La casse de la santé publique pilotée par le gouvernement s’accélère

Le démantèlement du système de santé publique se poursuit. Après l’Hôtel-Dieu à Paris, c’est au tour des urgences de l’hôpital de Wattrelos dans le Nord d’être menacé. En effet, la politique de santé austéritaire s’attaque désormais à un hôpital de proximité accueillant 15 000 patients par an dans un bassin de vie de plus de 66 000 habitants, territoire déjà malmené en matière d’offre de soins comme en témoignent les chiffres nationaux.

Cette décision prévoit dans un premier temps la suppression de l’accueil des urgences de 18h à 9h du matin puis la disparition totale de l’accueil urgences à partir de janvier 2014, alors que les services d’urgences de la métropole lilloise sont déjà saturés que ce soit à Lille, Roubaix ou Tourcoing. La population, les professionnels et les acteurs locaux redoutent, à terme, la fermeture complète de cet hôpital de proximité dans un bassin en passe de devenir un véritable désert médical, malgré les besoins toujours plus importants de la population.

Jeudi 18 juillet 2013, à l’initiative de la CGT et soutenue par des représentants d’autres organisations syndicales, des élus locaux, des associations des usagers, des personnels de la communauté médicale et des citoyens, 400 personnes ont manifesté leur opposition à cette décision autoritaire.

Le parti de gauche s’est associé au mouvement et exprime de nouveau son opposition à cette politique qui prive la population de l’accès aux soins de proximité et amène nombre d’entre eux à renoncer à se soigner pour des raisons financières. Les risques sanitaires d’une telle fermeture sont énormes dans une zone déjà fortement fragilisée.

Le parti de gauche soutient la motion adoptée suite à la mobilisation, à savoir le maintien du service des urgences. Celle-ci pointe les dysfonctionnements de la gouvernance de la communauté hospitalière de territoire de Roubaix-Tourcoing-Wattrelos et exige de l’ARS une réunion extraordinaire du bureau de la CHT avec les représentants des salariés pour engager le dialogue et trouver une alternative à cette fermeture.

Débat national sur la Transition énergétique : l’arrogance éhontée du patronat français

Le Conseil National du Débat sur la Transition énergétique (CNDTE) vient de rendre ses conclusions après plus de huit mois d’échanges. Le document de synthèse du débat propose des pistes floues ou très en deçà des enjeux. C’est une régression flagrante face aux objectifs initiaux du débat national. Il faut dire que ce débat était faussé depuis le début, le nucléaire en étant exclu de fait. Le patronat français (Medef, CGPME, Union professionnelle artisanale et la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles) a tout tenté pour saborder les idées nouvelles, nécessaires à la transition énergétique. Nous regrettons par ailleurs la position d’autres organisations qui, lors de ce débat, ont semble-t-il défendu un modèle qui, selon nous, ne préservera pas l’emploi à moyen terme car il ne répond pas aux enjeux de la transition énergétique.

Le patronat refuse l’idée de l’efficacité énergétique et les objectifs de réduction de consommation énergétique, laisse la porte ouverte aux gaz de schiste et lorsqu’il s’agit de financer, veut faire payer le prix fort aux ménages. Il refuse par ailleurs les objectifs d’augmentation des énergies renouvelables, et a tenté de faire admettre qu’ « il est incohérent de recommander la fermeture de centrales nucléaires sûres et rentables ».

Voyant que les préconisations s’orientaient vers la sobriété et l’efficacité énergétique, le MEDEF de Pierre Gattaz adopte une position antidémocratique d’une arrogance peu commune, en refusant au dernier moment les conclusions du débat après avoir fait vidé le texte de son contenu.

Le Parti de Gauche réaffirme qu’il est irresponsable de ne pas soumettre la question du nucléaire à un grand débat national qui aboutirait à un referendum démocratique sur le sujet, alors que la catastrophe de Fukushima ne cesse d’inquiéter le monde et que la sécurité nucléaire et la sûreté de nos centrales sont affaiblies par l’exploitation des sous-traitants, comme l’a démontré notre contribution au DNTE et la récente intrusion de Greenpeace sur Tricastin. C’est le productivisme acharné, relayé par la recherche effrénée du maximum de profit qui a, depuis les années 70, organisé notre modèle énergétique, en particulier notre production d’électricité à 75 % d’origine nucléaire.

réacteursLe Parti de Gauche défend l’idée que la transition énergétique que nous imposent l’épuisement des ressources et le dérèglement climatique aujourd’hui, nécessite une planification écologique d’envergure qui remette en cause un modèle à bout de souffle. Cela passe pour nous notamment par un Pôle public de l’Energie. Penser l’avenir énergétique de la France et de l’Humanité, c’est avant tout limiter notre dépendance à des sources d’énergie qui ne sont pas illimitées.

Le Parti de Gauche regrette que ce débat ait été manipulé par ceux qui ne pensent le développement de notre société qu’à travers le prisme de la croissance capitaliste.
 Il reste mobilisé pour empêcher que le gouvernement ne capitule encore face aux pressions des divers lobbies de l’énergie qui ont déjà obtenu la démission de 2 ministres de l’écologie.

Hongrie • En pays magyar, épisode 2 : smartphone vs. finance, écosocialisme et tournesols

Matias5.jpgMe voici au pied des collines de Buda, face au Danube et au Parlement qui trône sur l’autre rive, côté Pest. Mais avant l’incursion dans cette ville, un retour sur le débat que j’ai tenu vendredi à l’Académie d’été des Verts sur l’écosocialisme.

