Sécurité nucléaire • Quand le sage montre la lune, le sot regarde le doigt
Il y a quelques jours plus d’une dizaine de militants de Greenpeace pénétraient sur le Centre nucléaire de production d’électricité du Tricastin (CNPE) avec une aisance déconcertante. Ils avaient déjà réussi la même opération sur le CNPE de Cruas-Meysse en 2011.
Est-ce un hasard ?
Alors que les salariés de l’Unité de protection de la matière et du site (UPMS) d’Areva Tricastin observaient un mouvement de grève fin mai 2013 pour dénoncer des réductions d’effectifs ne leur permettant plus d’assurer leurs missions de sécurité,alors que 100% de salariés de la société PROSEGUR, prestataire en charge de la sécurité sur la centrale de Cruas-Meysse sont actuellement en grève depuis le 2 juillet 2013 pour dénoncer des conditions de travail au rabais et la pression insupportable que la rentabilité à tout prix leur impose,la direction d’EDF et le gouvernement Ayrault ne proposent rien de mieux que de condamner plus lourdement les lanceurs d’alertes et les hommes et les femmes qui se battent au quotidien pour protéger la sécurité et la santé des employés et des riverains des sites nucléaires.
C’est dans cette stratégie du déni de réalité que la direction du CNPE de Cruas-Meysse vient de signifier au secrétaire de son Comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) sa convocation devant une commission de discipline, première phase avant un possible licenciement.
Cet agent est utilisé comme fusible du dysfonctionnement général des procédures de sécurité à la centrale du Cruas à cause du recours systématique à des entreprises sous-traitantes pour des raisons d’économies.
Le Parti de Gauche dénonce une nouvelle fois les conditions de travail insupportables d’un personnel de plus en plus livré à la concurrence et à l’austérité par le recours systématique à la sous-traitance (voir notre contribution au débat national sur la transition énergétique).
Il dénonce cet acharnement sur les personnes qui, avec une grande responsabilité, prennent des risques pour protéger et attirer l’attention des populations sur la dégradation de la sécurité et de la sûreté nucléaires. Il affirme son soutien à tous les personnels qui tentent de montrer la réalité actuelle des conditions de travail dans les centrales nucléaires et sera particulièrement attentif à la suite donnée à cette tentative d’intimidation sur un secrétaire de CHSCT et sur des employés fortement engagés à défendre leurs droits et notre sécurité.
Le Parti de Gauche demande au gouvernement d’ouvrir une enquête parlementaire approfondie sur l’état réel de la sous-traitance dans l’industrie électronucléaire, et sur les manquements graves d’EDF en particulier, avant que le projet de loi sur la transition énergétique n’arrive devant le Parlement.
Le Parti de Gauche plaide aussi pour la création d’un pôle public de l’énergie et l’abrogation de la loi Nome, avec la renationalisation et la socialisation d’EDF, d’Areva et de GDF-Suez. Il ne s’agit pas, comme l’ont affirmé le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, et le premier ministre, Jean-Marc Ayrault, de céder des parts dans GDF-Suez et dans EDF. Tout au contraire, pour mettre fin au dumping social qui aboutira rapidement à l’accident grave, il faut urgemment sortir cette industrie hautement stratégique des rouages délétères de la concurrence.
Opium du Peuple (Paris-Match) • Le Parti de Gauche n’est pas fan du Royal Baby
Le Parti de gauche de Jean-Luc Mélenchon a fait entendre sa différence dans le concert de louanges qui a accueilli la naissance du petit garçon du prince William et de la duchesse de Cambridge.
Le Royal Baby de Kate et William est-il le rejeton d’une «famille parasite»? C’est en tout cas l’accusation que porte Alexis Corbière, élu du Parti de gauche au Conseil de Paris et proche de Jean-Luc Mélenchon. Alors que la presse et les responsables politiques du monde entier ont célébré la naissance du fils du prince William, héritier de la couronne d’Angleterre, les responsables du Parti de gauche ont décidé de faire entendre un message quelque peu dissonant. «Cette « royal mania », machine à infantiliser les peuples, anachronique et décérébrante, est absurde», tonne Alexis Corbière dans un communiqué diffusé lundi.
