Place au Peuple !
L’écho de la formidable campagne présidentielle du Front de Gauche n’a pas fini de rebondir. Place ! Place au peuple ! Jamais nous n’accepterons que les citoyens soient traités en mineurs et effacés de la scène. Nous refusons donc que la politique internationale de la France se décide désormais au Sénat et à la Chambre des Représentants des Etats-Unis parce qu’elle est la nation la plus surarmée au monde. Nous laverons l’affront que nous font ceux qui finalisent la réforme des retraites dans un duo avec Gattaz, et non contents d’instaurer la retraite à 69 ans de fait, offrent au MEDEF les allocations familiales comme nouvelle caisse à piller pour réduire le « coût du travail ». Ils agissent dans le dos du peuple car leurs choix ne sont pas ceux de la France qui s’est construite autour des droits sociaux arrachés par le mouvement ouvrier et qui a fait ses premiers pas dans le monde comme la nation du droit universel.
Pour neutraliser le peuple, Hollande et Ayrault s’entourent de confusion. Le droit du plus fort au plan mondial se déguise en refus de l’escalade guerrière. La réforme pro-MEDEF des retraites est maquillée en réponse à la pénibilité. « C’est une politique de gauche », bien entendu, puisque « nous sommes la gauche », serinent-ils en tirant argument de leurs turpitudes. Mais qu’est-ce qu’une gauche indifférente au droit international et promotrice du recul des droits sociaux ? A ce rythme, ils finiront par enterrer l’idée de gauche. Cela libèrerait de nouveaux espaces pour le FN ? Ils ne se cachent quasiment plus de l’espérer ce piège. Hollande ou le FN… le citoyen n’aurait plus rien à dire sur les politiques menées en son nom. Juste à choisir entre la haine des étrangers et l’adoration des banquiers, les deux faces de la « mondialisation » capitaliste.
On comprend dès lors l’acharnement des puissants contre le Front de Gauche. Les voix de nos électeurs ont fait l’élection de Hollande et de sa majorité parlementaire. Mais le gouvernement n’a pas besoin de celles de nos députés. Ils ne sont pas en mesure de bloquer ses mauvais coups. En revanche, nous pouvons ruiner la manœuvre qui veut faire passer une politique atlantiste et patronale pour une « politique de gauche ». Nous pouvons maintenir la porte ouverte à une alternative et empêcher que le changement voulu en 2012 sombre dans l’ornière hollandaise.
C’est la grande tâche pour l’année –au sens scolaire du terme- qui commence. L’an dernier, nous avons affirmé l’autonomie du Front de Gauche. Nous avons montré qu’il ne s’agissait pas d’un champignon électoral mais d’une force irréductible et insoluble dans le potage de la majorité présidentielle. Nous l’avons ancrée dans les mobilisations de masse du 30 septembre contre le traité Merkhollande et du 5 mai pour la VIe République. Cette année, nous voulons avancer vers la construction de la majorité alternative qui est notre but. C’est dans cet esprit que nous abordons chaque échéance, sociale comme électorale.
Les prochaines élections sont les municipales de mars. On en connaît les limites. Le scrutin local brouille l’expression d’un rapport de forces national. Mais si le scrutin est local, les problèmes de nos communes sont nationaux. Nos collectivités sont victimes de l’austérité imposée par Barroso et Hollande. Logement, école, transports, accès à l’eau… chaque « question locale » est bien nationale. Le Front de Gauche est le mieux placé pour gouverner autrement les communes parce qu’il est déterminé à gouverner autrement le pays.
Nous voulons faire de ces élections l’occasion du rassemblement le plus large possible pour l’Humain d’abord. Partout nous accueillerons les socialistes de gauche prêts à résister à l’austérité, partout nous voulons agir avec les écologistes. Partout nous en appelons à l’implication citoyenne dans l’ambition de construire un Front du Peuple.
