En période de crise, la stratégie électorale ne peut pas être principalement locale
Jusqu’à dimanche et aux résultats du premier tour de l’élection cantonale partielle de Brignoles, tous ceux qui alertaient sur le danger de dérouler le tapis rose médiatique devant le FN se faisaient rabrouer. Mais aujourd’hui la créature a échappé à son maître et va se répandant toute souriante dans tous les médias, toujours aussi accueillants, pour expliquer que le FN est dorénavant le premier parti de France. Il n’en est rien évidemment pour le moment car une cantonale ne dessine pas la carte politique générale du pays. Mais à continuer à jouer avec le feu, le désastre peut avancer à grand pas.
Le plus désolant est de voir tous ceux qui s’enferrent dans des stratégies locales en croyant ainsi contrer le FN. La cantonale de Brignoles est l’exemple même de l’échec d’un tel choix. Le niveau de confusion était en plus au maximum : une campagne PCF mêlant revendications très locales et dénonciation de l’austérité tout en distribuant en même temps un communiqué de soutien d’Harlem Désir ; un PS soutenant nationalement le candidat du PCF et localement celle d’EELV, laquelle se présentait comme la candidate de la gauche rassemblée soutenue par le PS local ! Le candidat du FN a au contraire fait une campagne tout à fait nationale ! Dans ce contexte, ceux qui avaient voté Hollande au second tour pour chasser Sarkozy ne se sont pas déplacés. Ils l’auraient peut-être fait s’ils avaient eu la conviction d’aller voter pour une politique clairement en rupture avec celle du gouvernement. Mais tout était embrouillé.
Que répond le PS à cette situation ? Après avoir semé la pagaille localement, il ose tirer comme conclusion que la leçon dorénavant est de se regrouper derrière son panache rose. Or c’est la politique impulsée par l’Elysée et Matignon, consistant à céder à tous les lobbies patronaux et financiers, qui fait le lit du FN. Pourquoi voulez-vous que les agriculteurs acculés à la faillite, les salariés licenciés par milliers, celles et ceux qui ne peuvent retrouver d’emploi, jeunes, femmes, salariés âgés confrontés au chômage faute de pouvoir prendre leur retraite à 60 ans, tous victimes de la concurrence libre et non faussée vantée par tous nos libéraux de droite et de gauche réunis, zélateurs béats d’une Europe fer de lance de la mondialisation, aillent voter ? Tous ceux qui céderont à l’injonction de rassemblement derrière le PS seront entraînés dans le gouffre avec lui et, bien plus grave, continueront à aggraver le désespoir de toutes celles et ceux qui veulent une alternative aux politiques d’austérité.
Le temps n’est pas à l’enfouissement local, il est à la bagarre nationale sur une ligne catégorique de rupture avec les politiques gouvernementales. En période de crise politique, c’est celui qui est clair et déterminé qui entraîne. Cela a été la force de la campagne de Jean-Luc Mélenchon pour la présidentielle. C’est la perte de cette ligne claire qui fragilise le Front de Gauche aujourd’hui .
Martine Billard,co-présidente du Parti de Gauche
Mobilisations • Journée internationale contre l’exploitation des gaz et huiles de schiste
Le 11 octobre 2013, le Conseil Constitutionnel rendra son avis sur la validité ou non de la loi interdisant l’usage de la fracturation hydraulique en France. Cette loi est une maigre protection. Elle a néanmoins le mérite d’exister. C’est y compris une victoire, même partielle, de la mobilisation contre l’exploitation des gaz et huiles de schiste. Ce recours devant le Conseil Constitutionnel est le fait d’une multinationale, Schuepbach, déterminée à faire valoir ses droits contre l’intérêt général.
Mais la mobilisation ne faiblit pas. Le 19 octobre prochain aura lieu une journée internationale contre l’exploitation des gaz et huiles de schiste à l’initiative des opposants américains. 21 pays ont répondu présents à la mobilisation en parallèle des États Américains. En France, 9 mobilisations principales auront lieu. Le PG est partie prenante dans tous les collectifs locaux. Corinne Morel Darleux et Didier Thévenieau seront présents à Montélimar, Tifen Ducharne à Saint Claude, nos Conseillers Régionaux et Mathieu Agostini en Ile de France ainsi que Manuel Bompard à Toulouse.
