En Equateur, la compagnie pétrolière Chevron doit respecter la justice

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Depuis plus de vingt ans, le géant pétrolier nord-américain Texaco, racheté par Chevron en 2001, fuit la justice équatorienne.

Entre 1964 et 1992, Texaco a opéré sur deux millions d’hectares de l’Amazonie équatorienne, sans respecter aucune des règles en vigueur dans ce pays depuis la loi sur les hydrocarbures de 1971. Pour optimiser ses profits, Texaco a délibérément choisi de ne pas respecter les procédés d’extraction standards de l’époque, déversant ainsi près de 71 millions de litres de résidus de pétrole et 64 millions de litres de pétrole brut à la surface de la forêt, avec pour conséquence des dégât environnementaux et sociaux irréversibles pour les populations.

En 2012, la justice équatorienne, saisie par les organisations indigènes et les familles victimes regroupées depuis 1993 au sein du Front de défense, a condamné Chevron à verser 19 milliards de dollars.

Cependant, la septième compagnie pétrolière du monde, après de nombreuses manoeuvres dilatoires, met désormais en place un lobbying agressif auprès du Congrès des Etats-Unis et du Département du commerce pour échapper à cette décision de justice.

Comble du cynisme, c’est Chevron qui attaque l’Etat équatorien en justice au nom du traité bilatéral d’investissement entre les Etats-Unis et l’Equateur (TBI), pourtant entré en vigueur en 1997, soit 5 ans après la fin du pillage par Texaco. Au-delà de l’aberration judiciaire que supposerait le caractère rétro-actif de ce traité, aucune clause ne stipule l’interdiction faite aux citoyens de poursuivre en justice une entreprise.

Le PG condamne la scandaleuse campagne de discrédit menée par Chevron contre des organes judiciaires et exécutifs de l’Etat équatorien et renouvelle son soutien au gouvernement de Rafael Correa qui appuie les organisations indigènes pour que justice leur soit enfin rendue.

Guillaume Beaulande,
responsable de la commission Amérique latine

« Surmenage sur le ménage ! »

C’est ainsi que des salariés de la société Isor, chargés du nettoyage à l’hôpital Saint-Jean de Perpignan, justifient la grève entamée lundi matin. Un acte courageux qui doit faire écho tant la situation est lourde de sens tant sur le plan social qu’humain.

PG66_menage-1.jpg A l’hôpital Saint-Jean de Perpignan, ils sont une vingtaine de salariés à former l’équipe du matin, en grande majorité des femmes, chargée du nettoyage des bureaux de consultation, chambres et lieux communs de l’hôpital. Depuis lundi matin, ils sont 16 à avoir entamé une grève qui sera reconduite tant que leurs revendications n’auront pas été satisfaites. Revalorisation des salaires pour respecter le code du travail et la convention collective, amélioration des conditions de travail, formation : rien d’exagéré, loin de là, juste le strict minimum. En fait, cela fait longtemps qu’elles auraient pu se mettre en lutte. Mais quand on n’a qu’un contrat précaire, une petite paye, on a peur de perdre le peu qu’on a. Aujourd’hui, devant l’intensification des pressions qu’elles subissent de la part de leur direction, elles ont décidé de réagir.

Soutenus au départ par l’UD CGT 66 et les UL CGT de Toulouse Sud et de Perpignan Nord, les salariés d’Isor sont bien décidés à se faire entendre. Dès le début de la grève, Yves Gauby, secrétaire général de l’Union locale CGT Perpignan Nord, est venu pour les aider dans le processus de négociation. Très vite, des militants de la CGT Santé de l’hôpital Saint-Jean, Emmanuel Caron en tête, se sont investis aussi. Des infirmières, conscientes de la situation, sont également venues les encourager car, comme elles l’affirment fort justement, le rôle du personnel de ménage en milieu hospitalier est crucial en termes de santé publique. Le combat de ces salariés est bien sûr le combat de tous les travailleurs précaires, mais il est renforcé par le danger sanitaire que provoque l’attitude de la direction d’Isor à l’égard de ses salariés : pressions insupportables, harcèlement moral, mépris des droits des travailleurs et des normes d’hygiène… Nous, le Parti de Gauche, devions absolument tenter de les aider. Nous sommes donc allés à leur rencontre, pour les écouter, comprendre et relayer leur lutte.