J’avais retrouvé la veille ma camarade du PG Sophie Rauszer, qui m’a aidé à préparer ce séjour. Sophie travaille actuellement au Parlement européen, elle connaît bien la Hongrie. Je retrouve aussi un compagnon de route de la décroissance, Vincent Liegey, que j’ai connu il y a quelques d’années et qui est désormais responsable des débats d’idées à l’Institut culturel français de Budapest et y fait un travail remarquable. Accompagnés de Guillaume, étudiant à l’IEP de Lille et en stage à l’Institut, ils sont venus participer aux débats de l’Académie d’été et nous passons toute une pluie d’orage sous un parasol à discuter du pays. Leur expérience et leur analyse sont évidemment une mine précieuse. Je leur fais part de mon étonnement : depuis mon arrivée je n’ai pas entendu prononcer une seule fois le mot « austérité », rien sur le rôle des travailleurs et des syndicats – quasi-inexistants il est vrai en Hongrie. Personne ne semble critiquer la construction libérale de l’Union européenne, et globalement le niveau de structuration idéologique des débats me parait assez éloigné de ces réalités. Alors je décide de mettre un peu de rouge dans tout ça, après tout je suis là pour ça.

Matias4.jpgL’après-midi même, je me rends donc au débat « Restarting the world of finance », où la majeure partie des interventions tourne contre toute attente autour de la responsabilité individuelle et la surconsommation. Je sais bien qu’on est dans un rassemblement d’écolos et que c’est un sujet majeur mais enfin en pleine crise on ne parle ni dette, ni euro, ni fiscalité, ni politiques d’austérité ? L’un des intervenants, Michal Polak, qui travaille au Ministère des finances en Slovaquie, a bien tenté d’aborder ces sujets, et de belle manière (« Le pouvoir des États existe mais il est sciemment non utilisé. Il n’y a pas besoin de renforcer l’État, mais de le diriger »). Mais je suppose que le public s’approprie spontanément les questions sur lesquelles il est le plus à l’aise, et les échanges se sont vite concentrés sur le débat « avoir un Iphone ou pas ». Bon. Il faut dire que les provocations en ce sens de Yusaf Akbar, britannique enseignant à la Business School Central European University, n’ont pas aidé. Alors que les deux économistes s’accordaient à en qualifier les causes de structurelles, celui-ci nous a doctement expliqué que ce n’était pas une crise que nous traversions mais un changement de structure au long cours, qu’il serait douloureux mais qu’on en verrait le bout et qu’on s’en sortirait. Ah. En attendant, que chacun fasse attention à ce qu’il achète et tout ira bien. Rompez les rangs.

Pest12.jpgJe ne suis pas économiste, mais moi aussi j’ai un PhD britannique et deux-trois trucs à dire sur le sujet. Je suis donc allée, un peu agacée j’avoue, prendre place dans le cercle du centre où des places libres attendaient les membres de l’audience qui souhaitaient s’exprimer. Et j’y ai fait du « Gouverner face aux banques » en anglais. En substance, blâmer les individus me semble présenter deux erreurs fondamentales : un, faire l’impasse sur la possibilité dont disposent ou non ces individus de faire des choix alternatifs – je reprends pour ça l’exemple de la voiture en zone rurale et montagneuse, loin de tout transport en commun, mon préféré. Deux, faire porter la critique sur les conséquences, et non sur les causes, passant ainsi sous un silence commode la responsabilité de la finance, de la mondialisation et du système capitaliste. J’ai proposé en conséquence aux intervenants de se positionner sur deux pistes concrètes pour réorienter la production et la relocaliser au plus près de besoins réels : la mise en place de taxes sociales et environnementales aux frontières, alimentant un fonds de coopération internationale, et l’extension des droits des salariés pour reprendre en coopérative les entreprises qui ferment et sont délocalisées. Seule réponse à cela : oui ce serait bien, mais on ne peut pas à cause de la concurrence libre et non faussée. Et la proposition de Yusaf Akbar : une fois par mois, troquez votre sortie au restau contre un don de 30 euros à ces « charities » qui font un boulot si formidable auprès de ceux qui en ont besoin. Great. Plus libéral tu meurs. En conclusion du débat on arrivera quand même au fait qu’il faut à la fois une action de l’État et des individus organisés. Ben voilà. On n’est plus si loin de la Révolution citoyenne.

Soszialist.jpgAprès une nuit agitée où il m’a fallu défoncer une porte au couteau de cuisine et à coups de latte au pied pour sauver une intervenante allemande qui avait eu la malencontreuse idée de s’enfermer dans la salle de bains commune, me voilà repartie vers l’académie d’été pour l’atelier écosocialisme. Après mon introduction (que vous pouvez télécharger ici en pdf) avec Hegyi Gyula, ancien député européen, nous avons embrayé sur des échanges qui nous ont en définitive emmenés assez loin dans la réflexion politique. Très agréablement surprise. Une partie de la discussion a porté sur le terme de « socialisme » qui évidemment ici revêt une signification particulière… Les hongrois présents au débat, dont certains députés, divergent sur la nostalgie ou le rejet liés à ce terme et de manière plus générale au communisme chez les jeunes. Nous nous accordons néanmoins sur le fait que ce qui provoque de la nostalgie est précisément ce qu’il faut conserver : l’enseignement gratuit, la possibilité de trouver un logement pour tous… J’en ai également profité pour revenir sur la notion d’oligarchie qui me semble le clivage le plus pertinent en regard de ce qui se passe ici avec Viktor Orban. En matière d’énergie par exemple, Orban a joué le pourfendeur des compagnies occidentales, fort bien. Mais il ne l’a fait que pour mieux donner les mêmes pouvoirs à ses amis. Confiscation aux uns, cadeau aux autres. Et à la fin, la même concentration de pouvoirs, et toujours rien pour les citoyens.

