La retraite à 60 ans !

Faire échouer l’accord Union européenne – Etats-Unis

No_accord_transatlantique Je demande que la France s’oppose à l’ouverture de négociations entre l’Union européenne et les Etats-Unis en vue d’un accord de marché commun. François Hollande n’a aucun mandat pour engager notre pays dans cette mauvaise aventure. Il n’en a jamais parlé dans sa campagne présidentielle alors qu’il en savait autant que moi à ce moment là.

Je mets en garde : la défense légitime de l’exception culturelle ne saurait être l’arbre qui cache la forêt des reculs sociaux, écologiques ou sanitaires prévus par ailleurs dans cet accord.
C’est bien l’ensemble du mandat de la Commission européenne qui pose problème.

Et c’est le principe même d’un tel accord qu’il faut faire échouer.

C’est une exigence de souveraineté. L’atlantisme et le libre-échange sont deux pièges mortels pour l’Europe et pour la France.

Demain les ministres de la France ne doivent pas être les passe-plats des nord-américains. S’ils acceptent l’ouverture de cette négociation ils condamnent à mort tout projet d’évolution sociale de l’Europe et toute indépendance de la France.

Taxe carbone, chauffage et mobilité : s’attaquer au porte-monnaie pour réduire la consommation d’énergie ?

Taxe_carbonne …..ou :

Taxons là où c’est possible et efficace, lâchons un peu les basques de ceux qui n’en peuvent déjà plus…..

A l’occasion du retour du projet de taxe carbone et alors qu’a lieu aujourd’hui la réunion du comité sur la fiscalité écologique durant lequel la question de la taxe carbone sera étudiée, s’ouvre un vrai débat politique, qui rejoint celui de la hausse des prix de l’électricité ou des carburants. Chauffage, mobilité : s’attaquer au porte-monnaie est-il un signal efficace pour réduire la consommation d’énergie ?

Le problème c’est que l’énergie c’est pas tout à fait comme le tabac (et encore, c’est une intoxiquée qui vous parle) et que pour que le prix joue, encore faut-il avoir le choix d’acheter ou pas, de réduire sa consommation ou d’en changer. Quelques éléments concrets pour avancer sur le sujet.

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Pour commencer, voyons de combien de personnes on parle, susceptibles de « changer de comportement ».

Le signal prix n’a d’effet que si on est en capacité de changer de comportement. Or en matière de mobilité, selon le Ministère du Développement Durable, parmi les 14,6 millions d’actifs ayant un lieu fixe et régulier de travail et utilisant leur voiture, 6,3 millions d’entre eux –essentiellement en zones urbaines– pourraient ne pas l’utiliser. Pour ce qui concerne le chauffage, 8 millions de personnes en France seraient en situation de précarité énergétique (c’est-à-dire consacrant plus de 10 % de leurs revenus à ce poste de dépenses) et 42% de français se disent déjà en restriction volontaire de chauffage.

Baisser le chauffage ?

Le hic, c’est que beaucoup de personnes en sont plus à se demander aujourd’hui comment payer leur facture qu’à baisser leur consommation. Les réductions de puissance et coupures d’électricité et de gaz pour cause d’impayés augmentent : en 2012, elles ont frappé 180 000 foyers pour le gaz et 400 000 pour l’électricité (soit 580.000, contre 500.000 en 2011). L’association « Droit à l’énergie-Stop aux coupures » dont font partie les Robins des bois, parle d’une multiplication par 10 des coupures d’énergie depuis 2004. Selon le dernier rapport du médiateur national de l’énergie, 18% des dossiers traités par le médiateur concernaient des personnes en difficulté de paiement, avec une dette moyenne supérieure à 1 900 euros, contre 15% en 2011. Ah oui, parce qu’en France on a eu la brillante idée d’équiper les logements de radiateurs électriques qui ont un rendement énergétique pourri et coûtent cher à l’usage. D’où l’importance de la future loi Duflot sur la rénovation thermique des bâtiments… et notamment des mécanismes d’aide aux particuliers qui seront proposés.

Concernant la mobilité…

Je ne vous apprends rien si je vous dis que quand on vit en zone rurale, ce qui est totu de même le cas de 40% de la population, sans transport en commun, on n’a pas d’autre choix que de prendre sa bagnole (et dans nombre de campagnes, je peux vous dire que c’est pas des modèles tout neufs). Et il existe aussi une « mobilité contrainte » : vers le lieu de travail, mode de garde ou école… Aggravée par le fait que ce sont souvent les plus précaires qui sont chassés des centres urbains par la hausse du prix de l’immobilier et donc plus éloignés de leurs lieux de travail etc. Ces déplacements contraints représentent 27% des motifs de déplacement selon l’Insee. Alors on peut toujours augmenter le prix de l’essence, ceux qui n’ont pas le choix pour aller bosser ou faire leurs courses, emmener les gamins à l’école, continueront à prendre leur voiture.