L’équipe du matin embauche à 5h. Avant de commencer le ménage, il faut enfiler la tenue règlementaire et préparer le chariot. Des tâches qui prennent déjà près de 25 minutes. 25 minutes qui ne sont pas comptées dans le temps de travail, donc pas rémunérées. En fin de service, c’est la même chose. Près de 20 minutes pour se changer et ranger, toujours non rémunérées. Ce qui est compté, c’est donc uniquement le ménage : 3 minutes 30 pour nettoyer un bureau de consultation, 10 minutes pour une chambre, voilà les cadences infernales auxquelles les salariés d’Isor sont soumis. Et si jamais tout n’est pas nickel ou que l’une ou l’un ose parler, alors les lettres d’avertissement pleuvent, promettant de lourdes sanctions disciplinaires.
Dans les dizaines de lettres qui nous ont été montrées figure toujours la même rengaine : « nous constatons malheureusement un grand laxisme de votre part et un réel manque de respect des consignes ». Peu importe à la direction de ne pas respecter le droit du travail. Les salariés d’Isor sont engagés au plus bas des échelons (AS1), à 9,61 euros de l’heure, en très grande majorité à temps partiel, entre 3 et 5 heures par jour. Trois mois après l’embauche, la convention collective prévoit une première promotion (AS2). Une deuxième (AS3) devrait aussi être accordée du fait que le travail s’effectue en milieu sensible (milieu hospitalier). Passer de AS1 à AS3, personne n’en a bénéficié. Pourtant, cela ne coûterait pas cher à la direction d’Isor, seulement 9 centimes de l’heure !

PG66_menage-2.jpg Non, la direction d’Isor préfère au contraire accélérer toujours les cadences. Il y a 4 ans, il fallait nettoyer 7 bureaux par heure, aujourd’hui c’est 14 !!! Et si une salariée se plaint, alors on lui envoie l’une de ces fameuses lettres. « Si tu n’es pas contente, dégage ! Il y a des tas de chômeurs qui peuvent prendre ta place… », voilà le discours qu’on leur fait entendre, voilà pourquoi certaines ont attendu des années pour se mettre en grève, par peur de perdre leur emploi. La plus ancienne des salariées est en poste depuis 7 ans. Il y a quelques semaines, la direction lui a proposé un licenciement dans le cadre d’une procédure si fumeuse qu’elle n’aurait pas reçu d’indemnités. Tout était magouillé d’avance pour que son départ passe pour un abandon de poste… Insupportable. Si insupportable qu’elle est tombée en dépression.

En plus du scandale social se noue un scandale sanitaire. Quand on laisse si peu de temps pour nettoyer un bureau ou une chambre, comment assurer l’hygiène indispensable que nécessite un hôpital ? Et ce n’est pas tout ! Les tenues devraient être lavées par Isor, afin d’assurer qu’elles soient stériles. Ce point n’est pas respecté par la direction qui impose à ses salariés de les laver eux-mêmes chez eux, au risque de transférer les microbes entre le domicile et l’hôpital. Qu’on se rassure, les salariés bénéficient ainsi d’une indemnité royale de 23 centimes par mois ! Isor ne fait donc pas qu’exploiter ses salariés, elle met également en danger les patients. Isor prend tout de même en charge le nettoyage des chiffons et autres serpillères. Mais là encore, le mépris des normes d’hygiène est révoltant : le lavage s’effectue à 30°, très loin des 95° qu’il faudrait pour stériliser ce linge.