L’attaque est sévère et les mots claquent, mais elle ne surprend pas de la part de l’élu parisien, défenseur inlassable de la Révolution française et de Robespierre, que Paris Match avait rencontré il y a quelques mois. Alexis Corbière n’est pas le seul à s’agacer des hommages rendus au royal fiston: Eric Coquerel, bras droit de Jean-Luc Mélenchon, arpente également les plateaux pour y dénoncer toutes les monarchies. Et tant pis s’il faut le faire alors que toute la presse tourne un regard attendri faire le couple royal: «C’est toujours opportun de s’opposer à la monarchie!», nous confie-t-il.
La suite sur le site de Paris-Match…
La casse de la santé publique pilotée par le gouvernement s’accélère
Le démantèlement du système de santé publique se poursuit. Après l’Hôtel-Dieu à Paris, c’est au tour des urgences de l’hôpital de Wattrelos dans le Nord d’être menacé. En effet, la politique de santé austéritaire s’attaque désormais à un hôpital de proximité accueillant 15 000 patients par an dans un bassin de vie de plus de 66 000 habitants, territoire déjà malmené en matière d’offre de soins comme en témoignent les chiffres nationaux.
Cette décision prévoit dans un premier temps la suppression de l’accueil des urgences de 18h à 9h du matin puis la disparition totale de l’accueil urgences à partir de janvier 2014, alors que les services d’urgences de la métropole lilloise sont déjà saturés que ce soit à Lille, Roubaix ou Tourcoing. La population, les professionnels et les acteurs locaux redoutent, à terme, la fermeture complète de cet hôpital de proximité dans un bassin en passe de devenir un véritable désert médical, malgré les besoins toujours plus importants de la population.
Jeudi 18 juillet 2013, à l’initiative de la CGT et soutenue par des représentants d’autres organisations syndicales, des élus locaux, des associations des usagers, des personnels de la communauté médicale et des citoyens, 400 personnes ont manifesté leur opposition à cette décision autoritaire.
Le parti de gauche s’est associé au mouvement et exprime de nouveau son opposition à cette politique qui prive la population de l’accès aux soins de proximité et amène nombre d’entre eux à renoncer à se soigner pour des raisons financières. Les risques sanitaires d’une telle fermeture sont énormes dans une zone déjà fortement fragilisée.
Le parti de gauche soutient la motion adoptée suite à la mobilisation, à savoir le maintien du service des urgences. Celle-ci pointe les dysfonctionnements de la gouvernance de la communauté hospitalière de territoire de Roubaix-Tourcoing-Wattrelos et exige de l’ARS une réunion extraordinaire du bureau de la CHT avec les représentants des salariés pour engager le dialogue et trouver une alternative à cette fermeture.
Débat national sur la Transition énergétique : l’arrogance éhontée du patronat français
Le Conseil National du Débat sur la Transition énergétique (CNDTE) vient de rendre ses conclusions après plus de huit mois d’échanges. Le document de synthèse du débat propose des pistes floues ou très en deçà des enjeux. C’est une régression flagrante face aux objectifs initiaux du débat national. Il faut dire que ce débat était faussé depuis le début, le nucléaire en étant exclu de fait. Le patronat français (Medef, CGPME, Union professionnelle artisanale et la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles) a tout tenté pour saborder les idées nouvelles, nécessaires à la transition énergétique. Nous regrettons par ailleurs la position d’autres organisations qui, lors de ce débat, ont semble-t-il défendu un modèle qui, selon nous, ne préservera pas l’emploi à moyen terme car il ne répond pas aux enjeux de la transition énergétique.
Le patronat refuse l’idée de l’efficacité énergétique et les objectifs de réduction de consommation énergétique, laisse la porte ouverte aux gaz de schiste et lorsqu’il s’agit de financer, veut faire payer le prix fort aux ménages. Il refuse par ailleurs les objectifs d’augmentation des énergies renouvelables, et a tenté de faire admettre qu’ « il est incohérent de recommander la fermeture de centrales nucléaires sûres et rentables ».
Voyant que les préconisations s’orientaient vers la sobriété et l’efficacité énergétique, le MEDEF de Pierre Gattaz adopte une position antidémocratique d’une arrogance peu commune, en refusant au dernier moment les conclusions du débat après avoir fait vidé le texte de son contenu.