Voici les débats que nous avons dans le Front de Gauche. Ce sont des discussions d’un haut niveau politique et non comme le prétend la majorité des médias une querelle de boutique entre un PG « jusqu’au-boutiste » et un PCF « prêt à aller à la gamelle pour sauver ses élus ». Cette caricature insultante et fausse n’est qu’un nouvel avatar de la dépolitisation de la politique pour empêcher que le peuple y trouve son compte et sa place.
Puis sur la base de municipales autonomes et conquérantes, le Front de Gauche peut renverser la table aux européennes. Où tout ceci commence ? Une fois de plus, en chacun de nous. Les militants du Front de Gauche vont décider. Place au peuple y est aussi notre méthode.
François Delapierre
Secrétaire national du Parti de Gauche
Entre Holllande et Allende, le gouffre politique est immense !
À comparer la politique du gouvernement de Jean-Marc Ayrault menée sous l’autorité de François Hollande et celle mise en œuvre à son époque durant 1000 jours par Salvador Allende avant d’être renversé par le coup d’État militaire de Pinochet, on se dit qu’aujourd’hui ce dernier serait taxé d’irresponsable par nos sociaux-démocrates : nationalisation du cuivre, de grandes entreprises et de 9 banques sur 10, moratoire sur la dette, hausse des salaires et extension de la sécurité sociale… Mais aussi reconnaissance de Cuba et rupture avec l’alignement mené jusque-là sur la politique étrangère des USA. Des décisions qui résonnent encore si actuelles à la lumière de l’alignement atlantiste du gouvernement français actuel et de son positionnement social-libéral.
Jour après jour le gouvernement français s’enfonce un peu plus dans sa propre caricature : attitude matamore presque pire que celle des USA concernant la Syrie, serrage de ceinture budgétaire pour les ménages pendant que les entreprises sont cajolées. Car le gouvernement est aux abois fiscaux : il pensait qu’il suffisait d’attendre tranquillement le retour de la croissance. Mais cela ne fonctionne pas et la France subit la même situation que tous les autres pays d’Europe où la même potion austéritaire a été imposée : plus d’austérité = moins de recettes fiscales.
Ainsi le déficit public est estimé à 4,1 % au lieu des 3,7 % espérés. Comme dans le même temps Moscovici a dansé la danse du ventre devant le Medef en promettant aux patrons une baisse de leur fiscalité, il ne reste que peu de solutions : poursuite de la hausse des prélèvements sous toutes les formes possibles pour les ménages et baisse des dépenses publiques. Cette dernière sera donc aggravée de 1 milliard à 15 milliards de baisses au lieu de 14. Mais Jean-Marc Ayrault est devant une contradiction : comment tenir des promesses incompatibles entre baisser la fiscalité et respecter ses engagements vis-à-vis d’Europe Écologie sur la fiscalité verte ?
A chaque jour son rapport de force et donc son annonce. Tout cela donne une grande impression d’improvisation et d’amateurisme. Aucune vision d’avenir sur le développement de la France en prenant en compte et l’exigence de justice sociale et la nécessité impérieuse de prendre à bras le corps la transition énergétique. L’écologie est réduite à une variable de marchandage politicien !
Martine Billard,
co-présidente du Parti de Gauche
Industrie • « A qui appartiennent nos déchets? » : interview de Jérémie Cavé, chercheur
« il y a quelque chose de profondément injuste et scandaleux, dans le fait que le capitalisme veuille récupérer les déchets comme ressources qui vont nourrir son processus de production, alors qu’ils sont justement le symptôme de la faillite de ce système.« , Jérémie Cavé, auteur d’une récente thèse sur le sujet nous donne son analyse sur la question des déchets.
La question est déchets est l’ultime incarnation de la faillite du capitalisme productiviste, de l’abandon de toute ambition économique et environnementale par la social démocratie au profit du capitalisme vert. Le marché mondial des activités économiques des déchets (de la collecte au recyclage) est de 300 milliards d’euros, principalement dans les pays développés. Les activités autour des déchets municipaux prospèrent aux États-Unis, en Europe, du Japon et en Chine, avec plus de 130 milliards d’euros de chiffre d’affaires.
