La montée de l’extrême
Ce matin, j’ai écouté Hervé Mariton sur France Inter qui a déblatéré au micro de Pascale Clark son discours de l’extrême.
Ce sinistre député, représentant de la droite dite « républicaine » attise le feu qui couve en nous parlant de « coup d’état » au sujet du mariage pour tous et en osant mettre sur le même plan les extrémistes réactionnaires qui ont harcelé une fois de plus la journaliste Caroline Fourest à Nantes et les syndicalistes de la SNCF qui lors de mouvements sociaux et de grèves entraveraient la liberté de mouvement.
Non, député Mariton, tu ne peux pas comparer des grévistes dont le droit de grève est constitutionnel avec une bande de crétins qui empêchent une journaliste d’user de son droit d’expression et d’opinion garantis par la même constitution.
Ton amalgame est anti-républicain.
Un peu plus tôt dans le week-end, la même Caroline Fourest s’en prenait justement au discours de parlementaires de la droite qui encouragent les débordements et les violences de l’extrême-droite.
Fourest attaquée à Nantes et Mariton from Nico_LdT on Vimeo.
Frigide Barjot, quant à elle, hurle « Hollande veut du sang, il en aura » pendant que des abrutis affublés de drapeaux vendéens aux armes du Christ-Roi twittent depuis les fourgons de police qu’ils se font bénir par des curé obscurantistes.
Les cadres du FN filment les manifs et encouragent les violences aux côtés de CIVITAS et du GUD.
Des locaux de la LGBT se font attaquer dans le Marais.
Les violences homophobes redoublent.
Christine Boutin entonne l’hymne de la guerre civile et considère Nicolas Sarkozy comme un « prophète ».
voir les tweets de Boutin sur le blog
Et pendant ce temps, le Front de gauche lui, appelle à une grande marche pour instaurer une VIème république non par un coup d’état mais par la tenue d’une grande assemblée constituante.
Le Front de gauche en appelle à la raison. Il ne s’adresse pas à notre cerveau reptilien comme le font les partisans de la Manif pour tous ou du ridicule et malodorant « Printemps français ».
Il s’oppose à la politique menée actuellement par le gouvernement socialiste en argumentant, en convoquant des assemblées citoyennes, en dénonçant l’accord ANI, en rappelant que notre ennemi est bien le monde de la finance et que ce n’est pas un simple argument de campagne.
Oui, c’est plus compliqué de déconstruire un système oligarchique que d’invoquer des « lois naturelles« .
C’est plus ardu d’imaginer un processus démocratique et républicain de changement de régime que d’attiser la haine homophobe ou xénophobe.
C’est plus délicat de convaincre que la gauche n’est plus la gauche quand elle mène une politique de l’offre et que sa seule promesse est d’abaisser le déficit public à moins de 3% du PIB.
Et pourtant, face à ce gouffre béant qui sépare l’extrême-droite et le Front de gauche, on entend sans arrêt ….lire la suite sur le blog « La rénovitude »
Le PG salue la victoire de Nicolas Maduro à l’élection présidentielle du Venezuela
Le Parti de Gauche se félicite de la victoire obtenue dimanche 14 avril par Nicolas Maduro à l’élection présidentielle du Vénézuela. Celle-ci confirme ainsi que « ce qu’est Chavez ne meurt pas ».
Le candidat de la révolution bolivarienne a obtenu 50,66 % des voix. Même si le résultat est serré, l’élection de Nicolas Maduro, avec ses près de 300 000 voix d’avance sur son concurrent,est « irréversible » pour reprendre les termes de la présidente du CNE (conseil national électoral).
Comme en octobre dernier, tous les accompagnateurs internationaux sur place ont d’ailleurs témoigné d’un scrutin exemplaire et effectué dans une atmosphère paisible. Les propos de Henrique Capriles jettant le doute sur ces derniers paraissent donc surréalistes et irresponsables. Il s’agit en réalité d’une campagne d’intoxication commencée bien avant dimanche par Caprilès et son équipe.
Le candidat de l’opposition a essayé d’occulter son projet politique néolibéral et conservateur, derrière un discours social qui a pu tromper une partie de l’électorat. Il a même tenté de s’approprier les acquis de la révolution bolivarienne auxquel il s’est toujours opposé y compris en participant au putsch de 2002 contre Hugo Chavez.
Le PG dénonce la tentative de déstabilisation de Nicolas Maduro et du pouvoir bolivarien. Il exprime toute sa solidarité avec le peuple vénézuélien et ses représentants légitimement élus. Il demande le strict respect du suffrage et de l’expression de la majorité des citoyens du pays.
La victoire de Maduro est essentielle pour le processus de révolutions citoyennes engagé en Amérique latine. Chavez vit sur tout le continent, sa lutte continue.
Espagne • Assemblée constituante maintenant !
España mañana será republicana!
Le 14 Avril est toujours un jour particulier pour moi. Quand je le vois s’afficher sur les écrans ou dans les journaux, je ne peux empêcher l’émotion de me saisir à la gorge. Il m’arrive la même chose tous les 14 Juillet. Les images défilent dans ma tête les unes après les autres. La lutte contre Primo de Rivera, le soulèvement de Jaca fin 1930, la victoire des républicains le 12 Avril 1931 et la proclamation de la République le 14 Avril de cette même année à la Puerta del Sol à Madrid. La monarchie tombait. Enfin! Et définitivement pensait-on car l’assemblée constituante avait déclaré les Bourbons hors la loi. L’espoir renaissait partout. Clara Campoamor allait être une des premières femmes élues députées et se battrait avec un courage qui force le respect de toutes les générations suivantes pour le droit de vote des femmes… Ce sont toutes ces figures qui défilent dans mes souvenirs, avec l’Himno del Riego en musique de fond. Comme tous les 14 Avril, j’arbore à mon col les couleurs du drapeau tricolore avec fierté. Comme à chaque fois, je mettrai plusieurs jours avant de le retirer, même si, en France les gens ne comprennent souvent pas le sens du drapeau dont je me revendique.
Cette année en Espagne, le 14 Avril a pris un sens tout particulier comme je le rappelais il y a peu. Le pays vit une crise sans précédent depuis la mort de Franco. La répression et la criminalisation des manifestations ne cessent de s’accroître. La pauvreté atteint des records. Les expulsions de logements sont légions (180 000 en 2012!).
A dire vrai, les chansons de la résistance à la dictature qui ont bercé mon enfance retrouvent une réalité que je n’aurais jamais cru leur voir reprendre. a cette différence près que Franco est mort. Mais ses héritiers, eux, sont bel et bien là. A commencer par le premier d’entre eux: le Bourbon que Franco a placé à la tête de l’Etat et dont l’Espagne ne s’est toujours pas débarrassée.
Depuis quelques jours, les appels à l’abdication du roi et à la démission du gouvernement ainsi que la demande d’un référendum pour que le peuple puisse choisir entre République et la Monarchie enflaient sur la toile. Sur twitter les hashtag #FelipeNoSerasRey (« Felipe tu ne seras pas roi », car le roi Juan Carlos pense pouvoir imposer son fils à la tête de l’Etat…), #RepublicaYA (« République Maintenant! » en échos au slogan du mouvement du 15 Mai 2011 dit des « indignés »: « Démocratie Réelle Maintenant! »), #Rey Abdica (« Roi abdique! »), #APorLaTercera (« En route pour la Troisième République »). Les sondages sur internet se sont multipliés donnant des scores largement favorable au changement de régime (il faut savoir que les sondages officiels donnant toujours plus de points à la République contre la Monarchie, il n’y en a plus eu depuis Octobre 2011…). Effet trompe l’œil? Non! En ce dimanche 14 Avril le peuple espagnol était bel et bien au rendez-vous. Pas seulement les républicains forcenés qui chaque année défilent en cette date anniversaire. Pas les anciens qui chaque année viennent commémorer les héros tombés pendant la guerre civile et sous la dictature.
Non. Cette fois il y avait des dizaines et des dizaines de milliers de personnes à défiler de Cibeles à la Puerta del Sol à Madrid, et d’autres dizaines de milliers à Barcelone, à Valence et ailleurs. Et des jeunes. Beaucoup de jeunes! C’est une véritable marée de drapeaux tricolores qui a déferlé dans les rues aux cris de « España mañana será republicana! » (« Demain l’Espagne sera républicaine »). Une bouffée d’air enfin dans cette Espagne martyr des plans d’austérité de Rajoy, Barroso et consors. Pour une fois la manifestation parlait du futur. Elle appelait à changer les institutions, à changer les choses pour de bon. Et les jeunes étaient là. Le souffle révolutionnaire de Mai 2011 avait emboité à nouveau le pas à la seule résistance à l’austérité! Rappeler que la question n’est pas seulement de pouvoir changer et choisir le chef de l’Etat mais de »mettre en place une constitution qui donne le pouvoir de décider au peuple espagnol et le retire à la Troïka », qu’il faut « en finir avec les institutions pourries qui fomentent la corruption » et mettre en place « une alternative complète au régime actuel », voilà en substance ce que le leader d’Izquierda Unida, Cayo Lara, venu comme tous les ans marcher pour la République (mais cette fois-ci arrêté à chaque pas pour photos, interviews et autographes) martelait en ce dimanche aux journalistes qui l’interrogeaient.
Un mot court désormais de bouches en bouches: « Assemblée Constituante ». Et ce mot je l’ai vu apparaître avant une révolution bien récente en Equateur. En Espagne, l’idée prend peu à peu sa place depuis Mai 2011. En Mars 2012, plusieurs universitaires ont sorti un ouvrage référence « Pour une Assemblé constituante -une solution démocratique à la crise« que vous pouvez télécharger librement (en espagnol). Les mouvements citoyens (15M, 25S,) ont organisé plusieurs rendez-vous militants autour de la question, les 16 et 17 Mars derniers notamment avec les « Journées constituantes ». Et ce dimanche 14 Avril, juste avant la manifestation, Julio Anguita, figure historique d’Izquierda Unida lançait son dernier livre: « Conversations sur la Troisième République », un ouvrage en forme de premières propositions « pour qu’on commence dès maintenant à travailler à la construction de la troisième République et qu’on ne se contente plus de regarder la Deuxième comme un modèle ».