Le Parti de Gauche réaffirme qu’il est irresponsable de ne pas soumettre la question du nucléaire à un grand débat national qui aboutirait à un referendum démocratique sur le sujet, alors que la catastrophe de Fukushima ne cesse d’inquiéter le monde et que la sécurité nucléaire et la sûreté de nos centrales sont affaiblies par l’exploitation des sous-traitants, comme l’a démontré notre contribution au DNTE et la récente intrusion de Greenpeace sur Tricastin. C’est le productivisme acharné, relayé par la recherche effrénée du maximum de profit qui a, depuis les années 70, organisé notre modèle énergétique, en particulier notre production d’électricité à 75 % d’origine nucléaire.
Le Parti de Gauche défend l’idée que la transition énergétique que nous imposent l’épuisement des ressources et le dérèglement climatique aujourd’hui, nécessite une planification écologique d’envergure qui remette en cause un modèle à bout de souffle. Cela passe pour nous notamment par un Pôle public de l’Energie. Penser l’avenir énergétique de la France et de l’Humanité, c’est avant tout limiter notre dépendance à des sources d’énergie qui ne sont pas illimitées.
Le Parti de Gauche regrette que ce débat ait été manipulé par ceux qui ne pensent le développement de notre société qu’à travers le prisme de la croissance capitaliste. Il reste mobilisé pour empêcher que le gouvernement ne capitule encore face aux pressions des divers lobbies de l’énergie qui ont déjà obtenu la démission de 2 ministres de l’écologie.
Hongrie • En pays magyar, épisode 2 : smartphone vs. finance, écosocialisme et tournesols
Me voici au pied des collines de Buda, face au Danube et au Parlement qui trône sur l’autre rive, côté Pest. Mais avant l’incursion dans cette ville, un retour sur le débat que j’ai tenu vendredi à l’Académie d’été des Verts sur l’écosocialisme.
J’avais retrouvé la veille ma camarade du PG Sophie Rauszer, qui m’a aidé à préparer ce séjour. Sophie travaille actuellement au Parlement européen, elle connaît bien la Hongrie. Je retrouve aussi un compagnon de route de la décroissance, Vincent Liegey, que j’ai connu il y a quelques d’années et qui est désormais responsable des débats d’idées à l’Institut culturel français de Budapest et y fait un travail remarquable. Accompagnés de Guillaume, étudiant à l’IEP de Lille et en stage à l’Institut, ils sont venus participer aux débats de l’Académie d’été et nous passons toute une pluie d’orage sous un parasol à discuter du pays. Leur expérience et leur analyse sont évidemment une mine précieuse. Je leur fais part de mon étonnement : depuis mon arrivée je n’ai pas entendu prononcer une seule fois le mot « austérité », rien sur le rôle des travailleurs et des syndicats – quasi-inexistants il est vrai en Hongrie. Personne ne semble critiquer la construction libérale de l’Union européenne, et globalement le niveau de structuration idéologique des débats me parait assez éloigné de ces réalités. Alors je décide de mettre un peu de rouge dans tout ça, après tout je suis là pour ça.
L’après-midi même, je me rends donc au débat « Restarting the world of finance », où la majeure partie des interventions tourne contre toute attente autour de la responsabilité individuelle et la surconsommation. Je sais bien qu’on est dans un rassemblement d’écolos et que c’est un sujet majeur mais enfin en pleine crise on ne parle ni dette, ni euro, ni fiscalité, ni politiques d’austérité ? L’un des intervenants, Michal Polak, qui travaille au Ministère des finances en Slovaquie, a bien tenté d’aborder ces sujets, et de belle manière (« Le pouvoir des États existe mais il est sciemment non utilisé. Il n’y a pas besoin de renforcer l’État, mais de le diriger »). Mais je suppose que le public s’approprie spontanément les questions sur lesquelles il est le plus à l’aise, et les échanges se sont vite concentrés sur le débat « avoir un Iphone ou pas ». Bon. Il faut dire que les provocations en ce sens de Yusaf Akbar, britannique enseignant à la Business School Central European University, n’ont pas aidé. Alors que les deux économistes s’accordaient à en qualifier les causes de structurelles, celui-ci nous a doctement expliqué que ce n’était pas une crise que nous traversions mais un changement de structure au long cours, qu’il serait douloureux mais qu’on en verrait le bout et qu’on s’en sortirait. Ah. En attendant, que chacun fasse attention à ce qu’il achète et tout ira bien. Rompez les rangs.
