, Heathrow 1er aéroport européen avec 1 200 ha pour 65 millions de passagers, ratio 54 000/ha et Roissy Charles de Gaulle 2ème aéroport européen avec 2 900 ha pour 60 millions de passagers soit un ratio de 20 600 passages/ha. Le projet NDL fera(it) 1 650 hectares, il lui faudrait donc un nombre de passagers de 82 millions de passagers soit 23 fois le trafic actuel pour atteindre le ratio des aéroports de même type … Il est vrai que l’hectare du bocage nantais ne vaut pas celui de la banlieue de Londres ni même celui de Roissy (clin d’œil au sacrifice des terres agricoles) !!! Le projet d’aéroport n’est pas la seule ineptie, il faut ajouter les moyens de transport pour s’y rendre puisqu’il est au milieu de nulle part (25 km au Nord Ouest de Nantes) : autoroute 2×2 voies, LGV entre Nantes et Rennes, tramway, …. A cela va s’ajouter la délocalisation des entreprises  autour de Nantes qui devraient venir s’installer autour de NDL (cf. création supplémentaire d’une ZAC).  … Sont-ils devenus fous ?

Ce qui nous fait dire « pourquoi toujours construire du neuf ailleurs (loin des zones urbaines en pleines zones agricoles fertiles et plates donc aisément cultivables) alors que l’existant n’est ni optimisé …  ni modernisé ? » C’est la constante des Grands Projets Inutiles Imposés.
Tous ces nouveaux projets sont en partenariat public privé (PPP) avec clause de retour sur investissement – si les prévisions ne sont pas atteintes, c’est l’État ou les collectivités territoriales (cas des LGVs) qui compensent le manque à gagner … à ce compte là les investisseurs ne risquent rien tout comme les banques, ce qui montre bien que l’AMI (l’accord multilatéral d’investissement)  n’est pas mort !!!

Expulsions des opposants à l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes : Halte à la répression, stop à l’aéroport !

Communiqué de presse unitaire :

Expulsions des opposants à l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes : Halte à la répression, stop à l’aéroport !

Depuis le 16 octobre, l’agression subie par les habitants de la zone concernée par le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes (44), a franchi un nouveau cran.

Parce qu’ils défendaient la préservation des terres agricoles, des écosystèmes, et ont mis en place des modes de vie alternatifs, les habitants de la ZAD (Zone d’aménagement différé renommée Zone A Défendre) et leurs familles ont été chassés de leurs maisons, 15 jours avant le début de la trêve hivernale, et ces maisons détruites, parfois illégalement, par les forces de l’ordre.

Nous condamnons la violence déployée depuis la semaine dernière lors des expulsions par les gendarmes mobiles et CRS envoyés par le gouvernement, qui illustre ainsi une nouvelle fois son soutien à la multinationale Vinci, maîtresse d’œuvre du projet d’aéroport.

Depuis plusieurs années, les habitants, et les paysans de Notre-Dame-des-Landes se battent contre un projet inutile, coûteux, destructeur de la nature et des terres agricoles (1600 hectares de terres agricoles et de bocage prévus pour la construction de l’aéroport, et des milliers d’autres pour les  zones commerciales et industrielles sur les 20 kilomètres qui séparent Notre-Dame-Des-Landes de Nantes). Ces terres sont indispensables pour développer une agriculture saine et de proximité, leur destruction est une signe supplémentaire que le capitalisme est un modèle de développement économique irrationnel. Quand toutes les terres agricoles seront construites comment ferons-nous pour nous nourrir, et où ira se nicher la vie végétale et animale ?

Alors que le gouvernement n’a que la réduction des déficits à la bouche, comment peut-il justifier de gaspiller des centaines de millions d’euros, voire plus, pour construire un aéroport dont il n’arrive même pas à démontrer l’utilité sociale et dont le financement va être assuré par un partenariat public privé garantissant un retour sur investissement exorbitant à Vinci ?