PestGraf2.jpgEt puis, les questions des participants ont surtout révélé un vrai appétit pour ce que nous faisons en France, que ce soit au niveau du rassemblement politique du Front de Gauche ou quant à notre Manifeste pour l’écosocialisme. Les questions ont porté sur notre participation ou non au gouvernement – « au système » – , sur la démarche et le projet écosocialiste, mais aussi beaucoup sur les radicalités concrètes que nous portons avec notre association d’élus La gauche par l’exemple, ou auxquelles nous nous joignons. Régie publique de l’eau, AMAP, jardins collectifs, désobéissance civique, collectifs transition et actions de type Clan du néon ou déboulonneurs anti-pubs, initiative citoyenne européenne sur le revenu de base ou l’eau : la transition est déjà en cours, elle s’invente tous les jours sur le terrain. Je leur ai fait part de mon expérience des mobilisations massives en Ardèche contre les gaz de schiste et de la lutte des Fralib. Les yeux se sont mis à pétiller…

Il faut dire qu’en Hongrie, le plus grand ennemi c’est avant tout l’atonie de la société, et la grande question reste : comment mobiliser ? Dans ce pays très libéral au niveau sociétal, presque libertaire selon certains témoignages, on m’explique qu’il y a très peu de répression, finalement presque pas besoin de sanction : comme si les citoyens avaient intégré ce qu’ils peuvent et ne peuvent pas faire. Cela produit de jolis paradoxes, où ce qui est interdit est souvent permis et où on ne trouve aucun CRS en face des manifestants. Je ne sais pas s’il faut s’en réjouir ou en gémir. Car au final, cela prouve surtout que le camp d’en face n’en a pas peur. Pour le rapport de forces c’est moyen. 

Cet extrait de Sombre , le roman magnifiquement humain d’Alice Zeniter sur la Hongrie, résume l’essence des choses bien mieux que je ne saurais le faire (cliquer sur l’image pour l’agrandir… et lire confortablement) :

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Enfin je ressors enchantée de ce débat, où les camarades me dirent avec un sourire ravi que de belles graines avaient été semées et où des contacts furent pris pour la suite en Hongrie. Me voilà réconciliée avec les moustiques tigres, les serrures coincées, les espaces non fumeurs envahis de chiens et la ratatouille hongroise. Sourire.

Prête à aller admirer Budapest, à y découvrir les alternatives qui pullulent, et à me plonger en attendant dans la contemplation, tout au long de la route qui m’y emmène, des champs de tournesol qui s’étendent à perte de vue…

Épisode précédent

Le député-maire de Cholet doit démissionner

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Face à une occupation de terrain sur Cholet par des gens du voyage, Gilles Bourdouleix, deputé-maire UDI de Cholet a eu cette réflexion : « Hitler n’en a peut-être pas tué assez ».

Dans l’escalade contre les gens du voyage menée par la droite de ce pays, il vient d’atteindre le comble de l’horreur. Un élu qui indirectement appelle à l’extermination d’êtres humains n’est pas digne de les représenter dans un mandat électif.

Le Parti de Gauche appelle la ministre de la justice à immédiatement engager des poursuites judiciaires pour apologie de crimes contre l’humanité, et souhaite que la justice soit rendue le plus vite possible et que Gilles Bourdouleix soit frappé d’inéligibilité. En attendant, la moindre des choses serait qu’il démissionne de ses mandats d’élu.

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Henri Alleg, une passerelle entre les peuples français et algériens

C’est avec une grande tristesse que le Parti de Gauche a appris la disparition du militant communiste et anticolonialiste Henri Alleg.

Dans les années 40, Henri Alleg, établi en Algérie s’engage au sein du Parti Communiste Algérien et prends part aux combats du peuple Algérien pour la justice et la liberté. Il assumera à partir de 1951, la charge de directeur du prestigieux quotidien « Alger Républicain », le journal porte-voix de toutes les forces progressistes et patriotiques d’Algérie. Au début de la guerre d’Algérie, le journal est interdit et son équipe contrainte à la clandestinité. Henri Alleg continue d’écrire des articles publiés par « l’Humanité ». Il sera arrêté au domicile de Maurice Audin, son camarade, arrêté la veille et torturé à mort.

Huma_Henri_Alleg.jpg Torturé un mois durant, il écrira en prison son témoignage intitulé «La question », pour dit-il « illustrer d’un seul exemple ce qui est la pratique courante dans cette guerre atroce et sanglante ». Publié aux éditions de Minuit, ce témoignage avait été censuré malgré la mobilisation et les protestations d’André Malraux, François Mauriac ou Jean-Paul Sartre. Ce dernier en préfacera la réédition à Lausanne. Ce témoignage aura permis une prise de conscience en France et dans le Monde sur les horreurs du régime colonial.

A l’indépendance de l’Algérie, Henri Alleg continue son engagement par la reprise de ses activités au sein du PCA et en relançant « Alger Républicain ». Au moment du coup d’Etat de 1965, il appuie l’action de l’Organisation de la Résistance Populaire (ORP) qui débouchera sur la création du Parti de l’avant-Garde Socialiste. Il sera l’animateur de l’action de ce parti au sein de l’immigration algérienne en France. Son parcours de journaliste recoupe aussi celui du journal « l’Humanité » dont il a été un temps secrétaire général.

