René Revol: "Rentrée dure, réponse molle"
Avant de développer ma chronique politique de rentrée en cette fin d’août je voudrais répondre à plusieurs d’entre vous qui m’ont écrit pour regretter que je ne parle plus sur ce blog de mes lectures personnelles comme je le faisais encore il y a un an ou deux. Je m’excuse donc d’avoir laissé l’urgence politique et sociale envahir ce blog et je répare cet oubli à la fin de cette note en vous livrant mes réflexions sur mes lectures de l’été, avec une petite perle littéraire qui m’a enchanté.
Oui la rentrée est dure : j’ai repris mes rendez vous en mairie avec la population et je peux vous assurer que l’enthousiasme olympique n’a pas fait disparaître les angoisses. Il ya d’abord cette contraction du pouvoir d’achat avec d’un côté des salaires en berne (et c’est souvent par la suppression des primes que le revenu baisse) et de l’autre des prix qui montent : le prix de l’essence, celui de l’électricité, les quittances de charges arrivent avec toujours une hausse…certains ménages où il y a pourtant deux emplois ne voient pas comment ils vont pouvoir assurer les frais de rentrée. J’ai notamment rencontré un couple (infirmier et aide soignante) qui étaient tout fier que leur grand garçon ait réussi à rentrer dans une bonne filière professionnelle mais c’est loin et il y a beaucoup de frais. Ils voulaient renoncer. J’ai mobilisé tout ce que j’ai pu car je ne supportais pas que ce jeune voit son avenir bouché. Mais pour un cas résolu, combien de renoncements ailleurs ! Et puis la montée du chômage et de la précarité est très sensible cet été : il y a d’abord les licenciements. Quand on voit que dans le fleuron pharmaceutique de Montpellier SANOFI on programme 200 suppressions d’emplois alors que l’entreprise a fait des profits record on a de quoi enrager. Mais ce qui est surtout visible dans notre région ce sont les effets des fins de contrat d’intérim et les CDD non renouvelés. Dans beaucoup d’entreprises c’est la variable d’ajustement : fin d’intérim et fin de CDD ça ne se voit pas. Par contre cela gonfle la liste d’attente des chômeurs. Cela touche aussi l’éducation nationale où de nombreux emplois aidés n’ont pas été renouvelés en juin; des emplois hautement qualifiés sont également concernés comme on l’a vu au CNRS où après avoir multiplié les CDD de chercheurs ceux-ci ont été remerciés. Quant à la rentrée scolaire, il ne faut pas s’attendre à une baisse des effectifs dans les classes ; comment voulez vous que la petite bouée d’oxygène des 1000 postes puissent compenser les 70 000 postes supprimés par Sarkozy en 5 ans ? La situation va vite être tendue dans de nombreux établissements. Je pourrai continuer la liste avec la santé, le logement, la baisse des moyens dans le secteur culturel….bref la rentrée sera dure.