Depuis l’expulsion, les manifestations de soutiens et les actions entreprises un peu partout en France sont de plus en plus nombreuses et témoignent d’une résistance qui en marche

Nous dénonçons  les expulsions et destructions, l’occupation de la zone par les forces de l’ordre, la répression, ainsi que l’acharnement du 1er ministre J.M Ayrault, ancien maire de Nantes, à poursuivre le projet d’aéroport. Nous soutenons les initiatives de soutien à la lutte de Notre-Dame-des-Landes et appelons à rejoindre les comités de solidarité et de résistance pour stopper ce projet.

L’heure est à la convergence de toutes les initiatives pour faire reculer le gouvernement.

Signataires : 
Alter Ekolo
Alternative Libertaire,
ATTAC
Fédération Anarchiste
Fédération pour une Alternative Sociale et Écologiste,
Gauche Anticapitaliste,
Ile-de-France Décroissance
Initiative Pour un Autre Monde (IPAM)
Les Alternatifs,
Les Amis de la Confédération Paysanne
Mouvement des objecteurs de Croissance
Nouveau Parti Anticapitaliste,
Parti de Gauche,
Parti Pour La Décroissance
Relocalisons
Union Syndicale Solidaires

 

Augmentation de la TVA • Six mois de François Hollande : où est le changement ?

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Il y a un mois encore, les militants socialistes distribuaient des tracts annonçant le 1er octobre 2012 comme « le jour où la TVA n’a pas augmenté », faisant allusion à l’annulation par le PS de la loi votée par l’UMP à la fin de son mandat. Un mois plus tard seulement, sous la pression du patronat et du Medef, le Parti socialiste sort le rapport Gallois sur la compétitivité et décide de diminuer les cotisations sociales patronales et d’augmenter la TVA. Matthias Tavel, du secteur « Etudes et Arguments » du Parti de Gauche, nous explique en quoi cette continuité entre la politique de l’UMP et du PS n’est pas anecdotique, elle correspond à une ligne idéologique bien précise, défendue par François Hollande depuis les années 80, et selon laquelle il faudrait petit à petit dissoudre le clivage gauche/droite.

NON A LA CENSURE CONTRE LA PRESSE EN GRECE

Le Front de Gauche Médias dénonce l’incroyable attaque du pouvoir grec et de sa police contre un journaliste, KOSTAS VAXEVANIS, accusé d’avoir révélé dans son magazine la  « LISTE LAGARDE » qui comporte les noms de 2000 PRIVILEGIES EXILES FISCAUX ayant planqué leur fric dans les coffres-forts suisses.

C’est le voleur qui crie au voleur.

Le jour où la Grèce célébrait l’anniversaire de la Résistance anti-fasciste durant la Seconde Guerre Mondiale, l’Etat grec faisait donner sa police et sa justice pour l’arrêter et faire taire la vérité indicible sur le vol commis par une poignée de privilégiés qui trahit son pays en faisant fructifier ses fortunes, pendant que les salariés grecs sombrent dans la misère et le chômage.

Sans vergogne !

Ce sont les mêmes qui appellent le peuple grec à se serrer la ceinture et donnent des leçons de civisme en appelant à obéir aux diktats de la troïka.

C’est le monde à l’envers !

Visiblement la vérité n’est toujours pas bonne à dire, surtout quand on s’attaque aux secrets bancaires et aux évadés fiscaux à l’image du patron de LVMH en France.

Il n’y a décidément rien à attendre de cette Europe là que promeuvent Bruxelles et les partisans du Traité d’austérité.

Le FG Médias apporte tout son soutien à Kostas Vaxevanis et appelle les autorités à respecter la liberté de la presse et des journalistes.