On pourrait encore ajouter que les remplaçants ne bénéficient d’aucune formation alors, on le rappelle, qu’ils évoluent en milieu sensible, souvent pour la première fois. Ajouter aussi que les heures de travail de nuit (avant 6 heures du matin) ne sont pas rémunérées comme telles.

Hier matin, donc, commençait la grève. Avant de démarrer les discussions, la direction a appelé des salariés de l’équipe de l’après-midi, afin qu’ils remplacent les grévistes. Là encore, Isor a enfreint le cadre légal car ce type de pratique constitue une entrave au droit de grève. Mépris de ses salariés, mépris de la santé publique, mépris de la Loi : la direction d’Isor est dans l’épouvantable air du temps, celui qui considère que le bénéfice net est plus important que l’Humain. Nous, Parti de Gauche, lui adressons ce message : nous constatons malheureusement un grand laxisme de votre part et un réel manque de respect de la condition humaine.

Justice pour Philippe Pichon: le fait du Prince doit cesser, M. Valls !

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Dans un jugement du 22 octobre 2013 non frappé d’appel, la 17ème chambre correctionnelle du tribunal de Paris a infligé un camouflet judiciaire à Manuel Valls. Certes, Philippe Pichon, commandant de police mis à la retraite d’office suite à sa dénonciation illustrée et argumentée du STIC, fichier policier tentaculaire, a été reconnu coupable de violation du secret professionnel. Mais il a été condamné à une peine symbolique de 1500 euros d’amende avec sursis et surtout, le tribunal a prononcé la non-inscription de cette peine sur son casier judiciaire accessible aux administrations et ne lui a pas infligé d’interdiction d’exercer le métier de policier. Enfin, le ministère de l’Intérieur qui avait poussé l’acharnement jusqu’à lui réclamer 4 000 euros de dommages-intérêts a été débouté de sa demande !

Manuel Valls a refusé obstinément depuis mai 2012 la réintégration de Philippe Pichon dans la police nationale en arguant de l’attente de la décision pénale qui vient d’être rendue. Il a pourtant accordé cette faveur il y a quelques mois à plusieurs policiers de la BAC Nord de Marseille, mis en cause dans une enquête judiciaire pour corruption. La présomption d’innocence est manifestement une notion à géométrie variable Place Beauvau. En tout cas, rien ne s’oppose aujourd’hui à la réintégration de Philippe Pichon, M. le ministre !

Le Parti de Gauche réaffirme son soutien à Philippe Pichon, lanceur d’alerte pour nos libertés et exige que justice lui soit rendue en lui permettant de redevenir le policier républicain qu’il fut pendant des années.

Lettre aux député-e-s absentionnistes: dites non à cette réforme des retraites

assembleeEric Coquerel (PG), Annick Coupé (Solidaires), Isabelle de Almeida (PCF), Guillaume Floris (GA), Pierre Khalfa (Copernic), Alain Lipietz (EE-LV) et Christiane Marty (Attac), membres du Collectif unitaire Retraites 2013, appellent les « 47 députés de gauche » n’ayant pas voté la réforme des retraites à « la mettre en échec pour de bon » lors de son retour à l’Assemblée, après son rejet par le Sénat mardi 5 novembre.

Mesdames, Messieurs les Député-e-s

Le 15 octobre, vous avez été parmi les 47 députés de gauche à s’abstenir lors du premier passage à l’Assemblée nationale de la réforme du système de retraites. Grâce à votre vote, et aux votes contre de vos collègues du Front de Gauche, la réforme n’a pas obtenu la majorité absolue.

Depuis, le Sénat s’est unanimement opposé à cette réforme. Lorsqu’elle reviendra à l’Assemblée, vous aurez donc le pouvoir de la mettre en échec pour de bon. C’est dire si votre vote sera d’importance. Nous savons en effet que sur le fond votre abstention signifie un désaccord avec cette réforme.

Nous n’avons donc pas besoin dans cette lettre de vous dire à quel point cette réforme constituera une régression sociale.