Réponse molle. Quant à la réponse de Hollande elle est bien molle. Si on regarde les salaires, la conférence sociale n’a rien donné et le coup de pouce au SMIC fut presque ridicule ; le lobbying patronal a joué à plein et il a porté ses fruits. Allocations familiales et minima sociaux ne bougeant pas, on aura finalement obtenu que la hausse de 25% de l’allocation de rentrée scolaire c’est-à-dire autour d’une trentaine d’Euros versés en une seule fois. Ce n’est pas comme ça qu’on redressera le pouvoir d’achat. D’autant que rien n’est fait pour bloquer les prix : la valse hésitation sur le prix de l’essence pour finir par une baisse des taxes sans toucher au prix pétrolier, la mesure va s’avérer cosmétique. Là aussi le lobby pétrolier a joué à fond et a gagné ; il est vrai que ce lobby était enhardi par ses succès précédents sur les forages en Guyane (où ils ont quand même eu la peau d’une ministre) ou sur les gaz de schiste où selon les ministres on ne sait plus quelle est la position du gouvernement. Quant au front de l’emploi ce n’est guère plus brillant. Depuis mai le patronat met en œuvre une vague de licenciements qu’il avait gardé sous le coude sous l’ère Sarkozy ; et face à cela les belles envolées lyriques de Montebourg n’ont guère d’effet. Une des lois prioritaires serait d’interdire les licenciements boursiers c’est-à-dire d’interdire les licenciements dans les entreprises qui font des profits et versent des dividendes à leurs actionnaires. Il faut donner le pouvoir aux salariés de se réapproprier leur outil de production de manière coopérative quand les patrons font défaut. Appuyé sur ces deux moyens on pourrait sauver des milliers d’emplois en les insérant dans une vraie stratégie publique de réinvestissement industriel. C’est ce que nous avions élaboré au front de gauche avec la mise en place d’une planification écologique. Un épisode de cet été montre l’absence de vision de ce gouvernement habitué qu’ils sont au bon vieux fonctionnement social libéral : pour aider le secteur automobile en crise on nous propose de subventionner prioritairement les voitures électriques. Très bien la voiture électrique mais les objectifs fixés nécessite l’augmentation de la capacité de production électrique et comme dans ce domaine le compromis PS-verts a fait l’impasse sur l’avenir du nucléaire, tout cela ne peut se faire qu’avec deux centrales nucléaires supplémentaires ….ce qui serait le comble pour celui qui voulait faire baisser le nucléaire de 25% ! Là aussi le lobby patronal a pesé de tout son poids pour qu’aucune mesure radicale soit prise et cela va se payer par une montée en flèche des licenciements dans la récession qui se met en place. Les 150 000 emplois d’avenir à mi chemin entre les emplois aidés précaires et les emplois jeunes Jospin ne joueront qu’à la marge.
Lire la suite sur le site de René Revol
Remue méninges, Estivales citoyennes – Se former, échanger et organiser la mobilisation contre le traité Merkozy
Le Remue méninges est l’un de ces moments particuliers de la vie du militant du Parti de Gauche.
Encore un peu dans l’été, l’ambiance y est décontractée, comme encore emplie de soleil, et chacun y arrive reposé, l’esprit toujours un peu tourné vers les congés. L’endroit est propice aux retrouvailles avec les camarades de son comité ou de son département, à l’échange avec des militants d’autres horizons et à la rencontre tant attendue avec le camarade connu à travers des débats intenses sur la mailing list de telle ou telle commission.
Pour autant, et bien qu’elle constitue une dimension importante de l’événement, la convivialité ne caractérise évidemment pas à elle seule l’événement.
Marquant la rentrée politique du Parti de Gauche, le Remue méninges est en effet un moment aux multiples facettes politiques : temps de formation pour les militants, cette édition 2012 a également été l’occasion de refaire le bilan du cycle qui s’est achevé avec les élections législatives, d’établir un diagnostic commun sur les premiers temps au pouvoir du gouvernement conduit par le Parti socialiste, et d’échanger sur les objectifs politiques de la période à venir et les moyens de les atteindre.
La formation militante était organisée en trois séances de deux heures chacune autour de quatre grandes thématiques permettant à chacun d’approfondir sa connaissance des événements historiques et des courants politiques et philosophiques constitutifs de notre identité (thèmes « Qui sommes nous ? » et « d’où venons-nous ? »), de s’imprégner des propositions du parti sur lesquelles nous nous appuyons pour ouvrir de nouvelles perspectives (thème « changer la donne ») ou de compléter la gamme de moyens à sa disposition dans l’organisation de l’activité de son comité (thème « construire le parti »).
Puis vint le temps de la préparation des actions de rentrée, articulées notamment autour de l’abécédaire des radicalités concrètes, ouvrage collectif coordonné par Gabriel Amard, et de la préparation de la campagne contre le traité austéritaire rédigé par Angela Merkel et Nicolas Sarkozy.
Cœur de la production programmatique du parti, bon nombre de commissions thématiques (13 pour être précis) saisirent ensuite l’occasion de se réunir, en profitant pour permettre la rencontre entre militants, l’intégration de nouveaux camarades, un échange sur les thèmes d’actualité et la définition des axes de travail et des priorités de l’année.