Paris le 29/10/2012

Logements vides • Familles sans abris à Dieuze (Moselle)

En colère, encore…

Comme vous finissez par le savoir, ici, c’est la Moselle. Terre de contrastes, comme dirait un présentateur de journal de 13 heures sur TF1. Une terre d’accueil, par essence. Un pays qui s’est construit par des strates successives venues d’ailleurs, Italie, Espagne, Pologne, Afrique du Nord. Eh oui, c’est comme ça, les pays miniers… Mais un pays aussi, d’où par son histoire, les habitants ont dû partir, pour aller vers d’autres cieux… Tiens, en 40, par exemple, les Mosellans ont été «  évacués » et ont filé se mettre à l’abri un peu partout plus au Sud. Les uns dans le Puy-de-Dôme, d’autres en Charente, d’autres encore en Périgord. Là-bas, à ce que racontent de miennes connaissances, ils ont parfois été très bien accueillis. Mais pas toujours. Il y a même des souvenirs pas sympas qui leur remontent, de copains (copains ?) d’école qui les appelaient Boches, ou Schleuhs, ou Fritz, et je ne sais quoi encore. Ça aurait dû les guérir à tout jamais de la xénophobie et du rejet de celui qui vient d’ailleurs, les Mosellans. Eh bien non… Voyez plutôt.

Dieuze-1Pour vous la faire courte, on a par ici une petite ville. Dieuze qu’elle s’appelle. Dûment équipée d’un maire certainement droite bon teint, à ce qu’on m’en a dit, façon décomplexée, voyez ? La petite ville, jusqu’à il y a peu, c’était une ville de garnison. Des paras. Des dragons même. Brrr… Et puis voilà que par la volonté du prince (Sarkozy soi-même…) les dragons s’envolent, les commerçants sanglotent, les profs aussi, les postiers et les médecins itou. Bref, la ville s’éteint petit à petit.

En partant, les paras ont laissé leurs bâtiments, évidemment. Ils n’allaient pas tout démonter. Et puis, dans ces coins-là, même par temps de prix Nobel, on ne sait jamais ce qui peut arriver, une petite guerre c’est vite attrapé ! Non, il ne faudrait pas me marrer avec des calamités comme celle-là.

Dieuze-2Voilà donc des logements vides, comme sur la photo. Et pas bien loin de là, dans une forêt près de Metz, des familles kosovares sans toit, à l’entrée de l’hiver. Voilà. Vous faites le rapprochement ? La sous-préfète vient pour recenser le nombre d’hébergements possibles. Et face à elle, elle trouve qui, à votre avis ? Les habitants du patelin, avec leur maire, bien entendu. C’est qu’il n’est pas du tout question pour ce monsieur Lormant de se laisser envahir par les Balkans, non mais franchement, on nous prend pour qui, des fois… Alors il le dit, à grosses tartines pleines dans le journal local : « Qu’on nous foute la paix ! On n’en veut pas ! Les logements, on préfère les détruire que de les laisser envahir par ces gens-là ! ». Ça c’est de la conviction, ou on n’y connaît rien ! Y en a même eu pour faire de l’humour : la sous-préfète aux Balkans ! a-t-on entendu, si si ! Mais où vont-ils chercher tout ça ?

En attendant, l’hiver va arriver, et par chez nous, l’hiver, c’est souvent pas du gâteau…

Tout ce que la galaxie humaniste et solidaire compte de militants par ici est monté au créneau. Et nous, on n’a pas été les derniers. Une lettre au Préfet de région, par exemple, ça remet toujours bien les idées en place. Et ça soulage, si vous saviez ! Et aussi une demande d’audience au même, au cas où la Poste ne fonctionnerait pas comme il faut dans nos contrées. Bon, on a fait ce que des humains doivent faire dans ces cas-là. Il ne reste plus qu’à attendre sa réponse. Qui devrait arriver tantôt. On aime à y croire, car l’hiver, lui, n’attendra pas.

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Communiqué du Front de Gauche • Réaction au « pacte de compétitivité »

La gauche c’est prendre le parti des salariés et de l’intérêt général, pas celui de la compétitivité et de la réduction du « coût » du travail au profit du capital !

Il y a quelques semaines, le Président Hollande et sa majorité PS poussaient à l’adoption du Traité Merkozy sans en bouger une ligne, il proposaient un budget 2013, amputé de 30 milliards mais épargnant les revenus du capital.

Aujourd’hui en reprenant le rapport Gallois, ils continuent dans la logique de réduction des dépenses publiques et sociales, largement inspirée par le patronat. Au nom de la soi-disant compétitivité, le Premier Ministre Jean-Marc Ayrault accorde un nouveau cadeau indifférencié aux entreprises de 20 milliards d’impôts qui seront payés par les ménages à travers 10 milliards d’impôt dont 7 milliards de TVA et 10 milliards de dépenses publiques en moins qui s’ajoutent aux restrictions déjà prévues !

