Solidarité du Parti de Gauche avec la révolution tunisienne
Tunis, le 7 septembre 2013
Une délégation composée des deux co-présidents Jean-Luc Mélenchon et Martine Billard, Alain Billon, Sakina Faouzi, Laurent Maffeïs et Boris Bila est en Tunisie depuis hier pour affirmer la solidarité du Parti de Gauche avec la révolution tunisienne. C’est un moment de grands bouleversements que vit le pays. Pour la première fois depuis 1948, le mouvement ouvrier et le patronat sont en effet alliés de circonstance pour empêcher le gouvernement islamiste d’Ennahda de prendre le contrôle sur le pays et d’imposer un ordre autoritaire.
En un temps politique extrêmement court, ce sont deux des nôtres, élus du peuple, qui ont été assassinés pour leur engagement politique. En février dernier Chokri Belaid, représentant du Watad etait tombé sous les balles de tireurs anonymes. Il y a quarante jours, ce fut au tour de Mohamed Brahmi d’être assassiné devant chez lui. Brahmi était à la tête du Courant populaire, autre force faisant parti du Front populaire, rassemblement de plusieurs partis de la gauche révolutionnaire tunisienne. Cet homme à lui tout seul défiait l’idée qu’Ennahda veut imposer, selon laquelle ce serait eux ou la gauche anti-religieuse. En effet, il n’hésitait pas à assumer sa piété tout en se revendiquant clairement du socialisme.
Alors que l’Assemblée Nationale Constituante aurait dû achever son travail il y a prés d’un an, permettant ainsi au peuple tunisien de se doter d’une nouvelle Constitution et de choisir de nouveaux représentants au travers d’élections libres, le processus est enlisé et le gouvernement en profite pour attribuer à ses partisans nombre de postes stratégiques de l’appareil d’Etat. C’est cette situation qui a amené l’ensemble de l’opposition (gauche de transformation sociale et bourgeoisie libérale) à se rassembler au sein du Front du Salut National et à lancer la campagne « Dégage ».
Notre voyage de soutien à nos camarades a naturellement débuté par un moment de recueillement sur les tombes de Chokri Belaid et Mohamed Brahmi, dont la mort nous rappelle violemment le sens de l’engagement politique et les risques encourus dans des pays en plein processus de révolution. Leurs camarades, que nous avons plus tard rencontrés pour une réunion de travail nous ont appris que bien que la peine soit immense, la seule chose à faire était de continuer à combattre pour la démocratie, le progrès social et la liberté, en exigeant du gouvernement qu’il démissionne et laisse le soin de déterminer un agenda électoral à un gouvernement d’experts représentatifs de l’ensemble de la société.
Dans la maison de Mohamed Brahmi, où sa veuve nous a invités juste après l’inauguration d’une rue à son nom, son frère nous a longuement parlé de lui et de ses combats. Ce qu’il en ressort est l’intégrité de cet homme qui s’est toujours appliqué à défendre les principes auxquels il croyait comme lorsqu’il s’est mis en grève de la faim pour défendre les habitants d’un petit village dont le sort n’intéressait personne. Cette expression de la politique comme d’une lutte incessante au profit de ce qui est juste guide ses camarades, par exemple lorsqu’ils refusent à la fois toute ingérence étrangère dans les affaires du pays et le terrorisme, qui tue les leurs.
Cet état d’esprit a également animé la rencontre que nous avons eue avec les principaux représentants du Front populaire, dont Hamma Hammami, en quête de solutions politiques pour la révolution citoyenne en Tunisie. Loin de souhaiter une éradication du parti islamiste qui serait le mal en soi, ils analysent la situation présente comme une menace grave qui pèse sur l’ensemble du peuple, en raison du chômage en hausse, des prix qui augmentent, et du gouvernement qui s’applique à limiter les libertés et livrer les institutions du pays au parti Ennahda. Les acquis du processus révolutionnaire de 2011 sont très fragiles et c’est la démocratie elle-même qui est en péril. Le Front Populaire cherche donc à encourager un processus de révolution citoyenne, qui devra passer par de nouvelles élections, maintenant que le gouvernement islamiste a fait la preuve de son inefficacité à répondre aux principales revendications du peuple qui s’était soulevé contre le dictateur Ben Ali. Et pour nos camarades, cela passe par une alliance au sein du Front du Salut National, comparé par certains à ce qu’a pu être le Conseil National de la Résistance en France, qui grâce au rapport de force interne créé par les communistes, nous a permis de mettre en œuvre de très grandes avancées sociales dans notre pays.