D’où le lien important à faire avec le maintien et le développement des services publics de proximité, notre critique à l’époque Sarkozy de la Loi de Modernisation de l’Economie, transposition de la directive Services favorisant entre autres l’installation de grandes surfaces en périphérie de ville, la hausse du versement transport des entreprises pour favoriser les transports collectifs et la gratuité… Et toutes nos propositions pour repenser la ville et rapprocher les différents lieux de vie : entre 1994 et 2008, la distance (à vol d’oiseau) pour aller au travail a augmenté de 26% et celle pour aller faire ses courses de 29% !. A noter qu’il n’y aurait pas pour autant d’accroissement du kilométrage en voiture de chaque ménage qui, avec 20.200 km par an, a même légèrement reculé entre 1994 et 2008 car chaque véhicule est en moyenne moins utilisé, selon le Ministère du Développement durable.

Dépenses contraintes et « reste à vivre »

En matière de dépenses contraintes et de « reste à vivre », terme bien connu des organismes de crédit et de surendettement, alternatif au « pouvoir d’achat » et hélas plus proche de la réalité… Une fois payées les charges fixes (loyer, assurances, transport, impôts, crédits…) selon le Credoc en 2009, les dépenses contraintes des foyers les plus pauvres sont passées de 52 % en 2001 à 74% de leurs dépenses.………..Lire la suite sur le blog de Corinne Morel-Darleux

Une nouvelle étape dans l’autoritarisme libéral

Jamais aucun pouvoir n’avait osé cela : faire éteindre une télévision publique par la police sous prétexte de réduction de dépenses. Depuis mardi soir, il flotte un parfum de dictature sur la Grèce. Le peuple grec a immédiatement compris l’enjeu en se mobilisant pour défendre sa télévision et les syndicats appellent à la grève générale jeudi contre ce véritable coup d’état contre le droit à une information non contrôlée directement par des intérêts privés. Voilà où mènent ces politiques inhumaines d’austérité : elles sont le prétexte pour museler la démocratie.

Nous ne sommes pas pris par surprise, nous avions caractérisé les politiques européennes menées comme des politiques austéritaires : en voilà l’exemple le plus flagrant. Pour les mener à bien les gouvernements européens ont besoin d’étouffer toute résistance et donc tout débat. C’est ainsi que le gouvernement français vient de supprimer celui prévu à l’assemblée nationale sur le grand marché transatlantique ! Lorsqu’ils échouent et que le peuple se mobilise, ils n’hésitent pas à utiliser la répression. Dans de tel contexte, la bataille pour une information indépendante est vitale, le gouvernement grec l’a compris qui, en fermant la télévision publique, espère avoir les mains libre pour continuer sa sale besogne de soumission à la troïka européenne.

Il est aussi significatif de voir comment les pouvoirs politiques sont prêts à tout pour défendre leurs grands projets inutiles, désastreux pour l’environnement mais fort utiles pour les bénéfices de certains groupes financiers. Mais les populations n’acceptent plus passivement qu’on massacre leur environnement : nous en avons un exemple à Notre-Dame des-Landes et nous voyons aujourd’hui les citoyens d’Istanbul se dresser contre la disparition d’un de leurs rares espaces verts. Cette révolte, partie d’une simple résistance à un projet délirant, s’est transformée en mobilisation populaire contre un pouvoir de plus en plus autoritaire et s’est étendue à tout le pays. Combien de fois, un événement, en apparence anodin, s’est transformé en événement historique ? Nous ne savons pas, en Grèce et en Turquie, quelle sera la suite car nul ne peut dire à quel moment le point de rupture va déboucher sur une révolution citoyenne qui balaiera les pouvoirs anciens au bénéfice d’un pouvoir du peuple et pour le peuple.

Turquie • Un journaliste de Bir Gun et un étudiant d’origine kurde témoignent

Turquie_interview-5 René Arrighi, militant du Parti de gauche et Tristan Sadeghi ont rencontré dimanche 9 juin Berhat Gultekin, journaliste à Bir Gun, l’un des principaux journaux de la gauche anticapitaliste turque et membre du Parti de la liberté et de la solidarité (ÖDP) ainsi que Ridvan, un étudiant d’origine kurde membre du BDP, Parti pour la paix et la démocratie. Voici les entretiens qu’ils ont recueillis.

Berhat Gultekin pouvez-vous nous parler de la révolte de la jeunesse turque? Comment avez-vous vécus cette semaine?

J’ai tout appris la mobilisation pour le parc par les réseaux sociaux comme facebook. A partir de vendredi dernier j’ai commencé à suivre les évènements pour Bir Gün Gazetesi. Je passe mon temps entre Taksim et la rédaction. J’ai dormi deux fois au parc.

Il faut comprendre que depuis 10 ans le parti du Président, l’AKP (Parti pour la justice et le développement) fait subir une pression grandissante sur les économistes, les journalistes et les académiciens. Dans le même temps la situation économique s’aggrave avec les plus riches qui deviennent plus riches et les plus pauvres qui deviennent plus pauvres. Tout cela crée une animosité à l’encontre du gouvernement. Dernièrement celui-cir à fait connaitre son intention de s’immiscer plus avant dans la vie privée des gens ( législation sur l’alcool, interdiction pour les couples de s’embrasser en public à Ankara). Une limite à ne pas franchir. Avec Gezi Park la population s’est engouffrée dans un mouvement qui auparavant ne réunissait que les plus militants d’entre nous. Au fur et à mesure que la violence augmentait les gens se sont mobilisés de plus en plus.