Avant de vous laisser à la lecture de deux des principaux manifestes de cette journée républicaine, je voulais vous citer un passage du livre « Pour une Assemblée constituante » afin que vous vous en souveniez et qu’il vous incite à vous joindre à la marche pour la VIème République en France le 5 Mai prochain: « ‘Constituer’ signifie créer. Le pouvoir constituant démocratique est en essence et par essence un pouvoir créateur d’une réalité nouvelle et dialectique de progression vis-à-vis du passé, nécessairement différente de ce qui préexistait. Le pouvoir constituant se situe entre ce qui était et ce qu’il y aura. Son caractère, aussi démocratique soit-il, ne peut être autre que le ‘pouvoir politique et d’origine’. Rien n’agit sur lui, pas plus les verrous du pouvoir constitué que les fondements de la Constitution antérieure. Le pouvoir constituant engendre le pouvoir constitué et, ce faisant, le dote de la légitimité démocratique nécessaire à sa construction. Ce n’est pas un acte définitif; il doit être activé chaque fois que le pouvoir constitué est délégitimé, comme c’est le cas aujourd’hui. Chaque génération a le droit de changer les normes du vivre ensemble, sa Constitution, et de décider de son présent et de son futur. Nier ce droit dans quelque société que ce soit c’est, par définition, nier le caractère démocratique de cette société. »
MANIFESTE POUR LA IIIème RÉPUBLIQUE
14 avril 2013
COORDINATION RÉPUBLICAINE DE MADRID
Traduction: Françoise Bague
Ce 14 avril, nous célébrons le 82ème anniversaire de la proclamation de la IIème République. Le Régime instauré pendant la Transition a établi une Constitution couronnée par une monarchie corrompue, héritière du Régime le plus sanglant qu’a connu notre Histoire, dans laquelle les droits sociaux sont une pantalonnade, les libertés fondamentales ne sont pas garanties et dans laquelle la corruption politique, institutionnelle et patronale galope comme dans la Dictature.
Le safari du roi au Botswana, le pathétique vaudeville entre la maîtresse « du Bourbon » et les services secrets et enfin, pour le moment, le cas Urdangarin-Infante Cristina ont fait éclater en mille morceaux la chape de silence qui ……….. lire la suite sur le blog de Céline Meneses
DEVELOPPEMENT DES TRANSPORTS FERROVIAIRES DU SUD OUEST
Le groupe de travail « transports » de Midi Pyrénées soutient le report modal de l’avion et de la voiture vers le train.
Mais, pour autant, il ne peut adhérer à des projets qui ne sont pas en cohérence avec son programme de transformation sociale et de planification écologique, et, particulièrement, le projet de LGV Toulouse- Bordeaux, qui impacte directement notre région.
Départements représentés dans le groupe de travail : Ariège- Gers- Lot- Hautes Pyrénées- Tarn- Tarn et Garonne
Avec le soutien des départements des Landes, des Pyrénées Atlantiques, du Lot et Garonne,
de la Gironde, de la Dordogne, de la Creuse, de la Vienne et de la Haute Vienne.
A) Nous ne pouvons cautionner :
1) Le principe de financement en Partenariat Public Privé des projets de liaisons LGV, Toulouse Bordeaux et Bordeaux Tours : Ce principe, sans risque pour l’investisseur, sur endette la collectivité et entérine la disparition d’un service public du rail.
2) Le coût de 7,8 milliards d’euros, prévu à ce jour, pour le projet LGV Toulouse Bordeaux, alors que la Cour des Comptes, en juillet déclarait : « Les nouvelles lignes LGV prévues, ne sont pas budgétairement soutenables, ni leur rentabilité financière, ni leur rentabilité socio- économique, ni leur intérêt environnemental ne sont établis… »
3) a) L’intensification du processus, déjà enclenché, dans notre région, de suppression des trains intercités et des arrêts dans les gares dites « secondaires », notamment aux heures de pointe ( du fait de budgets TER régionaux gelés, de coûts de fonctionnement non compensés pour cause de contrainte budgétaire).
b) Le manque d’entretien et de modernisation des lignes actuelles qui induit des transports de moins en moins performants, des pannes fréquentes et conduit inexorablement à la disparition des grandes lignes classiques nationales.
Ce qui a pour conséquences, l’enclavement des territoires ruraux et des petites villes, et le recours plus important à la voiture.
B) Nous nous inquiétons :
De l’impact humain et environnemental, généré par le grand chantier que ce projet de nouvelle infrastructure nécessiterait : disparition de terres agricoles (3700 ha) destruction de paysages (agression, voire, disparition de milieux aquatiques que la loi européenne sur l’eau impose de protéger), forte dépréciation non compensée de biens immobiliers, circulation au fort impact carboné d’engins de chantier, coupure des territoires traversés, atteintes à la biodiversité.
– De l’impact énergétique généré par le surplus de dépense nécessaire au fonctionnement des machines à très grande vitesse (nécessité de construire une nouvelle unité de production fonctionnant à l’énergie fossile, en contradiction avec le scénario négawatt soutenu par le PG)
– De l’impact sur l’endettement des Collectivités locales.
– De l’impact sur la répartition territoriale de l’emploi:Il est, en effet, avéré, que la grande vitesse survalorise les grands centres urbains, en y concentrant les administrations et les services, ce qui pénalise moyennes et petites villes, et accentue encore la désertification d’une majorité de territoires.
C) Nous contestons :
– la nécessité d’un tel projet et réfutons les arguments de RFF ; Contrairement à ce qui avait été annoncé, les études menées, en 2011, par le cabinet Claraco démontrent que :
– « La LGV Bordeaux Toulouse n’est pas justifiable par un problème de manque de capacité ; qu’il est impossible d’effectuer le trajet en 3 h, ainsi qu’annoncé, la vitesse de 320kms n’étant tenable que sur moins de 50% du parcours ; que les retombées économiques prévues ne sont pas vérifiées par la situation actuelle des zones d’activités implantées près des gares TGV existantes. »
– la perspective de créations d’emplois engendrés par le chantier et l’exploitation de la ligne. L’actualité des chantiers en cours nous démontre que la main d’œuvre employée est essentiellement constituée de travailleurs, non soumis au code du travail français, employés en CDD et sous- payés.
D) Nous proposons que la commission nationale « transports », en lien avec la commission « écologie » :
1- travaille à l’élaboration d’un projet de planification ferroviaire, assurant :
– L’entretien, la rénovation, la modernisation, le réaménagement et le développement du matériel et des infrastructures sur les lignes existantes (grandes lignes et lignes secondaires).
– L’amélioration des fréquences.
– Un maillage territorial équilibré et égalitaire.
– Le développement du fret et le retour au wagon isolé.
– Un retour à un service public du rail, bannissant tout financement privé.
– Une politique tarifaire transparente, garantissant à tous, un train de qualité, abordable (nécessité de repenser le principe de tarification) et dans des conditions de sécurité maximum.
2-réfléchisse à une résolution générale, concernant tous les projets de LGV, actuellement connus sur le territoire : Limoges- Poitiers, Bordeaux- Espagne, Bordeaux- Tarbes …
En ce qui concerne, plus spécifiquement le projet LGV BordeauxToulouse, nous demandons que le Parti de gauche s’empare,officiellement, du dossier, et affirme sa position critique.
Les alternatives existent, on sait faire !
rénover et aménager les lignes existantes, dont le POLT (Paris Orléans Limoges Toulouse) :
– Coût 4 fois moins cher (2 milliards contre 7,8 m)
– Gain de temps suffisamment attractif (d’autant plus que les 3h10 annoncés par RFF, ne sont tenables que sans arrêt entre Toulouse et Paris)
– pas de perte d’accessibilité, pour les usagers.
– pas de fracture du territoire…
Nous tenons à la disposition des camarades intéressés le projet détaillé de cet aménagement (*)
En conclusion :
Le Parti de Gauche défend un projet de société qui propose une alternative à nos modes de vie, à notre rapport au monde, et nous invite à réfléchir à nos comportements citoyens. Cette réflexion sur le futur des transports ferroviaires, ne peut- être envisagée sans une mise en perspective, selon des principes plus généraux :
– Réutiliser et adapter ce que nous avons déjà, plutôt que de créer toujours du neuf, ailleurs.
– Maintenir une gestion de service public.
– Aménager le territoire afin de répondre à l’intérêt général, et relocaliser l’économie.
– Sortir de la logique du « toujours plus vite », ainsi que de celle du « toujours plus » pour quelques uns, et du « toujours moins » pour le plus grand nombre.
(*) Rapport du cabinet indépendant Claraco
Le balai comme la moindre des choses
Seuls ceux qui portent sur la politique le regard scolastique des logiciens auront du mal à comprendre qu’on puisse dire d’un même événement — comme l’affaire Cahuzac — qu’il est à la fois secondaire et principal. Péripétie fait-diversière et crapoteuse, bien faite pour attraper le regard et le détourner des choses importantes (accord sur l’emploi « ANI » [1], austérité, chômage, etc.), la bouse soudainement posée n’en a pas moins le mauvais goût de tomber au plus mauvais moment — il est bien vrai que le spectacle de la cupidité déboutonnée, lors même que le corps social en bave comme jamais, donne quelques envies de coups de fourche. Elle y ajoute surtout un effet de révélation potentiellement dévastateur si l’on en vient à considérer que les « péripéties », loin d’être des exceptions locales sans signification globale, sont en fait les expressions d’un système, et qu’il n’est peut-être pas fortuit qu’on retrouve identiquement cette passion de l’argent dans tous les gouvernements qui se succèdent pour garantir sa continuité à l’austérité ainsi qu’à toutes les politiques conduites chaque jour plus visiblement d’après les intérêts du capital.