Le Remue méninges trouva sa conclusion dans un meeting à l’image du parti : divers (Jean-Luc Mélenchon invitant quatre intervenants à partager la tribune au cours de son discours), engagé dans les luttes aux côtés des travailleurs (intervention de syndicalistes Fralib et Thalès), écologique (intervention de Gabriel Amard réaffirmant notre engagement sur ce thème quelles que soient les pressions exercées, à l’image des ignobles attaques qu’il a subi de la part de la Lyonnaise des Eaux suite à la création de la régie publique de l’eau dans la communauté d’agglomération qu’il préside), internationaliste (par les références aux nombreux succès et points d’appui de la révolution citoyenne, notamment en Amérique du Sud), social (par l’interpellation du Premier ministre sur de nombreux aspects de sa politique) et radicalement engagé pour la construction d’une autre Europe anti austéritaire (exigence d’un référendum sur le traité Merkozy). Ce meeting fut également l’occasion d’apporter notre soutien à Julian Assange (qui est intervenu depuis l’ambassade d’Equateur à Londres), pourchassé par les Etats-Unis pour avoir dévoilé, via Wikileaks, les modalités de mise en œuvre du dessin impérialiste.
La fin du Remue méninges ne marquait pour autant pas la fin du rassemblement militant, celui-ci se prolongeant en effet, avec la première édition des Estivales citoyennes du Front de Gauche. Les horizons permis aux diverses rencontres s’élargissent encore : de géographiques (pour les rencontres avec les camarades du PG), voici qu’ils deviennent politiques (pour les retrouvailles ou rencontres avec des camarades d’autres partis membres du Front de Gauche, ou avec des sympathisants non organisés).
Les ateliers de formation et d’échange soulignent l’intelligence collective du Front de Gauche. Réunissant près de 200 intervenants et jusqu’à 3000 participants, ils s’organisent autour de 11 thèmes reflétant nos principaux domaines d’action et de proposition : défense et développement de l’emploi, refondation de l’Europe, refus de l’austérité, l’alternative démocratique, l’urgence écologique, l’international, la défense, école université recherche, égalité des droits, émancipation, transformation et enjeux de société, le développement du Front de Gauche.
La dimension internationale du combat mené en France par le Front de Gauche est soulignée à l’occasion du meeting européen qui s’est tenu le samedi en fin d’après-midi. Les interventions des camarades Portugais, Allemands, Espagnols et Italiens auront été l’occasion de mettre en avant la volonté commune des partis membre du Parti de la Gauche Européenne de refuser le Traité sur la Stabilité, la Coordination et la Gouvernance dans l’Union Européenne, économique et monétaire (traité Merkozy) et les politiques austéritaires qu’il entend imposer durablement. Ce fut également l’occasion de constater la convergence programmatique par les affirmations successives que d’autres solutions sont possibles pour répondre aux besoins urgents des peuples d’Europe, notamment par la coopération et la mise en place de politiques de relance ciblées, visant à répondre au double enjeu social et écologique. Nos camarades nous ont également apporté leurs témoignages quant aux différentes stratégies mises en place pour organiser l’autre gauche dans leurs pays. Dernier intervenant de ce meeting, Francis Wurtz rappelait que la clef de la réorientation des politiques européennes résidait dans le changement des missions de la Banque Centrale Européenne.