Nous appelons à la mobilisation le 19 octobre prochain. Renseignez vous et joignez les différentes actions :
- Béziers: Journée Internationale contre les GDS: 10H30 (lien)
- Essonne: n inschistez pas on en veut pas: 14H (lien)
- Etampes: Global Frackdown 2 – Etampes: 14H – 20H (lien)
- Montélimar: Global Frackdown 2: 14H – 16H (lien)
- Montereau-Fault-Yonne: Journée à Montereau-Fault-Yonne:
- 10/9 at 15H – 22H (lien)
- Paris: Péniche “Stop Schistes” (lien)
- Saint-Claude: Evénement à Saint-Claude: 10H – 21H. (lien)
- Toulouse: Global Frackdown 2 – TOULOUSE (31) 14H (lien)
- Villebéon: Global Frackdown 2 – Villebéon: 15H – 22H (lien)
- Lille : Rassemblement place de la République 14H
Renseignements sur cette journée mondiale de mobilisation ici.
Municipales à Paris • Réaction au vote du conseil départemental 75 du PCF
Le conseil départemental du PCF de Paris s’est prononcé à 67% contre une liste du Front de gauche et pour une liste commune des communistes avec les socialistes dès le premier tour des municipales dans la capitale. Les adhérents décideront de leur choix final le 19 octobre. Le Parti de Gauche regrette ce vote. Réduire le vote parisien a un évènement local est une régression politique. Selon François Hollande Paris aura valeur de test national pour juger de la politique du gouvernement. Toute l’Europe de l’autre gauche va regarder la ville dont est sénateur le président du PGE, Pierre Laurent. Au total, le choix des communistes parisiens implique donc tout le Front de Gauche, en France et devant l’Europe. Il est évident que le PS compte sur cette manœuvre politique pour parvenir enfin à diviser le Front de Gauche et affaiblir sa lisibilité nationale en le faisant disparaitre à Paris. Dans une période où le Front de Gauche est, à bien des égards, le seul espoir à gauche et donc pour notre peuple, c’est une grave responsabilité qui est prise sans aucun débat entre les forces qui composent notre rassemblement. A l’heure où les Solfériniens adoptent des lois de plus en plus à droite comment justifier que ce soit le moment de se rallier à eux dans la capitale ? Au moment où les parlementaires communistes votent à juste titre contre la loi du Grand Paris comment prétendre forger un « projet commun » avec ceux qui ont voté pour cette nouvelle organisation inacceptable ? Pourquoi donner la préférence aux socialistes plutôt qu’aux camarades des combats communs ? Pourquoi faire disparaitre l’outil forgé ensemble depuis tant d’années à présent ?
Rendre le Front de gauche invisible à Paris est une volte-face incompréhensible. En toute fraternité, forgée par les combats partagés depuis 2008, nous disons à nos camarades communistes qui voteront le 19 octobre sur leur choix final d’alliance, que nous attendons beaucoup d’eux. L’avenir commun dépend tellement d’eux ! La signification de leur vote ne se limitera pas au niveau local. Les femmes et les hommes du parti de Gauche ne sont pas des partenaires qu’on prend ou qu’on rejette au gré de besoins tactiques. Solennellement nous prévenons : l’avenir du Front de gauche est en cause.
La reconnaissance de l’influence du Front de gauche n’est pas négociable avec les socialistes. Elle doit être établie par le peuple lui-même avec ses bulletins de vote.
PSA : suite et peut-être fin de la faim
Les 7 militants de Sud Auto, qui en sont à leur troisième semaine de grève de la faim, pour protester contre la non application du jugement rendu au mois de mai 2013 condamnant l’entreprise PSA pour harcèlement et discrimination syndicale, se sont enfin gagné un rendez-vous demain matin avec la direction.
Nul doute que nous attendons beaucoup de cette reprise de dialogue. Il aura fallu tout ce temps, toute l’énergie d’un collectif rassemblant des militants syndicaux, associatifs et politiques pour que ce matin, enfin, après 22 jours de grève de la faim, les choses bougent.
En effet, le Directeur régional du travail, Mr Nicolas Bessot, mandaté par le ministre du travail et de l’emploi, Mr Michel Sapin (bien absent depuis le début du conflit, qui se déroulait pourtant dans une commune PS et sans qu’aucun-e élu-e PS n’ait daigné se déplacer pour soutenir les salariés). Mr Bessot accompagnera les 7 salariés de Sud Auto lors de la négociation avec la direction de PSA.