Durant la campagne présidentielle, le Front de Gauche pointait l’inaptitude du candidat Hollande à affronter réellement la finance. Malgré tout, nous n’imaginions pas l’ampleur et la rapidité à laquelle le nouveau gouvernement allait céder face aux pressions du MEDEF.

Cette orientation politique est non seulement injuste, mais inefficace. Elle amènera la France comme l’Union Européenne à la récession, pour le seul profit des actionnaires et des spéculateurs. Elle conduira notre peuple au désastre, pénalisera ceux qui ont voulu le changement le 6 mai pour le seul bénéfice des Mme Parisot, du Medef et des 98 plus grands patrons français

Cette voie là, le Front de Gauche la refuse et en propose une autre ; celle du partage des richesses, d’une fiscalité juste, de la relance des activités socialement et écologiquement utiles. Aujourd’hui la charge des dividendes versés aux actionnaires est le double du montant des cotisations des salariés. C’est cela qu’il faut changer de toute urgence en imposant aux revenus du capital de participer à la même hauteur que les travailleurs à l’effort national

En France comme dans toute l’Europe, il faut envoyer un signal fort pour refuser toutes les politiques d’austérité. C’est pourquoi le Front de Gauche appelle à se mobiliser le 14 novembre pour la journée européenne contre l’austérité aux côtés des salariés et de leurs syndicats..

Gaz de schiste • Le rapport Gallois doit être enterré

Louis_gallois

La folle course à l’austérité et au moins-disant social poursuivie par le gouvernement PS/EELV est une menace non seulement pour la cohésion sociale et pour les conditions de vie des travailleurs mais aussi pour l’environnement. Ainsi le rapport Gallois, commandé par le gouvernement et rendu public ce lundi 5 novembre 2012 préconise, en plus de mesures économiques et sociales désastreuses, la poursuite des recherches pour l’extraction des gaz et huiles de schiste.

Si le gouvernement a pour le moment annoncé qu’il n’en était pas question aujourd’hui, le Parti de Gauche exprime sa profonde inquiétude suite à la publication de ce rapport. La France ne doit pas s’engager pas dans cette course à l’abîme qu’est l’extraction des gaz et huiles de schiste. Les déclarations des ministres Arnaud Montebourg et Alain Vidalies appelant à rouvrir cette question sont le signe qu’elle est loin d’être tranchée. Un revirement du gouvernement sur cette question ne serait qu’une nouvelle remise en cause de l’accord PS/EELV, après l’abandon sur la question du nucléaire et de Notre Dame des Landes, et le report de fermeture de Fessenheim, qui laissent mal présager des orientations écologistes du gouvernement !

Le Parti de gauche rappelle son attachement aux valeurs de l’écosocialisme qui appelle à rompre avec un capitalisme repeint en vert exploitant tout autant l’homme et la nature. L’extraction des gaz et huiles de schiste serait synonyme de dégâts irréparables sur l’environnement et un pas en arrière monumental dans l’objectif d’une sortie de l’ère du carbone et de redéfinition de nos modes de consommation.

Egalité des droits • Emancipation, laïcité, universalisme

Egalité des droits : Le gouvernement devait présenter, lors du conseil des ministres du 7 novembre, son projet de loi ouvrant le mariage et l’adoption aux couples de même sexe. Nous pourrions nous en féliciter mais le Premier ministre Ayrault a précisé que le texte n’abordera pas « toute une série d’autres questions – l’autorité parentale, PMA (procréation médicalement assistée), l’adoption conjointe pour les couples non mariés, le droit des tiers ». Sur ces sujets, il a renvoyé « à une loi complémentaire qui pourrait être une loi sur la famille ». Le PS fait donc le choix de présenter une loi en retrait de ses promesses de campagne. On aurait pu penser que sur cette question « de société », le gouvernement PS-EELV allait se donner une « posture de gauche » masquant ses renoncements sur les questions économiques et sociales. Or, là encore, il refuse de mener la lutte sur des idées, mettant à mal la bataille pour l’égalité des droits de tous les couples et de tous les enfants. Car si ce projet de loi était adopté en l’état, il maintiendrait des inégalités en droits selon l’orientation sexuelle des parents et ne permettrait pas de garantir une filiation pour l’ensemble des enfants déjà en situation d’homoparentalité.