Après un dernier atelier, cette première édition des Estivales citoyennes du Front de Gauche s’achevait par un grand meeting sur la place centrale du campus de Saint-Martin-d’Hères. Celui-ci donnait à voir toutes la diversité de notre rassemblement. Des intervenants de chaque organisation membre ont développé à tour de rôle, qui le récit de lutte dans lesquelles le Front de Gauche est particulièrement impliqué, qui des perspectives d’action. La conclusion de ce meeting revenait à Jean-Luc Mélenchon. Après avoir retracé les esquisses de la relation du Front de Gauche au gouvernement socialiste (relation marquée par l’ambition limitée des actions prises dans les premiers mois de ce gouvernement et par le refus des socialistes de répondre aux interpellations de fond adressées à plusieurs reprises) vint le temps de la déclinaison pratique des objectifs politiques de la période qui s’ouvre. La priorité des priorités est la lutte contre le TSCG, lutte qui passe par l’obtention d’un référendum relatif à la ratification de ce traité. Le Front de Gauche s’investira dans une grande campagne d’éducation et de mobilisation populaire sur ce thème et Pierre Laurent, Secrétaire général du Parti communiste, a donné rendez-vous à la fête de l’Humanité.
Le point d’orgue de cette campagne sera une manifestation nationale, s’inscrivant dans la lignée de la marche pour la 6ème république du 18 mars. Celle-ci sera organisée courant septembre à Paris, avec tou-te-s celles et ceux qui ne se reconnaissent pas dans les politiques austéritaires ou qui considèrent, a minima, que les grandes orientations européennes doivent être soumises au peuple souverain.
Si les 12 derniers mois, avec les élections présidentielles puis législatives, ont été les plus intenses de l’existence de notre parti, l’enthousiasme qu’a suscité cette annonce chez les militants nous assure que les prochains s’annoncent tout aussi excitants, et nous rappelle, en cette année olympique, que tous les records sont faits pour être battus.
Remue méninges – Traité européen : Mélenchon appelle à une manifestation pour un référendum
Jean-Luc Mélenchon, adversaire du traité budgétaire européen, a appelé à une manifestation nationale à Paris pour réclamer un référendum sur sa ratification, dimanche en clôturant les Estivales citoyennes du Front de gauche à Saint-Martin-d’Hères (Isère).
« Nous, Front de gauche nous adressons, non pas à ceux qui sont d’accord avec nous (…) mais à tous ceux qui veulent, personnes, organisations, associations, syndicats », un appel « à une manifestation nationale à Paris venant de tout le pays », a déclaré le dirigeant du FG, évoquant la nécessité d’ »une sorte de comité national pour le référendum ».
Il s’agit de « montrer la force qui dit « non », a-t-il aussi déclaré, sans préciser la date qu’il souhaitait pour cette mobilisation.
Dans son discours, Jean-Luc Mélenchon s’est en est de nouveau pris à Jean-Marc Ayrault qu’il a accusé d’avoir « raconté des bobards » aux jeunes socialistes du MJS samedi lors de l’université d’été de La Rochelle, sur les questions européennes.
« Qu’est ce que c’est que cette réhabilitation de Nicolas Sarkozy à laquelle nous avons assisté hier (samedi)? », a-t-il demandé, reprochant au Premier ministre de ne plus avoir les réserves qu’il affichait début 2012 – alors dans l’opposition – face à un mécanisme de financement des pays en difficulté de la zone euro défendu par l’ancienne majorité.
L’eurodéputé a aussi réagi à une déclaration du chef du gouvernement affirmant au JDD, à propos de l’ajout d’un volet croissance au traité budgétaire européen, que « le vote des Français (pour François Hollande, ndlr) a fait bouger les lignes ». « Quelles lignes, quelles pages, quels mots, quelles virgules, la couleur du papier », s’est interrogé Jean-Luc Mélenchon, avant de répondre: « Rien ! ».
Il s’est également adressé aux personnalités qui se sont déclarées contre le traité. « Eva (Joly, EELV), viens, marche en tête de la manifestation et s’il y a un problème je veux bien être à la queue », a-t-il lancé.
L’ex-candidate EELV, qui s’est déclarée pour un référendum sur le traité, avait critiqué Jean-Luc Mélenchon durant les universités d’été d’Europe Ecologie Les Verts jeudi.
« On ne peut pas demander un référendum au nom de la démocratie en Europe et applaudir à deux mains en Amérique du sud l’autoritarisme tropical du président Chavez », avait-elle dit.