Le peuple lui-même est moteur de cette révolution, comme le montre le formidable soulèvement pacifique de Siliana dont nous ont parlé les camarades du Front Populaire, où des milliers de personnes ont littéralement déserté leurs maisons, en disant au gouvernorat d’Ennahda « gouvernez les montagnes et les pierres, on vous les laisse ». Cette mobilisation a permis la nomination d’une femme de l’opposition à la place d’Ennahda, ce qui nous laisse penser que la mobilisation populaire et citoyenne porte les plus grands espoirs de changement.
Sakina Faouzi
Les voisins vigilants, ou comment promouvoir la délation
Le jeudi 12 septembre, l’émission Envoyé spécial traitera du programme des « voisins vigilants », renommé « participation citoyenne », qui fleurit un peu partout sur l’hexagone. Une occasion pour les militants du Parti de Gauche autour de notre co-secrétaire PG 11 Odile CAROL de dénoncer dans cette émission une politique de délation contraire aux principes républicains.
Inspirés des politiques anglo-saxonnes (« neighborough watch »), les « voisins vigilants » sont un programme initié par l’ancien ministre de l’Intérieur Claude Guéant et continué par l’actuel locataire de la place Beauvau, Manuel Valls. Dans une circulaire du 22 juin 2011, l’ex-bras droit de Nicolas Sarkozy invite les préfets à étendre cette politique : » Il s’agit de l’engagement des habitants d’une même aire géographique dans une démarche collective visant à accroitre le niveau de sécurité du secteur ».
C’est dans les communes rurales ou dans les zones pavillonnaires, où le taux de personnes âgées et de vote Front National sont élevés, que sont mis en place de telles pratiques. Sur les territoires de gendarmerie, les maires peuvent créer des réseaux de « voisins vigilants », qui comprennent des correspondants de rue et des coordinateurs. Ce sont souvent des personnes inactives en journées, des retraités, qui souhaitent « protéger » leurs voisins des cambriolages et violences en toutes sortes. Dès qu’ils suspectent un fait étrange – une voiture qui repasse plusieurs fois dans la même rue, des démarcheurs un peu trop insistants ou même se rendent compte de flagrants délits -, les correspondants de rue alertent les coordinateurs, qui eux-même appellent la gendarmerie. Un manuel proposé par la mairie PS de Villemoustaussou (Aude) indique les bons gestes : il faut connaître ses voisins, ne pas intervenir en cas de flagrants délits, signifier l’apparence des suspects (vêtements, couleur de peau, etc…) ou noter les plaques d’immatriculation des voitures. Les quartiers où existe un tel dispositif sont indiqués à leur entrée par un panneau : fond jaune, œil grand ouvert, terrifiant mélange de Loft Story et 1984 ! On vous regarde, on vous surveille, alors pas de comportements suspects !
Le Parti de Gauche s’oppose catégoriquement à une telle politique !
L’efficacité du programme reste à prouver : si le sentiment d’insécurité baisse, les gendarmes concèdent que rien n’indique une réduction des actes de délinquance et des cambriolages. Pire, ce programme est un réel aveu d’échec de la politique de sécurité de Sarkozy puis de Valls ! La réduction des effectifs de police et de gendarmerie est la cause réelle des « voisins vigilants » ! Au point que certains volontaires bénéficieront du statut, et l’expression est parlante, de « collaborateur occasionnel du service public » prévu dans la loi Loppsi de mars 2011 et recevront en conséquence des indemnités ! Des fonctionnaires délateurs quoi !
La circulaire Guéant et le manuel sont pétris de bon sentiments, d’appels à la solidarité, la fraternité, au combat contre l’individualisme. On appelle même ça la « participation citoyenne » ! Ou comment dire quelque chose en le nommant par son contraire… On se moque de nous ! Surveiller son voisin et être prêt dénoncer n’importe quelle personne qu’on juge suspecte, c’est cela la fraternité ! Nous avons une idée autrement différente de la solidarité ! Pourquoi ne pas inciter à devenir bénévoles d’associations culturelles, sociales, sportives ou caritatives ? Pourquoi ne pas éveiller le sens civique en appelant à se syndiquer, à militer dans des partis politiques ou des ONG ? Non ce n’est pas une politique de solidarité. C’est une politique qui exacerbe la peur de l’autre et le sentiment d’insécurité ! En faisant croire que chacun est en danger, on réveille les plus bas instincts, contraires à l’idée de communauté politique ! La suspicion n’est pas bonne pour le vivre-ensemble.