Bien sûr il restera toujours un François Chérèque pour chialer ses grands dieux, pleurer Mendès et crier Delors que c’est toute la « gauche responsable », celle qui « pense qu’il est juste de mettre fin aux dérives des finances publiques car elles créent de l’injustice » [2], qui se sent « humiliée » par le « traître » Cahuzac — puisque c’est l’évidence à crever les yeux que sabrer dans les salaires des fonctionnaires, réduire leurs effectifs (à l’école, dans les tribunaux, à l’inspection du travail, etc.) ou ratiboiser les prestations sociales sont les gestes mêmes de la justice en marche. On s’en voudrait d’ajouter au sanglot de Chérèque, mais il faut quand même lui signaler que pour d’autres que lui, dont le nombre devrait croître, l’événement Cahuzac, de secondaire, pourrait bien devenir principal, jusqu’au point de vouloir se débarrasser non seulement de la péripétie mais du système qu’elle exprime — et des formes de « justice » que Chérèque persiste à y voir.
Sans doute passablement plus embarrassant que les diversions militaires du Mali ou sociétales du mariage pour tous, l’épisode Cahuzac n’en a pas moins — à quelque chose malheur est bon — la vertu superficielle d’occuper les esprits à penser à autre chose — autre chose que le réel des politiques économiques et sociales dont les historiens du futur regarderont comme une insondable énigme qu’elles aient pu être proposées au suffrage sous le titre « le changement, c’est maintenant ». Sauf vocation à épouser l’Europe libérale, la raison en cercle et le socialisme de gouvernement jusqu’au bout de l’austérité, à l’image de Libération par exemple, c’est bien l’impressionnante continuité de la politique économique qui frappe n’importe quel regard, à commencer bien sûr par la reconduction telle quelle des grandes contraintes européennes — objectif insane des 3 % en pleine récession et pacte budgétaire européen (TSCG) négocié-Sarkozy ratifié-Hollande —, mais complétée par le déploiement intégral du modèle compétitivité-flexibilité, simplement rêvé par le prédécesseur, enfin réalisé par le successeur.
1983, 2012 : d’un basculement l’autre
(de la « politique de terrain » à la « politique de service »)
Sans vouloir empiler les paradoxes, il se pourrait pourtant que cette continuité-là recouvre un « changement qui est maintenant », bien réel celui-là, un changement non pas d’orientation de la politique publique — puisque de ce point de vue, c’est bien le même qui prolonge le même ! —, mais un changement plus profond et plus lourd, qui précisément rend possible que la « gauche » poursuive la politique de la droite à ce point d’indistinction : un changement d’alliance de classes. Sans doute l’issue d’une trajectoire historique de long terme qui l’aura vu se déporter tendanciellement, et irréversiblement, vers la droite, le socialisme de gouvernement, après avoir abandonné la classe ouvrière pour se vouer aux dites « classes moyennes », puis « moyennes-supérieures », mais, formellement, toujours « dans le salariat », a maintenant fait, un cran plus loin, le choix de l’alliance… avec le capital.
Peut-être faudra-t-il le recul du temps pour prendre la mesure du basculement historique qui s’est opéré pendant l’automne 2012, quatre mois décisifs inaugurés avec l’invraisemblable ambassade d’un premier ministre « socialiste » à l’université d’été du MEDEF, et clôturés (sans doute très provisoirement) avec l’accord national interprofessionnel (ANI), en passant par la pathétique affaire des pigeons et le rapport Gallois, tous éléments dont la séquence, remarquablement cohérente, se compare aisément à ce que fut le tournant de 1983, et même davantage. Car si 1983 ouvre une longue période où, par simple reddition idéologique, les politiques socialistes se trouvent dévaler la pente néolibérale, 2012 marque une rupture d’un tout autre format : celle de l’entrée dans la collaboration délibérée avec le capital.
Non plus seulement donc des politiques qui se trouvent servir indirectement les intérêts du capital — indirectement puisque médiatisées par les grandes abstractions macroéconomiques des années 1980-1990 (la désinflation compétitive, la monnaie unique, l’indépendance de la banque centrale, etc.), dont la généralité permettait de masquer les effets particuliers, au moins aux malvoyants ou aux réfugiés de la cécité volontaire. Mais des politiques désormais très ouvertement passées du côté du capital, pour entrer avec lui non dans un compromis mais dans une authentique alliance, puisque tout rapport de force a disparu de cette relation-là. 1983 annonçait une politique de terrain, entendre par là aménagement général du parc à thème néolibéral (Europe de la concurrence, mondialisation, normalisation des politiques économiques), aux bénéfices (en apparence) simplement collatéraux pour le capital. 2012 voit une politique de service avec satisfaction directe et immédiate de ses injonctions.
Au moins la « politique de terrain » permettait-elle de maintenir une distance de décence avec le capital et de continuer la pantomime de la justice sociale, unique position de repli du « socialisme pleurnichard » (façon Chérèque) consistant à verser de chaudes larmes sur le triste sort des chômeurs, des précaires, des fins de droit, des pauvres et des inégalités… tout en continuant d’aménager le terrain qui ne cesse de les réengendrer. La « politique de service » n’a plus de ces prudes réserves : elle colle au capital dont elle s’est fait une stratégie ouverte d’épouser tous les desiderata. Elle s’est même « théorisée » (paraît-il), en tout cas donné un nom : le « socialisme de l’offre ». Dans le langage châtré de la science économique, « offre » veut dire le côté du capital. Voilà donc, très explicitement nommé, le nouveau « côté » du socialisme de gouvernement.
Les contresens du « socialisme de l’offre »
De même que Churchill promettait aux munichois, qui espéraient avoir évité la guerre au prix du déshonneur, d’avoir et le déshonneur et la guerre, le socialisme de collaboration — vrai nom du « socialisme de l’offre » — aura l’échec en plus de la honte. Car tout est faux de A à Z dans ce petit calcul de paniqué (ou de vendu), aussi bien les détails techniques que les considérations stratégiques. On ne mesure d’ailleurs jamais si bien l’ampleur d’une conversion qu’à l’incapacité du converti à saisir les rationalités élémentaires qui lui permettraient de maintenir avantageusement ses positions antérieures — en l’occurrence : il ne manque pas d’arguments de la rationalité économique pour soutenir une position politique de gauche, mais le socialisme de gouvernement n’est plus capable d’en voir aucun. Ainsi le rapport Gallois et l’accord ANI dit de « sécurisation de l’emploi » — qui ajoute l’ignominie de son appellation à l’ignominie de ses contenus — se retrouvent-ils dans le parfait contresens économique.
Impasse de la « compétitivité »
Il faut en effet tout le pouvoir de distorsion de la vue néolibérale du monde pour persister à voir dans la situation économique présente une crise d’offre, et à perdre de vue les enchaînements, pourtant massifs, qui nous ont menés là où nous sommes. La crise qui suit un choc financier comme celui de 2007-2008 n’est pas une crise d’offre, mais une crise de demande par contraction du crédit, une crise d’effondrement cumulatif de l’investissement et de la consommation par incapacité des agents à renouveler leurs financements ordinaires (spécialement les entreprises), à plus forte raison quand l’irrationalité des politiques publiques se ligue aux désastres de la finance privée pour ajouter de la récession à la récession. Dans les promesses, décidément abondantes, de sidération rétrospective des historiens du futur, il est certain que l’acharnement européen dans l’austérité collective, en dépit même du spectacle évident de ses catastrophiques effets, occupera une place de choix. Organisant eux-mêmes la contraction de leurs demandes internes, les Etats européens s’imaginent trouver le salut dans les relais de « croissance externe » — raison d’être des stratégies Gallois de « compétitivité » — , au prix d’une double erreur tragique.
En premier lieu, le commerce extérieur des Etats européens étant essentiellement intra-européen, la demande extérieure des uns est surtout fonction de la demande intérieure des autres… et tous s’entraînent collectivement dans la même déveine en s’appliquant une austérité à échelle continentale bien faite pour maximiser ses synergies négatives. En second lieu, il semble que les élites européennes n’aient toujours pas accédé à cette idée pourtant élémentaire que les stratégies de compétitivité sont des stratégies non-coopératives, puisqu’elles visent à la constitution d’un avantage unilatéral, des stratégies différentielles donc, par là vouée à la nullité quand elles sont appliquées simultanément par tous — par construction, elles ne créent alors plus aucune différence !
Bien sûr « nullité » ne s’entend pas pour tout le monde puisque entre temps les entreprises engrangent méthodiquement les avantages (les régressions) qui leur ont été concédés sous couleur d’une « compétitivité » dont l’amélioration est en fait totalement étrangère aux données réelles du problème. On n’en revient donc pas de l’énormité des conquêtes patronales, aux frais de la collectivité (des contribuables et des salariés), quand on les rapporte à l’inanité du diagnostic fait en leur nom. Et l’on ne sait plus quoi penser de cette légèreté intellectuelle qui adosse à des justifications aussi ténues, en fait aussi fausses, des transferts aussi coûteux, consentis en pure perte, sinon qu’elle témoigne du dernier degré de la décomposition idéologique de « socialistes » abandonnés aux injonctions du capital, dont plus aucune réaction immunitaire ne les protège.