Nous reviendrons cependant sur quelques points que ceux de vos collègues socialistes qui ont voté favorablement seraient bien avisés de se rappeler également avant leur vote. Il n’est pas interdit de changer d’avis surtout quand la cause est juste et correspond aux valeurs de la gauche.

Si cette réforme passe, elle entérine du coup la réforme Fillon qui mettait fin à la retraite à 60 ans. Or, si Nicolas Sarkozy a décidé de faire voter cette réforme coûte que coûte malgré une mobilisation populaire inédite, nous ne doutons pas que cela a contribué à sa défaite et donc à l’élection de François Hollande et de nombre de députés de gauche. Voter cette loi, c’est donc en quelque sorte donner une victoire a posteriori à Nicolas Sarkozy et causer une nouvelle défaite à la majorité qui s’est exprimée le 6 mai 2012.

Si cette réforme passe, vous feriez partie de la première majorité gouvernementale à faire reculer l’âge de la retraite. Une triste première. S’il fallait se convaincre que l’allongement de la durée de cotisation vaut en effet recul effectif de l’âge de départ à la retraite, il suffit de se reporter aux écrits de François Hollande lui-même. Dans le document qui retrace la «stratégie de politique économique de la France» envoyé le 1er octobre à Bruxelles, le président de la République reconnaît en effet que l’âge de départ à la retraite va faire un bond suite à l’allongement à 43 annuités de la durée de cotisation en 2035 : « A terme, un assuré qui débute sa carrière à 23 ans (c’est la moyenne en France) ne pourra partir à la retraite au taux plein qu’à partir de 66 ans. Ainsi, l’âge légal de départ est maintenu à 62 ans, mais l’âge effectif de départ à la retraite, qui constitue le critère déterminant au regard de la soutenabilité des finances publiques, devrait augmenter mécaniquement » écrit-il. Il est vrai qu’il convient de rassurer la Commission européenne qui avait fait de ce recul une des conditions pour assouplir pendant deux ans la règle d’or budgétaire. Mais au moins chacun, à commencer par vous, est ainsi prévenu de l‘objectif réel de cette réforme.

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A Paris, les listes Front de Gauche seront la surprise des prochaines élections !

09-daniellesimonnet.jpgLes sondages doivent toujours être accueillis avec la plus grande réserve, mais il faut reconnaître aussi leur forte capacité d’influence sur le choix des futurs électeurs. Notamment par le cadrage médiatique qu’ils permettent. Or, le sondage réalisé par Libération confirme que le Front de Gauche est bien la deuxième force à Gauche. Accréditée de 11% au premier tour, notre liste autonome testée sous l’intitulé “soutenue par le Parti de Gauche et Jean-Luc Mélenchon” réalise dans le 14ème arrondissement en début de campagne le même score que Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle.

C’est évidemment une bonne nouvelle pour les listes que nous présenterons sur tous les arrondissements et qui, représenteront le Front de gauche et non le seul Parti de Gauche. Mais ce sondage apporte d’autres enseignements. NKM, la candidate de l’UMP perd face à la candidate PS. Preuve que la droite ne représente pas un danger à Paris. L’autre bonne nouvelle de ce sondage, c’est que le FN, estimé à 7%, est loin de réaliser la percée électorale prédite par divers éditorialistes, même si sa progression est bien évidemment à combattre. Mais surtout pour battre la droite et l’extrême droite, le sondage confirme l’enjeu que représente la force électorale autonome du Front de Gauche. Nos listes seront non seulement la surprise du scrutin mais la clé de l’élection !

Cependant, une fois de plus, nous ne pouvons que noter que “Libération” a choisi de ne pas indiquer dans son édition papier le résultat de son propre sondage quand il s’agit du résultat de notre liste. De tels procédés manquent au devoir initial d’information. Un correctif s’impose. C’est la raison pour laquelle nous demandons que les sondages soient toujours publiés dans leur intégralité après leur réalisation et non de façon parcellaire.