Mais le plus grave est que cette atmosphère de délation peut mener à la constitution de milices privées spontanées, incontrôlables, comme elles se développent déjà dans certains pays européens (Grèce, Russie). Et pour que la justice devienne vengeance et lynchage arbitraire, il n’y a qu’un pas ! Dans le Bas-Rhin, les préfets se sont heurtés à la réticence des habitants, qui se rappellent les sombres heures de notre histoire.
Vidéo-surveillance, armement lourd de la police qui n’a qu’une fonction d’intervention, voisins vigilants… autrement dit surveillance, répression, délation voilà la société qu’on nous prépare sous couvert de solidarité ! Ces thèmes et ces formules de l’extrême droite disloquent notre pacte républicain et social et génèrent la discorde dans la cité !
L’inquiétante résurgence des lois homophobes en Russie et dans l’Est de l’Europe
Le 30 juin dernier, le président russe Vladimir Poutine promulguait deux lois fédérales homophobes. La première loi fédérale interdit la «propagande des relations sexuelles non traditionnelles» auprès des mineurs (ce qui inclut de facto toute visibilité publique de l’homosexualité) sur le modèle de lois régionales similaires déjà adoptées (région de Riazan en 2006, Saint-Pétersbourg en 2011, suivis par d’autres parlements régionaux ensuite). La seconde loi fédérale interdit l’adoption d’enfants russes par des couples homosexuels ou des célibataires dans les pays ayant autorisé le mariage et l’adoption pour les couples de même sexe. Ces lois fédérales complètent les interdictions systématiques des marches de visibilité LGBT (« gayprides ») ou les moindres manifestations revendicatives contre l’homophobie ou pour l’égalité des droits, à Moscou comme dans le reste des villes du pays. Elles ont donné pour ainsi dire un signal d’impunité pour les groupes extrémistes qui ont entrepris une vague d’agressions physiques homophobes particulièrement violentes, dans tout le pays. Les mobilisations des militants LGBT russes attaquées par des contremanifestants homophobes ne sont pas protégées par les forces de l’ordre. C’est un recul depuis la dépénalisation de l’homosexualité en Russie acquise en 1993.
Des responsables français de la droite et l’extrême-droite, animateurs de ladite « Manif pour tous » et du « Printemps français », qui se sont mobilisés ici pendant 7 mois contre l’égalité des droits et ont été médiatisés dans toute l’Europe, ont apporté publiquement, à Paris ou en visite à Moscou, leur soutien à la politique homophobe de la Russie qu’ils présentent comme un modèle de défense de la famille. Ces lois homophobes qui montrent le poids accru des valeurs religieuses familiales et de l’Eglise orthodoxe dans la politique russe (voir le procès des « Pussy Riot ») renvoient au contexte général des atteintes aux droits humains en Russie qui se sont amplifiés dernièrement avec des lois de criminalisation des ONG et une répression systématique contre des opposants au gouvernement Poutine-Medvedev, notamment contre les forces de gauche qui s’opposent aux réformes libérales et aux mesures antidémocratiques du gouvernement, comme le « Levyi Front » (le « Front de gauche » russe).
Plus globalement, les lois russes en question s’inscrivent dans un climat européen de résurgence de lois homophobes dans plusieurs pays, y compris au sein de l’Union européenne : en Lituanie, les parlementaires ont adopté une loi « contre la propagande homosexuelle » dès 2010. Fin 2012, l’Ukraine adoptait en dernière lecture une loi similaire. Dernièrement, emboîtant le pas à la Russie, la Moldavie adoptait également une telle loi nationale mi-juillet, après avoir laissé plusieurs municipalités prendre des dispositifs « anti-propagande » localement. Dans une résolution contre l’homophobie en Europe de mai 2012, le Parlement européen pointait des projets de textes municipaux de prohibition de la visibilité homosexuelle locale, également en Lettonie et en Hongrie. Dans le même temps, la Hongrie a constitutionalisé le caractère hétérosexuel du mariage et nous assistons à un mouvement analogue dans la très catholique Croatie, nouveau membre de l’UE. Du reste, les animateurs français des manifestations anti-égalité se sont employés durant l’été à nouer des contacts avec les forces réactionnaires de Croatie mais aussi en Slovénie, en Italie et en Bavière.