Plusieurs des multinationales les mieux implantées sur le marché mondial des déchets sont françaises. Les mêmes détiennent la quasi-totalité des marchés de collecte et d’exploitation des incinérateurs et des décharges dans notre pays :
• Veolia, avec sa filiale Veolia propreté, est présente dans 36 pays, dont la France, via de multiples filiales.
• Suez, avec ses filiales SITA et Novergie, est présente dans 15 pays, dont la France via ses antennes régionales et plusieurs filiales.
• TIRU – filiale d’EDF (51 % du capital), Veolia et Suez – est présente en France, au Canada et en Angleterre.
Les trois quarts du marché de l’incinération de déchets non dangereux en France sont ainsi entre les mains de TIRU, Veolia et Suez – ces deux dernières se partageant également près de la moitié des décharges privées de déchets non dangereux. Cette situation oligopolistique s’est construite sur plusieurs décennies et a été éclaboussée par de nombreux scandales politico-financiers (surfacturation, pots de vin, etc.)
La place pour le service public est donc aujourd’hui laissée à la portion congrue, mais c’est également tout le vaste champ de l’économie sociale et solidaire qui est relégué, alors que les déchets sont une source de créativité en matière d’activité économique et écologique dont le potentiel est gigantesque.
A la mémoire de Salvador Allende
Commémoration à Strasbourg du 40ème anniversaire de la mort de Salvador Allende.
Le 11 septembre 2013, Jean-Luc Mélenchon et le Parti de Gauche du Bas-Rhin ont répondu à l’invitation du collectif chilien de Strasbourg pour commémorer, place de la République, le 40e anniversaire du coup d’État chilien et la mort du président Salvador Allende.
Le 11 septembre 1973, le président chilien a donné sa vie pour défendre son idéal de justice sociale et de partage. Quelques heures avant l’assaut final de la junte militaire menée par le général Augusto Pinochet, le président socialiste s’adresse à son peuple au cours d’une ultime allocution radiophonique: « Ils ont la force, ils pourront nous asservir ; mais on n’arrête pas les mouvements sociaux, ni par le crime ni par la violence. »
Transfert du tri postal rochelais : une aberration économique, sociale et écologique !
Le Comité OUEST17 du Parti de Gauche est opposé à LA FERMETURE DU CENTRE DE TRI POSTAL DE LA ROCHELLE et se place résolument aux côtés des personnels, de leurs organisations, et des usagers.
En plus du fait inadmissible que 130 emplois sont menacés, rien ne justifie qu’un courrier de La Rochelle destiné à La Rochelle ou au département parte pour être trié à Poitiers pour revenir ensuite en Charente-Maritime.
La Poste, est une société anonyme à capitaux publics depuis le 23 mars 2010. Le gouvernement a donc les moyens de s’opposer à la casse de cet outil performant au service de la collectivité.
Un grand écologiste est parti
Albert Jacquard est décédé ce matin. Le Parti de Gauche s’incline devant ce grand homme qui n’abandonna jamais l’engagement militant pour les causes sociales, démocratiques et écologiques. Président d’honneur du DAL, on le rencontrait régulièrement aux côtés des mal-logés. Adepte de la décroissance joyeuse il avait considéré que Jean-Luc Mélenchon était celui dont la candidature à l’élection présidentielle correspondait le plus à ses convictions et avait donc appelé à voter pour lui.
C’est un ami et un camarade qui s’en va. Qu’il soit un exemple pour la jeunesse de notre pays de ce que peuvent les meilleurs de nos scientifiques.