Comment pensez-vous que le mouvement va évoluer ?

L’AKP à d’abord choisi de réprimer le mouvement. Ca n’a pas marché. Elle à ensuite choisi le pourrissement en retirant la police de Taksim ces quatre derniers jours. Maintenant nous pensons qu’elle va infiltrer des provocateurs dans le mouvement pour créer des affrontements entre nous et retourner l’opinion publique. Par exemple ils tentent de provoquer un conflit entre nationalistes turques et membres du mouvement kurdes. De même ce matin des jeunes ont lancés des cocktails Molotov contre la police alors que nous avons condamné l’usage de la violence. Il s’agit de milices de l’AKP qui tentent de retourner l’opinion publique contre nous.

Quelles seraient vos revendications?

Nous sommes pour une société directement géré par le peuple, ce qui n’est pas concevable sous l’AKP. Cependant nous réclamons dans l’immédiat l’arrêt des violences policières et juridiques. Nous demandons que des sanctions contre ceux qui ont usé de la violence de manière disproportionné.

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Comment réagit le gouvernement face à vos revendications ?

Dans les médias il se dit prêt à négocier. Gezi Park lui a pourtant envoyé ses revendications il y a quelques semaines et elles sont restées lettre mortes. A présent nous apprenons qu’une délégation de Gezi Park va être reçue. C’est une stratégie pour gagner l’opinion publique, en réalité le gouvernement ne joue pas la carte du dialogue. Il est possible qu’il cède sur quelques points mais sur l’essentiel Erdogan ne reculera que s’il y est forcé.

Quels sont vos relations avec le CHP, le principal parti de l’opposition turque.

C’est un parti hétérogène qui rassemble des libéraux, de sociaux démocrates, des socialistes. Ce qui les regroupes avant tout c’est la défense de la laïcité et le nationalisme. Nous pouvons nous entendre sur certains points, nous avons des désaccords sur d’autres. Nous les retrouvons sur la défense de la vie privée par exemple

Sur la laïcité nous avons des divergences. Nous nous opposons à l’instrumentalisation de la religion par l’AKP. En revanche face à cela le CHP à pendant longtemps adopté par réaction une laïcité d’exclusion. Le résultat à été contre productif. L’AKP a fait des filles voilées un symbole d’une oppression laïque. Nous concevons la laïcité comme la neutralité de l’état vis-à-vis des affaires religieuses associée à une liberté de pratiquer tous les cultes. Nous réclamons la suppression de la mention religion sur la carte d’identité car elle fracture la société en groupe et permet à l’état de ficher les individus.

Quelle est votre position sur la question kurde ?

Nous reconnaissons le droit pour les kurdes d’employer leur langue et nous condamnons toutes les violences dont ils font l’objet. Nous sommes prêts à reconnaitre s’ils le souhaitent leurs droits à des institutions autonomes dans le cadre d’une Turquie fédérale. Cependant nous pensons que la pauvreté et l’exclusion des kurdes provient avant tout du modèle économique turque et de l’idéologie fasciste diffusée par une partie des élites. Turcs et kurdes peuvent vivre ensemble dans un même pays.

Quelle est votre position sur les droits des femmes en Turquie ?

Le pouvoir tente de faire reculer leurs droits qui sont parmi les plus avancés de la région. Quand ils déclarent que l’avortement est un crime, quand le maire d’Ankara propose le suicide comme alternatives à l’avortement pour les femmes violées, quand la justice trouve des prétextes pour limiter les peines en cas de viol ou quand le premier ministre dit que celles-ci doivent faire au moins trois enfants. Tout cela est révélateur de l’état d’esprit du pouvoir vis-à-vis des femmes. Elles sont cependant nombreuses à se mobiliser contre ça.

Quelles sont vos propositions pour faire évoluer le statut de la femme ?

La liberté des femmes, c’est la liberté du peuple. Nous inciterons chacune d’entres elles à faire des études et à travailler. Nous pensons que des quotas sont nécessaires jusqu’à l’arrêt des réflexes patriarcaux. A l’ÖDP 30% de nos représentants sont des femmes, 50% pour les fonctions les plus importantes.

Quelle est votre position vis-à-vis du modèle économique turque ?

La Turquie est complètement dépendante du monde extérieur et se développe en fonction des besoins des capitalistes. Nous souhaitons une réappropriation populaire de tous les secteurs clefs de l’économie, avec des mécanismes de prises de décisions directes et collectives.

La privatisation de la santé et de l’école ces dernières années a contribué à une hausse des inégalités. L’école doit former un esprit critique et la réflexion individuelle. La médecine doit être préventive afin d’éviter au maximum les interventions et les traitements violents pour le corps.

Comment envisagez-vous l’avenir de la Turquie ?