émancipationEn fait, le gouvernement se trouve embarqué dans un projet de loi pensé comme une opération de « clientélisme homo » et non comme une loi d’égalité des droits, estimant que le mariage « sec » pourrait être une revendication en tant que telle du mouvement LGBT… Il n’a pas compris que le mouvement LGBT porte une démarche émancipatrice et universaliste d’égalité pour régler des situations homoparentales existantes concrètes, mais aussi des valeurs progressistes concernant toutes les formes de familles. Et pourquoi le gouvernement a-t-il besoin de 5 mois pour faire adopter une loi qui, hormis la mesure symbolique du « mariage pour tou-te-s », s’annonce une coquille presque vide.

Pourquoi un projet a minima ?

La gauche gouvernementale ne se contente pas de rechercher un « compromis » en refusant de mobiliser son camp, elle fait pire. Elle est en train d’offrir, dans la société, un espace inespéré à l’Eglise catholique (mais pas seulement) en l’institutionnalisant comme « gardienne de la famille ». Comme si les réformes du droit de la famille, du droit des femmes ou de celui du droit à vivre sa sexualité avaient été le fruit d’un compromis avec les tenants d’une vision archaïque de la famille hétéro-normée. En effet, toutes les démarches d’audition du gouvernement participent de la réinstallation de l’Eglise dans le champ politique comme si elle avait « voix au chapitre » sur ce sujet comme sur d’autres.

Ainsi, Manuel Valls en septembre a participé à une béatification. C’était la première fois dans l’histoire de la République qu’un ministre de l’Intérieur se rendait lui-même à ce type d’événement ecclésial. Evidemment pas un mot sur l’obscur personnage béatifié, Louis Brisson, qui était un adversaire de la République et de l’Instruction publique laïque, ni de son antisémitisme. Rien non plus sur ces écrits où il affirmait que « la femme est fourbe naturellement » (…) ou que « la femme est traîtresse ». Cette visite c’est inscrite dans un calendrier chargé : un déplacement au Vatican pour une canonisation cette fois d’un prête missionnaire du temps de la colonisation à Madagascar, et une inauguration à Strasbourg d’une mosquée financée sur fonds publics où le ministre de l’Intérieur y a fait des déclarations consternantes en osant prétendre que le Concordat « est compatible avec notre République et notre démocratie (et qu’il) il n’y a pas de raison de le supprimer en prétextant l’exception qu’il représente ». En disant cela, M. Valls piétine la laïcité en donnant des signes de conversion à la « laïcité positive » si chère à N. Sarkozy mais surtout il prétend que l’Eglise est « dans son rôle lorsqu’elle défend des valeurs et notamment celle du mariage ». Il remet ainsi en cause la séparation de l’Etat et des églises.

Hiérarchie catholique et droite se sentent pousser des ailes

laîcitéC’est dans ce contexte qu’André Vingt-Trois redouble de propos contre l’égalité des droits, au nom de la sauvegarde de l’institution du mariage et de la famille traditionnelle. Il est relayé par des voix politiques à droite qui propagent des propos clairement homophobes. La bronca des maires qui disent refuser de marier des couples de personnes de même sexe s’organise médiatiquement, relayée par les réseaux de la droite catholique (Civitas) qui prévoient pour le 18 novembre une grande manifestation familialiste réactionnaire contre l’égalité des droits. L’UMP prend le relais en menaçant, comme le fait Copé, de « descendre dans la rue ». En face le PS et le gouvernement restent silencieux. Résultat : les courants réactionnaires imposent jusqu’à leur vocabulaire : le « mariage homo », à la place de « mariage pour tous », qui renvoie à une idée qu’il s’agirait d’accorder un droit particulier !