M. Mélenchon a ensuite sollicité le chef de file des sénateurs EELV, Jean-Vincent Placé, et la sénatrice PS Marie-Noëlle Lienemann, qui « représentent le peuple ». « Si vous vous laissez gommer, vous vous laisserez passer la muselière ! », a-t-il ajouté en référence à un terme récemment employé avec ironie par Cécile Duflot pour évoquer la solidarité gouvernementale.
Avant la manifestation nationale qu’il appelle de ses voeux, Jean-Luc Mélenchon a donné rendez-vous aux militants à la fête de l’Humanité qui se tient les 14, 15 et 16 septembre, « première grande mobilisation populaire ».
Avant Jean-Luc Mélenchon, le secrétaire national du PCF Pierre Laurent avait dit à la tribune que le traité européen, qui sera soumis au Parlement en octobre, « est à la ligne près celui signé par Nicolas Sarkozy et Angela Merkel ».
« C’est une camisole de force qui sera assignée à la France si nous signons ce pacte », a-t-il ajouté, appelant à faire « des deux années qui viennent, deux années de lutte et de conquête sociale ».
« A ceux qui nous cherchaient des poux la semaine dernière, la meilleure nouvelle est le dynamisme intact du Front de gauche ! », a prévenu le numéro un communiste.
Sondage CSA/L’Humanité – 72 % des Français veulent un référundum
Selon notre sondage CSA-L’Humanité, une très large majorité de l’opinion publique souhaite être consultée sur le traité qui imposerait la règle d’or budgétaire à la France. Une question qui fut également longuement débattue lors des « Estivales citoyennes » qui ont eu lieu de week-end. L’éditorial de Patrick Apel-Muller, Sous le manteau pourpre…
Les résultats de notre sondage CSA sont sans appel. Soixante-douze pour cent des Français souhaitent qu’un référendum soit organisé pour ratifier le traité européen qui instaure à l’échelle du continent la règle d’or chère à Nicolas Sarkozy et Angela Merkel. Les électeurs de Jean-Luc Mélenchon à l’élection présidentielle sont les plus nombreux à le souhaiter, mais c’est également le cas des deux tiers des électeurs socialistes qui ont en mémoire le onzième des soixante engagements de François Hollande qui prévoyait la renégociation du traité. Pour l’heure, rien de consistant n’a été obtenu et c’est toujours sous la toise des marchés financiers qu’il s’agit de courber les peuples du continent, de les enfermer dans une austérité à perpétuité. « Les privilégiés égoïstes, écrivait Jaurès, veulent jeter sur leurs privilèges le manteau pourpre » de la raison et de la vertu. C’est tout le contraire en la circonstance : les milieux dirigeants allient l’injustice à l’inefficacité qui conduit à la récession et même à des reculs de civilisation, comme en témoigne le cortège de souffrances qui emporte la Grèce. Alors qu’il faudrait l’en libérer, François Hollande a souhaité, à la fin de la semaine, que ce pays s’y conforme docilement. Comment l’Europe pourrait-elle survivre longtemps à une loi si inhumaine ?
On comprend mieux pourquoi les partisans de cette règle d’or et de cette poigne de fer (les sarkozystes, réunis vendredi à Nice) ou ceux qui ne se sentent pas le courage de les combattre (une bonne partie des dirigeants socialistes réunis à La Rochelle) préféreraient ne pas être obligés à un débat public qui dévoilerait les dangers de ce traité. Faut-il pour autant se prêter à une violation de la souveraineté populaire en écartant le peuple de ce débat ? Faut-il commettre cette sorte de coup d’État à froid qui entraverait les possibilités de réformes progressistes à l’avenir ? L’opinion sent bien que cette volonté de ratifier ce texte en se passant de son consentement cache de troubles desseins. C’est pourquoi elle veut être consultée.