Les élections, telles qu’elles se pratiquent en Turquie, ne sont pas démocratiques. D’une part il ne peut pas y avoir de démocratie réelle dans un système ou les opposants, les journalistes ou les élus d’oppositions sont persécutés et où le parti politique au pouvoir contrôle les principaux moyens d’informations. D’autre part nous refusons l’idée de confier tous les quatre ans le pouvoir à des élus sans que ceux-ci ne doivent rendre des comptes. Nous sommes pour une prise de décisions collective dans chaque aspect de nos vies. La résistance de gezi Park, cette politisation nouvelle, révèle une chez la jeunesse une volonté d’être acteur de son propre destin.

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Ridvan, comment en es tu arrivé à d’adhérer au Parti pour la paix et la démocratie, le BDP ?

L’adhésion au BDP a été naturelle. Dans ma région natale (le Kurdistan au Sud Ouest de la Turquie), le BDP est la principale force politique active. J’y ai adhéré tôt, dès mes 17 ans.

Comment expliques-tu le mouvement de contestation qui s’est développé à partir de Gezi Park ?

La défense du parc Gezy n’est pas la raison principale du mouvement initié dans ce même parc. En réalité, cela faisait un certain temps que l’AKP (parti du premier ministre, Tayyip Erdogan) mettait sous pression les Kurdes et les Turcs. On pourrait dire que le seuil de tolérance de la population a été dépassé et qu’il s’agit d’un mouvement résultant d’un long processus politique engendrant la colère. C’est l’expression de notre mécontentement vis-à-vis de la politique menée par l’AKP.

Que reproche t-on exactement à l’AKP ?

Le gouvernement restreint les libertés individuelles (lois restreignant la consommation d’alcool, les démonstrations d’affections publics pour les couples) ou politiques (quasi criminalisation de la politique au sein de l’université). Boire de l’alcool, militer dans un parti politique ou un syndicat, parler une autre langue que le turc dans la rue, est passible de sanction. Fait grave, on compte à travers le pays environ 10.000 prisonniers politiques. Pour vous donner un ordre d’idée de l’atmosphère du pays, Il a fallu attendre plusieurs jours après le début des événements du Parc Gezy pour que les télévisions publiques en parlent.

Il faut également rappeler que les inégalités économiques s’accroissent, que les riches profitent énormément de la croissance économique alors que les personnes les plus modestes s’appauvrissent davantage.

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Quelle est l’atmosphère au Parc Gézy ?

L’atmosphère est aujourd’hui [NDLR: dimanche 9 juin] encore extraordinaire. De nombreux stands ont été installés pour distribuer gratuitement de la nourriture.

La force du mouvement est justement d’avoir su s’élargir pour devenir plus festif et s’ouvrir à des personnes moins politisés qui se politisent petit à petit en venant au parc mais qui viennent initialement pour l’atmosphère festive. De plus en plus de monde, qui n’hésitera pas, le cas échéant à se dresser face à la force répressive envoyée par le gouvernement.

Quelles sont les revendications immédiates du BDP ?

En premier lieu, nous exigeons l’abandon du projet de destruction du Parc. Ensuite, nous demandons la libération des trop nombreux camarades placés en garde à vue, parfois même placé en examens seulement pour avoir participer au mouvement. Nous portons également la revendication d’une garantie légale de limitation de l’usage de gaz lacrymogène par la police Enfin, des excuses publiques d’Erdogan pour les violences commises à notre égard et ses insultes (ndlr : le premier ministre Erdogan a notamment traité les manifestants de « vagabonds », de « casseurs ») sont attendues.

Et quelles seraient vos revendications à plus long terme pour la Turquie?

Sur le plan économique, nous constatons que la croissance importante qu’a connue la Turquie n’a profité qu’à une poignée de privilégiés et que les inégalités se sont creusées. Nous souhaitons donc un grand changement de la politique économique menée, avec une augmentation des salaires et la réalisation d’une politique du type de celle menée par le Vénézuela ou la Bolivie.

Nous mettons également en avant la question de la place des femmes dans la société. Elles ont en effet du mal à trouver du travail, bien que cela soit un peu moins difficile dans certaines régions du pays, comme au Kurdistan. La société entière est en effet encore fondée sur le modèle patriarcal : de nombreux maris dissuadent ou tentent de dissuader leurs épouses de s’investir en politique. C’est pourquoi nous estimons que la mise en place de quota hommes/femmes (en tant que mesure provisoire) pour les élections politiques peut être une bonne idée pour faire évoluer les pratiques de la société.

Enfin nous voulons une égalité de traitement entre les musulmans, les alévis, les chrétiens, les athées. Même si le pays est majoritairement musulman chacun doit être traité de la même manière. L’état doit prendre en charge les lieux de culte de chacun et cesser de mépriser les minorités

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Quelle est votre position vis-à-vis des régions kurdes ?

Le droit de parler et de recevoir une éducation dans notre langue. 20 millions de turcs sont kurdophones, ce sont actuellement des citoyens de secondes zone. Cela doit s’appliquer aussi pour les arméniens et les arabes de Turquie.

Les kurdes ont fait un pas dans le sens d’un accord en retirant le PKK du pays. C’est accord ne doit pas être unilatéral. Nous demandons la libération d’Abdullah Ocalan ainsi que le remboursement des 2.000.000 de maisons kurdes brulés par l’armée dans cette guerre.