Par ailleurs, comment ne pas condamner également l’absence quasiment unanime de l’ensemble des médias nationaux durant toute cette période ? C’est encore une fois la volonté de cacher la misère provoquée par des politiques d’austérité. Heureusement que les médias locaux suivent quotidiennement la lutte des 7 salariés de PSA Poissy.
Le parti de gauche tient à souligner l’attitude exemplaire de courage, de ténacité et de détermination dont font preuve les 7 grévistes depuis le 18 septembre. Devant l’attitude criminelle de la direction, ces hommes ont répondu avec beaucoup de respect et de dignité à toutes les provocations dont ils ont été l’objet.
Le parti de Gauche sera toujours aux cotés des salariés en lutte afin de condamner, avec eux, toutes les politiques d’austérité et soutiendra toute action qui dénoncera le manque d’égalité des droits auprès de chaque salarié.
(Une marche est organisée le samedi 12 octobre à 14h. Rdv Boulevard de l’Europe, devant le pole tertiaire de PSA. La manifestation partira du piquet de grève jusqu’à la mairie PS de Poissy)
Laurence Sauvage, SN en charge des luttes sociales
Philippe Juraver, membre du Bureau National
Mulliez veut mettre les médecins sous ordonnance !
Souvent, la question de la souffrance au travail ne devient publique que lorsqu’il y a suicide. C’est à dire trop tard. Et lorsqu’ils s’emparent du sujet, les médias, toujours avides de sensations, démontrent une grande méconnaissance du sujet, faisant même souvent preuve de maladresse.
Pourtant, la souffrance au travail constitue depuis bien longtemps l’un des plus grands crimes du capitalisme d’aujourd’hui. La société libérale se construit à partir d’intérêts contradictoires, où la finance s’oppose aux politiques gouvernementales, et les entreprises aux salariés. Ainsi, l’employeur, connaissant l’état du marché de l’emploi, n’hésite plus à pressuriser le salarié, à le surexploiter, et lorsqu’il craque, il sait que de toute façon, de nombreux candidats se présenteront pour occuper le poste. En régression morale, le libéralisme invente un esclavage du XXIème siècle.
En Vaucluse, un médecin, le docteur Jean Rodriguez, est poursuivi par le Conseil de l’ordre, sur plainte de la famille Mulliez, troisième plus grande fortune professionnelle de France, derrière Bernard Arnault (LVMH) et Liliane Bettencourt. Le groupe MULLIEZ est propriétaire d’une cinquantaine d’enseignes groupées derrière Auchan (parmi lesquelles Décathlon, Leroy-Merlin, Saint-Maclou, Alinéa, Norauto, ou encore Flunch.
Pour Mulliez, le docteur Jean Rodriguez n’aurait pas respecté les règles déontologiques en établissant un certificat médical faisant le lien entre la pathologie présentée par une patiente et ses conditions de travail. Avec deux confrères d’autres régions poursuivis pour des faits semblables, ce médecin hospitalier de Montfavet, fondateur de la première consultation sur la souffrance psychique de la Région PACA, risque un avertissement, un blâme, une suspension, voire une radiation.
Dans ce qui apparait bien comme une procédure d’exception et un déni de démocratie, le Parti de Gauche, qui soutient les travailleurs victimes de harcèlement et sera toujours à leurs côtés, apporte également tout son soutien au docteur Rodriguez et ses confrères dans leur combat éthique. Nous serons notamment présents lors de son audition publique devant le Conseil de l’ordre des médecins à Marseille en novembre.
Laurence Sauvage, Secrétaire nationale aux luttes sociales du Parti de Gauche
Jean-Michel Gremillet, membre du Bureau national, délégué à la culture
N.B. : Un « Colloque international sur le Suicide au Travail » est d’ailleurs organisé à Paris les 11 et 12 octobre 2013.
Après l’ANI, l’Inspection du travail made in MEDEF
Les agents du ministère du travail ont manifesté en nombre hier à Lyon lors de la venue de Michel Sapin, ministre du travail. La manifestation a tourné à l’épreuve de force. Les 300 agents, inspecteurs et contrôleurs du travail, souhaitaient indiquer à tous les acteurs chargés de la mise en musique de la « réforme », les raisons de leur opposition au projet de destruction de l’inspection du travail et des services de l’emploi. En guise de dialogue, CRS et gendarmes ont investit les lieux et ont repoussé les manifestants avec force.