Je ne suis pas économiste, mais moi aussi j’ai un PhD britannique et deux-trois trucs à dire sur le sujet. Je suis donc allée, un peu agacée j’avoue, prendre place dans le cercle du centre où des places libres attendaient les membres de l’audience qui souhaitaient s’exprimer. Et j’y ai fait du « Gouverner face aux banques » en anglais. En substance, blâmer les individus me semble présenter deux erreurs fondamentales : un, faire l’impasse sur la possibilité dont disposent ou non ces individus de faire des choix alternatifs – je reprends pour ça l’exemple de la voiture en zone rurale et montagneuse, loin de tout transport en commun, mon préféré. Deux, faire porter la critique sur les conséquences, et non sur les causes, passant ainsi sous un silence commode la responsabilité de la finance, de la mondialisation et du système capitaliste. J’ai proposé en conséquence aux intervenants de se positionner sur deux pistes concrètes pour réorienter la production et la relocaliser au plus près de besoins réels : la mise en place de taxes sociales et environnementales aux frontières, alimentant un fonds de coopération internationale, et l’extension des droits des salariés pour reprendre en coopérative les entreprises qui ferment et sont délocalisées. Seule réponse à cela : oui ce serait bien, mais on ne peut pas à cause de la concurrence libre et non faussée. Et la proposition de Yusaf Akbar : une fois par mois, troquez votre sortie au restau contre un don de 30 euros à ces « charities » qui font un boulot si formidable auprès de ceux qui en ont besoin. Great. Plus libéral tu meurs. En conclusion du débat on arrivera quand même au fait qu’il faut à la fois une action de l’État et des individus organisés. Ben voilà. On n’est plus si loin de la Révolution citoyenne.
Après une nuit agitée où il m’a fallu défoncer une porte au couteau de cuisine et à coups de latte au pied pour sauver une intervenante allemande qui avait eu la malencontreuse idée de s’enfermer dans la salle de bains commune, me voilà repartie vers l’académie d’été pour l’atelier écosocialisme. Après mon introduction (que vous pouvez télécharger ici en pdf) avec Hegyi Gyula, ancien député européen, nous avons embrayé sur des échanges qui nous ont en définitive emmenés assez loin dans la réflexion politique. Très agréablement surprise. Une partie de la discussion a porté sur le terme de « socialisme » qui évidemment ici revêt une signification particulière… Les hongrois présents au débat, dont certains députés, divergent sur la nostalgie ou le rejet liés à ce terme et de manière plus générale au communisme chez les jeunes. Nous nous accordons néanmoins sur le fait que ce qui provoque de la nostalgie est précisément ce qu’il faut conserver : l’enseignement gratuit, la possibilité de trouver un logement pour tous… J’en ai également profité pour revenir sur la notion d’oligarchie qui me semble le clivage le plus pertinent en regard de ce qui se passe ici avec Viktor Orban. En matière d’énergie par exemple, Orban a joué le pourfendeur des compagnies occidentales, fort bien. Mais il ne l’a fait que pour mieux donner les mêmes pouvoirs à ses amis. Confiscation aux uns, cadeau aux autres. Et à la fin, la même concentration de pouvoirs, et toujours rien pour les citoyens.