Les lois « contre la propagande homosexuelle » qui essaiment sur le continent européen, prétendent ne s’attaquer qu’à la visibilité publique de l’homosexualité, à la différence des lois de pénalisation pure et simple de l’homosexualité dans le cadre privé qui sévissent encore dans plus de 70 pays dont 7 qui la condamnent par la peine de mort. Par ailleurs, une dizaine des Etats les plus conservateurs des Etats-Unis maintient encore des lois anti-sodomie (ou « contre les crimes contre-nature »), pourtant déclarées anticonstitutionnelles par la Cour suprême en 2003. Nous ne pouvons toutefois pas admettre, au sein des pays européens membres du Conseil de l’Europe, de voir réapparaître des lois d’homophobie d’Etat et de laisser se construire « de l’Atlantique à l’Oural » une solidarité entre les forces réactionnaires autour d’une vision traditionnaliste et rétrograde de la famille, sur fond de recul de la laïcité.
Le Parti de Gauche soutient les manifestations contre les lois homophobes en Russie qui se tiennent en France, au mois de septembre (notamment le 8 septembre : Kiss-in devant l’Ambassade de Russie à Paris ; et le 13 septembre : rassemblement sur l’esplanade du Trocadéro à Paris et devant le Consulat de Russie à Marseille. Il appelle plus globalement à la mobilisation du gouvernement français et des instances de l’Union européenne et du Conseil de l’Europe pour condamner de telles lois qui ressurgissent dans tout l’Est de l’Europe (dans et hors UE) sur fond de crise économique et d’austérité. Le gouvernement doit prévoir dans l’immédiat les dispositifs adéquats pour garantir l’asile et l’accueil des personnes LGBT qui quittent leur pays, de l’Est de l’Europe, pour motifs d’homophobie ou de transphobie.
Table ouverte pour le MEDEF chez Moscovici
La rentrée pour les ménages est en général synonyme de factures, impôts et charges diverses. Pour le patronat, cette rentrée 2013 est synonyme de cadeaux fiscaux, au delà même de ce qu’il pouvait imaginer. Ainsi, moins de 48 heures après l’annonce du plan gouvernemental sur les retraites, Pierre Moscovici ministre du budget, se présentant comme « ministre des entreprises » devant l’université du Medef, précisait « Le message des entreprises est entendu » et annonçait que la hausse des cotisations sociales patronales pour les retraites serait intégralement compensée par une baisse des cotisations famille dès 2014. Faibles applaudissements. Insuffisants pour les patrons qui réclament des baisses de 50 milliards de cotisations et de 50 milliards de fiscalité ! Il continuait en indiquant : « Le niveau des prélèvements obligatoires est-il bon pour l’économie et l’emploi ? La réponse est non. Le niveau des cotisations doit-il baisser ? Oui. » Tous ces nouveaux cadeaux s’ajoutent au fait que le CICE sera exclu du contrôle fiscal comme l’a aussi confirmé Moscovici en précisant dès fois que les patrons trouvent ce cadeau trop difficile à obtenir : « Il suffira de deux lignes à remplir pour pouvoir en bénéficier ». Les applaudissements nourris ont fini par éclater à l’écoute du dernier engagement « 57 % de dépense publique, ça ne va pas. Il faut réduire le poids des dépenses publiques, il faut le faire vite, il faut le faire fort ». Il paraît qu’à la sortie Gattaz avait du mal à cacher sa satisfaction et peut-être sa surprise qu’un ministre appartenant au PS ait entonné aussi facilement le discours sur la fiscalité excessive.
Et pour les travailleurs, les chômeurs et les retraités ? Que des hausses de cotisations, sans compensation, sans compter la hausse de la TVA à venir et l’inconnu de la nouvelle fiscalité écologique. Ce gouvernement préfère cajoler les patrons, promettre plus d’austérité au quotidien pour les français alors que déjà 20 % n’arrivent plus à boucler leurs fins de mois et repousser de fait l’âge de départ en retraite. Il se vante d’une reprise de 0,5 % du PIB mais préfère oublier la poursuite de la hausse du chômage et encore plus du nombre de chômeurs non indemnisés (+1,7 % en juillet, seulement 45,5 % indemnisés par Pôle emploi). Lorsqu’un gouvernement a une politique plus favorable aux patrons qu’aux travailleurs, est-ce excessif de dire qu’il mène une politique de droite ?