Pour Sapin « dialogue social » veut dire passage en force ! Les solfériniens donneurs de leçon, appliquent les bonnes vielles méthodes de la droite et du patronat : la carotte pour ceux qui obéissent et le bâton pour ceux qui résistent . La division et la volonté de soumission sont les deux faces de la pseudo réforme de M.Sapin.
Le ministre veut détruire le service public chargé de faire appliquer le code du travail en toute indépendance. Conduite sans concertation véritable avec les organisations syndicales majoritaires du ministère, les mesures du plan Sapin devraient s’appliquer début 2014.
L’indépendance de l’inspection est remise en cause par une tutelle administrative forte. Les effectifs diminuent au nom de la contrainte budgétaire. Un corps de contrôle inoffensif, la mise en conccurence des agents et le démantèlement des structures du service public de l’emploi et de l’inspection sont au programme. Les services de Sapin ne font qu’entériner des mesures que la droite n’avaient pas osée engager ! Le patronat en rêvait, le PS s’exécute.
Le Parti de Gauche dénonce les pratiques de ce gouvernement au service du patronat et des financiers. Il apporte son soutien aux agents de l’inspection et aux organisations syndicales en lutte dans l’ensemble du ministère du travail.
Le Parti de Gauche défend un service public de l’inspection du travail indépendant et généraliste au service des salariés et doté de moyens tant matériels que humains. Manifestement, le plan Sapin ne répond pas à cette ambition.
L’acte ultime de l’agonie du modèle européen : le grand marché transatlantique UE-USA
Dans l’esprit des philosophes des Lumières et des conquêtes démocratiques qui vont de 1789 à la Déclaration universelle des droits de l’Homme de 1948, s’est peu à peu mis en place, dans la partie occidentale de l’Europe, un modèle de société. Un modèle, certes inachevé, mais qui a connu de grandes avancées tendant vers la réalisation de l’accès pour tous à la santé, à l’éducation, à la culture, au logement, à l’eau, à l’énergie, aux transports, au travail.
Depuis une trentaine d’années, des accords, négociés par les gouvernements successifs, tant au niveau européen qu’au niveau mondial, ont entrepris de remettre en cause ces avancées. Les traités européens, les accords de l’OMC, les choix du FMI ont tous eu pour finalité de subordonner les droits fondamentaux des peuples au commerce, à l’économie et à la finance. La concurrence de tous contre tous, érigée en norme de vie en commun, est l’œuvre de tous les décideurs politiques au pouvoir depuis plus de trente ans.
Une ultime étape dans la destruction finale de ce modèle de société est sur le point d’être franchie. Avec le soutien de tous les gouvernements de l’Union européenne, une grande négociation est menée depuis le 8 juillet par la Commission européenne avec les USA. Le mandat de négociation, soutenu par le gouvernement PS-EELV, est clair : il s’agit de confier la définition des règles au secteur privé en lui donnant la capacité de remettre en cause nos législations et réglementations dans tous les domaines où les firmes privées considéreront que ces normes constituent une entrave à leurs profits : normes salariales, sociales, sanitaires, alimentaires, environnementales, …
Comme on l’a fait avec le traité constitutionnel européen, chacun doit s’emparer du texte du mandat de négociation et se mobiliser pour exiger le retrait de la France de ce projet de grand marché transatlantique (GMT). Pour le connaître et en débattre, je vous invite à me rencontrer dans les localités suivantes :
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Forcalquier-Mane : le 11 octobre, à 18H, à la Salle Polyvalente Henri Laugier, sur la place principale de Mane, à l’initiative d’Attac 04 et de la FASE 04.
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Nice : le 12 octobre, à 14 H, au CAL Bon voyage, 2, Pont René Coty (entrée route de Turin), à l’initiative d’Attac 06, dans le cadre du Forum social départemental.
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Roquemaure (Gard) : le 7 novembre, à 19h45, salle « la cantarelle « , 1, route de Nîmes, à l’initiative de l’association « La Parole au Peuple de Roquemaure ».
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Paris, le 13 novembre, à 14H, au salon bio Marjolaine organisé par Nature et Progrès, Parc Floral de Paris, 118 route de la Pyramide, 75012 Paris 12.
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Nancy : le 14 novembre, à 20H, à l’espace Yves Coppens, avenue des jonquilles-allée de Marken Vandoeuvre-Les-Nancy 54500 organisé par l’Association Citoyenne FdG 54, composante à part entière du FdG 54.