Et puis, les questions des participants ont surtout révélé un vrai appétit pour ce que nous faisons en France, que ce soit au niveau du rassemblement politique du Front de Gauche ou quant à notre Manifeste pour l’écosocialisme. Les questions ont porté sur notre participation ou non au gouvernement – « au système » – , sur la démarche et le projet écosocialiste, mais aussi beaucoup sur les radicalités concrètes que nous portons avec notre association d’élus La gauche par l’exemple, ou auxquelles nous nous joignons. Régie publique de l’eau, AMAP, jardins collectifs, désobéissance civique, collectifs transition et actions de type Clan du néon ou déboulonneurs anti-pubs, initiative citoyenne européenne sur le revenu de base ou l’eau : la transition est déjà en cours, elle s’invente tous les jours sur le terrain. Je leur ai fait part de mon expérience des mobilisations massives en Ardèche contre les gaz de schiste et de la lutte des Fralib. Les yeux se sont mis à pétiller…
Il faut dire qu’en Hongrie, le plus grand ennemi c’est avant tout l’atonie de la société, et la grande question reste : comment mobiliser ? Dans ce pays très libéral au niveau sociétal, presque libertaire selon certains témoignages, on m’explique qu’il y a très peu de répression, finalement presque pas besoin de sanction : comme si les citoyens avaient intégré ce qu’ils peuvent et ne peuvent pas faire. Cela produit de jolis paradoxes, où ce qui est interdit est souvent permis et où on ne trouve aucun CRS en face des manifestants. Je ne sais pas s’il faut s’en réjouir ou en gémir. Car au final, cela prouve surtout que le camp d’en face n’en a pas peur. Pour le rapport de forces c’est moyen.
Cet extrait de Sombre , le roman magnifiquement humain d’Alice Zeniter sur la Hongrie, résume l’essence des choses bien mieux que je ne saurais le faire (cliquer sur l’image pour l’agrandir… et lire confortablement) :
Enfin je ressors enchantée de ce débat, où les camarades me dirent avec un sourire ravi que de belles graines avaient été semées et où des contacts furent pris pour la suite en Hongrie. Me voilà réconciliée avec les moustiques tigres, les serrures coincées, les espaces non fumeurs envahis de chiens et la ratatouille hongroise. Sourire.
Prête à aller admirer Budapest, à y découvrir les alternatives qui pullulent, et à me plonger en attendant dans la contemplation, tout au long de la route qui m’y emmène, des champs de tournesol qui s’étendent à perte de vue…
Le député-maire de Cholet doit démissionner
Face à une occupation de terrain sur Cholet par des gens du voyage, Gilles Bourdouleix, deputé-maire UDI de Cholet a eu cette réflexion : « Hitler n’en a peut-être pas tué assez ».
Dans l’escalade contre les gens du voyage menée par la droite de ce pays, il vient d’atteindre le comble de l’horreur. Un élu qui indirectement appelle à l’extermination d’êtres humains n’est pas digne de les représenter dans un mandat électif.
Le Parti de Gauche appelle la ministre de la justice à immédiatement engager des poursuites judiciaires pour apologie de crimes contre l’humanité, et souhaite que la justice soit rendue le plus vite possible et que Gilles Bourdouleix soit frappé d’inéligibilité. En attendant, la moindre des choses serait qu’il démissionne de ses mandats d’élu.
Henri Alleg, une passerelle entre les peuples français et algériens
C’est avec une grande tristesse que le Parti de Gauche a appris la disparition du militant communiste et anticolonialiste Henri Alleg.
Dans les années 40, Henri Alleg, établi en Algérie s’engage au sein du Parti Communiste Algérien et prends part aux combats du peuple Algérien pour la justice et la liberté. Il assumera à partir de 1951, la charge de directeur du prestigieux quotidien « Alger Républicain », le journal porte-voix de toutes les forces progressistes et patriotiques d’Algérie. Au début de la guerre d’Algérie, le journal est interdit et son équipe contrainte à la clandestinité. Henri Alleg continue d’écrire des articles publiés par « l’Humanité ». Il sera arrêté au domicile de Maurice Audin, son camarade, arrêté la veille et torturé à mort.
Torturé un mois durant, il écrira en prison son témoignage intitulé «La question », pour dit-il « illustrer d’un seul exemple ce qui est la pratique courante dans cette guerre atroce et sanglante ». Publié aux éditions de Minuit, ce témoignage avait été censuré malgré la mobilisation et les protestations d’André Malraux, François Mauriac ou Jean-Paul Sartre. Ce dernier en préfacera la réédition à Lausanne. Ce témoignage aura permis une prise de conscience en France et dans le Monde sur les horreurs du régime colonial.
A l’indépendance de l’Algérie, Henri Alleg continue son engagement par la reprise de ses activités au sein du PCA et en relançant « Alger Républicain ». Au moment du coup d’Etat de 1965, il appuie l’action de l’Organisation de la Résistance Populaire (ORP) qui débouchera sur la création du Parti de l’avant-Garde Socialiste. Il sera l’animateur de l’action de ce parti au sein de l’immigration algérienne en France. Son parcours de journaliste recoupe aussi celui du journal « l’Humanité » dont il a été un temps secrétaire général.