Moscovici, sa famille, c’est le Medef
Il aura suffi d’une semaine pour que Pierre Moscovici reprenne aux familles ce que sur leur dos il avait promis au Medef.
Selon Les Echos, non démentis par le ministre délégué au budget, le gouvernement s’apprêterait à étendre aux étudiants les suppressions de réduction d’impôts jusque-là accordées aux familles ayant des enfants scolarisés. Déjà au début de l’été, le gouvernement avait supprimé celles bénéficiant aux familles ayant des enfants scolarisés dans le secondaire. Les rentrées scolaires et étudiantes n’ont pourtant jamais tant pesé sur les familles que cette année mais le gouvernement préfère servir le patronat.
Il y a une semaine jour pour jour, le ministre de l’économie et des finances se vautrait en effet devant le Medef et lui garantissait que la maigre contribution demandée aux entreprises au titre de la contre-réforme des retraites serait compensée intégralement par une diminution des cotisations patronales au titre de la politique familiale. Aujourd’hui, il fait ouvertement les poches des familles pour remplir celles du Medef.
La politique de l’offre qui conduit à gaver le Medef sur le dos du peuple, ça suffit ! N’en déplaise à Pierre Moscovici, l’impôt et les cotisations sociales sont là pour servir l’intérêt général, pas celui-de l’oligarchie. Pierre Moscovici ferait mieux d’engager une grande réforme fiscale et sociale redistributrice et de s’émanciper au plus vite de sa famille d’adoption, le Medef.
François Cocq : Secrétaire général du Parti de Gauche
Pour vaincre, il faut convaincre
La position de François Hollande sur la Syrie est un tournant pour notre pays et pour le monde. Je veux montrer ici ses implications avant qu’il ne soit trop tard et que la lorgnette médiatique, déjà focalisée sur les débats du Congrès des Etats-Unis, ne soit passée à un prochain épisode du drame qui se noue. Je ne prétends pas faire le tour de la guerre civile syrienne dans l’espace limité d’une note de blog. Mon unique objectif dans ce moment brûlant où l’histoire retient son souffle est de faire partager une conviction : Hollande se trompe lourdement dans sa volonté de nous impliquer dans des frappes « punitives » au côté des Etats-Unis. Je vais donc présenter un raisonnement et des arguments. Je sais par avance que cette façon de faire ne parlera qu’à ceux qui n’ont pas renoncé à penser sous les bombes et les images d’horreur qui circulent désormais de toutes parts. Je dis aux autres de ne pas oublier que lorsque notre armée intervient, c’est « la France » qui est en guerre. C’est pourquoi une décision aussi lourde ne devrait jamais être prise sans l’avis du peuple ni de ses représentants. Dire cela n’est pas seulement rappeler à la décence le monarque républicain qui prétend prendre seul une décision qui nous engage tous si fortement. C’est aussi nous rappeler à notre propre devoir de citoyen. Nous ne pouvons pas nous dispenser de l’effort personnel de démêler par nous-mêmes ce qu’il est bon de faire. C’est encore plus difficile quand pleuvent les injonctions robotiques : « comment osez-vous réfléchir quand l’heure est à agir ? » Mais on peut y arriver pour peu qu’on se réfère à des principes simples. Ramener une situation complexe à des principes simples est aussi le moyen par lequel le droit s’impose aux logiques de puissance.
A quel tournant assistons-nous ? Ce n’est pas l’atlantisme de Hollande. La gauche atlantiste a toujours existé. Ultra majoritaire dans la SFIO, elle est redevenue dominante au sein du PS dans les années 90. C’était déjà sous Hollande1. Dans le PS que j’ai quitté, les communiqués du secteur international étaient des pompettes des campagnes de la CIA dès qu’ils touchaient les deux zones jugées stratégiques par le régime états-unien, l’Amérique du Sud et la Russie. Ce qui est nouveau est qu’un président de la République français renonce pour la première fois officiellement au droit international.