Le parcours d’Henri Alleg est exemplaire d’engagement, de dévouement et d’humanisme. Il restera un monument comme seule l’humanité combattante peut en forger. Dans l’histoire des peuples français et algérien il reste une passerelle qui les unit et contribue à fonder leur destinée méditerranéenne commune. Le Parti de Gauche salue aujourd’hui la mémoire d’un grand militant engagé dans le combat contre la barbarie et pour la libération humaine, celle d’un Français, d’un Algérien, d’un militant internationaliste conséquent.

Syrie • Libération immédiate pour Youssef Abdelké !

abdelke.jpgLe Parti de Gauche vient d’apprendre l’enlèvement, jeudi 18 juillet 2013, au nord-ouest de la Syrie à Tartous, par les forces gouvernementales, de Youssef Abdelké, membre du comité central de l’organisation amie du Comité National de Coordination pour le Changement Démocratique en Syrie (CNCD).

Ancien prisonnier politique syrien, il a passé deux ans dans les centres de détention de Hafez Al Assad pour son appartenance au Parti d’Action Communiste en Syrie –PACS (formation membre du CNCD). Artiste-peintre de renommée internationale, il est connu en France pour son engagement démocratique et pour la défense du droit des peuples à leur auto-détermination. Pendant vingt ans, il a vécu en exil à Paris avec son épouse, la scénariste syrienne Hala Abdallah. Issu d’une famille chrétienne de Syrie, Youssef Abdelké milite pour un état laïc, non confessionnel et non ethnique. Depuis les soulèvements populaires en Syrie contre le régime dictatorial et confessionnel de Bachar Al Assad, Youssef Abdelké et ses camarades du Comité National de Coordination pour le Changement Démocratique en Syrie (CNCD) ont toujours appelé à la fin de ce régime, en insistant sur les mobilisations massives non-violentes du peuple syrien, sans aucun recours aux armes ni à l’intervention militaire étrangère.

Le Parti de Gauche exprime sa vive préoccupation quant à cet enlèvement, aux menaces qui pèsent sur la vie de Youssef Abdelké, et appelle à la mobilisation pour exiger sa remise immédiate en liberté. Il réitère son attachement à un règlement pacifique et politique du conflit syrien. Un cessez-le-feu doit impérativement être mis en œuvre sous l’autorité des Nations Unies, ainsi qu’un contrôle des frontières empêchant l’afflux d’hommes et d’armes vers les deux camps. L’urgence est à la paix et à l’aide humanitaire aux victimes syriennes et aussi palestiniennes du conflit. Les Syriens pourraient alors accomplir la transition politique nécessaire à la reconstruction de leur pays, et tourner la page du régime criminel de Bachar El Assad.

Hongrie • En pays magyar, épisode 1 : la Green Summer Academy

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Je vous écris en pays magyar, face au Lac de Velence où se tient l’Académie d’été des Verts d’Europe centrale et de l’Est. J’y ai été invitée à parler de notre Manifeste pour l’écosocialisme, dernière étape de ce premier semestre 2013 qui, depuis nos Assises du 1er décembre 2012 et la parution du Manifeste adopté par le Congrès du Parti de Gauche au Printemps, m’a vu battre la campagne aux quatre coins de France, au Maroc, en Tunisie, à Londres, Rome et Porto. Et désormais donc, en Hongrie. Je suis arrivée hier dans l’ambiance camping d’un rassemblement très jeune, végétarien et non fumeur. Une sorte de Notre-Dame-des-Landes avant l’heure, moustiques-tigres en sus. Bon. J’avais fait des réserves de barbecue, de vin rouge et de café-clope pendant mes quelques jours de pause dans le Poitou. Et connaissant la voracité de tout ce qui pique pour les peaux sucrées, fait des provisions d’anti-moustiques.

Surprise à l’arrivée, des vigiles de sécurité en uniforme de boite privée, pas franchement dans le ton. La rançon d’une rumeur lancée en guise de provocation par le porte-parole du gouvernement faisant état de la venue sur place des opposants Gordon Bajnai et Tavares, auteur du controversé rapport européen sur les droits de l’homme en Hongrie. Rumeur fausse, mais vrai branle-bas de combat, manifestation de Fidelitas, les jeunes du Fidesz d’Orban devant le camping, et presse déchainée. A ce qu’on m’en dit, car je suis arrivée après. Las, les gardes, eux, sont toujours là pour nous protéger. Même si je ne sais pas de quoi. Les conversations sont malaisées, la plupart des participants étant Hongrois, et l’anglais pas toujours maîtrisé. Résultat, je passe une partie de la soirée à discuter avec un syndicaliste allemand qui a passé sa vie à sillonner la planète pour conseiller et former les syndicats de Gambie, d’Équateur ou encore de Hongrie.

Et avec Gaspar Miklos Tamas, philosophe, ancien dissident, qui se définit comme ex-libéral puis de gauche à nouveau. Fils de juive communiste, il me raconte dans un français impeccable qu’il tient de sa mère, comment celle-ci a été paradoxalement sauvée par son étiquette de communiste, qui lui a valu d’être emprisonnée et non déportée pendant la guerre. Je l’interroge sur l’état politique de la Hongrie. Je connais mal ce pays, et malgré les articles que j’ai pu lire avant mon voyage, je suis bien décidée à essayer de mieux le comprendre ici, sur place, par l’échange direct et le témoignage. La situation, toute en contradictions, est délicate à appréhender pour un Français et ne peut se contenter d’approximations. Historiquement et politiquement, hors de question de plaquer mes propres clichés. Donc j’écoute de toutes mes oreilles, je relance et questionne, j’enregistre, mais je m’abstiens pour l’instant de commenter.