Le parcours d’Henri Alleg est exemplaire d’engagement, de dévouement et d’humanisme. Il restera un monument comme seule l’humanité combattante peut en forger. Dans l’histoire des peuples français et algérien il reste une passerelle qui les unit et contribue à fonder leur destinée méditerranéenne commune. Le Parti de Gauche salue aujourd’hui la mémoire d’un grand militant engagé dans le combat contre la barbarie et pour la libération humaine, celle d’un Français, d’un Algérien, d’un militant internationaliste conséquent.
Syrie • Libération immédiate pour Youssef Abdelké !
Le Parti de Gauche vient d’apprendre l’enlèvement, jeudi 18 juillet 2013, au nord-ouest de la Syrie à Tartous, par les forces gouvernementales, de Youssef Abdelké, membre du comité central de l’organisation amie du Comité National de Coordination pour le Changement Démocratique en Syrie (CNCD).
Ancien prisonnier politique syrien, il a passé deux ans dans les centres de détention de Hafez Al Assad pour son appartenance au Parti d’Action Communiste en Syrie –PACS (formation membre du CNCD). Artiste-peintre de renommée internationale, il est connu en France pour son engagement démocratique et pour la défense du droit des peuples à leur auto-détermination. Pendant vingt ans, il a vécu en exil à Paris avec son épouse, la scénariste syrienne Hala Abdallah. Issu d’une famille chrétienne de Syrie, Youssef Abdelké milite pour un état laïc, non confessionnel et non ethnique. Depuis les soulèvements populaires en Syrie contre le régime dictatorial et confessionnel de Bachar Al Assad, Youssef Abdelké et ses camarades du Comité National de Coordination pour le Changement Démocratique en Syrie (CNCD) ont toujours appelé à la fin de ce régime, en insistant sur les mobilisations massives non-violentes du peuple syrien, sans aucun recours aux armes ni à l’intervention militaire étrangère.
Le Parti de Gauche exprime sa vive préoccupation quant à cet enlèvement, aux menaces qui pèsent sur la vie de Youssef Abdelké, et appelle à la mobilisation pour exiger sa remise immédiate en liberté. Il réitère son attachement à un règlement pacifique et politique du conflit syrien. Un cessez-le-feu doit impérativement être mis en œuvre sous l’autorité des Nations Unies, ainsi qu’un contrôle des frontières empêchant l’afflux d’hommes et d’armes vers les deux camps. L’urgence est à la paix et à l’aide humanitaire aux victimes syriennes et aussi palestiniennes du conflit. Les Syriens pourraient alors accomplir la transition politique nécessaire à la reconstruction de leur pays, et tourner la page du régime criminel de Bachar El Assad.
Hongrie • En pays magyar, épisode 1 : la Green Summer Academy
Je vous écris en pays magyar, face au Lac de Velence où se tient l’Académie d’été des Verts d’Europe centrale et de l’Est. J’y ai été invitée à parler de notre Manifeste pour l’écosocialisme, dernière étape de ce premier semestre 2013 qui, depuis nos Assises du 1er décembre 2012 et la parution du Manifeste adopté par le Congrès du Parti de Gauche au Printemps, m’a vu battre la campagne aux quatre coins de France, au Maroc, en Tunisie, à Londres, Rome et Porto. Et désormais donc, en Hongrie. Je suis arrivée hier dans l’ambiance camping d’un rassemblement très jeune, végétarien et non fumeur. Une sorte de Notre-Dame-des-Landes avant l’heure, moustiques-tigres en sus. Bon. J’avais fait des réserves de barbecue, de vin rouge et de café-clope pendant mes quelques jours de pause dans le Poitou. Et connaissant la voracité de tout ce qui pique pour les peaux sucrées, fait des provisions d’anti-moustiques.