Que dit Hollande ? Il explique que le Conseil de sécurité est bloqué par le veto russe et chinois, et que dès lors notre devoir est de constituer une coalition pour agir en dehors de l’ONU. Or le droit de veto est prévu par la charte de l’ONU. En l’exerçant, les gouvernements russes et les chinois ne violent pas la légalité internationale qui prévoit explicitement que le Conseil de Sécurité ne peut statuer sans leur accord. On peut le regretter et demander que le droit de veto soit supprimé. Mais si l’on me permet de paraphraser ce qu’a dit Manuel Valls à propos de la constitution de la Cinquième République pour refuser un vote parlementaire, le droit ne se change pas en fonction des circonstances. De plus, si la France devenait tout à coup hostile au droit de veto, ce serait une position tout à fait nouvelle et très lourde de conséquences puisque notre pays est l’un de ceux qui en bénéficient. Que dirions-nous demain si nous nous opposions à une résolution et que la Russie annonçait vouloir mettre en place une coalition pour contourner le « blocage » de la France ?
Renoncer au droit international est une option. C’est la position d’une bonne partie des dirigeants nord-américains qui estiment que l’ONU empêche les Etats-Unis d’agir en gendarme du monde. Ils lui préfèrent la formation autour d’eux d’une « coalition occidentale », justifiée, selon les périodes, par le choc des civilisations, le rassemblement des amis de la démocratie ou encore la lutte contre l’axe du mal. Mais cela n’a jamais été la position de la France.
Car renoncer au droit conduit à accepter le règne sans partage de la force. Hollande nous en apporte la démonstration. Le voici condamné à attendre la décision des Etats-Unis. Rien de ce qu’il propose ne peut se faire si les Etats-Unis ne l’ont pas décidé. Pourquoi ? Pour la raison que ce pays dépense la moitié du budget militaire de la planète. L’autre jour, pendant une pause publicitaire sur Europe 1, Hervé Morin, ancien ministre de la Défense, reconnaissait que l’armée états-unienne était capable de dépenser en une journée les munitions dont dispose l’armée française pour toute la durée d’une loi de programmation budgétaire. Il semblait trouver cela très impressionnant. Même l’opération franco-britannique contre la Lybie a été conduite avec les munitions fournies et payées par les Etats-Unis d’Amérique.
La légitimité du Conseil de Sécurité de l’ONU est donc celle d’une convention internationale signée en 1945. On peut la juger faible ou surannée. Mais elle est mille fois plus solide et plus précieuse pour l’avenir que celle que confèrerait aux Etats-Unis d’Amérique la démesure de leur budget militaire.
Si ce sont les armes qui décident, il faut en effet s’attendre à ce que chacun s’équipe en conséquence. C’est pourquoi l’intervention hors cadre de l’ONU serait une escalade dans la guerre. Si les Iraniens constatent que la Syrie peut être attaquée malgré l’avis contraire du Conseil de sécurité, ils en déduiront que leur sécurité dépend uniquement de leur capacité à se doter de l’arme nucléaire. Et ils soutiendront en conséquence les secteurs les plus durs du régime des mollahs qui en ont fait une priorité. Les pays voisins voudront s’armer d’autant plus à leur tour. C’est déjà ce qui se passe dans la région. La Syrie a le droit de détenir des armes chimiques car elle n’a pas signé la convention de 1993 qui proscrit leur utilisation et exige leur destruction2. L’Egypte non plus. Tous deux l’ont refusée au nom du fait qu’Israël détient l’arme atomique. Du coup Israël n’a pas ratifié la convention de 1993 car il ne veut renoncer à aucune des armes qui pourraient être utilisées contre lui.
Une intervention en dehors de l’ONU ne contribuerait donc aucunement à dissuader à l’avenir tout pays d’utiliser des armes chimiques…
>>> Lire la suite sur le blog de François Delapierre
Chômage : non à la politique de l’oxymore !
L’Insee vient de confirmer une nouvelle hausse du taux de chômage de + 0,1 point au second trimestre. Alors qu’un nouveau record du nombre de chômeurs est battu en France, alors que le nombre de chômeurs indemnisés ne cesse de diminuer, dans son communiqué le Ministre du Travail M. Sapin se félicite d’un ralentissement, de « progression plus modérée » et même pour finir d’une amélioration !
On se pince… La lutte contre le chômage et le précariat ne peut se satisfaire d’une politique de l’oxymore.
La logique de l’offre et l’austérité imposées par le gouvernement solferinien aggravent la crise sociale et environnementale. Ce dont ont besoin les Français c’est d’une politique de relance par la planification écologique.