Impasse de la « flexibilité »
C’est le même genre d’effondrement politique et mental qui rend possible au gouvernement présent de donner son débonnaire patronage à un accord minoritaire (l’ANI) voué à simplement ratifier le rapport de force capital-travail dans sa configuration la plus défavorable au travail (en situation de chômage de masse), pour tout accorder ou presque au capital, émouvant spectacle du tête-à-tête complice de la CFDT et du MEDEF, conclu comme il se doit dans la concorde et avec la bénédiction des socialistes, trop heureux de s’abandonner au « contractualisme » des « partenaires sociaux », c’est-à-dire d’être exonérés de la responsabilité de légiférer pour remettre droit ce que les rapports de force ont nécessairement tordu. Lacordaire ne rappelait-il pas qu’« entre le fort et le faible, le riche et le pauvre, le maître et le serviteur, c’est la liberté qui opprime et la loi qui affranchit » ? Mais nul ne sait plus de quand date l’oubli socialiste de la loi comme unique moyen de défaire les asymétries du capitalisme. En tout cas Franck Lepage, qui ne cesse d’attirer l’attention sur les pièges politiques enfermés dans les mots les plus innocents d’apparence, et souligne notamment tout ce qu’emporte de rassembler patronat et syndicats sous l’irénique appellation de « partenaires sociaux » — dénégation même du conflit intrinsèque, central et indépassable du capitalisme —, aurait tort dans le cas présent : de ces deux-là, MEDEF et CFDT, on peut bien dire sans aucun abus de langage qu’ils sont partenaires…
À l’image du rapport Gallois en tout cas, l’ANI ajoute l’inepte à l’ignoble — entendre l’inefficacité économique à la démission politique. Les entreprises ne manquent pas de flexibilité, elles manquent de demande ! Et toutes les flexibilisations du monde n’y pourront rien. Le crédit d’impôt du rapport Gallois commettait déjà le même contresens en se figurant que rendre 20 milliards d’euros aux entreprises améliorerait leurs investissements en améliorant leur profitabilité — le néolibéralisme patronal, qui n’a pas exactement la cohérence intellectuelle chevillée au corps, ne voit d’ailleurs aucun problème à cette étrange conception de la profitabilité fiscalement subventionnée. Cette ânerie de force 7, connue depuis les années 1980 sous le nom grotesque de « théorème de Schmidt », s’est révélée incurablement fausse pour ignorer ce mécanisme élémentaire que les entreprises n’étendent leurs capacités de production qu’à la condition d’anticiper une demande suffisante (pour le reste, elles procèdent à des investissements de rationalisation qui augmentent la productivité mais en détruisant de l’emploi). On peut les laisser empiler du profit autant qu’elles le veulent : pas de demande, pas d’investissement.
Les laisser flexibiliser à outrance ne changera pas davantage cet état de fait — comme l’atteste d’ailleurs l’immensité des gains de flexibilisation engrangés par les entreprises depuis trois décennies sans jamais avoir pu remettre l’économie sur la trajectoire d’un régime d’accumulation durablement créateur d’emplois — et l’état de délabrement doctrinal de ce gouvernement se mesure à sa capacité de gober tous les discours de l’offre au cœur d’une crise historique de demande !
[N.B. : Il est peut-être utile à ce point de faire deux précisions : 1) on ne saurait faire dire à ce propos qu’il n’y a que des crises de demande en économie ; 2) on ne saurait davantage lui prêter que la crise présente n’est qu’une crise de demande : envisagée dans le très court terme, elle est une crise de demande, en profondeur elle est une crise structurelle du régime d’accumulation néolibéral.]
L’ANI promet pourtant d’avoir des effets bien réels ! Mais terriblement négatifs. Et qui en disent long sur cette incapacité des Etats à l’apprentissage qu’Hegel déplorait déjà en son temps, à moins que ce ne soit sur la capacité de l’Etat colonisé à persévérer au service des intérêts de ses colonisateurs. C’est qu’il faut le faire de mettre à bas avec tant d’application les mécanismes qui nous ont retenus jusqu’ici de transformer la récession en grande dépression ! A savoir : 1) le maintien des prestations sociales, revenus de transferts déconnectés de la conjoncture, donc amortisseur idéal de ses fluctuations ; mais surtout, en l’occurrence : 2) des mécanismes de formation des salaires non concurrentiels, vertu incomparable pour enrayer les effets de plongeon cumulatif propres aux mécanismes procycliques : que les salaires réagissent trop vivement à la conjoncture et à la montée du chômage, comme dans les années trente, et le revenu salarial, en effet, se met à baisser dans le sillage immédiat de la croissance, donc à sa suite la consommation, la demande adressée aux entreprises, et pour finir… la croissance ! Et c’est reparti pour un tour.
La déflation, c’est-à-dire la baisse des prix et des salaires nominaux, a été la plaie des années trente, dont les institutions salariales du fordisme nous auront vaccinés en opérant la déconnexion de leur formation d’avec la conjoncture, seul moyen de réintroduire des forces de rappel, donc de la stabilité macroéconomique quand tous les ajustements procyliques du néolibéralisme ne font qu’amplifier les chocs et produire de la divergence. En dépit des attaques répétées, tout n’a pas été démantelé de cet acquis institutionnel du fordisme, et c’est à cela seulement que nous devons de ne pas avoir sombré dans la spirale dépressionnaire.
Raison pour quoi sans doute le gouvernement n’a rien de plus pressé que de laisser l’ANI démanteler ce qui nous a à peu près protégés ! En effet l’ANI prévoit explicitement la possibilité pour les entreprises d’imposer des baisses de salaire — au nom de la « protection de l’emploi »… — c’est-à-dire de réarmer localement les mécanismes procycliques que les conquêtes fordiennes étaient parvenues à neutraliser. Que ces ajustements viennent à se généraliser et c’est l’économie tout entière qui se verra de nouveau contaminée par l’instabilité, au terme d’une magnifique expérience en vraie grandeur de reconstitution des années trente !
Il aurait fallu ne pas avoir basculé tête première, et c’est vraiment le cas de le dire, dans le camp du capital, pour résister un peu à ses arguments fallacieux, et garder à l’esprit ce que la théorie économique pas trop bornée appelle un sophisme de composition, à savoir qu’une propriété désirable à l’échelle individuelle ne se convertit pas d’elle-même en propriété désirable à l’échelle collective. En d’autres termes, s’il est rationnel pour une entreprise isolée de vouloir la flexibilité maximale, cette rationalité ne se transporte pas telle quelle au niveau macroéconomique : car, de la flexibilité généralisée pour tous les producteurs individuels résultent de multiples interactions qui produisent non pas une série de « bons » ajustements locaux mais de l’instabilité globale — soit des effets au niveau macro qualitativement différents de ceux du niveau micro.
[N.B. : exactement de la même manière que la rationalité capitaliste individuelle qui cherche à minimiser les salaires versés (et pourquoi pas les annuler) ne produit aucune rationalité capitaliste collective, puisque si aucun capitaliste ne verse de salaire, aucun capitaliste ne vendra quoi que ce soit…]
De la panique à la reddition sans condition :
la nouvelle alliance de classes du PS
Ni le rapport Gallois, ni l’ANI ne produiront le moindre bénéfice — autres que les commodités livrées sur un plateau au capital. Mais l’automne 2012 n’est pas que celui des contresens techniques, il est aussi celui des abandons symboliques et des retournements stratégiques.
Symbolique — quoique coûteuse également — la lamentable passe d’armes avec les « pigeons », mouvement revanchard d’un quarteron d’entrepreneurs, occupés à persuader l’opinion qu’ils ne sont mus que par la passion d’entreprendre quand la passion de s’enrichir est la seule chose qui les mette réellement en mouvement. La « passion d’entreprendre » n’a pas supporté en effet l’idée que les plus-values de cession puissent être ramenées au droit commun de la fiscalité, celle du travail, et non celle, dérisoire, des revenus du capital — et visiblement nos chers entrepreneurs ne sont tenus à leur œuvre que par la perspective de la culbute phénoménale qu’ils effectueront lors de la cession ou de l’introduction en Bourse.
Mais ce n’est pas tant ici l’obscénité des pulsions cupides entièrement libérées, soustraites à toute régulation de la décence, et qui croient pouvoir légitimement hurler au scandale en apprenant que des gains qui se chiffrent en général en dizaines de millions pourraient être taxés, oui, jusqu’à des taux globaux de 60 % et non de 25 %, qui est en question, plutôt l’incroyable reddition en rase campagne d’un gouvernement décomposé de panique au premier haussement de voix des « entrepreneurs ». En une semaine l’affaire est entendue et le pouvoir, pourtant installé depuis quatre mois à peine, a tout cédé.
S’il a tout cédé, et si vite, c’est qu’il avait déjà pris son parti. Le parti du capital. Car derrière les concessions sans fin de l’ANI et du rapport Gallois, derrière la retraite sans combattre face à l’agitation médiatique de quelques « entrepreneurs » — sans la moindre tentative de construction d’un rapport de force, ni la première contestation de leurs arguments —, il y a malheureusement une ligne. Une ligne terrorisée, qui prenant conscience de la gravité de la situation économique, mais incapable de penser le moindre affranchissement du carcan européen, s’imagine n’avoir plus pour planche de salut que de se jeter dans les bras des entreprises. Contre les forces adverses de la macroéconomie, les entrepreneurs vont nous sauver, voilà l’ultime refuge de la pensée socialiste à l’époque de la crise historique du capitalisme néolibéral.