Surprise à l’arrivée, des vigiles de sécurité en uniforme de boite privée, pas franchement dans le ton. La rançon d’une rumeur lancée en guise de provocation par le porte-parole du gouvernement faisant état de la venue sur place des opposants Gordon Bajnai et Tavares, auteur du controversé rapport européen sur les droits de l’homme en Hongrie. Rumeur fausse, mais vrai branle-bas de combat, manifestation de Fidelitas, les jeunes du Fidesz d’Orban devant le camping, et presse déchainée. A ce qu’on m’en dit, car je suis arrivée après. Las, les gardes, eux, sont toujours là pour nous protéger. Même si je ne sais pas de quoi. Les conversations sont malaisées, la plupart des participants étant Hongrois, et l’anglais pas toujours maîtrisé. Résultat, je passe une partie de la soirée à discuter avec un syndicaliste allemand qui a passé sa vie à sillonner la planète pour conseiller et former les syndicats de Gambie, d’Équateur ou encore de Hongrie.
Et avec Gaspar Miklos Tamas, philosophe, ancien dissident, qui se définit comme ex-libéral puis de gauche à nouveau. Fils de juive communiste, il me raconte dans un français impeccable qu’il tient de sa mère, comment celle-ci a été paradoxalement sauvée par son étiquette de communiste, qui lui a valu d’être emprisonnée et non déportée pendant la guerre. Je l’interroge sur l’état politique de la Hongrie. Je connais mal ce pays, et malgré les articles que j’ai pu lire avant mon voyage, je suis bien décidée à essayer de mieux le comprendre ici, sur place, par l’échange direct et le témoignage. La situation, toute en contradictions, est délicate à appréhender pour un Français et ne peut se contenter d’approximations. Historiquement et politiquement, hors de question de plaquer mes propres clichés. Donc j’écoute de toutes mes oreilles, je relance et questionne, j’enregistre, mais je m’abstiens pour l’instant de commenter.
Mon interlocuteur, qui est venu de Budapest pour l’ouverture de l’Académie d’été, dresse un tableau pour le moins sombre de l’état de l’opposition politique en Hongrie. Côté partis politiques, le MSZP, équivalent socio-libéral de notre Parti Socialiste crédité d’environ 25% des suffrages exprimés dans les derniers sondages, aurait très peu d’adhérents. Tout comme les 5 ou 6 confédérations syndicales qui existent dans le pays, quasi inexistantes semble-t-il. Comme je lui pose la question des organisations paysannes et agricoles, me souvenant d’un mouvement contre la dernière réforme foncière d’Orban accusé d’attribuer dans la nouvelle répartition un peu trop de terres à ses proches du parti au pouvoir, le Fidesz, j’apprends qu’en réalité les deux grosses organisations hongroises « de fermiers » sont très majoritairement le fait de grands propriétaires terriens, même si l’une est proche du PS local et l’autre de la droite. Pas grand chose donc à attendre de ce côté là, rien de comparable en tout cas à un mouvement de masse comme a pu l’être le mouvement des sans-terre en Amérique du Sud par exemple. J’insiste : Et du côté de la « société civile », des associations, collectifs citoyens, des universitaires et des intellectuels, rien vraiment ? Ben pas grand chose, non. Une centaine d’intellectuels, pas vraiment actifs, pas trop engagés selon lui. On ressort de là, mon camarade allemand et moi, déprimés. On va se reprendre une bière au « Bufé ».
Ayant réussi à choper la wifi, je prends les dernières nouvelles du front. L’été a clairement commencé, les messages se font rares. Mais je reçois les nouvelles de globe-trotter solidaire de Jean Luc Mélenchon, lui aussi en vacances politiques et en mission, de l’autre côté du Nouveau Monde, celui qui bouge et réinvente la politique, là-bas en Amérique du Sud. L’hiver péruvien m’apporte un peu de fraîcheur ; l’annonce du lancement du Forum mondial de la Révolution Citoyenne à Quito m’évoque des souvenirs de mon séjour en Équateur il y a deux ans. On s’encourage, on plaisante, on partage photos, anecdotes, analyses et impressions. Plus de 10.000 km nous séparent et il me semble vertigineux de réaliser que nous portons le même discours internationaliste, les mêmes idées en simultané d’un bout à l’autre de la planète pour l’écosocialisme et la Révolution citoyenne, à partir de cas concrets et d’une infinie variété de situations.