Jean-Marc Ayrault sent ce trouble et a voulu, ce week-end, imposer une discipline de fer à sa majorité gouvernementale. En effet, une grande partie des militants d’EELV est hostile à l’imposition d’un tel traité et le malaise court parmi les militants socialistes. Récemment, seize députés PS ont demandé au président de « peser davantage sur le débat européen ». Le premier ministre a agité, comme à chaque échéance européenne, la menace d’une extinction du projet européen, d’une « très grave faute politique, voire morale », et d’un affaiblissement de la France. C’est au contraire l’irrésolution, la recherche d’un compromis à n’importe quel prix, la peur d’affronter le mur d’argent qui rendent inaudible la parole de nos gouvernants. De quelle formidable autorité serait investi François Hollande s’il se rendait à Bruxelles ou à Berlin fort du vote d’une majorité de Français blackboulant la perspective d’une austérité à perpétuité ! Le référendum sur ce sujet ne serait pas une entrave mais un formidable tremplin pour qu’à l’échelle du continent la règle deviennent « l’humain d’abord » plutôt que les dividendes, pour garder une raison d’être à la gauche européenne.
Les partisans du Front de gauche, qui tenait le week-end dernier son université d’été à Grenoble, vont se consacrer à faire prévaloir cette exigence d’une consultation du peuple. La Fête de l’Humanité sera la caisse de résonance géante de ces débats. Rendez-vous donc à la mi-septembre.
L’opinion sent bien que la volonté de ratifier ce texte en se passant de son consentement cache de troubles desseins.
http://www.humanite.fr/monde/ce-lundi-dans-lhumanite-72-des-francais-veulent-un-referundum-502791
Remue-Méninges – L’écologie dans la reconversion industrielle
Compte-rendu de l’atelier « L’écologie dans la reconversion industrielle » des Remue-méninges.
« L’écologie, c’est pour les bobos », « L’écologie, c’est pas pour les ouvriers ». Voilà certains poncifs auxquels s’attaque frontalement l’un des premiers ateliers des estivales citoyennes du Front de Gauche.
Dans un amphi bondé, sous la conduite de Laurence Sauvage, animatrice du Front des luttes, François Ruffin, responsable du journal Fakir, et Sylvère Chouraqui, syndicaliste Arkhema ont développé la place que l’écologie doit prendre plus spécifiquement dans la reconversion industrielle du pays.
Le thème du débat percute de plein fouet l’actualité. En effet, depuis le 22 aout, les ressources naturelles que la Terre peut produire en un an ont été épuisées. Nous vivons donc à crédit sur le dos des générations futures et en menaçant l’écosystème permettant la vie humaine. Face à la folie du capitalisme et de son corollaire productiviste, le Front de Gauche développe l’idée de la planification écologique et de la « règle verte », en mettant en avant les projets alternatifs qui permettraient de maintenir la production sur site.
François Ruffin revient sur le dossier Doux qui apparaît comme un cas type. Il rappelle les terribles conditions de travail dans ses usines qui rappellent le 19ème siècle. Et pourtant ils se battent pour garder leur travail car c’est le seul qu’il puisse avoir. La seule solution proposée c’est la continuation. D’autant plus qu’en remontant la filière jusqu’aux aviculteurs, il apparaît qu’ils sont fortement attachés au modèle qui leur a permit de s’adapter au système néo libéral de l’agriculture. Ils affirment même la nécessité de renforcer la concentration des élevages sur le modèle allemand promu par de nombreux think tank, alors que l’aviculture est également frappée par le libre échange.
Il conclu en affirmant que la bataille Doux est une métaphore de la crise : au lieu de changer de système on va plus loin dans la folie.
Sylvère Chouraqui expose la bataille que les salariés ont menée pour faire face à la cession de tout un secteur de l’entreprise. Les caractéristiques de l’industrie du chlore empêchent la reprise de l’entreprise sous forme de coopérative et pour sauver des emplois, seule la nationalisation serait la solution. De plus, les dix sites de productions menacés sont fortement pollués et s’ils devaient s’arrêter nécessiteraient un important travail de dépollution. Les salariés ont développé un plan d’évolution des entreprises pour lutter contre les délocalisations dans des pays aux normes sociales et environnementales plus souples. Pour assurer qu’une usine de PVC soit propre, il est indispensable d’investir, ce à quoi les patrons ne sont pas prêts.