Au mépris de toute logique, politique aussi bien qu’économique, le gouvernement socialiste, rendu au dernier degré de l’intoxication intellectuelle, a donc pris pour ligne stratégique de s’en remettre en tout, et pour tout, à la fortune du capital, sans doute sur la base des allégations répétées, et désormais prises pour argent comptant, que « seuls les entrepreneurs créent des emplois », proposition pourtant doublement fausse : d’abord parce que c’est la conjoncture d’ensemble qui détermine l’emploi — et les entreprises ne font qu’opérer (localement) des créations d’emploi en fait déterminées au-dessus d’elles ; ensuite parce que, depuis trente ans, les « entrepreneurs » ont bien davantage démontré leur capacité à détruire des emplois que leur capacité à en créer…
En vérité on peut bien accorder à nos pauvres socialistes une asymétrie réelle voulant que si les entreprises n’ont nullement le pouvoir à elles seules de sauver l’économie, elles ont bel et bien celui de lui nuire. C’est même le propre du capitalisme comme système que l’appropriation privée des moyens de production y donne l’initiative aux appropriateurs, et fait de la validation de ceux-ci le point de passage obligé, nécessaire — mais pas du tout suffisant — de toute stratégie de croissance. Le capital est alors en position d’imposer ses conditions selon l’état d’un rapport de force déterminé par la configuration générale des structures économiques — celles de la mondialisation, par exemple, lui offrant une mobilité et des opportunités d’arbitrage d’où résulte un pouvoir de négociation sans précédent. « À nos conditions ou rien », voilà les termes de l’alternative auxquels le capital reconduit tous les gouvernements à l’époque de la mondialisation — d’où notamment les invraisemblables contorsions de « l’attractivité du territoire », lutte permanente des nations pour être à la hauteur de ces « conditions »… dont le niveau d’exigence est sans cesse relevé ; et le capital aurait tort de se gêner puisque en face, non seulement il n’y a aucune résistance, mais tout lui vient avec une déconcertante facilité.
Les prises d’otage du capital
Submergé par la panique d’une crise dévastatrice, dont il s’est privé par ailleurs de tout moyen de contrôle (notamment du côté européen), et remettant alors son destin entre les mains du capital, désormais tenu pour l’unique et providentiel sauveur, le gouvernement s’engage dans une alliance inouïe, jetant par là, mais très involontairement, une lumière crue sur le fond de la lutte des classes. Quand Jean-Marc Ayrault se rend, tel le bourgeois de Calais, à l’université d’été du MEDEF pour livrer au patronat les clés de la cité, il ne fait pas qu’avouer le tréfonds de son désarroi et la solution de désespoir qui lui tient lieu désormais de ligne, bredouillant face au patronat l’excellence de ses dispositions à son endroit, le degré auquel il a compris que ce sont bien « les entreprises qui créent les emplois », son vœu très cher par conséquent d’une collaboration pleine et entière — toutes choses que le capital comprend parfaitement comme une supplication, c’est-à-dire comme une reddition sans condition —, il révèle par la même la vérité ultime du capitalisme comme prise d’otage de la société par le capital.
Ce sont les moyens de la vie matérielle collective, ni plus ni moins, que le capital prend en otage puisqu’il n’y aura de la croissance et de l’emploi que sous la condition nécessaire (mais pas suffisante) de son bon vouloir. Pour que les salariés trouvent l’emploi et le salaire, c’est-à-dire les conditions minimales d’une vie décente dans une économie marchande à travail divisé, il faut, même s’il ne suffit pas, que le capital l’ait voulu. Pour que le capital condescende à investir ici plutôt que là, il faut qu’on l’en ait « convaincu », c’est-à-dire qu’on l’ait « bien disposé ». À défaut de quoi, Mittal, par exemple, peut menacer de laisser en plan toute la sidérurgie française — et les sociétés en sont réduites à se rouler par terre pour obtenir les faveurs de ceux auxquels elles ont remis sans aucune restriction l’intégralité de leur vie matérielle. Rendu à cet état de fait, il n’y a à tout prendre que deux attitudes possibles. La première valide la situation d’ultimatum et livre au preneur d’otage tout ce qu’il demande : Ayrault au Medef, débâcle « pigeons », rapport Gallois, ANI, en attendant la suite. La seconde voit la prise d’otage, et décide qu’elle a assez duré. Disons les choses assez simplement : c’est cette attitude-là qu’on attendrait d’un gouvernement de gauche.
« Gauche » et « droite », termes normalement transparents d’un débat devenu — logiquement — d’une parfaite confusion depuis que ce qu’on tenait pour une réalisation de la « gauche » (le Parti socialiste) est devenu de droite. Entretenu par une caste d’éditorialistes sociologiquement inclinés à accompagner, dans un mélange de sentiment d’appartenance élitaire et de racisme social, l’abandon des classes ouvrières où se jouait l’ancrage à gauche de la « gauche » [3], le brouillage des cartes politiques, dont on ne trouverait pas d’exemple plus typique que le gros titre « De gauche ! » dont Libération fit sa une à la suite du meeting du Bourget [4], le brouillage des cartes politiques, donc, appelle sans cesse à refaire les catégories et à retracer leurs lignes de partage. S’il est bien certain qu’on ne peut plus se fier aux revendications de la partie majoritaire de la « gauche », le PS, pour savoir ce que c’est que la gauche, il faut alors en produire le concept, ou les critères, en toute généralité.
On pouvait déjà trouver l’un de ces critères dans le rapport au « cadre » constitué par les structures de la mondialisation, soit : le plain-pied concurrentiel du libre-échange international ; la déréglementation financière ; l’orthodoxie de la politique économique sous surveillance des marchés de capitaux ; la droite se définissant alors comme le renoncement à contester le cadre et le choix de se soumettre à ses contraintes, la gauche comme projet alternatif de refaire le cadre, ou bien d’en sortir.
La bascule de l’automne 2012 et la nouvelle alliance du socialisme de gouvernement suggèrent une autre ligne de partage, tracée d’après les positions face à la prise d’otage du capital : validée ou contestée ? Validée, et tout est fait pour donner satisfaction au capital, c’est-à-dire consentir à un état des choses qui fait jouer le jeu de l’économie à ses conditions — c’est la droite. Contestée, et la capture privative du bien collectif en quoi consistent les conditions de la vie matérielle de la société est jugée intolérable en principe, les structures économiques sont modifiées pour en contrecarrer les effets, éventuellement les annuler en visant une sortie du capitalisme, en tout cas identifier comme seul objectif politique pertinent de rendre du pouvoir au grand nombre contre le petit — c’est la gauche.
Le PS, ou la droite complexée
Que ce soit sous le critère du « cadre » ou celui de la « prise d’otage », il est bien clair que le Parti socialiste n’est plus de gauche. On dira que ce constat était acquis depuis longtemps en fait, dès l’époque de la « politique de terrain » — qui avait choisi l’intérieur du cadre. Mais la bascule dans la « politique de service » (le « socialisme de l’offre ») — qui choisit le côté du preneur d’otage — porte ce déplacement à une intensité sans précédent, et rend non seulement analytiquement impossible, mais politiquement scandaleux, que le gouvernement présent, et la majorité dont il procède, puissent encore être dits « de gauche ». Une fois n’est pas coutume — et probablement sans suite —, on peut ici retenir de Camus que « mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde », et qu’en effet, persister à nommer « gauche » le Parti socialiste n’a pas cessé d’ajouter au malheur politique de notre monde : en barrant longtemps la possibilité d’une (vraie) gauche.
Il est donc à craindre que la pleine advenue de cette vraie gauche demeure impossible tant que n’aura pas été accomplie une sorte de révolution symbolique qui aura converti les regards portés sur le Parti socialiste, et produit comme une évidence politique, contre la force d’inertie des étiquetages médiatiques paresseux, que ce parti (dans sa ligne majoritaire présente) n’a plus aucun titre à être considéré comme de gauche — un peu de la même manière que l’idée d’un quelconque radicalisme du parti radical ne suscite plus depuis longtemps que de l’hilarité. Il est certain en tout cas que le corps social prendrait une vue sensiblement différente sur la compétition électorale qu’on lui vend comme « démocratie », à partir du moment où il verrait clairement qu’elle n’a pour enjeu que de départager la droite et la fraction modérée de la droite. Encore qualifier le Parti socialiste de « fraction modérée de la droite » demeure-il sujet à discussion si l’on considère que les avancées du rapport Gallois et de l’ANI vont au-delà des ambitions de la droite sans complexe, comme l’atteste le succès parlementaire que rencontre, auprès même des députés UMP, le projet de loi transcrivant l’accord sur l’emploi. Voilà donc peut-être comment il faudrait dire les choses plus justement : l’alternance UMP-PS n’est rien d’autre que celle de la droite décomplexée et de la droite complexée.
La révolution des balais ?
Cahuzac, dont les accointances droitières deviennent moins incompréhensibles sous cette perspective — entre droites, on peut bien se parler —, n’est donc pas une péripétie puisqu’il……………..Lire la suite sur le blog « La pompe à phynance »
Notes
[1] ANI : Accord National Interprofessionnel, signé le 11 janvier 2013 par le MEDEF, la CFDT, la CFTC et la CFE-CGC.
[2] François Chérèque, « C’est toute la gauche réformiste qui est humiliée », Le Monde, 4 avril 2013.
[3] Voir l’ouvrage de Bertrand Rothé, De l’abandon au mépris. Comment le PS a tourné le dos à la classe ouvrière, Seuil, 2013.
[4] Meeting du 22 janvier 2012 où, comme on sait, François Hollande a annoncé sa ferme intention de s’en prendre à « l’ennemi sans visage » de la finance…
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Le 5 mai, donnons de l’air !
L’actuelle Constitution est née en un temps que les moins de 70 ans ne peuvent pas connaître. La France en ce temps-là comptait 80% d’une génération sans bac, un quart des jeunes de 14 ans au travail, 25% de la population active employée dans l’agriculture, trois chaînes de radio et une seule de télévision (contre trois aujourd’hui en Corée du Nord). Cette année-là, en 1958, les femmes mariées ne pouvaient pas travailler sans l’autorisation de leur époux, Internet et l’actuelle Union Européenne n’existaient pas.