Nous souhaitons que les 21 régions de Turquie disposent d’une grande autonomie, du fait de leurs spécificités. Nous voulons, dans le cadre d’une Turquie fédérale, avoir nos propres lois, notre propre gouvernement et la possibilité de gérer nous même nos ressources.

Cependant nous ne réclamons pas un nouveau pays car l’indépendance n’est pas la solution à l’exploitation capitaliste. L’échelon fédéral est le plus approprié pour gouverner démocratiquement dans le sens des aspirations du peuple.

Par ailleurs les turcs sont nos frères et les conflits n’existent qu’à cause de la politique fasciste d’un état qui cherche à nous diviser. Nous ne sommes pas des nationalistes. Je ne suis le pas le patriote d’un pays mais d’une idéologie.

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Le gouvernement grec éteint la télévision publique, le gouvernement français éteint le parlement

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L’assemblée nationale devait débattre aujourd’hui du mandat à donner à la commission européenne pour les négociations concernant la proposition du Grand Marché Transatlantique entre les Etats-Unis et l’Union Européenne. Ce débat a été supprimé de l’ordre du jour et remplacé par un débat sur l’exception culturelle car le gouvernement considère que cette question est le principal problème.

Ainsi l’assemblée nationale française n’aura de fait pas le droit d’en débattre puisque le mandat de négociation sera adopté dans 2 jours, le 14 juin lors d’un conseil des ministres européens.

Décidemement le Parti Socialiste est passé maître dans l’art d’étouffer toute critique contre les politiques européennes : vote au parlement pour le TCE qui avait été préalablement rejeté par le peuple lors du référendum de 2005 ; ratification du TSCG sans renégociation malgré les engagements pris par François Hollande ; interdiction de dépôt de motion contradictoire sur l’Europe en interne du PS puis tripatouillage sur les résultats pour empêcher toute modification du texte.

Sa soumission au libéralisme l’entraine toujours plus loin dans le déni démocratique.

Le parlement français n’aura pas eu le droit de s’exprimer sur le sujet mais le Parti de Gauche ménera le débat devant tout le pays dans les mois qui viennent. Nous ne laisserons pas brader encore plus les protections sociales, sanitaires, environnementales et culturelles.
La solution à la crise économique et écologique actuelle, ce n’est pas la guerre économique entre les entreprises économiques américaines et européennes sur le dos des travailleurs et de la planète, c’est la relocalisation des activités économiques et le protectionnisme solidaire

Réforme ferroviaire : le gouvernement doit revoir sa copie!

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Un mouvement de grève est initié à partir de ce soir par la CGT, UNSA, SUD et la CFDT. Le caractère fortement unitaire de cette mobilisation devrait inciter le gouvernement à enterrer cette réforme qui dans sa logique d’ensemble est une menace pour le système ferroviaire.

On nous annonçait le retour de « l’Etat stratège », la fin de la séparation inepte entre RFF et la SNCF, et le respect du statut des cheminots, mais c’est tout l’inverse qui se profile.
La réforme euro-compatible ne remet pas en cause l’ouverture à la concurrence du transport de voyageurs imposée par la Commission Européenne.

Elle ne ré-intègre pas RFF dans la SNCF mais les chapeaute d’une structure supplémentaire. Elle ne les réunit pas vraiment mais répond au contraire aux exigences de Bruxelles de séparation stricte entre gestionnaire de réseau (RFF) et transporteur (SNCF) afin de rendre possible l’ouverture à la concurrence.

En créant une convention collective unique pour tout le secteur, privé comme public, elle vise à casser le statut actuel des cheminots en imposant une harmonisation par le bas des conditions de travail des cheminots.

Le Parti de Gauche dénonce cette soumission volontaire aux injonctions de Bruxelles. Cela montre que le gouvernement partage en fait les objectifs et les choix des libéraux dirigeant l’Europe. Nous exigeons une réforme ambitieuse du ferroviaire et l’arrêt de l’ouverture à la concurrence, y compris pour le fret et le transport international des voyageurs déjà libéralisés.

Le Parti de Gauche appelle à recréer un véritable service public ferroviaire permettant une véritable planification écologique. Il faut un développement des transports ferroviaires publics pour garantir l’égal accès sur tout le territoire national et une réponse aux besoins sociaux des usagers et non à l’appétit des groupes privés ! 

Pendant que Désir maquille les votes, Hollande réécrit l’histoire

La vie interne du PS regarde ses membres. Mais la déchéance de ce parti nous atteint tous, hélas. Car le PS concentre aujourd’hui la quasi-totalité des pouvoirs politiques : la présidence de la République, le gouvernement, une majorité absolue à l’Assemblée, relative au Sénat, la direction de 20 régions métropolitaines sur 22, de la majorité des départements et de nombreuses grandes villes. Sans oublier que d’anciens membres du PS président la Cour des Comptes ou le CSA.

La politique actuelle du gouvernement n’est pas socialiste, Hollande le dit lui-même. Comment la nommer ? Dans un livre de Jean-Luc Mélenchon, « En quête de gauche », paru dès 2007, nous proposions le mot démocrate. Au sens du parti démocrate nord-américain. C’est d’ailleurs dans ce sens qu’Hollande publia dès 1984 une tribune dans Le Monde dans lequel il donna pour la première et la dernière fois le fond de sa pensée politique. Elle s’appelait « pour être modernes soyons démocrates ».