11 septembre 1973
En ce matin du 11 septembre 1973, en quelques heures, les armées chiliennes prennent le contrôle du pays. Appuyés par la CIA et l’oligarchie locale, les militaires organisent le renversement du Gouvernement d’Unité Populaire de Salvador Allende et la mise à mort d’une des plus anciennes démocraties du continent.
Elu 3 ans auparavant, c’était le premier gouvernement socialiste à prendre le pouvoir par les urnes en Amérique du sud. Face aux difficultés, Allende souhaitait rendre la parole au peuple par la voie d’un référendum. Il ne put l’annoncer, car au jour prévu, l’armée prenait le pouvoir.
Encerclé dans le palais présidentiel de la Moneda par les chars de l’armée de terre, bombardé par l’aviation, il est contraint au suicide.
La junte militaire au pouvoir se livre alors à une répression d’une brutalité inouïe. Les militants de gauche sont pourchassés, arrêtés et torturés. Les prisons sont rapidement pleines et la junte remplit les différents stades de la capitale de prisonniers politiques. Nombreux sont ceux qui furent torturés avant d’être exécutés sans procès. Pour ces faits, Augusto Pinochet sera plus tard inculpé de crimes contre l’Humanité par la justice espagnole.
Ce coup d’état s’inscrit dans un tournant autoritaire et libéral en Amérique latine. Trois mois auparavant, c’est l’Uruguay qui avait été frappé. Le Brésil, l’Argentine seront également concernés. L’alliance de ces gouvernements conservateurs a donné naissance à l’opération Condor, un vaste programme de torture et d’élimination des opposants, notamment de gauche, y compris à l’étranger. Ce programme fut encouragé par les Etats-Unis et l’expérience française, acquise en Algérie, dans le domaine de la torture fut partagée dans le cadre d’accords militaires d’échanges.
Une fois la résistance des militants de gauche écrasée, l’Amérique latine fut le terrain de jeu des chicago boys, les tenants du néo-libéralisme. La dictature fut donc le terreau du néo-libéralisme qui s’est effondré à la suite des régimes qui le mirent en place. Aujourd’hui la Révolution citoyenne et le socialisme du XXIème siècle ont remplacé la torture et le néo-libéralisme.
Bastien Lachaud
Diplomatie, pédalo du MEDEF ?
Si les informations du journal Le Monde du 29/08 se confirment (« A vendre, résidences d’ambassadeurs »), le réseau diplomatique français s’apprête à subir une nouvelle « cure de dégraissage » dans la continuité de la politique menée par la droite et Nicolas Sarkozy : 600 emplois en moins, de nouvelles ambassades et des centres culturels fermés. Le premier ministre a expliqué lors de la XXIº conférence des ambassadeurs, que la diplomatie française se mettait « en mouvement », tout en justifiant la « modulation de la présence de la France dans tel ou tel pays en fonction de ses intérêts ». « Le Ministère des Affaires Étrangères fournit sa part de l’effort de consolidation de nos comptes publics ». En d’autres termes, l’austérité appliquée au MAE, c’est la réduction de la coopération française dans le monde aux perspectives du CAC 40.
La diplomatie française repose sur un réseau de centres et d’agents qui réalisent un travail remarquable au service de la République et de ses valeurs universelles. Réduire sa mission à la défense des intérêts économiques de la France est assez désolant pour un gouvernement de gauche. La France se doit d’être présente dans tous les Etats et auprès de tous les peuples.
Qui représentera la France dans ces pays où nous nous retirons ? Les Nord-Américains ? Ce plan d’économie, expliquerait-il l’abandon d’une diplomatie autonome : blocage de l’avion du président Morales, réaction molle aux révélations Snowden à contre-pied des principes de la gauche ? Austérité et souveraineté diplomatique sont évidemment incompatibles.