Pourtant nous vivons toujours sous la Constitution de 58. Pourquoi ? Pas en raison de l’adhésion du peuple. L’abstention ne cesse de croître. Ce mouvement de boycott des urnes s’inversa une seule fois, en 2005, pour contester les forces dominantes en votant « non » au projet de Constitution européenne. La Cinquième République doit plutôt sa durée aux efforts constants de la Cour qui y fait bombance et à l’abondant clergé qui la célèbre. Car ce régime est devenu l’écrin douillet de l’oligarchie. La Cinquième, c’est l’irresponsabilité érigée en vertu, qui dégouline du président de la République sur la plupart des responsables publics et justifie la multiplication des autorités indépendantes. La Cinquième, c’est le peuple admis à se prononcer sur les politiques nationales une fois tous les cinq ans et à se faire sonder entre-temps. La Cinquième, c’est le régime qui permit la forfaiture du traité de Lisbonne violant le « non » de 2005 puis la ratification du TSCG contraire aux engagements du candidat Hollande. La Cinquième, c’est la colonisation des hautes sphères de l’État par les intérêts privés. La Cinquième, c’est le verrou de tout changement véritable remettant en cause la petite oligarchie installée qui défend avec acharnement un ordre social conforme aux intérêts de la finance.
Le passage à la Sixième République permettra de congédier l’armée des inamovibles et interchangeables qui se succèdent à eux-mêmes dans le cadre des institutions actuelles. C’est la condition de la reprise du pouvoir par le peuple. Nous défendions déjà dans le programme présidentiel et législatif l’Humain d’abord l’élection d’une Assemblée Constituante dans laquelle ne pourrait siéger aucun membre des actuels assemblées ni aucun candidat aux suivantes. Il lui reviendra de soumettre au peuple la nouvelle règle du jeu. Je suis convaincu que la Constitution nouvelle ne ressemblera à aucun des systèmes qui l’ont précédée. Car elle devra garantir la souveraineté du peuple dans un contexte radicalement neuf. L’intérêt général de notre époque autour duquel le très grand nombre doit se rassembler, c’est la réponse à l’urgence écologique. Or pour changer de modèle de production nous ne pourrons nous en remettre uniquement à des fonctionnaires chargés de faire appliquer les lois découlant de la planification écologique. Il faudra aussi des droits pour les salariés. L’accélération du temps politique appelle également de nouveaux outils comme le referendum révocatoire pour assurer une souveraineté populaire continue. De même la Sixième république devra maîtriser la finance, notamment en imposant la séparation bancaire, régler enfin démocratiquement les rapports avec l’Union Européenne en soumettant tout transfert de souveraineté à l’accord du peuple, comme en Irlande, garantir la neutralité du Net, assurer la qualité de l’information et le pluralisme des médias… En comprimant la place reconnue au peuple, la Cinquième étouffe le pays, tue la créativité et le dévouement aux autres. Avec la Sixième, choisissons des habits neufs qui lui permettront enfin de respirer.
Des avocat-e-s, magistrat-e-s, et professionnel-le-s de la Justice et du droit en marche pour la 6ème République!
La 5ème République est à bout de souffle. L’hyper-concentration des pouvoirs au profit de l’exécutif, sur fond de capitalisme financier mondialisé, a fait exploser la corruption. Chaque jour apporte son lot de révélations, non seulement sur cette corruption, dénoncée depuis des années par des juristes et des observateurs de renom (avec dès 1996, « L’appel de Genève »), mais aussi sur « l’entre-soi » de celles et ceux qui s’y livrent. L’affaire Cahuzac, symptôme de la collusion existante et grandissante entre les hautes sphères financières et la direction de l’Etat, dépasse de loin la dérive d’un homme seul. Grâce à la presse d’investigation indépendante des puissances d’argent, les citoyen-ne-s découvrent, médusé-e-s, un vaste système d’impunité d’une oligarchie se considérant non seulement comme au-dessus des lois, mais également exonérée du respect du civisme le plus élémentaire.
Il est temps que prenne fin le scandale de l’évasion fiscale dans les paradis fiscaux, qui représentent pour la France le montant de l’impôt sur le revenu, soit environ 45 milliards d’euros, alors que le gouvernement prône des économies budgétaires qui n’affectent que les plus démunis.
Depuis des années, la justice chargée de la lutte contre la corruption a été méthodiquement étranglée. Les juges d’instruction sont de moins en moins saisis car le parquet, dépendant de l’exécutif, préfère contrôler seul les dossiers économiques et financiers, qu’il s’agisse de l’affaire Bettencourt ou de l’affaire Cahuzac. Les juges et les policiers sont privés de moyens et leurs d’investigations sont entravées. Le droit est un fétu de paille face à la finance folle.
Résultat : en 2012, la France n’était classée qu’au 22ème rang (sur 174) des pays les moins corrompus du monde, selon l’ONG « Transparency international », derrière Singapour et Hong-Kong, par exemple.
Il est illusoire de penser que c’est seulement avec des mesurettes que nous pourrons rompre avec cette prédation financière d’un petit nombre, d’autant plus insupportable en temps de crise sociale majeure. Dans ce contexte, pour sauver la République et les valeurs qui la fondent, une rupture s’impose.
C’est pourquoi nous, juristes et professionnel-le-s de la justice, appelons à participer à la grande marche citoyenne organisée à Paris le 5 mai 2013 pour exiger l’élection d’une assemblée constituante afin de promouvoir une 6ème République, élaborée de manière démocratique. Ce n’est qu’à cette condition qu’un nouvel équilibre des pouvoirs pourra être édifié : une assemblée souveraine, un gouvernement responsable et une justice indépendante.
Premiers signataires:
Gérard BOULANGER, ancien président du Syndicat des Avocats de France et président d’honneur d’Avocats européens et démocrates
Alima BOUMEDIENNE-THERY, juriste
Isabelle BOUCOBZA, juriste
Dominique BRAULT, ancien secrétaire général du Syndicat de la magistrature
Anne BRUSLON, magistrate syndiquée
Sandrine CHABANEIX, magistrate syndiquée
Christian DANIEL, directeur de service, syndicaliste
Daniel FALLOT, magistrat syndicaliste
Hélène FRANCO, magistrate syndicaliste
Raquel GARRIDO, avocate au barreau de Paris
Charlotte GIRARD, maître de conférences en droit public
Nicolas GUILLET, maître de conférences en droit public
Roselyne GONLE-LHULLIER, magistrate syndiquée
Xavier LAMEYRE, magistrat du siège et criminologue
Anne LECLERC, éducatrice PJJ, syndicaliste
Marie-José MARAND-MICHON, magistrate syndiquée
Patrice MEILLIER, défenseur aux prud’hommes et juriste
Marianne MUGNIER, éducatrice PJJ syndiquée
Christian NANINI, magistrat du parquet, syndiqué
Dominique NOGUERES, avocate au barreau de Paris
Evelyne SIRE-MARIN, ancienne présidente du Syndicat de la magistrature
Mylène STAMBOULI, avocate au barreau de Paris
Daniel DELREZ, Avocat honoraire au barreau de Metz
Françoise LAROCHE, éducatrice PJJ, syndicaliste
Celine CURT, avocate au barreau de Seine-Saint-Denis
Jean Jacques CIAVAGLINI, ancien éducateur PJJ et ancien délégué du Procureur à Aix en Provence
Euro • L’euro Merkel n’est pas une fatalité
A en croire les différents commentateurs des médias dominants et les économistes officiels de la pensée libérale, il n’y aurait pas d’alternative. Nous serions condamnés à subir l’euro tel qu’il est car le seul autre choix qui s’offrirait à nous serait la sortie de l’euro prônée par le Front National. Il n’y aurait pas d’autre avenir pour la monnaie que le repli identitaire ou la résignation devant le diktat des technocrates européens et de la bourgeoisie allemande. L’euro est pourtant une construction politique et historique. Il ne tient donc qu’à nous de le mettre sur une autre voie, c’est-à-dire d’en faire une monnaie au service des peuples.
Une monnaie au service de la bourgeoisie allemande
Républicains et internationalistes, nous ne défendons pas une sortie unilatérale de la zone euro. Notre but n’est pas d’en revenir à une monnaie nationale sans esprit coopératif européen et de laisser le reste de l’Europe dans le chaos ultra-libéral. Notre objectif est donc de transformer la monnaie unique. La simple négociation n’y suffira pas. L’Allemagne ne se résoudra pas facilement à dévaluer l’euro et à le soumettre à contrôle politique, car toute la construction de l’euro s’est faite au service de sa classe dominante. En 1992 avec le traité de Maastricht, l’Allemagne a réussi à imposer une monnaie unique à l’image du Deutsche Mark : surévaluée, servant une politique exclusivement anti-inflationniste, limitant arbitrairement les déficits publics et prônant la libération des mouvements de capitaux sans harmonisation fiscale. Le patronat allemand a intérêt à avoir une monnaie forte, car il importe énormément de produits de base et de composants à bas coûts qu’il transforme pour les revendre à l’intérieur de la zone euro. Par ailleurs, le peuple allemand épargne beaucoup et est vieillissant : l’objectif anti-inflationniste garantit les intérêts de la rente et de l’épargne. Le modèle de modération salariale leur a permis de jouer les « passagers clandestins » de la zone euro en empêchant les autres pays d’adapter leur compétitivité et l’Allemagne se refuse à payer le prix d’un réel partenariat économique.