Refuser le « mariage pour tous » c’est refuser l’égalité !

Ce débat n’est pas accessoire ou secondaire. Il renvoie à des choix de société qui, si nous cédons, pourrait s’avérer destructeurs pour notre vivre ensemble. La droite est à l’offensive. Certains comme Vanneste considèrent que l’homosexualité est une perversion. D’autres défendent une conception archaïque, sexuée et patriarcale du mariage. Pour eux, il y aurait une infériorité « naturelle » de l’homosexualité vis à vis de l’hétérosexualité. Pour eux, le mariage relève d’une vision biologiste (chacun son rôle, sa place). Ce sont les mêmes qui s’étaient opposé au mariage civil et au droit au divorce en 1792, ou au PACS en 1999.

Face à eux, le positionnement de la majorité présidentielle est inquiétant. Il laisse la voie libre aux partisans de la recomposition des droites qui sont en train d’organiser la mise en mots de la jonction d’avec l’extrême droite. Le choix des solutions tièdes aboutit à des renoncements. Car c’est l’adoption des lois laïques du début du 20e siècle qui a mis fin à des siècles de guerre de religion. Elle a permis de garantir l’égalité en droit par l’exigence que la puissance publique s’interdise de juger quiconque selon ses convictions. Aujourd’hui, l’enjeu c’est de poursuivre dans cette voie en garantissant l’égalité de toutes et tous et en interdisant à la puissance publique de trier (donc de juger) les citoyens selon leur orientation sexuelle, ou leurs enfants selon la forme de leur famille. C’est cette nouvelle étape de l’émancipation qu’il s’agit de conquérir. Raison de plus de combattre tout autant la droite réactionnaire que la stratégie d’un gouvernement dont la ligne d’action politique est de démobiliser la société et de n’afficher aucun volontarisme car ils ne souhaitent ni confrontation, ni rupture. Nous avons au contraire besoin de rupture car maintenir le mariage comme un contrat entre « un homme et une femme », c’est en fait maintenir le patriarcat comme « naturel donc immuable ».

Jean-Charles Lallemand

Pascale Le Néouannic

Respect de la loi

EmancipationNous dénonçons le refus de ces maires de célébrer des cérémonies de mariage envers des personnes de même sexe. Ils doivent être sanctionnés sauf à entériner le fait que des élus peuvent ne pas respecter la loi et nier les droits d’une partie de la population du fait de leur orientation sexuelle. Pourquoi ne pas demain refuser de célébrer des mariages mixtes ? Si on laisse des élus avoir le droit de ne pas appliquer la loi, alors comment demander à tous les citoyens de l’appliquer ?

A bas l’austérité

Illustration_contre-budget_pg le texte de l’annonce du Meetingpremière page

Economie • Le mirage de la compétitivité

chomageVenue de la droite et du MEDEF, l’obsession de la compétitivité est désormais une préoccupation centrale de François Hollande et du gouvernement. Faute d’avoir relancé une véritable politique industrielle, ils ont commandé en juillet au Haut Commissaire à l’investissement Louis Gallois, un rapport sur le « défi de la compétitivité ». Or, censée redonner un avenir à l’industrie et lutter contre le chômage, la compétitivité est une illusion économique doublée d’une impasse sociale et écologique.

Un concept de droite repris par Hollande

La « compétitivité » est au cœur du discours économique de la droite depuis que Laurence Parisot en a fait sa priorité, en affirmant lors de son discours de réélection à la tête du Medef en 2010 : « le choix devant lequel on se trouve [n’est pas] relance ou austérité, mais compétitivité ou marasme ». Sarkozy en a ensuite nourri son programme économique. A travers sa « TVA sociale » faisant payer par les ménages des baisses de cotisations patronales. Mais aussi à travers sa proposition de « contrats compétitivité – emploi ». Un projet qui prétendait échanger sauvegarde de l’emploi contre baisse des droits du travail et des salaires. Une imposture dont les 1100 ouvriers de Continental ont été les cobayes de 2007 à 2009 : après avoir accepté des baisses de salaires et des dégradations de leurs conditions de travail, ils ont tous été licenciés, leurs sacrifices n’ayant servi qu’à redresser la rémunération d’actionnaires décidés dés le début à délocaliser la production. Caché derrière un enrobage de défense de l’économie du pays, le concept de compétitivité n’est donc qu’un prétexte pour obtenir une nouvelle hausse de la rémunération du capital au détriment du travail. Il a cependant été repris par François Hollande et le gouvernement qui considèrent aussi que la compétitivité serait le principal problème de l’économie française. Sur cette question, ils ne divergent de la droite et du Medef que sur la méthode et le calendrier de mise en œuvre : choc immédiat pour les uns, application étalée dans le temps pour les autres.