Un parti démocrate se distingue d’un parti social-démocrate principalement parce qu’il évacue la question sociale. Les partis sociaux-démocrates se fixaient comme objectif l’établissement d’un rapport de forces propice à des conquêtes sociales, qu’ils se faisaient fort de négocier avec le capital. Les partis démocrates pensent que cette voie est devenue sans issue dans le cadre de la mondialisation. Ils se refusent pour autant à une stratégie de rupture ou d’affrontement avec la finance. Ils décident donc de mener la « guerre économique » mondiale et cantonnent leur progressisme aux questions sociétales (avant le plus souvent d’y renoncer pour épouser les discours sécuritaires qui accompagnent la liberté du capital). Lorsqu’ils assument honnêtement leur orientation, comme les Italiens qui baptisèrent ainsi leur parti, les partis démocrates se disent « à équidistance du capital et du travail », voire « au-dessus de la gauche et de la droite ». En France, les dirigeants solfériniens préfèrent parler de politiques « gagnant-gagnant », lesquelles par définition ne nécessitent aucun rapport de forces.

Ce changement d’orientation se lit dans les programmes, dans les stratégies d’alliance (fin des unions de gauche souvent remplacées par des alliances au « centre ») mais aussi dans la vie interne de ces partis. En Angleterre, Blair coupe le lien financier avec les syndicats. En Italie, l’éphémère parti social-démocrate fusionne avec d’anciens démocrate-chrétiens après avoir inventé les primaires. Et en France ? Il y eut également les primaires qui renforcèrent une logique présidentielle cassant le traditionnel « poids des courants ». Mais la transformation du PS n’est pas terminée et ces derniers jours nous en ont donné deux preuves.

Ainsi les militants du PS étaient appelés aux urnes jeudi dernier dans le cadre d’une convention sur le projet européen de ce parti. Il y a de longue date plusieurs sensibilités au sein du PS sur ce sujet. Malgré cela, la direction solférinienne décida d’interdire le dépôt d’un texte alternatif rédigé par l’aile gauche. Elle la contraignit d’abord à déposer uniquement des amendements, lui interdisant de ce fait l’affirmation d’une cohérence alternative. La gauche du PS accepta et déposa 4 amendements qui furent à leur tour acceptés par les solfériniens. Ensuite la direction décida que les militants auraient à voter en préalable le texte solférinien pour avoir le droit de voter les amendements. Pour adopter les amendements « de gauche », chacun devait d’abord se soumettre au texte « de droite ». Mais les solfériniens ne s’arrêtèrent pas en si bon chemin. A l’issue des votes, la direction ne compara pas le nombre de voix exprimées en faveur des amendements à celles qui s’étaient portées contre, comme cela se fait dans toute démocratie. Elle ajouta aux contre les milliers d’abstentions sur les amendements mais aussi les voix qui s’étaient exprimées contre son propre texte. Elle put ainsi conclure à un rejet franc et massif des propositions de l’aile gauche.

Déjà dans le passé, Lionel Jospin, alors premier secrétaire, avait imposé qu’un amendement ne soit adopté qu’avec une majorité absolue de pour. Je m’en souviens bien puisque c’est en réponse à un amendement majoritaire de la Gauche Socialiste à laquelle j’appartenais alors qu’il avait inventé cette règle. Notre courant faisait seulement 6 %. Nous n’avions que deux parlementaires et tout le reste du PS était contre nous. Nous n’avions donc pas pu l’empêcher. Mais Jospin avait malgré tout tenu compte du vote. Le PS avait fixé des conditions à l’adoption de l’euro, dont il fera peu de cas une fois au pouvoir, ce qui n’est pas pour rien dans le désastre que nous vivons en Europe. A cette époque le premier secrétaire du PS essayait de rester majoritaire. Il était déjà prêt à changer les règles du jeu ou à s’appuyer sur des fédérations fraudant à grande échelle pour y parvenir. Mais il s’attachait aussi à fabriquer une synthèse tenant compte des positions exprimées par son aile gauche. Car il ne voulait pas perdre le lien avec la sensibilité socialiste du pays. Désormais, Désir, qui dans cette affaire comme dans toutes les autres n’est qu’un exécutant de l’Elysée, cherche au contraire à effacer son aile gauche, à en nier l’existence. C’est pourquoi il ne lui suffit pas d’être majoritaire. Il veut la réduire le plus possible. C’est ce qui le conduit à des extrémités antidémocratiques ahurissantes. Faisant pire que Jospin, il estime que toutes les voix contre son propre texte contribuent au rejet des amendements de ses opposants !