L’euro Merkel est une calamité pour l’industrie française et celle des autres pays du sud de l’Europe. Sa surévaluation pénalise fortement nos exportations. Ne pouvant plus utiliser l’arme monétaire pour diminuer leurs coûts par la dévaluation, tous les pays de la zone euro mène une politique de rigueur salariale pour augmenter leur compétitivité. Les exonérations des prélèvements fiscaux et sociaux pesant sur les entreprises et les revenus du capital se multiplient. La protection sociale et le pouvoir d’achat s’effondrent conjointement. Par ailleurs, cette politique monétaire encourage la formation de bulles financières et immobilières à l’origine de la crise et nous empêche de lutter efficacement contre elles. L’euro tel qu’il est nous condamne à l’austérité généralisée et dresse les travailleurs les uns contre les autres.
Refonder la zone euro
La zone euro a donc besoin d’être intégralement refondée, en donnant à chaque Etat la possibilité de compenser un choc conjoncturel par une hausse du déficit public et en augmentant la solidarité budgétaire entre les Etats. Un nouveau statut de la Banque centrale européenne doit être créé, l’obligeant à œuvrer au soutien de l’activité et de l’emploi en prêtant directement aux Etats avec une inflation soutenable, et en étant responsable devant le Conseil européen et le Parlement européen. L’ensemble de la politique de l’Union européenne doit également être réorientée. Un processus de convergence des pays les moins avancés vers des standards plus élevés en matière de droits sociaux et de protection sociale doit être mis en place.
Pour que cette refondation ait lieu, nous devrons mener la confrontation au sein des institutions bruxelloises en désobéissant aux traités européens. Pour pousser l’Allemagne à accepter une refonte des statuts de la BCE, nous pourrions être amenés à faire en France ce qu’elle se refuse à faire au niveau européen. Un gouvernement déterminé aura toutes les chances d’être soutenu par les pays d’Europe du Sud et de faire ainsi plier l’Allemagne, qui a beaucoup à perdre dans la disparition de l’euro.
Les leçons de Chypre
La crise chypriote est en ce sens riche d’enseignement. Le vote unanime de son Parlement a permis de refuser le premier plan qui visait à ponctionner les dépôts de l’ensemble des épargnants. La résistance nationale face à la technocratie européenne peut donc aboutir à de meilleures solutions pour les peuples. Par ailleurs, la mise en place de contrôles sur les mouvements de capitaux et les taux de change, contraires aux traités européens, a été activée. Ils ont empêché la panique bancaire à Chypre et prouvent que les traités ne sont pas gravés dans le marbre quand il y a la volonté politique. Si un pays de la taille de Chypre, avec une économie qui représente 0,2% du PIB de l’UE, a pu à ce point ébranler les institutions européennes et les pousser à de tels contournements des traités, alors cela donne de l’espoir sur la capacité de la France à renverser la table et à réformer intégralement la BCE. La confrontation passera d’abord par la réforme des statuts de la Banque de France pour lui permettre de monétiser la dette, c’est-à-dire d’acheter des obligations d’États en son nom et sur le marché primaire. Elle sera accompagnée d’un contrôle strict des mouvements de capitaux. Cette création monétaire unilatérale entraînera notamment une dévaluation de l’euro. Il est clair que cette désobéissance pourrait conduire certains à vouloir notre exclusion de la zone euro, même si ça n’est pas prévu par les traités européens.
Construire d’autres solidarités
Nous abordons avec sérénité cette possibilité. Si la BCE refuse de se réformer avec la prétention de nous obliger à mener une politique néo-libérale pour rester dans la zone euro, nous construirons d’autres solidarités, fondées sur un nouveau rapport de forces. Nous pourrions, par exemple, négocier la création d’un « eurosud » dévalué et refondé sur des principes coopératifs ou, si cela s’avère impossible, créer une monnaie commune pour les échanges extra européens et revenir à des monnaies nationales au sein d’un système monétaire européen. La BCE aurait alors pour objectif de stabiliser les taux de changes intra-européens pour limiter les différences d’inflation entre pays. Le Parti de Gauche ne sacralise aucun système monétaire en lui-même et sait que la monnaie est à la fois un outil politique et une réalité sociale. Il ne fait prévaloir que l’absolue nécessité de mener les politiques publiques progressistes exigées par la souveraineté populaire. Si l’alternative qui venait à se présenter était le maintien de la zone euro dans la soumission au carcan néolibéral, ou bien la sortie de l’euro pour appliquer le programme validé par le vote des citoyens, le Parti de Gauche opterait sans hésitation pour cette seconde solution.
Elections Venezuela • Veille de scrutin à Caracas
Eric Coquerel et Christophe Ventura, deux membres de la direction nationale du Parti de Gauche, sont présents, du 11 au 16 avril, au Venezuela pour l’élection présidentielle de ce dimanche 14 avril. Eric revient dans son blog sur l’ambiance qui règne dans la capitale Caracas à quelques heures du scrutin.
A moins de 24 heures de l’élection présidentielle de la République Bolivarienne du Venezuela, je peux confirmer qu’ici règne bien une dictature. Songez que depuis le vendredi 12 avril, 17 h locale, la loi électorale interdit toute goutte d’alcool dans le pays… Et ce jusqu’à lundi matin. Voilà bien, « cher » Daniel Cohn-Bendit (voir sur ce blog la video du débat au Grand Journal qui m’a opposé à lui sur ce thème) et consorts, vous qui propagez à satiété que Chavez était un dictateur sans jamais avoir pris la peine de mettre un pied dans ce pays, ou dans les rues de ce pays pour les journalistes français habitués aux séjours cloîtrés dans leurs hôtels de luxe, la preuve irréfutable que vous cherchiez non ? Tout en maugréant un peu, je l’admets, contre cette règle qui nous prive du très réputé Rhum vénézuélien ou simplement d’une Cerveza locale, voilà la plaisanterie qu’avec mes amis Bernard Cassen et Christophe Ventura, également présents à Caracas, nous nous sommes faits hier soir.
Ambiance populaire et festive
Pour le reste, l’ambiance à Caracas est à milles lieux de la propagande distillée par les médias ou chroniqueurs bien pensants qui aiment à répéter en boucle des affirmations que même la droite ici n’ose énoncer avec autant d’arrogance et de mauvaise foi. Je me faisais cette réflexion en sillonnant les rues de la capitale vénézuélienne sitôt descendu de l’avion jeudi soir. Jeudi c’était à la fois le 11ème anniversaire du putsch raté contre Chavez en 2002 et la date du grand meeting de Nicolas Maduro. Une marée humaine de partisans de Maduro, t-shirt et casquettes rouges, a envahi les principales artères de Caracas. Mélange joyeux et festif d’une foule déambulant à pieds, en bus collectif, en moto ou en voiture vers le lieu du meeting. Le lieu ? Il est compliqué à indiquer avec précision car les sept plus grands boulevards de la capitale étaient rouges de supporters Chavistes. Ici, c’est l’unité de mesure pour jauger d’une manifestation : combien d’artères remplis-tu et je te dirais combien tu étais. Sept c’est manifestement la jauge maximum qui permet, sans risquer d’être contredit, d’utiliser le million pour unité. Après est-ce 3 millions comme je l’ai entendu dire ? Impossible pour moi de le confirmer mais c’est évidemment, et de loin, le plus grand des meetings politiques qu’il m’ait été donné de voir. Le discours de Maduro a duré 1h30 – je reviendrai sur son contenu plus loin. Le président par intérim a tenu à mettre en avant ses ministres, les responsables des partis qui le soutiennent et quelques invités de prestige comme Maradona venu lui donner l’accolade. Mais revenons à la foule. Première chose qui saute aux yeux : elle est très féminine. Beaucoup de femmes de tous âges non seulement présentes physiquement mais surtout politiquement : elles tiennent les micros sur les nombreux camions sonos ou dirigent de la voix et des slogans les groupes qui se forment sur les trottoirs. L’ambiance est « bon enfant ». Le tout donne un mixte entre supporters de foot, soirée à la fête de l’Huma, et la grande marche du Front de Gauche à la Bastille le 18 mars 2012. Une chose me surprend rapidement : si les affiches de Maduro dominent largement le centre de Caracas où se déroule ce gigantesque rassemblement, celles, laissées intactes du candidat de la droite, Henrique Capriles, ne sont pas rares. Les deux partagent même parfois un poteau sans que nul ne songe manifestement à en arracher une. « C’est la tradition politique ici » me confirmera Bernard Cassen. Autre surprise : à quelques centaines de mètres du rassemblement pro-Maduro, des supporters tout de jaunes vêtus, la couleur du mouvement Unidad, soutiennent bruyamment Henrique Capriles Radonski sans manifestement une once d’inquiétude. D’ailleurs sur les terrasses il n’est pas rare que casquettes rouges et jaunes se côtoient à quelques tablées l’une de l’autre en ce jeudi soir. On aura compris que l’ambiance n’est ni à la guerre civile, ni à la peur.
La droite joue la stratégie de la tension
Pourtant les leaders de l’opposition jouent la tension. C’était palpable vendredi, lors de leur audition devant les accompagnateurs internationaux réunis par le Conseil National Electoral (CNE). Ils ont concentrés leurs interventions sur la crédibilité du scrutin. Attaqué principalement le CNE, une des cinq branches du pouvoir public national dont l’autonomie est reconnue par la constitution à côté des autres pouvoirs, exécutif, législatif, judiciaire et citoyen. Le ton très offensif des représentants de Capriles avait manifestement pour but de donner corps à des éléments qui en manquaient justement. Rien en tous cas de nouveau pouvant expliquer pourquoi Capriles, qui avait reconnu la sanction des urnes en octobre dernier, parait cette fois la mettre en doute à l’avance. Plusieurs des accompagnateurs internationaux, dont beaucoup de Nord-américains, ont interrogé ses représentants sur ce paradoxe sans aucune réponse probante. D’autres, Sud-américains, ont avancé la fiabilité du système de vote électronique mis au point par le CNE « supérieur à ce qui fait ailleurs sur le continent » (dixit un écrivain brésilien), car prévoyant une confirmation papier (le vote électronique émet un récépissé mis à son tour dans une urne, les deux devant, au final, correspondre en nombre de votants). Est-ce que cela augurerait d’une contestation du scrutin ont demandé les accompagnateurs ? Les représentants de la droite sont restés vagues se contentant de rappeler que Capriles avait toujours accepté, jusqu’à maintenant, la volonté populaire. Dans les rangs Chavistes les interrogations demeurent sur leurs objectifs même si les sondages qui circulent officieusement donnent une telle avance à Maduro (on parle de 10 points) que l’on doute des possibilités de contester sérieusement le résultat dimanche.