Suite à ces interventions, un riche débat avec la salle s’engage pour développer des exemples concrets.
Face à l’incurie des capitalistes, c’est la mobilisation de toutes et tous, ainsi que la force de la loi, qui permettront de mettre en œuvre la planification écologique.
Front de Gauche – Les Estivales citoyennes ont commencé
Les Estivales citoyennes du Front de Gauche ont débuté ce matin à Saint-Martin d’Hères, près de Grenoble.
3000 participants sont attendus lors de ces deux jours qui marquent la rentrée politique du Front de Gauche.
Plus de 200 intervenants, français et étrangers, animeront une soixantaine d’atelier (cf programme en pièce jointe).
Les temps forts des Estivales :
Samedi 25 août – 18h : Meeting européen
Avec notamment Maité Mola, vice-présidente du PGE, Izquierda unida (Espagne), Paolo Ferro, Rifondazione comunista (Italie), Marisa Matias, Bloco de Esquerda (Portugal), Thomas Nord, Die Linke (Espagne) et Francis Wurtz.
Dimanche 26 août, de 11h à 13h : Meeting du Front de Gauche sur la rentrée politique et sociale.
Avec les représentants des différentes composantes du Front de Gauche :
– Myriam Martin (Gauche Anticapitaliste)
– Christian Pierrel (PCOF)
– Evelyne Sire-Marin (non encartés)
– Stéphanie Treillet (Convergences et Alternative)
– Clémentine Autain (FASE)
– Christian Picquet (Gauche Unitaire)
– Martine Billard (Parti de Gauche)
– Pierre Laurent (PCF)
Le meeting sera conclu par Jean-Luc Mélenchon.
Roms : une embrouille gouvernementale de plus !
Doit-on se réjouir des mesures annoncées le 22 août dernier à l’issue de la réunion de travail consacrée aux Roms ? La lecture du communiqué de presse diffusé par les services du premier ministre appelle à beaucoup de réserves.
Une seule disposition est indiquée avec certitude : les décisions de justice afférentes aux démantèlements des campements illicites continueront d’être appliquées.
Pour le reste, le flou persiste, tant sur les mesures à prendre en matière d’insertion par l’emploi, d’hébergement et de logement et de dispositifs sociaux et sanitaires, que sur le calendrier.
Aucune mesure d’immédiateté ou de court terme pour ramener les conditions de vie des Roms dans le droit commun. La préférence semble être aux dispositifs de discriminations positives, alors qu’ils sont citoyens européens. Comment croire qu’une simple suppression de la taxe versée par l’employeur à l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII) ou que l’élargissement éventuel de la liste des métiers ouverts aux ressortissants roumains et bulgares pourraient favoriser leur insertion par l’emploi ?
De plus, un gouvernement réellement préoccupé du bien être des Roms aurait, également, retenu l’application immédiate, pleine et entière des articles L 345-2-2 et L 345-2-3 du Code de l’action sociale et des familles. En effet, « toute personne sans abri en situation de détresse médicale, psychique et sociale a accès, à tout moment, à un dispositif d’hébergement d’urgence » afin de « pouvoir y bénéficier d’un accompagnement personnalisé et y demeurer … jusqu’à ce qu’une orientation lui soit proposée », c’est à dire « vers une structure d’hébergement stable notamment ou vers un logement, adaptés à sa situation ».
Ainsi, ces familles auraient pu quitter, en toute sérénité, les sordides bidonvilles qu’elles occupent pour intégrer des hébergements d’urgence, proposant non seulement le gîte, dans des conditions respectueuses de la dignité humaine, mais aussi des aides de premières nécessité et un accompagnement médico-social approprié dans l’attente d’une proposition d’habitat durable et adapté. Complété par une levée rapide des restrictions d’accès à l’emploi en vigueur, ce programme pourrait contribuer à une amélioration certaine des conditions de vie de ces populations et faciliter l’intégration sociale des adultes et des enfants concernés.