Le ministre a aussi eu un mot pour les plus de 2 millions de nos concitoyens de l’étranger « dont le nombre a doublé depuis 15 ans ». On lisait d’ailleurs dans le programme électoral du PS en 2012 : « Le quinquennat (Sarkozy) aura été celui du plus terrible recul de l’action publique (à l’étranger…). Service public consulaire en recul, enseignement inaccessible, moindre soutien aux Français en difficulté…». Hélas, dans ce domaine aussi, la politique suivie est celle du changement dans la continuité des coupes sombres.
François Ralle Andreoli
La retraite de Hollande est une Bérézina sociale
Crédit photo photosdegauche.fr (octave_honorin)
Les salariés payent le prix fort : Hollande obéit à l’Europe libérale, dans la droite ligne de Sarkozy
La réforme des retraites d’Hollande en 2013 ressemble à s’y méprendre à celle de Sarkozy en 2010. Elle est d’ailleurs fondée sur les mêmes arguments fallacieux selon lesquels « comme on vit plus longtemps, il faut travailler plus longtemps ».
Rappelons ici que la retraite à 60 ans en 1981 se fait alors même que l’espérance de vie augmente. Rappelons également que d’après l’INSEE, l’espérance de vie en bonne santé en France est de 61,9 ans pour les hommes et de 63,5 ans pour les femmes, et qu’elle est en recul depuis 2010.
Le gouvernement Ayrault a donc choisi de faire payer les salariés, en augmentant les cotisations retraites et en allongeant la durée de cotisation à 43 ans en 2035. Par cette réforme, il entérine les souhaits des libéraux à la tête de l’Union européenne, qui ont conditionné le « sursis » pour revenir aux 3% de déficit à une réforme des retraites.
Au passage, le gouvernement se contredit lui même : en effet il annonce un déficit du régime des retraites de 16 milliards en 2040 avec une croissance aussi faible qu’aujourd’hui. C’est donc qu’il ne croit pas à sa propre politique !
Le capital, lui ne va rien payer : l’augmentation des cotisations patronales pour les retraites va être compensée par une exonération sur les cotisations famille. Le MEDEF a donc encore une fois gagné, après avoir baissé les salaires avec l’ANI, le gouvernement poursuit la politique de l’offre et grève encore le pouvoir d’achat des Français.
Pourtant, le gouvernement a déjà accordé 20 milliards d’euros de crédit impôt compétitivité au capital (c’est à dire davantage que le déficit des retraites prévu en 2040 !) et les exonérations de cotisations patronales pour les retraites atteignaient déjà 30 milliards d’euros en 2010.
Enfin, cette réforme témoigne d’une réflexion à courte vue. Aujourd’hui, plus d’un tiers des personnes qui prennent leur retraite sont au chômage. Cela signifie que l’augmentation de la durée de cotisations va augmenter les dépenses de l’assurance chômage : un trou est bouché mais un autre est creusé !
La retraite par capitalisation qui ne dit pas son nom
Le gouvernement renie les engagements du PS qui, en 2003 avait voté en Congrès que la durée de cotisation n’excèderait pas plus de 40 ans. Il accepte l’âge légal de la retraite à 62 ans, adoptée sous Sarkozy, et ment lorsqu’il affirme que l’âge légal ne sera pas reculé.
Pour les jeunes, nés après 1973, il faudra cotiser, avec la réforme Hollande, pendant 43 ans. Cela signifie par exemple qu’en entrant dans la vie active à 24 ans, et en supposant qu’on ne compte aucune période de chômage, la retraite à taux plein ne pourra être atteinte qu’à 67 ans ! Pour un Président de la République qui faisait des jeunes sa priorité pendant la campagne, Hollande leur inflige à la fois le chômage par sa politique d’austérité, et une retraite repoussée de plusieurs années.
Depuis 1993, chaque réforme des retraites a repoussé l’âge réel de départ, à taux plein, par le système de répartition. Cela s’explique par le travail en sous-main du patronat pour le système par capitalisation. Gattaz, président actuel du MEDEF l’a redit récemment, il est favorable à ce qu’une « dose de capitalisation » soit introduite pour financer le système des retraites.