Ce matin, j’ai choisi d’assister à un atelier-débat sur la politique du gouvernement Orban, posant la question de ce régime et de ses spécificités. Une panne de courant nous ayant privés de la traduction simultanée, j’ai tenté de suivre les intervenants hongrois à côté de l’interprète chuchotant en anglais. J’en retiens, en quelques mots de résumé mêlé de mes lectures, le sentiment de plus en plus tenace que la politique menée par Viktor Orban est un exemple étincelant d’oligarchie. Le Fidesz a obtenu en 2010 une écrasante majorité qui lui permet de décider seul au Parlement, il est encore crédité de 45 à 50% des suffrages exprimés dans les sondages. On ne peut pas parler de dictature. Mais on ne peut pas non plus qualifier ce régime de démocratie, dans le sens où il fonctionne avec très peu d’expression citoyenne et 50% d’abstention. Et surtout, le gouvernement mené par Viktor Orban est régulièrement épinglé, notamment par le nouveau parti PM (Parbeszed Magyarorszagért, Dialogue pour la Hongrie) et le LMP (Lehet Mas a Politika, Une autre politique est possible, placé aux alentours de 5%) de favoritisme : l’attribution des concessions de vente de tabac, de terres agricoles, de marchés publics sans appels d’offres, vont souvent aux mêmes proches et amis du régime.
Sous couvert de nationalisme revendiqué, Orban mène une politique d’essence parfaitement capitaliste, mais exclusivement réservée à une poignée de privilégiés. Car pour le reste de la population, c’est impôt fixe à 16% pour tout le monde, une TVA record à 28%, et un salaire moyen de 450 euros mensuel. 40% de la population vit en dessous du seuil de dignité. Pas franchement empreint de justice sociale. Certains parlent du coup de « capitalisme nationaliste ». Raison pour laquelle on peut y retrouver à la fois des accents antilibéraux, comme la récente demande de fermeture des bureaux du FMI et la lutte contre les injonctions de la Troïka, combinés avec des relents nationalistes qui mettent en avant la famille et la religion et permettent ainsi au Fidesz de s’allier sans sourciller au parti d’extrême-droite Jobbik qui s’est illustré par la création de milices rurales (la « Garde hongroise », interdite depuis), par son positionnement violemment antisémite et anti-roms, antilibéral et anticommuniste. Dans les intentions de vote, Jobbik se situe entre 10 et 15%.
Du coup, les débats de la « Green Summer Academy », qui regroupe un peu moins de 200 personnes sur les 4 jours à vue de nez, comment dire… Paraissent parfois un peu vains. Pour ne pas céder au découragement, je me dis qu’il importe au contraire d’y être, de soutenir et surtout, de témoigner. Pour qu’au moins les Hongrois qui luttent et résistent, celles et ceux qui essayent par d’autres manières de réinventer leur beau pays et sa société abîmée, que ceux-là se sentent moins seuls. Et les autres observés.
Avant mon départ de Velence, un couple âgé de Hongrois me demande avec insistance de profiter de la beauté de la ville de Budapest et de ne pas focaliser sur la politique actuelle du pays. Je touche là du doigt ce que j’ai lu sur le site francophone hu-lala.org, cette difficulté des Hongrois à « faire accepter au monde que l’actualité hongroise ne se résume pas au parti d’extrème-droite Jobbik, à ses milices désarmées de la Magyar Garda et à la catastrophe de la boue rouge ». Certes. Il faut hélas reconnaître que ça façonne quand même diablement un pays. Qu’à cela ne tienne cependant, je suis fermement décidée à voir la beauté de ce pays avec un regard déssillé, les yeux grand ouverts, avec lucidité.
… Et à côté des diverses notes et articles politiques que j’ai emportés, je me suis également armée d’auteurs et poètes pour m’accompagner voir le soleil se lever à l’Est sur les rives du Danube et les collines de Buda.
Lutte contre la fraude fiscale • Un agent du fisc : « on a pas les moyens, humains et législatifs, de lutter contre la fraude fiscale »
Jusqu’à 80 milliards d’euros par an. C’est ce que coute à l’état la fraude fiscale. Les services fiscaux doivent avoir les moyens de lutter contre ce fléau.
Mais les moyens humains et techniques sont toujours en baisse. La loi sur le sujet votée fin juin à l’Assemblée donnent juste quelques outils législatifs en plus aux agent du fisc. Un de ces agents décrypte pour nous ces dernières réformes