 

La vérité sur le déficit commercial

Les tenants de la compétitivité brandissent « le déficit commercial » de la France pour justifier l’implication accrue du pays dans la compétition mondiale par le développement des exportations. Aucun bilan n’est pourtant jamais fait des responsabilités politiques dans le creusement de ce déficit. Or il est apparu en 2002 avec l’arrivée de gouvernements libéraux et son creusement s’est accéléré depuis 2007 et l’élection de Sarkozy. Les principaux tenants de la compétitivité sont donc des pompiers pyromanes.

Et ce n’est pas le tassement des exportations qui est le principal responsable de cette dégradation mais la progression plus rapide des importations. La France produit de moins en moins ce dont son économie a besoin pour tourner. Rien que les importations annuelles d’énergie (60 milliards) représentent l’équivalent du déficit. Loin de l’illusion des gaz de schistes, cela signifie que si le pays sortait des énergies carbonées comme le propose le Front de Gauche, sa balance commerciale reviendrait à l’équilibre.

Les exportations : une fausse solution

Miser sur la « compétitivité » pour redresser l’économie, consiste à donner la priorité aux exportations plutôt qu’à la production destinée à la demande intérieure. C’est ce que l’on appelle une « stratégie de l’offre », désormais défendue par le PS, par opposition « aux politiques de demande » longtemps dominantes à gauche. Or, quand bien même parviendrait-on à relancer les exportations françaises, que cela ne serait qu’un soutien marginal à la relance de l’activité et à la lutte contre le chômage. Tout simplement parce que les exportations ne représentent qu’à peine 20% de la richesse produite. Et c’est la part la plus aléatoire, car la plus dépendante de l’instabilité internationale, tant en terme monétaire que géopolitique. On passerait donc à côté de la relance de 80% de l’économie du pays.

C’est justement de cette impasse que les économies du Sud les plus dynamiques sont en train d’essayer de sortir. Là où l’Europe et la France s’y enfoncent au contraire en courant après « la compétitivité ». La Chine, 2ème économie mondiale, devant l’Allemagne, et le Brésil, 6ème économie, devant le Royaume-Uni, donnent désormais la priorité aux besoins de leur marché intérieur. Loin de réduire le coût du travail, ils augmentent rapidement les salaires. Cette « politique de la demande » est couplée au Brésil et en Argentine avec d’importantes mesures protectionnistes. Une stratégie clairvoyante qui a bien compris que le commerce international n’est devenu qu’une bulle parasite de la production. Dans les années 2000, les échanges mondiaux de biens et services ont progressé deux fois plus vite que la production totale. Le libre échange, loin de créer des richesses nouvelles, ne fait donc en réalité que les déplacer au détriment des droits sociaux et de l’environnement.

Impasse sociale illustrée par le « modèle allemand »

Le redressement de la compétitivité défendu par les libéraux et les sociaux-libéraux serait un désastre social. Il veut comprimer fortement les salaires et les protections sociales pour gagner des parts de marché à l’exportation en faisant baisser temporairement les prix de vente. Loin de toute visée sociale-démocrate, c’est une pure logique de dumping qui aide le capitalisme à intensifier la compétition entre les travailleurs des différents pays. Appliquée en Allemagne depuis Gerhard Schröder, cette stratégie s’est traduite par un appauvrissement rapide de la population. Le nombre de travailleurs pauvres y est désormais le plus élevé d’Europe et 70% des chômeurs sont pauvres contre seulement 33% en France. La baisse importante de l’espérance de vie en bonne santé montre aussi que ce dumping social débouche sur une aberration productive : la dégradation des conditions de vie des travailleurs fait reculer leur productivité. Et donc leur compétitivité. Le « modèle allemand » n’a donc rien d’efficace et de durable.