Réforme des retraites touchée… coulons la !

Pour nos retraites

La réforme des retraites vient d’être retoquée à l’unanimité au Sénat. Le Parti de Gauche se félicite que cette loi de régression sociale soit ainsi touchée. Il est désormais possible de la couler. Lors du 1er passage à l’assemblée nationale elle n’avait en effet pas obtenu de majorité absolue. Il suffit donc lors de son passage final que les 47 députés de gauche abstentionnistes – dont le groupe EE-LV et plusieurs socialistes – aillent jusqu’au bout de leur conviction en rejoignant ceux du Front de Gauche dans leur opposition à cette loi et elle ne passe pas ! Ces parlementaires du PS et d’EE-LV n’ont pas été élus pour faire pire que la réforme Sarkozy. Le Parti de Gauche les appelle donc solennellement, ainsi que plus largement tous les député-e-s de gauche, a,enfin, dire clairement non.

Une fois de plus, le gouvernement s’oppose à l’intégration des familles roms

spartacus - roms Le 28 octobre dernier, les forces de l’ordre ont démantelé un campement, abritant plus de 250 personnes roms, qui se trouvait à proximité de l’Université Lille 1. Aucun diagnostic social n’a été réalisé en amont de l’intervention policière et aucune solution d’hébergement n’a été proposée aux familles suite à l’expulsion.

Une fois de plus, le gouvernement a donc opté pour la stratégie de l’exclusion. Tout a été fait pour empêcher la bonne intégration sociale des adultes et des enfants vivant dans ce campement. Leurs droits sociaux les plus élémentaires, dont le droit à l’hébergement d’urgence, ont été ouvertement bafoués.

Les organisations syndicales de la région, notamment la CFDT, la CFE/CGC, la CGT, FO, la FSU, Solidaires et l’Unsa, ont apporté leur soutien aux familles. Plus de cent personnes ont été installées dans les locaux de la bourse du travail de Lille et des négociations ont été engagées avec les représentants de l’Etat et des collectivités locales afin que des solutions respectueuses des droits et de la dignité des personnes soient trouvées. Plusieurs partis politiques et associations, dont le Front de Gauche, EELV, le NPA, la LDH, soutiennent cette mobilisation.

La Parti de Gauche exprime son total soutien aux familles et aux organisations mobilisées à leurs côtés.

L’abominable politique, à caractère raciste, menée à l’encontre des Roms doit cesser sans délai. N’en déplaise au ministre de l’intérieur, la bonne intégration sociale des 20 000 Roms installés en France est parfaitement possible.

Lourdement discriminées dans leur pays d’origine, ces personnes souhaitent vivement s’insérer là où elles se trouvent.

Il suffirait donc qu’une politique cohérente d’aide à l’intégration soit mise en œuvre. Ce choix implique notamment la levée des restrictions d’accès à l’emploi concernant les ressortissants roumains et bulgares, le développement de solutions d’habitat adapté, le soutien à la scolarisation des enfants, l’accès aisé aux soins et, en fonction des situations, une proposition d’accompagnement social approprié.

Au-delà de ces mesures à l’échelon national, il conviendrait que les instances européennes interviennent avec la vigueur nécessaire auprès des Etats membres qui tolèrent les discriminations. Il est temps que les dispositions antidiscriminatoires prévues par le droit européen soient appliquées et respectées dans l’ensemble de la communauté européenne.