Aussi, le Parti de Gauche exige que les droits sociaux en vigueur soient strictement appliqués et que des mesures claires, précises et respectueuses de la dignité humaine soient définies afin de concourir à l’intégration sociale et au bien être des populations Roms.
Remue-Méninges – Une Grande première
Grande première : cette année le domaine universitaire de Grenoble à Saint Martin d’Hères accueille non seulement le Remue méninges du Parti de gauche (24-25 août) mais aussi une université d’été, les Estivales citoyennes, co-organisée par les organisations membres du Front de gauche les 26 et 27 août. Un évènement difficilement imaginable il y a peu encore. Mais, il y a eu la Présidentielle. Le vote de 4 millions de Français en faveur d’un homme, Jean-Luc Mélenchon, candidat d’un rassemblement, le Front de gauche, autour d’un programme alternatif au libéralisme et à la sociale démocratie, l’Humain d’Abord. Un programme toujours valable trois mois après les élections, présidentielle et législatives.
Dès jeudi soir, Marine Billard et Jean-Luc Mélenchon, co-présidents du Parti de gauche pouvaient se féliciter du succès de ces deux événement au vu des chiffres : Près de 3000 participants inscrits pour ces 4 journées, près de 180 intervenants et une centaine d’ateliers dont les thèmes rappellent l’engagement du Parti de gauche, mais aussi du Front de gauche, pour l’écologie, les luttes sociales, la démocratie et le féminisme.
Voir le programme du Remue méninges et là celui des Estivales.
Articles :
- Ayrault interpellé par Jean-Luc Mélenchon
- Assange intervient au meeting de Jean-Luc Mélenchon
- Compte-rendu de l’atelier « L’écologie dans la reconversion industrielle »
Martine Billard :
Photos :
Remue Méninges – Ayrault interpellé
Jean-Luc Mélenchon a invité plusieurs représentants de luttes politiques et sociales à interpeller le premier ministre lors de son meeting de rentrée à Grenoble.
Gabriel Amard tout d’abord, président de la Communauté d’agglomération des Lacs de l’Essonne, victime d’une campagne de déstabilisation menée par SUEZ suite à la création d’une régie publique de l’eau à Viry-Chatillon. Cette campagne a été commanditée au cabinet Vae Solis, à l’époque dirigé par l’actuel chef de cabinet de Stéphane Le Fol. Gabriel Amard, qui a porté plainte pour trafic d’influence, demande que la législation sanctionnant ces méthodes soit renforcée.
Elodie Groutsche, syndicaliste, a rappelé le long combat des FRALIB, qui réclament aujourd’hui de pouvoir récupérer la marque Elephant en obligeant Unilever à leur céder. Plus largement, elle a demandé à ce qu’une loi soit votée pour permettre la réquisition d’une marque lorsqu’elle est en soi associée au patrimoine français.
Enfin, le syndicaliste Franck Perrin, au nom des salariés de THALES, a demandé à ce que l’Etat, actionnaire de l’entreprise à 41 %, fasse immédiatement stopper la cession du groupe.
Lors de ce meeting, Jean-Luc Mélenchon s’est également entretenu en direct avec Julian Assange, qui demande à la France d’intervenir pour que soit respecté son droit d’asile diplomatique accordé par l’Equateur.
Remue-Méninges – Assange intervient au meeting de Jean-Luc Mélenchon
Julian Assange, fondateur de Wikileaks, est intervenu depuis Londres, via Skype, dans le meeting de Jean-Luc Mélenchon à Grenoble.
Il a interpellé le gouvernement français pour qu’il pèse afin que soit respecté le droit d’asile qui lui a été accordé. Il a parlé de la France comme de son dernier espoir en Europe.
Il a salué le mouvement de soutien à sa cause en France et a rappelé que cela fait 2 ans et demi que le système empêche, par le blocage des comptes bancaires de Wikileaks, toute aide financière. Il a dénoncé l’utilisation des nouvelles techiques pour censurer et bloquer la liberté d’expression.