L’aberration écologique

Dangereuse socialement, l’obsession de la compétitivité est aussi une aberration écologique. Le développement des exportations conduirait en effet à intensifier encore les transports internationaux de marchandises et donc à accroître l’empreinte carbone de la production. Le libre échange est donc disqualifié écologiquement. En en faisant le moteur du « redressement » de l’économie, le gouvernement passerait complètement à côté de l’enjeu de la relocalisation et de la conversion écologique de la production.

Le faux problème du coût du travail

Bouc émissaire du débat sur la compétitivité, le « coût du travail » n’est pas responsable du recul de l’emploi industriel en France. Au contraire, plus on a fait baisser le coût du travail pour les employeurs, plus les emplois industriels ont été détruits. Depuis 2002 les exonérations de cotisations patronales sont ainsi passées de 19 à 28 milliards par an. Soit 215 milliards de baisse cumulée du coût du travail en 10 ans ! Résultat : 700 000 emplois industriels détruits sur la même période. C’est pourtant dans la même direction des baisses de cotisations que la droite et le PS proposent de continuer, sans aucune imagination.

France / Allemagne : les vrais chiffres

Selon une enquête de l’INSEE publiée au printemps 2012, une heure de travail industriel coûtait 33,37 euros en Allemagne et 33,16 euros en France. L’heure de travail coûte donc un peu moins cher en France qu’en Allemagne. La France était aussi moins chère que la Belgique, le Danemark et la Suède.

Et l’écart est encore plus frappant si on regarde uniquement l’industrie automobile, celle qui concerne PSA. Toujours selon l’INSEE, « dans l’industrie automobile, le coût horaire allemand est le plus élevé d’Europe. Il est en particulier supérieur de 29% à celui observé en France » : 43,14 euros en Allemagne et 33,38 euros en France.

Le vrai problème : le coût du capital

Le Medef, relayé par la presse économique, répète régulièrement que « les marges des entreprises diminuent au détriment de l’investissement ». Ce diagnostic est juste sur le plan comptable. Mais il ne dit rien sur la responsabilité de cette situation. Car la « marge disponible » dépend des salaires mais aussi des dividendes prélevés par les actionnaires. Or entre le 1er trimestre 2007 et le 1er trimestre 2012, les dividendes nets versés ont progressé de 27% alors que la masse salariale ne progressait que de 12%. Cela signifie que les actionnaires contribuent deux fois plus que les travailleurs à faire reculer la marge des entreprises. Le vrai problème économique du pays n’est donc pas le coût du travail mais le coût du capital. Les dividendes prélevés par les actionnaires sur l’activité des entreprises représentaient 3,2% de la richesse nationale en 1980, ils en représentent aujourd’hui 9,3 %. Le capital coûte donc 120 milliards d’euros annuels de plus à l’économie aujourd’hui qu’il y a 30 ans. Autant d’argent de perdu pour l’investissement productif et les salaires.

 

Le coût de l’euro

Un autre coût dont personne ne parle est celui lié aux variations du cours de la monnaie. Or depuis 2000, la valeur de l’euro a grimpé de 45%. Cela signifie que les prix des produits européens vendus en dehors de l’UE ont été renchéris d’autant. C’est Louis Gallois lui-même qui avait d’ailleurs expliqué il y a quelques années, qu’Airbus perd 100 millions chaque fois que l’euro monte de 1 centime. Il suffirait donc de dévaluer durablement l’euro pour améliorer la compétitivité.

La quête de la compétitivité ressemble donc à un mirage. Elle prétend agir sur un moteur économique, les exportations, qui est aléatoire et disqualifié à long terme par la crise écologique. Elle contribue à désigner le coût du travail comme bouc émissaire du chômage. Pour mieux exonérer la responsabilité beaucoup plus lourde du coût du capital et de l’euro.

Laurent Maffeïs

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