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Mon interlocuteur, qui est venu de Budapest pour l’ouverture de l’Académie d’été, dresse un tableau pour le moins sombre de l’état de l’opposition politique en Hongrie. Côté partis politiques, le MSZP, équivalent socio-libéral de notre Parti Socialiste crédité d’environ 25% des suffrages exprimés dans les derniers sondages, aurait très peu d’adhérents. Tout comme les 5 ou 6 confédérations syndicales qui existent dans le pays, quasi inexistantes semble-t-il. Comme je lui pose la question des organisations paysannes et agricoles, me souvenant d’un mouvement contre la dernière réforme foncière d’Orban accusé d’attribuer dans la nouvelle répartition un peu trop de terres à ses proches du parti au pouvoir, le Fidesz, j’apprends qu’en réalité les deux grosses organisations hongroises « de fermiers » sont très majoritairement le fait de grands propriétaires terriens, même si l’une est proche du PS local et l’autre de la droite. Pas grand chose donc à attendre de ce côté là, rien de comparable en tout cas à un mouvement de masse comme a pu l’être le mouvement des sans-terre en Amérique du Sud par exemple. J’insiste : Et du côté de la « société civile », des associations, collectifs citoyens, des universitaires et des intellectuels, rien vraiment ? Ben pas grand chose, non. Une centaine d’intellectuels, pas vraiment actifs, pas trop engagés selon lui. On ressort de là, mon camarade allemand et moi, déprimés. On va se reprendre une bière au « Bufé ».

Ayant réussi à choper la wifi, je prends les dernières nouvelles du front. L’été a clairement commencé, les messages se font rares. Mais je reçois les nouvelles de globe-trotter solidaire de Jean Luc Mélenchon, lui aussi en vacances politiques et en mission, de l’autre côté du Nouveau Monde, celui qui bouge et réinvente la politique, là-bas en Amérique du Sud. L’hiver péruvien m’apporte un peu de fraîcheur ; l’annonce du lancement du Forum mondial de la Révolution Citoyenne à Quito m’évoque des souvenirs de mon séjour en Équateur il y a deux ans. On s’encourage, on plaisante, on partage photos, anecdotes, analyses et impressions. Plus de 10.000 km nous séparent et il me semble vertigineux de réaliser que nous portons le même discours internationaliste, les mêmes idées en simultané d’un bout à l’autre de la planète pour l’écosocialisme et la Révolution citoyenne, à partir de cas concrets et d’une infinie variété de situations.

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Ce matin, j’ai choisi d’assister à un atelier-débat sur la politique du gouvernement Orban, posant la question de ce régime et de ses spécificités. Une panne de courant nous ayant privés de la traduction simultanée, j’ai tenté de suivre les intervenants hongrois à côté de l’interprète chuchotant en anglais. J’en retiens, en quelques mots de résumé mêlé de mes lectures, le sentiment de plus en plus tenace que la politique menée par Viktor Orban est un exemple étincelant d’oligarchie. Le Fidesz a obtenu en 2010 une écrasante majorité qui lui permet de décider seul au Parlement, il est encore crédité de 45 à 50% des suffrages exprimés dans les sondages. On ne peut pas parler de dictature. Mais on ne peut pas non plus qualifier ce régime de démocratie, dans le sens où il fonctionne avec très peu d’expression citoyenne et 50% d’abstention. Et surtout, le gouvernement mené par Viktor Orban est régulièrement épinglé, notamment par le nouveau parti PM (Parbeszed Magyarorszagért, Dialogue pour la Hongrie) et le LMP (Lehet Mas a Politika, Une autre politique est possible, placé aux alentours de 5%) de favoritisme : l’attribution des concessions de vente de tabac, de terres agricoles, de marchés publics sans appels d’offres, vont souvent aux mêmes proches et amis du régime.

Sous couvert de nationalisme revendiqué, Orban mène une politique d’essence parfaitement capitaliste, mais exclusivement réservée à une poignée de privilégiés. Car pour le reste de la population, c’est impôt fixe à 16% pour tout le monde, une TVA record à 28%, et un salaire moyen de 450 euros mensuel. 40% de la population vit en dessous du seuil de dignité. Pas franchement empreint de justice sociale. Certains parlent du coup de « capitalisme nationaliste ». Raison pour laquelle on peut y retrouver à la fois des accents antilibéraux, comme la récente demande de fermeture des bureaux du FMI et la lutte contre les injonctions de la Troïka, combinés avec des relents nationalistes qui mettent en avant la famille et la religion et permettent ainsi au Fidesz de s’allier sans sourciller au parti d’extrême-droite Jobbik qui s’est illustré par la création de milices rurales (la « Garde hongroise », interdite depuis), par son positionnement violemment antisémite et anti-roms, antilibéral et anticommuniste. Dans les intentions de vote, Jobbik se situe entre 10 et 15%.

Du coup, les débats de la « Green Summer Academy », qui regroupe un peu moins de 200 personnes sur les 4 jours à vue de nez, comment dire… Paraissent parfois un peu vains. Pour ne pas céder au découragement, je me dis qu’il importe au contraire d’y être, de soutenir et surtout, de témoigner. Pour qu’au moins les Hongrois qui luttent et résistent, celles et ceux qui essayent par d’autres manières de réinventer leur beau pays et sa société abîmée, que ceux-là se sentent moins seuls. Et les autres observés.