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Perpignan, le 19 novembre (L’OMC et la mondialisation néolibérale) et le 11 décembre (le GMT), à 19H, Salle du Canigou, Conseil général, 30 rue Pierre Bretonneau, à l’initiative des Amis du Monde diplomatique, d’Attac 66 et de l’Université Populaire de Perpignan.
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Carcassonne, le 26 novembre, à 19H45, salle Joë Bousquet, ancienne mairie, 32 rue Aimé Ramond, à l’initiative d’Attac 11
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Montpellier : le 28 novembre, à 20h, salle Guillaume de Nogaret, Espace Pitot, Boulevard Professeur Louis Vialleton, à l’initiative des Amis du Monde diplomatique.
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Macon : le 6 décembre, à 20h30, salles 1 et 2 au 25 rue Gambetta, à l’invitation du groupe des AMD (Ain-val de Saône) avec la participation de la FASE et du comité ATTAC de Mâcon.
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Thonon les Bains : le 9 décembre, Espace des Ursules, 2, avenue d’Evian, 74500 Thonon-les-Bains, à l’initiative d’Attac 74 Chablais.
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Toulouse, le 10 décembre, à 20H30, salle Duranti, 6 Rue du Lieutenant Colonel Pélissier, à l’initiative des Amis du Monde diplomatique.
Florange, un enterrement sans classe
Crédit photo photosdegauche.fr (rémy_blang)
Le 1er octobre 2012, la direction de Mittal a annoncé la fermeture des hauts-fourneaux de Florange. Son objectif consistait à détruire des capacités de production pour relancer le cours de l’acier. Un sacrifice de 2500 salariés dont 629 directement dans les hauts-fourneaux, qui avait été dénoncé en février 2012 par le candidat François Hollande qui promettait alors une loi contre les fermetures d’usines rentables, déclarant que lorsqu’« une grande firme ne veut plus d’une unité de production, mais ne veut pas non plus la céder, nous lui en ferons obligation ». Depuis, la capitulation est totale.
Pourtant, fin juillet 2012, un rapport d’expert (rapport Faure) vantait les atouts d’un des « trois sites d’Arcelor Mittal les plus performants en termes de coûts de production », à la « situation géographique au cœur des marchés ». Il s’agit donc d’un site d’avenir !
Une loi brouillonne arrive maintenant à l’Assemblée
La loi censée traduire la promesse de Hollande prévoit qu’un employeur de plus de 1000 salariés désireux de fermer un site doive « rechercher » un repreneur durant 3 mois. Si les recherches sont estimées peu honnêtes par le personnel, ils peuvent saisir le Tribunal de Commerce qui en appréciera la crédibilité – à la clé, une pénalité financière d’environ 30.000 euros par emploi supprimé. Pour le syndicaliste CFDT Edouard Martin de Florange, « des pénalités financières sont prévues mais, compte tenu de la puissance des groupes en question, ils s’adapteront et provisionneront l’argent nécessaire. (…) Ces sommes-là, 20 fois le Smic, ne les feront pas reculer. »
Outre la présentation de la loi après la fermeture des hauts fourneaux, le gouvernement a finalement reculé sur le cœur même de la mesure, en renonçant à l’obligation de cession des sites, remplacées par des pénalités – inapplicables à Florange, car valables en cas de fermeture de l’ensemble d’un site et d’identification d’un repreneur. De plus, les tribunaux de commerce (où siège le patronat) sont érigés en juge, alors même que leur probité est souvent mise en cause, pour cause de conflits d’intérêts. Avec ce système, le Medef peut s’avérer juge et partie !
De retour à Florange le 26 septembre, Hollande a annoncé un centre de recherche sidérurgique… qui exclut de son périmètre les hauts fourneaux ! Il y a promis « d’assurer l’acier de demain » – mais comment croire celui qui s’est révélé incapable de préserver l’acier d’aujourd’hui ?
Pourtant, il y a des solutions. Nous avons formulé quatre propositions : réquisition du site et relance des hauts-fourneaux pour mettre en œuvre le projet ULCOS de réduction d’émission de CO², une commission d’enquête sur la stratégie de Mittal et les subventions versées, le vote du projet Front de Gauche voté par toute la gauche en février 2012 qui interdit les licenciements boursiers, ainsi qu’un droit de reprise des salariés. Sauver la filière est une question de volonté politique.