S’ils ne savent pas comment faire, au gouvernement, un conseil : qu’ils viennent nous écouter a la Fête de l’Humanité…
Fralib • L’éléphant n’a pas dit son dernier mot
Mardi 3 septembre tous ceux qui soutiennent les salariés en lutte de Fralib recevaient un communiqué annonçant la fabrication de tilleul, dans l’usine, pour une vente géante de solidarité à la Fête de l’Humanité (voir ci-dessous).
Promesse tenue comme le montrent ces photos.
Photos Comité PG-Aix
À Paris comme à Marseille, non à l’extrême droite !
Après le lâche assassinat de Clément Méric, militant antifasciste, et les violents incidents lors
des manifestations contre le mariage pour tous, des groupes d’extrême droite ont été dissous. Pourtant, ici et là, tout l’été, des individus issus de ces groupes ont perpétré des violences contre des femmes supposées musulmanes et ont attisé la haine sans relâche.
Aujourd’hui, sous couvert d’un prétendu « collectif pour la défense des libertés publiques », les membres des groupes dissous appellent à « rendre hommage » au meurtrier de Clément Méric le samedi 14 septembre à Paris, tandis que le Front National organise son université d’été à Marseille.
L’extrême droite continue jours après jours à distiller ses messages de haine et d’appel à la violence. Le Parti de Gauche interpelle gouvernement, afin qu’il fasse appliquer la loi, et empêche que par la manifestation ne se diffuse une idéologie de haine et se reconstituent des groupes qui prônent la violence.
Au lieu de s’en prendre à des femmes et enfants en expulsant des familles Roms, Monsieur Valls doit prendre les mesures d’interdiction de cette manifestation provocatrice. Le Parti de Gauche réaffirme son soutien aux militants de la cause antifasciste et rend hommage au courage de Clément Méric.
Face à la crise, le combat contre l’extrême droite repose sur l’unité du camp antifasciste et passera par des propositions radicales de transformation sociale.
Pérou : En mémoire des victimes de la guerre civile
Le mercredi 28 Août dernier les associations des familles de victimes ont appelé à une grande marche en mémoire aux près de 70 000 morts de la guerre civile qui a eu lieu au Pérou entre les années 80 et les années 2000. Près de 3000 personnes ont répondu à l’appel, parmi lesquelles de nombreux responsables politiques du Frente Amplio (regroupement des partis de gauche, en opposition à la politique du gouvernement actuel). Le but de se rassemblement était de commémorer les 10 ans du rapport de la Commission Vérité et Réconciliation (CVR, Comisión de la Verdad y Reconciliación), chargée d’enquêter sur ces 20 ans de guerre civile et d’engager les réparations pour les familles des victimes. Il faut dire que ce conflit n’est pas un conflit mineur : il a marqué en profondeur l’histoire du Pérou et a fait en 20 années plus de morts que dans toute l’histoire du Pérou indépendant (depuis le 28 Juillet 1821).
Le lieu du rassemblement était le monument « el ojo que llora » (« l’œil qui pleure ») à Lima, érigé à la mémoire des victimes de cette guerre. Un monument à la fois sobre et émouvant : il s’agit d’une fontaine, représentant un œil versant un filet d’eau continue. Situé aux abords de la Place de la Révolution (El campo de Marte) à Lima, il fut partiellement détruit en 2007 par les partisans de l’ancien Président péruvien Alberto Fujimori, et est figure aujourd’hui au patrimoine culturel du Pérou. Des photos de victimes étaient posées au sol à proximité du monument et des milliers de galets marqués du nom de ces victimes traçaient un labyrinthe avec la fontaine pour centre. Pendant près de 2 heures de nombreuses associations, venues de toutes les régions du Pérou, se sont succédé sur l’estrade où figurait le slogan : « nunca mas » (plus jamais). Ce furent deux heures très intenses, sous un soleil vif, ce qui est rare à Lima, particulièrement en cette période de l’année. La marche a ensuite rejoint la place San Martin, ou la maire de Lima (Susana Villaran), a pris la parole, devant une foule dense, attentive et émue.