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Avant mon départ de Velence, un couple âgé de Hongrois me demande avec insistance de profiter de la beauté de la ville de Budapest et de ne pas focaliser sur la politique actuelle du pays. Je touche là du doigt ce que j’ai lu sur le site francophone hu-lala.org, cette difficulté des Hongrois à « faire accepter au monde que l’actualité hongroise ne se résume pas au parti d’extrème-droite Jobbik, à ses milices désarmées de la Magyar Garda et à la catastrophe de la boue rouge ». Certes. Il faut hélas reconnaître que ça façonne quand même diablement un pays. Qu’à cela ne tienne cependant, je suis fermement décidée à voir la beauté de ce pays avec un regard déssillé, les yeux grand ouverts, avec lucidité.

… Et à côté des diverses notes et articles politiques que j’ai emportés, je me suis également armée d’auteurs et poètes pour m’accompagner voir le soleil se lever à l’Est sur les rives du Danube et les collines de Buda.

A suivre…

Article original

Lutte contre la fraude fiscale • Un agent du fisc : « on a pas les moyens, humains et législatifs, de lutter contre la fraude fiscale »

Jusqu’à 80 milliards d’euros par an. C’est ce que coute à l’état la fraude fiscale. Les services fiscaux doivent avoir les moyens de lutter contre ce fléau.
Mais les moyens humains et techniques sont toujours en baisse. La loi sur le sujet votée fin juin à l’Assemblée donnent juste quelques outils législatifs en plus aux agent du fisc. Un de ces agents décrypte pour nous ces dernières réformes

 
 

Carte postale • A Lima avant Quito

Cette deuxième carte postale du mois de juillet prend l’allure d’une interminable lettre. Elle vous arrive de Lima au Pérou. Depuis que je m’y trouve je n’y ai vu qu’un ciel gris. Le bleu et le soleil n’ont jamais percé. Un petit crachin glacé est venu parfois donner l’impression que l’humidité mortelle de l’air se purgeait d’elle-même. En fait, ici, je me trouve dans l’hémisphère sud et c’est donc l’hiver. Les témoignages de l’an passé prétendaient qu’il n’y avait pas vraiment d’hiver ici. Perou_montagnes.jpg Erreur complète. On devine donc combien j’ai hâte de revenir en été. Ce sera chose faite quand je serai en Équateur, au moment où ces lignes seront publiées. De plus je ne suis pas certain de parvenir à m’accoutumer à ces petits tremblements de terre qui sans cesse agitent le sol de la capitale péruvienne. Encore moins depuis ce qu’on m’a dit. Les scientifiques prévoient, sans pouvoir dire si c’est pour demain ou pour dans cent ans, un événement qui atteindra le niveau huit sur l’échelle de Richter !

À présent, je raconte ma rencontre avec le président de ce pays, Ollanta Humala. Cela s’est passé samedi 13 juillet au palais présidentiel Plaza Mayor. Notre entretien a duré une heure et quart. Il m’a commenté les grands axes de la politique qu’il met en œuvre, analysé l’événement qu’a été l’interception de l’avion du président bolivien et la réponse qu’y ont apporté les pays de l’UNASUR dont il exerce la présidence. Du coup je n’avais plus envie de me faire démolir le moral en écoutant François Hollande le 14 juillet. Selon ce qu’on m’en a dit, je crois que j’ai bien fait. A la fin de cette très longue note je fais quand même un écart pour parler d’un beau livre et d’une histoire de Français dans ces parages. Une histoire bouleversante. Ma prochaine carte postale viendra de l’Équateur où je me trouverai déjà quand cette note sera publiée. Elle sera davantage historique car je suis aussi sur les traces des hommes et des femmes des lumières et de la grande révolution de 1789, ici dans le nouveau monde. Et par-dessus tout je dirai où nous en sommes de la construction du Forum Mondial de la révolution citoyenne qui se prépare en lien direct avec les équatoriens.

Dimanche matin 14 juillet, je me trouvais place de France à Lima pour la cérémonie des Français. Ici nous pratiquons sur une place publique et en grande solennité. Y viennent les enfants des écoles françaises, le corps de sapeurs-pompiers soutenus par la France, tous les responsables des diverses activités que les Français ont ici en matière de recherche et de développement ou de travail scientifique. Sans oublier les représentants des Français de l’étranger et leurs associations. Bien sûr les autorités péruviennes y sont fortement représentées. Au milieu de la place une statue de la Liberté, son flambeau à la main. On a chanté à pleins poumons la Marseillaise et l’allocution de l’ambassadeur de France a célébré l’universalisme français avec un mot de Montesquieu : « avant d’être français, je suis un être humain ». Bref, la France des lumières. Le soir venu, à la résidence de France, on a encore chanté la Marseillaise. La réception a été un énorme succès qui a réunis mille deux cent personnes. Parmi tous ceux qui se trouvaient là, toutes sortes de jeunes Français, étudiants, stagiaires, professionnels divers se trouvaient là dont un bon nombre de ceux qui sont venus au-devant de moi partagent notre engagement de valeurs politiques. On s’est retrouvé entre gens positifs, qui font des choses utiles et en sont fiers

L’honnête homme

Maudits embouteillages ! Lima qui m’était pourtant parue plus fluide que bien des capitales sud-américaines, ce soir-là s’était embouteillée. J’ai fini le trajet, que j’avais commencé en taxi, au petit pas de course, dans l’état de stress que l’on devine quand on abandonne son véhicule pour courir à un rendez-vous présidentiel avec un quart d’heure de retard déjà sur l’heure prévue. Le parcours à l’intérieur du palais entre les divers contrôles me permit de reprendre mon souffle et de faire bonne figure le moment venu. Au demeurant, le président Ollanta Humala sait mettre son monde à l’aise. Après un abrazo sans façon, et après m’avoir rappelé qu’on se tutoyait, on entra dans la conversation comme si on s’était quittés hier. La simplicité tranquille de cet homme est extraordinairement contagieuse. Il n’y a en lui ni pompe ni superbe. Et ce qu’il dit concentre toute son attention.