Grand Marché Transatlantique : La négociation de tous les dangers
Sans aucune consultation des peuples et malgré la révélation de l’espionnage des institutions européennes par les États-Unis, les négociations sur le Grand Marché Transatlantique (dit Traité TTIP) ont débuté cet été dans le plus grand secret.
La transparence piétinée
On se souvient que le 14 juin dernier, les ministres du commerce des 27 États de l’UE ont accepté un mandat secret de négociation de la Commission européenne. En dehors d’une protection illusoire de l’exception culturelle, qui pourra être remise en cause en cours de négociation, le mandat de la Commission piétine les autres exigences qui avaient pu être formulées par les Parlements. Le Parlement français avait par exemple demandé à ce que les mécanismes d’arbitrage privé permettant aux entreprises de sous soustraire aux lois des États soient exclus du mandat. Il n’en est rien et ces mécanismes destructeurs sont toujours à l’ordre du jour des négociations, sans que le gouvernement français s’y soit opposé au Conseil européen.
Après le coup de force de l’adoption de ce mandat secret de négociation, la révélation de l’espionnage généralisé de l’UE par les USA au début de l’été a pu faire croire que les négociations allaient être reportées. C’est en tout cas ce qu’ont fait mine d’annoncer aussi bien le gouvernement français que la Commission européenne. La Vice-présidente de la Commission européenne Viviane Reding a ainsi affirmé début juillet qu’« on ne peut pas négocier sur un grand marché transatlantique s’il y a le moindre doute que nos partenaires ciblent des écoutes vers les bureaux des négociateurs européens ». Or comme le souligne Jean-Luc Mélenchon dans les deux questions à la Commission européenne qu’il a posées cet été en tant que député européen, aucune explication ou garantie des autorités états-uniennes n’ont été données par la Commission européenne depuis. Comme un rouleau compresseur, les négociations du traité de commerce transatlantique ont pourtant débuté du 8 au 12 juillet à Washington. Et elles doivent se poursuivre du 7 au 11 octobre à Bruxelles.
Des négociations secrètes
D’après les maigres informations communiquées par la Commission, la discussion a d’emblée porté sur un périmètre très large d’une vingtaine de domaines que devrait couvrir le Traité de commerce TTIP. Impossible de savoir exactement en quoi consistent ces négociations et les positions qu’y défend effectivement la Commission européenne. Les réunions de compte-rendu prévues par la Commission pour informer le Parlement européen sont des mascarades de démocratie comme l’a souligné Jean-Luc Mélenchon dans une nouvelle question posée à la Commission européenne le 26 septembre. Non seulement ces compte-rendu sont réservés aux seuls députés membres de la commission du commerce du Parlement européen mais ils se font à huis clos en anglais sans traduction dans les langues officielles de l’Union, ni même dans les langues de travail de la Commission que sont le français et l’allemand.
Les lobbies US à l’offensive
Pendant l’été, de multiples lobbies mercantiles états-uniens se sont mis en mouvement et ont confirmé les dangers que nous avions déjà pointés avant le début des négociations. Un dirigeant de la Chambre de commerce des USA a ainsi expliqué que « le côté américain devrait expliquer clairement les dangers d’une régulation sociale, environnementale non nécessaire et du ’droit à réguler’ souhaité par le parlement européen ». Cette position des milieux d’affaire correspond à celle défendue par le gouvernement états-unien, à travers son département du Commerce (USTR), grand ordonnateur des négociations. Le prix Nobel d’économie Joseph Stiglitz a ainsi expliqué au début de l’été que « le bureau de l’USTR, qui représente les intérêts des entreprises, poussera presque sûrement pour le plus petit commun dénominateur, incitant un nivellement vers le bas plutôt que vers le haut. » Cela est attesté par les positions officielles du Département du Commerce dans de nombreux domaines comme l’agriculture. Un rapport de cet organisme affirme ainsi que « les mesures [européennes] relatives à l’importation et l’utilisation des produits génétiquement modifiés constituent des obstacles majeurs au commerce. » L’ONG les Amis de la Terre a aussi alerté sur l’activisme des lobbies de l’industrie chimique états-uniens : « L’accord de libre-échange transatlantique va donner aux industries de produits chimiques et autres firmes multinationales l’arme ultime pour détruire les progrès que nous avons réalisés dans l’UE et dans différents États des États-Unis pour protéger la santé humaine et l’environnement des produits toxiques. »
Renoncements
Face à cette puissante offensive du capitalisme états-unien, non seulement la Commission ne résiste pas mais elle a commencé à céder du terrain pendant l’été. Tout en faisant mine de résister sur l’interdiction du bœuf aux hormones en Europe, le Commissaire européen au Commerce Karel de Gucht a par exemple cédé dès la première session de négociation en juillet sur le poulet lavé au chlore. En parfait libéral, il a cyniquement expliqué sa position : « on pourrait laisser le choix aux Européens, via des systèmes d’étiquetage clair. Ne diabolisons pas [le poulet lavé à l’eau de javel]. Moi je fais confiance aux consommateurs. Par exemple, si j’achète un poulet, je prendrais évidemment un poulet de Bresse. » Grâce à la Commission européenne et si cet accord n’est pas stoppé, des poulets low cost à la javel déferleront donc demain sur les marchés européens en aggravant les difficultés de toute la filière européenne des volailles, déjà en crise aujourd’hui.