Delphine Beauvois, secrétaire nationale à l’Egalité et au féminisme

Jean-Jacques Deluchey, responsable de la commission migration

Réforme ferroviaire • Le tour de passe-passe de Cuvillier

SNCF_RAIL_Train.jpg Le ministre des transports a présenté son projet de réforme ferroviaire le 16 octobre. Il sera discuté au Parlement au printemps. Une réforme ferroviaire, oui mais pourquoi faire ? On nous dit qu’il s’agit de répondre aux problèmes majeurs posés par la précédente réforme de 1997. Elle avait démantelé l’ancienne SNCF en créant à côté d’elle Réseau Ferré de France (RFF), un nouvel établissement chargé des infrastructures. Les conséquences de ce démantèlement sont connues : cloisonnement des activités qui conduit à une désorganisation du travail, dégradation du service, entretien défaillant des voies, course à la productivité… Cette séparation n’avait pour autre raison que de satisfaire au dogme de la concurrence libre et non faussée. Il s’agissait de permettre l’ouverture à la concurrence du rail, en garantissant le « libre » accès de tous les opérateurs au réseau. Une partie du trafic ferroviaire est d’ores et déjà libéralisé. C’est le cas du fret et du transport international de voyageurs. On en connaît l’effet : le transport de marchandises par le fret ne cesse de diminuer, à rebours de ce qui serait nécessaire pour diminuer massivement les émissions de gaz à effet de serre.

Il faudrait prendre la direction inverse, réunifier RFF et SNCF dans une seule et même structure et se fixer des objectifs ambitieux en matière de développement du ferroviaire, tant pour le transport de voyageurs que pour le fret. La réforme proposée aujourd’hui ne répond pas à cet objectif de bon sens. Elle est empêtrée dans la contradiction qui consiste à vouloir répondre aux problèmes posés par la concurrence en l’assumant encore et toujours comme l’objectif prioritaire. C’est le ministre lui même qui le dit : sa réforme est euro compatible !

La réunification proposée est un trompe l’œil. Le ministre Cuvillier crée une nouvelle entité qui va surmonter les deux autres. En les appelant toutes les trois SNCF (SNCF, SNCF-Mobilités et SNCF-Réseau), il cherche à nous faire croire qu’il n’y en a qu’une! Pire encore, il accentue la séparation des activités en ramenant dans le giron du gestionnaire d’infrastructure deux services cruciaux qui étaient jusqu’alors toujours à la SNCF : Sncf-Infra (qui réalisait pour le compte de RFF la gestion et la maintenance du réseau) et la DCF (direction des circulations ferroviaires qui assure la régulation du trafic). C’est une drôle de trouvaille que de séparer la gestion des circulations de l’exploitation ferroviaire… La complexité d’un système tel que le rail exigerait au contraire davantage d’intégration ! Il s’agit d’un tour de passe passe qui accentue la séparation du gestionnaire de réseau et de l’exploitant. En faisant mine de réunifier il achève la désintégration de la SNCF entamée en 1997.

Cela correspond tout à fait à l’esprit du 4e paquet ferroviaire qui vise à parachever la libéralisation de tout le secteur. En ligne de mire, la prochaine étape qui livrera à l’appétit du privé le transport de voyageurs. Les trois premières vagues de libéralisation ont mené à l’augmentation générale des tarifs, à un abandon des lignes moins rentables, à un moindre entretien des voies comme l’accident de Brétigny l’a crûment montré ? Ce n’est pas grave, on continue ! Il faudrait au contraire reconstruire un véritable monopole ferroviaire public.

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Il n’est dès lors pas étonnant que la réforme ne donne aucun objectif de grande ampleur. Cuvillier annonce le retour de « l’Etat stratège ». Louable intention, sauf que nulle part dans ce texte il n’est question de définir une véritable politique qui relance le fret ou planifie les investissements pour augmenter la part modale du ferroviaire dans le transport de voyageurs. Nulle ambition écologique là dedans. Il s’agit d’un texte gestionnaire qui parle dans la langue de  l’efficacité économique, de la compétitivité. C’est pourquoi en définitive, sa réponse au problème de la dette de RFF est de miser encore et toujours sur les gains de productivité. Ainsi il n’est nulle part question de considérer que si RFF a une dette considérable (40 milliards d’euros), c’est parce que les investissements sont eux aussi considérables, et que de ce fait ils devraient être assumés par l’Etat lui même. L’ambition solférinienne d’un « Etat stratège » ne va pas jusque là. Il faudra donc que les excédents dégagés par SNCF-Mobilités servent à résorber la dette de SNCF-Réseau. Mais sur quoi les excédents peuvent ils être réalisés si ce n’est sur les gains de productivité imposés aux cheminots ? C’est une réforme euro-compatible jusque dans son obsession de la compétitivité puisqu’elle va poursuivre la logique de la performance économique, par la pression sur le travail et par le développement des lignes rentables au détriment des moins rentables. C’est la qualité de service sur les lignes locales qui va en pâtir. Une fois de plus l’aménagement du territoire se retrouve à la remorque de la rentabilité financière.