Le discours prononcé par Hollande lors de l’hommage national rendu à Pierre Mauroy a été une autre illustration du besoin qu’ont les démocrates d’effacer ce qui reste des traditions politiques de gauche issues de l’ancien PS. Je me trouvais dans la Cour d’honneur des Invalides pour représenter le Parti de Gauche. La vie politique de Mauroy a été très longue. Si l’on faisait une comptabilité en nombre d’années, nos moments de désaccords avec lui l’emporteraient très nettement. Mais parce qu’il a été une figure centrale de l’après 81, l’histoire de Mauroy contient aussi quelques belles pages de la gauche des ruptures dans laquelle nous nous reconnaissons. J’avais donc mis au premier plan de mon esprit le premier ministre des nationalisations et de la retraite à 60 ans et c’est ce Mauroy-là que je venais saluer au nom de mes camarades. Hollande bien sûr avait lui à l’esprit des choses plus en harmonie avec les privatisations ou l’allongement de la durée de cotisation qu’il se prépare à faire. Mais dans un hommage de cette nature, l’orateur cherche à exprimer tout ce que peut représenter le défunt afin de toucher le plus grand nombre. Je m’attendais donc à voir évoquées les différentes facettes de la vie de Mauroy. Eh bien non. Vous pouvez lire le discours de Hollande. Le mot nationalisation n’est pas prononcé. Hollande nie même que Mauroy ait accordé le droit à la retraite à 60 ans pour tous : « il accorda le droit de partir à la retraite à 60 ans à ceux qui n’avaient plus le temps d’attendre, tant la vie les avait usés . » Il faut le faire ! L’homme qu’il salue, c’est celui de 1983, pas de 1981.

Hollande présente Mauroy comme l’incarnation du réformisme. Oui mais dans quel sens ? C’est là que l’on voit la différence entre un démocrate et un social-démocrate. Les réformes que Hollande cite à l’appui de son propos ne sont pas les conquêtes sociales de la gauche. Mauroy le réformiste doit être admiré pour son « sérieux budgétaire », le blocage des salaires ou encore la fermeture du dernier puits de mine dans le Nord-Pas-de-Calais. Quel retournement des mots ! Le réformisme version Hollande n’a rien à voir avec le réformisme social-démocrate qui accumule patiemment les avancées sociales et démocratiques même s’il ne cherche pas révolutionner l’ordre économique. Ce réformisme est compatible avec celui dont se réclamait déjà Sarkozy ! Mauroy était pourtant une figure profondément sociale-démocrate, contemporaine des dernières grandes conquêtes sociales de ce courant puis prisonnière de l’échec de cette stratégie face à un capitalisme financier transnational qui n’a plus aucun intérêt à négocier avec les représentants des travailleurs. Dans son discours Hollande en fait un dirigeant démocrate.

Pendant que Désir maquille les votes, lui réécrit l’histoire.


François Delapierre

Parti de Gauche Charente-Maritime (17) • A La Rochelle comme ailleurs, quand on est de gauche…. on défend l’Hôpital public !

Action_hopital_lr2013-06-03

Non à la casse de l’hôpital public !

La lutte menée par les personnels de l’hôpital de la Rochelle s’inscrit dans un vaste mouvement contre les politiques austéritaires et de démantèlement du service public hospitalier initié par la droite sarkozyenne et poursuivie par le gouvernement actuel et la majorité politique en place.
Cette politique mène les hôpitaux à l’asphyxie financière, au déficit permanent poussant les gestionnaires à rogner les seules variables d’ajustement possibles (la qualité des soins et les dépenses de personnel).

C’est INACCEPTABLE !
– Ce n’est pas parce-que le gouvernement Sarkozy avait, avec le vote de la loi «Hôpital, patients, Santé et Territoires» (HSP) dite «loi Bachelot» décidé de réviser la carte hospitalière au nom du seul objectif de rentabilité…. qu’il faut poursuivre la même politique !
L’objectif est conforme au traité de Lisbonne pourtant rejeté par le peuple en 2005 : offrir en pâture le service public de la santé aux assurances et groupes privés qui sauront nous faire payer leurs profits faramineux !
– Ce n’est pas parce que le gouvernement Sarkozy avait, avec la mise en œuvre de la tarification à l’activité (T2A), assimilé l’hôpital à n’importe quelle autre entreprise et la santé à une industrie, mettant les hôpitaux en concurrence afin d’améliorer leur « rentabilité financière » au prix de la casse sociale et de la détérioration des soins…. qu’il faut poursuivre la même politique !

Quand on est de gauche…. on défend l’Hôpital public !
Le premier magistrat de la ville, Président du Conseil de Surveillance de l’Hôpital, et l’ensemble des représentants de la CDA doivent s’opposer à la politique mise en œuvre au sein de l’hôpital de La Rochelle et se placer aux côtés des personnels !
Le Parti de Gauche pour sa part exige :

– que la dette du système hospitalier liée à une politique de santé calamiteuse et aux conséquences absurdes de la tarification à l’activité soit déclarée illégitime et reprise par l’État ;
– de sortir d’urgence de la logique de marchandisation du système de santé imposée par le traité de Lisbonne et appliquée à la fois par la droite et la gauche libérale, qui nous mène à une dégradation déjà entamée de la santé publique ;
– d’abroger la loi Bachelot HPST (Hôpital Patients Santé et Territoire) et la loi de 2003 ayant institué la tarification à l’activité et la convergence tarifaire entre établissements publics et privés hospitaliers (T2A), qui conduisent à asphyxier l’hôpital public ;

Le Parti de Gauche propose :

– une expression commune des forces du Front de Gauche rochelaises pour rejeter cette politique ;
– une interpellation du Maire de la Rochelle, Président du Conseil de Surveillance de l’hôpital pour qu’il s’oppose aux projets en cours et se place sans ambiguité aux côtés des personnels ;
– une saisine du Ministère des affaires sociales sur la situation de l’hôpital de La Rochelle et pour exiger l’abandon du plan de casse sociale.