Il est vrai que le ton de Capriles est d’autant plus vif sur ce point que son contenu programmatique s’est adouci voir a disparu… En réalité, Henrique Capriles ne peut se démarquer des acquis du Chavisme qu’il a pourtant combattu. Le leader de la droite fait plutôt dans la surenchère sociale ces derniers jours allant jusqu’à promettre une augmentation de 40 % du salaire minimum contre 20 % pour Maduro !
Les nouvelles « missions » de Maduro
Nicolas Maduro n’a nul besoin de ces promesses à l’emporte-pièce. Ce syndicaliste, proche de l’ancien président, reprend évidemment les cinq grands objectifs historiques énoncés lors de la campagne de Chavez en octobre dernier (en résumant succintement : Indépendance nationale, poursuite de la construction du socialisme bolivarien du 21ème siècle, coopération accrue avec les pays d’Amérique latine et des Caraïbes, contribution à la construction d’un monde multipolaire garantissant la paix dans le monde, préservation de la vie et de l’espèce humaine sur la planète). De même il poursuit les « missions » (objectifs précis que le gouvernement se donne à réaliser à court terme) lancées par Chavez notamment dans le domaine du logement, de la santé, de l’éducation… Mais il a ajouté jeudi, pour la première fois m’explique Maximilien Arvelaiz, ambassadeur du Vénézuéla au Brésil et étudiant en France au début des années 2000, les siennes propres. Parmi elles : l’investissement, c’est à dire la nécessité pour le Venezuela, pays dont l’économie est dépendant de sa rente pétrolière, de diversifier rapidement sa production industrielle et agricole pour gagner en souveraineté, notamment alimentaire, afin de limiter de coûteuses importations ; la lutte contre la corruption ; la sécurité. Sur ce dernier point, Chavez avait déjà entamé le travail en créant une police nationale. Car jusqu’en 2011, le Venezuela ne disposait que de polices municipales donc non coordonnées. Le corps de la police nationale est aujourd’hui de 16 000 membres.
Construire l’Etat social
J’avoue que lorsque que Christophe Ventura m’a annoncé cela j’ai été surpris. En réalité sur bien des aspects, Chavez a du construire depuis 1998 les fondations d’un Etat social et parfois même les outils d’un Etat tout court telle cette police nationale. Nationalisation, redistribution des richesses produites par la rente pétrolière, politique de la santé, du logement et de l’éducation, indépendance nationale : on retrouve là des objectifs qui s’apparentent à ceux d’une reconstruction sur des bases sociales de type de celle entreprise par le CNR à la libération en France. Je lui résume en souriant ma pensée : « Chavez en définitive c’est le CNR et la théorie du Foco »… A quoi, sans doute plus pertinent, Christophe répond « Chavez c’est plutôt un mélange de De Gaulle et Che Guevara »
On le voit, si la révolution Bolivarienne a le socialisme pour ligne d’horizon, on peut même dire l’écosocialisme, terme dont beaucoup des dirigeants du PSUV se réclament aujourd’hui, les objectifs à moyen terme sont ceux d’un Etat social (l’impôt sur le revenu reste par exemple à inventer au Venezuela). Mais cette mise en mouvement au cours des années 2000, pareillement démarrée par l’ »autre gauche » dans plusieurs pays sud-américains dont l’Equateur, mine évidemment tout l’édifice libéral qui n’a eu de cesse justement de déconstruire partout l’Etat social. Sa subversion de l’ordre libéral et austéritaire donne une incontestable portée révolutionnaire au Chavisme. Non seulement reconnue par les siens : ce peuple vénézuélien qui devrait, dimanche, élire largement Nicolas Maduro, mais plus largement par l’ensemble de la gauche sud-américaine. C’était manifeste lors d’un dîner organisé vendredi par le PSUV : représentants le PG (seul parti de la gauche française et du Front de Gauche à être représenté ces jours-ci à Caracas), Christophe Ventura et moi-même avons pu entendre de la bouche de tout ce que le continent compte de partis de gauche (hors social-démocratie totalement hors jeu voir opposée aux processus en cours) des hommages sincères et sans langue de bois à Chavez et l’importance de la révolution bolivarienne pour consolider ou développer le processus de transformation sociale et écologique entrepris à des degrés et rythmes divers sur le continent sud-américain.
En les écoutant, j’ai pu vérifier combien était aigue chez eux la conscience que les expériences de révolution citoyenne en cours en Amérique latine, à commencer par celle du Venezuela, constituait la première alternative concrète et réussie pour sortir de la longue nuit néolibérale. Celle qui a commencé par assombrir le monde voici plus de 30 ans aux Etats-Unis et en Angleterre sans oublier le Chili de Pinochet, terre d’expérimentation des Chicago boys inspirés par l’économiste libéral Milton Friedman. Dans une courte intervention (à l’inverse de bien de mes amis du PG je ne maîtrise malheureusement pas la langue de Garcia Marquez), je le résumais ainsi « Lo que es Chavez no muere. Tenemos que actuar para sur lo que fue Tatcher muera con ella, por siempre ». L’élection de Nicolas Maduro dimanche devrait être un coup supplémentaire porté au néolibéralisme. En attendant que la chaine craque à son tour en Europe.
Je ne voudrais pas terminer cette note sans une anecdote. La révolution bolivarienne c’est aussi, c’est sans doute surtout, la réconciliation de l’espérance socialiste avec la démocratie. C’est évidemment essentiel pour nous qui pouvons ainsi nous appuyer sur des expériences concrètes en la matière à opposer à l’idéologie libérale. La pays où l’on va voter pour la 16ème fois en 15 ans (et l’été prochain ce sont déjà les municipales), le pays où existe le référendum révocatoire à mi-mandat que nous proposons aujourd’hui dans le cadre de la 6ème république, est une source d’inspiration dans le domaine de l’implication citoyenne. J’y réfléchissais vendredi quand déambulant dans la principale artère commerçante de Caracas je découvrais la vice-présidente du PSUV, Ana Elisa Osorio, tenir un forum citoyen en plein air réunissant sous un simple auvent de tente des dizaines de personnes. Je pensais alors à la fierté de Temir Porras, vice-premier ministre des affaires étrangères, en annonçant aux accompagnateurs internationaux, vendredi : « nous devrions avoir environ 80 % de participation dimanche». Et à ses côtés, Maximilien Arvelaiz (moins de 80 ans à eux deux) d’ajouter : « ce sera une grande fête démocratique ». Je n’ai pu alors m’empêcher de comparer ces records de participation au phénomène inverse dont la France pâtit. Sans doute qu’un affrontement électoral à enjeu entre la droite et une gauche digne de ce nom, donne tout simplement envie de voter. Fasse que le Front de Gauche puisse prouver tout cela rapidement en France.
>>> Lire la suite sur le blog d’Eric Coquerel.
Sébastien Migliore, syndicaliste et élu, paie très cher ses actes de résistance !
Sébastien Migliore, conseiller municipal PCF Front de Gauche en charge de l’économie, de l’emploi et de l’insertion à Cendras (Gard), délégué communautaire à la communauté des communes du Pays Grand Combien n’en revient pas lui-même.
Pendant les manifestations lors du mouvement social des retraites en 2010, Sébastien s’est vu convoqué pours divers dossiers à charge, tels que violences sur les forces de l’ordre, jet de projectiles (œuf), destruction de bien public, refus de prélèvement ADN……
Après 10 passages devant les tribunaux, Sébastien, relaxé pour coups et blessures sur les forces de l’ordre (le parquet ne faisant pas appel), vient de se voir condamner en appel le 12 avril 2013 ::
– 500 euros d’amende avec sursis pour destruction de bien public, pour avoir mis le feu à une poubelle,
– 200 euros d’amende pour refus de prélèvement ADN,
– 2 mois de prison avec sursis (après avoir été relaxé en première instance) pour jet de projectiles sur les forces de l’ordre
– 5 ans d’inéligibilité
– 1000 € d’amende ajouté aux 100 euros de dédommagements dont les heureux bénéficiaires seront les 6 représentants des forces de l’ordre « blessés » par un jet d’œuf .
Deux poids deux mesures : combien d’élus condamnés pour des faits divers comme « abus de biens sociaux », et qui ont au plus été frappé d’an ou au maximum deux ans d’inéligibilité. Ainsi Patrick Balkany inéligible pour 2 ans seulement alors qu’il faisait rémunérer 3 employés municipaux qu’il occupait pour son propre logement.
Ainsi, il serait moins grave de confondre l’argent public avec son propre argent que de lancer un œuf sur un policier selon que vous soyez puissant ou misérables…. Sébastien Migliore paie une bien lourde peine.
Le Parti de gauche rappelle que la loi d’Amnistie des militants votée au Sénat passera devant à l’assemblée nationale le 16 mai prochain et continuera à se mobiliser afin que les député-es prennent leurs responsabilité et vote cette loi de justice sociale qui doit reprendre l’ensemble des dispositions de départ au moment de son dépôt par les élu-e-s du Front de Gauche.
Car aujourd’hui plus que jamais, la Loi d’amnistie pour tous les militants sociaux prend un caractère d’urgence sociale !