Le volant social de la réforme est en phase avec cette tonalité managériale : il s’agit de rendre compétitif le système ferroviaire. Le ministre regrette benoîtement le dumping social à l’œuvre dans le secteur. Il est vrai qu’il y a inégalité des conditions de travail selon qu’on est cheminot sous statut SNCF ou selon qu’on travaille dans les entreprises privées de fret ferroviaire. Or tout en prétendant préserver le statut des cheminots et en annonçant vouloir instaurer l’égalité des conditions de travail, le texte prépare en réalité un véritable nivellement par le bas des conditions de travail de toute la branche. En effet, il prévoit un décret socle et une convention collective relative aux conditions de travail. C’est ici notamment l’organisation et le temps de travail des personnels qui seront visés par cette convention collective. Mais si on voulait égaliser les conditions de travail des cheminots, pourquoi ne pas avoir étendu la réglementation en vigueur à la SNCF à l’ensemble de la branche ? La réglementation RH0077 qui précise les conditions de travail est une protection des salariés comme des usagers. En effet, l’amplitude journalière, le repos journalier, le nombre de jours de repos périodique sont autant de conquêtes indispensables pour des salariés qui exercent un métier difficile mais aussi de garanties de sécurité et de bon service pour les usagers. Vouloir laisser cela à la négociation et au « dialogue social » c’est accepter de dégrader le statut des cheminots.

C’est donc bien dans la logique austéritaire de l’Union Européenne que cette réforme se place, au delà des effets d’annonce qui visent à mystifier les citoyens sur le contenu véritable du texte. C’est un piètre « Etat stratège » que celui là qui ne donne comme perspective que l’efficacité économique et le respect de la concurrence libre et non faussée. Il faudrait au contraire assumer la désobéissance vis à vis des exigences de la Commission Européenne pour mener une véritable politique du rail écosocialiste.

Crédit photo photosdegauche.fr (ducret)

La gratuité c’est possible

autobus_urbain.jpg Dignité et mobilité est en résumé l’état d’esprit des habitants d’Aubagne depuis la mise en place de la gratuité des transports publics.

Le pays d’Aubagne, c’est 12 communes, un peu plus de 100 000 habitants. Le réseau de bus est constitué de 11 lignes régulières, du transport à la demande, des transports scolaires et bientôt un tram. Les élus, dont le maire et la présidente de la communauté d’Agglomération (PCF), ont instauré la gratuité en mai 2009.

L’effet de cette mesure a été immédiat, + 50% de fréquentation le premier mois, + 140% en 2011 et + 178% en 2013. Premier constat, la gratuité modifie le rapport à l’argent et aux droits. Les témoignages des usagers confrontés à un acte de la vie placé hors du secteur marchand, montrent leur sérénité et leur appropriation du réseau. Les études de fréquentation ont montré que 50% des trajets supplémentaires sont réalisés par des personnes qui utilisaient la voiture ou le deux-roues avant la mise en place de la gratuité.