Sur le même sujet :
– Hôpital de la Rochelle : NON à la saignée… une autre politique est possible.

Bangladesh : Le drame du dumping social et du productivisme

Bangladesh_responsable-1 Plus de 1 700 morts en huit ans, tel est le lourd tribut payé par les ouvrières du textile au Bangladesh pour fournir à bas coûts des vêtements aux grandes marques occidentales. Il aura donc fallu des morts par centaines, qui se seront littéralement tués à la tâche pour renouveler sans cesse le besoin de consommation matérielle entretenu par la mode et la publicité dans nos pays dits civilisés, avant qu’une quarantaine d’entreprises acceptent de signer l’accord des syndicats textiles internationaux et de la Campagne Clean Clothes pour plus de sécurité dans les ateliers de fabrication. Mais au-delà des actions de sécurisation, au-delà de la hausse des salaires, ces drames doivent nous interpeller sur la nécessité d’un développement endogène et du droit des peuples à décider et maitriser leur propre avenir. Rien ne justifie que ce soit des populations, maintenues esclaves du dumping social, qui aient à payer pour nous habiller. L’industrie textile n’a rien à faire à l’autre bout du monde, elle peut et devrait être locale. Des mesures de protectionnisme solidaire prendraient alors tout leur sens en recréant de l’activité ici, et en permettant ailleurs une activité de qualité, librement choisie pour les besoins locaux des peuples.

Bangladesh_effondrement-2 Avec un millier de morts, la catastrophe du Rana Plaza a enfin attiré l’attention de l’opinion et obligé plusieurs multinationales à réagir en signant, en mai dernier, un accord sur la sécurité face aux incendies dans les usines textiles du Bangladesh (1). Mais cet accord signé entre syndicats, ONG et plusieurs marques de vêtements et enseignes de la grande distribution est encore très loin de répondre aux problèmes de fond. Car si le secteur du textile a commencé à s’implanter au Bangladesh dans les années 70, avec la mise en place de zones franches dans lesquelles les entreprises bénéficient de conditions fiscales très avantageuses, c’est le boom de la consommation d’habillement, dans les années 90, qui a signé l’envolée de l’industrie locale qui représente aujourd’hui 15% du PIB du pays et 80% de ses exportations. Second exportateur mondial de produits textiles, juste après la Chine, le Bangladesh propose l’une des mains d’œuvre les moins chères du monde : 30 euros par mois contre 150 ou 200 en Chine. Une optimisation sociale alléchante pour les grandes marques, qui peuvent ainsi baisser leurs prix sur le marché occidental, tout en empochant de substantiels bénéfices au prix de conditions de travail déplorables pour les ouvrières. Les bénéfices de l’espagnol Mango sont ainsi passés de 1 à 2 milliards d’euros entre 2004 et 2012 ; Carrefour a triplé son bénéfice net en 2012, pour atteindre 1,23 milliard d’euros ; et chez Primark, le groupe d’habillement le moins cher outre-Manche, les profits ont été multiplié par cinq en dix ans (2).

Bangladesh_responsable-2 Un grand merci de la part du capital aux ouvrières bangladaises… et aux autorités de leur pays qui, sous l’égide du FMI et en bons soldats du capitalisme globalisé, ont bien fait leur travail en vidant les campagnes de populations rendues à la misère dans les villes et devant vendre leur force de travail à très bas prix. Un procédé que dénonçait déjà Victor Hugo en son temps et qui rejoint celui appliqué à toutes les filières marchandes sur lesquelles prospère le capitalisme : de l’uranium au Niger aux terres rares au Congo en passant par l’or et les diamants dans plusieurs pays d’Afrique. A chaque fois des civils écopent en masse de conditions de vie inacceptables, au profit d’une poignée d’oligarques.

Bangladesh_usine

La solution n’est évidemment pas d’aménager les conditions d’exploitation de ces populations au profit des capitalistes, mais de rendre à ces peuples, comme au nôtre, leur souveraineté et leur dignité d’être humain, leur droit à maitriser un développement endogène. Nous devons ensemble mettre un terme à ce travail d’esclave et à la société productiviste qui le sous-tend. Renonçons dès maintenant aux injonctions publicitaires et aux diktats marchands. Dans les pas des préceptes de l’écologie politique, mettons en œuvre au plus vite, à l’échelle mondiale, une société écosocialiste capable de répondre à nos besoins réels que sont une nourriture saine, un environnement non pollué, une habitation décente, une culture émancipatrice, des loisirs et un travail choisis. D’ores et déjà produisons local et pensons global !

(1) http://www.bastamag.net/article3081.html
(2) http://www.bastamag.net/article3076.html

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