Je ne suis pas venu à sa rencontre pour vérifier des accusations et encore moins entendre une défense. Je m’intéressais à l’homme et à sa perception des problèmes et des solutions. La sympathie personnelle qu’il m’inspire au plan humain depuis que je le connais ne se dément pas. Et si je sais bien que cela n’a pas de valeur politique, il me semble néanmoins que cela a du sens. Je place l’élection de ce président dans la vague démocratique qui a couvert toute l’Amérique du Sud compte tenu des conditions dans lesquelles il a dû faire campagne et de l’adversité médiatique bestiale qui s’est opposée à lui. Je pense que notre privilège d’observateur engagé est de pouvoir écouter et observer des façons d’agir et de penser différentes qui nous apprennent beaucoup de toutes les manières possibles. Nous savons depuis le début que chaque pays connaît des processus de transformation différents. C’est pourquoi, dans le passé j’ai toujours refusé le prétendu clivage entre le « bon » Brésil et le « méchant » Venezuela. Il faut en faire de même dans le cas du Pérou et de son président par rapport aux autres pays de l’Alba ! D’une façon plus générale il faut que je répète ce Perou_poterie.jpg qu’est à mon avis la bonne manière d’appréhender notre relation aux gouvernements de la vague démocratique d’Amérique du sud. L’enjeu n’est pas de les soutenir ou pas. Répétons-le : il n’y a pas de modèle pour nous. Seulement des sources d’inspiration. A partir de là nous ne devons « soutenir » aucun gouvernement, aucune personnalité ce qui reviendrait à nous identifier à eux et donc à en faire des modèles. Nous soutenons des politiques en particulier et nous participons à des campagnes de défense commune contre l’oligarchie, le parti médiatique et l’Empire. Notre esprit critique ne doit jamais désarmer, et pas davantage le devoir d’apprendre avec modestie de ceux qui sont en mode action ! Tant qu’on se parle, nous formons une même mouvance, ce qui n’interdit ni les débats, ni les critiques. En me recevant, moi qui ne suis rien, sinon le symbole d’une certaine gauche européenne, le président péruvien donne un signe de connivence et de volonté de dialogue avec nos forces politiques. Je ne l’oubliais pas au moment où nous nous fîmes un abrazo final et qu’il me fit l’amitié de me raccompagner en me tenant par l’épaule. Au moins puis-je dire une chose : c’est que sur le plan personnel cet homme est moins pusillanime dans ses relations que bien d’autres qui me tournèrent le dos sitôt que François Hollande fut élu ! Que ceux-là soient revenus depuis à de meilleures sentiments après avoir découvert le personnage peu fiable du président français ne me fait cependant rien oublier.

Pour situer l’état d’esprit dans lequel se trouve Ollanta Humala, je vais citer la comparaison un peu provocante qu’il m’a faite. « Tu comprends, me dit-il, c’est un peu comme ceux qui se passionnent pour le foot. Ils sont dans l’euphorie et l’enthousiasme du match à ce moment-là et ne se posent pas d’autres questions. Mais ensuite il faut rentrer à la maison et savoir si demain tu vas travailler ou pas, si les enfants vont aller au collège et s’il y a quelque chose à manger. Moi je me sens responsable de savoir si dans mon pays il y a du travail et s’il y a à manger». Je présente là les choses comme il me les a dites avec assez d’insistance pour que je me rende bien compte que c’est là une conviction très forte pour lui. À un autre moment, peut-être parce qu’il s’est souvenu de la personne à laquelle il s’adressait, il m’a dit : « l’idéologie c’est très important, bien sûr, mais ça ne doit pas remplacer le réel ». Je pense qu’il m’a dit tout cela parce que j’étais accompagné par un camarade de la gauche de son parti et qu’il a croisé dans la pièce attenante avant de me rencontrer dans ce salon particulier qui avait été prévu pour cela. Mais moi je n’étais pas venu faire des reproches. Juste me donner la chance de pouvoir parler de l’exercice du pouvoir avec un homme que j’estime et qui est dans la deuxième année de son accession au pouvoir sur nos bases politiques communes. Ça ne m’a pas empêché ensuite d’entendre aussi ce que m’ont dit les camarades du nouveau « Frente Amplio de Izquierda ». Ils se définirent : « c’est comme le Front de Gauche en France ». Eux attribuent la responsabilité de leur rupture avec la majorité présidentielle à Ollanta Humala. D’autres aussi sont venus me voir : ils participent aux élections en cours dans le parti du président en se définissant comme la gauche de ce parti. J’ai remis mon commentaire à plus tard, quand j’aurai le temps d’approfondir ce que j’ai entendu. D’une façon générale je ne me mêle pas des discussions qui opposent les nôtres là où je vais. Je vois tous ceux qui veulent bien me parler. J’enregistre ce qu’on me dit et ensuite je réfléchis en me demandant comment je m’y prendrais moi-même si j’avais à décider sur le sujet. C’est ma forme de réalisme gouvernemental : je me demande toujours comment nous devrions faire nous-même chez nous. L’étude des autres est donc un carburant précieux.