La gratuité a ses ennemis. Aubagne semblait trop stratégique pour laisser faire. Le Préfet a tenté de s’y opposer, le tribunal administratif lui a donné tort. Le GART (Groupement des Autorités Organisatrice de Transport) s’est fendu d’un avis ‘réservé’ sur la gratuité. Progressivement et sans fondements réels, chaque professionnel a pu entendre que la gratuité favorisait la dégradation des bus et les incivilités de toutes sortes…

La réalité est toute différente et la responsable des transports d’Aubagne la décrit lors d’un colloque sur la gratuité : ‘’les gens ressentaient une certaine fierté sur leur territoire du fait de la gratuité des bus. C’est des bus qui circulent partout, on les voit. On a la chance d’avoir des véhicules qui ont été renouvelés, donc une flotte très belle avec une bonne qualité de service, les gens étaient fiers de ça et assimilaient cela à une bonne gestion de l’argent public.’’

Presque la moitié des citoyens du pays ont un reste à vivre de quelques euros par jour, pour eux la gratuité est une réponse concrète à l’urgence sociale. L’expérience montre que c’est aussi un outil de liberté et de bien vivre qui incite à sortir des quartiers et offre une espace de mixité sociale.

Sur le secteur d’Aubagne 4000 à 5000 déplacements en voiture en moins chaque jour, qui dit mieux en termes d’avancée pour le respect de l’environnement ?

Quel est le prix de la gratuité ? Il faut savoir que les recettes commerciales représentent à peu près 18% du total des recettes des réseaux urbains (source GART 2011). Plus de vingt collectivités ont adopté la gratuité du transport en France. D’autres vont les suivre. A l’étranger, la capitale Estonienne Tallinn (400 000 habitants) est passée à la gratuité en janvier 2013. Celles qui militent pour la gratuité expliquent qu’au-delà du transport, c’est la mise en œuvre du droit de chaque homme et femme dans la société de leur droit à vivre dignes et mobiles.

Le 3 octobre 1957

Un mois après le lancement du premier satellite artificiel, l’URSS envoie pour la première fois, le 3 octobre 1957, un être vivant dans l’espace.

Le lancement de Spoutnik 1 a marqué l’avance de l’URSS dans la conquête spatiale et impressionné le monde entier. Khrouchtchev a rapidement compris l’enjeu pour son pays de maintenir cet avantage dans l’affrontement avec les Etats-Unis. Cette volonté de rivaliser avec les Américains le conduit à privilégier la réussite de « coups », aptes à frapper les esprits, sur le développement d’un programme avec des objectifs et des étapes, certes peu spectaculaires, mais nécessaires pour atteindre l’objectif final. Dans cette logique, il ordonne immédiatement de préparer une nouvelle mission qui doit elle aussi créer l’événement pour célébrer le 40ème anniversaire de la révolution d’octobre. Serguei Korolev, le responsable du programme spatial soviétique lui propose l’envoi d’un chien dans l’espace. Un module prévu pour cet objectif devait être achevé pour décembre. Mais face à l’urgence de la commande, en moins d’un mois, ses équipes vont devoir en improviser un dans lequel ils pourront placer une chienne. C’est Laïka qui est sélectionnée. Cette chienne recueillie alors qu’elle errait dans la rue va entrer dans l’histoire.

La construction de Spoutnik 2, en raison de l’urgence, ne respecte aucune procédure de sécurité. Aucun test n’est réalisé et c’est un coup de poker que jouent les Russes. Coup de poker gagnant, car pour la première fois un être vivant sort de l’atmosphère et survit à l’impesanteur. Mais les soviétiques n’ont pas prévu le retour sur terre de la capsule. Laïka était condamnée à mourir. Les scientifiques avaient donc prévu d’empoisonner la nourriture afin d’euthanasier la chienne pour éviter qu’elle ne meurt de faim ou lors de la rentrée dans l’atmosphère. Celle-ci eut lieu 5 mois après le 14 avril 1958.

A part quelques sociétés protectrices des animaux, le sort de Laïka n’est que très peu évoqué suite à l’annonce soviétique de ce nouveau succès dans la course aux étoiles, éclipsé par les enjeux géopolitiques. Laïka figure, en 1964, sur le monument des conquérants de l’Espace à Moscou et une statue lui fut dédiée en 2008.

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