Ce rassemblement était bien plus qu’un rassemblement symbolique et de mémoire. Les séquelles de la guerre civile dans la société péruvienne sont encore importantes. Cette division du pays est particulièrement visible dans la façon dont les conclusions de la commission ont été accueillies. La gauche dans son ensemble a plutôt salué et reconnu le travail de la commission, mais une partie de la droite, Fujimoriste (du nom d’Alberto Fujimori qui a gouverné le pays entre 1990 et 2000 et qui est actuellement en prison), continue de la rejeter. Si la responsabilité du groupe maoïste du Sentier Lumineux est pointée, l’action des divers gouvernements qui se sont succédé est aussi fortement critiquée par l’acte final de la commission. En effet sur ces 20 années de conflits, les différents gouvernements n’ont pas hésité à faire preuve d’un autoritarisme sans limite, en négation totale des droits fondamentaux de l’Homme. Ce sont ainsi des milliers de personnes qui ont été emprisonnées, sont disparues ou ont été tuées par les forces de l’ordre au nom de la « guerre contre le terrorisme ». Les effets de cette politique ont été désastreux pour des milliers de familles et ont aussi été à l’origine d’une radicalisation du conflit, de l’aveu même de la commission. Le gouvernement d’Alberto Fujimori fut particulièrement féroce dans sa politique de répression, suite à son auto coup d’état (« autogolpe ») de 1992, qui lui permis de suspendre un certains nombre de droits constitutionnels et de faire passer des mesures répressives sans communes mesures. La cour suprême du Pérou a considéré en 2010 que Fujimori était bien responsable des activités du groupe colina, un escadron de la mort à l’origine de très nombreuses disparitions et morts. C’est la raison pour laquelle il purge actuellement 25 ans de prison. Et ce malgré les pressions incessantes de ses partisans pour que la grâce présidentielle lui soit accordée. Il faut dire qu’aux yeux de nombreux péruviens, Alberto Fujimori est le vainqueur de ces années de guerre contre le terrorisme. Pour le moment Ollanta Humala, Président de la République du Pérou, refuse cette grâce.
A bien des égards la marche de mercredi était un signal envoyé par les péruviens : Fujimori a sa place en prison ! Même si de nombreux autres responsables des forces de l’ordre et des services de renseignements devraient eux aussi s’y trouver. « Nunca mas impunidad » (plus jamais d’impunité), disaient les manifestants.
Il s’agit aussi d’un message envoyé par les populations indigènes, paysannes et pauvres : nous avons le droit à la justice « queremos una reparacion justa » (nous voulons une juste réparation). Car durant les nombreuses années du conflit, elles n’ont subis que l’indifférence générale, au niveau national mais aussi au niveau international. Le gouvernement États-uniens de George Bush et son bras armé impérialiste sur le continent, l’OEA (Organisation des États d’Amérique), ayant d’ailleurs reconnu le gouvernement de Fujimori suite à l’autogolpe de 1992, malgré le caractère anticonstitutionnel de cette prise de pouvoir et les demandes de l’Argentine et du Chili que le Pérou soit exclue de l’OEA. Pourtant : les disparitions (13 000 enregistrées par le CVR) furent 10 fois plus nombreuses que sous la dictature de Pinochet au Chili. Aujourd’hui encore ces 20 années de guerres ne sont presque pas connues, à l’étranger mais aussi au Pérou ou les conclusions de la mission de la CVR ont fait l’objet de très peu d’intention, pour ne pas dire de désintérêt. Voila pourquoi les organisateurs de la marche ont plusieurs fois répété le mot d’ordre selon lequel « un peuple dans mémoire est un peuple sans destin » (Beatriz Merino Lucero, « défenseur du peuple »).
Mais ce conflit, et les conclusions de la commission rendues le 28 Août 2003, est aussi un reflet des profondes divisions qui parcourent la société péruvienne. Ainsi le « portrait type » de la victime établis pas la commission fait état d’un homme, paysan, d’origine indigène et pauvre. Le conflit n’a que très peu concerné les classes supérieures et urbaines de Lima. C’est l’attentat de la rue Tarata, dans le quartier riche de Miraflores, le 16 juillet 1992, qui a touché pour la première fois véritablement ces classes supérieurs jusqu’alors plutôt épargnées. 3 jours plus tard le principal responsable du Sentier Lumineux, Abimael Guzman, fut arrêté, engageant le déclin irrémédiable du Sentier Lumineux.
Telles sont donc les raisons pour lesquelles les forces de gauche étaient présentes en nombre mercredi 28 juillet 2013 à Lima aux côtés des associations de victimes et des populations indigènes, pour exprimer leur solidarité. Pour exprimer aussi que le projet émancipateur et progressiste de la gauche ne saurait être assimilé aux actions du Sentier Lumineux et du Mouvement Révolutionnaire Tupac Amaru (MRTA).
De Lima, Arthur Morenas