Je sais que Humala a dû souffrir quelques empoignades avec ses amis sans que ceux-ci aient su lui proposer un autre cadre d’action global si je comprends bien. J’ai connu cette situation en France en 1983. Nous réclamions alors à cors et à cris « l’autre politique » pour nous opposer au « tournant de la rigueur ». Mais aucun de nos chefs n’avaient la moindre proposition concrète dans ce sens. Je n’ai pas oublié la leçon. Si la radicalité n’est pas concrète ce n’est qu’un songe creux. Cela ne veut certainement pas dire qu’il faut en rabattre de nos ambitions mais qu’il faut les formuler avec un mode opératoire. C’est ce que nous avons voulu faire avec notre premier forum du parti de gauche intitulé : « gouverner face aux banques ». Le programme d’action qui s’en est déduit, le livre que Jacques Généreux a donné sur le thème (« nous on peut »), tout cela est notre réponse méthodologique au danger de l’abstraction futile. Je m’en tiens toujours fermement à cette ligne d’action. Je pense que notre tour viendra et qu’il faudra être prêt. D’ici là il faut agir, sans oublier d’apprendre, et d’écouter ceux qui peuvent nous aider à comprendre, a tous les niveaux.

L’action du nationalisme de gauche au Pérou

Voici donc ma synthèse de ce que j’ai compris de mon échange avec le président péruvien. Ici, il n’est question ni de rupture avec le capitalisme ni d’éco-socialisme. La politique du président Humala est celle d’un nationaliste de gauche. Il ne s’agit de rien d’autres que de donner a la communauté péruvienne, conçue comme un tout, son indépendance collective et personnelle. Cette position lui vaut la solide haine du parti médiatique qui l’accable ici comme le sont tous nos amis partout. Cela lui vaut aussi l’incompréhension de plusieurs secteurs de gauche et de sa majorité. Mais ce qu’il fait mérite attention et nous apprend aussi beaucoup de choses. A son sujet comme au sujet de beaucoup d’autres dirigeants et de beaucoup d’autres gouvernants de la vague démocratique il faut absolument renoncer aux vieilles habitudes mentales du passé qui voudraient voir partout ou bien des modèles ou bien des traitres. Ollanta Humala dans ses pires manques est dix mille fois plus à gauche que n’importe quel jour de la vie de François Hollande ou de l’un quelconque des membres de son gouvernement. Par de nombreux aspects de sa politique, il est aussi une source d’inspiration pour notre action.

Toute la politique mise en œuvre au Pérou repose sur la bonne santé de l’économie minière. Ce que l’on appelle « l’extractivisme » a donc encore ici de beaux jours devant soi. La croissance est de six points par an. La croissance reste un horizon indépassable pour nos gouvernements dans cette région. L’intensité……Lire la suite sur le blog de Jean-Luc Mélenchon

France-Côte d’Ivoire • Libérez Jah Prince !

Jah_Prince.gif Jah Prince, de son vrai nom Prince Serry, est un artiste franco-ivoirien chanteur-compositeur de reggae. il a deux enfants en bas âge avec sa compagne Lucille Masson. Jah Prince est un artiste engagé sur des valeurs la liberté, la dignité, l’amour mystique. Son principal album intitulé «Prisonniers de Babylone», dénonce en 10 titres les maux qui accablent l’Afrique d’aujourd’hui : l’oppression, la corruption, la violence, le néocolonialisme, le néo fascisme.

En avril 2010, il retourne avec sa famille s’installer en Cote d’Ivoire, pour préparer un nouvel album, construire une école de musique et organiser une tournée dans le pays ; il envoie par bateau du Havre à Abidjan son matériel (instruments, matériel d’éclairage et de sonorisation et 3000 CD de son album) pour une valeur de 300 000 €.

En Janvier 2011 il s’exprime dans la presse locale en demandant aux « Présidents occidentaux de laisser en paix les Présidents africains » : « je suis venu demander aux politiciens de s’effacer et de laisser le peuple travailler. Il faut pour cela désarmer les consciences violentes, repartir sur de nouvelles bases et éviter de brûler le pays». En juin 2011, son matériel, toujours bloqué au port, lui est confisqué et pillé. Il proteste et demande au Président Ouattara la restitution de ses biens.

Mais Babylone ne désigne pas seulement l’Occident corrupteur et il n’est pas facile dans la Côte d’Ivoire actuelle d’être un prince dida originaire de Niazaroko, une commune que le gouvernement ivoirien vient de supprimer certainement pour faire oublier les exactions commises par les nouvelles forces armées (FRCI) à l’encontre de la population le 30 octobre 2011.

Le 21 novembre 2012, Jah Prince est arrêté chez lui, frappé et menotté, mis en prison et il est condamné par une justice expéditive le 15 décembre 2012 à un an de prison et 5 ans d’interdiction de territoire pour consommation de marijuana !

Sa compagne a écrit à Hollande, à Fabius, à Ouattara….. Le cabinet du Président Hollande a répondu : « Le droit international proscrivant toute ingérence dans la justice d’un Etat étranger souverain…. ».

Il s’agit clairement d’un emprisonnement pour délit d’opinion, avec un prétexte pour le condamner. Quand un régime en vient à enfermer les artistes, ce n’est vraiment pas bon signe !

Le Parti de gauche interpelle le gouvernement français quant au sort injuste fait à l’un de ses citoyens et exige qu’il mette en œuvre l’ensemble des moyens dont il dispose pour obtenir la libération et le défraiement du reggaeman Jah Prince.

Une pétition est en ligne, que le Parti de gauche vous invite à signer 

Le blog de Jah Prince

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