Au fond, en promettant aux jeunes une retraite à 67 ans dans le meilleur des cas, le gouvernement Ayrault ne fait rien d’autre que d’encourager ceux qui le peuvent à épargner dès maintenant pour pouvoir partir plus tôt, et donc à capitaliser pour leurs retraites.
Bien entendu, contrairement aux mensonges débités par les solfériniens, c’est une mesure très injuste, qui pénalise les plus petits salaires et les carrières interrompues, qui rompt avec la logique de solidarité et ouvre la porte aux marchés financiers pour le financement de la protection sociale. L’exemple de la faillite des fonds de pension aux Etats-Unis ou la politique mortifère de l’Allemagne liée à son besoin de maintenir le niveau des placements des retraités allemands ne servent donc pas de leçon à Hollande.
Mais pire, la réforme des retraites présentée par Ayrault, sous couvert de prendre en compte la question de la pénibilité au travail, introduit directement une dose de capitalisation, par l’intermédiaire du « compte pénibilité ». Alors que le système par répartition repose sur le principe de solidarité entre générations, que les cotisations retraites payées par les salariés financent les pensions des retraités, le « compte pénibilité » individualise le financement des retraites, puisque chaque salarié disposera de son propre « compte », qui financera sa propre retraite.
C’est ouvrir la boite de pandore du système de retraite individualisé par capitalisation, des assurances privées pour la protection sociale, en rupture avec le principe de solidarité et d’égalité républicaine.
En somme, non content de porter un coup au pouvoir d’achat et d’infliger une régression sociale aux citoyens, chose inédite pour un gouvernement se disant de gauche, les solfériniens au pouvoir mettent en péril et détricotent un droit social majeur acquis de haute lutte, défendu et mis en place par le Conseil National de la Résistance.
La solution : emploi et taxation du capital
Aucune fatalité pourtant, à ce déficit dans le régime des retraites. Il est en effet conjoncturel. Déjà en 2010, 66% du déficit annoncé était lié à la crise et aux mesures d’austérité mises en place, qui augmentent le nombre de chômeurs chaque jour.
Pour augmenter le financement des régimes de retraite, rien de mieux que la création d’emplois et l’augmentation des salaires. Par exemple, si 3 millions d’emplois étaient créés en 10 ans (2 millions d’emplois ont été créés en 5 ans sous le gouvernement Jospin), cela rapporterait 24 milliards d’euros pour les retraites, bien au delà de ce qu’il est nécessaire pour boucher le déficit.
Alors que les femmes, les plus nombreuses parmi les salariés précaires et davantage confrontées aux carrières interrompues seront durement touchées par la réforme annoncée par Hollande, l’application réelle de l’égalité salariale entre les hommes et les femmes rapporteraient 5 milliards d’euros aux caisses de retraites dès 2015 !
Ce sont donc bien la création d’emplois et une politique d’augmentation des salaires, pour tous, qui sont les principales solutions pour équilibrer les régimes de retraite.
Mais à très court terme, il est également nécessaire de prélever le capital pour financer les retraites. 8 points de richesse nationale sont passés du travail au capital depuis 1982, soit une perte pour les cotisations retraite de 11 milliards. Enfin, la mise à contribution des revenus financiers, à un taux égal à la cotisation d’assurance vieillesse à la charge des employeurs du privé (8 %), rapporterait 30 milliards d’euros.
Claire Mazin
Sécurité • François Delapierre sur France Culture : débat sur la politique de sécurité
« Faut-il rééduquer le ministère de l’Intérieur ? »
Tel était la question du débat qui a opposé François Delapierre au criminologue Alain Bauer, dans l’émission Du grain à moudre, sur France Culture.
François Delapierre, secrétaire national du Parti de Gauche, publie justement un livre « Délinquance : les coupables sont à l’Intérieur » sur ce sujet où rien n’a bougé depuis dix ans.