Résister au désastre
Ce renoncement n’est que le premier d’une longue liste qui suivra lors des prochaines sessions de négociation si la Commission européenne n’est pas arrêtée. Un mémo sur le site de la Commission explique ainsi que « dans les relations commerciales transatlantiques actuelles, l’obstacle au commerce le plus important n’est pas le droit acquitté en douane, mais bien les entraves au commerce «au-delà de la frontière», telles que, par exemple, les différentes normes de sécurité ou environnementales applicables aux voitures. » En application de cette logique, le bilan des négociations ne peut être que désastreux pour les peuples, comme l’a souligné au début de l’été le prix Nobel Joseph Stiglitz : « La probabilité que ce qui ressortira des discussions à venir puisse servir les intérêts des Américains ordinaires est faible ; les perspectives pour les citoyens ordinaires des autres pays sont encore plus sombres. »
La résistance des peuples est donc plus que jamais à l’ordre du jour pour empêcher ce désastre. Elle passe par l’information citoyenne active sur un projet que les médias dominants passent largement sous silence. Et par la sanction aux élections européennes des gouvernements et des partis, de droite comme sociaux-démocrates, qui ont construit ce monstre.
9 octobre 1934
Le 9 octobre 1934, Louis Barthou, ministre français des affaires étrangères est tué lors d’un attentat contre Alexandre 1er, Roi de Yougoslavie, en visite à Marseille. Blessé par la balle perdue d’un policier français, il est victime d’une forte hémorragie et meurt faute de soins.
Personnage peu connu, Louis Barthou, élu de la droite républicaine, est convaincu de la terrifiante menace que font planer Hitler et le national-socialisme sur le monde et sur la France. Son anti-communisme ne pouvant justifier la trahison de sa patrie, il prône donc l’isolement de l’Allemagne nazi. Dès 1933 il travaille à rassembler la Grande-Bretagne, l’Italie et l’Union soviétique dans un front anti-allemand. Il devient ainsi le principal artisan du projet de pacte oriental destiné à stabiliser définitivement les frontières européennes. Ce pacte est arrêté début juin 1934 et prévoit la participation de l’Allemagne, des Etats baltes, de la Finlande, de la Pologne, de la Tchécoslovaquie et de l’URSS. Tous les signataires devaient s’engager à prêter une assistance immédiate au contractant dont il serait le voisin et qui serait victime d’une agression de la part d’un des autres participants au pacte. Cette stipulation se double d’une assistance mutuelle franco-soviétique. La mise en place de ce plan entraine également un rapprochement entre la France et l’URSS qui obtient son adhésion à la Société des Nations à cette occasion.
Mais le pacte oriental reste mal vu par les anglais, décrié par les polonais aligné sur l’Allemagne, inaudible auprès d’une armée verrouillée et scandaleux pour les capitalistes français pour qui l’ennemi était les bolcheviks plus que les nazis. Le projet est donc enterré avec Louis Barthou. C’est Laval qui lui succède, concédant un pacte franco-soviétique signé en 1935, mais jamais ratifié donc inopérant. Dès lors c’est un changement radical de la diplomatie française qui s’éloigne de l’URSS, de plus en plus isolée. Et qui conduira la France aux accords de Munich mais aussi à l’abandon des républicains espagnol.